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  • Les sous-marins, un point clé de la puissance algérienne

    Les sous-marins, un point clé de la puissance algérienne

    Tags : Espagne, France, armée, marine, sous-marins, Maroc, Algérie, Israël, Egypte, OTAN,

    Une approche rapide et simple, mais non moins vraie, pour définir les capacités d’un sous-marin est qu’il s’agit d’unités de combat d’une grande puissance offensive et stratégique dont le principal avantage par rapport aux navires de surface est qu’ils sont difficiles à détecter et à détruire lorsqu’ils naviguent à grande profondeur.

    C’est précisément leur discrétion et leur furtivité qui font des sous-marins la principale arme de dissuasion après les armes nucléaires, au point qu’aucune opération navale n’est menée sans tenir compte de la présence de sous-marins dans la zone. D’un autre point de vue, le simple fait de soupçonner la présence d’un éventuel sous-marin sur le théâtre des opérations limite la capacité de mouvement d’une flotte entière, d’où son pouvoir de dissuasion.

    L’année prochaine marquera le 20e anniversaire du conflit de Perejil. Un détail de cette époque, qui est peut-être passé inaperçu, est l’écrasante puissance navale mobilisée par l’Espagne, alors que le Maroc n’a pas mobilisé ses fleurons. Très probablement parce que l’Espagne a maintenu le sous-marin Tramontana à un endroit indéterminé du détroit de Gibraltar. D’autre part, l’Espagne aurait-elle mobilisé un tel nombre de navires si le Maroc avait eu une force sous-marine ?

    La guerre de 2011 en Libye a mobilisé une force navale de l’OTAN pour assurer la couverture des attaques terrestres depuis la Méditerranée, le blocus naval des principaux ports et les opérations de renseignement. Rien de tout cela n’a eu lieu avant que l’Alliance ne s’assure que la Libye n’exploite aucun des sous-marins qu’elle était censée exploiter.

    Ces deux exemples mettent en évidence le pouvoir furtif et dissuasif des sous-marins.

    En plus de leur indétectabilité, ils ont une grande puissance offensive. Il est tout simplement terrifiant de penser qu’une seule torpille lourde tirée depuis les profondeurs qui abritent un sous-marin est suffisante pour couler un navire de surface, alors qu’il est extrêmement difficile de le faire avec un seul missile lancé depuis les airs ou depuis une autre unité de surface.

    Avec ce qui a été dit jusqu’à présent et en tenant compte des capacités présentées, nous pouvons préciser un peu plus clairement les missions d’un sous-marin d’attaque :

    – Recherche et attaque.

    – Projection de forces sur terre.

    – Missions de reconnaissance, de renseignement et de surveillance.

    – La guerre des mines.

    – Soutien de la force.

    – Garantir la liberté d’action des forces de surface.

    – L’intelligence.

    – Poste de reconnaissance et d’information avancé destiné à soutenir une force navale.

    – Infiltration du rivage ennemi et couverture des commandos.

    L’un des points à prendre en compte selon la Strategic Defence Review et en relation avec les forces navales est de maintenir la capacité d’opérer sur des théâtres d’opérations éloignés, en mettant l’accent sur la projection navale sur terre. En d’autres termes, la prévalence de l’action côtière et du soutien à la force navale. Actions de couverture traditionnellement associées aux sous-marins.

    Déjà dans ce document, la nécessité du sous-marin S-80 était énoncée comme un programme prioritaire pour « maintenir la liberté d’action et la mobilité de la force ».

    Le S-80, citant à nouveau cette Revue stratégique, devra remplir des missions peu différentes des missions générales précédentes :

    – Projection de la puissance navale sur terre.

    – Guerre navale spéciale.

    – Protection d’une force débarquée.

    – Surveillance et renseignement.

    – Protection de la force navale.

    – La dissuasion.

    Le S-80 vivra avec les menaces de son temps, c’est-à-dire celles des trois prochaines décennies au moins. C’est-à-dire qu’elle sera confrontée à des navires de surface dotés de sonars actifs et passifs de pointe, à des avions anti-sous-marins, à des bouées acoustiques et à des sonars calibrés, à des sous-marins nucléaires et conventionnels hautement technologiques, à des mines, à toutes sortes de systèmes autonomes : UAV, USV, UUV… et ce, dans un scénario de guerre sans restriction, de non-paix et de non-guerre, où aucun mode conventionnel de confrontation ne peut être exclu. Il est également vrai qu’il ne le fera pas seul, et ce n’est qu’une question de temps avant que, paradoxalement pour le S-80, il ne soit accompagné du F-110.

    Et tout cela vient du fait que le S-81 Isaac Peral permettra, dans la mesure du possible, de rétablir un équilibre instable en termes de force sous-marine en Méditerranée occidentale et dans le détroit de Gibraltar.

    Il n’échappe à personne que la décennie actuelle est une décennie pleine d’incertitudes impliquant un changement de paradigme dû à la pandémie et à l’évolution technologique rapide que nous observons dans tous les domaines de la société, et à laquelle la défense n’échappe pas.

    Il y a quatre aspects clés qui se produiront inexorablement au cours de ce siècle et qui font de la Méditerranée occidentale une « zone chaude » d’intérêt.

    – La fonte de la glace arctique.

    – Des crises migratoires nouvelles et plus prononcées.

    – Détérioration du bien-être et manque de leadership européen.

    – La présence stable et consolidée de la Russie en Méditerranée.

    La fonte des glaces de l’Arctique ouvrira de nouvelles routes maritimes pour le commerce sans qu’il soit nécessaire d’utiliser des brise-glace, même en hiver, aux latitudes situées autour du cercle polaire. Dans cette situation, le détroit de Gibraltar connaîtra une augmentation significative du trafic maritime de l’Atlantique vers la Méditerranée.

    Les pandémies plus nombreuses et plus fréquentes auxquelles il faut désormais s’attendre, ainsi que la perte du leadership européen au Sahel, entraîneront de graves crises migratoires, laissant les limites de la frontière avancée de l’Europe de l’autre côté de la Méditerranée, en Afrique du Nord.

    L’influence évidente de la Russie dans les pays d’Afrique du Nord, de la Syrie, en exploitant l’ancienne base navale soviétique de Tartous, à ses relations plus que bonnes avec l’Algérie.

    À ces quatre points s’ajoutent toutes les menaces et actions qui ne disparaissent pas, qu’il s’agisse d’actions prospectives illégales, des effets de la pollution, des actes terroristes, de la perte d’autonomie stratégique ou des actions hostiles d’acteurs non étatiques, entre autres.

    Sur les 21 pays qui bordent la Méditerranée, seuls huit ont la capacité d’exploiter des sous-marins : Espagne, France, Italie, Grèce, Turquie, Israël, Égypte et Algérie. Il serait bon d’inclure également le Portugal dans cette liste.

    L’Algérie et le Maroc sont les deux pays d’Afrique du Nord qui investissent le plus dans la défense. Avec une rivalité évidente, ils augmentent de manière inquiétante leur niveau de belligérance pour s’imposer comme une puissance régionale de premier plan.

    Au début du siècle, l’Algérie a provoqué un déséquilibre des forces en termes de puissance sous-marine en Méditerranée occidentale avec l’acquisition de quatre sous-marins de classe Projet 636M. Ces submersibles sont considérés comme les sous-marins conventionnels les plus silencieux du monde et sont surnommés « trous noirs ».

    Cette acquisition peut être comprise en fonction des principaux points de la politique étrangère algérienne :

    – Les relations plus que mauvaises avec le Maroc.

    – Les bonnes relations de l’Algérie avec la Russie.

    – L’instabilité de ses frontières due aux groupes terroristes islamiques.

    – Politique énergétique.

    Mais ce qui définit l’Algérie comme une puissance déstabilisatrice dans la région, en ce qui concerne la force sous-marine, c’est qu’elle possède sa propre école de sous-marins entièrement opérationnelle et le lancement réussi d’un missile sous-marin à terre (Asuw). Il s’agit d’une capacité que seul Israël possède dans toute la Méditerranée, du moins jusqu’à ce que les sous-marins nucléaires français de classe Barracuda soient pleinement opérationnels.

    Dans ce contexte, c’est le Maroc, principal rival de l’Algérie en Méditerranée occidentale, qui se trouve dans la situation la plus défavorable. Ne disposant pas d’armes sous-marines à l’heure actuelle (ou dans un avenir proche) malgré son insistance à en acquérir, elle tente par tous les moyens de compenser cette situation par des mesures secondaires visant à atténuer son infériorité vis-à-vis de l’Algérie, avec des corvettes néerlandaises de classe Sigma, une frégate française de classe Fremm, la méga-construction de la base navale de Ksar Sghir à dix miles au large de Ceuta ou, par exemple, en intensifiant les relations avec la France et les États-Unis.

    La France, seule en Méditerranée à avoir l’expérience, la tradition et la capacité suffisantes pour concevoir et produire ses propres sous-marins, voit son pouvoir de dissuasion garanti, malgré le retard pris par le programme Barracuda. L’Italie, avec l’Allemagne comme partenaire technologique, maintient huit sous-marins conventionnels qui assurent la stabilité et la sécurité contre tout adversaire auquel elle pourrait être confrontée.

    Jusqu’à présent, l’Espagne était dans une situation précaire par rapport à toutes ces analyses, ne nous leurrons pas, nous sommes toujours dans cette situation, mais le lancement de l’Isaac Peral donne de l’espoir. Il est risqué de dire certaines choses, mais il est plus qu’évident que nous avons commencé à nous doter d’une force de dissuasion propre.

    Le sous-marin, en l’absence d’arsenal nucléaire, est l’arme de dissuasion par excellence, capable de neutraliser l’initiative d’un acteur hostile de mettre sa menace à exécution, ce qui procure au pays qui compte sur eux :

    – Agilité et dominance.

    – Ce sont des qualités innées pour les nouveaux modèles de confrontation.

    – Discrétion.

    – Une contribution logistique minimale à leur déploiement.

    – Accès aux zones hostiles sans être détecté.

    – Ils sont les producteurs de l’innovation technologique.

    C’est ce que l’arme sous-marine renouvelée apportera à l’Espagne.

    Les défis et les menaces auxquels il faudra faire face à l’avenir ne seront pas combattus avec les moyens d’aujourd’hui, mais avec ceux que nous sommes capables de maintenir et de développer dans une ère post-pandémique. C’est pourquoi le lancement du premier sous-marin de la série S80, le S81 Isaac Peral, est si important en ce moment. Il garantit la continuité d’une force sous-marine dans la marine, dans ce qui est, comme nous l’avons dit, une décennie très compliquée.

    La journée d’hier, avec la cérémonie de parrainage par Son Altesse Royale la Princesse Leonor, est à marquer dans le calendrier. Aucun sous-marin n’a été lancé en Espagne depuis 1984, et celui-ci est aussi le nôtre.

    L’effet dissuasif de l’arme sous-marine, une réalité qui a conduit à un déséquilibre des forces entre les puissances de la Méditerranée occidentale, avec de nouveaux acteurs pertinents et accentuant encore l’incertitude constante dans la planification des opérations. L’exemple paradigmatique, comme nous l’avons vu, est l’Algérie, mais l’Espagne et la France espèrent renouveler leurs flottes ; le Maroc est à la recherche d’un sous-marin, et l’attention portée aux nouveaux sous-marins acquis par les puissances se multiplie.

    Quoi qu’il en soit, le S-81 sera le protagoniste incontesté de l’équilibre des forces sous-marines en Méditerranée occidentale, ou de l’équilibre qui cessera d’exister.

    #Espagne #Armée #Armes #Maroc #Algérie #Marine #Sous-marins

  • Migration: 30 millions d’euros supplémentaires pour le Maroc

    Migration: 30 millions d’euros supplémentaires pour le Maroc

    Espagne, Maroc, Immigration, contrôle des frontières,

    Le gouvernement espagnol approuve 30 millions d’euros supplémentaires pour le contrôle des migrations au Maroc

    Mardi dernier, le Conseil des ministres espagnol a approuvé l’envoi de 30 millions d’euros supplémentaires aux autorités marocaines à des fins de contrôle des migrations, le quatrième programme d’aide financière de ce type depuis 2019, rapporte le journal espagnol Público.

    Le Maroc a maintenant reçu 123 millions d’euros de l’Espagne pour le contrôle des migrations depuis 2019. L’UE a distribué 346 millions d’euros à l’État nord-africain au cours de la même période et devrait envoyer 500 millions d’euros supplémentaires jusqu’en 2027.

    Cela fera un total de 969 millions d’euros entre 2019 et 2027, selon la même source, même si le « chantage migratoire » dont les autorités marocaines sont devenues des maîtres veut dire que le montant pourrait bien encore augmenter.

    Précédemment, le Maroc a reçu 215 millions d’euros de financement de l’UE pour le contrôle des frontières entre 2001 et 2019. Ajouté aux fonds post-2019, il semble que d’ici 2027, l’État nord-africain aura reçu plus de 1 milliard d’euros des fonds européens et espagnols pour le contrôle des frontières et des migrations.

    Lire la suite depuis la source (Maroc-leaks)

    #Maroc #Espagne #Migration

  • Migration: 30 millions d’euros supplémentaires pour le Maroc

    Migration: 30 millions d’euros supplémentaires pour le Maroc

    Espagne, Maroc, Immigration, contrôle des frontières,

    Le gouvernement espagnol approuve 30 millions d’euros supplémentaires pour le contrôle des migrations au Maroc

    Mardi dernier, le Conseil des ministres espagnol a approuvé l’envoi de 30 millions d’euros supplémentaires aux autorités marocaines à des fins de contrôle des migrations, le quatrième programme d’aide financière de ce type depuis 2019, rapporte le journal espagnol Público.

    Le Maroc a maintenant reçu 123 millions d’euros de l’Espagne pour le contrôle des migrations depuis 2019. L’UE a distribué 346 millions d’euros à l’État nord-africain au cours de la même période et devrait envoyer 500 millions d’euros supplémentaires jusqu’en 2027.

    Cela fera un total de 969 millions d’euros entre 2019 et 2027, selon la même source, même si le « chantage migratoire » dont les autorités marocaines sont devenues des maîtres veut dire que le montant pourrait bien encore augmenter.

    Précédemment, le Maroc a reçu 215 millions d’euros de financement de l’UE pour le contrôle des frontières entre 2001 et 2019. Ajouté aux fonds post-2019, il semble que d’ici 2027, l’État nord-africain aura reçu plus de 1 milliard d’euros des fonds européens et espagnols pour le contrôle des frontières et des migrations.

    L’article de Publico note que la dernière livraison de fonds est intervenue après que l’État marocain a envoyé une lettre au Conseil des droits de l’homme des Nations Unies condamnant la souveraineté espagnole sur Melilla et affirmant que le pays n’a pas de frontières terrestres avec l’Espagne. La lettre était une réponse à une enquête sur l’action brutale contre des personnes tentant de franchir la barrière frontalière de Melilla en juin.

    Les autorités espagnoles semblent donc chercher à encourager leurs homologues marocains à maintenir l’apparente prétention d’avoir des frontières terrestres avec l’Espagne, afin d’empêcher l’arrivée de personnes indésirables par-dessus les clôtures à Ceuta ou Melilla – tout comme les responsables marocains l’ont si bien fait en juin, lorsqu’ils ont participé à de violentes attaques contre des personnes tentant de franchir les barrières frontalières, puis n’ont pas porté secours à ceux qui ont été blessés.

    Depuis lors, les autorités marocaines s’acharnent contre ceux qui ont participé à la tentative de traversée, avec des condamnations allant jusqu’à 4 ans de prison ferme.

    L’annonce d’une nouvelle levée de fonds s’est accompagnée des assurances du ministre espagnol de l’intérieur, Fernando Grande-Marlaska, sur l’amitié « loyale et fraternelle » du Maroc.

    Avant la réunion de vendredi dernier du Conseil Justice et Affaires intérieures de l’UE, Grande-Marlaska a également pris le temps de dire que ses homologues européens n’avaient pas à s’inquiéter, « car les relations entre le Maroc et l’Espagne sont exceptionnelles et extraordinaires ». Rien n’est moins sûr. Les pateras continuent d’arriver aux Îles Canaries provenant de Laayoune, Dakhla, Nouadhibou et Sénégal.

    #Maroc #Espagne #Immigration #Frontières

  • Ceuta-Melilla: L’OTAN refuse de s’en mêler

    Ceuta-Melilla: L’OTAN refuse de s’en mêler

    Maroc, Espagne, Ceuta, Melilla, OTAN, Pedro Sanchez,

    Sánchez voulait faire débarquer des navires de l’OTAN à Ceuta et Melilla pour envoyer un message à Rabat.

    Selon OKDiario, le gouvernement de Pedro Sánchez a préparé une feuille de route pour convaincre l’OTAN, à l’occasion du sommet de l’Alliance à Madrid, d’inclure Ceuta et Melilla dans son parapluie de protection. Ce plan a échoué avant d’être mis en œuvre, après qu’il a été réalisé que ni les États-Unis ni le Royaume-Uni n’approuveraient un changement aussi important du statut des deux villes, que le Maroc revendique comme siennes. La Moncloa a manœuvré lors du sommet de l’OTAN pour tenter un  » plan B  » : que les flottes de l’OTAN transitant par le détroit de Gibraltar utilisent les ports des villes autonomes, notamment Ceuta, pour des escales techniques et des ravitaillements pendant leurs missions. Finalement, cela ne se produira pas, et Sánchez se retrouve sans atout dans sa lutte contre Rabat.

    En 2021, l’Espagne travaillait sur une proposition à présenter à l’OTAN pour résoudre, une fois pour toutes, le manque de définition quant à l’appartenance ou non de Ceuta et Melilla au parapluie de l’Alliance. Consulté à l’époque, le gouvernement a fermé les yeux et nié : personne ne travaille sur cette hypothèse. L’information, avec le faux démenti du gouvernement, n’a jamais été publiée.

    La même source rapporte que quelques jours avant le sommet, la Moncloa a laissé échapper que le concept stratégique de Madrid, le guide qui régira les actions de l’OTAN au cours de la prochaine décennie, laisserait Ceuta et Melilla expressément sous la protection de l’Alliance après les efforts déployés par le gouvernement au fil des mois. Les mêmes que ceux qu’il avait refusés. Cependant, le sommet de Madrid a pris fin et Ceuta et Melilla sont restées sans ce nouveau statut. La défense automatique de ces deux endroits n’a pas été envisagée par l’OTAN. Des sources militaires expliquent à OKDIARIO que le gouvernement de Pedro Sánchez « n’a pas insisté sur cette question après avoir appris que ni les États-Unis ni le Royaume-Uni n’allaient la soutenir ».

    Plan B

    D’autre part, le gouvernement espagnol a proposé à l’Alliance un plan B, une sorte de prix de consolation, qui consistait à ce que l’OTAN considère les ports des villes autonomes comme des escales pour les flottes internationales qui traversent le détroit de Gibraltar. Les groupes navals permanents qui sont déployés en permanence dans les zones d’influence en Europe, en Asie et en Afrique.

    Cette proposition a été laissée en suspens, sans réponse positive ou négative de la part de l’Alliance. En fin de compte, cependant, l’Espagne a été informée que les navires de l’OTAN appartenant à ces grandes flottes n’utiliseront pas les ports espagnols sur le continent africain. Il y a « d’autres ports » qui effectuent déjà ce travail, argumente le QG de Bruxelles. Parmi elles figure Rota (Cadix), que les États-Unis considèrent comme d’un intérêt stratégique élevé.

    Les Russes

    Ce recul a des effets économiques importants pour les deux villes. Entre 2010 et 2018, les équipages des navires et sous-marins militaires russes ont effectué une soixantaine d’escales de ravitaillement à Ceuta, rapportant environ cinq millions d’euros de recettes, selon les données de l’autorité portuaire de la ville.

    Ce flux d’avantages a été coupé lorsqu’en 2018, l’accord tacite entre la Russie et l’Espagne pour effectuer ces escales a été définitivement rompu. Ni le ministère de la défense ni la marine espagnole n’ont vu d’objection à ce qu’ils aient lieu, comme ils le font depuis les années 1970. Mais ce sont les lobbies des États-Unis et du Royaume-Uni qui ont effectué un travail méthodique à Bruxelles pour que l’Alliance fasse comprendre à l’Espagne qu’elle ne voyait pas la nécessité de telles escales russes, surtout depuis l’entrée de Moscou dans le conflit syrien.

    L’Espagne a accepté ce mandat, tout en faisant valoir que si Ceuta et Melilla n’étaient pas des territoires de l’OTAN, il n’y avait aucune raison de mettre fin aux escales. Dans les années qui suivent, cependant, il y a eu des visites russes discrètes et courtes à Ceuta. Les exceptions étaient rares.

    Maroc

    Mais surtout, le plan B de la Moncloa, en proposant Ceuta – et dans une moindre mesure Melilla – comme escale sûre, avait une composante stratégique. Si ni Ceuta ni Melilla ne sont sous le parapluie de la protection reconnue par le traité de Washington, qui a donné naissance à l’Alliance, la présence des flottes de l’OTAN servirait au moins à envoyer un message au Maroc, à savoir que les deux territoires sont effectivement sous protection. Que l’Espagne n’est pas seule si elle doit les défendre contre une action hostile.

    Il convient de rappeler que Rabat n’a jamais, en aucun cas, affirmé son intention de respecter le statut espagnol de Ceuta et Melilla. En fait, la semaine dernière, le Maroc a assuré par écrit aux Nations unies qu’il n’avait pas de « frontières terrestres avec l’Espagne », tout en décrivant Melilla comme une « ancienne prison » en raison de sa clôture de protection frontalière. En réponse au tollé, Rabat a nuancé ses propos, mais ne les a pas retirés.

    #Maroc #Espagne #Ceuta #Melilla #OTAN #Pedro_Sanchez

  • Sahara Occidental : L’Espagne et la solution autonomique

    Sahara Occidental : L’Espagne et la solution autonomique

    Maroc, Sahara Occidental, Wikileaks, Espagne, autonomie, Miguel Angel Moratinos, Catalogne,

    Tous les doutes sur l’attitude du gouvernement espagnol face au conflit en cours dans la région du Sahara Occidental sont levés par les derniers documents fournis par Wikileaks. Dès le début, le gouvernement espagnol a soutenu une proposition visant à transformer le Sahara en une communauté autonome au sein du Maroc. Les télégrammes divulgués envoyés entre les ambassades aux États-Unis, Madrid, Rabat et Paris et découverts par Wikileaks ont été publiés mardi dans le journal espagnol El Pais.

    En 2006, le ministre des Affaires étrangères de l’époque, Miguel Ángel Moratinos, a envoyé une proposition – sur papier sans en-tête, selon le journal – suggérant que les pourparlers cessent d’être sur l’indépendance et la souveraineté (pour les Sahraouis) et à la place sur le soutien à « la régionalisation, l’autonomie et l’autonomie ».

    « Une solution similaire à celle offerte par l’Espagne à la Catalogne », a proposé Moratinos, tandis que les responsables espagnols ont convenu que l’indépendance n’était pas une option réaliste.

    Lorsqu’en 2007 le Maroc a présenté son document proposant l’autonomie pour le Sahara, selon les communications divulguées, Moratinos n’était pas satisfait du résultat et a demandé plus de générosité de la part des Marocains. Les mêmes télégrammes ont révélé que la diplomatie espagnole considérait que la situation était rendue plus difficile par la force de la position française pro-marocaine.

    #Maroc #Sahara_Occidental #Espagne #Wikileaks #Autonomie

  • Espagne: Saisie de 180 kg de haschisch provenant du Maroc

    Espagne: Saisie de 180 kg de haschisch provenant du Maroc

    Espagne, Maroc, haschich, cannabis, trafic de drogue, Almeria,

    Intervenu 180 kilos de haschisch du Maroc dans une opération avec un détenu

    Les enquêtes sont toujours ouvertes afin de déterminer l’identité du reste des personnes impliquées dans la planque.

    Les responsables de la surveillance douanière de l’Agence fiscale sont intervenus 180 kilos de haschisch du Maroc qui avaient été expédiés d’un bateau semi-rigide sur la plage de Balanegra, à Almería, et ont arrêté une personne.

    L’opération a commencé le 12 octobre vers 12h30, lorsque le patrouilleur de surveillance douanière Alca, basé à Almería, a détecté la présence d’un navire semi-rigide naviguant vers le nord en direction de la Punta del Río de Adra.

    Le navire est immédiatement suivi par mer, avec l’appui des forces déployées à terre.

    Vers 02h00, le bateau a touché terre sur la plage de Balanegra, où une dizaine de personnes ont commencé à transférer les balles du bateau vers une camionnette.

    À ce moment-là, les agents de la surveillance douanière ont procédé à l’intervention, tant par voie maritime que terrestre, au cours de laquelle cinq paquets de haschich ont été saisis, l’un des intervenants dans la cache, identifié comme NLS, a été arrêté et ils ont saisi différents appareils de communication radio, comme ainsi que 900 litres de carburant.

    L’enquête a révélé que le bateau utilisé dans la planque était un pneumatique semi-rigide de douze mètres de long avec deux moteurs de 300 CV chacun, l’un de ceux couramment utilisés pour le trafic de haschich du Maroc vers les côtes espagnoles.

    Par la suite, le bateau avec le détenu, la substance narcotique et l’essence saisie a été transféré au port d’Almería, où il a été provisoirement déposé.

    L’autorité judiciaire compétente est le tribunal d’instruction 2 Berja (Almería) de service. Les enquêtes sont toujours ouvertes par l’unité opérationnelle de surveillance douanière d’Almería, afin de déterminer l’identité des autres personnes impliquées dans l’expédition.

    El Faro de Ceuta, 19/10/2022

    #Maroc #Espagne #Hashich #Cannabis #Trafic_de_drogue

  • Frontières sud de l’UE: Problèmes au Maroc, au Malte et en Libye

    Frontières sud de l’UE: Problèmes au Maroc, au Malte et en Libye

    Maroc, Espagne, immigration, Melilla, Union Européenne, Malte, Libye, Italie, Egypte,

    Frontières sud de l’UE : le Maroc continue d’arrêter des migrants alors que le médiateur critique l’Espagne, les ONG de la RAS dénoncent les tactiques maltaises de non-réponse alors que Sea-Watch 3 reste bloqué et proteste contre l’accord Italie-Libye.

    Alors que l’Espagne et le Maroc continuent de bloquer une enquête approfondie sur la « tragédie meurtrière de Melilla », les autorités marocaines ajoutent 25 personnes à sa vague d’arrestations et le Médiateur critique les autorités espagnoles. Sea-Watch 3 reste bloqué en Italie malgré une décision de la Cour européenne de justice (CEJ) alors que Malte poursuit ses tactiques de non-réponse en ordonnant à un navire marchand d’emmener des survivants en Égypte. La protestation contre l’accord Italie-Libye devrait être renouvelée en novembre.

    La controverse sur la perte tragique d’au moins 37 vies au poste frontière de Melilla entre le Maroc et l’Espagne en juin se poursuit. Alors que les autorités des deux pays ont été réticentes à assurer une enquête approfondie sur l’incident meurtrier, le Maroc a condamné des dizaines de ses survivants à des peines d’emprisonnement , notamment »entrée illégale sur le sol marocain » et « violences contre les forces de l’ordre ». Le dimanche 16 octobre, 25 autres personnes originaires du Soudan et du Tchad ont été détenues dans la forêt de Gourougou près de l’enclave espagnole de Melilla.

    « Le Maroc agit comme un gendarme de la politique européenne d’immigration », a déclaré Omar Naji, chef du groupe de défense des droits de l’AMDH à Nador. Ajoutant que les autorités « auraient dû protéger ces demandeurs d’asile au lieu de les arrêter ». Entre-temps, une publication anticipée d’un rapport du Médiateur espagnol définit l’incident comme « une situation de risque prévisible » sans tenir compte « des garanties juridiques espagnoles et internationales des droits des migrants », y compris le droit de demander l’asile.

    L’enquête du Médiateur est en cours. Selon InfoMigrants, la route canarienne s’est déviée ces derniers mois avec comme principal point de départ la côte entre Tan-Tan au sud du Maroc et Laayoune au nord du Sahara, juste en face de Lanzarote et Fuerteventura à seulement 100-150 kilomètres. Entre le 16 et le 17 octobre, des sauveteurs espagnols de Salvamento Marítimo ont secouru 380 personnes tentant d’atteindre les îles Canaries dans des embarcations de fortune. Et le 18 octobre, la hotline de l’ONG Alarm Phone a confirmé un autre sauvetage de 45 personnes tentant de rejoindre les îles Canaries depuis le Maroc par l’opérateur de sauvetage espagnol. Toujours le 19 octobre , Salvamento Marítimo a secouru 11 ressortissants algériens dont trois enfants et un bébé de 8 mois après que le groupe ait été à la dérive pendant quatre jours.

    Sea-Watch 3 exploité par Sea-Watch International est bloqué par les autorités italiennes depuis le 21 septembre 2022 malgré une décision rendue en août par la CJUE déclarant illégales les contrôles arbitraires par l’État du port (PSC). L’organisation a déclaré le 18 octobre : « En raison du blocus arbitraire du Sea-Watch 3, nous n’avons actuellement aucun navire en service – néanmoins, nous volons avec Seabird tous les jours et soutenons la flotte civile depuis les airs. Ces derniers jours, notre équipage a pu repérer de nombreux bateaux et personnes en détresse ».

    Les autorités maltaises poursuivent leurs tactiques de non-réponse aux personnes en détresse en Méditerranée. Une déclaration communepar Alarm Phone, Mediterranea Saving Humans, Médecins Sans Frontières (MSF) et Sea-Watch publié le 19 octobre, décrit comment le 26 septembre : « 23 personnes ont été envoyées en Égypte sur les instructions du Rescue Coordination Center (RCC) de Malte, après avoir été secouru dans la région maltaise de recherche et de sauvetage (SAR) par le navire marchand Shimanami Queen, naviguant sous le pavillon de l’État panaméen ».

    Selon les organisations : « Conformément aux conventions maritimes, le RCC Malte est légalement responsable de la coordination de toute opération de sauvetage en cas d’urgence ou d’accident dans sa région SAR. Dans ce cas précis, le RCC Malte a ordonné aux navires marchands se trouvant à proximité immédiate du bateau en détresse soit de poursuivre leur route, soit simplement de rester en attente, retardant ainsi considérablement le sauvetage. Le 17 octobre : Des pêcheurs tunisiens ont secouru 35 personnes et le navire Nadir exploité par RESQSHIP a réussi à alerter les autorités italiennes et à empêcher le groupe renvoyé par les autorités tunisiennes. Une fillette de quatre ans non accompagnée est arrivée à Lampedusa sans sa famille le 17 octobre dans un bateau bondé. Selon certaines informations, ses parents et sa sœur auraient été laissés en Tunisie alors que le bateau partait précipitamment.

    Le 17 octobre , MSF Mer a signalé que son navire, Geo Barents, a mené plusieurs opérations de sauvetage, sauvant près de 100 personnes dont 17 enfants et ramenant le nombre total de survivants à bord à près de 300 après des sauvetages supplémentaires les 16 et 17 octobre . L’organisation a déclaré le 19 octobre: ​​ »Le Geo Barents se dirige actuellement vers le nord et confie une recherche excessive à SOS Humanity. Après avoir fait face à des voyages éprouvants, à des abus et à la détention en Libye, les 293 hommes, femmes et enfants à bord doivent rapidement rejoindre un lieu sûr ». Neuf jours après le premier sauvetage, les survivants ont finalement été assignés à un port de débarquement à Taronto, en Italie, le 21 octobre. Rapports MSF Merd’un survivant : « montrant à notre équipe médicale des blessures subies en Libye qui n’ont pas été soignées. Certains sont le résultat de la violence et des abus que beaucoup d’entre eux subissent dans le pays ». Le 21 octobre , Alarm Phone a fait état de 32 personnes à la dérive au large de Benghazi, appelant à un sauvetage.

    Le soutien et la coopération de l’UE et des États membres aux autorités libyennes, y compris les soi-disant garde-côtes libyens notoires pour dissuader la migration, ont été largement critiqués comme une complicité de facto dans les violations extrêmes des droits de l’homme dans ce pays déchiré par la guerre. Le 15 octobre, des militants se sont rassemblés dans des villes italiennes, dont Rome et Naples, pour protester contre l’accord Italie-Libye qui a été renouvelé pour trois ans en février 2020 et doit prendre fin début 2023 mais devrait être renouvelé en novembre 2022.

    16 627 personnes avaient « débarqué sur les côtes libyennes » en 2022 au 1er octobre, selon l’Organisation internationale pour les migrations OIM Libye . La majorité de ces personnes auraient été interceptées et renvoyées par les soi-disant garde-côtes libyens, financés et formés par l’UE et ses États membres.

    European Council on Refugees and Exiles, 21/10/2022

    #Maroc #UE #Italie #Immigration #Libye #Melilla

  • L’Europe se tourne vers l’Algérie pour le gaz naturel

    L’Europe se tourne vers l’Algérie pour le gaz naturel

    Europe, Union Européenne, UE, Algérie, gaz, Maroc, Sahara Occidental, Espagne,

    FEDERICA SAINI FASANOTTI

    Les pays européens se précipitent pour signer des accords de coopération avec l’Algérie, mais la capacité de production du pays est entravée par des défis structurels.

    Le 5 septembre, le président du Conseil européen, Charles Michel, a atterri en Algérie, le plus grand exportateur de gaz d’Afrique, pour réitérer la nécessité d’une collaboration à un moment extraordinairement difficile pour l’approvisionnement énergétique de l’Europe. M. Michel a qualifié le pays d’Afrique du Nord de « partenaire fiable, loyal et engagé dans le domaine de la coopération énergétique ».

    La guerre en Ukraine n’a pas seulement entraîné des changements géopolitiques en Europe, en Russie et en Asie, mais aussi sur le continent africain. Soudainement confrontés à une crise énergétique extraordinaire, les dirigeants européens ont commencé à apparaître dans les principales capitales pétrolières et gazières d’Afrique. Le Premier ministre italien Mario Draghi, le président français Emmanuel Macron et le chancelier allemand Olaf Scholz ont souvent traversé la Méditerranée ces derniers mois. L’Algérie, après des années d’auto-isolement, a été une destination populaire même si le 2 mars, l’Algérie s’est abstenue lors du vote des Nations Unies sur l’occupation russe de l’Ukraine. Alger veut laisser la porte ouverte à tous les acteurs internationaux. En fait, la Russie et les États-Unis sont venus frapper à la porte ces derniers mois.

    Cette année, l’Algérie a été au centre de l’attention européenne comme jamais auparavant.

    En juillet 2022, la compagnie pétrolière italienne Eni, l’américain Occidental et le français Total ont signé un contrat de partage de production de pétrole et de gaz de 4 milliards de dollars avec l’entreprise publique algérienne Sonatrach, qui fournirait à des pays comme l’Italie des volumes importants de gaz naturel. L’accord est très important. Avant l’occupation russe de l’Ukraine, Alger ne fournissait à l’Union européenne que 11 % de ses besoins en gaz, contre 47 % pour la Russie. Le pays africain exporte environ 83% de son gaz vers l’Europe, la majeure partie vers l’Italie et l’Espagne, qui en 2021, ont reçu 65% des exportations de gaz de l’Algérie. Pourtant, le pays dispose désormais d’une capacité de production limitée qui compromet sérieusement ces plans d’expansion. L’exploration, le développement des infrastructures et les investissements sont tous indispensables.

    L’un des projets les plus pertinents à cet égard est le gazoduc transsaharien, qui augmenterait considérablement le flux d’ approvisionnement vers l’Europe. Le plan a été confirmé fin juillet par les ministres de l’énergie algérien, nigérian et nigérien, faisant ainsi de l’Algérie un pays clé dans le commerce de l’énergie. Environ 70% du pipeline passera par le territoire algérien, permettant au pays de percevoir des redevances considérables qui augmenteront à terme la capacité d’investissement de Sonatrach. Il y a quelques semaines seulement, un nouveau gisement de pétrole a été découvert dans le sud-ouest du pays, Hassi Illatou East-1, qui contient entre 48 et 150 millions de barils selon les premières estimations.

    L’Algérie est-elle la seule bonne réponse ?

    Ces dernières années, les relations extérieures de l’Algérie ont parfois été marquées par des tensions sur les revendications territoriales au Sahara occidental. Le Front Polisario, une organisation exigeant l’autodétermination du Maroc, a reçu le soutien militaire et financier d’Alger au cours de la dernière décennie. En juin 2022, l’Espagne s’est rangée du côté du Maroc dans le conflit et, en représailles, Alger a suspendu son traité de coopération de 2002 avec Madrid – une violation possible des lois commerciales de l’UE.

    Ce n’est pas la première fois que des pays occidentaux se rangent du côté du Maroc – l’administration Trump avait reconnu la souveraineté marocaine sur la zone contestée – mais jamais Alger n’avait réagi de manière aussi agressive. Le Maroc a été de plus en plus affirmé sur la question, gagnant des alliés à l’étranger. En réponse, l’Algérie a cherché à intensifier ses relations avec des partenaires historiques tels que l’Italie et la France. En mai 2022, le président Abdelmadjid Tebboune s’est rendu à Rome pour signer un nouvel accord visant à faire de l’Algérie le premier fournisseur d’énergie de l’Italie.

    Ces accords récents ont permis à Alger de mettre en place des mesures de sécurité sociale et des subventions pour ses citoyens. Pourtant, l’Algérie a été critiquée pour plusieurs violations des droits de l’homme, comme la répression politique et les mauvais traitements infligés aux minorités – des questions sur lesquelles l’Europe devra fermer les yeux pour l’instant. Certes, la richesse énergétique du pays atténuera la pression sur les dirigeants pour qu’ils s’attaquent à des problèmes de longue date comme le chômage des jeunes et la réforme économique.

    Passé inconfortable, avenir radieux

    L’Algérie a célébré le 5 juillet 2022 le 60e anniversaire de son indépendance. Cette année, le pays a été au centre de l’attention européenne comme jamais auparavant. Paris a tenté de raccommoder les clivages postcoloniaux, comme en témoigne le voyage de trois jours du président Emmanuel Macron fin août après cinq ans d’absence. Le président français était accompagné d’une délégation de 90 personnes dont six ministres et plusieurs chefs d’entreprise comme le PDG de l’énergéticien ENGIE.

    Bien que cette année ait été remarquable pour l’Algérie, l’administration Tebboune – élue démocratiquement en 2019 – ne semble pas à la hauteur, et pas seulement sur le plan des relations internationales comme le montrent les tensions avec le Maroc ou l’Espagne. Il existe de nombreuses preuves que la classe politique algérienne reste profondément corrompue.

    Compte tenu de la menace terroriste persistante et des tensions régionales avec le Maroc, l’augmentation des revenus énergétiques ira probablement dans les coffres du puissant appareil militaire algérien.

    M. Tebboune est arrivé au pouvoir avec le soutien de l’armée au lendemain du soulèvement du Hirak de 2019. Mais de nombreux segments de la population algérienne ne le soutiennent pas, et la dissidence doit être tenue sous silence. L’armée algérienne reste un acteur politique profondément influent.

    Scénarios

    Compte tenu de la menace terroriste persistante et des tensions régionales avec le Maroc, l’augmentation des revenus énergétiques ira probablement dans les coffres du puissant appareil militaire algérien.

    La collaboration entre l’armée algérienne et la Russie sera probablement mise à l’honneur. Bien que l’armée ait tenté de maintenir une certaine neutralité, entre 2016 et 2020, Moscou a vendu environ 4,2 milliards de dollars d’armes à Alger, devenant ainsi son principal fournisseur. Bien que la scène géopolitique ait changé à cause de la guerre en Ukraine, rien n’indique qu’il y aura un abandon de la Russie à cet égard.

    Liens plus étroits avec la Russie et recul démocratique

    C’est le scénario le plus probable, puisque les relations entre Alger et Moscou datent de plusieurs décennies et qu’il existe un schéma tout aussi ancien d’ingérence militaire dans la vie politique du pays. Un rapprochement plus poussé avec la Russie serait certainement exploité pour accroître les tensions avec le Maroc et les nations qui le soutiennent, comme cela s’est déjà produit avec l’Espagne. L’Europe devra réévaluer ses priorités et décider si elle veut ignorer les violations des droits de l’homme et l’amitié d’Alger avec Moscou.

    L’Algérie s’aligne sur l’Occident et se détourne de la Russie

    Cette éventualité est très peu probable. Mais dans ce cas, la transition du pays vers une démocratie fonctionnelle s’accélérerait probablement. Les investissements occidentaux augmenteraient, non seulement dans les infrastructures mais aussi dans la lutte contre la corruption, qui est le véritable mal endémique en Algérie.

    Un conflit armé éclate à cause des tensions avec le Maroc
    Si cela devait se produire, la communauté internationale serait appelée à intervenir, augmentant la polarisation des acteurs extérieurs pour ou contre le Maroc, surtout maintenant que le rôle énergétique de l’Algérie est si important. La Russie bénéficierait de ce résultat car il augmenterait les frictions globales entre l’Europe et les pays d’Afrique du Nord. Mais c’est un scénario peu probable à court et moyen terme.

    GIS Report Online, 20/10/2022

    #Algérie #UE #Gaz #Maroc #Sahara_Occidental

  • Maroc-Espagne : Chronologie d’une crise en 11 assaults

    Maroc-Espagne : Chronologie d’une crise en 11 assaults

    Maroc, Espagne , Algérie, Sahara Occidental, Front Polisario, immigration, Ceuta, Melilla,

    Toutes les attaques marocaines contre l’Espagne au cours de la dernière année et demie

    Depuis 18 mois, le royaume alaouite met en œuvre une stratégie agressive de confrontation contre le gouvernement de Sánchez, dont il a obtenu de nombreuses missions, comme le remplacement aux Affaires étrangères ou la déviation sur le Sahara.

    La crise actuelle entre le Maroc et l’Espagne, dont le dernier chapitre n’a probablement pas été écrit, est déclenchée par l’arrivée du chef du Front Polisario , Brahim Ghali , en Espagne le 18 avril 2021. Le militaire et homme politique -également président de la République sahraouie – entre en Espagne pour être hospitalisé à Logroño après avoir contracté le coronavirus . Lorsque la nouvelle a été rendue publique – son entrée est un secret d’État –, le Maroc a qualifié l’acte du gouvernement espagnol de « contraire à l’esprit d’association et de bon voisinage ». A partir de ce moment, les attaques commencent.

    1.- Crise migratoire à Ceuta

    Le 17 mai 2021, il y a un afflux massif de migrants à Ceuta . Les images de la gendarmerie marocaine ouvrant les portes pour faciliter leur passage inondent les télévisions et les réseaux sociaux. 8 000 migrants – pour la plupart des mineurs – arrivent dans la ville autonome en deux jours . L’ambassadrice du Maroc en Espagne, Karima Benyaich , peu après la crise migratoire, a fait des déclarations éclairantes : « Il y a des actes qui ont des conséquences et il faut les accepter.

    2.- Appel à consultations de l’ambassadeur du Maroc en Espagne

    Le 18 mai 2021, le Maroc convoque son ambassadrice en Espagne, Karima Benyaich , pour des consultations . Les relations entre les deux pays sont pratiquement rompues.

    3.- Annulation de l’opération Traversée du détroit

    Le 6 juin 2021, le Maroc annule l’Opération Traversée du Détroit (OPE), citant la pandémie comme cause. Cependant, Rabat maintient des liaisons depuis la France , l’Italie ou le Portugal . L’OPE représente une incitation économique pour l’Espagne pendant les mois d’été, puisqu’entre le 15 juin et le 15 septembre, des centaines de milliers de Marocains de toute l’Europe traversent le territoire espagnol pour rejoindre leur pays natal. L’annulation de l’OPE implique donc un manque à gagner notable pour l’Espagne.

    4.- Licenciement de Laya, arrivée d’Albares

    Sánchez, comme premier geste de conciliation envers le royaume alaouite, sacrifie la ministre des Affaires étrangères, Arancha González Laya , le 10 juillet 2021 , pour la remplacer par José Manuel Albares , jusqu’alors affecté à l’ambassade d’Espagne à Paris . Le profil pro-français d’Albares cherche à apaiser les eaux avec Rabat . Malgré le geste, le Maroc continue de démentir toute visite d’un haut responsable du gouvernement espagnol à Rabat, se cachant toujours derrière la situation sanitaire compliquée causée par le COVID-19.

    5.- Le drapeau de l’Espagne, à l’envers

    Lors de la visite de Pedro Sánchez à Rabat le 7 avril 2022, qui vise à clore la crise aiguë entre le Maroc et l’Espagne, il y a un geste qui ne passe pas inaperçu auprès de l’opinion publique. Lors du dîner entre Mohamed VI et Sánchez , le drapeau espagnol est placé à l’envers. Il y a des spéculations quant à savoir s’il pourrait s’agir d’un acte intentionnel , puisque les symboles des réunions d’État sont soigneusement examinés par l’équipe du protocole.

    6.- Fuite de la lettre de Sánchez

    Le 18 mars 2022, la Maison royale du Maroc annonce que le président du gouvernement espagnol a adressé une lettre à Mohamed VI , datée du 14 mars, dans laquelle il assure que « la proposition marocaine d’autonomie » constitue « la proposition la plus sérieuse, la plus crédible et réaliste » pour résoudre la question du Sahara Occidental.

    La publication de la lettre de Sánchez – par le Maroc – prend par surprise le gouvernement lui-même et les partis qui soutiennent l’exécutif. L’opposition ne le sait pas non plus. Reste à savoir si le président en informe préalablement Felipe VI . Les détails que Moncloa offre sont minimes et Sánchez décide de ne pas comparaître au Congrès avant le 30 de ce mois. Après cinq jours de silence, la lettre de Sánchez à Mohammed VI est rendue publique dans son intégralité par sa fuite dans un journal.

    7.- Reconnaissance espagnole de l’annexion du Sahara par le Maroc

    Pedro Sánchez, dans la lettre qu’il adresse à Mohamed VI , soutient en effet que le plan d’autonomie du Sahara Occidental proposé par le Maroc en 2007 constitue « la base la plus sérieuse et la plus réaliste » pour parvenir à une solution à ce conflit. Sánchez exprime également sa volonté de « construire une nouvelle relation, basée sur la transparence et la communication permanente, le respect mutuel et les accords signés entre les deux parties et l’abstention de toute action unilatérale ».

    Le tournant politique est d’une telle envergure historique que les partenaires du gouvernement de Sánchez se retournent contre lui. ERC , Más País , EH-Bildu et IU rejettent le plan d’autonomie du Maroc pour le Sahara Occidental au Congrès parce qu’ils le considèrent comme contraire aux résolutions de l’ONU, tandis que PP et Vox choisissent de s’abstenir. Quelque chose d’inhabituel; tous accusent le gouvernement de s’éloigner de « la position correcte ». Le virage brutal de la politique étrangère a également provoqué un rejet direct de l’ Algérie et une dégradation drastique des relations de ce pays avec l’Espagne.

    8.- Vol d’informations avec Pegasus

    Le 2 mai 2022, le ministre de la Présidence, Félix Bolaños , reconnaît lors d’une conférence de presse le vol d’informations du téléphone portable de Pedro Sánchez et ancien ministre González Laya. Dans le cas de Sánchez, on suppose que le vol de données dépasse deux Go . Les dates de l’assaut informatique coïncident avec le paroxysme de la crise diplomatique avec le pays voisin ; c’est-à-dire en mai 2021. L’exécutif de Sánchez ne reconnaît pas la responsabilité du Maroc dans cet événement, bien qu’il assure qu’il s’agit « d’une attaque extérieure ».

    9.- Destitution de Paz Esteban

    Après 39 ans de travail dans les services de renseignement espagnols, le gouvernement de Pedro Sánchez limoge le 10 mai le directeur du Centre national de renseignement (CNI), Paz Esteban.

    10.- Assaut sur la clôture de Melilla

    « S’il y a un responsable, ce sont les mafias qui font le trafic d’êtres humains », affirme Sánchez le 25 juin 2022 à propos de l’assaut massif sur la clôture de Melilla par plus de 2 000 immigrés , qui a fait 27 morts selon certaines ONG , et 49 gardes civils blessés. Le président, qui avait précédemment remercié la « coopération extraordinaire » du pays voisin, soutient une nouvelle fois le travail du Maroc, évitant ainsi de condamner les violences policières marocaines disproportionnées.

    11.- L’Espagne livre 20 millions d’euros au Maroc

    Le 11 octobre, le Conseil des ministres espagnol a approuvé l’octroi d’un prêt de 20 millions d’euros à la société financière marocaine Jaida SA , imputé au Fonds pour la promotion du développement géré par le ministère marocain des Affaires étrangères, et avec une durée de remboursement de quatre ans.

    Le gouvernement de Pedro Sánchez justifie cette aide par le fait que l’entreprise « joue un rôle clé dans le soutien de l’inclusion financière au Maroc », et qu’elle contribuera ainsi au « développement économique, en promouvant les opportunités économiques pour les plus pauvres ».

    El Debate, 19/10/2022

    #Maroc #Espagne #Sahara_Occidental #Algérie #Immigration

  • L’Algérie augmente ses dépenses de défense de 130 %

    L’Algérie augmente ses dépenses de défense de 130 %

    Algérie, Maroc, Sahara Occidental, Bayraktar TB2, drones, Espagne,

    L’Algérie augmente ses dépenses de défense de 130 % pour moderniser une armée obsolète calquée sur le modèle russe.

    L’Algérie augmente ses dépenses de 130 % pour atteindre 23,3 milliards d’euros, soit presque deux fois plus que l’Espagne (12,137 milliards) et quatre fois plus (5,2 milliards) que le Maroc.

    Le Maghreb s’arme à pas de géant et, grâce à l’explosion de ses revenus d’hydrocarbures, l’Algérie montre la voie. Son budget de défense pour 2023 est en hausse de près de 130 %, à 23,3 milliards d’euros, soit près du double des 12,137 milliards d’euros alloués au ministère espagnol de la défense et quatre fois les 5,2 milliards que dépensera le Maroc.

    L’Algérie est le pays africain qui investit le plus dans ses forces armées. La loi de finances, comme on l’appelle en Algérie, stipule que les dépenses de défense équivalent à 15 % du produit intérieur brut (PIB) et représentent 23 % du budget général de l’État. Les petits caractères de ce poste budgétaire – qui ne sera pas débattu au Parlement parce qu’il est considéré comme secret – minimisent quelque peu la portée de cette augmentation record, révélée en exclusivité lundi par Akram Kharief, directeur du site web militaire algérien « Mena Défense ». Le budget de défense de l’Algérie ne dépassera que nominalement celui de l’Espagne en 2023. Si l’on ajoute au budget que gérera le département de Margarita Robles les ressources que le ministère de l’Industrie consacrera aux programmes d’armement et les crédits dits de contingence, le budget réel de l’Espagne en 2023 s’élèvera à 26,341 milliards d’euros (2,18 % du PIB en 2021). Ce chiffre dépasse légèrement l’engagement pris par les membres de l’OTAN de consacrer un peu plus de 2 % de leur PIB à leurs forces armées. Le PIB de l’Espagne est 8,8 fois celui de l’Algérie et 11,3 fois celui du Maroc.

    Les dépenses réelles du Maroc en matière de défense nécessitent également des calculs. Les prévisions pour 2023 n’ont pas encore été rendues publiques, mais elles dépasseront nominalement les 5,5 milliards. À ce montant s’ajoutent les crédits anticipés pour l’achat d’armes, ce qui donne un budget réel deux fois plus élevé que celui officiellement alloué à l’administration de la défense, comme on appelle le ministère de la défense à Rabat. « Il n’est pas dans les habitudes du gouvernement ou du ministère de la Défense [dont le portefeuille est détenu par le président algérien Abdelmajid Tebboune] de donner des détails sur les besoins budgétaires [des forces armées], car ils relèvent du secret d’État », note Mena Défense. Malgré cela, la publication spécialisée note que les dépenses de défense algériennes sont divisées en trois chapitres principaux. Le premier comprend une augmentation des pensions et des réparations pour les militaires blessés pendant la guerre civile du pays dans les années 1990. La seconde servira à financer les achats d’armes qui « s’inscrivent dans le cadre du renouvellement du matériel obsolète et de la modernisation des forces armées ». Le troisième semble indiquer que les forces armées se prépareront à mener des « opérations au-delà des frontières » de l’Algérie. La cible n’est pas le Maroc, mais les États semi-faillibles du Sahel, dont certains, comme le Mali, ne sont maintenus en vie que par la présence de mercenaires du groupe russe Wagner.

    Rénovation des antiquités russes

    Selon des sources non algériennes connaissant le pays, d’autres raisons expliquent cette forte augmentation du budget. L’invasion de l’Ukraine par la Russie a montré à quel point les armes de fabrication russe sont dépassées par rapport aux armes occidentales que les États-Unis et plusieurs pays européens fournissent actuellement à l’armée du président ukrainien Volodymir Zelensky. Les revers de la Russie dans la guerre s’expliquent par la vétusté de son armement, ainsi que par la corruption de ses officiers et le faible moral de ses troupes. L’Algérie a été le troisième plus grand client pour les armes russes au cours de la dernière décennie, après la Chine et l’Inde. Plus des deux tiers des armes de ses armées sont russes, tandis que celles du Maroc proviennent des États-Unis (90 %) et de la France (9 %). Rabat diversifie désormais ses achats en acquérant, par exemple, des drones israéliens (WanderB et ThunderB) et turcs (Bayraktar TB2). Ces derniers ont été utilisés dans la guerre du Sahara occidental contre le Front Polisario.

    Alger a des raisons de s’inquiéter. La leçon qu’elle commence à tirer de ce qui s’est passé en Ukraine est que sa supériorité en matière d’armement sur le Maroc, son grand rival, n’est que théorique. Pour qu’il n’en soit pas ainsi, elle doit acheter de nouvelles armes, peut-être auprès d’autres clients dont les produits ne sont pas aussi dépassés que ceux de la Russie. « Peut-être que la Chine, et dans une moindre mesure la Turquie et l’Inde, remplaceront la Russie à l’avenir », prédit un responsable de l’OTAN qui a passé de nombreuses années sur le flanc sud de l’Europe. S’il y a un domaine dans lequel l’Algérie est à la traîne, ce sont les drones, ainsi que la cybersécurité. Elle vient de passer une première commande à Turkish Aerospace pour six drones de combat stratégique TAI Aksungur. La dépendance de l’Algérie vis-à-vis de la Russie en matière d’armement présente d’autres inconvénients. À la mi-septembre, le sénateur républicain Marcos Rubio a été à l’origine d’une initiative de 27 membres du Congrès américain appelant la Maison Blanche à sanctionner Alger pour ses relations étroites avec Moscou. Aucune sanction ne sera prise, surtout à l’heure où les Européens, alliés de Washington, font un pèlerinage à Alger pour acheter le gaz qui ne leur parvient plus de la Russie. Néanmoins, le porte-parole du département d’État, Vedant Patel, a déclaré que les achats de l’Algérie à la Russie étaient « profondément troublants ». Le mois prochain, l’Algérie fournira un nouveau test de ses liens avec la Russie. Les deux armées effectueront des exercices conjoints autour de la base militaire de Hammaguir, dans la province de Béchar, non loin de la frontière avec le Maroc. Cet exercice conjoint, bien que frappant, est purement symbolique et ne concernera que 80 soldats des forces spéciales russes.

    El Confidencial, 19/10/2022

    #Algérie #Maroc #Armée #armes