Catégorie : Wikileaks

  • Wikileaks: L’Algérie, le cauchemar du roi du Maroc

    Algérie, Maroc, Wikileaks, Sahara Occidental, #Maroc, #Algérie, #Sahara,

    BOUTEFLIKA ET MOHAMED VI: DISTANCE ET FROIDEUR : L’Algérie, Le cauchemar du Roi Mohammed VI

    Dans ses dernières révélations, WikiLeaks rapporte que Mohammed VI et sa cour sont obsédés par tout ce qui concerne l’Algérie .Il est arrivé aux responsables marocains comme à cette personne qui a un marteau et qui, de ce fait, voit partout des clous.

    Le roi Mohammed VI et sa cour sont obnubilés par l’Algérie.Selon les dernières révélations du site WikiLeaks, la préoccupation majeure de l’Armée royale concerne l’Algérie.

    Selon les documents de WikiLeaks, l’Armée marocaine possède des «plans d’attaque d’urgence» et effectue des simulations stratégiques pour contrer un éventuel assaut algérien.De son voisin de l’Est, l’Algérie, Mohammed VI n’y voit que des menaces et se lance alors, dans une campagne de dénigrement international, particulièrement envers les Américains. En témoignent les documents irréfutables publiés par le site WikiLeaks.

    Dans ses notes, Rabat accuse l’Algérie de vouloir s’attaquer au Maroc, de refuser la collaboration sécuritaire, d’avoir favorisé la création d’Al Qaîda au Maghreb et, comble de la lubie royale, l’Algérie serait même sur le point de fabriquer la bombe atomique!

    C’est à peine si Rabat n’avait pas écrit que l’Algérie infestait la jeunesse marocaine par les tonnes de drogue qu’elle expédiait via les frontières.

    Dans leurs échanges avec les responsables américains en visite à Rabat, les officiels marocains accusent les Algériens de ne pas coopérer avec eux dans la lutte antiterroriste.Le directeur général pour la surveillance du territoire (services de renseignements intérieurs), Abdelatif Hammouchi, se livre d’une manière déconcertante aux Américains. Lors de la visite à Rabat de l’assistante du président américain pour la sécurité intérieure et l’antiterrorisme, Frances Fragos Townsend.

    «La coopération avec les Algériens est erratique» affirme Hammouchi.«Parfois ils nous fournissent de très bonnes informations et parfois on dirait qu’il s’agit d’impasse. Ce sont des partenaires difficiles», ajoute Yassine Mansouri (chef de la direction générale des études et de la documentation, le service de contre-espionnage marocain,)», citant une note diplomatique du 31 juillet 2007, publiée par WikiLeaks.  

    Plus tôt, la même année, le directeur général des affaires bilatérales au ministère marocain des Affaires étrangères Youssef Amrani, avait ainsi «suggéré que l’émergence d’Aqmi était principalement due aux échecs du gouvernement algérien», rapporte une note du 18 mai.

    Une position que ne partagent visiblement pas les Etats-Unis qui défendent la politique antiterroriste de l’Algérie. A l’accusation de Amrani, un diplomate américain répond que «le Gspc a été forcé de s’associer avec Aqmi parce que le gouvernement algérien a réussi à le marginaliser».

    Dans la même note, le diplomate américain constate que Khalid Zerouali, en charge de la sécurité des frontières marocaines au ministère de l’Intérieur, «s’est hérissé» lorsque les officiels américains ont cité l’Algérie comme «un modèle» dans la lutte antiterroriste en Afrique du Nord.

    Les documents de WikiLeaks révèlent aussi que le Maroc soupçonne depuis longtemps l’Algérie de chercher à développer un programme nucléaire militaire.Cette inquiétude a été rapportée dans une note diplomatique américaine du 21 novembre 2006 transmise cinq jours après un entretien entre le secrétaire général du ministère des Affaires étrangères marocains, Omar Hilale, et l’ambassadeur américain à Rabat au sujet du programme nucléaire de l’Iran. Hilale affirme ainsi qu’ «un Iran doté de l’arme nucléaire serait un désastre pour la région et spécialement pour le Maroc.

    Les diplomates américains en poste à Rabat évoquent «une armée marocaine minée par la corruption et la bureaucratie.

    Cela provoquerait une course à l’armement dans la région et cela accélèrerait la poursuite de ce qu’il a décrit comme un programme nucléaire militaire algérien similaire, même s’il n’est que naissant».«Si l’Iran réussit, dans les dix ans, d’autres pays du Moyen-Orient auront la bombe et les Algériens suivront peu après», a-t-il dit», précise la note. Au cauchemar algérien s’ajoute l’épine du Sahara occidental.

    A une certaine période, près de 70% des effectifs des forces armées marocaines étaient déployés au Sahara occidental.Les masques sont tombés: il s’agit d’une armée d’occupation. Avec de pareilles révélations, il sera maintenant difficile au Maroc de justifier ses exactions et surtout les massacres que cette même armée vient de commettre au Sahara occidental.

    Par ailleurs, le site WikiLeak a fait d’autres révélations, notamment le portrait peu flatteur que font d’elle les Américains. Dans un câble classé «secret» daté d’août 2008, les diplomates américains en poste à Rabat évoquent «une armée marocaine minée par la corruption et la bureaucratie, de faibles niveaux d’éducation dans ses rangs, une marginalisation politique, des équipements vieillissants et un déploiement de la plupart de ses forces dans le Sahara occidental».

    Pour Bouteflika, la France tente de régler ses comptes avec l’Algérie « en appuyant le Maroc ».

    Les quotidiens El Pais (Espagne) et Le Monde (France), montrent des divergences de vues importantes entre Alger et Rabat au sujet du conflit au Sahara occidental. Des divergences qui viennent s’ajouter à la mésentente totale entre le président Bouteflika et le roi Mohamed VI.

    « Si je pouvais résoudre le problème je le ferais. Mais je ne peux pas parler à la place des Sahraouis » . Ce qu’il faut, c’est que « le Maroc et le Polisario trouvent une solution, et ils peuvent le faire avec l’aide des Américains », a déclaré le président algérien lors d’une rencontre ». C’est ce qu’a déclaré en 2007 à Alger le président Bouteflika à l’assistante du président américain George Bush pour la sécurité intérieure et l’antiterrorisme, Frances Fragos Townsend.

    Les Français, confiera le président Bouteflika lors d’une autre rencontre relatée par des diplomates américains, « du fait du poids de leur histoire coloniale au Maghreb, sont incapables de jouer un rôle constructif dans le conflit ». Selon lui, « la France n’a jamais vraiment accepté l’indépendance algérienne ». Elle tente aujourd’hui de régler ses comptes avec l’Algérie « en appuyant le Maroc ».

    En février 2008, recevant un diplomate américain, le président algérien dénonce « le plan d’autonomie » voulu par Rabat à la place du referendum d’autodétermination au Sahara occidental. Pour lui, la proposition marocaine n’offre qu’un semblant d’autonomie. Les provinces algériennes ont d’avantage d’autonomie vis-à-vis d’Alger que ce que propose Rabat pour le Sahara occidental, a fait remarquer le président algérien. Une position réaffirmée, en novembre 2009, devant le chef du commandement américain pour l’Afrique (Africom), le général William Ward. « Vous ne pouvez pas défendre l’application d’un principe pour la Palestine et un autre principe pour le Sahara occidental ».

    Doutes sur la zone de libre-échange maghrébine .. Bouteflika et Mohamed VI: distance et froideur.

    La zone de libre-échange maghrébine sera opérationnelle en 2011. L’annonce faite par le secrétaire général de l’Union du Maghreb Arabe, Habib Ben Yahia aurait du soulever l’enthousiasme des médias maghrébins, elle les a laissé presque froids.Et pour cause. Une zone de libre-échange suppose un minimum de convergence politique qui n’existe pas. Les premiers documents Wikileaks sur les relations entre Alger et Rabat, sans faire de grosses révélations, le confirment. Les premières révélations de Wikileaks sur les relations algéro-marocaines, hormis certaines appréciations crues, confirment des positions connues. Les divergences entre l’Algérie et le Maroc sur le dossier du Sahara Occidental sont de l’ordre du fondamental et constituent un facteur bloquant.   

    La distance est si grande entre les deux plus grands pays maghrébins qu’on voit mal comment une zone de libre-échange dans laquelle ils seraient inclus serait possible. Quand à l’idée d’une zone de libre-échange à quatre – Tunisie, Libye, Mauritanie sans le Maroc ou sans l’Algérie – aucun des pays de l’UMA ne se risquerait à l’accepter car elle passerait pour une prise de position inamicale vis-à-vis de «l’exclu ».

    Dans ce contexte, la zone de libre-échange annoncée risque de n’être qu’un autre texte juridique ou accord sans traduction concrète. A l’évidence, c’est cela le vrai objet de l’annonce de M.Habib Ben Yahia. La Convention sur la zone de libre-échange va être finalisée avant la fin de l’année par le groupe de travail installé lors de la 9e session du conseil des ministres maghrébins du Commerce, tenue en mai à Tripoli.

    Les sherpas ont donc travaillé et mis au point le document. Il lui restera à passer par les sas des ministres du Commerce des pays de l’Union du Maghreb, puis aux ministres des Affaires étrangères. «La convention relative à la création de cette zone est fin prête et sera signée par les ministres du commerce des pays de l’UMA avant de la soumettre au Conseil des ministres des Affaires étrangères», a indiqué Habib Ben Yahia. Cela constituerait déjà un progrès si des pays comme l’Algérie et la Libye acceptent une zone de libre-échange qui ne leur sera pas d’un grand bénéfice économique dans l’immédiat contrairement à la Tunisie et le Maroc, mais les obstacles d’ordres politiques ou psychologiques restent entiers.
    Réflexion, 5/12/2010

  • Wikileaks : Câble sur la source opaque de la richesse au Maroc

    Maroc, Wikileaks, économie, richesses, corruption, #Maroc, #Wikileaks,

    Le 23 mai 2008, le Consul américain à Casablanca, Douglas Green fait état de la mainmise du roi sur les affaires dans le pays.

    SUJET : SOURCES DE RICHESSE A CASABLANCA – INTERNES, EXTERNES, ILLICITES

    Classé par : L’agent principal Douglas Greene pour les raisons 1.4 (B)
    ET (D)

    1. (SBU) Résumé : À Casablanca, la plus grande ville et capitale économique du Maroc, la prospérité est de plus en plus visible, ce qui soulève la question de son origine. L’argent des familles, les secteurs bancaire et immobilier, ainsi qu’un marché boursier performant, sont à l’origine d’une partie de la richesse. Les envois de fonds des Marocains résidant à l’étranger, le tourisme et les investissements étrangers, notamment en provenance des pays du Golfe, constituent les principales sources extérieures d’argent. Les sources de revenus illicites, notamment le trafic de drogue, le blanchiment d’argent et la corruption endémique, jouent également un rôle dans l’économie croissante. L’augmentation de la consommation a été un atout pour l’économie, mais la richesse de Casablanca doit être partagée plus largement pour bénéficier à tous les segments de la société. Résumé final.

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    LES SOURCES INTERNES DE RICHESSE
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    2. (SBU) Le phénomène facilement observable de la richesse à Casablanca soulève la question de l’origine de l’argent. De nombreux Casablancais citent l’argent de la famille comme l’un des principaux facteurs de richesse de la ville.

    Selon Samir Benmakhlouf, président de Century 21 Maroc, l’industrie textile, basée à Fès, était traditionnellement le moteur de l’économie marocaine. Dans les années 70 et 80, les producteurs de textile se sont déplacés vers Casablanca pour trouver des débouchés commerciaux, créant ainsi des opportunités économiques. Casablanca pour y trouver des opportunités de vente au détail, créant ainsi un élan économique et apportant de l’argent à la ville. Un article du Middle East Report sur la bourgeoisie marocaine soutient cette vision historique, mais date le changement à la fin de la Seconde Guerre mondiale : « Le centre de gravité économique s’est déplacé vers les villes côtières, en particulier Casablanca. Des hommes d’affaires entreprenants ont quitté Fès pour Casablanca, où ils ont continué à être connus sous le nom de Fassis. » Aujourd’hui encore, les natifs de Fès conservent leur réputation de membres d’une élite douée pour les affaires. L’un des hommes les plus riches du Maroc, Othman Benjelloun, est originaire de Fès et est président-directeur général de la BMCE, la troisième plus grande banque du Maroc. Selon les employés de la BMCE, une « mafia de Fez » domine la banque. mafia » domine la culture de la banque. Benjelloun et d’autres personnes comme lui appartiennent à une élite fortunée de longue date qui contribue à la prospérité de Casablanca.

    3. (U) Le secteur bancaire, basé à Casablanca, génère également de la richesse. Parmi les 15 banques du Maroc, on compte cinq banques privées appartenant à des Marocains et cinq banques étrangères. Grâce à l’expansion des réseaux géographiques et à l’augmentation des produits et services bancaires, notamment la banque en ligne, les prêts hypothécaires et le crédit à la consommation, le secteur a connu une croissance impressionnante. Dans l’ensemble, les revenus des banques ont augmenté de 10,5 % en 2006 pour atteindre 2,56 milliards d’USD. La même année, les banques marocaines ont enregistré des bénéfices nets de 825 millions d’USD, soit une augmentation de 68 % par rapport à l’année précédente. Ces bons résultats ont entraîné une augmentation des recrutements, notamment de jeunes Marocains instruits. Elle a également conduit plusieurs des six banques cotées à la Bourse de Casablanca à proposer des options d’achat d’actions aux employés, leur permettant ainsi de participer à la rentabilité de leur banque. Le rapport annuel 2007 de la BMCE Bank indique que les employés ont réalisé des gains moyens de 380 % lors de la deuxième offre publique de la banque, « ce qui équivaut à environ 15 fois le salaire mensuel net ». Une telle performance a un effet d’entraînement sur l’économie de Casablanca.

    4. (SBU) Tout comme le secteur bancaire, le marché de l’immobilier contribue à la richesse de Casablanca, en raison d’une convergence de facteurs. La rareté des terrains dans la ville dense de Casablanca rend l’immobilier plus cher. Selon l’Oxford Business Group, la ville s’étend sur une superficie de 69,5 miles carrés, mais il lui faudrait plus de 100 miles carrés pour accueillir une population actuelle de plus de trois millions d’habitants. Comme les Marocains ont quitté les zones rurales pour s’installer à Casablanca, les prix des terrains ont augmenté. L’afflux d’investissements directs étrangers (IDE) aggrave cet effet. Sur les sept milliards de dollars d’IDE que le Maroc a reçus en 2007, l’immobilier représentait 26 %, juste derrière le tourisme (29 %). Étant donné que 63 % des investisseurs considèrent Casablanca comme le lieu le plus attractif pour investir au Maroc, les IDE ont eu un impact significatif sur la valeur des biens immobiliers dans la ville – et sur le développement d’un marché pour les biens et services haut de gamme.

    5. (SBU) Dans un tel environnement, la spéculation se produit, poussant les prix à la hausse et permettant aux propriétaires fonciers de réaliser des profits faramineux. Dès l’annonce d’un nouveau Schéma Directeur d’Aménagement Urbain (SDAU), des spéculateurs achètent des biens dans des zones ciblées dans le seul but de les revendre. Selon Benmakhlouf de Century 21, « vous pouvez acheter un bien pour un million de dirhams et il vaudra 1,5 million dans six mois ».

    6. (SBU) Les formidables performances de la Bourse de Casablanca sont aussi un facteur de création de richesse. Selon Jawad Kerdoudi, économiste et président de l’Institut marocain des relations internationales, de nombreuses entreprises attirent les investisseurs en cotant leurs actions à des prix faibles lors de l’introduction en bourse. Après quelques semaines, les prix montent en flèche, permettant aux actionnaires de vendre avec un bénéfice considérable. En tant que plus grande ville et centre économique du Maroc, Casablanca voit une grande partie de l’argent que les Marocains gagnent à la bourse.

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    SOURCES EXTERNES DE RICHESSE
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    7. (U) Comme indiqué ci-dessus, Casablanca a bénéficié d’un afflux d’argent provenant de l’extérieur du pays. Tout d’abord, les transferts de fonds des Marocains résidant à l’étranger (MRE) ont augmenté depuis l’accession au trône de Mohammed VI en 1999, pour atteindre environ 7,8 milliards de dollars en 2007. Deuxièmement, le tourisme apporte des capitaux importants. Le secteur a augmenté de 12 à 14 % par an depuis 2001, lorsque le roi a lancé la politique stratégique de développement du tourisme « Vision 2010 ». Selon un rapport publié en 2007 Selon un rapport publié en 2007 par le Centre régional d’investissement de Casablanca, le tourisme a représenté plus d’investissements à Casablanca que tout autre secteur.

    8. (U) L’investissement étranger est une troisième source importante de richesse à Casablanca. Profitant largement de la hausse des prix du pétrole, les pays exportateurs de pétrole du Golfe recherchent d’importantes opportunités d’investissement au Moyen-Orient, y compris à Casablanca. Moyen-Orient, y compris à Casablanca. Dubai Holding, par exemple, a lancé un projet de 500 millions d’USD pour construire une marina polyvalente à côté du port de Casablanca. Un groupe koweïtien et marocain a des plans pour un développement résidentiel dans la ville. Les investisseurs hors du Golfe recherchent également des opportunités financières à Casablanca. Au fur et à mesure que l’argent des MRE, du tourisme et des investisseurs étrangers est canalisé vers les banques, l’immobilier, le marché boursier et d’autres investissements, l’économie de Casablanca se développe.

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    LES SOURCES ILLICITES DE RICHESSE
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    9. (C) La plupart des Casablancais reconnaissent qu’une partie au moins de la richesse de Casablanca provient d’activités illicites telles que le trafic de drogue et le blanchiment d’argent. Selon Khalid Belyazid, PDG du groupe d’édition Eco-Medias, « Nous avons de l’argent sale. Le problème est que nous ne savons pas combien ». Il n’existe pas de statistiques permettant de quantifier la part de la richesse de Casablanca qui peut être attribuée à des activités illicites. Toutefois, une indication peut être trouvée dans le rapport 2007 du gouvernement américain sur la stratégie internationale de contrôle des stupéfiants : « Le Maroc est le plus grand producteur mondial de résine de cannabis (haschisch) et est constamment classé parmi les plus grands producteurs de cannabis au monde ». Le rapport estime que le commerce de la drogue au Maroc (principalement vers l’Europe) rapporte environ 13 milliards de dollars par an, soit plus du double du montant apporté par le tourisme en 2007. Une partie de cet argent arrive à Casablanca, où il est soit dépensé en bijoux, voitures, maisons et autres articles, soit blanchi. Faisant référence à l’utilisation des cafés comme façades pour des activités commerciales illégitimes, un professionnel de la finance a plaisanté en disant que « le blanchiment d’argent crée une belle culture des cafés à Casablanca ».

    9. (C) La plupart des Casablancais reconnaissent qu’une partie au moins de la richesse de Casablanca provient d’activités illicites telles que le trafic de drogue et le blanchiment d’argent. Selon Khalid Belyazid, PDG du groupe d’édition Eco-Medias, « Nous avons de l’argent sale. Le problème est que nous ne savons pas combien ». Il n’existe pas de statistiques permettant de quantifier la part de la richesse de Casablanca qui peut être attribuée à des activités illicites. Toutefois, une indication peut être trouvée dans le rapport 2007 du gouvernement américain sur la stratégie internationale de contrôle des stupéfiants : « Le Maroc est le plus grand producteur mondial de résine de cannabis (haschisch) et est constamment classé parmi les plus grands producteurs de cannabis au monde ». Le rapport estime que le commerce de la drogue au Maroc (principalement vers l’Europe) rapporte environ 13 milliards de dollars par an, soit plus du double du montant apporté par le tourisme en 2007. Une partie de cet argent arrive à Casablanca, où il est soit dépensé en bijoux, voitures, maisons et autres articles, soit blanchi. Faisant référence à l’utilisation des cafés comme façades pour des activités commerciales illégitimes, un professionnel de la finance a plaisanté en disant que « le blanchiment d’argent crée une belle culture des cafés à Casablanca. »

    10. (C) La corruption représente également une certaine part de la richesse de Casablanca. « Vous ne pouvez pas imaginer à quel point l’impact est important », a déclaré un résident de longue date après avoir expliqué le phénomène des fonctionnaires qui exploitent des informations privilégiées et/ou leur pouvoir pour en tirer un avantage financier. Dans un cas notoire, un officier de police a créé une entreprise d’importation de motos BMW après avoir appris que la police prévoyait d’équiper une brigade de motards. M. Benmakhlouf, de Century 21, a noté que les permis de construire pour des terrains mis en réserve par la ville sont parfois accessibles aux promoteurs qui versent des pots-de-vin. Cette corruption permet à ceux qui en bénéficient d’amasser des richesses importantes, même si elles ne sont pas déclarées.

    11. (SBU) L’économie informelle est un autre vecteur par lequel les individus amassent des richesses. Si le terme évoque des images de petits détaillants ou de travailleurs sans papiers, il peut s’agir d’entreprises à part entière qui fonctionnent en dehors du cadre légal et de ses exigences. Dans l’industrie textile marocaine, par exemple, des usines entières ont mis fin à leurs activités officielles, pour rouvrir en dehors des limites de la ville sous la forme d’entreprises entièrement financées en espèces qui fonctionnent sous le radar des autorités marocaines (ou avec leur complicité). L’usine de matelas de Casablanca qui a brûlé fin avril 2008, tuant 58 travailleurs (REF A), offre un excellent exemple d’une situation dans laquelle un propriétaire d’entreprise a bafoué les codes du travail, de la sécurité et de la construction au nom du profit.

    12. (C) La propre expérience du Consulat, qui a essayé d’acheter un terrain pour une nouvelle installation, illustre à quel point les arrangements informels, sous la table, sont enracinés dans l’économie marocaine. Quatre-vingt-dix pour cent des transactions immobilières à Casablanca sont effectuées de manière informelle. Sur plus de 30 sites identifiés, plus de 20 ont été immédiatement retirés de la liste parce que les courtiers ne voulaient pas vendre dans le cadre d’une transaction officielle. D’autres ont refusé de vendre parce qu’ils attendent que les prix s’apprécient. Parmi ceux qui ont accepté de vendre, beaucoup voulaient de l’argent sous la table en plus du prix demandé. Qu’il s’agisse de la vente d’un bien immobilier, de la gestion d’une société ou de la création d’une entreprise, le volume élevé d’activités menées en dehors des circuits officiels fait partie intégrante des affaires et permet souvent aux individus de contourner les réglementations et d’accroître leurs gains financiers.

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    CONSOMMATION
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    13. (SBU) Expliquer les sources de la richesse de Casablanca n’explique cependant pas nécessairement la consommation. Pour Khalid Rouggani, de la division des études du BMCE, les Marocains sont « cultivés pour être ouverts » et veulent savoir ce qui existe en dehors de leur pays. Par conséquent, ils connaissent les marques et les produits étrangers, et les achètent volontiers, notamment dans la ville cosmopolite de Casablanca. En revanche, M. Rouggani a cité l’Algérie, un pays disposant de 120 milliards de dollars de réserves, moins ouvert à la culture étrangère et moins enclin à consommer des produits étrangers. Les vendeurs de Dior et de Roberto Cavalli ont semblé confirmer l’idée que la culture joue un rôle dans la stimulation de la consommation, notant que « les Marocains aiment avoir du style » et constituent la majorité de leur clientèle.

    14. (SBU) Les contrôles stricts des changes peuvent également contribuer à la consommation à Casablanca. Si le Maroc a assoupli les restrictions sur la quantité de devises que les Marocains peuvent sortir du pays, les contrôles externes sont toujours en place. Incapables de placer des économies importantes à l’étranger, de nombreux Marocains investissent et dépensent localement.

    15. (C) Commentaire : La richesse qui est évidente à Casablanca indique de nombreux développements positifs, y compris des booms boursiers et immobiliers, alimentés par les transferts de fonds et de forts investissements étrangers. Elle suggère également des éléments négatifs difficiles à suivre, mais significatifs, tels que le trafic de drogue et une corruption profondément enracinée. Quelles que soient les sources de richesse, cependant, les contrastes entre riches et pauvres à Casablanca sont susceptibles de persister, car il y a peu de signes de retombées. Si les Casablancais n’ont pas la possibilité de partager la richesse qui les entoure, le risque de tensions sociales plus larges est susceptible d’augmenter. Commentaire final.

    GREENE

    Source : Marocleaks, 19/08/2021

  • Wikileaks : L’Algérie ne fera pas pression sur les sahraouis

    Sahara Occidental, Maroc, Algérie, Front Polisario,

    03 DIC 2010 – 21:30 UTC
    ID: 159651
    Date: 2008-06-25 17:52:00
    Origin: 08ALGIERS733
    Source: Embassy Algiers
    Classification: CONFIDENTIAL
    Dunno: 08ALGIERS261
    Destination: VZCZCXYZ0001
    PP RUEHWEB

    DE RUEHAS #0733 1771752
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    P 251752Z JUN 08
    FM AMEMBASSY ALGIERS
    TO RUEHC/SECSTATE WASHDC PRIORITY 6042
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    RUEHRB/AMEMBASSY RABAT 2416
    RUEHTU/AMEMBASSY TUNIS 7270
    RUCNDT/USMISSION USUN NEW YORK 0508

    C O N F I D E N T I A L ALGIERS 000733

    SIPDIS

    E.O. 12958: DECL: 06/25/2028
    TAGS: PREL, MO, WI, AG
    SUBJECT: BOUTEFLIKA ON WESTERN SAHARA: OUR BACKS ARE
    AGAINST THE WALL – HELP US

    REF: ALGIERS 261

    Classified By: Ambassador Robert S. Ford,
    reasons 1.4 (b) and (d).

    1. (C) Le président Bouteflika a plaidé pour l’aide des Etats-Unis afin de trouver une issue à l’impasse du Sahara Occidental lors de l’appel d’adieu de l’ambassadeur le 24 juin. M. Bouteflika a déclaré que les États-Unis ont toujours soutenu l’autodétermination, et que le changement de politique en faveur de la position du Maroc est douloureux et déroutant pour les Algériens. Il a ajouté qu’il a été très prudent de ne pas laisser les relations bilatérales souffrir du changement de politique des États-Unis sur le Sahara occidental, mais avec les États-Unis et la France soutenant le Maroc, « nous sommes dos au mur. »

    2. (C) L’ambassadeur a dit à Bouteflika que les États-Unis ont toujours soutenu l’idée d’autonomie comme un moyen d’aller de l’avant d’une manière pragmatique. Il a déclaré que si les deux parties n’adoptaient pas une position réaliste, l’impasse actuelle pourrait durer encore 30 ans, voire plus. L’ambassadeur a déclaré qu’il serait mieux pour les réfugiés sahraouis de vivre sous un bon plan d’autonomie plutôt que de continuer à vivre dans des camps de réfugiés. Il a ajouté que les États-Unis n’ont pas demandé au Polisario d’accepter le plan du Maroc, mais d’accepter la négociation sur l’autonomie et de mettre leur propre proposition sur la table. L’ambassadeur a poursuivi en disant que les Etats-Unis soutiendraient une large mesure d’autonomie. Il a cité l’exemple des Kurdes en Irak qui jouissent d’une large autonomie au sein d’un État irakien uni.

    3. (C) M. Bouteflika a répondu que l’Algérie ne compromettra pas sa position sur le droit des Sahraouis à choisir l’indépendance, ajoutant que les Algériens considèrent cela comme une question de principe. Les Etats puissants ne devraient pas être autorisés à écraser les faibles. M. Bouteflika a déclaré que les États-Unis avaient soutenu l’indépendance du Timor oriental et devraient donc également soutenir les Sahraouis. Le Polisario a sa propre influence diplomatique sur le continent africain, a-t-il ajouté, ce que l’Algérie ne peut tout simplement pas ignorer. M. Bouteflika a déclaré que les Marocains avaient commis une erreur en liant la sécurité du trône au Sahara occidental. L’Algérie ne cherche pas à déstabiliser le Maroc. La stabilité marocaine, a-t-il insisté, est vitale pour la stabilité algérienne.

    4. (C) M. Bouteflika a déclaré à l’ambassadeur qu’il devrait appartenir aux Sahraouis de décider s’ils veulent l’indépendance, même si la solution finale se fait par étapes sur plusieurs années. Il a ajouté que c’était la raison pour laquelle l’Algérie aimait tant le plan Baker. Après que l’ambassadeur ait souligné que le plan Baker n’avait pas généré de mouvement vers une solution, Bouteflika n’a pas voulu s’engager et a de nouveau demandé l’aide des États-Unis pour sortir de l’impasse actuelle.

    5. (C) Commentaire : Il est clair que Bouteflika n’insistera pas beaucoup auprès des Sahraouis pour qu’ils s’assoient avec les Marocains afin de discuter uniquement de l’autonomie ; les Algériens nous l’ont répété tout au long des neuf derniers mois. Cela dit, comme il l’a fait avec le secrétaire adjoint de l’AEN, M. Welch (réf.), M. Bouteflika a indiqué qu’il voulait trouver un moyen de sortir de l’impasse. Il n’y a tout simplement pas de pensée créative ici sur la façon de le faire.

    Wikileaks, 25 juin 2008

    Etiquettes : Sahara Occidental, Maroc, Algérie, Front Polisario, Etats-Unis, autonomie, ONU, Wikileaks,

  • Mohammed VI intervient pour faire barrage au PJD -Wikileaks-

    Maroc, Mohammed VI, Wikileaks, PJD, #Maroc, #MohammedVI, #Wikileaks, #PJD, islamistes,

    Le roi du Maroc a agi en 2009 lors de la nomination des maires pour écarter le parti islamique et aider le parti de son ami Fouad Ali el Himma, selon les États-Unis.

    Le roi du Maroc, Mohamed VI, intervient dans le processus électoral, parfois même de manière abrupte (un aspirant maire s’est retrouvé dans le coma) avec un objectif : freiner les islamistes qui bénéficient d’un statut légal. Si le Parti de la justice et du développement (PJD), islamiste modéré, n’a pas aujourd’hui de maires à la tête des grandes villes, c’est en grande partie grâce aux manœuvres du monarque et de son ami intime Fouad Ali el Himma, selon des rapports de l’ambassade américaine à Rabat et du consulat à Casablanca.

    Himma, 48 ans, a surpris tout le monde en démissionnant de son poste de vice-ministre de l’intérieur en août 2007, alors qu’il était en fait le véritable chef du département ministériel le plus puissant du Maroc. Auparavant, ce proche du souverain alaouite, avec qui il a étudié au collège royal de Rabat, était son directeur de cabinet lorsqu’il était prince héritier. « Il est souvent considéré comme la personne la plus influente au Maroc après le monarque », a noté l’ambassadeur américain à Rabat, Thomas Riley, dans un rapport rédigé en février 2008.

    Peu après sa démission, Himma a fondé une organisation, le Mouvement de tous les démocrates (MTD). « La principale raison de sa création est l’inquiétude du palais royal face à la montée en puissance de l’islamisme à travers le PJD », notait Riley en août 2008. Il a prédit que le mouvement deviendrait une formation politique et il avait raison. « Si cette technique s’est avérée efficace pour réprimer les menaces, les partis du palais ont également échoué » au Maroc à « réaliser les réformes politiques promises », a-t-il averti.

    La « menace » était le PJD, le parti le plus voté aux élections législatives de 2007, mais pas celui qui a remporté le plus de sièges car la conception des circonscriptions le désavantage. Les islamistes modérés sont la principale force d’opposition au Parlement, mais peut-être pas dans la rue. Riley a rencontré Himma en février 2008. Il le surprend en lui disant qu’il a démissionné du ministère de l’intérieur, « non pas pour devenir député, mais pour retourner dans la petite ville poussiéreuse et rurale où il est né [Benguerir, près de Marrakech] et passer plus de temps avec sa famille ».

    Une fois sur place, il décide cependant « de ne pas se reposer et de travailler dur pour améliorer le sort de sa communauté. » « Il a conclu que la meilleure chose qu’il pouvait faire était de représenter la province [de Kelaat Es-Sraghna] au Parlement ». L’ambassadeur n’a pas cru à ce changement d’avis. Peu après, Himma a fondé le Parti authenticité et modernité (PAM) et, après une courte période de candidature, a remporté le plus grand nombre de sièges au conseil municipal lors des élections municipales de juin 2009. Il est susceptible de remporter une majorité relative lors des élections législatives de 2013. Les élections municipales ont été « relativement transparentes », a expliqué le chargé d’affaires Robert Jackson dans une note datée du 15 juillet 2009, mais « l’élection ultérieure des maires par les conseillers peut représenter un recul de la démocratie marocaine ».

    Contrôle des mairies

    Un ancien ministre, l’ambassade de France à Rabat et deux autres sources ont informé Jackson que « le roi Mohamed VI a ordonné que le PJD ne soit pas autorisé à prendre le contrôle des conseils municipaux de plusieurs villes marocaines telles que Tanger, Oujda », Casablanca et Salé où il a obtenu une majorité relative. « L’intervention du palais royal était plus flagrante à Oujda » qu’ailleurs. Dans cette ville d’un demi-million d’habitants de l’est du Maroc, « le gouverneur nommé par le ministère de l’Intérieur a empêché, le 25 juin 2009, un vote qui aurait porté au pouvoir une coalition menée par le PJD. « … la police et les agents des services de renseignement ont intimidé les partisans de la coalition du PJD et ont battu le leader local du PJD jusqu’au coma.

    Le candidat islamiste à la mairie d’Oujda a été battu par les « agents de sécurité » et a subi une hémorragie cérébrale, tandis que nombre de ses partisans étaient retenus en otage par les forces de sécurité pour les empêcher de voter. Le PAM, le parti de l’ami du roi, a également joué son rôle pour bloquer la montée en puissance de ses opposants islamistes. Il l’a fait avec l’approbation du palais. « Non satisfait du résultat admirable et propre des élections, le PAM de Fouad Ali el-Himma a eu recours à des pressions extra-politiques (il a même invoqué le nom du roi) pour contraindre les autres partis à entrer dans des coalitions » dirigées par lui après les avoir dissuadés de participer à celles dirigées par les islamistes.

    Selon M. Jackson, le parti d’Himma « a terni sa réputation de parti réformateur et renforcé la critique selon laquelle il est un outil du palais royal ». Quant aux islamistes modérés, ce qui s’est passé, dit l’ambassadeur par intérim, « les frustrera, mais ne sera probablement pas suffisant pour les chasser du jeu politique ». Ils peuvent se consoler d’avoir pris le contrôle des conseils municipaux des villes de second rang comme Tétouan et Kenitra. « Le résultat de tout cela peut être d’éroder davantage le soutien populaire au processus démocratique au Maroc (…) », prévient Jackson.

    La marche triomphale d’Himma déplaît aux formations politiques traditionnelles. Driss Lachgar, l’un des principaux dirigeants socialistes marocains, a avoué en janvier 2008 au conseiller politique de l’ambassade des États-Unis à Rabat que la création du nouveau « parti d’État officiel (…) représente une menace sérieuse pour la démocratie au Maroc ». « Nous y résisterons avec tous les moyens à notre disposition ». Curieusement, la principale personne à avoir été blessée par l’entrée en politique d’Himma, Abdelillah Benkiran, leader du PJD islamiste, s’est montrée plus prudente lors de sa rencontre avec l’ambassadeur Riley en août 2008. « Le roi a décidé d’introduire un parti de palais pour combler le vide que les autres partis sont apparemment incapables de remplir », a déclaré Benkiran. Le faible taux de participation (37%) aux élections législatives de 2007 a montré, selon lui, qu’il y avait un vide.

    « Malgré les bonnes intentions qui ont présidé à la création » du parti d’Himma, « Benkiran était d’avis qu’il manque de racines et ne pourra pas gagner l’appréciation de l’homme de la rue. » Benkiran « a été très dédaigneux de la menace que [Himma] représentait pour le PJD (…) ». Le chef du parti islamiste a fait ces commentaires à l’ambassadeur avant les élections municipales de 2009, que le « parti du roi » a remportées. Il n’est pas certain qu’il les ait répétées par la suite. Dans son bilan, peu après les élections municipales, des dix premières années du règne de Mohammed VI (1999-2009), le chargé d’affaires américain, Robert Jackson, est néanmoins bienveillant : le roi « a fait des progrès fructueux en matière de réformes sociales et économiques (…) mais a peu fait pour promouvoir des changements démocratiques structurels », écrit-il le 17 août 2009. Pourtant, conclut M. Jackson, « nous pensons que la plupart des Marocains conviennent que le roi est sincère dans son désir exprimé de voir le Maroc devenir un État démocratique ».

    A côté des islamistes modérés et légaux du PJD, première force d’opposition parlementaire, il existe un autre courant islamiste au Maroc, Justice et Charité, qui a la plus grande capacité de mobilisation dans la rue, selon l’universitaire américain John Entelis. Justice and Charity est illégale, mais Rabat « tolère ses activités tant qu’elle ne met pas en avant la question de la légitimité du roi ou n’essaie pas de mobiliser ses partisans contre le régime », a écrit le conseiller politique du consulat américain à Casablanca en décembre 2008 après avoir rencontré deux responsables de cette organisation. Elle est illégale parce qu’elle ne reconnaît pas le roi Mohammed VI comme le Commandeur des croyants, c’est-à-dire le chef spirituel des musulmans marocains. C’est le principal obstacle à sa légalisation.

    « L’incorporation de Justice et Charité dans le système [politique] pourrait avoir un effet majeur sur la stabilité du Maroc à un moment où il est sous pression en raison de la récession économique mondiale », a déclaré le conseiller politique. Dans son rapport, il déclare que « toutes les preuves tendent à soutenir l’engagement de Justice et Charité à éviter la violence ». « Le gouvernement marocain prétend régulièrement qu’il est impliqué dans des activités terroristes, comme il l’a apparemment été en Italie, mais il n’a produit aucune preuve », conclut-il. Faut-il craindre que le ministère de l’Intérieur légalise cette grande force islamiste fondée par le cheikh Abdessalam Yassin ? « Cela augmentera l’influence de l’islamisme sur la politique, le poids de Justice et Charité s’ajoutant à celui du PJD », note le rapport. « Mais même si le PJD et Justice et Charité unissent leurs forces, les islamistes resteront une minorité » dans le spectre politique marocain.

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  • Wikileaks : Pour le roi du Maroc, l’armée est la plus grande menace pour le trône.

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    Les forces armées marocaines « restent minées par la corruption, l’inefficacité bureaucratique, les faibles niveaux d’éducation, certains de ses soldats risquent de tomber dans le radicalisme, ils sont politiquement marginalisés, et le gros de leurs troupes est déployé au Sahara occidental. » « Elles se modernisent, mais elles restent lestées par des problèmes de longue date ».

    L’ambassadeur américain au Maroc, Thomas Riley, a rédigé en août 2008, avec la collaboration de ses conseillers en matière de défense et de sécurité, un rapport confidentiel exhaustif de neuf pages sur les armées marocaines. Au total, les trois armées comptent 218 000 hommes – 10 000 de moins que celles de l’Espagne – dont 50 à 70 % se trouvent au Sahara. Seuls 40 %, un faible pourcentage, des unités déployées dans cette ancienne colonie espagnole sont opérationnelles.

    Les jeunes hommes qui s’engagent comme soldats sont payés environ 2 000 dirhams par mois (180 euros), tandis que les officiers qui commencent leur carrière gagnent environ 6 000 dirhams (540 euros). A cela s’ajoute le logement gratuit, qui les place dans une « situation raisonnablement confortable dans le contexte marocain ».

    Forte surveillance

    Protagonistes de deux coups d’État ratés dans les années 1970, les forces armées sont toujours étroitement surveillées. « Nous pensons que la monarchie continue de considérer les militaires comme la plus grande menace potentielle pour la Couronne. » « Par conséquent, ses officiers continuent d’être tenus à l’écart de la prise de décision politique et leur participation aux discussions sur la force militaire du Maroc est limitée », tout comme leurs relations avec les officiers des armées étrangères, y compris les attachés militaires américains. En conséquence, la qualité de l’information sur les forces armées est parfois « défaillante ».

    En raison de cette méfiance, « il n’y a pas de mouvements de troupes, de manœuvres ou même de voyages d’officiers à l’intérieur ou à l’extérieur du pays sans l’approbation du roi ». Au Maroc, il n’y a pas de ministère de la défense mais une petite administration civile qui rend compte au premier ministre. La participation du Maroc aux opérations de maintien de la paix est gérée par le ministère des affaires étrangères. « Toutes les autres questions liées à la défense sont décidées au Palais royal ».

    M. Riley estime toutefois que « certains signes montrent que la confiance du roi dans les forces armées s’accroît ». Preuve en est l’ »augmentation significative des dépenses militaires » avec l’achat, par exemple, de 24 chasseurs-bombardiers F-16 aux États-Unis. « Récemment, le roi a autorisé les vols militaires au nord de Ben Guerir [la plus grande base militaire du Maroc, à environ 200 kilomètres au sud de Rabat], ce qui n’était pas autorisé par le passé parce que le monarque voulait tenir les militaires éloignés du palais de Rabat. »

    Corruption et infiltration des islamistes

    Le principal défi auquel sont confrontées les forces armées est la corruption, selon M. Riley. Elle touche surtout les plus hauts niveaux de la hiérarchie militaire. Elle a des origines historiques car après les deux tentatives ratées, Hassan II a dit aux militaires : « Soyez loyaux et vous pourrez en profiter. » « Des rapports crédibles indiquent que le lieutenant-général Benanni profite de sa position de commandant en chef du secteur sud pour soutirer de l’argent des contrats militaires et influencer les décisions commerciales. » « Une rumeur répandue indique qu’il possède une bonne partie des pêcheries du Sahara occidental. » « Comme beaucoup d’autres officiers vétérans, Benanni a une somptueuse maison familiale qui a probablement été construite avec l’argent provenant de pots-de-vin. »

    « Une position de leader dans une région est une source importante de revenus non légaux pour la hiérarchie militaire », argumente l’ambassadeur. « On rapporte même que des étudiants de l’académie militaire marocaine paient pour améliorer le classement de leur école afin d’obtenir des postes militaires lucratifs. » « Les commandements dans le secteur sud, c’est-à-dire au Sahara occidental, sont considérés comme les plus lucratifs étant donné la concentration de l’activité militaire dans cette région (…) ». « Le gouvernement marocain semble chercher des moyens de mettre fin à la corruption dans les rangs des militaires qui sont formés à partir du colonel (…) ».

    Un problème mineur, comparé à la corruption, est la pénétration islamiste de l’armée. Certains rapports « suggèrent qu’un petit nombre de soldats sont sensibles à l’islamisme radical ». Après les attentats de 2003 à Casablanca, qui ont fait 45 morts, les enquêteurs ont « identifié des militaires » parmi les conspirateurs. Par la suite, « plusieurs militaires et gendarmes appartenant à d’autres cellules terroristes, dont l’une a volé des armes dans une base d’activités terroristes » ont été arrêtés.

    Parmi les mesures préventives prises pour éviter la propagation de l’islamisme radical dans les armées figurent « la suppression de toutes les mosquées sur les bases (…) et le déploiement du contre-espionnage militaire, le fameux Cinquième Bureau, avec des agents secrets pour surveiller les activités radicales dans les mosquées » près des casernes.

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    Source : Marocleaks, 06 juin 2021

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  • Le Maroc utilise la justice pour contrôler la politique (Wikileaks)

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    « D’autres pays utilisent l’armée ou la police pour contrôler la politique, mais au Maroc, nous utilisons le système judiciaire.

    La justice au Maroc n’est pas indépendante et les magistrats sont souvent incompétents. Le mauvais fonctionnement du troisième pouvoir est une « entrave au développement du pays ». « L’utilisation systématique de l’appareil judiciaire pour atteindre des objectifs politiques sape également les efforts louables visant à promouvoir la réforme judiciaire et la transparence ».

    Après avoir consulté plusieurs personnalités et experts, dont certains juges et procureurs en activité, l’ambassade des Etats-Unis à Rabat a fait, fin août de l’année dernière, une description peu relouisante du fonctionnement de la Justice au Maroc. Abelaziz Nouyidi, avocat et défenseur des droits de l’homme, résume une opinion largement répandue : « Quand il s’agit de quelque chose de politique, l’indépendance [du pouvoir judiciaire] est nulle. Quand il s’agit de quelque chose en rapport avec la presse, l’indépendance est égale à zéro. Dans d’autres cas, il y a un peu plus de place pour l’indépendance, mais pas beaucoup non plus.

    Nouyidi se souvient qu’il se trouvait dans le cabinet d’un juge lorsqu’il a reçu un appel du ministère de l’intérieur. Le magistrat a expliqué au téléphone qu’il s’était exécuté : « La peine était celle que vous vouliez ». Plus crûment, un procureur a avoué à l’ambassade américaine : « D’autres pays utilisent l’armée ou la police pour contrôler la politique, mais au Maroc, nous utilisons le système judiciaire.

    Arrêté après avoir gagné aux urnes

    De nombreux exemples le prouvent. Said Yabou, du parti de l’Istiqlal dirigé par le Premier ministre, a été élu maire de Youssoufia, une banlieue de Rabat, en 2009 par les conseillers municipaux contre un candidat du parti Authenticité et Modernité fondé par Fouad Ali el Himma, un proche du roi Mohammed VI. Immédiatement après avoir remporté le vote, Yabou « a été arrêté, en violation de la procédure judiciaire, et accusé de fraude ». « Il a rapidement été reconnu coupable, condamné à deux ans de prison et a perdu » le poste de maire. Ce qui s’est passé « illustre comment l’appareil judiciaire peut être utilisé pour atteindre des objectifs politiques », selon le rapport de l’ambassade.

    Pour convaincre les juges de suivre les instructions du ministère de la Justice, « il n’est pas nécessaire de déranger » l’équivalent marocain du Conseil général du pouvoir judiciaire en Espagne. « Si le ministère veut punir un juge pour avoir été trop indépendant (…) il suffit de le nommer à un poste indésirable, quelque part dans le désert, et de ne pas lui permettre de gravir les échelons », explique un magistrat.

    « La capacité du ministère de la Justice à promouvoir ou à transférer les juges rend difficile pour eux de contredire les instructions de l’autorité, même lorsque la sentence qu’ils s’apprêtaient à promulguer était conforme à la loi », écrit le chargé d’affaires. Le ministre de la Justice, Mohamed Taieb Naciri, est également un ministre dit « de souveraineté », c’est-à-dire directement nommé par le roi Mohamed VI.

    Le ministère de la justice n’est pas le seul à avoir une influence sur les juges, mais aussi la Cour suprême et ceux qui « ont accès ou sont amis avec le palais royal », affirme l’avocat Abelaziz Nouyidi. Le degré de perversion de la justice est tel que « lorsque les juges ne reçoivent pas d’instructions explicites sur une affaire donnée, ils agissent généralement en fonction de ce qu’ils pensent être les préférences du ministère », explique M. Nouyidi.

    Des juges dociles

    Ce n’est pas seulement le poids décisif du ministère qui porte atteinte à l’indépendance des juges. Filali Meknassi, de la branche marocaine de Transparency International, « souligne que la propension croissante à la corruption a rendu les juges dociles et peu complaisants lorsqu’ils reçoivent des instructions d’en haut. À la fin de sa carrière, un juge peut gagner 3 050 euros par mois, mais ce salaire n’est pas à la hauteur du style de vie somptueux dont jouissent de nombreux magistrats, indique M. Meknassi de Transparency International.

    Enfin, l’incompétence des juges est un autre obstacle à leur indépendance. Un magistrat a admis devant des diplomates américains qu’ »un nombre étonnamment élevé de juges ne connaissent pas suffisamment la loi pour l’appliquer correctement (…) ». Ils s’appuient sur les conseils du ministère de la justice comme une « béquille » pour compenser leurs lacunes.

    En 1998, alors que 80 % du contrat est achevé, le ministère marocain des travaux publics met en doute la stabilité des quais – ce que FCC dément -, arrête les travaux et confisque le matériel. La société espagnole a poursuivi l’autorité portuaire pour rupture de contrat devant le tribunal administratif d’Agadir et a été condamnée à une amende de 11 millions d’euros en 2001. Le verdict a fait fuir les entreprises de construction espagnoles.

    Bien que le rapport ne le rappelle pas, l’absence pendant de nombreuses années d’entreprises de construction espagnoles au Maroc trouve son origine dans une sentence judiciaire. En 1996, l’Autorité portuaire marocaine a attribué à FCC la construction d’un quai à Agadir, l’extension d’un autre quai et un contre-quai pour un montant de 20 millions d’euros financé par un prêt bonifié espagnol.

    L’ambassade américaine reproche également au ministère de la Justice de s’être adapté, entre 2003 et 2008, à « la présence croissante de salafistes [islamistes radicaux] dans les prisons en leur accordant de plus en plus de privilèges », selon un rapport exhaustif de mai 2009. L’évasion, en avril 2008, de neuf prisonniers islamistes de premier plan de la prison de Kenitra a incité le roi à transférer l’administration pénitentiaire du ministère de la Justice à la présidence du gouvernement, la rendant ainsi encore plus dépendante du palais, et à placer à sa tête un ancien directeur de la police, Moulay Hafid Benhachem.

    Le racket en prison

    Il a « mis fin à la politique d’apaisement avec les prisonniers salafistes – concentrés à Tétouan, Salé et Casablanca – qui avaient obtenu des privilèges sans précédent », rappelle le rapport. Malgré cela, « ils ont toujours un accès facile aux téléphones portables » et profitent des transactions de la prison. « Avec le soutien de Mohamed VI et un budget plus généreux, Benhacem a amélioré la sécurité, augmenté les rations alimentaires et lancé un ambitieux programme de construction, mais les problèmes persistent », a déclaré l’ambassade.

    Quels sont les problèmes ? Dans les 59 prisons du Maroc, il y avait 60 000 prisonniers il y a un an – les islamistes en comptent environ 1 000 – qui disposaient de 1,6 mètre carré par personne, bien que l’objectif soit de porter ce chiffre à trois mètres. Les normes internationales prévoient neuf mètres par prisonnier. L’État marocain dépensait 0,75 centime d’euro par jour pour chaque prisonnier. Près de la moitié des prisonniers étaient en détention provisoire. D’où la surpopulation, qui n’est soulagée que par les grâces massives accordées par Mohamed VI à l’occasion des grandes fêtes religieuses.

    Source : Marocleaks, 06 juin 2021

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