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  • Sahara Occidental : Un état de siège sans précédent

    Forcing.- Au moment où les Sahraouis sont restés chez eux, les rafles des forces d’occupation marocaines sont quotidiennes et les assauts des domiciles se multiplient.

    Dans la ville d’El-Ayoun occupée, à forte concentration sahraouie, les rues des quartiers sont pratiquement vides, a indiqué hier, lundi, le ministère de l’Information sahraoui dans un communiqué.

    La ville est sous un état de siège «sans précédent», souligne le communiqué qui ajoute que le gouvernement de la République arabe sahraouie démocratique (Rasd) et le Front Polisario exigent, à cet effet, l’ouverture des territoires occupés aux observateurs étrangers et à la presse. Ils rappellent que «le Maroc a nié officiellement, pendant plus de 20 ans, l’existence des bagnes de Tazmamart, Kalaât Megouna, Agdez et tant d’autres où des dizaines de personnes ont trouvé la mort dans le secret le plus total». Le gouvernement sahraoui et le Front Polisario appellent la communauté internationale à intervenir pour que le Maroc cesse d’«exécuter son plan de nettoyage ethnique et de racisme contre la population sahraouie dans les territoires occupés». Le gouvernement et le Front Polisario renouvellent, en outre, leur appel pressant pour «la libération immédiate de tous les prisonniers, la levée de l’état de siège et l’envoi urgent d’une commission internationale indépendante pour réaliser une enquête sur les violations et crimes commis». Par ailleurs, le communiqué rappelle que les chefs de l’administration coloniale marocaine à El-Ayoun avaient déclaré dimanche aux journaux espagnols El Pais et El Mundo que «le nombre de prisonniers est de 132 personnes et que les disparus, au nombre inconnu, sont des personnes qui ont fui vers le désert de peur qu’elles soient emprisonnées». Pour le ministre sahraoui, «les déclarations des représentants du Makhzen constituent un aveu de l’ampleur de l’assaut violent contre le campement de Gdeim Izik et de la brutalité de la répression qui s’abat jusqu’à maintenant sur la population civile d’El-Ayoun».

    Le conseil des ministres sahraoui a demandé l’envoi «urgent» d’une mission internationale pour enquêter sur l’attaque par les forces d’occupation marocaines contre le camp de la liberté près de la ville d’El-Ayoun occupée et poursuivre les responsables en justice. Le gouvernement marocain tente de «mettre à profit le blocus et le temps qui passe pour effacer les traces de ses crimes à Gdeim Izik», a indiqué un communiqué du conseil dont la réunion a été présidée par M. Mohamed Abdelaziz, président de la République Arabe sahraouie démocratique (Rasd) et secrétaire général du Front Polisario. Le conseil exige des Nations unies d’assumer leur responsabilité pour mettre fin à ce génocide et au blocus qui frappe un territoire sous leur responsabilité directe.

    Info-Soir, 23/11/2010
  • L’Arabie Saoudite malade de ses rois

    La maladie du roi Abdallah (86 ans) et la santé fragile du prince héritier, également octogénaire, mettent en avant la question de la succession en Arabie Saoudite, même si les experts ne craignent pas une vacance de pouvoir.
    Le roi Abdallah a attendu le retour dans le royaume de son demi-frère, le prince héritier Sultan Ben Abdel Aziz, qui irait sur ses 85 ans et dont la santé est chancelante, pour se rendre lundi aux Etats-Unis afin de se faire soigner d’une hernie discale. Le prince héritier et ministre de la Défense, qui était en «séjour privé» au Maroc depuis fin août, a pour sa part été soigné pour un cancer en 2008 et 2009 aux Etats-Unis, selon des sources diplomatiques, et a passé plus d’un an en convalescence à l’étranger.

    Depuis la mort, en 1953, du fondateur du royaume saoudien, le roi Abdel Aziz, cinq de ses fils se sont succédé à la tête de cette puissance pétrolière. La transition s’est toujours passée en douceur, sauf en 1964, lorsque le roi Saoud a été forcé d’abdiquer au profit de son frère et prince héritier, Fayçal.

    «L’Arabie Saoudite a rarement connu d’instabilité. La famille (royale) unifie toujours ses rangs pour décider très rapidement ce qui doit être fait» en cas de décès du souverain, affirme Christopher Boucek, de la fondation Carnegie. «Il n’y aura pas de vacance de pouvoir», ajoute-t-il, soulignant que si le roi venait à décéder et que la santé du prince héritier ne lui permettait pas de lui succéder, le prince Nayef, 77 ans, ministre de l’Intérieur, est en troisième position. «Le prince Nayef a été en quelque sorte promu futur prince héritier» avec sa nomination, en mars 2009, par le roi au poste de deuxième vice-Premier ministre, explique M. Boucek. Après Nayef pourrait venir, dans l’ordre de succession, son frère Salman, gouverneur de Riyad.

    «Contrairement à toutes les craintes, les successions se sont toujours bien passées dans le royaume», estime également Olivier Da Lage, auteur de la Géopolitique de l’Arabie Saoudite. Il souligne que le roi Abdallah a formé, en décembre 2007, un comité de 35 princes de la dynastie des Al Saoud, dit «comité d’allégeance», pour gérer les affaires de succession.
    El Watan, 23/11/2010
  • Des jeunes français et allemands manifestent à Oum Lagta

    Des jeunes venus de France et d’Allemagne ont manifesté, dimanche à Oum Lagta, aux côtés de Sahraouis à proximité du mur marocain «de la honte» érigé au Sahara Occidental pour dénoncer les violations marocaines des droits de l’Homme dans les territoires occupés du Sahara Occidental. Cet élan de solidarité a été organisé par l’Union de la jeunesse de Saguia El Hamra et El Rio Oro (Ujsario) en coordination avec le bureau franco-allemand du développement des potentialités des jeunes dans le cadre de l’accord de coopération conclu entre les deux organisations pour la solidarité avec le peuple sahraoui, a indiqué l’Agence de presse sahraouie (SPS).
    «Nous exprimons, à travers notre halte devant le mur marocain de la honte, notre solidarité avec le peuple sahraoui», a affirmé la responsable allemande de l’Ujsario qui a déploré l’inertie des pays européens, plus particulièrement la France, lorsqu’il s’agit de soutenir les citoyens sahraouis à El Ayoun après le massacre perpétré récemment par les forces marocaines contre les citoyens sahraouis sans défense. Elle a lancé un appel pour faire cesser les violations marocaines des droits de l’homme dans les territoires occupés du Sahara Occidental. Par ailleurs, le Comité belge de soutien au peuple sahraoui a dénoncé dimanche l’arrestation à El Ayoun occupée de deux médecins belges en mission humanitaire dans la région qui ont été, par la suite, expulsés vers leur pays.
    L’arrestation des docteurs Marie- Jeanne Wuidar et An Collier est survenue lors de leur contact avec le militant des droits de l’Homme, Mohamed Lamin Haddi, qui devait les conduire auprès d’un civil blessé lors de l’attaque, le 8 novembre dernier, contre le camp de Gdeim Izik par les forces marocaines d’occupation, a indiqué un communiqué du comité. « Le Conseil de l’Europe doit d’urgence exiger l’accès aux territoires occupés pour les observateurs internationaux et les médias et rappeler au Maroc ses obligations en matière de droit humanitaire, conformément aux accords qui lient le Maroc et l’UE », a-t-il souligné.
    Le Comité belge de soutien au peuple sahraoui demande également aux Nations unies d’envoyer au Sahara Occidental une commission d’enquête afin que toute la lumière soit faite sur les conditions de l’assaut du 8 novembre et les responsabilités dénoncées. Le comité regrette, en outre, que la mission «strictement humanitaire des deux médecins, expulsés dimanche vers la Belgique, n’ait pu être menée à bien et condamne avec force l’arrestation du militant des droits de l’Homme, Mohamed Lamin Haddi.
    La même source réitère la nécessité urgente d’obtenir des informations sur la situation sanitaire et humanitaire à El Ayoun occupée, et totalement isolée par le Maroc. À noter également que depuis le 8 novembre, les élus français, espagnols, allemands ou européens désirant se rendre sur place ont été refoulés. Les médias internationaux sont interdits d’accès et la seule ONG autorisée est Human Rights Watch. Une déclaration de leur représentant fait clairement état de répression à l’encontre de la population sahraouie, de torture et de blessés privés de soins.
    F. H.
    Le Courrier d’Algérie, 23/11/2010
  • Paris kif-kif Alger ?

    Paris nous rétorque que l’autonomie est la meilleure formule que l’homme ait produite depuis Adam.

    Xavier Driencourt, l’ambassadeur de France à Alger, a fait une révélation aussi succulente que la cuisine française, dans une interview publiée hier par le quotidien FLNiste Sawt El Ahrar. L’ambassadeur disait aux lecteurs d’un pays qui est peut-être le mieux au fait du dribble tricolore que la position de Paris sur la question du Sahara occidental était… «simple». Dans cette tragédie vieille de 35 ans, «nous appuyons la position et les efforts de l’Organisation des Nations unies au Sahara occidental et nous appuyons la mission onusienne de Christopher Ross», disait-il. Vrai ? Comme nous ? Qui aurait pu penser que Paris et Alger pouvaient avoir une position si identique sur le Sahara occidental ? Les gens médisent tant…
    Il y a à peine quelques jours, les mauvaises langues propageaient partout que la France s’était généreusement dépensée au Conseil de sécurité pour assurer la protection… des atteintes aux droits de l’homme au Sahara occidental. Et c’est son veto qui, disent-elles, empêcha l’envoi d’une commission d’enquête sur les incidents de Gdeim Izik et à El-Ayoun que Kouchner qualifia de «très graves», juste avant qu’il ne prépare ses valises. Paris a été déjà accusée d’avoir empêché l’élargissement du rôle de la MINURSO, alors que les populations civiles sahraouies sont régulièrement rudoyées par les forces d’occupation. Et c’est encore Paris qui, rappelle-t-on, avait empêché en 2006 la publication d’un rapport européen détaillant les dépassements du roi dans l’ancien Sahara espagnol. Or, toutes ces choses ne figurent pas dans les résolutions de l’ONU ni d’ailleurs le veto de Paris en 2006 à la publication du rapport européen sur les dépassements marocains dans les territoires sahraouis.
    L’ONU et Ross parlent d’une solution qui permettrait au peuple sahraoui d’exercer son droit à l’autodétermination. Paris nous rétorque que l’autonomie est la meilleure formule que l’homme ait produite depuis Adam. Une formule de colonialistes reprise à bras le corps dans le protectorat et par certains lobbys juifistes. Nous, en Algérie, nous disons que personne n’a le droit de décider à la place des Sahraouis. Une formule qui ne nécessite ni Breguet Atlantic ni Jaguars ni… veto. C’est tout ce qu’il y a de… simple, comme dirait M. Driencourt. Sommes-nous dans le tort ?
    Le Jeune Indépendant, 23/11/2010
  • Jiménez: L'Espagne est pour l’extension des prérogatives de la MINURSO à la surveillance des droits de l'homme au Sahara occidental

    Madrid, 22/11/2010 (SPS) La ministre espagnole des Affaires étrangères et de la Coopération, Trinidad Jimenez, a déclaré samedi, dans une conférence de presse à Lisbonne, que son pays soutient l’extension des prérogatives de la Mission des Nations Unies pour le référendum au Sahara occidental (MINURSO) à la protection et au contrôle des droits de l’Homme au Sahara occidental.

    Lors d’une conférence de presse à Lisbonne en présence de la secrétaire américaine d’Etat , Hillary Clinton et de la Grande-Bretagne, William Hague, Mme Jimenez s’est dite en faveur de l’élargissement des pouvoirs de la MINURSO à la protection et la surveillance des droits de l’homme » dans la région.
    L’Espagne se félicite que cette option chaque année rejetée par le Conseil de sécurité de l’ONU en raison de l’opposition explicite de la France, demeure une « possibilité », a-t-elle conclut. (SPS)
  • Attaque marocaine : Le conseil des ministres sahraoui demande l'envoi d'une mission d'enquête internationale

    Chahid El Hafed, 22/11/2010 (SPS) Le conseil des ministres sahraoui a demandé lundi l’envoi « urgent » d’une mission internationale pour enquêter sur l’attaque par les forces d’occupation marocaines contre le camp de la liberté près de la ville d’El Aaiun occupée et poursuivre les responsables en justice.

    Le gouvernement marocain tente de « mettre à profit le blocus et le temps qui passe pour effacer les traces de ses crimes à Gdeim Izik », a indiqué un communiqué du conseil dont la réunion a été présidée par M. Mohamed Abdelaziz, président de la République Arabe Sahraouie Démocratique (RASD) et secrétaire général du Front Polisario.

    Les autorités marocaines « mènent une campagne pour semer rancœur et ségrégation raciale parmi les citoyens en vue de déclencher une guerre ». Le conseil des ministres sahraoui souligne la nécessité urgente et pressante d’un mécanisme onusien pour la protection et le contrôle des droits de l’Homme au Sahara Occidental.

    Il exige des Nations-Unies d’assumer leur responsabilité pour mettre fin à ce génocide et au blocus qui frappe un territoire sous leur responsabilité directe. Le conseil des ministres sahraoui impute au gouvernement marocain, qui se livre à un terrorisme d’Etat, « la responsabilité de son intervention brutale » contre le camp de Gdeim Izik qui a fait des milliers de disparus et détenus dont le sort reste inconnu.

    Le communiqué a, par ailleurs, dénoncé la position du gouvernement français qui « continue d’encourager le Royaume marocain à poursuivre sa politique d’obstination, d’injustice, d’occupation et de violation des droits de l’Homme au Sahara Occidental » rappelant que le gouvernement marocain « enfreint la légalité internationale en occupant illégalement des parties des territoires de la RASD et viole les droits de l’Homme comme en témoignent des dizaines de rapports émanant de plusieurs organisations ».

    Le conseil a, d’autre part, demandé à l’UE de rompre tout contrat avec le gouvernement marocain concernant les richesses naturelles sahraouies.

    Sur un autre plan, le conseil a exprimé sa solidarité avec tous les parlementaires et observateurs internationaux expulsés par les autorités d’occupation marocaines tout en lançant à leur adresse et à leur collègues de par le monde un appel pressant à se rendre aux territoires sahraouis occupés pour sauver des vies humaines innocentes « victimes d’une politique d’épuration ethnique mise en oeuvre par le gouvernement marocain ».(SPS)


  • ''La terreur cloue les Sahraouis dans leurs demeures'' (El Pais)

    El Aaiun (territoires occupés), 22/11/2010 (SPS)  » La terreur cloue les Sahraouis dans leurs demeures », a constaté l’envoyé du quotidien espagnol, El Pais, à El Aaiun, la capitale sahraouie occupée, affirmant que la police marocaine continue à s’introduire dans les maisons privées des Sahraouis à la recherche des participants à la révolte de Gdeim Izik.

    « Un calme tendu » règne dans la ville qui a été le théâtre d’une manifestation sanglante de deux jours pour protester contre l’assaut donné par les forces militaires marocaines contre le camp de Gdeim Izik à l’aube du 8 novembre dernier, selon le journal qui, le seul avec El Mundo (espagnols), a été autorisé à entrer à El Aaiun, douze jours après les émeutes sanglantes.

    L’envoyé spécial du quotidien affirme que les rues des quartiers populaires de la ville, « presque désertes », sont occupées par la police, les camions de l’armée peints en camouflage, et par la police anti-émeute, dont les commandants ont « occupé presque tous les hôtels » de la ville martyre.

    « La peur est palpable parmi les Sahraouis, qui fuient les contacts avec le journaliste par peur de représailles », affirme l’auteur de l’article, ajoutant que tous ceux qu’il a contacté par téléphone ou courriel, parlent de « dizaines de morts ».

    Le journal a enfin constaté que la coexistence entre les colons marocains et les Sahraouis est devenue « précaire », sachant que la haine a été aiguisée entre eux lors des émeutes de Gdeim Izik et d’El Aaiun qui s’est est suivies, lorsque la foule des colons « conduite par la police » marocaine s’était acharnée contre eux et contre leurs commerces et demeures.

  • «Le coût du non-Maghreb est une pure opération de marketing diplomatique»

    Abdelaziz Rahabi. Ancien ambassadeur d’Algérie à Madrid (Espagne)
    Abdelaziz Rahabi a fait une carrière diplomatique au cours des années 1990 où il a été ambassadeur d’Algérie au Mexique et en Amérique centrale entre 1991 et 1994 et ensuite à Madrid en Espagne entre 1994 et 1998. Il a, par la suite, été ministre de la Culture et de la Communication, porte-parole du gouvernement entre 1998 et 1999. Dans cet entretien, M. Rahabi rétablit certaines vérités quant aux véritables raisons qui sont derrière les blocages de l’UMA, nous expose la perception de l’Algérie vis-à-vis de l’intégration maghrébine et nous explique la nécessité d’une vision pragmatique dans le choix de ses stratégies d’intégration à des ensembles économiques régionaux.

    – On parle beaucoup ces derniers temps du coût du non- Maghreb. Quelle lecture donnez-vous à cela ?

    Le coût pour qui, c’est ça à mon sens, est la véritable question. Cette campagne sur «le coût du non-Maghreb» est une pure opération de marketing diplomatique qui a l’apparence d’un sincère constat de situation mais qui vise en réalité d’autres objectifs. Le premier est de faire accroire que l’Algérie est responsable de cet état de fait en maintenant sa frontière ouest fermée et en ne cédant pas sur ses principes concernant la question sahraouie (soutien de l’Algérie à la lutte du peuple du Sahara Occidental, ndds), alors que c’était une décision marocaine d’imposer le visa aux Algériens. Le second est une conséquence directe de ce qui précède et vise à accréditer cette thèse au sein des opinions publiques maghrébine et auprès des dirigeants occidentaux notamment français espagnols et américains.

    Pour les promoteurs de cette idée, cela a été en partie un succès, il faut le reconnaître. Ils ont été servis aussi par le silence officiel ou l’extrême lenteur de la réactivité des Algériens.
    C’est pourtant l’Algérie qui paye le prix puisqu’elle fait preuve d’une grande générosité vis-à-vis de ses voisins en faisant passer ses gazoducs par le Maroc et la Tunisie. Je pense que les Algériens en matière d’intégration maghrébine ont une perception assez romantique de la question.

    – L’on entend souvent dire que la question sahraouie est à l’origine du blocage de l’UMA. Qu’en pensez-vous ?

    Je ne sais pas si c’est culturel, mais dans notre région si on ne parle pas du passé on ne peut pas expliquer le présent ni envisager l’avenir. C’est dramatique. On parle des acquis de l’UMA alors qu’elle n‘en a qu’un seul : celui d’avoir existé justement à un moment où la question sahraouie était une question centrale dans les relations intermaghrébines. Les plus hauts dirigeants pensaient que la dynamique de l’UMA née en 1988 à Zéralda pouvait favoriser le règlement de la question sahraouie qui existait déjà depuis 1975. Le propre de toutes les dynamiques d’intégration régionale est de favoriser aussi le bon voisinage. Alors dire aujourd’hui que c’est le Polisario qui bloque le Maghreb relève de la contre vérité historique.

    – Le Maroc n’a pas cessé de demander pourtant la réouverture des frontières avec l’Algérie comme un pas en faveur de l’intégration maghrébine…

    Il le fait avec insistance mais de façon ambivalente. La première, indirecte en faisant porter aux Algériens par Christopher Ross un message d’apaisement et de bonne volonté sur la volonté du Maroc de normaliser les relations avec l’Algérie. La seconde en tenant le lendemain un discours inamical et même belliqueux en direction de l’Algérie par la voix du même du roi. On ne peut pas valablement attaquer les Algériens et leur demander d’ouvrir leur marché et de partager la rente touristique avec la Tunisie. Car c’est cela en réalité le véritable enjeu, le Maghreb est le dernier des soucis des dirigeants maghrébins.

    – L’Algérie a-t-elle aujourd’hui intérêt à faire réussir l’intégration maghrébine ?

    Normalement l’intégration maghrébine est un facteur de prospérité pour tout le monde. Si l’UMA ne vous apporte rien, vous n’avez qu’à chercher d’autres espaces de coopération technique, économique et financière. Le non-UMA ne doit pas constituer un frein à la prospérité de l’Algérie. Notre pays peut se développer aussi bien au Sahel qui est à mon sens une région aussi sensible que le Maghreb, mais que nous avons négligée et qui aujourd’hui est en train de devenir une zone de non-droit. L’Algérie a des atouts à faire valoir dans le commerce avec le monde arabe, avec le Moyen-Orient ,Khaleej par exemple. Elle a aussi pleins d’atouts à faire valoir avec les pays de la région sud-méditerranéenne. L’Algérie ne doit pas rester l’otage de ce discours sur l’UMA, alors que ses propres voisins sont en train de chercher des intégrations avec l’Europe. Je pense que l’Algérie est aussi l’otage de sa propre culture politique. Sa classe politique développe un discours sur le Maghreb tout à fait archaïque, alors que les élites en Tunisie ou au Maroc sont un peu plus pragmatiques, un peu plus ouvertes sur le monde. La preuve, ces pays ont eu de l’avance sur nous dans les domaines des nouvelles technologies de la communication, en matière de maîtrise du commerce international, du coup ils sont plus intégrés au commerce mondial que nous. Ils n’ont pas attendu l’UMA, ils sont en train de s’intégrer à la mondialisation réelle, d’attirer les investissements directs étrangers. En revanche, nous, nous sommes ent rain d’attendre l’UMA.

    – Mais l’Algérie aussi a signé un Accord d’association avec l’Union européenne et s’est intégrée dans la Zone arabe de libre-échange, cela ne prouve-t-il pas que l’Algérie aussi cherche des alternatives à l’UMA ?

    Bien sûr et heureusement d’ailleurs que l’Algérie a signé cet Accord d’association avec l’Union européenne. Mais il faut dire qu’il a été signé dans des conditions assez difficiles puisque le pays était isolé sur le plan diplomatique, donc nous avons dû faire quelques concessions et nous l’avons fait sans consulter suffisamment le patronat. Nous en payons le prix maintenant, mais globalement sur le plan stratégique, ça a été un acquis pour l’Algérie. Mais il ne faut pas se contenter de l’Union européenne, nous devons regarder un peu plus vers le Brésil, l’Afrique subsaharienne et l’Asie.

    L’Algérie n’est pas une zone exclusive. Elle ne doit pas subir un déterminisme géographique et consacrer uniquement son commerce à l’Europe ou au Maghreb. Nous devons plus nous développer en cherchant des marchés en Asie et en Amérique. Tout le monde a remarqué que nous recevons beaucoup de produits asiatiques. Il faut que nous sortions de cette construction du développement en regardant uniquement vers l’Europe. Il n’y a pas que l’Europe. Quand vous avez des moyens de payement, vous pouvez aussi bien chercher la technologie que les produits en Asie ou ailleurs.

    – La question de l’intégration maghrébine peut-elle se faire sans le règlement des questions politiques ?

    Bien sûr. Le commerce se fait toujours de toute manière, il se fait de manière informelle, mais il faut encore se demander qu’est ce qu’il y a lieu d’échanger. Les trois pays ont presque la même structure économique.
    Ils cherchent tous des investissements étrangers, le transfert technologique. Je pense que le développement se fait à travers un principe qui est celui de la locomotive qui tire le wagon et non l’inverse. S’il y a quelque chose à faire avec les Maghrébins, il faut le faire, mais je le redis, quand vous avez des moyens des payement, il faut aller chercher la technologie ailleurs.
    Safia Berkouk

    El Watan, 22/11/2010s

  • Le président du FNA fustige la position de la France

    Le FNA est contre le projet de code communal
    Le président du Front national algérien (FNA) n’a pas attendu les débats sur le projet de code communal pour exprimer la position de son parti. Il s’est dit catégoriquement opposé au texte élaboré par le département de l’Intérieur et déposé sur le bureau de l’Assemblée il y a quelques semaines. Hier, sur les ondes de la Chaîne 3, il a estimé que le projet de loi ôtera toutes les prérogatives aux maires au profit de l’administration. «Ce n’est pas l’administrateur qui est le porte-parole du peuple, mais celui qui a été élu», a-t-il précisé. En ce qui concerne le terrorisme en Algérie, il a indiqué que la décennie rouge est une conséquence de la mauvaise gestion de la transition : «Les violences ont éclaté après l’ouverture du pays au multipartisme et l’arrêt du processus électoral.» A la question de savoir ce qu’il pensait des déclarations des étrangers à propos de la gestion par l’Algérie de la question sécuritaire, Moussa Touati a indiqué qu’il n’attendait pas les positions des autres pour s’exprimer, ce qui l’intéresse, c’est ce qui se passe dans son pays.
    Le président du FNA est revenu sur les problèmes des jeunes et les harraga dont il dit qu’ils n’aiment pas leur pays parce que les «responsables algériens les dégoûtent». Dans un français à peine intelligible, il a défendu avec insistance les valeurs de Novembre dont il se réclame sans cesse. Selon lui, c’est parce que les responsables du pays s’en sont éloignés que l’Algérie s’est engouffrée dans des problèmes inextricables.
    Sur le Sahara occidental, Moussa Touati a fustigé la position de la France qui a utilisé son veto à la demande d’une mission d’information de l’ONU sur les massacres perpétrés par l’armée marocaine dans les territoires occupés. Néanmoins, il a estimé ne pas s’étonner du comportement de l’Hexagone en ce sens qu’il ne faisait que défendre ses intérêts. Abordant la vie de son parti, créé il y a une douzaine d’années, le président du FNA est revenu sur les remous qui l’ont secoué et le «ménage» qu’il a entrepris pour assainir ses rangs. Il expliquera qu’un élu est porteur du programme du parti, il en est donc le porte-parole et il n’avait pas à dévier de la ligne politique dès lors qu’il doit son «ascension» à sa formation politique.
    La Tribune d’Algérie, 22/11/2010