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  • Point de presse quotidien de l’ONU: 27 août 2021

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    Point de presse quotidien du Bureau du Porte-parole du Secrétaire général de l’ONU: 27 août 2021

    (La version française du Point de presse quotidien n’est pas un document officiel des Nations Unies)

    Ci-dessous les principaux points évoqués par M. Stéphane Dujarric, Porte-parole de M. António Guterres, Secrétaire général de l’ONU:

    Afghanistan

    Le Secrétaire général et de nombreuses voix au sein du système des Nations Unies ont condamné dans leurs déclarations publiées hier, l’attentat terroriste qui a frappé l’aéroport de Kaboul hier après-midi.

    Pour sa part, la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) a non seulement condamné l’attentat mais a aussi déclaré que l’ONU s’engage à rester et à travailler. L’ONU travaille pour le peuple afghan depuis des décennies et la Mission a souligné qu’elle restera et fera tout pour le peuple de l’Afghanistan qui a trop souffert.

    Le Représentant spécial adjoint des Nations Unies et Coordonnateur des opérations humanitaires sur le terrain, M. Ramiz Alakbarov, a salué les organisations non gouvernementales travaillant dans le domaine médical qui ont pris en charge les civils blessés dans l’attentat, dont des enfants. Il a réaffirmé l’engagement de l’ONU en faveur du peuple afghan et appelé à leur protection immédiate.

    Invité du Point de presse

    Lundi, le représentant du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) en Afghanistan, M. Hervé De Lys, sera l’invité du Point de presse. Il sera en direct de Kaboul pour parler de la situation sur le terrain et des activités du Fonds dans le pays.

    Afghanistan – Organisation mondiale de la Santé

    L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a annoncé qu’alors que des dizaines de milliers de personnes vulnérables afghanes sont évacuées par les opérations aériennes à l’aéroport de Kaboul, des millions d’autres vulnérables vont rester dans le pays. Nous avons la responsabilité collective de les aider.

    L’OMS a ajouté que son personnel, qui est présent dans toutes les 34 provinces du pays, surveille la situation sanitaire. La bonne nouvelle est que sur les environ 2 200 centres médicaux qu’elle contrôle, 97% restent ouverts et opérationnels. La mauvaise nouvelle est que leurs fournitures médicales s’épuisent rapidement et que l’OMS n’est pas en mesure de les aider.

    Afghanistan – Sécurité alimentaire

    L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a prévenu que l’insécurité alimentaire en Afghanistan et les menaces sur les moyens de subsistance en milieu rural étaient déjà préoccupantes avant les bouleversements en cours, du fait de la sècheresse, de la pandémie de COVID-19 et d’autres facteurs. La FAO a appelé à augmenter l’aide humanitaire car l’Afghanistan continue d’être lourdement frappé par l’intensification de la sècheresse qui menace les moyens de subsistance de plus de sept millions d’hommes, de femmes et d’enfants qui vivent de l’agriculture et du bétail.

    La FAO a déclaré qu’avant ce mois-ci, elle avait donné des moyens d’existence et de l’argent à près d’un million de personnes, dans 26 des 34 provinces. Après avoir aidé plus de 20 000 foyers ces deux dernières semaines, la FAO vise à aider 250 000 familles de fermiers vulnérables -soit 1,5 million de personnes- en vue de la saison de blé en hiver. Il manque aussi 18 millions de dollars pour financer le plan de réponse à la sècheresse de la FAO pour l’Afghanistan.

    Afghanistan – Programme des Nations Unies pour le développement

    Le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) a dit qu’il continue à apporter son aide au développement au peuple afghan, sans discrimination de sexe, de religion, ethnique, de profession ou de préférences politiques. À l’heure actuelle, le PNUD mène des opérations totalement décentralisées et continue d’être actif dans toutes les régions pour soutenir les services essentiels, les petites infrastructures et les moyens d’existence des plus vulnérables.

    Cette semaine, par exemple, le PNUD et ses partenaires ont continué à former des fermiers qui aideront d’autres fermiers à adopter des meilleures pratiques agricoles dans de nombreuses localités. Le Programme souligne que ses projets sont en cours et seront renforcés là où les conditions de sûreté et opérationnelles le permettent parce que « le peuple afghan a plus que jamais besoin d’une aide au développement et humanitaire ».

    Éthiopie

    Hier après-midi, le Secrétaire général a évoqué la situation en Éthiopie au Conseil de sécurité. Il a averti qu’une catastrophe humanitaire se déroule sous nos yeux, avec plus de deux millions de personnes déplacées et des millions d’autres ayant besoin immédiatement d’une aide humanitaire vitale.

    Sur ce point précis, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) indique qu’alors que 100 camions de nourriture et autre assistance sont nécessaires chaque jour en Éthiopie, l’ONU et ses partenaires n’ont pu faire entrer aucun camion dans le Tigré depuis le 20 août, ce qui fait sept jours.

    Selon l’OCHA, les stocks d’aide alimentaire sont épuisés et les nouvelles distributions de nourriture ont cessé dans des zones autres que celles où les approvisionnements étaient déjà expédiés et en route.

    Dans le cycle actuel de distribution alimentaire, plus de trois millions de personnes ont reçu une assistance, dont 547 000 personnes dans la semaine du 12 au 18 août. Cependant, cette distribution a été considérablement retardée.

    Entre le 17 et le 23 août, 368 000 personnes ont également reçu de l’eau potable dans 46 districts. Près de 30 équipes mobiles de santé et de nutrition ont offert des services de consultation ambulatoire à environ 16 000 personnes. Mais le nombre a été réduit en raison des pénuries de carburant.

    Dans la province d’Afar, le Programme alimentaire mondial (PAM) transporte de la nourriture d’urgence pour les personnes récemment déplacées. Les partenaires de l’ONU ont également déployé quatre équipes mobiles de santé et de nutrition pour fournir des services de nutrition. Un soutien supplémentaire, y compris des abris, des soins de santé et de l’eau, est prévu.

    À Amhara, le PAM commencera à fournir de la nourriture aux nouveaux déplacés dans certains endroits, en complément de la distribution de nourriture faite par des ONG et le Gouvernement.

    En collaboration avec ses partenaires, l’ONU fournit également un soutien en matière de santé, de nutrition, d’eau et d’autres formes de soutien, notamment des cliniques mobiles dans le nord de Gondar.

    Mali

    Il y a quelques minutes, le Comité local de suivi de la transition au Mali, lequel comprend la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), l’Union africaine, et la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), ainsi que des membres de la communauté internationale, s’est félicité de la décision du Gouvernement malien de lever toutes les restrictions liées à l’ancien Président de transition, M. Bah N’Daw, et à son Premier Ministre, M. Moctar Ouane, qui fut Représentant permanent du Mali auprès des Nations Unies à New York.

    L’ONU et les membres du Comité de suivi de la transition avaient demandé à plusieurs reprises leur libération inconditionnelle.

    Aujourd’hui, le Comité a déclaré que cette évolution positive est conforme aux engagements pris par les autorités de transition. L’ONU exhorte toutes les personnes concernées par la transition à faire preuve d’esprit de responsabilité, de respect de l’état de droit et à s’abstenir de toute action qui pourrait nuire au bon déroulement de la transition. 

    Madagascar

    L’ONU et ses partenaires sur le terrain sont gravement préoccupés par la détérioration de la situation humanitaire dans le Grand Sud. La combinaison dévastatrice d’une grave sécheresse, la pire depuis 40 ans, de tempêtes de sable et d’infestations de ravageurs a entraîné jusqu’à 60% de pertes de récoltes. Les gens ont eu recours à la consommation de criquets, de fruits de cactus rouges crus ou de feuilles sauvages. Plus de 1,14 million de personnes sont en situation d’insécurité alimentaire grave dans cette région de Madagascar.

    Un financement est nécessaire de toute urgence pour éviter une catastrophe humanitaire à l’approche de la période de soudure, d’octobre à avril. L’OCHA demande 75 millions de dollars avant la fin de cette année pour intensifier sa réponse. Et 75 millions de dollars, ce n’est pas beaucoup au vu du contexte.

    Journées internationales

    Dimanche est célébrée la Journée internationale contre les essais nucléaires. Le Secrétaire général a déclaré qu’une interdiction complète des essais nucléaires est une étape essentielle pour empêcher l’amélioration qualitative et quantitative des armes nucléaires et pour parvenir au désarmement nucléaire. Des informations supplémentaires sur la question seront disponibles aux cours du week-end.

    Lundi, ce sera la Journée internationale des victimes de disparition forcée. Dans son message, le Secrétaire général a déclaré que la disparition forcée prive les familles et les communautés du droit de connaître la vérité sur leurs proches, de la responsabilité, de la justice et de la réparation. Il a réitéré son appel à tous les États afin qu’ils ratifient la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées, afin de lutter contre cette pratique lâche.

    Nomination

    Le Secrétaire général a nommé M. Alexander Ivanko, de la Fédération de Russie, comme son nouveau Représentant spécial pour le Sahara occidental et Chef de la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO).

    M. Ivanko arrive à ce poste avec plus de 30 années d’expérience dans les affaires internationales, le maintien de la paix et le journalisme.

    M. Ivanko était Chef de cabinet à la MINURSO depuis 2009. Il a auparavant été Directeur de l’information de l’ONU au Kosovo, et Porte-parole de l’ONU en Bosnie-Herzégovine. Il remplace à son nouveau poste M. Colin Stewart, du Canada, à qui le Secrétaire général est reconnaissant pour ses services dévoués et sa direction efficace de la MINURSO.

  • Du porc distribué aux Afghans a l’aéroport de Kaboul

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    Alors que Joe Biden n’exclut pas de prolonger la présence américaine a l’aéroport de Kaboul, des soldats ont distribué aux Afghans, bloqués, des colis alimentaires. Au moins certains d’entre eux semblent contenir du porc, comme en témoigne une vidéo postée sur les réseaux sociaux.

    Une semaine après la prise du pouvoir par les talibans, la gigantesque opération d’exfiltration se poursuit dans le chaos dans la capitale afghane. Envoyée en appui de la sécurité, l’armée américaine a été vue en train de distribuer des colis alimentaires dans ce pays musulman. À en croire une vidéo qui circule sur les réseaux sociaux, certains colis contiendraient du porc. Pour l’instant, l’information n’a pas été confirmée par les instances officielles.

    Une femme afghane, bloquée a l’aéroport international Hamid Karzaï de Kaboul avec sa fille et son mari, comme des milliers d’autres, s’est plainte dans une story Instagram. Sur sa page @zf326, la vidéo a déja disparu, mais d’autres utilisateurs l’ont postée sur YouTube.

    «Nous nourrir avec du porc, ce qui est religieusement interdit, et alors que 95% des gens ici ne savent pas lire ou parler anglais», a-t-elle écrit, publiant une photo du paquet en question. «Ils ne nous les distribuent pas, ils nous jettent ces paquets de loin.»

    «Saucisse de porc, saveur d’érable», peut-on lire sur le sachet.

    Les soldats américains, selon la femme, s’occupaient des Afghans bloqués a l’aéroport et qui dormaient sur «des cailloux et des ordures» depuis quatre jours. «Nous n’avons pas d’arme, nous essayons juste de sortir», écrit la femme qui, a en juger par sa dernière story, a quitté Kaboul pour atteindre Bahreïn.

    Echourouk online, 24/08/2021

  • Afghanistan: Johnson demandera à Biden de prolonger le délai d’évacuation

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    Le britannique Johnson va pousser Biden à repousser l’échéance pour l’Afghanistan

    LONDRES, 23 août (Reuters) – Le Premier ministre britannique Boris Johnson va insister cette semaine auprès du président américain Joe Biden pour qu’il prolonge le délai d’évacuation de l’Afghanistan, mais même si un accord est trouvé, l’Occident devra également obtenir l’approbation des talibans, a déclaré un ministre de la Défense.

    M. Johnson accueillera mardi une réunion virtuelle des dirigeants du Groupe des sept économies avancées pour discuter de la crise en Afghanistan, où des milliers de personnes se sont dirigées vers l’aéroport de Kaboul pour tenter de fuir les talibans.

    James Heappey, ministre des forces armées, a déclaré que la Grande-Bretagne faisait pression pour que la date limite soit repoussée au-delà du 31 août, après avoir identifié des milliers de personnes, dont des citoyens afghans, qu’elle souhaite aider à évacuer.

    Mais les talibans devraient donner leur accord, ce qui signifie que les forces britanniques ne peuvent pas compter sur une prolongation, a-t-il ajouté.

    « Même s’ils sont les sept personnes les plus puissantes de la planète, ils ne peuvent pas prendre cette décision de manière isolée. Les talibans ont eux aussi leur mot à dire et c’est pourquoi nous continuons à travailler pour atteindre le 31e objectif », a déclaré M. Heappey à la radio LBC.

    « Même si la volonté politique à Londres, Washington, Paris, Berlin est en faveur d’une prolongation, les talibans peuvent dire non », a-t-il ajouté.

    James Cleverly, un ministre du ministère des Affaires étrangères, a déclaré que les talibans semblaient coopérer pour l’instant, mais que le gouvernement ne pouvait pas supposer que cela durerait.

    « Si nous pouvons gagner du temps, c’est très bien, mais je pense que nous ne devrions pas compter sur le fait que nous aurons plus de temps pour le faire », a déclaré M. Cleverly.

    Le gouvernement britannique cherche également à obtenir de nouvelles sanctions contre les talibans.

    Le groupe islamiste a pris le pouvoir lorsque les États-Unis et leurs alliés ont retiré leurs troupes après une guerre de 20 ans lancée dans les semaines qui ont suivi les attentats du 11 septembre 2001.

    Reuters

  • La Chine, le Pakistan et l’Inde se disputent l’Afghanistan

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    Analyse : la Chine, le Pakistan et l’Inde se disputent une place dans le nouveau Grand Jeu de l’Afghanistan

    23 août (Reuters) – Les empires russe et britannique se sont battus pour l’Afghanistan au XIXe siècle, et les États-Unis et l’Union soviétique au XXe. Alors que les talibans prennent le contrôle de cette nation stratégique et enclavée, le nouveau Grand Jeu contrôle le Pakistan, son allié la Chine cherchant à renforcer son emprise sur la région.

    Le Pakistan a des liens étroits avec les talibans et a été accusé de soutenir le groupe islamiste alors qu’il combattait le gouvernement soutenu par les États-Unis à Kaboul – accusations démenties par Islamabad. Lorsque les talibans ont capturé Kaboul la semaine dernière, le Premier ministre pakistanais Imran Khan a déclaré que les Afghans avaient brisé les « chaînes de l’esclavage ».

    Alors que les talibans tiennent des discussions pour décider de leur modèle de gouvernement, les médias ont indiqué que certains responsables pakistanais sont impliqués.

    Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères à Islamabad a déclaré que le Pakistan souhaitait un règlement politique inclusif en Afghanistan qui garantisse la paix et la stabilité dans la région, mais a ajouté que « le rôle clé reste aux Afghans ».

    La Chine, sans aucune implication antérieure en Afghanistan mais une alliance forte avec le Pakistan, a tendu un rameau d’olivier aux talibans, séduits par les richesses minérales du pays , notamment ses importantes réserves de lithium, un composant clé des véhicules électriques. La Chine envisage également la possibilité d’une sécurité supplémentaire pour sa route terrestre étroite à travers les montagnes du Karakoram vers le Pakistan.

    Et puis il y a l’Inde – le vieil ennemi du Pakistan, qui est enfermé dans une impasse militaire avec la Chine le long de sa frontière contestée depuis plus d’un an. L’Inde était un soutien clé du régime renversé à Kaboul et alors que le Pakistan et la Chine deviennent des acteurs clés dans un Afghanistan dirigé par les talibans, la nervosité de New Delhi augmente.

    La Chine affirme cependant que son objectif principal en atteignant les talibans est de protéger sa région occidentale du Xinjiang des militants anti-Pékin du Mouvement islamique du Turkestan oriental (ETIM), qui pourraient chercher refuge en Afghanistan.

    « Alors que le Pakistan pourrait penser à tirer parti de l’Afghanistan contre l’Inde, ce n’est pas nécessairement le cas pour la Chine », a déclaré Zhang Li, professeur d’études sud-asiatiques à l’Université du Sichuan.

    « La principale préoccupation de la Chine est maintenant que les talibans (…) construisent un régime inclusif et modéré afin que le terrorisme ne déborde pas sur le Xinjiang et la région. Tout autre calcul reste à voir. »

    Le gouvernement américain affirme que l’ETIM n’existe plus en tant qu’organisation formelle et est plutôt une étiquette large que la Chine utilise pour opprimer divers groupes ethniques musulmans, y compris les Ouïghours, dans sa région du Xinjiang. La Chine nie toutes les accusations d’abus.

    La Chine a suspendu la perspective de fournir les deux choses dont les talibans ont besoin pour gouverner l’Afghanistan : une reconnaissance diplomatique et une infrastructure et une assistance économique indispensables, a déclaré Brahma Chellaney, professeur d’études stratégiques au Center for Policy Research de New Delhi.

    « Une Chine opportuniste est certaine d’exploiter la nouvelle ouverture pour faire des incursions stratégiques dans l’Afghanistan riche en minerais et approfondir sa pénétration au Pakistan, en Iran et en Asie centrale », a-t-il déclaré.

    SOUVENIRS AMERS

    Il y a eu beaucoup d’acclamations au Pakistan face à la déconvenue de l’Inde face à la tournure des événements, a déclaré Raza Ahmad Rumi, un commentateur politique, qui enseigne à Ithaca College à New York. Les deux pays ont mené trois guerres depuis qu’ils sont devenus des nations indépendantes lorsque le sous-continent a été divisé en 1947.

    « La jubilation au Pakistan observée sur les réseaux sociaux et les écrans de télévision était en grande partie liée à la perte de l’influence indienne, car les cercles politiques conventionnels considéraient (le président afghan Ashraf) les liens étroits de Ghani avec l’Inde comme une menace », a déclaré Rumi.

    L’Inde garde un souvenir amer du précédent passage au pouvoir des talibans de 1996 à 2001 et des liens du groupe avec le Pakistan.

    Un avion d’Indian Airlines a été détourné en 1999 et a finalement atterri à Kandahar, dans le sud de l’Afghanistan. New Delhi a libéré trois militants pakistanais de haut rang dans ses prisons en échange du retour des passagers et les talibans ont autorisé les pirates de l’air et les prisonniers libérés à se rendre au Pakistan.

    « Notre position aujourd’hui est de s’adapter à la réalité. Nous devons jouer le long jeu en Afghanistan. Nous n’avons pas de frontière contiguë mais nous y avons des enjeux », a déclaré Jayant Prasad, ancien ambassadeur indien à Kaboul.

    Au cours de l’année écoulée, alors que les talibans sont devenus une force dominante et que les négociations négociées par les États-Unis ont commencé à Doha, les diplomates indiens ont ouvert une ligne avec le groupe, ont déclaré des sources diplomatiques à New Delhi.

    « Nous parlons à toutes les parties prenantes », a déclaré l’un d’eux, mais n’a pas voulu entrer dans les détails des discussions. On a critiqué chez nous le fait que l’Inde ait mis tous ses œufs dans le panier du gouvernement Ghani alors que les États-Unis eux-mêmes avaient entamé des pourparlers avec les talibans, et que New Delhi l’a quitté trop tard.

    ‘PAS UNE REPRISE’

    Pourtant, l’Inde en tant qu’acteur économique majeur peut être attrayante pour les talibans, cherchant à éviter une dépendance excessive à l’égard de la Chine, a déclaré la source.

    L’Inde a des projets de développement dans chacune des 34 provinces afghanes, petites et grandes, y compris le bâtiment du parlement à Kaboul qu’elle a construit, qui a été envahi par des talibans armés après avoir envahi la ville la semaine dernière.

    Myra MacDonald, auteur de trois livres sur l’Asie du Sud et ancienne journaliste de Reuters, a déclaré que si la prise de contrôle des talibans était un revers pour l’Inde, ce n’était pas fini pour New Delhi.

    « Ce n’est pas une répétition du passé. Tout le monde va faire beaucoup plus attention cette fois à laisser le terrorisme islamiste en Afghanistan exploser comme avant le 11 septembre. »

    « De plus, en termes relatifs, l’Inde est beaucoup plus forte économiquement que le Pakistan cette fois-ci. »

    Un haut responsable des talibans a déclaré à Reuters que l’Afghanistan appauvri avait besoin de l’aide des pays de la région, dont l’Iran, ainsi que des États-Unis et de la Russie.

    « Nous attendons d’eux qu’ils nous aident, qu’ils soutiennent nos populations, en particulier le secteur de la santé et surtout le secteur des affaires et le secteur minier », a déclaré Waheedullah Hashimi, qui a accès à la prise de décision du groupe.

    Reuters

  • La crise afghane déclenchera-t-elle une nouvelle crise des réfugiés?

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    BRUXELLES, 19 août (Reuters) – La prise de contrôle de l’Afghanistan par les talibans a alimenté les craintes d’un exode des Afghans et d’une répétition de la crise migratoire européenne de 2016/16, lorsque plus d’un million de personnes du Moyen-Orient ont fui vers le continent et s’y sont réinstallées. Lire la suite

    Des milliers d’Afghans sont déjà partis ou tentent désespérément de monter dans des avions au départ de Kaboul, craignant un retour à l’interprétation austère de la charia (loi islamique) imposée lors du précédent régime taliban qui a pris fin il y a 20 ans.

    Y AURA-T-IL UN EXODE MASSIF D’AFGHANISTAN ?

    La peur de la dure charia n’est pas la seule raison pour laquelle les Afghans pourraient fuir. La violence, la sécheresse et le COVID-19 ont déjà laissé des millions d’Afghans dans le besoin d’une aide humanitaire, et nombre d’entre eux pourraient devenir des migrants économiques dans les mois à venir.

    Les talibans ont fermé des points frontaliers clés et il y a eu un nombre « très limité » d’Afghans traversant les frontières, mais l’Union européenne dit qu’elle s’attend à « une pression migratoire accrue » à plus long terme en raison de l’instabilité sous le régime taliban.

    L’agence des Nations Unies pour les réfugiés indique que plus de 550 000 Afghans ont été déracinés à l’intérieur depuis janvier en raison de l’aggravation de la situation en matière de sécurité, et l’Union européenne a exhorté les États membres à augmenter les quotas d’admission pour les Afghans ayant besoin de protection, en particulier pour les femmes et les filles.

    La Grande-Bretagne a annoncé qu’elle accueillerait jusqu’à 5 000 Afghans au cours de la première année d’un nouveau programme de réinstallation, en accordant la priorité aux femmes, aux filles et aux minorités, et jusqu’à 20 000 à long terme.

    LES PORTES DE L’EUROPE SERONT-ELLES AUSSI OUVERTES QU’EN 2015 ?

    Bref, non.

    L’Allemagne a ouvert ses frontières en 2015/16 aux Syriens et à d’autres fuyant la guerre et la pauvreté, une décision qui a valu les applaudissements de la chancelière Angela Merkel à l’étranger mais l’a blessée politiquement chez elle.

    Merkel prévoit de démissionner après les élections fédérales du 26 septembre et ne prendra donc plus les devants. Dans tous les cas, elle dit maintenant que les réfugiés devraient avoir la sécurité garantie dans les pays voisins de l’Afghanistan avant que l’UE n’envisage d’accueillir des personnes.

    Le Pakistan abrite déjà 1,4 million de réfugiés afghans, tandis que l’Iran en accueille près d’un million, selon les données de l’agence des Nations Unies pour les réfugiés début 2021. On estime que le nombre d’Afghans sans papiers dans les deux pays est beaucoup plus élevé.

    D’autres pays de l’UE sont déterminés à éviter une nouvelle élection de 2015/16, en partie en raison des craintes d’une réaction des électeurs.

    L’Autriche a suggéré de créer des « centres d’expulsion » pour les migrants afghans rejetés et était l’un des six pays de l’UE qui ont mis en garde la semaine dernière contre l’arrêt de l’expulsion des Afghans auxquels l’asile a été refusé dans le bloc. Depuis, trois des six – le Danemark, l’Allemagne et les Pays-Bas – ont fait marche arrière.

    Les forces frontalières grecques sont en alerte pour éviter une répétition des arrivées massives de migrants syriens via la Turquie en 2015, et ont récemment empêché des personnes d’entrer dans ses eaux, bien qu’elles nie tout « refoulement » illégal.

    Depuis la dernière crise, l’UE a renforcé son agence de garde-frontières et de garde-côtes Frontex, qui dispose désormais d’une plus grande capacité de dissuasion et de rapatriement des migrants illégaux.

    LES AFGHANS TROUVERONT-ILS DES ITINÉRAIRES DE TRANSIT FACILES VERS L’EUROPE ?

    Se rendre en Europe sera plus difficile pour les Afghans qu’avant.

    L’Iran, dont l’économie est étouffée par les sanctions américaines, a encouragé bon nombre des plus de 2 millions de réfugiés afghans sans-papiers et plus de 800 000 enregistrés en République islamique à rentrer chez eux.

    La Turquie est déjà le plus grand pays d’accueil de réfugiés et de demandeurs d’asile au monde, avec plus de 4 millions d’habitants, dont la grande majorité sont des Syriens. Soucieux d’empêcher une nouvelle vague, il construit un mur le long d’une grande partie de sa frontière avec l’Iran.

    L’UE a également un accord avec la Turquie qui a été mis en place après la dernière crise en vertu duquel Ankara arrête le flux de migrants vers l’Europe en échange d’argent et d’autres avantages.

    Les routes de transit vers l’UE via les Balkans occidentaux sont également devenues moins ouvertes qu’elles ne l’étaient auparavant.

    QUELS LEVIERS DISPOSE L’EUROPE SUR LES TALIBAN ?

    Les pays occidentaux n’ont pas encore officiellement reconnu les talibans comme les dirigeants de l’Afghanistan, mais reconnaissent que l’aide pour le pays frappé par la pauvreté est nécessaire, et cela pourrait être une incitation pour les talibans à empêcher un exode.

    Merkel a déclaré cette semaine que l’aide humanitaire serait essentielle pour éviter une répétition de la crise des migrants de 2015.

    La Grande-Bretagne a annoncé qu’elle doublerait son aide humanitaire et au développement à l’Afghanistan à près de 400 millions de dollars cette année, et la Commission européenne souhaite voir davantage de soutien aux voisins de l’Afghanistan pour y maintenir les migrants.

    Reuters, 20/08/2021

  • Après Kaboul, Biden a-t-il déçu ses alliés européens?

    Après Kaboul, Biden a-t-il déçu ses alliés européens?

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    Les alliés ont salué Biden. Kaboul a-t-il mis à nu la « grande illusion » ?

    BRUXELLES (AP) – Bien avant que le président américain Joe Biden n’entre en fonction au début de l’année, le responsable de la politique étrangère de l’Union européenne a chanté ses louanges et salué une nouvelle ère de coopération. La quasi-totalité des alliés occidentaux de Washington ont fait de même.

    Josep Borrell, de l’UE, était heureux de voir la fin de l’ère Trump, avec sa politique de l’Amérique d’abord, et parfois de l’Amérique seulement, enthousiasmé par l’affirmation de Biden selon laquelle il allait « diriger, non pas simplement par l’exemple de notre puissance, mais par la puissance de notre exemple. »

    L’effondrement de Kaboul dimanche, déclenché par la décision de Biden de se retirer de l’Afghanistan et une armée américaine incapable de contenir le chaos depuis, a certainement mis un terme à cela. Même certains de ses plus grands fans émettent désormais des critiques.

    M. Borrell en fait partie, cette fois-ci en raison de l’affirmation de M. Biden selon laquelle « notre mission en Afghanistan n’a jamais été censée être la construction d’une nation », dans le sillage des efforts déployés par l’Occident au cours des deux dernières décennies pour semer les graines de l’État de droit et assurer la protection des femmes et des minorités.

    « La construction de l’État n’était pas le but ? C’est discutable », a déclaré M. Borrell, dépité, à propos de la position de M. Biden, qui a été critiquée dans une grande partie de l’Europe.

    Et pour de nombreux Européens rompus à la diplomatie du soft power pour exporter les valeurs démocratiques occidentales, l’affirmation de M. Biden selon laquelle « notre seul intérêt national vital en Afghanistan reste aujourd’hui ce qu’il a toujours été : empêcher une attaque terroriste contre la patrie américaine » aurait pu être tirée d’un discours de M. Trump.

    Le président du Conseil de l’UE, Charles Michel, a souligné les différentes positions en déclarant dans un tweet jeudi que « les droits des Afghans, notamment des femmes et des filles, resteront notre principale préoccupation : tous les instruments de l’UE pour les soutenir doivent être utilisés ».

    La parlementaire française Nathalie Loiseau, ancienne ministre de l’Europe du président Emmanuel Macron, a exprimé plus crûment la déconnexion inattendue entre l’UE et Biden : « Nous avons un peu vécu la grande illusion », a-t-elle déclaré. « Nous pensions que l’Amérique était de retour, alors qu’en fait, l’Amérique se retire ».

    La situation n’était pas meilleure en Allemagne, où un membre éminent du bloc de l’Union de centre-droit de la chancelière allemande Angela Merkel, le gouverneur de Bavière Markus Soeder, a appelé Washington à fournir des fonds et un abri à ceux qui fuient l’Afghanistan, car « les États-Unis d’Amérique portent la principale responsabilité de la situation actuelle. »

    Même au Royaume-Uni, qui s’est toujours enorgueilli de sa « relation spéciale » avec Washington et qui, aujourd’hui plus que jamais, a besoin de la bonne volonté des États-Unis pour surmonter l’impact de sa sortie de l’UE, les critiques fusent de toutes parts.

    L’ancien chef de l’armée britannique Richard Dannatt a déclaré que « la manière et le moment de l’effondrement de l’Afghanistan sont le résultat direct de la décision du président Biden de retirer toutes les forces américaines d’Afghanistan avant le 20e anniversaire du 11 septembre ».

    « D’un seul coup, il a sapé le travail patient et minutieux des cinq, dix, quinze dernières années pour construire la gouvernance en Afghanistan, développer son économie, transformer sa société civile et renforcer ses forces de sécurité », a déclaré Dannatt mercredi au Parlement.

    « Le peuple avait un aperçu d’une vie meilleure – mais cela a été arraché ».

    Biden a pointé du doigt l’accord de l’administration Trump négocié avec les talibans 18 mois plus tôt à Doha, au Qatar, qui, selon lui, l’obligeait à retirer les troupes américaines, comme préparant le terrain pour le chaos qui engloutit maintenant le pays.

    Néanmoins, le fait que M. Biden rejette la plus grande partie de la responsabilité sur les forces afghanes qui ne protègent pas leur pays n’a pas non plus été bien accueilli par les alliés occidentaux.

    Le député conservateur Tom Tugendhat, qui a combattu en Afghanistan, a été l’un des nombreux législateurs britanniques à s’offusquer.

    « Voir leur commandant en chef remettre en question le courage des hommes avec lesquels j’ai combattu, prétendre qu’ils ont fui, c’est honteux », a déclaré Tugendhat.

    Chris Bryant, du parti travailliste d’opposition, a qualifié les remarques de Biden sur les soldats afghans de « commentaires parmi les plus honteux jamais tenus par un président américain. »

    À Prague cette semaine, le président tchèque Milos Zeman a déclaré qu’ »en se retirant d’Afghanistan, les Américains ont perdu leur statut de leader mondial. »

    Mais malgré toutes les critiques, il est impossible de se passer des États-Unis sur la scène mondiale. L’Amérique reste vitale pour les alliés occidentaux dans toute une série d’autres dossiers, notamment celui de l’action contre le réchauffement climatique.

    Après les catastrophes climatiques qui ont frappé une grande partie de la planète cette année, l’Union européenne comptera beaucoup sur M. Biden pour prendre des mesures efficaces lors de la conférence mondiale COP26 qui se tiendra en novembre à Glasgow, en Écosse, afin d’accélérer la lutte contre le réchauffement climatique.

    L’Europe et Washington ont également suffisamment de désaccords commerciaux à régler pour se rendre compte que, malgré la débâcle de l’Afghanistan, il y a beaucoup plus de choses qui les unissent que de choses qui les divisent. La puissance et l’aide américaines restent nécessaires, même en Afghanistan.

    Avant la réunion des ministres des Affaires étrangères de l’OTAN de vendredi, certains pays de l’Alliance ont reconnu qu’ils allaient plaider auprès de Washington pour qu’il reste en Afghanistan encore plus longtemps qu’il ne le faudrait pour ramener tous les citoyens américains chez eux, voulant s’assurer que leurs ressortissants en sortent aussi.

    « Nous, ainsi qu’un certain nombre d’autres pays, allons demander aux Américains de rester aussi longtemps que possible, voire plus longtemps que nécessaire », a déclaré Sigrid Kaag, ministre néerlandaise des Affaires étrangères.

    Associated press, 19/08/2021

  • 20 ans après, débâcle américaine en Afghanistan

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    par Abdelhak Benelhadj

    C’est fini. La première puissance militaire du monde a été boutée hors d’Afghanistan par des combattants d’un pays pauvre, sous-développé, armés seulement et pour l’essentiel de leurs convictions. Une leçon qui sera difficile à digérer par les états-majors des nations développées et moins développées.

    La narco-économie1, désorganisée, profondément pénétrée par la corruption et l’iniquité, minée par des luttes intestines qui s’appuient sur le clientélisme féodal et les liens complexes entre chefs de guerre, chefs de tribus et multiples intervenants publics et privés étrangers, rappelant les « guerres de l’opium (de la Chine contre la GB au milieu du XIXème siècle), la « guerre des Boxers » (1899-1901) et le bourbier vietnamien, a fini par voler en éclats.

    Liz Cheney, élue républicaine, a bien résumé la déroute de son pays, s’inquiétant qu’elle ne dégrade durablement l’image de l’Amérique, n’inspirant plus ni crainte à leurs adversaires ni confiance à leurs « alliés ».

    « C’est inexcusable. C’est catastrophique. Et cela est porteur de conséquences pas seulement pour l’Afghanistan, pas seulement pour la guerre contre le terrorisme, mais de façon globale pour le rôle de l’Amérique dans le monde ». La défaite américaine signifie « que les rivaux de l’Amérique [sous-entendu la Russie et la Chine] savent qu’ils peuvent nous menacer, et nos alliés s’interrogent ce matin sur le fait de savoir s’ils peuvent compter sur nous pour quoi que ce soit » (D. 15 août 2021).

    La portée de cet événement est encore difficile à mesurer. Quoi qu’il en soit, il n’était pas nécessaire d’attendre l’inéluctable retrait des armées américaines d’Afghanistan pour constater et anticiper une redistribution des rapports de forces à l’échelle mondiale, avec les pays occidentaux en difficulté dans des domaines où ils dominaient sans partage.

    La gestion de la pandémie en cours a montré les déficits considérables des Etats-Unis hors d’état de faire face à ce défi. Ordinairement prompts à venir au secours du monde, ils se sont avérés incapables de résoudre leurs propres problèmes.

    D. Trump avait même interdit que le moindre masque, test ou vaccin soit exporté, fût-ce vers un pays allié. Il s’est même permis de détourner vers son pays, sur un tarmac chinois, fin mars 2020, des articles destinés à la France.

    Heureusement, les autorités françaises, alliées fidèles, ne sont pas rancunières…

    En Afghanistan, en ce 16 août 2021, s’est joué plus qu’une défaite militaire occidentale infligée à une coalition dirigée par la première puissance de la planète.

    CHRONOLOGIE D’UNE FAILLITE MORTIFÈRE

    Quelques dates seraient bien insuffisantes pour résumer la guerre la plus longue que les Etats-Unis aient entreprise hors de leur territoire. Ci-après quelques repères.

    11 septembre 2001 : effondrement des twin-tower à Manhattan, abattues par deux avions de ligne, provoquant la mort de 2 977 personnes.

    14 septembre 2001. Les États-Unis et le Royaume-Uni désignent ouvertement Oussama Ben Laden comme responsable. Ils exigent des Talibans son extradition.

    18 septembre 2001. Le Conseil de sécurité des Nations unies demande aux Talibans d’appliquer la résolution no1 333 et d’extrader Oussama Ben Laden devant les autorités compétentes.

    Les Américains nationalisent la guerre contre les Talibans et la placent sous leur contrôle exclusif. Ils refusent ainsi à l’ONU le droit de la diriger et même de la surveiller (notamment grâce à un amendement permettant d’empêcher que des soldats américains puissent être déférés devant la Cour Pénale Internationale à laquelle les Etats-Unis ne reconnaissent aucune aptitude à juger leurs ressortissants qui relèvent de leurs seules lois nationales).

    07 octobre 2001 : Déclenchement de la guerre en Afghanistan. Une armada déferle sur l’Afghanistan par terre, air et mer (ainsi qu’il en sera de l’Irak moins de deux plus tard). Bombardements aériens (par des B1 et B52) et tirs de missiles de croisière (BGM-109 Tomahawk). 4 porte-avions sont mis à contribution avec de nombreux bâtiments accompagnés de sous-marins. Faite de bric et de broc, une alliance du nord disparate dont l’efficacité et la réputation surfaite en Europe, apporte un concours relatif qui n’a qu’une valeur politique. 2

    Une armée de près de 100 000 soldats au plus fort de la présence américaine en 2011.

    13 novembre 2001 : Chute de Kaboul.

    05 décembre 2001 : Conférence internationale à Bonn où sont exposés les buts de guerre. Désormais, l’Afghanistan va subir un programme de modernisation, de démocratisation, de pacification dans le cadre d’un « Nouveau Moyen Orient » que les Etats-Unis et leurs alliés se proposent d’entreprendre. Ce « nation building », dans les cartons depuis longtemps, échafaudé par les « faucons » qui gravitaient autour des décideurs à Washington3, allait enfin prendre forme. Samuel Huntington et sa guerre des civilisations4 retrouvaient là une conception ancienne de la colonisation bienfaitrice et civilisatrice qu’un Jules Ferry n’aurait pas reniée.

    En Irak, deux ans plus tard, le laboratoire allait ouvrir une succursale et de nouvelles horreurs expérimentales allaient être conduites. Les « filiales » allaient se multiplier à Abou Ghraïb, à Guantanamo et dans de nombreux pays qui ferment les yeux sur ce qui se passe chez eux…

    Viendra un jour où tous ces crimes seront jugés. Au moins devant le tribunal de l’histoire.

    11 août 2003 : En prenant le commandement de la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF) à Kaboul, l’Otan entame sa première opération hors des frontières européennes en 54 ans d’existence. L’Organisation change de dimension et se place à l’échelle mondiale. Mais l’important ici tient au poids des images et des mots-clé : les Etats-Unis avaient le besoin de construire et de crédibiliser une « communauté internationale » nécessaire à la conduite de sa politique, aussi bien à l’attention de ses ennemis qu’à celle de sa propre opinion publique, toujours rétives aux interventions militaires à l’étranger. La guerre du Vietnam a laissé des traces indélébiles.

    L’écrasante majorité des moyens matériels et humains est américaine. Le reste des figurants est là surtout pour la com’.

    31 décembre 2014. Le retrait des forces de combat de l’Otan s’achève.

    29 février 2020. Après plusieurs mois d’échanges discrets, les talibans signent avec les États-Unis l’Accord de Doha, fixant les conditions du retrait des troupes occidentales dans les quatorze mois (avec des clauses secrètes).

    Les Talibans ont assuré (mais sans aucune garantie) que ceux qui ont travaillé pour le régime et l’occupation étrangère ne seront pas inquiétés. Ils se sont aussi engagés à protéger les étrangers humanitaires et non militaires. Là aussi sans aucune garantie.

    Remarque : J. Biden, lundi 16 août, pour expliquer la défaite de son pays, a mis sur le dos du gouvernement afghan et de son armée (« pourtant soutenue et financée par Washington »), leur inaptitude et leur incapacité de former une autorité capable de faire face aux Talibans.

    Il oublie que les Etats-Unis ont négocié leur retrait avec les Talibans à Doha à l’insu et en l’absence du gouvernement afghan. Comment pouvait-il espérer mieux, avec un tel mépris pour les fantoches installés à Kaboul.

    Tous les procédés similaires (vietnamisation, irakisation, afghanisation…), cosmétiques à l’usage des opinions publiques, de ce type de conflit ne présentent la moindre alternative à une mauvaise guerre et à une inévitable et piteuse retraite.

    S’il y a deux pays, dans l’histoire des deux ou trois derniers siècles, qui ont subi les plus affreuses guerres que l’Amérique ont engagées contre d’autres pays, si l’on excepte les abominations nucléaires commises contre le Japon en 1945, car elles appartiennent à une autre catégories de monstruosités, ce serait bien le Vietnam (libéré le 30 avril 1975) et l’Afghanistan.

    Il y a bien des différences entre ces conflits, notamment le fait que la guerre du Vietnam et celle de Corée participaient d’une guerre froide opposant deux camps idéologiquement et mondialement antagonistes, mais ils sont identiques sur au moins un point : une seconde défaite humiliante pour la première puissance militaire de l’histoire de l’humanité.

    Un record que Hollywood se gardera de glorifier. Rien d’extraordinaire.

    Aucune nation ne commémore ses déroutes : les Français oublient très vite Azincourt, Aboukir, Trafalgar, Waterloo, Sedan, Mers el Kebir… Les historiens embeded se chargent de trier ce qu’il convient d’enseigner aux enfants.

    Les gagnants et les perdants

    L’Afghanistan, les supplétifs abandonnés à leur sort, l’image de l’Amérique et plus largement de l’Occident vont y laisser, chacun pour ce qui le concerne, des plumes. Cette guerre-là des règlements de comptes n’est évidemment pas achevée.

    Le sort des « fixeurs » n’est pas encore fixé.

    On (sous-) estime à 18 000 les auxiliaires Afghans (53 000 avec leurs familles) au service des occidentaux coalisés à divers titres : milices, traducteurs, administratifs, informateurs, guides…

    L’ex-général David Petraeus5 déclarait dans le Washington Post lundi 28 juin qu’il était du devoir moral des Etats-Unis d’organiser un pont aérien pour leur accorder l’asile. Ce serait le minimum que ces gens, pour la plupart d’entre innocents de tout crime, seraient en droit d’attendre.

    Or, les visas ne sont pas délivrés et le budget a été minoré pour les assister. L’idée de les placer en transit sur l’île de Guam en attendant de régler leur situation administrative reste à l’état de projet et vient buter contre les controverses autour de la politique migratoire des Etats-Unis, entre les promesses électorales de J. Biden et l’intransigeance toujours active de D. Trump.

    Les Français usent d’un « hub » sur une base militaire à Abu Dhabi pour opérer discrètement leur tri.

    Paris accorde 1000 visas pour ceux, déclare la ministre de la défense française sur franceinfo le lundi 16 août, « qui ont rendu d’éminents services à notre pays en nous aidant au quotidien, et par ailleurs faire le maximum pour mettre en protection des personnalités qui ont défendu les droits, les droits de l’Homme, des journalistes, des artistes, tous ceux qui sont engagés pour ces valeurs que nous continuons de défendre partout dans le monde ».

    1000 visas, une goutte d’eau. L’Allemagne annonce dix fois plus. Même si, compte tenu du format de leur engagement, les Etats-Unis se chargent de la plus grande part.

    Abandonnés, jetés après usages. Personne ne s’embarrasse des outils indigènes qui ont épuisé la pertinence et l’opportunité de leur utilité. A l’exception de petits débrouillards et de filous qui réussissent à passer entre les mailles du filet, la plupart de ceux qui ont servi sont livrés à leur sort. Les scènes observées sur les pistes de l’aéroport de Kaboul renvoient à celles de films catastrophe tels « War World Z » (Marc Forster, 2013) et renforce l’imaginaire de barricadés entretenu en Occident, un îlot civilisé entouré d’un océan de barbares, un cliché qui remonte au moins jusqu’à Hérodote.

    La majorité de ceux qui parviennent à rejoindre les rives de la « civilisation », sont parqués comme les harkis en 1962, dans des « camps de transit et de reclassement » dans le sud de la France où ils resteront en transit et reclassement perpétuels.

    Les moins oublieux se souviennent de la fuite éperdue des Américains par la terrasse de leur ambassade via des hélicoptères, alors que les Vietnamiens qui ont servi leur cause tentaient en vain de franchir avec leurs familles les grilles d’une forteresse assiégée.

    Cela permet par la suite de laisser couler quelques larmes de crocodiles sur le sort des supplétifs exécutés par leurs frères ou recyclés dans des camps de « rééducation » et de dénoncer les régimes « terroristes » qui leur ont succédé.

    A l’évidence, tous ceux qui seraient tentés par une carrière d’« auxiliaires » devraient mesurer la confiance très relative que leur témoigneraient leurs employeurs si les affaires tournent mal ou lorsque la « mission » est achevée. Encore une raison qui explique le silence de la fuite.

    Le gouvernement afghan, sous prétexte de pandémie, avant son évaporation, avait fermé le bureau des passeports justement pour éviter un exode massif des Afghans vers l’étranger.

    Le président E. Macron, en campagne pour sa réélection, dans son allocution télévisée du lundi 16 août a très vite souligné le risque migratoire avec les menaces qu’il ferait peser sur la sécurité de l’Europe sur celle des malheureux qui se lanceraient dans cette aventure, comme on l’observe pour les migrants sahéliens ou proche-orientaux qui traversent la Méditerranée.

    La Turquie met une touche finale à son « Mur » et tous les pays de la région se tiennent prêts. Le Pakistan a annoncé très tôt être disposé à fermer ses frontières en cas de mouvement massif de population.

    Les autres supplétifs.

    L’Otan s’est engagée très tôt (août 2003), au nom de l’article V (clause de défense collective) aux côtés des Etats-Unis en Afghanistan. C’est ainsi, au nom de la défense de l’Occident, menacé par le « terrorisme islamiste » que les gouvernements européens ont fait avaler à leurs opinions publiques leur participation à leur campagne afghane. 38 pays ont collaboré à cette guerre américaine en Afghanistan.

    Contrairement à ce qui est affirmé sur tous les médias, ce n’est ni à D. Trump, ni à J. Biden que l’initiative de retrait devrait être attribuée. Dès 2010, B. Obama l’avait projetée. La question alors n’était pas le retrait, mais l’afghanisation du pays après le départ des troupes de l’OTAN (sous commandement américain, est-il besoin de le rappeler).

    22 juin 2011. Obama annonce le retrait de milliers de soldats américains.

    En sorte qu’en 2021, il ne s’agit plus de décision de retrait, mais de décision « d’accélération » de ce retrait.

    Or, les « alliés » de Washington, au même titre d’ailleurs que les Afghans, n’ont été associés ni à cette décision de retrait, ni à son accélération, ni même à son calendrier.

    Ils ont juste été informés après coup… comme d’habitude.

    Il n’y a eu aucun débat à l’Assemblée nationale en France, ni ailleurs.

    Certains auraient peut-être voulu des explications sur ce retrait humiliant. Après tout une centaine de soldats français y ont laissé la vie…

    N’aurait-il pas été pertinent de se demander non pas pourquoi les Occidentaux s’en vont, mais plutôt pourquoi ils y sont allés et guerroyé 20 ans durant ?

    Fut-ce seulement à cause de Ben Laden (au reste exécuté sans jugement au Pakistan) ?

    Le plus cocasse en cette affaire d’« alliés » est qu’au moment de la déclaration de retrait unilatéral américain, les troupes sur le terrain étaient plus américaines mais dans leur majorité, européennes.

    Les Etats-Unis sont aux manettes et contrôlent les opérations (comme ailleurs, en Libye ou au Sahel, par exemple) via les capacités critiques, les clés de la décision stratégique et tactique (la logistique, l’information décisive) qu’ils sont seuls à posséder.

    Les Américains fixent les objectifs, déterminent le chemin à suivre et distribuent les rôles en y mettant (mais pas toujours) la forme qui convient. Les autres exécutent.

    Mais cette guerre n’est pas perdue pour tout le monde. Il y a d’autres comptes à régler.

    Le monde de la finance et le système militaro-industriel poussent régulièrement à la guerre inventant à chaque fois que nécessaire de nouveaux ennemis et un nouvel « empire du mal ».

    En 2010, alors que la pacification du pays et la lutte contre les talibans marquaient le pas, l’USGS (United States Geological Survey) révélait l’existence de ressources minières, pétrolières et gazières d’une valeur minimum de 1000 milliards de dollars, dont près de 1,3 millions de tonnes de terres rares et 3,48 millions de tonnes de minerais de niobium… (https://www.geostrategia.fr, 13 février 2018)

    Selon des chercheurs de l’université Brown, les Etats-Unis ont déboursé 2261 Mds$ entre 2001 et 2021. Les budgets du Département de la Défense et du Département d’État se sont ainsi alourdis de 1435 Mds$. Les dépenses de soin pour les vétérans ont, quant à elle, coûté 296 Mds$. Et les 530 derniers Mds$ ont été nécessaires pour payer les intérêts des emprunts contractés par les Etats-Unis pour financer cette guerre.

    Entre 2001 et 2050, si on élargit aux interventions au Pakistan et en Irak, les Américains devraient verser 6 500 Mds$ d’intérêts sur les sommes empruntées pour les financer. Une montagne de dollars qui semble avoir été investie en pure perte.6

    La Banque Mondiale évalue en 2020 à un peu moins de 20 Mds$ le PIB annuel de l’Afghanistan (36 millions d’habitants), soit un peu plus de 500 dollars par hab. Cela signifie que les Etats-Unis ont dépensé (sans tenir compte des créances à venir) l’équivalent de 113 PIB annuels de ce pays pour tenter officiellement de le pacifier.

    Naturellement, ces sommes ont servi à bien d’autres buts qu’à la quiétude, à la prospérité et à la civilisation des Afghans. Tant d’armements commandés. Tant d’expériences « intéressantes » réalisées dans ce laboratoire in vivo… pour ainsi dire…

    Certes, les Etats-Unis, notamment via le dollar et Wall Street, se débrouillent toujours pour recycler leurs dettes en les faisant endosser par le reste du monde. Il n’en demeure pas moins qu’outre les pertes géopolitiques occasionnées par cette sombre campagne, il reviendra au peuple américain de demander au bénéfice de qui réellement ces dépenses ont été ordonnées en son nom…

    C’est contre ces dérives et ce « système » que naguère le général-président D. Eisenhower (qui parlait d’expérience) prévenait les Américains dans son discours de fin de mandat le 17 janvier 1961. Il ne semble pas que son avertissement ait porté.

    « Dans les assemblées du gouvernement, nous devons nous garder de toute influence injustifiée, qu’elle ait ou non été sollicitée, exercée par le complexe militaro-industriel. Le risque d’une désastreuse ascension d’un pouvoir illégitime existe et persistera. Nous ne devons jamais laisser le poids de cette combinaison mettre en danger nos libertés et nos processus démocratiques. Nous ne devrions jamais rien prendre pour argent comptant. Seule une communauté de citoyens prompts à la réaction et bien informés pourra imposer un véritable entrelacement de l’énorme machinerie industrielle et militaire de la défense avec nos méthodes et nos buts pacifiques, de telle sorte que sécurité et liberté puissent prospérer ensemble. »

    Nouveau contexte géostratégique régional : l’axe du monde bascule.

    Croire que le retour des Talibans aux affaires est un retour aux conditions initiales, serait une grave erreur. Il arrive à l’histoire de bégayer, mais c’est seulement pour permettre aux vaincus de relancer une guerre perdue (déjà la « femme afghane opprimée » devient l’objet principal des tabloïds et des « une ») ou pour couvrir l’ignorance de ceux qui ont besoin d’analogies commodes pour paraître savants.

    Les Etats-Unis, en l’espace de deux interventions militaires en moins de deux ans, ont rendu un immense service à l’Iran, le débarrassant de deux irréductibles ennemis : le régime de Saddam Hussein à l’ouest (ainsi fabriqué pour faire front à la Révolution de 1979) et celui des Talibans à l’est.

    Le nouveau régime victorieux de l’Amérique qui triomphe à Kaboul ne sera sûrement pas dans les mêmes dispositions que celui que les Américains ont chassé en 2001. Téhéran en a pris la mesure dès le 16 août par la voix de son président tout nouvellement élu. Les Russes et les Chinois ont, depuis longtemps, pris leurs dispositions en vue l’inévitable défaite de Washington.

    Désormais, il n’y a plus d’alliés de l’Occident autour de l’Afghanistan, à l’exception peut-être des ambiguës anciennes républiques socialistes soviétiques (Ouzbékistan et le Tadjikistan) qui tentent de se ménager des libertés de manoeuvre sur tous les tableaux.

    Autour, il y a l’Iran, la Russie, la Chine, le Pakistan. Entre les quatre pays une coopération et des liens de plus en plus denses se tissent. Un peu plus loin, Ankara cogite et compute.

    La Chine continue de tisser sa toile et de tracer ses « routes »…

    En 2007, deux entreprises d’État chinoises, Metallurgical Corporation of China (MCC) et Jiangxi Copper Corporation (JCCL) ont investi 4,4 milliards de dollars dans le gisement de cuivre d’Aynak. MCC aurait proposé des investissements à hauteur de 10 Mds$ pour mettre en valeur le gisement. En plus de cela, China National Petroleum Corporation (CNPC) a sécurisé trois blocs pétroliers du champ de pétrole d’Amu Darya. À la suite de cet investissement, un accord de faisabilité a été signé avec le gouvernement afghan en 2012 pour la construction du segment afghan d’un pipeline allant d’Iran en Chine et passant par l’Afghanistan et le Turkménistan. (https://www.geostrategia.fr, 13 février 2018)

    15 novembre 2020. Pékin célèbre en fanfare la conclusion du Partenariat régional économique global (RCEP), établissant sous son égide la zone de libre-échange la plus imposante de la planète, face à l’Europe et aux États-Unis toujours englués dans la pandémie. Le premier ministre Li Keqiang et 14 dirigeants des principales économies d’Asie-Pacifique ont signé, par vidéo interposée, un accord douanier spectaculaire facilitant les échanges entre plus de 2 milliards d’habitants, pesant un tiers du PIB mondial.7

    La Chine a maintenant les mains plus libres pour exploiter l’amitié « proclamée » entre les deux pays à peine les troupes américaines parties. Il ne fait pas de doute que Chinois et Talibans étaient en contacts et en transactions approfondies bien avant la chute de Kaboul.

    L’Inde est affaiblie, perturbée par ses désordres politiques internes, aggravés par la pandémie du Covid-19 où la dernière souche très contagieuse est née et avait pris son nom avant de devenir le « variant delta ». Acteur virtuellement majeur, sans dépourvue de moyens, elle est pour le moment écartée de l’essentiel.

    L’autre nerf de la guerre.

    Ne reste plus à l’Amérique que les leviers traditionnels en attendant…

    Les Talibans ne pourront pas mettre la main sur les milliards de dollars de réserves de l’Afghanistan, largement détenus à l’étranger.

    « Les actifs de la Banque centrale que le gouvernement afghan possède aux États-Unis ne seront pas mis à la disposition des Talibans», assurait lundi 16 août un responsable de l’administration Biden.

    Au total, les réserves brutes de la Banque centrale afghane s’élevaient à 9,4 milliards de dollars fin avril, selon le Fonds monétaire international (FMI). La majorité de ces fonds sont détenus en dehors de l’Afghanistan.

    Cet acte de brigandage est coutumier des pirates qui se paient sur la bête. Personne ne sait ce que sont devenus les capitaux irakiens à l’étranger après la chute de Baghdad en 2003 ou des milliards de dollars libyens après l’assassinat de M. Kadhafi en 2011. Combien ? Où ? Qui ?… « mystère et boule de gomme ».

    Les États-Unis, qui dominaient l’Afghanistan militairement et financièrement depuis 20 ans, pourraient aussi tenter de bloquer l’aide prévue par le FMI et la Banque mondiale, comme ils l’ont fait avec d’autres pays dont ils cherchent à faire capituler les gouvernements, tel le Venezuela.

    Réduire l’aide de façon drastique pour tenter de mettre à genoux le régime, est une tentation si… tentante. Et dire que les pays occidentaux critiquent la Chine l’accusant d’user des mêmes procédés destinés à fabriquer des obligés : endetter pour mieux astreindre…

    Le FMI avait approuvé le 06 novembre 2020 un programme d’aide de 370 millions de dollars pour l’Afghanistan devant alors s’étaler sur 42 mois (trois ans et demi), avec un décaissement immédiat de 115 millions de dollars. Une seconde tranche d’aide d’un montant de 149,4 millions de dollars a été versée début juin. Il reste donc quelque 105,6 millions de dollars à verser dans le cadre de ce plan d’aide. (AFP, mardi 17 août 2021)

    Chacun sait que le FMI et la Banque mondiale sont des instruments entre les mains du bellicisme américain, est un propos de complotiste.

    Ce sont des institutions professionnelles, apolitiques et honorables, hors de toute inclination idéologique et qui s’acquitteront scrupuleusement de leurs obligations contractuelles…

    Cette guerre a fait un peu plus de 3000 morts dans la coalition dirigée par les Etats-Unis et quelques dizaines de milliers de blessés. C’est surtout le contingent américain, en proportion de son engagement, qui en a été le plus affecté.8

    Il a fait un nombre incalculable de victimes afghanes, des centaines de milliers de morts, comme d’habitude surtout parmi des civils.

    En Irak, en Syrie, en Libye, au Yémen, en Somalie, au Soudan… en Palestine…

    Tout ça pour ça…

    Notes :

    1- Juillet 2000. Les Talibans avaient tenté d’éradiquer les champs de pavot en édictant une fatwa en ce sens. La production avait alors chuté de 90%. Vingt ans plus tard, l’Afghanistan est redevenu un pays totalement gangrené par la drogue. En 2020, le pays comptait 224.000 hectares de pavot, soit une hausse de 37% par rapport à 2019, selon l’Office des Nations unies contre les drogues et le crime (UNODC).

    2- Le « commandant Massoud » figure de proue de cette coalition hétéroclite (le « Lion du Panshir ») a été éliminé dès le 09 septembre 2001. Aujourd’hui, son fils, Ahmed, reprend du service et lance un appel ce 16 août à la résistance (https://laregledujeu.org), faisant référence à l’Europe de 1940… Le 15 août il envoyait au Journal du dimanche une lettre adressée à « son ami Bernard-Henri Lévy », suppliant la France de soutenir l’armée afghane…

    3- Cf. Lettre ouverte à B. Clinton du 26 janvier 1998 signée par 18 faucons poussant au renversement de S. Hussein.

    4- Samuel P. Huntington (1996) : Le choc des civilisations. Traduction O. Jacob, 2000, 545 p.

    5- Ex-commandant de la « Force internationale d’assistance et de sécurité » en Afghanistan entre 2010 et 2011 et directeur de la Central Intelligence Agency de 2011 à 2012. Il démissionne cette année-là pour une affaire d’adultère et, accessoirement, pour avoir détenu et transmis des informations secrètes.

    6- L’Expansion-Express, le mardi 17/08/2021

    7- Une gigantesque zone de libre-échange entre les 10 États de l’Asean – Indonésie, Thaïlande, Singapour, Malaisie, Philippines, Vietnam, Birmanie, Cambodge, Laos et Brunei – et la Chine, le Japon, la Corée du Sud, l’Australie et la Nouvelle-Zélande. Cela, malgré les difficultés crées par les Etats-Unis par l’entremise de l’Australie.

    8- Pour éviter les « émotions » qui ont bouleversé l’Amérique lors de la guerre du Vietnam la rendant totalement impopulaire, Washington a pris deux décisions stratégiques : premièrement, l’armée sera composée de « professionnels » tarifés. Il ne s’agira plus que de soldats contractuels qui savent à quoi s’en tenir. Deuxièmement, aucun reporter « indépendants » n’accèdera au front s’il n’est pas scrupuleusement labellisé. Désormais, les guerres seront « clean », sans mort et sans images, sinon celles strictement triées par les « services compétents ».

    Le Quotidien d’Oran, 19/08/2021

  • Afghanistan : La débâcle américaine

    Afghanistan : La débâcle américaine

    Afghanistan, Etats-Unis, USA, Talibans, #Afghanistan, #Talibans, Emmanuel Macron, Migration, #Macron,

    L’anti-Saïgon

    Par Mohamed Habili

    Beaucoup d’Américains, et d’abord leur président, disent après la chute de Kaboul avoir été surpris non que le pouvoir et l’armée afghane créée de toutes pièces par eux se soient effondrés, à l’approche des Talibans, mais qu’ils l’aient fait aussi vite. On n’aurait vu aucune de ses scènes de chaos et de panique sur les pistes de l’aéroport international de Kaboul, où de désespoir des Afghans se sont accrochés à des avions en train de prendre leur envol, pour ensuite s’écraser au sol, si, à les en croire, les Afghans avaient voulu se battre.

    Des images qui n’ont pas été sans rappeler la débâcle de 1975 dans Saigon libéré. On se souvient peut-être qu’au moment où l’offensive talibane commençait, en mai dernier, le renseignement américain était d’avis que le collapse se produirait sans doute, mais pas tout de suite, au bout de six mois, un délai suffisant pour permettre un retrait digne et des troupes, et des ressortissants américains et des alliés afghans.

    Interrogé plus d’une fois sur l’éventualité de l’effondrement, Joe Biden l’avait estimé des plus improbables, alléguant notamment la supériorité de l’équipement mais également la longue préparation des troupes régulières afghanes dans la perspective du choc à venir.

    S’il n’avait pas carrément dit qu’elles remporteraient la victoire, ses propos autant que l’air dont il les avait accompagnés le laissaient néanmoins clairement entendre. On sait maintenant qu’il n’y croyait rien, et que tout ce qu’il attendait des alliés afghans, c’est seulement qu’ils aient assez envie de se défendre pour que son retrait à lui se fasse sinon sans encombre, du moins sans rien qui ressemble à une débâcle.

    Cela bien sûr n’a pas échappé aux amis afghans, certains que leur sort était scellé dès lors qu’ils n’avaient pas été admis aux pourparlers de Doha, censés pourtant déboucher sur un accord de paix en Afghanistan. Une négociation dont une partie essentielle est exclue se fait nécessairement au détriment de celle-ci.

    Américains et Talibans se sont entendus à Doha pour une passation de pouvoir entre eux qui sur le terrain paraîtrait une guerre bien réelle, avec des pertes humaines et matérielles de part et d’autre. Dans ce premier scénario, l’acte final, la bataille de Kaboul, devait avoir lieu, à la suite de plusieurs autres, mais une fois que les Américains auraient vidé les lieux.

    Pour qu’il y ait effondrement, encore faut-il qu’il y ait au départ une réelle volonté de se battre, chez ceux-là même qui sont condamnés à perdre. L’armée afghane ne s’est pas effondrée, elle a refusé le combat, elle a pactisé avec les Talibans, de même que l’ami américain a passé un deal de non-agression avec eux. Elle se serait sans doute battue si les Américains n’avaient pas commencé par faire la paix avec les Talibans, qui pour ce qui les concerne avaient parfaitement compris que les Américains n’avaient qu’une seule envie : s’extirper de l’Afghanistan, leur pays, «le cimetière des empires», une réputation que Joe Biden a tenu à rappeler dans ses dernières «remarques sur l’Afghanistan», faites lundi sous forme d’adresse à ses compatriotes.

    En l’espèce se battre pour les Afghans aurait seulement signifié acheter au prix de leur sang du temps pour que les Américains puisent s’offrir un retrait de première classe. Un anti-Saigon. Une revanche sur Saigon. Ils ont préféré ne pas leur faire ce cadeau-là, mais plutôt les associer à leur débâcle. Ils ont été trahis, ils ont trahi à leur tour.

    « Morts pour rien »

    Fouzia Mahmoudi

    La situation en Afghanistan préoccupe aujourd’hui l’ensemble de la planète, plus particulièrement les pays qui furent militairement engagés lors de la guerre menée par l’armée américaine et ses alliés en octobre 2001, moins d’un mois après les attaques du 11 septembre. La France a quant à elle perdu 89 soldats qui semblent pour certains, au vu de la situation actuelle de l’Afghanistan, être «morts pour rien», des mots même du père d’un militaire français décédé.

    Lundi soir, Emmanuel Macron donnait dans un discours solennel sa vision de la situation afghane et a choqué une partie de la gauche française. Plusieurs responsables de gauche se sont en effet indignés hier des propos d’Emmanuel Macron qui a affirmé lundi, dans son intervention sur l’Afghanistan : «Nous devons anticiper et nous protéger contre des flux migratoires irréguliers importants».

    Le député européen EELV Yannick Jadot, candidat à la primaire écologiste pour la présidentielle de 2022, s’est dit sur Twitter «sidéré d’écouter Emmanuel Macron déclarant que les femmes, les hommes et les enfants qui fuient l’enfer des talibans sont d’abord une menace, des migrants irréguliers, avant d’être des victimes et potentiellement des réfugiés». «Et l’asile ? Et ces enfants, ces femmes, ces hommes qui fuient l’horreur ?», a lancé le secrétaire national d’EELV, Julien Bayou.

    «Macron fait honte à la France», a affirmé le maire écologiste de Grenoble, Éric Piolle, autre candidat à la primaire. Lors d’une allocution télévisée lundi à 20 heures, le chef de l’État avait déclaré : «La France fait et continuera de faire son devoir pour protéger celles et ceux qui sont les plus menacés. (…) Mais l’Afghanistan aura aussi besoin dans les temps qui viennent de ses forces vives et l’Europe ne peut pas à elle seule assumer les conséquences de la situation actuelle. Nous devons anticiper et nous protéger contre les flux migratoires irréguliers importants qui mettraient en danger ceux qui les empruntent et nourriraient les trafics de toute nature».

    «Flux migratoires irréguliers, c’est donc ce terme que les femmes et les hommes qui s’accrochent aux ailes des avions à Kaboul auront inspiré à Emmanuel Macron», a regretté le député ex-LREM Aurélien Taché, que le gouvernement avait chargé en 2017 d’un rapport sur l’intégration avant qu’il ne prenne ses distances avec la majorité. «Quel cynisme ! Quelle honte !», s’est indignée la sénatrice socialiste Laurence Rossignol, tandis que son collègue Rémi Féraud jugeait cette intervention «digne d’un mauvais président de droite». Il faut «protéger toutes celles et tous ceux qui relèvent désormais du droit d’asile», a affirmé le patron du PS, Olivier Faure.

    Devant le début de polémique, et alors que ses propos avaient été raillés par le lanceur d’alerte Edward Snowden d’un tweet lapidaire, «Emmanuel Le Pen !», le chef de l’État avait précisé lundi peu avant minuit sur Twitter, à propos de ses déclarations, «que certains veulent détourner», que «la France fait et continuera de faire son devoir pour protéger celles et ceux qui sont les plus menacés». Mais la gauche française semble oublier, comme à son habitude, que les milliers de migrants qu’elle appelle de ses vœux, doivent aussi être accueillis dans des conditions dignes et avec l’argent des contribuables, qui sont déjà nombreux, comme l’a démontré le mouvement des «gilets jaunes» à ne pas être capables de joindre les deux bouts et qui se voient depuis trente ans sommés malgré eux de financer les programmes utopistes de leurs politiques.

    Le jour d’Algérie, 17/08/2021

  • Imaginez!

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    Par Ouali M.

    Que reste-t-il de l’été 2021? Une recherche éperdue de concentrateurs d’oxygène pour des malades en proie à l’asphyxie que provoque en eux la Covid, une poignée de cendres après les incendies monstres qui ont calciné le nord du pays, l’amertume laissée par l’abominable lynchage de Djamel Bensmaïl, et, peut-être, quelques petits souvenirs cocasses, en jouant au chat et à la souris avec les gendarmes, pour les plus insouciants qui se sont entêtés à prendre des vacances et se rendre à la plage malgré l’interdiction de baignade prise par les autorités pour réduire les risques de propagation de coronavirus.

    Certes, l’été n’est pas encore fini, mais il ne lui reste que quelques jours pour être archivé, dans la catégorie «à ne pas reproduire». En attendant, la canicule continue de sévir, pas uniquement en Algérie, mais sur tout le bassin méditerranéen.

    Ce dernier est ainsi classé par les experts du changement climatique comme le hotspot mondial, la région qui sera la plus affectée par les conséquences de cette évolution du climat terrestre. Déjà pauvre en eau douce, la région méditerranéenne fera face à la remontée de l’eau de mer, mais aussi à une baisse des précipitations qui va impacter fortement l’agriculture, alors même que la pêche pourrait subir les conséquences d’une surexploitation de la ressource et de la disparition d’espèces incapables de s’adapter à des changements aussi rapides de leur milieu.

    Certains se rappelleront aussi que l’été 2021 a signé le retour des Talibans à la tête de l’Afghanistan. Ils avaient été chassés du pouvoir 20 ans plus tôt par l’armée américaine, après avoir donné une image très négative de leur gouvernance, mais sans jamais les vaincre définitivement. Les Talibans ont réussi à mettre la main sur le pays sans coup férir à une vitesse qui a stupéfié les puissances occidentales engagées dans ce conflit. Que la paix soit avec le peuple afghan qui vit sous les affres de la guerre depuis trop longtemps. Si longtemps que personne dans ce pays ne souvient du goût de la paix.

    Dans l’espace la guerre est aussi déclarée sous forme d’une course aux milliards que pourrait rapporter le tourisme. Ces milliardaires qui veulent s’enrichir davantage dans un créneau où ils ne souffriront pas de rivaux pendant longtemps sont Jeff Bezos, Richard Branson et Elon Musk.

    Deux d’entre eux ont déjà fait le saut jusqu’à l’espace à bord de leurs engins, en guise de vols inauguraux. Bon, seuls les riches pourront s’offrir un ticket dans l’immédiat et pour les citoyens de pays comme le nôtre, il est même inutile de rêver… Peut être pas, après tout, si l’on prend au mot Richard Branson qui a balancé un tweet de son vaisseau. Il pourrait inspirer la jeunesse. Traduit, cela donne ceci: «Enfant, contemplant les étoiles, j’avais un rêve. Aujourd’hui adulte, je suis dans un engin spatial contemplant des cieux de notre belle Terre. A la prochaine génération de rêveurs: si, nous, avons pu faire ceci, imaginez donc ce que, vous, pouvez faire!»

    O. M.

    Horizons, 18/08/2021

  • USA: L'ex-président américain George W. Bush demande d'aider rapidement les réfugiés afghans

    Afghanistan, George Bush, #Talibans, #Afghanistan, Talibans, 

    17 août (Reuters) – L’ancien président américain George W. Bush, qui a lancé une « guerre contre le terrorisme » en Afghanistan et ailleurs après les attentats du 11 septembre 2001, a exhorté le gouvernement américain à accélérer l’aide aux réfugiés afghans après la prise de pouvoir rapide des talibans ces derniers jours.
    « Le gouvernement des États-Unis a l’autorité légale de réduire les formalités administratives pour les réfugiés lors de crises humanitaires urgentes. Et nous avons la responsabilité et les ressources nécessaires pour leur assurer un passage sûr dès maintenant, sans délai bureaucratique », ont déclaré M. Bush et l’ancienne première dame Laura Bush dans un communiqué publié tard lundi.
    Les Bush se sont dits « confiants que les efforts d’évacuation seront efficaces » avec l’aide des forces américaines, ajoutant : « Nos alliés les plus fidèles, ainsi que des ONG privées, sont prêts à apporter leur aide. »
    Bien que le couple ait déclaré ressentir une « profonde tristesse » face aux événements qui se déroulent en Afghanistan, il est resté « résolument » optimiste quant à la résilience du peuple afghan, en particulier des jeunes Afghans qui ont grandi sans les talibans au cours des deux dernières décennies.
    Sous le mandat de M. Bush, les forces américaines ont renversé le gouvernement taliban de Kaboul, qui avait accueilli les militants d’Al-Qaïda responsables des attaques aériennes de 2001 à New York et Washington. Mais d’anciens et d’actuels responsables ont déclaré que l’accent mis par Bush sur l’Irak a laissé la stratégie de Washington en Afghanistan à la dérive.