Étiquette : Emmanuel Macron

  • Zemmour et consorts, mensonges et dérapages

    Zemmour et consorts, mensonges et dérapages – France, extrême droite, Eric Zemmour, Marine Le Pen, Emmanuel Macron, élections présidentielles, islamophobie, xénophobie,

    L’étranger est la cause. En fait celui qu’on classe comme étranger, en se basant non plus sur sa carte d’identité (française) mais sur sa culture d’origine. Et pour le prénommé Zemmour et tous les médias qui lui ouvrent grandes leurs portes, c’est l’islam la source depuis mille ans des dérapages, des maux qui affectent la France. En fait cette thèse est ancienne et relève de l’histoire événementielle qui monte en épingle des faits, vrais ou faux, pour en faire des causes profondes. Il en fut ainsi, avant l’islam, des Barbares qui auraient détruit l’empire romain, alors que l’histoire sociale a montré que l’empire s’est désagrégé sous le poids de ses contradictions internes, parce qu’il n’était plus compétitif et que l’esclavage qui était son ressort productif avait un coût qui imposait de passer à un autre mode de production (le servage).

    Les invasions barbares ont dans les faits apporté non seulement des techniques nouvelles avec elles, mais permis la mise en place de nouvelles institutions qui allaient faire par la suite le meilleur du moyen-âge européen. Dans l’idéologie occidentale l’islam a pris après la relève des barbares comme source de maux alors que tous les sauts et soubresauts ont des causes internes. En plus on a mis entre parenthèses l’épisode d’Alandalus, et toute la chaîne de transmission des lumières qu’ont constitué les travaux des savants arabes.

    Aujourd’hui on ressort la même rengaine oubliant que la France souffre d’un appareil productif défaillant qui la relègue loin dans la hiérarchie des pays développés. Alors la tête de turc qui se prête le mieux à la vindicte parce que le populaire apprécie ce discours, est celle de l’immigré.

    Le plus grave est que ceux qui savent se taisent et laissent cet individu et ses compères inoculer à un pays, qui fut, ce poison mortel de la haine.

    Mohammed Ennaji

    Source: Facebook

  • Un naufrage printanier

    Un naufrage printanier. L’approche de l’élection présidentielle d’avril 2022 aiguise les positions

    Pour une France tourmentée par les débats sur l’immigration, l’insécurité, les inégalités et les retombées de la crise du Covid-19, l’approche de l’élection présidentielle d’avril 2022 aiguise les positions. Il n’en va pas de même, selon qu’on se situe à droite ou à gauche, et même l’extrême droite découvre, avec effroi, qu’elle a, elle aussi, son âme damnée, avec un Eric Zemmour, devenu la mouche du coche.

    La cheffe du Rassemblement national a, désormais, le regard sur le rétroviseur car elle n’est plus aussi sûre de figurer au second tour, face à un Emmanuel Macron, donné favori du scrutin malgré une large désaffection de l’électorat, à la fois au centre-gauche et au centre-droit qui constituent, l’un et l’autre, son principal vivier. Mais c’est surtout le sort du Parti socialiste qui semble préoccuper les observateurs, la candidate Anne Hidalgo, maire de Paris, étant toujours à la peine pour convaincre les troupes, traditionnellement inscrites dans ce camp. Sa candidature, constatent-ils, ne «soulève pas les foules» et nombreux sont les socialistes qui font la moue à son sujet, dès lors qu’elle représente le centre-gauche du parti.

    Son aura politique est, d’ailleurs, circonscrite à la seule capitale et, dans tous les autres fiefs, on tarde à se positionner en sa faveur, au risque d’infliger au PS une nouvelle déconvenue, comme lors de la présidentielle de 2017, lorsqu’il s’est réveillé groggy, avec un score désastreux de 6% dont le candidat Benoît Hamon ne s’est jamais remis. L’échec consommé, malgré la promesse du revenu universel, il a quitté la vie politique et refusé, récemment, une invitation de la chaîne tv favorite d’Eric Zemmour.

    Dans un tel contexte, la tentation est grande pour beaucoup de basculer chez les Verts, voire carrément la France insoumise, en dépit du caractère fantasque de son chef de file, Jean-Louis Mélenchon. Il faut dire que les sondages ne laissent pas de marge à l’enthousiasme puisqu’ils créditent Anne Hidalgo d’un gain entre 4 et 7% qui montre combien son «projet de reconquête sociale, écologique et démocratique» reste méconnu.

    Son message à l’adresse des enseignants auxquels elle promet un doublement des salaires n’a pas encore fait tilt. Preuve que la barre fatidique des 5%, en-deçà desquels les frais de campagne ne sont pas remboursés par l’Etat, est loin d’être acquise. Le PS ayant dû vendre son siège historique, après la débâcle de 2017, survivra-t-il à un nouveau naufrage? Telle est la question pour laquelle nombreux sont ceux qui se frottent, déjà, les mains.

    Sans une identité politique forte et un projet viable, le parti de Mitterrand est, assurément, mal parti pour 2022.

    Chaabane BENSACI

    L’Expression, 28/10/2021

  • « Le parlement français à la solde des lobbies anti-algériens »

    « Le parlement français à la solde des lobbies anti-algériens ». Comme si le comble de la provocation émanant des hautes autorités officielles françaises –le président Macron- n’a pas suffi pour assouvir leur haine de l’Algérie, le Parlement français en a récemment rajouté une couche.

    Ce qui confirme de facto une intention délibérée de nuire à notre pays. La réponse du parlement national à travers sa deuxième chambre n’a pas été tendre avec l’ancienne puissance coloniale qui reste otage de ses phantasmes révolus. Ainsi, dans une conférence intitulée « Parlement français, halte à la guerre par procuration », organisée hier par l’Assemblée populaire nationale, le bureau et les chefs des groupes parlementaires, représentants de la société civile et des experts, ont disséqué la dernière campagne française dirigée contre l’Algérie. Otages du complexe de colonisateur qui leur colle toujours à la peau, ceux qui incarnent aujourd’hui, tout comme hier d’ailleurs, la culture d’État et politique française, sont à l’affut. Et pour cause, la consolidation de la souveraineté et le grand retour de la diplomatie de l’Algérie aux devants de la scène régionale et africaine semble leur rester en travers de la gorge. Ouvrant le bal de la conférence, le vice-président d’APN chargé des relations extérieures, Moundir Bouden, est allé droit au but : « Le parlement français mène une guerre par procuration au profit des lobbies qui visent à exercer la pression et le chantage contre l’Algérie en s’ingérant manifestement dans ses affaires intérieures », charge-t-il.

    Une réponse au débat indécent récemment organisé à l’Assemblée française sur « la situation en Algérie » lors duquel d’autoproclamés représentants de l’opposition algérienne se sont, toute honte bue, attaqués à leur pays et l’ont poignardé dans le dos depuis l’étranger. Ainsi, ajoute le vice-président de l’APN, le Parlement français ignore jusqu’à la réalité politique algérienne pour « oser » déstabiliser l’Algérie, qualifiant cette acte d’ingérence d’un harcèlement qui dépasse les règles et usages diplomatiques. Dont acte, les personnalités « algériennes » conviées à ce débat tout aussi à la solde des lobbies qui, sous la bannière du parlement français, sont derrière des manipulations en ayant recours à toutes les méthodes et les moyens pour déstabiliser l’Algérie. Comme l’exploitation démagogique de « la démocratie » et des « droits de l’homme » pour déstabiliser l’Algérie sur les plans interne et externe. Et en la matière, l’Algérie n’a de leçon à recevoir de quiconque, réplique le conférencier.

    En tout cas, c’est une entreprise funeste vaine, car « l’Algérie est forte de ses Institutions, de son peuple, de son Président et de son Armée », qui sont déterminés « à traiter équitablement avec tout le monde ». En somme, toute cette agitation française, qui vise à faire abandonner à l’Algérie les questions stratégiques et géostratégiques, sont vouées à l’échec.

    Criminaliser la colonisation française

    Lui emboîtant le pas, le chef du groupe parlementaire du parti FLN, Ahmed Saddouk, a qualifié la sortie du Parlement français de provocations et d’immixtion flagrante dans les affaires de l’Algérie qui a « recouvré entièrement sa souveraineté et retrouvé son statut de puissance géopolitique ». Pour lui, cette tribune est une occasion pour réaffirmer le soutien total du Parlement national à l’Algérie, son Président, ses Institutions, son Peuple et son Armée. Tout comme ses successeurs à la prise de parole, le chef du groupe du premier parti à l’APN plaide pour le projet de criminalisation de la colonisation française et, entre autres, la révision de tous les accords bilatéraux avec la France. De son côté, le chef du groupe des Indépendant, Wahab Aït Menguellet, dira que le Parlement algérien n’ « acceptera jamais les provocations et l’immixtion dans les affaires internes de notre pays. Nous sommes souverains, nationalistes et républicains. Le colonialisme de la France est terminé ! ».

    Adressant une pique à la France, le chef de la deuxième force à l’APN dira que l’Algérie dispose de « grands partenaires amis » pour ne citer que la Russie et la Chine, qui ont toujours été aux côtés de l’Algérie. Abondant dans le même sens, le chef du groupe RND, Mohamed Touil dira qu’à travers la rencontre organisée par Macron à l’Elysée, où il a invité des ressortissants algériens et, ou binationaux, l’intention de nuire à l’Algérie était délibérée. Tout comme d’ailleurs les autres groupes, à savoir le MSP, le mouvement El Binaa et le Front El-Moustakbal qui, tous ont cloué le bec au parlement français et dénoncé son ingérence dans les affaires de l’Algérie.

    Farid Guellil

    Le Courrier d’Algérie, 26/10/2021

  • Algérie-France: Au bord de la rupture ?

    Algérie-France: Au bord de la rupture ? Les relations entre Paris et Alger traversent une période de fortes turbulences depuis les déclarations d’Emmanuel Macron sur le système algérien et l’existence de la nation algérienne avant la colonisation française

    Les relations algéro-françaises traversent une période de fortes turbulences depuis les déclarations d’Emmanuel Macron sur le système algérien et l’existence de la nation algérienne avant la colonisation française.
    En réaction aux propos controversés du président français, l’Algérie a rappelé son ambassadeur à Paris, Mohamed Antar Daoud, et interdit le survol de son territoire par les avions militaires français en opération au Mali.
    Des experts politiques et économiques et des observateurs ont déclaré que l’Algérie a récemment connu une progression importante dans le rapprochement et de la coopération avec la Turquie, au détriment de la France, dont les relations avec les pays arabes connaissent un refroidissement et une crise qui ont renforcé les récentes déclarations du président Emmanuel Macron.

    Les experts soulignent la récente détérioration des relations économiques franco-algériennes, qui peut constituer une opportunité historique pour l’Algérie et Ankara de se débarrasser de l’influence de Paris.
    L’Algérie a proposé à la Turquie à la fin de l’année dernière de créer un conglomérat d’entreprises multinationales pour pénétrer les marchés internationaux, et c’était lors de la réunion du ministre du Commerce Kamal Rezik avec l’ambassadeur d’Ankara en Algérie Mahinur Ozdemir Goktash.

    Ces évolutions positives sont intervenues à un moment où les relations de l’Algérie avec Paris connaissent de vives tensions, sur fond de récentes déclarations du président français Emmanuel Macron, qui ont suscité de vives réactions officielles et populaires.

    Les observateurs attendent que ces tensions se reflètent davantage sur le déclin progressif de la présence économique de la France en Algérie, qui a été accentuée par l’annonce par les commerçants algériens cette semaine du gel des accords de partenariat d’un montant d’un milliard d’euros.
    En évaluant l’indice coopératif entre l’Algérie et Paris depuis l’avènement du président Tebboune, l’économiste Abderahmane Toumi considère que la coopération se caractérise par un déclin dramatique de plusieurs facteurs dont le plus important est le passé colonial, et la volonté de garder l’Algérie en tant que marché, par l’influence dans la prise de décision.

    Il a cité la suspension du travail avec les bureaux d’études étrangers dans les grands projets, pour la plupart français, car ils drainaient 10 milliards de dollars par an, selon un rapport d’Al-Jazeera Net.
    Il a évoqué une baisse de 50 % des importations de blé pour l’année 2020, la première du genre en 58 ans, estimant la perte de la France à environ 2,5 milliards de dollars.

    Tomy a souligné que le contrat de gestion de l’eau de la société française (Suez) n’a pas été renouvelé, ce qui a entraîné une perte de 277 millions de dollars, ainsi que le non-renouvellement du contrat du métro d’Alger, avec une perte de 130 millions de dollars.


    Les autorités algériennes ont également rejeté l’acquisition par Total de la participation américaine « Anadarko Oil » à 5,5 milliards de dollars, ainsi que l’échec précédent des entreprises françaises à traiter avec la Grande Mosquée à environ 2 milliards de dollars.
    Il a considéré ces indicateurs comme une preuve évidente d’une intention sincère des autorités algériennes de s’orienter vers d’autres destinations plus fiables, plus rentables et plus sûres pour parvenir à l’indépendance économique.


    De son côté, le président du Forum algérien des affaires, Mourad Arouj, a déclaré que le marché algérien dans ses différents secteurs était l’apanage des entreprises françaises jusqu’en 2006, alors que 70 % des marchandises européennes y entraient par les institutions françaises.


    Arouj a critiqué l’accent mis par la partie française sur le secteur des services, comme la gestion d’entreprises publiques, de banques, d’assurances et d’activités de conseil « sans investir d’argent, mais (investissement) avec les ressources du trésor algérien et de l’épargne des citoyens, en échange de privilèges préférentiels sans précédent.»
    En revanche, Toumi estime que les relations algéro-turques ont connu un développement remarquable depuis l’accord de coopération de 2006, sur la base des données statistiques des références officielles des deux pays.


    A cet égard, il a souligné que le volume des échanges commerciaux a atteint environ 4 milliards de dollars fin 2020, dans le cadre d’un plan visant 10 milliards de dollars d’ici fin 2030, ouvrant la voie à un partenariat stratégique qui aboutira à la signature d’un accord de zone de libre-échange.


    Fin 2020, la Turquie enregistrait des investissements de plus de 5 milliards de dollars en Algérie, surperformant la France, distributeur traditionnel avec deux fois l’enveloppe financière, à travers 1 300 entreprises actives dans divers secteurs dont le plus important est « Tosyali Iron and Steel » avec 2,5 milliards de dollars, et l’industrie textile d’une valeur de 200 millions de dollars, avec la création de plus de 30 000 emplois, en plus des sociétés immobilières, qui détenaient la deuxième part après la Chine.


    Tomi a souligné une augmentation notable de la communauté turque, qui a dépassé les 25 000 Turcs et plus de 35 vols hebdomadaires de Turkish Airlines.

    Une alternative plus juste

    D’autre part, Arrouj, qui est le représentant de l’Algérie au Forum international des affaires en Turquie, confirme que les entreprises turques ont été confrontées à de gros obstacles en Algérie et à des blocages de la part des responsables des ministères, ce qui revenait à annuler les accords qu’elles avaient remportés dans les secteurs des équipements, des routes , les ponts, les chemins de fer et les médicaments, à travers le lobby français enraciné dans les centres de gouvernance, comme il l’a dit.

    Aujourd’hui, cependant, la Turquie dispose de nombreuses opportunités fortes pour améliorer ses relations économiques avec l’Algérie en raison de privilèges très importants, qui ont émergé avec les exportations de fer de l’Algérie et la coopération dans l’énergie, en particulier la pétrochimie.

    Arouj s’est concentré sur les perspectives de partenariat turc dans les domaines de la pharmacie, de la cosmétique, de l’alimentation, de la fabrication, du textile, des travaux et de la mécanique.
    Les investissements turcs sont également entrés dans les secteurs de la médecine, de la numérisation, du tourisme, de l’éducation, de la santé, de l’eau, de l’agriculture et des routes, et ils sont impatients de bénéficier de la réalisation du grand port de Hamdania, dans le cadre du projet chinois de la route de la soie.

    L’expert a révélé que des préparatifs sont actuellement en cours pour organiser un sommet avant la fin de 2021 en Algérie, après qu’Erdogan l’ait visité 3 fois, expliquant que le développement de la coopération vient sans contrainte ni condition politique, ce qui confère davantage le caractère de confiance et de rapprochement. D’autres domaines d’un niveau supérieur.
    Il a conclu que le partenaire turc sera une alternative économique à l’influence française et plus équitable et humaine avec les Algériens dans les 5 prochaines années.

    Il est à noter que la Société nationale des hydrocarbures (Sonatrach) a signé 3 contrats avec la société turque « Renaissance » pour développer le projet pétrochimique, pour produire du polypropylène dans la ville turque de Ceyhan, pour un coût de 1,4 milliard de dollars.

    Il était politiquement remarquable que le président turc Recep Tayyip Erdogan, accompagné de ses ministres du gouvernement, ait assisté à la cérémonie de signature plus tôt cette semaine.

    L’événement économique a coïncidé avec un nouveau refroidissement des relations algéro-françaises en raison du dossier de la mémoire, et le ministre algérien des Affaires étrangères Ramtane Lamamra a affirmé que son pays et la Turquie « entretiennent des relations historiques profondes », notant qu’Ankara a contribué au développement de l’Algérie, et cherche avec impatience d’autres investissements turcs dans les prochains jours.

    Dans une interview accordée au magazine français « Le Point » fin mai, le président algérien Abdelmadjid Tebboune a souligné que « l’Algérie entretient d’excellentes relations avec les Turcs, qui ont investi environ 5 milliards de dollars sans aucune revendication politique. Ceux qui sont gênés par cette relation n’ont qu’à venir investir avec nous », a-t-il déclaré, faisant référence aux Français.

    La glaciation entre Alger et Paris est bien réelle et le dégel ne s’annonce pas pour bientôt. Les événements de ces deux dernières semaines pourraient même cacher une volonté de la partie française de revoir profondément ses relations avec l’Algérie.

    C’est l’explication la plus plausible à la nouvelle attitude subite d’Emmanuel Macron, dont le discours peu diplomatique du 30 septembre peut s’apparenter à une manière de brûler ses vaisseaux.

    Tarek Benaldjia

  • Elections présidentielles : La poudrière française

    Elections présidentielles : La poudrière française. Dans les sondages, il y a deux candidats d’extrême droite avec des chances à peu près égales d’accéder au deuxième tour.

    Depuis pas mal de temps déjà, le microcosme politico-médiatique français est en plein dans la présidentielle d’avril prochain, avec dans l’ensemble les mêmes dispositions d’esprit, les mêmes interrogations qu’il y a quasiment cinq ans, comme si au fond rien n’avait changé dans l’intervalle. On ne sait trop, en revanche, si la masse des électeurs entretient la même obsession, ou si elle a pour le moment d’autres préoccupations, d’autres chats à fouetter. La question n’est pas sans intérêt, car elle commande l’attitude à adopter envers les sondages sur les intentions de vote, qui tendent à se multiplier. Il ne se passe désormais pas de semaine sans qu’il y en ait au moins un qui soit publié. Il faut s’attendre à ce qu’ils succèdent à une cadence plus grande à l’approche de l’échéance. D’eux on peut dire ce que les Trois Mousquetaires disaient d’eux-mêmes tous pour chacun et chacun pour tous.

    En effet, leur valeur quelle qu’elle soit, prédictive ou instantanée, serait sérieusement mise en doute s’ils se mettaient à diverger, à se contredire. La valeur des résultats de chacun dépend de leur proximité de ceux donnés par les autres. Ou bien ils se confortent les uns les autres, ou bien ils se décrédibilisent mutuellement. Supposons que le classement par ordre décroissant des intentions de vote correspondant aux candidats, déclarés ou non d’ailleurs, soit le même que celui d’une élection se tenant à la date du sondage.

    On a aujourd’hui en tête le président sortant, nettement devant les deux candidats d’extrême droite, Marine Le Pen et Eric Zemmour, eux-mêmes devant le candidat des Républicains, qu’il reste à désigner, et tout en bas les candidats de gauche, avec Jean-Luc Mélenchon étant le mieux placé, mais finalement pas de beaucoup. La différence la plus notable avec la campagne d’il y a cinq ans, c’est que maintenant il y a deux candidats d’extrême droite avec des chances à peu près égales d’accéder au deuxième tour.

    Cette situation est si peu normale pour un pays comme la France qu’il suffirait que l’un ou l’autre des candidats d’extrême droite passe devant Emmanuel Macron pour que rien n’aille plus. Si l’élection de 2022 est une sorte de répétition de 2017, c’est-à-dire avec au bout l’élection assurée d’Emmanuel Macron, passe encore, même s’il y a en cela déjà beaucoup de soucis à se faire pour l’avenir de ce pays. Mais si les sondages commençaient à dévier par rapport à ceux de 2017, donnant à penser par exemple que le président sortant n’arriverait pas en tête au premier tour, ce serait suffisant pour faire craindre le pire, c’est-à-dire sa non-réélection.

    Avec la montée de l’extrême droite en France, un phénomène difficilement contestable, d’autant qu’il n’est pas récent, la présidentielle, conçue à l’origine pour se jouer en deux tours, se tranche désormais en un seul, le premier, ce qui n’est jamais arrivé auparavant. Son issue se décide au premier tour, indépendamment de la personne du vainqueur. Si au lieu de Macron, c’est un autre candidat n’appartenant pas à l’extrême droite qui remporte le premier tour, il sera élu au deuxième, non moins sûrement que si c’était Macron. La même conclusion devrait être tirée si celui-ci était présent au deuxième tour mais sans avoir pour cela réalisé le meilleur score au premier. S’il y a constitution en sa faveur d’un front républicain dans le premier cas, il devrait en être de même s’il était second au lieu d’être premier. Pourtant non.

    Quelqu’un qui ne gagne pas le premier tour peut perdre le second. Aussi longtemps qu’il est donné premier au premier tour, le sentiment général est que l’élection de 2022 sera une répétition de la précédente. Il n’en sera pas de même si le ou la candidate d’extrême droite commence à gagner sur lui dans les enquêtes d’opinion. S’il en est ainsi, c’est parce que la France est un pays qui couve une crise politique d’une maturité telle désormais qu’un rien, un sondage par exemple, suffirait à la faire éclater à la surface.

    Mohamed Habili

    Le Jour d’Algérie, 20/10/2021

  • Macron a perdu les Français et n’a pas conquis les Algériens

    Macron a perdu les Français et n’a pas conquis les Algériens. La crise provoquée par Macron a uni les visions des milieux politiques et médiatiques en Algérie contre la France.

    L’un des avantages de la crise provoquée par le président français Emmanuel Macron, au niveau des relations algéro-françaises, est qu’elle a unifié les visions des milieux politiques et médiatiques en Algérie dans le traitement de l’ancienne puissance coloniale, contrairement à ce qui se passe sur la rive nord de la Méditerranée, qui connaît une grave rupture dans le traitement de ce dossier brûlant.

    Alors que les Algériens se sont rangés derrière une position unifiée, car ce qui a été émis par le président français est une déviation inacceptable qui appelle à revoir la nature des relations bilatérales et à les reconstruire sur la base de l’égalité. Ses positions ne sont pas calculées.

    L’expression la plus éloquente de la scène française est ce qu’écrit le journal d’investigation MediaPart, qui s’en prend à Macron : « Après avoir été trompé par son aveuglement sur la réalité du régime, et sa déception de voir des obstacles inattendus se dresser contre sa volonté de tourner la page de la mémoire, égaré par les conseils d’une cellule diplomatique éparpillée partout, le président a déclenché avec « l’Algérie une crise diplomatique sans précédent ».

    La radio « France Inter » a qualifié de « terrible » ce qui se passe entre les partis politiques notamment à propos des rapports de la France avec l’Algérie. » « La gauche anticoloniale refuse la fausseté de la vérité historique sur la répression, et la droite refuse ce qu’elle appelle une politique de repentance qui nous affaiblirait », écrit-elle sur son site internet, tout en commentant la position de Macron sur le passé colonial de son pays.

    C’est l’approche dessinée par « France Inter » à propos de la démarche du président français concernant les événements sanglants du 17 octobre 1961 à Paris. Quant au quotidien « Le Figaro », connu pour ses tendances de droite, il estime que la meilleure solution pour surmonter la tension au niveau de l’axe Alger-Paris est d’établir « des relations équilibrées basées sur la réciprocité ».

    Les ennuis de Macron ne se sont pas arrêtés aux critiques des différents médias français, mais ont également fait l’objet d’une violente attaque de la part des politiciens français, notamment les personnalités qui ont décidé de se présenter aux élections présidentielles qui devraient être organisées en avril prochain.
    La chef de file de l’extrême droite, Marine Le Pen, candidate vétéran à la présidence française, n’est pas passée à côté des récentes déclarations de Macron, qui ont été reprises dans le communiqué publié par l’Élysée, tout comme les candidats potentiels du « Parti républicain », la droite, Michel Barnier et Valérie Pecresse, qui ont exprimé leur rejet de ce qu’ils appellent « une excuse constante » du président français pour l’Algérie sur le sombre passé colonial de son pays.

    Ils estiment qu’Emmanuel Macron « est allé trop loin », en parlant de crimes « injustifiés pour la République française », en référence aux horribles exactions commises par la police française sous l’autorité du préfet criminel Maurice Papon, et ils pensent qu’il faut mettre fin à ce que Marine Le Pen appelle « la repentance répétée », qu’elle considère comme « des insultes répétées de l’Algérie à son pays ».

    Les critiques de la politique et des positions de Macron insistent pour souligner que les victimes étaient des deux côtés, et cette introduction n’était rien d’autre qu’une tentative des candidats de droite d’établir la conviction que si des excuses sont nécessaires, elles doivent venir des deux côtés, ce qui est rejeté par la gauche française, ou ce que certains appellent la « gauche éduquée », qui reconnaît l’entière responsabilité de l’État français dans les crimes hideux qui ont eu lieu dans l’ancienne colonie.

    Mohamed Mouslim

    Echourouk online, 20/10/2021

  • Éric Zemmour, tu fais honte à tes anciens camarades

    Éric Zemmour, tu fais honte à tes anciens camarades – C’est avec horreur que notre promotion doit se rendre compte qu’elle avait côtoyé un monstre en gestationEric Zemmour traduit toutes les référence sur la nation française à sa convenance

    Il faut dire que quarante deux ans après, je n’avais plus aucun souvenir de ce garçon qui avait fréquenté avec nous les mêmes classes, les mêmes amphis, les mêmes TD et le même bistrot qui fait face à l’Institut d’Études Politiques de Paris, à cent mètres du boulevard Saint Germain.

    C’est avec horreur que notre promotion doit se rendre compte qu’elle avait côtoyé un monstre en gestation. Et pourtant, tout souriait à ce jeune homme ambitieux, dans le bon sens du terme, postulant à l’ENA même s’il n’avait pas obtenu le concours.

    Je savais que le personnage avait fait Sc Po Paris lorsqu’il avait commencé ses débats et chroniques sur la chaîne d’info qui l’avait fait connaître, LCI. Mais ce n’est que ces jours-ci que j’ai pris la peine de vérifier l’année de promotion. Avec stupéfaction, j’ai découvert que c’était la mienne. Je le pensais beaucoup plus jeune, c’est la chance de ceux qui ne blanchissent que très peu avec le temps.

    De toute façon, je ne pouvais pas ignorer son passage dans cet Institut, il en faisait toujours référence, « Comme on disait à l’époque à Sciences Po, comme nous le disaient nos professeurs à Sciences Po, etc… ». Mais mieux encore, comme un ralliement de communauté, il employait très souvent deux expressions que nous ne pouvions ignorer, comme les francs-maçons qui font un geste et prononcent une phrase d’appel aux leurs. Ces deux expressions, nous nous en moquions car elles étaient désuètes, presque du siècle précédent, et étaient répétées dix fois dans chaque chapitre des polycopiés, « Mutatis mutandis » (ce qui devait être changé ayant été changé, alors…) et « Toute chose étant par ailleurs égale ».

    Impossible de me souvenir de la majorité des camarades de promotion, quarante deux ans après. L’un d’entre eux, parmi les rares, m’a dit son souvenir et nous avions convenu que c’était bien lui.

    Et c’est ainsi que, même s’il y a toujours un très léger doute (peu contradictoire avec l’analyse qui suit), je me souviens d’un jeune homme toujours souriant, vif et espiègle. Sans pourtant dire qu’il était de ceux qu’on remarque immédiatement et qui se démarquent par leur extravagance de paroles ou de comportement. Éric était un sourire, un perpétuel sourire que, d’ailleurs, je retrouve lorsqu’on veut bien séparer l’horreur des mots et le visage de ce personnage. Sans doute un très gentil garçon dont personne, absolument personne, ne pouvait se douter qu’il avait en lui les germes d’une monstruosité qui tourne le dos à l’humanité. Des germes de ceux des ligues fascistes des années trente ou d’un Charles Maurras dont il ne nie pas l’héritage des idées.

    Je le tutoierai dans cet article pour deux raisons. La première est qu’il n’était pas d’usage de se vouvoyer à cet âge, entre camarades de promotion, pourquoi le ferais-je aujourd’hui ? La seconde raison est moins neutre car je souhaite le traiter comme l’un d’entre nous, seulement l’un d’entre nous, qui a pris un chemin sombre, celui qui mène aux ténèbres d’où l’on ne revient jamais. Éric, tu étais censé suivre l’exemple que nous ont donné nos prestigieux professeurs dont deux que je t’ai souvent entendu citer. La mort leur aura épargné la honte d’être cités en référence par une personne qui les aurait, à l’époque, horrifiés.

    Éric, tu les fais retourner dans leur tombe

    Nous avons eu George Vedel, grand constitutionnaliste, comme professeur de première année, celui par qui les fondamentaux de l’histoire constitutionnelle et politique bâtissent la trame solide de toute réflexion ultérieure de ceux qui sont passés dans cette institution. Il doit rougir de honte de te voir interpréter son enseignement d’une manière qui est totalement contraire aux objectifs de sa formation, celle à destination des futurs intellectuels humanistes qui rejettent tout extrémisme violent et vulgaire. Tu l’as tué une seconde fois, pourtant rien ne te prédestinait à rejoindre les horreurs de la pensée humaine détournée. Je ne me souviens plus qu’il y en eut comme toi dans cette grande école. Même les jeunes militants d’extrême droite, du GUD, paraîtraient aujourd’hui des modèles de vertu humaine en comparaison avec ton abominable discours. Et que dirait également le tombeau de Pierre Milza, professeur d’histoire, s’il venait à parler. Lui qui avait mis tellement de persuasion et de talent pour nous avertir de la terrible vague de fascisme qui se répandit en Europe, puis dans le monde, après la première guerre mondiale. Et nous, que dirions-nous, stupéfaits qu’un tel enseignement ait pu te mener vers les idées de la peste noire. Tu en étais certainement déjà infecté mais nous ne nous sommes rendu compte de rien. Comment un jeune camarade, à l’âge de la joie, de l’espoir et du rêve d’instruction, pouvait-il avoir un projet aussi exécrable ?

    Avec Assia Djebar, tu as du étouffer

    Si la chose n’était pas grave et ne se prêtait pas à la plaisanterie, je dirais que tu as du t’étouffer en apprenant la nomination de l’écrivaine Assia Djebar à l’Académie française, au siège du défunt…. George Vedel, notre grand professeur. Une Algérienne dans le prestigieux rôle de la sauvegarde de la langue française, c’était presque la crise cardiaque pour toi, non ? Assia, notre glorieuse aînée, comme je l’avais écrit dans un titre d’article, t’a prouvé que l’incompatibilité avec la culture française n’est pas une vérité et que c’est toi qui l’est avec tes idées immondes. C’est que tu n’avais rien compris aux enseignements et à l’éducation de l’humanisme et à la culture. Toutes les théories, concepts et développements historiques, tu les as arrangés à ta sauce. À celle qui pouvait dissimuler un profond malaise identitaire et psychologique.

    La nation française, selon Zemmour

    Eric a du lire les livres à l’envers, écouté les cours avec un traducteur automatique défectueux ou s’est tout simplement trompé de salles et de formation. Pour la licence en doctrine fasciste, ce n’était pas le bon endroit. C’est qu’Eric Zemmour traduit toutes les référence sur la nation française à sa convenance. Il a du oublier (ou fait exprès de l’oublier) ce célèbre discours d’Ernest Renan à la Sorbonne, en 1882, portant la définition que des générations de juristes, d’historiens et d’hommes politiques vont retenir comme définition la plus juste et la plus élaborée. Éric ne pouvait l’ignorer, à l’Institut d’Études Politiques. Ne pas connaître cette référence c’est comme si en médecine, un étudiant n’avait pas appris la place de la vessie dans le corps.

    Et cette définition est à l’inverse absolu de ce que Zemmour déclare, à longueur de livres, d’articles et d’émissions de télévision ou de radio, absolument l’inverse. Il devrait d’ailleurs savoir que sans cet accord unanime de la définition d’Ernest Renan, une famille comme celle des Zemmour n’aurait jamais eu sa place en France. Et que dire, plus tard, avec la loi de 1905 qui l’a placé définitivement dans la citoyenneté, au regard de la religion familiale.

    Vous écoutez ou vous lisez le discours de la nation de Zemmour et vous aurez l’inverse de ce que des générations d’intellectuels on bâtit, avec difficulté, combat et opiniâtreté. Et pourtant, avec culot, il s’en revendique.

    Éric, tu t’es trompé de livres et de citations, ta définition est celle du national socialisme (la doctrine des nazis). Et puis, un Zemmour revendiquant la pureté de la lignée française, c’est comme un Kaddour revendiquant la descendance d’une Jeanne d’Arc. Il n’y a pas de pureté de la race, la race n’existe pas, il n’y a que des citoyens.

    Ce n’est plus seulement dans une folle contradiction dans laquelle tu es, Éric, c’est une pièce pathétique et ridicule que tu joues. Un jour, bientôt, lorsque les lumières médiatiques s’éteindront, tu vivras le pire cauchemar de ta vie car les saltimbanques du fascisme, l’histoire a déjà donné et sait les remettre à leur place.

    Éric et la vieille astuce de Sc. Po

    Aujourd’hui, Eric est considéré comme un homme politique qui, enfin, maîtriserait les références historiques de la France. Dans le monde de ses supporters, il est adulé comme un intellectuel de grand talent et polémiste qui se repère toujours avec le passé, les grands hommes et les citations.

    Il faut dire que ce public à la Donald Trump (pour la majorité des troupes) est aussi éloigné de la connaissance historique et culturelle de la France que je ne le suis de celle de la physique nucléaire. Quant aux vrais intellectuels qui le suivent et le supportent, ils ne sont pas dupes, c’est seulement qu’ils se servent de lui pour proférer des vulgarités que leur niveau d’éducation ne leur permet pas.

    Attention, que le lecteur ne se méprenne pas, Éric Zemmour est certainement très intelligent et imprégné de l’histoire de France, cela ne fait aucun doute. Vu sa formation initiale et son parcours où l’écrit et les références sont indispensables, on ne pouvait en attendre moins de lui. Mais il faut gratter un peu plus pour trouver la supercherie, non pas de formation, elle est incontestable, mais de communication.

    Nous n’étions pas dans la seule institution qui mettait cette méthode en avant mais elle était celle qui en faisait un socle d’apprentissage. Á un tel point qu’elle était caricaturée avec cette phrase moqueuse « Vous donnez n’importe quel sujet à un étudiant de Sc. Po, même sur la vie des paysans du Gatémala septentrional, pendant la période précolombienne, il vous en fera un exposé même s’il ne connaît rien au sujet ». En fait il y a un tout petit vrai mais, en même temps, un très grand malentendu. Ce qu’ils voulaient nous inculquer c’est la connaissance de quelques grandes références que nous devions connaître, car chacune trouvait sa place dans un développement argumentaire. C’est le boulot et la compétence qui devait faire le reste. Or Éric n’est pas historien, loin de là.

    Il en est ainsi de Tocqueville, Max Weber, Machiavel et ainsi de suite, les références perpétuelles de Zemmour. C’est en fait une indispensable approche car cela permettait de fixer un sujet autour d’une référence solide, chaque sujet en ayant un, et pouvoir avoir ainsi une base qui permet de rechercher d’autres références. En fin de compte, ces fiches que nous confectionnons (il n’y avait ni Internet, ni Word ni clé USB) était l’équivalent d’une frise historique sur laquelle étaient marqués les principaux personnages, doctrines et dates. Rien de plus, mais rien d’aussi indispensable comme départ de réflexion.

    Ainsi, Éric, nos professeurs n’étaient pas dupes et nous prévenaient que si ces connaissances étaient indispensables, ils ne pouvaient être sorties à tout paragraphe pour dissimuler le vide de connaissance et le manque de préparation.

    Or, toi, face à un public équivalent à celui de Trump, ou à de vrais intellectuels que tu arranges pour dire ce qu’ils n’osent pas dire, tu uses et abuses de ces références, citations et noms de personnages historiques. Tu n’es pas un historien, seulement un maître de la communication avec une astuce pédagogique donnée par nos professeurs pour que nous ayons un point de départ. Cette astuce pour des jeunes étudiants est tellement caricaturale chez toi, pour berner ton public trumpiste, que je devine très souvent quelle référence tu vas utiliser. Et, bingo, cela ne rate que rarement, Philippe le Bel, Nicolas Fouquet, la bataille de Bouvines et ainsi de suite.

    Je ne crois cependant jamais t’avoir entendu citer Hannah Arendt ou tellement peu que cela m’a échappé. C’est que tu n’oserais pas soutenir le regard de cette défunte grande dame, un reste de scrupule humain, car tu aurais tellement honte qu’un fils Zemmour puisse dire qu’Hitler a sauvé les juifs, ta plus épouvantable affirmation.

    Et que dirait le général de Gaulle ?

    Bien entendu, au premier plan des citations de Zemmour, le général de Gaulle, grand patriote qui ne peut que le conduire à des éloges constantes pour une France mythique, selon lui, celle qui se faisait respecter. Éric, tu ne peux pas faire cette immense erreur, avec ta formation, en cette question particulière de De Gaulle sinon avec l’objectif de manipulation et de contre-vérité. Mais il est vrai que, d’une part, tu connais le niveau abyssale de la plupart de tes supporters, celui de Donald Trump. D’autre part tu sais également que l’électorat de l’ancien RPR, les gaullistes, sont tentés de venir vers toi. Le mensonge ne les dérange pas.

    Le général de Gaulle, dont tu prononces le nom cent fois par jour, était l’ennemi le plus grand de l’extrême droite dont tu es le représentant le plus zélé. Cette détestation est allée jusqu’à le condamner à mort et tenter de l’abattre au Petit Clamart.

    J’étais très jeune mais j’avais déjà l’âge de lire les inscriptions sur les murs d’Oran, par l’OAS, et pas seulement, disant tout le mal qu’ils pensaient du général de Gaulle. Ton mouvement politique d’extrême droite a toujours condamné le général de Gaulle qui aurait été le traître, celui qui aurait livré la France au déclin, dans les années de décolonisation. Que tu le cites tellement pour légitimer ta position, cela fait de toi un héritier digne de Machiavel. Ton sourire, c’était donc un sourire de celui qui jurait de se venger de sa situation mal vécue. Mais pourquoi ? Personne n’avait émis le moindre doute sur ton attachement à ton pays ou sur tes compétences intellectuelles en raison du patronyme que tu portes. En conclusion , je te dirai que la famille Zemmour t’a donné le prénom d’Eric car c’était la contrepartie d’une assimilation rude et forcée. Les Zohra, Karim et Fatoumata ne te laisseront pas continuer à dire qu’il est anormal de porter des prénoms qui ne seraient pas français. Tes ascendants lointains ont tellement souffert, durant des siècles, de cette injustice, qu’il est honteux de te voir vautré dans cette doctrine immonde et de basses fosses. Les lumières s’éteindront, Éric, et lorsque la réalité te rattrapera, car tu as autant de chances d’être président que moi, reine de Saba, tu retrouveras les ténèbres silencieuses. Celles que tu as décidé qu’elles seraient ton monde.

    Sid Lakhdar Boumédiene, enseignant

    Le Quotidien d’Oran, 21/10/2021

  • Présidentilles françaises : Concurrence

    -En France la droite est agacée, au mieux, par l’ascension fulgurante d’Éric Zemmour. Ils sont désormais obligés de courir après Zemmour et de récupérer toutes ses thématiques
    -Du côté du Rassemblement National, dont la candidate, Marine Le Pen, a perdu jusqu’à 10 points dans les intentions de vote
    -Julien Odoul s’est à nouveau exprimé sur la très probable candidature d’Éric Zemmour.

    En France la droite est agacée, au mieux, par l’ascension fulgurante d’Éric Zemmour, qui n’est à ce jour toujours pas candidat à la présidentielle. Les Républicains qui ont refusé il y a quelques semaines que le journaliste puisse être leur porte-drapeau en 2022, ont en effet du mal à se faire entendre par les électeurs et sont désormais obligés de courir après Zemmour et de récupérer toutes ses thématiques. Même chose du côté du Rassemblement National, dont la candidate, Marine Le Pen, a perdu jusqu’à 10 points dans les intentions de vote pour le scrutin présidentiel ces derniers mois. En début de semaine, Julien Odoul s’est à nouveau exprimé sur la très probable candidature d’Éric Zemmour.

    Selon le porte-parole du RN, aucune inquiétude ne touche le parti à la flamme qui reste soudé autour de la candidature de Marine Le Pen. Et alors que le polémiste progresse dans les sondages, jusqu’à se situer dernièrement dans un mouchoir de poche avec Marine Le Pen et le candidat de la droite, Robert Ménard a tenté une fois de plus d’ouvrir les négociations. L’édile de Béziers a ainsi profité samedi du passage d’Éric Zemmour, en tournée littéraire dans sa ville, pour formuler une demande. «Je vous implore Marine et toi de vous retrouver en février prochain. À ce moment-là, que celui qui est derrière accepte de se retirer et de soutenir l’autre. Ne gâchons pas cette chance !», a-t-il lancé, alors que l’élu avait récemment assuré soutenir la candidate du RN. Pas de quoi remettre en cause la stratégie des lepénistes pour autant.

    D’après Julien Odoul, il y a en effet une «nécessité de se rassembler», mais plutôt «autour de la candidate qui peut gagner, qui peut faire gagner les Français», c’est-à-dire «Marine Le Pen qui a un programme, une antériorité». «Février c’est loin, nous sommes au début de la campagne présidentielle», a ainsi balayé le porte-parole. «Éric Zemmour débute en politique et il doit aussi apprendre l’humilité», a-t-il encore estimé, assurant que «nous sommes satisfaits de cette concurrence parce que la concurrence est stimulante en démocratie, elle est même saine».

    À l’instar de ce que déclarent régulièrement les différentes figures du parti, Julien Odoul a également assuré que le polémiste n’était «pas un adversaire». À entendre l’élu, cette possible candidature serait même au contraire une chance : «Ce qui est intéressant, c’est que le camp national, les Français qui croient en la France (…), le camp est en train de grossir donc c’est tout à fait positif pour le second tour, pour la réserve de voix qui sera celle de Marine Le Pen». «Le seul adversaire, c’est Emmanuel Macron», a-t-il rappelé.

    Selon lui, Marine Le Pen est aussi en train d’«élaborer un programme de redressement national pour rendre aux Français leur pays et leur argent». Avant de répéter que «dans ce cadre-là, Éric Zemmour n’est pas un adversaire». La veille, le président du Rassemblement National, Jordan Bardella, avait lui aussi assuré que «probablement viendra le temps où nous nous rassemblerons, parce que je crois que le moment est trop grave, et que pendant qu’Éric Zemmour tape beaucoup dans ses interventions médiatiques sur Marine Le Pen, Emmanuel Macron, croyez-moi, se frotte les mains».

    À l’instar du porte-parole, l’élu voit toutefois le polémiste derrière la candidate. «Il aurait toute sa place dans un gouvernement de Marine Le Pen, bien sûr», a-t-il déclaré. Une déclaration bien loin de la réalité alors que Zemmour a répété à maintes reprises qu’il n’avait qu’un objectif, l’Élysée, et que faire de la politique politicienne ne l’intéressait pas. Surtout qu’il estime que le programme de Marine Le Pen a perdu au fil des ans en mordant et en légitimité.

    Désarçonné par le polémiste, le RN est visiblement inquiet malgré les démentis de ses cadres et Marine Le Pen a du travail devant elle si elle veut allonger l’écart qui la sépare de Zemmour dans les sondages. Surtout que le journaliste, n’ayant pas encore déclaré officiellement sa candidature, pourrait voir sa popularité monter en flèche lors de son annonce solennelle qui devrait avoir lieu au mois de novembre.

    Fouzia Mahmoudi

    Le Jour d’Algérie, 20/10/2021

  • Zemmour progresse avec son projet de re-immigration

    Présidentielle en France- Zemmour progresse avec son projet de re-immigration – A six mois de l’élection présidentielle en France, les questions liées à l’immigration, à l’islamisme et à la sécurité enflamment les débats avec des idées parfois choquantes qui s’affrontent et se confrontent entre les postulants à la candidature pour cette échéance de 2022 .

    Certains parlent d’enjeu de civilisation, alors que d’autres préfèrent se focaliser sur ce qu’ils qualifient de la pire crise financière et sociale que vit la France. Même si les sondages demeurent favorables au président sortant, Emmanuel Macron, accrédité de 25 %, les intentions de vote ne cessent de balancer vers la droite, voire même l’extrême droite.

    L’émergence du polémiste Eric Zemmour qu’il n’a, pourtant, pas encore déclaré sa candidature, traduit cette tendance qui inquiète les catégories sages et lucides de l’hexagone. Même s’il faut se méfier des sondages qui relèvent en partie du pronostic, Marine le Pen croit à sa victoire. Elle continue à fustiger le système et à être le réceptacle des électeurs en colère. Elle se dit même prête à une alliance avec Zemmour, sachant que certains de ses alliés ont lâché le Rassemblement national pour rallier le polémiste aux ambitions présidentielles qui n’en finit pas de faire réagir la sphère politique.

    Chauffé à blanc, Zemmour domine la campagne présidentielle et sème la pagaille chez les républicains. Une stratégie qui vient rappeler celle de Donald Trump en 2016 et fait surgir une interrogation de taille à savoir jusqu’au peut aller cette radicalité qui évoque une re-immigration.

    Selon Zemmour, les Français d’origine étrangère qui peinent à s’intégrer dans la culture française doivent retourner dans leur pays d’origine même s’ils ont une carte d’identité française. Cette offensive de la droite et de l’extrême droite qui font de l’islamisme radical un bouc-émissaire a pris de l’ampleur après, notamment, l’implosion du Parti socialiste et de la désertion des candidats de gauche à l’exception de Mélenchon, le candidat de la France insoumise, qui continue à résister au tsunami de la droite.

    Celui-ci ne perd pas, ainsi, espoir de pouvoir renverser la donne d’ici mars 2022. Ce qui n’est pas exclu avec le maintien des thématiques actuelles qui sont en relation directe ou indirecte avec l’Algérie, sachant que l’échéance présidentielle coïncide avec la commémoration des accords d’Evian de mars 1962. Tout compte fait, les six millions de binationaux auront certainement leur mot à dire.

    Cela-dit, les électeurs traditionnels de la droite ne chôment pas. Ils sont tous dans l’attente d’un sursaut d’orgueil de la primaire de leur parti Les Républicains pour désigner leur candidat à la présidentielle, même si Xavier Bertrand est déjà accrédité par les sondages de 15%.

    Assia Boucetta

    Horizons, 20/10/2021

  • 17 Octobre 1961 : Macron ne reconnaît pas le crime d’État !

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    On l’a constaté, le huitième Président de la Vème République française a fait un peu mieux que son prédécesseur socialiste dans la qualification et la reconnaissance des faits inhérents au massacre à grande échelle, sur Seine, à Paris, le 17 octobre 1961. Mais il n’a pas, fait indéniable, reconnu le crime d’État en le cas d’espèce. Le communiqué de l’Élysée, après la cérémonie officielle pour les 60 ans du massacre d’Algériens pacifiques, est un parfait exercice d’équilibrisme sémantique, mémoriel et, par extension, politique. La gauche en France et les critiques en Algérie y ont trouvé assez de matière pour fustiger un chef de l’État réservé, voire timoré, qui ne va pas assez loin, c’est-à-dire au juste niveau, celui de crime d’État. Tandis que la droite française, elle, trouve dans les termes du communiqué un accès de « repentance », ce qui n’est, du reste, pas le cas.

    Une analyse de contenu du communiqué en question, à travers le sens évocateur des mots-clés utilisés avec une précision horlogère, éclaire assez bien les réactions contradictoires, ici et là. Les divergences de points de vue, dans le contexte français et le contexte algérien, partent des différences des mémoires et de leur poids et, in fine, des contextes politiques, notamment en France où la conjoncture est marquée par la prochaine élection présidentielle en point de mire.

    De quoi parle donc le communiqué de l’Élysée et pourquoi il pose finalement des questions ?

    D’abord, le texte établit un constat des faits. Il note que douze mille Algériens ont été arrêtés et transférés vers différents points de regroupement. Il constate ensuite que la répression fut « brutale, « violente », « sanglante ». Qu’il y a eu de nombreux blessés et que plusieurs dizaines de personnes furent jetées dans la Seine, ainsi que de nombreux disparus. Suit le constat un hommage du Président Emmanuel Macron « à la mémoire de toutes les victimes ».

    Après le constat, la minute de silence symbolique et l’hommage, surviennent la qualification des faits, la définition des responsabilités et leur imputation. De ce point de vue, le chef de l’État français s’appuie, pensant se montrer le plus objectif possible, le plus distancié possible, sur les historiens qui « ont établi de longue date ces faits et les ont inscrits dans un engrenage de violence durant plusieurs semaines ».

    Dans l’enchaînement, intervient après le fait que la démarche du président soit la seconde du genre dans le domaine de la qualification et de la reconnaissance des faits. Avant lui, François Hollande avait admis en 2012 une « sanglante répression».

    En reconnaissant des faits tangibles, le Président Emmanuel Macron se place d’abord à un degré supérieur par rapport à son prédécesseur. Il reprend ensuite à son compte l’inscription par les historiens des faits incriminés « dans un engrenage de violence durant plusieurs semaines ». On en comprend qu’ils seraient le résultat d’un simple « engrenage de la violence ». Qu’ils ne seraient donc pas la conséquence d’ordres donnés par l’autorité préfectorale, appuyée elle-même par l’autorité politique supérieure, ou en tout cas, au vu et au su de cette dernière qui aurait couvert de fait les actes barbares. D’ailleurs, le communiqué souligne que les crimes ont été « commis sous l’autorité de Maurice Papon » (préfet de police de Paris, Ndlr). Sous-entendu, ils seraient le fait d’un haut fonctionnaire qui aurait alors agi seul et à sa seule initiative, sans couverture politique et à l’insu de sa hiérarchie gouvernementale et de la présidence de la République.

    Il est donc clair et entendu que le Président Emmanuel Macron a pris soigneusement le soin de ne pas imputer le massacre du 17 Octobre 1961 à l’État français pour ne pas avoir à le qualifier de crime d’État. Le cas échéant, une telle qualification n’aurait pas manqué d’avoir des conséquences politiques, avec des répercussions électorales. C’est-à-dire, du point de vue des pertes et des gains électoraux escomptés, et en termes de points dans les baromètres d’opinion en France où les mémoires de la colonisation sont traduites, politiquement et électoralement, par des lobbys et en intentions de vote.

    On voit bien que la reconnaissance d’un crime d’Etat apparaît comme un plafond de verre, un horizon indépassable pour le moment. Autre signe en est, cette autre phrase du communiqué qui souligne que « la France regarde toute son histoire avec lucidité et reconnaît les responsabilités dûment établies », sans pour autant dire qu’elles sont celles de l’État. Sauf à avoir choisi la formule de « crimes commis sous l’autorité de Maurice Papon ». Et à affirmer que ces mêmes crimes sont « inexcusables » pour la République ». Dans les dictionnaires linguistiques, l’adjectif « inexcusable » signifie impardonnable, injustifiable. Dans le sens du droit français, la « faute inexcusable » se définit comme une faute d’une gravité exceptionnelle dérivant d’un acte ou d’une omission volontaire, de la conscience du danger que devait en avoir son auteur, de l’absence de toute cause justificative, et se distinguant par le défaut d’un élément intentionnel. (Chambre sociale 28 février 2002, pourvoi : n°99-17221, Legifrance).

    On note donc, que si les crimes commis « sous l’autorité de Maurice Papon » sont « inexcusables pour la République », il n’existerait donc pas un « élément intentionnel » qui aurait amené le Président Emmanuel Macron à les imputer à l’État, mais plutôt à un individu agissant seul et de son fait. Par « définition », un acte isolé malgré son amplitude.
    Pour ne citer qu’elles, à titre d’exemple, les réactions politiques en France ne s’y sont pas trompées. L’historien Benjamin Stora, auteur du fameux rapport sur les mémoires de la colonisation et de la guerre d’Algérie, est un des rares à trouver que «pour la première fois, un chef d’État en exercice reconnaît la responsabilité de l’État dans un massacre considéré comme un crime ». Mais, en réalité, les mots rigoureusement pesés du locataire de l’Élysée sont loin d’avoir fait l’unanimité, à droite comme à gauche.

    À gauche, les responsables politiques et autres députés regrettent qu’Emmanuel Macron ne soit pas allé plus loin, en reconnaissant « un crime d’État ». Chez les écologistes d’EELV qui réclament la reconnaissance du « crime d’État », Julien Bayou, le secrétaire national du parti, relève que Papon, le responsable direct des massacres, « est resté en place » jusqu’en 1967. Cette reconnaissance est également demandée par la France insoumise. Le député LFI Alexis Corbière appelle le Président Emmanuel Macron à « reconnaître le massacre des Algériens pour ce qu’il a été: un crime d’État ».

    Le président de SOS Racisme, Dominique Sopo, a souligné, pour sa part, « des avancées bienvenues » tout en regrettant « la frilosité d’Emmanuel Macron » et sa « politique des petits pas » prudents. « Le chef de l’État va plus loin que Hollande dans la précision des faits ». Et par ailleurs le « crime est réduit à la responsabilité de Maurice Papon » qui « n’était pas un État dans l’État », car « il y avait bien un chef du gouvernement et un chef de l’État qui décidaient qui était préfet de police ».

    Mais si d’aucuns estiment que le Président français ne fait pas juste ce qu’il faut, et a raté ainsi l’occasion de reconnaître le « crime d’Etat », d’autres, à droite et à l’extrême-droite, estiment qu’il en fait trop. D’aucuns dénoncent des « repentances à répétition » qui « deviennent insoutenables et attentent à l’image de la France », selon Marine Le Pen. Enfin, Éric Ciotti, l’un des candidats des Républicains à la présidentielle de 2022, stigmatise « la propagande victimaire anti-française du Président Macron ». Pour sa part, Valérie Pécresse, présidente de la région Ile-de-France, tout en concédant «une tragédie», met cependant sur un pied d’égalité le vaste massacre d’Algériens et les 22 policiers français qui ont perdu la vie dans des attentats FLN, cette même année 1961».

    Au final, on pourrait comprendre un peu l’exercice de funambule sur le fil du rasoir auquel s’est adonné le Président Emmanuel Macron au sujet du grand massacre de la Seine.

    Noureddine Khelassi

    Le Soir d’Algérie, 19/10/2021