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  • Covid-19 : la fin du ramadan et la peur d’une flambée épidémique en Tunisie, en Irak et en Indonésie

    Dans le club des correspondants, franceinfo passe les frontières pour voir ce qui se passe ailleurs dans le monde. Aujourd’hui direction Tunis, Bagdad et Jakarta pour voir quelles restrictions sanitaires ont été décidées lors de l’Aïd.

    Comme l’année dernière, la fin du ramadan, mercredi 12 mai, se déroule dans un contexte particulier. La pandémie de Covid-19 bouscule les habitudes des pays musulmans et les festivités sont soumises à restrictions. Nous partons en Tunisie, en Irak et en Indonésie pour voir quelles mesures ont été prises pour l’Aïd.

    Les Tunisiens fêtent l’Aïd confinés
    En Tunisie, c’est simple : la population passe toute cette dernière semaine du mois de ramadhan confinés. Impossible de se réunir en famille pour l’Aïd. Le pays est frappé par une troisième vague autrement plus meurtrière que les deux premières avec 90 morts par jour en moyenne.

    La Tunisie fait face à la plus grave crise sanitaire de son histoire dit le premier ministre qui, ces dernières semaines, alors que la courbe montait dangereusement, martelait que l’économie du pays ne survivrait pas à un nouveau confinement. Il a été contraint de changer d’avis.

    Zina, la quarantaine, couturière, résume bien l’ambiance générale. Elle est soulagée même si ce confinement tombe la dernière semaine du mois de ramadan. Soulagée mais fâchée contre ce gouvernement qui a bien trop tardé à promulguer le confinement : « Je le critique à mort, à mort. Fin mars, début avril, on aurait dû faire un confinement général. On meurt, on meurt tous les jours. Dans notre religion, c’est la santé avant tout ! C’est le bon Dieu qui nous ordonne de faire gaffe à notre santé ! »

    Le corps médical attendait lui aussi ce confinement à l’instar de Zakaria Bouquira. Ce médecin décrit l’état de son hôpital : « C’est vraiment terrible ce qui est en train d’arriver. Quand il y a des nouveaux patients ils sont sur la liste d’attente. On est arrivés au stade de la saturation. » Pour lui, il faudrait non pas une semaine de confinement, mais deux mois minimum afin d’aplanir la courbe. D’autant qu’à peine plus de 2% des Tunisiens ont être vaccinés pour le moment.

    En Irak, un couvre-feu peu respecté
    L’Irak, pays arabe le plus touché par l’épidémie de Covid-19, ne veut prendre aucun risque. L’Aïd se déroulera en petit comité seulement car un couvre-feu de dix jours commence dès aujourd’hui. Un couvre-feu total qui se prolongera jusqu’au 22 mai. Tout sera fermé pendant cette période normalement synonyme de vacances et de festivités.

    Des forces de sécurité quadrillent les villes pour contrôler tous les passages en voiture. Mais les Irakiens sont en quelque sorte inventifs et n’aiment pas beaucoup les règles. Il y a déjà, depuis plusieurs mois ici un couvre-feu, imposé les week-ends, et on voit de plus en plus de voitures dans les rues même pendant ces jours de restrictions. Ce sont des habitants qui ont réussi à se procurer des laissez-passer, normalement réservés aux militaires, médecins, journalistes, etc. Au même titre, d’ailleurs, qu’on voit de plus en plus d’Irakiens se rassembler sur les trottoirs, devant des cafés ambulants sans être trop inquiétés par les forces de l’ordre.

    Ce couvre-feu total risque donc de ne pas être totalement respecté. Ce qui fait craindre une hausse des contaminations peut-être dans les prochaines semaines. C’est en tout cas ce que redoute le personnel soignant. L’Irak a vécu une seconde vague très virulente, avec près de 10 000 nouvelles contaminations par jour, « officiellement ». Car tous les médecins disent ici que ces chiffres sont sous-évalués.

    Tous les services étaient en tout cas surchargés, et ca ne se calme que depuis quelques jours. Ce personnel soignant redoute donc que, malgré ce couvre-feu, de larges rassemblements, familiaux, religieux, soient organisés et aggravent une nouvelle fois la situation. Particulièrement à l’heure où plusieurs cas du variant dit indien ont été détectés en Irak. On sait que ce variant préoccupe beaucoup la communauté scientifique, et en Irak, le système de santé est quasi inexistant. Pour ces médecins ce n’est donc absolument pas le moment de lâcher du lest si l’on veut éviter un scénario catastrophe.

    L’Indonésie redoute un scénario à l’indienne
    En Indonésie, pays qui compte le plus de musulmans au monde, la fin du ramadan génère d’immenses mouvements de migrations intérieures : c’est le mudik. Des millions de travailleurs retournent dans leur région natale. Cette année, malgré la pandémie de Covid-19 et l’interdiction de voyager, le gouvernement s’attend à ce que 18 millions de personnes parviennent quand même à circuler. Les épidémiologistes redoutent le pire.

    C’est la même comparaison qui revient sans cesse, celle d’un scénario à l’indienne. L’Indonésie était déjà mal préparée à la pandémie, avec seulement trois lits de soin intensifs pour 100 000 habitants. Et aujourd’hui, avec les variants sud-africain, anglais et indien qui circulent, un scénario catastrophe est à craindre.

    Pour l’épidémiologiste Dicky Budiman ces migrations de fin de ramadan sont terribles car elles mettent à mal un des seuls atouts dont dispose l’Indonésie dans sa bataille contre le Covid-19 : « Comme nous sommes un archipel, nous avons des barrières naturelles, les îles sont de facto confinées, donc il faudrait utiliser cette géographie, mais là c’est trop tard on a perdu cette opportunité. »

    >>> L’indonésie mise sur un vaccin certifié halal

    Si les voyages sont interdits, comment ces migrations sont elles possibles ? Certains sont partis avant la date officielle d’interdiction, d’autres prennent des petites routes, se cachent dans des camions de marchandise. Pour Dicky Budiman, cette obstination à fêter l’Aïd normalement est aussi le symptôme du peu de crédit qu’ont les autorités sanitaires dans ce pays.

    En Indonésie, 80% des gens, lorsqu’ils tombent malades, se soignent par eux-mêmes. En attendant, le virus circule à un taux inquiétant : sur un échantillon de 6 000 voyageurs pris au hasard par le gouvernement, 61% étaient positifs au Covid-19.

    Franceinfo, 12 mai 2021

    Etiquettes : Tunisie, Irak, Indonésie, Aïd El Fitr, Ramadan, covid 19, pandémie, coronavirus, confinement,

  • Tunisie: les musulmans célébreront l’Aïd-el-Fitr confinés

    Depuis dimanche, la Tunisie est rentrée dans un confinement d’une semaine en raison de la situation sanitaire qui se détériore. Ce nouveau de confinement qui englobe la célébration de l’Aïd-El-Fitr, la fête de la fin du mois de Ramadan, suscite la colère des commerçants et artisans.

    La décision des autorités tunisiennes d’instaurer un nouveau confinement d’une semaine, du 9 au 16 mai, suscite de la colère et des manifestations au sein de la population, principalement pour son impact sur l’activité économique.

    Durant cette période, les mosquées doivent fermer et les prières du vendredi et de l’Aïd-el-Fitr sont annulées. Il est, en outre, interdit de circuler entre les villes, les rassemblements pour les événements sportifs ou familiaux et toutes les manifestations publiques ou privées sont interdites. Les parcs et centres commerciaux, les marchés hebdomadaires et supermarchés sont également fermés pendant cette période à l’exception des commerces de proximité et ceux liés aux secteurs vitaux.

    Plusieurs commerçants et propriétaires de café dans la ville de Gabès, dans le sud-est, ont organisé, dans la nuit du samedi 8 mai, un rassemblement de protestation devant le gouvernorat de la région pour exprimer leur refus du confinement général qui aura des incidences graves sur leurs activités, la période de l’Aïd étant une occasion pour se refaire une santé financière.

    Ces nouvelles mesures sanitaires de lutte contre le coronavirus coïncident, en effet, avec la fête marquant la fin du mois de jeûne du Ramadan, attendue cette année le 13 mai. À l’occasion de cette fête, les musulmans qui se réunissent traditionnellement en famille ou entre amis, après la grande prière à la mosquée, sont enjoints de rester chez eux.

    « Nous ne pouvons pas accepter »

    Dimanche 9 mai, au premier jour de ce nouveau confinement, plusieurs dizaines de chauffeurs de taxi se sont rassemblés à Tunis, la capitale, pour manifester contre ces nouvelles mesures, selon un correspondant de l’AFP. « Nous n’avons pas assez d’argent pour vivre, nous ne pouvons pas accepter de rester chez nous, » a dit l’un d’entre eux.

    Dans le gouvernorat de Sousse, dans le centre-est, la branche de l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (Utica), la principale organisation patronale, a décidé de faire fi de ces restrictions supplémentaires : « Nous avons décidé de poursuivre les activités commerciales, étant donné les conditions économiques difficiles de la plupart des entreprises ».

    Le système de santé menace de s’écrouler

    Certains internautes ont par contre salué la décision des autorités et encouragé le respect des nouvelles mesures de lutte contre la pandémie. « Vu la pandémie dans le pays, le gouvernement avait-il d’autres choix ?, interroge Lilia Reno. D’ailleurs, de nombreux Tunisiens attendaient cette décision et espèrent ainsi la diminution du nombre de cas et de décès. »

    Selon le bilan de la pandémie dans le pays communiqué le 9 mai, la Tunisie a enregistré « 1 301 nouveaux cas de contamination au coronavirus et 79 décès supplémentaires durant ces dernières 24 heures. 2 518 sont actuellement hospitalisés, dont 490 patients en réanimation et 138 sous assistance respiratoire ». La Tunisie compte donc, à cette date, 320 813 cas confirmés de covid-19 et 11 429 décès, depuis le début de la pandémie en mars 2020.

    En raison d’un système de santé qui menace de « s’écrouler » du fait de l’afflux grandissant de malades dans les hôpitaux, les autorités tunisiennes ont annoncé, vendredi 7 mai, l’instauration d’un nouveau confinement du 9 au 16 mai, et un durcissement du couvre-feu qui commence désormais à 19 heures jusqu’à 5 heures.

    Guy Aimé Eblotié (avec AFP)

    La Croix Africa, 10 mai 2021

    Etiquettes : Ramadan, Aïd El Fitr, jeûne, confinement, coronavirus, covid 19, pandémie,

  • Fêtes de la « liberté » : Les Espagnols célèbrent la fin du couvre-feu du COVID

    Des Espagnols exaltés ont dansé dans les rues, scandé « liberté » et fait la fête sur les plages pendant la nuit, alors que le couvre-feu du COVID-19 a pris fin dans la majeure partie du pays.

    Dans des scènes semblables aux célébrations du Nouvel An, des centaines de personnes, principalement des jeunes, se sont rassemblées sur la place Puerta del Sol de Madrid pour applaudir l’horloge qui sonnait minuit, tandis qu’à Barcelone, les fêtards se sont dirigés vers la plage, boissons à la main.

    À Barcelone, la police a eu l’étrange tâche de faire circuler les gens après le début du dernier couvre-feu à 22 heures, pour les laisser revenir à minuit, lorsque le couvre-feu a pris fin pour de bon.

    Certaines personnes portaient des masques, mais il y avait peu de distance sociale entre les amis qui s’embrassaient, s’étreignaient, dansaient et chantaient.

    « Les jeunes, comme tout le monde, ont été très restreints », a déclaré Paula Garcia, 28 ans, employée de magasin, sur la plage de Barcelone. « Il était temps de nous donner un peu de liberté pour profiter un peu de l’été ».

    IL EST TEMPS DE NOUS LAISSER SORTIR

    L’une des nations les plus touchées d’Europe, l’Espagne a connu 78 792 décès dus au coronavirus et 3,6 millions de cas. Mais les taux d’infection ont chuté et les vaccinations progressent rapidement, ce qui a permis à la plupart des 17 régions de supprimer le couvre-feu jusqu’à l’aube.

    Seules quatre régions le maintiennent : les Baléares, les Canaries, la Navarre et Valence.

    « Il était temps qu’ils nous laissent sortir », a déclaré Andreu Pujol, 25 ans, employé de magasin, également sur la plage de Barcelone.

    « Malgré cela, je suis toujours très mécontent de la gestion (de la pandémie). On voit que dans ce pays, tout ce qu’ils font, c’est inventer des choses au fur et à mesure ».

    Alors que des fêtes improvisées ont vu le jour dans les centres-villes du pays, la police a gardé un œil vigilant, rappelant à certains fêtards qu’il était interdit de boire dans la rue.

    La présidente régionale de droite de Madrid, Isabel Diaz Ayuso, vient d’être réélue après avoir fait campagne sur des mesures plus souples, mais la ville a le deuxième taux d’infection le plus élevé d’Espagne et a toujours ordonné la fermeture des bars et des restaurants à partir de minuit.

    Malgré cela, la fin du couvre-feu a suscité la joie.

    « Le droit de circuler librement est fondamental », a déclaré Luis Rigo, un habitant de Madrid, à la Puerta del Sol.

    « Je suis heureux, je suis ravi bien sûr ».

    Reuters, 09 mai 2021

    Etiquettes : Espagne, covid 19, couvre-feu, restrictions, confinement,

  • Belgique : La police disperse une fête anti-confinement à Bruxelles

    La police a tiré des canons à eau et des gaz lacrymogènes dans un parc de Bruxelles samedi pour disperser une fête anti-confinement de plusieurs centaines de personnes visant à défier les règles de distanciation sociale liées au coronavirus.

    La foule, composée essentiellement de jeunes, avait répondu à un message publié sur Facebook annonçant cette fête non autorisée. Cette fête a eu lieu un mois après que la police a fait évacuer 2 000 personnes qui s’étaient rassemblées dans le même parc du Bois de la Cambre pour la Boum (la fête), un événement qui avait commencé comme un poisson d’avril.

    La Boum 2, qui a suivi le 1er mai, jour traditionnel des manifestations, a eu lieu une semaine avant que le gouvernement belge n’autorise l’ouverture des terrasses de cafés et de bars et ne permette aux groupes de plus de quatre personnes de se réunir à l’extérieur dans le cadre d’un assouplissement des règles du COVID-19.

    Le Premier ministre Alexander De Croo a exhorté vendredi les Belges à rester unis et à ne pas « tomber dans ce piège ». Facebook a également retiré le message de Boum 2 jeudi, à la demande des procureurs belges, qui ont prévenu les fêtards qu’ils risquaient d’être arrêtés ou condamnés à une amende.

    Selon la police, plusieurs centaines de personnes étaient encore présentes.

    Emile Breuillot, un étudiant en médecine dentaire de 23 ans, a déclaré qu’il était venu pour voir les gens s’amuser et pour défendre leur droit de se rassembler.

    Après un début calme avec des groupes scandant « liberté », la police a annoncé sur les médias sociaux que les participants ne respectaient pas les mesures de sécurité publique et qu’elle allait intervenir. De nombreuses personnes ne portaient pas de masque, une obligation pour tout lieu public dans la capitale belge.

    Des centaines de personnes ont également défilé dans le centre de Bruxelles et dans la ville de Liège (est) pour demander un assouplissement des mesures relatives au coronavirus.

    Reuters, 01 mai 2021

    Etiquettes : Belgique, confinement, coronavirus, covid 19, pandémie,

  • Covid19 : couvre-feu décalé à 21H le 19 mai et levé le 30 juin (Macron)

    Dans un entretien à la presse régionale, Emmanuel Macron a indiqué que le couvre-feu sera décalé à 21h00 le 18 mai et levé le 30 juin. Il a également considéré qu’il serait « absurde de ne pas utiliser » un système de pass sanitaire » dans les lieux comme les stades, festivals, foires ou expositions ». L’accès serait alors conditionné à un test négatif ou un certificat d’immunité.

    « Il ne saurait être obligatoire pour accéder aux lieux de la vie de tous les jours comme les restaurants, théâtres et cinémas, ou pour aller chez des amis », a-t-il prévenu.

    AFP

    Etiquettes : France, Emmanuel Macron, couvre-feu, confinement, pass sanitaire, test négatif, certificat d’immunité, covid 19, coronavirus, pandémie,

  • Turquie/Covid-19: Erdogan annonce une fermeture complète du pays dès jeudi

    Le Président turc, Recep Tayyip Erdogan, a annoncé la fermeture complète du pays de 19 heures, jeudi 29 avril à 05 heures le lundi 17 mai, dans le cadre des mesures visant à faire face à la pandémie du coronavirus.

    C’est ce qui ressort d’une conférence de presse tenue, lundi, après une réunion du gouvernement dans la capitale, Ankara.

    Erdogan a également indiqué que l’enseignement présentiel sera suspendu dans toutes les institutions, y compris les jardins d’enfants, et tous les examens seront reportés.

    Il a expliqué que les chaînes de magasins poursuivront leur travail pendant la fermeture complète conformément aux mesures fixées, sauf les dimanches.

    Le chef de l’Etat turc a souligné l’importance de réduire au plus vite le nombre des infections à moins de 5 000 par jour, afin de ne pas prendre du retard sur l’Europe, dont certains de ses pays ont commencé à reprendre progressivement une vie normale.

    Erdogan a affirmé que la Turquie payera une facture très coûteuse dans tous les domaines, tels que le tourisme, le commerce et l’éducation si elle n’applique pas les mesures précitées.

    Il a expliqué que la fermeture ne concerne pas les entreprises productives, d’alimentation, de nettoyage et de santé, tout en permettant au secteur de l’alimentation et des boissons de poursuivre ses activités via la livraison à domicile.

    Il a indiqué que les déplacements entre les villes turques nécessiteront désormais une autorisation spéciale pendant la fermeture, à condition que le nombre de passagers dans les bus soit réduit de moitié.

    Jusqu’à lundi soir, la Covid-19 a touché plus de 4 667 000 personnes en Turquie, dont plus 38 000 sont décédées, tandis que 121 000 se sont rétablies selon un dernier bilan.

    Agence Anadolou, 26 avr 2021

    Etiquettes : Turquie, coronavirus, covid 19, confinement, fermeture des frontières,

  • L’Europe rouvre ses portes, mais les patients atteints du virus continuent de submerger les équipes de soins intensifs

    Associated Press

    PARIS (AP) – Tenant la tête de la patiente COVID-19 profondément sédatée comme un bijou précieux dans ses mains, le Dr Alexy Tran Dinh a guidé ses infirmières de soins intensifs tout au long du processus délicat consistant à faire rouler la femme sur le ventre et sur le dos, guidant l’équipe comme un professeur de danse.

    Ils n’ont bougé que sur le compte de Tran Dinh, à l’unisson et avec une extrême précaution, car la patiente inconsciente pouvait mourir en quelques minutes s’ils arrachaient par inadvertance le tube respiratoire de sa bouche.

    « Un, deux et trois – sur le côté », ordonne le médecin.

    Son ordre suivant a rapidement suivi : « Sur le dos. »

    « Parfait », a-t-il conclu quand le mouvement a été effectué.

    Avec l’arrivée de trois infirmières et d’un soignant costaud d’une autre section de l’hôpital parisien, la série de mouvements coordonnés n’était qu’une des milliers d’interventions médicales – petites et grandes, humaines, mécaniques et pharmaceutiques – qui maintenaient la serveuse retraitée de 64 ans au seuil de la vie, tandis qu’elle se battait pour guérir ses poumons malades.

    Elle n’était que l’un des quelque 6 000 patients gravement malades qui se trouvaient encore dans les unités de soins intensifs françaises cette semaine, alors que le pays s’engageait dans le processus périlleux de la sortie délicate de son dernier verrouillage – trop prématurément pour certains travailleurs de première ligne dans les hôpitaux.

    La décision du président français Emmanuel Macron de rouvrir les écoles primaires lundi et de permettre aux gens de se déplacer plus librement en mai – même si le nombre d’unités de soins intensifs reste obstinément plus élevé que jamais depuis la première poussée catastrophique de la pandémie – marque un changement de priorité des hôpitaux qui a lieu dans plusieurs capitales européennes.

    En France, en Grèce et ailleurs, le curseur se déplace vers d’autres impératifs économiques, sociaux et éducatifs. Les gouvernements se servent de l’accélération des vaccinations pour étayer leurs arguments en faveur d’un assouplissement des restrictions, bien qu’un quart seulement des adultes en Europe aient reçu une première dose.

    Avec un nombre record de patients atteints de la maladie COVID-19 en soins intensifs, la Grèce a annoncé la réouverture de son secteur touristique à partir de la mi-mai. Le premier ministre espagnol a déclaré que l’état d’urgence qui a permis d’imposer des couvre-feux et des interdictions de voyager ne sera pas prolongé à son expiration le 9 mai, en partie parce que les vaccinations permettent une désescalade sûre des restrictions. Et ce, bien que plus de 2 200 patients gravement malades atteints de la maladie COVID-19 occupent encore un cinquième des lits des unités de soins intensifs en Espagne.

    À partir de lundi, dans les zones à faible risque, les écoles italiennes peuvent rouvrir pour un enseignement à plein temps, en personne, et les restaurants et les bars peuvent proposer un service à table, en plein air. Les Pays-Bas mettent fin au couvre-feu nocturne et rouvrent les terrasses des bars et des cafés pour la première fois depuis la mi-octobre, alors même que les hôpitaux réduisent les soins non urgents afin d’augmenter le nombre de lits de soins intensifs pour les patients atteints du virus COVID-19.

    En France, le Premier ministre Jean Castex a déclaré que la dernière vague d’infection qui a poussé le nombre de décès liés au COVID-19 à plus de 100 000 personnes dans le pays a entamé une lente décrue, permettant la réouverture de toutes les écoles et la levée des restrictions sur les déplacements en journée à partir du 3 mai. Le Castex a également évoqué la possibilité que les magasins et le service extérieur des restaurants et cafés fermés depuis octobre puissent rouvrir à la mi-mai.

    « Le pic de la troisième vague semble être derrière nous, et la pression de l’épidémie se relâche », a déclaré M. Castex jeudi.

    Ce n’est pas ce que ressent Nadia Boudra, infirmière en soins intensifs à l’hôpital Bichat à Paris. Jeudi, sa garde de 12 heures a commencé par la tâche désagréable de sceller dans une housse mortuaire le cadavre d’un homme de 69 ans décédé dans la nuit à cause du COVID-19, quelques heures seulement avant que sa fille ne prenne l’avion du Canada dans l’espoir de le voir vivant.

    « Nous avons le nez dedans. Nous voyons ce qui se passe, nous voyons que des gens meurent – beaucoup », dit-elle. Pour elle, la réouverture des écoles et, éventuellement, la possibilité de manger et de boire en plein air en mai sont « trop tôt » – un message trompeur selon lequel « les choses vont mieux ».

    « Clairement, » dit-elle, « ce n’est pas le cas ».

    Après avoir envoyé le corps de l’homme à la morgue de l’hôpital, Mme Boudra s’est occupée de la serveuse retraitée, gravement malade, qui est désormais l’unique occupante de l’unité de soins intensifs improvisée mise en place pour les patients du COVID-19 dans ce qui avait été une salle d’opération. Les soins, l’expertise et la technologie mis en œuvre pour maintenir cette femme en vie ont donné un aperçu des efforts nationaux considérables – humains, médicaux et financiers – que la France et d’autres pays continuent de déployer dans les unités de soins intensifs, alors que les personnes en bonne santé planifient désormais des escapades en mai et des sorties entre amis.

    Alors que la femme gisait inconsciente, 5 980 autres patients gravement malades étaient également maintenus en vie grâce à un dévouement humain et mécanique de tous les instants dans d’autres unités de soins intensifs de France. Des gouttes automatisées fournissaient des sédatifs, des analgésiques et des médicaments pour prévenir les caillots sanguins mortels et les fuites dans les veines de la femme. De l’oxygène enrichi, préalablement passé dans de l’eau pour la réchauffer et l’humidifier, a été pompé mécaniquement dans ses poumons. L’équipe des soins intensifs a également reçu un appel de la fille de la femme, qui téléphone matin et soir pour avoir des nouvelles. Les nouvelles étaient mauvaises le jeudi matin.

    Alors que la femme gisait inconsciente, 5 980 autres patients gravement malades étaient également maintenus en vie grâce à un dévouement humain et mécanique 24 heures sur 24 dans d’autres unités de soins intensifs à travers la France. Des gouttes automatisées fournissaient des sédatifs, des analgésiques et des médicaments pour prévenir les caillots sanguins mortels et les fuites dans les veines de la femme. De l’oxygène enrichi, préalablement passé dans de l’eau pour la réchauffer et l’humidifier, a été pompé mécaniquement dans ses poumons. L’équipe des soins intensifs a également reçu un appel de la fille de la femme, qui téléphone matin et soir pour avoir des nouvelles. Elles étaient mauvaises le jeudi matin : Tran Dinh a dit à sa fille que la respiration de sa mère s’était détériorée.

    « Si vous enlevez les machines, elle mourra en quelques minutes, peut-être moins », a déclaré le médecin. « Il n’y a pas de place pour l’erreur. »

    Pourtant, ce patient n’était même pas le plus fragile. Un poumon artificiel, dernier recours pour les patients aux poumons ravagés par la maladie, maintenait en vie un homme de 53 ans. Coûteux et gourmand en ressources, ce traitement de pointe est réservé aux patients jugés suffisamment forts pour avoir une chance de survivre. Environ 50 % d’entre eux meurent encore, a déclaré le Dr Philippe Montravers, qui dirige le service de réanimation chirurgicale de Bichat, géré par l’AP-HP.

    Son service dispose de quatre machines ECMO, toutes utilisées pour les patients sous COVID-19. L’homme est branché au sien depuis plus d’un mois, mais « son état ne s’améliore pas du tout », a déclaré M. Montravers.

    « Cette machine ne fait que gagner du temps », a-t-il ajouté. « C’est une bouée de sauvetage, rien de pl us. »

    L’infirmière Lea Jourdan a déclaré que s’occuper d’une personne aussi fragile est physiquement et mentalement épuisant.

    « Vous devez faire attention à tout, à tous les tubes, à ne rien arracher lorsque vous le retournez », dit-elle. « C’est difficile de voir le positif et de se dire qu’il va survivre ».

    AP News, 24 avr 2021

    Etiquettes : Europe, coronavirus, covid 19, pandémie, frontières, ouverture, confinement, hôpitaux, contaminations,

  • UE : Pris à la gorge

    par Abdou BENABBOU


    Qui aurait pensé, il y a quelque temps encore, que chacun des Etats européens, scellés par une union rigide, se recroqueville sur lui-même et institue un visa d’un genre particulier pour n’importe quel ressortissant du vieux continent ? Qui aurait cru, il y a un an à peine, que l’Espagne fermerait ses portes à tout voyageur français qui frapperait à sa porte? A la faveur des immenses déconvenues imposées par la pandémie du coronavirus, l’espace Schengen semble perdre sa consistance et ne plus répondre à l’esprit qui l’a fait naître. Le dieu virus a imposé ses lois pour que l’étendard aux vingt-sept étoiles ne soit plus qu’une effigie aléatoire que les nombreuses conséquences économiques et politiques néfastes ne lui permettent d’être livré qu’aux humeurs des vents.

    Le passeport sanitaire a pris la place du fameux visa. Il n’est pas dit que c’est là une œuvre d’un virus. Le corona n’a fait que dénuder l’espèce humaine pour qu’elle revienne à ses ancestraux repères, faute d’avoir trouvé le vrai itinéraire du grand bonheur. Déroutants, les temps ont changé. La nature, souvent imprévisible et rarement domptable, est encore venue calmer et redimensionner, à sa juste mesure, la nature humaine. Véritables séquestrations, les confinements en Europe ne s’arrêtent plus seulement à l’interdiction du mouvement de la population. Elles font perdre à la notion des nationalismes ses couleurs et de plus en plus nombreux sont ceux décidés à prendre le large pour prendre de l’air. Comme il est question d’une insoutenable mal-vie, la tendance est au retour aux origines de l’homme, toujours en quête de nouveaux espaces de chasse quand il a faim.

    Le Moyen-Orient, l’Asie et l’Amérique ont des cieux de prédilection pour se refaire une nouvelle vie et une pléthore de ressortissants européens s’y installent pour replanter leurs gènes non sans détermination pour donner une gifle aux frontières et à leurs embrigadements. Tous n’ont de nations que celles des terres qui les nourriront. Il est indéniable que le mouvement migratoire du sud vers le nord va inverser le cours du sens. Témoins, l’échappée vers les cieux ensoleillés s’accentue et des harraga africains, par centaines, déçus et désopilés, se surprennent pris à la gorge pour décider de revenir au bercail. Le paradoxe est permanent. Le monde est infini et réduit en même temps. Sa surface est tantôt large ou tantôt limitée, selon la disponibilité du pain.

    Le Quotidien d’Oran, 8 avr 2021

    Etiquettes : Europe, Union Européenne, UE, coronavirus, covid 19, pandémie, fermeture des frontières, confinement,

  • Des dizaines de passagers de Melilla bloqués au Maroc

    Le Maroc suspend à 12 heures dans la nuit de mardi à mercredi, avec un préavis d’à peine 24 heures, ses vols avec l’Espagne par mesure anti-covidale

    Le Maroc suspend à partir du mardi 30 mars à minuit ses vols avec l’Espagne jusqu’à nouvel ordre, pour tenter de freiner la propagation de nouvelles variantes du covid comme la souche britannique, qui est déjà très présente dans notre pays. Les communications maritimes entre l’Espagne et le Maroc continueront, mais ce ne sera pas avant le 4 avril, avec un bateau de Tanger à Algésiras, avec un ferry pour les Baléares pour les Espagnols ou les résidents en Espagne.

    Des dizaines de personnes de Melilla se trouvent ces jours-ci au Maroc, venues profiter des vacances scolaires de Pâques, par l’intermédiaire de la compagnie aérienne Air Arabia, qui sont donc bloquées à moins d’obtenir une place sur le ferry organisé par l’ambassade d’Espagne au Maroc le 4 avril. Les passagers concernés tentent également d’obtenir des agences de voyage qu’elles organisent un vol spécial pour renvoyer en Espagne les passagers qui se retrouvent sans billet de retour à Melilla.

    Le royaume alaouite a inclus l’Espagne et la France dans sa liste de pays avec lesquels il a suspendu le trafic aérien, par mesure d’évitement, mais ce changement soudain a également surpris les dizaines de citoyens de Melilla qui se trouvent actuellement dans le pays voisin, et qui s’inquiètent de ne pas savoir comment ils pourront rentrer chez eux.

    Melilla Hoy, 30 mars 2021

    Etiquettes : Espagne, Maroc, Melilla, confinement, fermeture des frontières,

  • Maroc : frontières refermées, trafic aérien divisé par quatre

    Le Maroc a ajouté six pays à la longue liste des frontières fermées en raison de la pandémie de Covid-19, dont le Cameroun, alors que le trafic dans les aéroports du pays a déjà plongé de 73,24% durant les deux premiers mois de l’année.

    Déjà allongée en début de mois, la liste des « nations interdites de vol » au Maroc jusqu’au 10 avril 2021 (y compris pour leurs passagers en transit) accueille désormais l’Argentine, la Bosnie-Herzégovine, le Botswana, le Cameroun, la Croatie et le Mozambique – la France n’y figurant toujours pas, contrairement à la Belgique ou la Suisse entre autres.

    Cette liste compte désormais 32 pays : Afrique du Sud, Algérie, Argentine, Allemagne, Australie, Autriche, Belgique, Bosnie-Herzégovine, Botswana, Brésil, Cameroun, Croatie, Danemark, Égypte, Finlande, Grèce, Irlande, Italie, Koweït, Liban, Mozambique, Norvège, Nouvelle Zélande, Pays-Bas, Pologne, Portugal, République Tchèque, Royaume-Uni, Suède, Suisse, Turquie et Ukraine.

    Air Journal, 22 mars 2021

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