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  • Espagne-Algérie. Le «caméléon» de Madrid

    Espagne-Algérie. Le «caméléon» de Madrid

    Espagne, Algérie, Sahara Occidental, Gaz, Pedro Sanchez, José Manuel Albares,

    Au moment où l’Europe, en guerre déclarée contre la Russie, se débat pour s’affranchir de l’emprise gazière de Poutine, l’Espagne de Pedro Sanchez se tourne vers Moscou. Summum de la trahison.

    Brahim TAKHEROUBT

    Par devoir d’honnêteté, il faut reconnaître que le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, fait des miracles: c’est une personne capable de donner le vertige à une girouette. Il y a à peine quelques semaines, n’a-t-il pas dépêché son ministre des Affaires étrangères, Albares, à Bruxelles dans l’espoir d’impliquer l’Union européenne dans une crise bilatérale avec l’Algérie? Pour donner de l’épaisseur à sa manoeuvre, n’avait-il pas évoqué la «main de Poutine» derrière la décision algérienne de suspendre son traité d’amitié comme si Alger se faisait dicter ses positions souveraines? Et puisque le Premier ministre espagnol a un palais sensible au goût des couleuvres, il lâche une autre encore plus grosse. Après l’UE, il tente de vendre la menace russe à l’Otan.

    Le ministre des Affaires étrangères a déployé toute sa rhétorique mensongère, lors du Sommet de l’Otan qui s’est tenu à Madrid les 28, 29 et 30 juin dernier pour convaincre les membres de cette alliance atlantiste de la gravité des menaces qui ont surgi dans le flanc sud de l’Otan. Il évoque encore une fois « la main russe» derrière la déstabilisation de l’Afrique du Nord et du Sahel. Usant de messages codés, il a directement fait allusion à l’Algérie signifiant que ces menaces venant du «sud», usaient de la question migratoire et de «l’énergie comme armes de pression». C’est sur ces éléments farfelus et ces thèses décousues que Sanchez et Albares ont bâti leur «château de cartes», comme dans la série de télé américaine, pour tromper qui? L’opinion internationale? Elle ne suit pas Madrid dans son délire. Fourvoyer l’opposition espagnole? Cette dernière ne décolère pas.

    Plus grave encore, elle vient de découvrir, ahurie, le pot aux roses que pendant tout ce temps, le gouvernement espagnol pactisait avec Moscou. Triste constat. Summum d’une trahison corroborée par des chiffres incontestables: selon le gestionnaire du réseau gazier espagnol, 24,4% du gaz importé par l’Espagne est ainsi venu de Russie le mois dernier, contre 29,6% des Etats-Unis. L’Algérie, longtemps premier fournisseur du pays, n’a pesé que pour 21,6% de ses importations. Comment ose-t-on exiger une «entière solidarité» de l’Otan, après l’avoir fait avec l’UE avec de pareils mensonges? À Bruxelles, l’information a été ressentie comme un coup de poignard dans le dos. Au moment où l’Europe occidentale, en guerre déclarée contre la Russie, se débat pour s’affranchir de l’emprise gazière de Poutine, voilà que l’Espagne de Pedro Sanchez se tourne vers Moscou. Quel culot!

    Noyé dans ses propres contradictions, le Premier ministre espagnol affolé, se cherche une issue. Une fois sa trahison rendue publique, il fait réagir sa ministre de la Transition écologique, Teresa Ribera qui a appelé les groupes énergétiques du pays à «réduire au maximum» leurs importations de gaz russe. Contrairement au pétrole, le gaz russe n’est pas concerné par les sanctions européennes adoptées suite à l’opération militaire russe en Ukraine, mais «il est recommandable de rechercher des alternatives», a-t-elle insisté.

    Si au plan interne, le gouvernement Sanchez collectionne les blâmes de l’opposition, ce nouveau rebondissement ne manquera pas de susciter des réactions à l’international. Le «gaz-gate» a emporté le peu de crédibilité dont jouissait jusque-là Pedro Sanchez et son ministre des Affaires étrangères, Albares auprès de leurs alliés occidentaux. On ne peut pas faire la guerre avec un allié enclin à la traîtrise. La diplomatie du mensonge finit toujours par fondre comme neige au soleil. Lors de son déplacement à Bruxelles à la recherche du soutien de l’UE contre l’Algérie, le MAE espagnol a déclaré, torse bombé, qu’il a rencontré le vice-président de la Commission européenne en charge de la politique commerciale, Valis Dombroyskis et Josep Borrell, haut représentant de l’UE pour la politique étrangère (un membre actif du parti PSOE espagnol au pouvoir), que c’est la Russie qui a poussé l’Algérie à s’en prendre économiquement» à l’Espagne. Suffisant, il complète son argumentaire par «les dernières visites de Lavrov à Alger», pour expliquer cette menace contre l’Europe venant du sud. Alors que la planète entière sait que la vraie raison de cette crise avec l’Algérie n’est dû qu’au revirement inattendu de Madrid sur la question sahraouie, sans avoir préalablement informé son partenaire algérien comme l’exigent les dispositifs du fameux traité suspendu. Ne va-t-il pas falloir maintenant à Pedro Sanchez d’expliquer à l’opinion espagnole et internationale qui a inspiré son rapprochement avec Moscou? «La main d’Alger» peut-être? Qui sait?

    L’Expression, 14/07/2022

    #Algérie #Espagne #Gaz #Russie #OTAN #Pedro_Sanchez #Albares

  • Pourquoi l’Algérie ne fait plus confiance à Pedro Sánchez

    Pourquoi l’Algérie ne fait plus confiance à Pedro Sánchez

    Algérie, Espagne, Maroc, Sahara Occidental, Pedro Sanchez,

    Le Sahara occidental est l’une des priorités de la politique étrangère algérienne et la violation de l’amitié entre les deux pays ne peut être passée sous silence dans un contexte où la guerre se joue en Europe et tend à s’internationaliser.

    Par Oukaci Fayçal , rédacteur en chef du journal algérien l’Express.dz/Black World

    L’Espagne est passée du statut de partenaire privilégié de l’Algérie à celui de pays « hostile ». En quelques jours, tout ce qui avait été construit depuis de nombreuses années semble sur le point de s’effondrer. Pourquoi? L’actuel président du gouvernement espagnol, Pedro Sánchez, semble avoir été le principal acteur de ce scénario catastrophique.

    Les relations entre Alger et Madrid étaient amicales et privilégiées jusqu’au changement spectaculaire qu’a opéré le président du gouvernement espagnol concernant le Sahara occidental [en mars dernier, le gouvernement espagnol a soutenu la proposition que le Maroc a présentée à l’ONU en 2007, la qualifiant de « la plus grave base crédible et réaliste pour le règlement de ce différend »]. Alger a ressenti ce changement comme une trahison de l’amitié et une insulte à l’avenir entre les deux pays. Alger considère que des « pressions évidentes » ont été exercées sur le gouvernement espagnol. Madrid a choisi de changer de veste dans un dossier où elle a une responsabilité historique envers le peuple sahraoui et l’ONU, étant donné qu’elle continue d’être la puissance administrante.

    Le Sahara occidental est l’une des priorités de la politique étrangère algérienne et la violation de l’amitié entre les deux pays ne peut être passée sous silence dans un contexte où la guerre se joue en Europe et tend à s’internationaliser. Pedro Sánchez fera perdre beaucoup à l’Espagne dans un contexte où Madrid devrait minimiser le refroidissement des relations avec l’Algérie.

    Dans le même temps, l’Algérie déplore et rejette les déclarations « hâtives et infondées » faites par l’Union européenne le 11 juin, en réaction à la décision souveraine de l’Algérie de suspendre le traité d’amitié, de bon voisinage et de coopération qui la liait à l’Espagne. à une déclaration du ministère algérien des Affaires étrangères.

    « La précipitation et le parti pris de ces déclarations mettent en évidence l’insuffisance de leur contenu », a déclaré Alger, ajoutant qu’ »il s’agit d’un désaccord politique avec un pays européen de nature bilatérale et sans impact sur l’engagement de l’Algérie envers l’UE », alors que les supposés Européens consultation ne serait pas nécessaire pour obtenir une réaction collective de l’Europe. Alger a ainsi répondu aux déclarations du haut représentant de l’UE pour les affaires étrangères, l’Espagnol Josep Borrell, qui accusait l’Algérie de violer l’accord d’association avec l’UE en suspendant le traité avec l’Espagne.

    Il est bon de rappeler, dans ce contexte, que la décision de suspendre ce traité avec l’Espagne répond à une considération légitime de la part de l’Algérie, qui comprend que l’Espagne s’est dissociée d’importantes obligations et valeurs inscrites en elle. Dans cette affaire, Madrid est tenue pour responsable d’avoir vidé cet instrument juridique de son fondement et d’avoir remis en cause la pertinence des relations entre les deux nations. Après avoir vérifié cela, le gouvernement algérien a été contraint d’expliquer publiquement l’ampleur de la mesure visant à préserver les intérêts moraux et stratégiques suprêmes du pays face à des actes qui ont violé l’objet et le but du traité signé par les deux nations.

    Le ministère algérien des Affaires étrangères a déclaré que les organes de la Communauté européenne n’avaient aucune base légale ni compétence en matière de suspension des investissements et des relations commerciales avec l’Espagne, démontant les déclarations officielles faites depuis Bruxelles. Celles-ci, pour l’Algérie, sont hâtives et infondées.

    Cette ingérence malheureuse est due à la personnalité de Pedro Sánchez, qui a privilégié les thèses de la diplomatie nationale au détriment de la préservation des intérêts de l’Union européenne, au sein de laquelle l’Algérie compte de nombreux amis et partenaires fiables et responsables. Cette ingérence est aussi plus incertaine que paradoxale, étant donné qu’elle est devenue une vaine tentative de pression sur un pays du Sud jaloux de son indépendance nationale face à la position circonspecte de la Commission européenne, comme cela a été récemment montré dans ce différend commercial important qui affecte un État clé de l’UE, comme l’Espagne, qui a vu comment deux pays développés non européens, le Maroc et l’Algérie, ont été contraints d’appeler leurs ambassadeurs en réponse à un conflit d’intérêts.

    D’autre part, Alger a également déclaré que « l’Espagne a tourné le dos au peuple sahraoui et à l’ONU en 1975 en se retirant du territoire (sahraoui), et sans avoir organisé le référendum d’autodétermination comme promis, pour lequel elle maintient une responsabilité historique, politique, morale et juridique comme le pouvoir administratif du territoire jusqu’à aujourd’hui.

    Cette dernière « erreur » de Pedro Sánchez s’ajoute à d’autres, selon Alger, qui n’oublie pas les concessions qu’il a faites au Maroc sans recevoir aucune compensation politique, et ce, au détriment de l’amitié avec l’Algérie, et même au détriment des intérêts de l’Espagne.

    Désormais, la question que tout le monde se pose est de savoir ce que va faire l’Algérie et si elle va limiter ses échanges commerciaux ou couper le gaz vers l’Espagne. La réponse est non. Alger a officiellement déclaré qu’il respecterait les contrats commerciaux signés avec l’Espagne, même s’il est en colère contre Madrid, ce qui est légitime. Alger veut donner l’image d’un Etat respectueux du droit international. Cela ne signifie pas que la pression de l’Union européenne a atteint ses objectifs. Non, cela signifie simplement que l’Algérie, même si les autres tournent le dos à leurs engagements internationaux – l’Espagne avant le dossier du Sahara Occidental – sait se montrer plus respectueuse du droit international.

    Cependant, les prix de l’essence continueront-ils d’être révisés à la hausse ? Sans aucun doute, et c’est une mesure commerciale qui n’a rien à voir avec le conflit ou avec le refroidissement des relations entre les deux pays. Le contexte international, marqué par la guerre en Ukraine, une guerre qui tend à s’internationaliser, a fait grimper les prix du pétrole et du gaz. Il sera donc tout à fait légitime qu’Alger revoie à l’avenir les contrats gaziers.

    En ce moment, politiquement et diplomatiquement, les choses sont dans une impasse. La confiance a été remise en cause et le pacte moral entre les deux pays a été rompu. Madrid devrait montrer ses bonnes intentions et penser différemment. Alger saura apprécier et rouvrir ses bras à un pays qui était, il n’y a pas si longtemps, l’un des partenaires stratégiques et privilégiés de l’Algérie.

    Nueva Revolución, 15/07/2022

    #Algérie #Espagne #Maroc #Gaz #Sahara_Occidental #Ukraine #Russie

  • Algérie – Espagne : La crise est là pour rester

    Algérie – Espagne : La crise est là pour rester

    Algérie, Espagne, Maroc, Sahara Occidental, Pedro Sanchez, ambassadeur à Madrid,

    L’Algérie a nommé un nouvel ambassadeur en France et c’est à Madrid plutôt qu’à Paris que la nouvelle suscite le plus d’intérêt.
    La raison en est que le nouveau chef de la plus importante mission diplomatique algérienne à l’étranger n’est autre que Saïd Moussi, l’ambassadeur algérien en Espagne rappelé pour consultation le 19 mars.

    C’était le premier acte d’éloignement entre les deux pays. Alger avait pris cette mesure au lendemain de l’annonce par le gouvernement espagnol de son revirement historique vis-à-vis de la question du Sahara occidental.

    D’autres mesures ont suivi depuis, dont la suspension, mercredi 8 juin, du traité d’amitié, de bon voisinage et de coopération signé avec l’Espagne en 2002.

    Les autorités espagnoles crient également au blocage des échanges commerciaux et nourrissent de sérieuses craintes quant à l’approvisionnement du pays en gaz, dont un peu plus de 20% provient d’Algérie.

    Fin avril, Amar Belani, envoyé spécial chargé du Sahara occidental et des pays du Maghreb, avait prévenu que la crise avec l’Espagne n’était pas un nuage d’automne.

    Ceux qui parlent d’une « colère passagère de l’Algérie, ne sont pas en phase avec la réalité », avait rétorqué le diplomate algérien au président du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, qui avait appelé au retour de l’ambassadeur d’Algérie à son poste.

    Les propos de Belani prennent tout leur sens avec les développements de ces dernières semaines et notamment cette nomination de Saïd Moussi à Paris.

    Même rappelé il y a 4 mois, Moussi était encore ambassadeur en Espagne. Son affectation à Paris signifie qu’Alger a choisi de laisser son ambassade à Madrid vacante, probablement pour un long moment encore.

    C’est du moins ainsi que les analystes espagnols interprètent la décision du président Abdelmadjid Tebboune.

    Tant que Sanchez et Albares restent en poste…

    Certains sont même convaincus que le poste restera vacant et les relations entre les deux pays brouillées tant que Pedro Sanchez et son ministre des Affaires étrangères José Manuel Albares resteront en charge de la politique étrangère espagnole.

    Citant des sources diplomatiques algériennes, le journal El Confidencial rapporte, mercredi 13 juillet, que le président algérien « n’est pas prêt à se réconcilier avec l’Espagne tant que Sánchez est à la tête du gouvernement et José Manuel Albares à la tête de la diplomatie espagnole ».

    Il faut dire que les deux hommes n’ont rien fait pour calmer la colère d’Alger, s’efforçant pendant quatre mois de défendre leur nouvelle orientation plutôt que de la revoir.

    C’est d’ailleurs le jour même d’un discours dans lequel Pedro Sanchez tente de justifier à nouveau son revirement qu’Alger annonce la suspension du traité d’amitié.

    A Alger comme à Madrid, il y a de bonnes raisons de penser que les deux pays pourront retrouver des relations normales en cas de changement de gouvernement en Espagne.

    Parmi ces raisons, le désaccord quasi unanime de la classe politique, à l’exception du parti socialiste (PSOE) au pouvoir, avec la nouvelle orientation de Pedro Sanchez vis-à-vis de la question sahraouie et des pays du Maghreb.

    Fin juin, le congrès des députés (parlement) a adopté une motion demandant le retour à la neutralité historique de l’Espagne dans le dossier sahraoui et des relations normales avec l’Algérie.

    En Espagne, Pedro Sanchez est accusé d’avoir pris une décision aussi lourde de manière unilatérale, sans consulter les autres groupes parlementaires, et d’avoir laissé à un chef d’État étranger le soin de l’annoncer.

    C’est en effet le roi du Maroc Mohamed VI qui a annoncé dans un communiqué de presse, le 18 mars, la décision du gouvernement espagnol de soutenir le plan d’autonomie marocain.

    Les milieux d’affaires en veulent également à M. Sanchez et à son équipe d’avoir mis en péril les relations avec un partenaire économique important, un pays qui achète à l’Espagne pour 2 à 3 milliards de dollars de marchandises par an et lui fournit d’importantes quantités de gaz à un prix inférieur à celui du marché.

    Fin juin, l’ancien président du gouvernement, José Maria Aznar, qui a lui-même signé le traité d’amitié qu’Alger a décidé de suspendre, a averti que l’Espagne « paiera cher » cette crise avec l’Algérie.

    The Maghreb Times, 14/07/2022

    #Maroc #Espagne #Algérie #UE #Pedro_Sanchez


  • Drame de Melilla : Le Maroc pris à la gorge

    Drame de Melilla : Le Maroc pris à la gorge

    Maroc, Espagne, Melilla, migration, migrants africains,

    C’est le vrai visage d’un État barbare et sanguinaire que le monde a découvert, le 24 juin dernier, à Melilla.

    Mohamed AMROUNI

    L’usage excessif de la force à Melilla qui a conduit à la mort de 37 migrants d’origine africaine continue de susciter des réactions à l’échelle internationale. Rankhumise Sello Patrick, le chargé d’affaires auprès de l’ambassade d’Afrique du Sud à Alger a déclaré, hier, que «le gouvernement sud-africain insiste sur la nécessité d’ouvrir une enquête sur les actes de brutalités commises au Maroc». Cela avant de rappeler «l’obligation de tous les pays de respecter le droit international, de traiter tous les migrants avec dignité». Il intervenait en marge du forum du quotidien El Moudjahid. La demande du diplomate n’est pas la seule. Elle s’ajoute aux appels des membres du Parlement européen, de l’Union africaine et d’un comité spécial des Nations unies à exiger une enquête rapide afin de faire la lumière sur cette tragédie. Les médias montent au créneau pour dénoncer ce «crime contre l’humanité».

    La politique migratoire du Maroc et la violence avec laquelle il traite les citoyens africains, sur son sol, est digne des «régimes les plus violents que l’humanité ait connus auparavant», a indiqué un article publié sur le média en ligne Le Panafrikanist. L’article en question est intitulé: «Les mauvais traitements infligés aux migrants par le Maroc sont une politique délibérée de crimes systématiques contre l’humanité».

    Son auteur revient sur «les vidéos atroces relayées par les citoyens et les médias présents sur le terrain», lors du «terrible massacre» du 24 juin dernier. Des pertes en vies humaines par dizaines et des blessés sauvagement traités pour avoir tenté d’entrer dans l’enclave espagnole de Melilla depuis la ville de Nador. «Plein d’images d’une violence extrême, de traitements inhumains et de terribles scènes de détention, les vidéos ont choqué tout le monde, sauf peut-être les autorités marocaines et leurs alliés», a relevé le média.

    L’Espagne ne manque pas, en effet, une occasion de souligner que «le Maroc est son partenaire stratégique dans la politique migratoire et pousse l’Union européenne (UE) à soutenir le Maroc dans le renforcement et l’équipement de ses forces de police pour ‘’contrôler » et arrêter la migration africaine vers l’Europe», ajoute la même source, soulignant que «le Maroc a reçu quelque 343 millions d’euros depuis 2014 de l’UE, Le Panafrikanist a rappelé «une analyse de Reporters sans frontières, datant de 2021 et dans laquelle cette ONG a fait savoir que la poursuite de la coopération, en matière de migration, pourrait faire grimper ce chiffre jusqu’à «3,5 milliards d’euros pour la période entre 2020 et 2027».

    «Et pour cela», poursuit le média, «le Maroc déploie des mesures atroces contre les migrants pour montrer à ses alliés européens à quel point il prend la question au sérieux».

    L’Expression, 14/07/2022

    #Maroc #Espagne #Melilla #Migration #Migrants_africains

  • Acoquiné avec le Maroc, le gouvernement Sanchez navigue à vue

    Acoquiné avec le Maroc, le gouvernement Sanchez navigue à vue

    Espagne, Pedro Sanchez, Maroc, Algérie, Sahara Occidental, Melilla, migrants africains,

    L’Algérie qui a décidé de suspendre le Traité d’amitié, de bon voisinage et de coopération avec l’Espagne ne sait pas tromper sur le gouvernement de Sanchez qui, depuis son acoquinement avec le Makhzen, s’est enfoncé dans le labyrinthe au point d’altérer davantage sa crédibilité aussi bien à l’interne qu’à l’international. Face aux bouleversements géostratégiques et géopolitiques accélérés par le fait du conflit ukrainien, l’Espagne, tout comme les pays de l’Europe en général menacés par la crise énergétique, est parti en quête d’un repositionnement. Sauf que, versé dans un insoutenable amateurisme diplomatique, le gouvernement de Pedro Sanchez a choisi, mars dernier, d’abandonner sa traditionnelle politique étrangère.

    Dans la foulée, l’actuel Premier ministre décrié, jusqu’au jour d’aujourd’hui, de partout, a succombé à la tentation pour trahir la cause sahraouie au prix des calculs d’intérêt immédiats et sournoisement conclus avec Rabat. On le sait, ce qui adviendra plus tard à cette alliance sulfureuse était visible le vendredi noir du 24 juin, avec le massacre à ciel ouvert commis sur d’humbles migrants subsahariens près de Melilla.
    En cédant au chantage de Rabat sur le dossier migratoire, Madrid a commis l’irréparable erreur de nuire à ses traditionnels partenaires dans la région, à commencer, donc, par l’Algérie. In fine, qui est le perdant dans l’affaire ? Outre le fait de gagner « le mérite » d’avoir trahi la cause sahraouie, l’Espagne de Sanchez a connu un retour immédiat sur investissement. C’est le personnel politique, diplomatique et économique madrilène qui le dit : « Madrid court à sa propre perte, à tous les niveaux ! »

    Au lieu de continuer à jouer les bons offices sur le conflit au Sahara occidental en tant qu’ancienne puissance administrante des territoires, et de-là permettre au peuple sahraoui d’accéder à son indépendance, l’Espagne de Sanchez a opéré un changement radical qui a provoqué, à juste titre, la réaction ferme de l’Algérie. Pris par une crise d’hystérie après la décision de suspension du Traité de 2002, le Mae José Albares s’est plaint auprès de l’Union européenne à Bruxelles qui, à son tour, a pris le parti de Madrid sans consulter au préalable Alger au sujet d’une question qui relève, après tout, d’une relation bilatérale. Plus tard, le même Albares s’est plaint auprès de l’OTAN pour évoquer une décision d’Alger prise sous « l’influence russe ». Aujourd’hui, animée par des intérêts étroits, voilà que L’Espagne de Sanchez décide de se fournir en gaz russe pour remplacer le gaz algérien. De qui se moque-t-on ? Dès lors, l’Algérie ne peut plus compter sur un voisin qui ne respecte pas les principes de bon voisinage, et encore moins les principes diplomatiques sur lesquels reposent les relations bilatérales.

    Force est de constater que depuis que l’Espagne a fait alliance avec le Makhzen, le pays de Sanchez a complétement perdu la boussole et s’est enfoncé dans le labyrinthe de l’incertitude, de surcroit en pleine crise géopolitique. Pour preuve aux déambulations diplomatiques de Madrid, le Congrès espagnol n’a cessé de réclamer la tête de l’actuel exécutif qu’il le prenne pour responsable dans ce marasme politique. A plusieurs séquences, le Parlement espagnol a adopté des résolutions soutenant un retour à la position de neutralité vis-à-vis du Sahara occidental et un rétablissement d’une relation au moins amicale avec l’Algérie. C’est peine perdue, puisqu’Alger ne peut plus prendre au sérieux un partenaire qui perd le fil et décide de quoi du jour au lendemain, sans s’accommoder des principes sacro-saints que constitue la politique étrangère d’un pays.

    Le 17 juin dernier, dans un entretien accordé au journal espagnol « El Confidencial », l’Envoyé spécial chargé de la question du Sahara occidental et des pays du Maghreb, Amar Belani, avait exclu « toute possibilité de normalisation » des relations avec l’Espagne. Pas tant que, en tout cas, le gouvernement Sanchez soit toujours aux commandes.

    Farid Guellil

    Le Courrier d’Algérie, 14/07/2022

    #Espagne #Pedro_Sanchez #Algérie #Maroc #Sahara_Occidental

  • Gaz: Le double jeu de Madrid

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    Par Mohamed K.

    Quelques semaines seulement ont suffi pour démonter toute la propagande farfelue des autorités espagnoles sur la fameuse « main de Poutine ». Quand l’Algérie a décidé, selon les termes du contrat gazier et comme le prévoient les clauses prévues à cet effet, de renégocier des prix du gaz exporté vers l’Espagne, Madrid s’est lancé dans une vaste campagne de dénigrement contre les autorités algériennes, les accusant d’être sous l’influence russe.

    Le fantasque ministre des Affaires étrangères, José Albarès, est allé plus loin en alertant l’Union européenne et même l’OTAN, soulevant la menace « russe » en Afrique du Nord et dénonçant un prétendu « chantage au gaz ». Il créa tout un scénario afin de rallier toute l’UE et l’Alliance atlantique, en évoquant sans honte « un complot russe » à partir du flanc sud de l’Europe. D’ailleurs, l’UE a pondu un communiqué ou une déclaration officielle en se rangeant du côté de Madrid et menaçant l’Algérie par des messages sibyllins de représailles.

    Or, voilà que l’agence américaine Bloomberg spécialisée dans les informations économiques a révélé lundi le double jeu ibérique. Pour combler ses propres déficits, le gouvernement madrilène est allé acheter, avec des roubles, d’importantes quantités de gaz de la Russie, le « supposé ennemi ».

    Une démarche qui va à l’opposé des propres résolutions de l’Union européenne et que Madrid a elle-même votée et adoptée. Des quantités qui viennent de dépasser allègrement les volumes que fournissent Sonatrach à l’Espagne. Ainsi, la Russie est devenue en un mois le deuxième fournisseur de gaz à l’Espagne. Rien que durant ce mois de juin, les importations en provenance de Russie ont doublé, alors que les différentes recommandations de l’UE et de l’OTAN appellent à réduire les approvisionnements en produits énergétiques russes.

    D’après l’agence américaine Bloomberg, les données de la société espagnole de la distribution du gaz GRT Enagas montrent que «les importations en provenance de Russie ont atteint 8.752 gigawattheures en juin, soit plus du double du mois de mai et 24% de la demande totale de l’Espagne».

    Bloomberg indique en détail, que sur les volumes des importations espagnoles durant le mois de juin dernier, soit deux mois après la résolution de la Commission européenne et la deuxième série de sanctions contre la Russie, «les livraisons de l’Algérie ont chuté à 7.763 gigawattheures contre 9.094 gigawattheures en mai, soit environ la moitié du chiffre de juin 2021 et représentant désormais 22% de la demande.

    On sait depuis des mois que les États-Unis restent le principal fournisseur, avec une part de 30%. En effet, les données dévoilées par l’agence américaine affirment que l’Espagne a «reçu près de 8,8 TWh de GNL russe en juin, au-dessus des 7,8 TWh de l’Algérie et juste derrière les 10,6 TWh déchargés des méthaniers américains.»

    Ces révélations ont soulevé des polémiques au sein des milieux politiques et médiatiques dans la péninsule ibérique. Des critiques ont fusé de partout contre le gouvernement de Sanchez, l’accusant « de naviguer à vue », en matière de diplomatie, et d’absence de prospective en économie.

    A la rescousse du tandem Sanchez-Albarès, la ministre de l’Energie espagnole, Teresa Ribera, a tenté des explications non convaincantes sur ces chiffres révélés par Bloomberg. Elle a affirmé que les importations espagnoles en gaz russe, «correspondent probablement aux accords commerciaux précédents».

    «Le GNL russe représentait 24,4% de l’approvisionnement total en gaz et le GNL américain 29,6%. Cela correspond aux importations russes des années précédentes, a déclaré Ribera, conseillant toutefois, juste pour le reflexe politique, de réduire les arrivées de gaz russe autant que «possible».

    Interrogé sur l’énorme quantité de gaz importé en un mois de Russie, la ministre n’a pas trouvé mieux que de sommer les entreprises espagnoles de chercher d’autres alternatives et d’autres fournisseurs pour satisfaire son marché local et régional.

    Des sources médiatiques ont indiqué que des sociétés espagnoles ont probablement acheté du gaz de Russie pour le revendre à son client marocain, après une transformation en dérivés dans leurs plateformes industrielles, et le réinjecter dans le gazoduc Transmaghrebin fermé l’an dernier par l’Algérie.

    Le Jeune Indépendant, 12/07/2022

    #Espagne #Algérie #Gaz #Russie #Union_Européenne #Maroc

  • Politique migratoire du Maroc : Crimes contre l’humanité

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    La politique migratoire du Maroc et la violence avec laquelle il traite les citoyens africains sur son sol est digne des «régimes les plus violents que l’humanité ait connus auparavant», a indiqué un article publié sur le média en ligne Le Panafrikanist. Intitulé «Les mauvais traitements infligés aux migrants par le Maroc sont une politique délibérée de crimes systématiques contre l’humanité», l’article revient sur «les vidéos atroces relayées par les citoyens et les médias présents sur le terrain» lors du «terrible massacre» du 24 juin dernier.

    «Plein d’images d’une violence extrême, de traitements inhumains et de terribles scènes de détention, (les vidéos) ont choqué tout le monde, sauf peut-être les autorités marocaines et leurs alliés», a relevé le média. L’Espagne ne manque pas en effet «une occasion de souligner que le Maroc est son partenaire stratégique dans la politique migratoire, et pousse l’Union européenne (UE) à soutenir le Maroc dans le renforcement et l’équipement de ses forces de police pour ‘‘contrôler’’ et arrêter la migration africaine vers l’Europe», ajoute la même source.

    Soulignant que le Maroc a reçu quelque 343 millions d’euros depuis 2014 de l’UE, Le Panafrikanist a rappelé une analyse de Reporters sans frontières datant de 2021 et dans laquelle cette ONG a fait savoir que la poursuite de la coopération en matière de migration pourrait faire grimper ce chiffre jusqu’à «3,5 milliards d’euros pour la période entre 2020 et 2027». Et pour cela, poursuit le média, «le Maroc déploie des mesures atroces contre les migrants pour montrer à ses alliés européens à quel point il prend la question au sérieux».

    Rappelant également que l’UE finance un projet de 18 millions d’euros pour fortifier les clôtures autour des deux enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla afin de mieux bloquer les migrants, l’auteur de l’article déplore le fait que les membres de l’UE «ne disent jamais ce que cela signifie en termes de pertes en vies humaines, de tragédies et de désespoir».

    C’est «vraiment troublant, à cause des terribles vidéos et histoires de mauvais traitements, d’abus sexuels, de meurtres et de tortures de pauvres victimes», a-t-il fait remarquer. Evoquant le chantage qu’exerce le Maroc sur l’Espagne à travers la carte migratoire, le journal a fait observer qu’ «à chaque fois que les relations politiques du royaume chérifien ne sont pas si bonnes avec ses voisins, on entend soudain parler de tentatives massives de migration».

    Dans ce contexte, l’auteur de l’article a indiqué que «l’Union africaine (UA) doit assumer sa responsabilité et rappeler le Maroc à l’ordre, non seulement sur cette question migratoire mais aussi sur toutes ses violations de l’Acte constitutif de l’UA», «l’occupation illégale» des territoires de la République sahraouie, «les tentatives honteuses de forcer l’admission (de l’entité sioniste) en tant que membre observateur de l’UA et pour toutes ses politiques antérieures qui visent à détruire l’Union africaine de l’intérieur».

    Le Maroc devrait être exclu de l’UA

    «L’Espagne a rompu avec les résolutions de l’UE, de l’UA et de l’ONU qui appellent à un référendum pour décider de l’avenir du peuple du Sahara occidental.»

    L’Union africaine (UA) devrait agir pour «isoler» le Maroc et l’»exclure» de l’organisation continentale à la suite de la tragédie migratoire de Melilla, lors de laquelle au moins 23 migrants africains ont été brutalement tués par la police marocaine alors qu’ils tentaient d’entrer dans l’enclave espagnole depuis le Maroc, estime l’analyste namibien Vitalio Angula, dans un article publié lundi par le média en ligne, Le Panafrikanist.

    Dans cet article intitulé : «L’UA devrait agir pour expulser le Maroc», le journaliste et commentateur sociopolitique revient sur le drame survenu le 24 juin dernier à Melilla lorsque des migrants «ont été battus à mort avec des matraques», par la police marocaine qui les a empêchés de franchir l’enclave espagnole.

    «Des scènes horribles» ont été publiées par les médias internationaux et sur les réseaux sociaux, écrit Vitalio Angula qui a critiqué le Maroc pour «avoir fait preuve de peu de retenue dans la gestion de la «crise noire» qui a englouti les enclaves espagnoles de Melilla et Ceuta au fil des ans». A cet effet, l’analyste namibien estime que «l’Union africaine devrait adopter une position de principe contre le Maroc. En isolant le Royaume et en l’excluant de l’organisation, l’UA enverrait un message clair que ses membres doivent respecter ses règles». Et de poursuivre dans ce contexte : «Le Maroc devrait être sanctionné par l’UA pour son traitement des migrants du Tchad, du Niger, du Soudan et du Sud Soudan. Il devrait aussi être exclu de l’Union africaine pour avoir constamment montré son mépris pour le reste de l’Afrique». «En utilisant l’arme migratoire pour prendre le dessus sur le plan diplomatique, le Maroc viole la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples de l’UA qui appelle à la protection des réfugiés, des demandeurs d’asile et des personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays», écrit-il.

    Le Maroc a réintégré l’UA en janvier 2017 après avoir quitté en 1984, l’Organisation de l’unité africaine (OUA, prédécesseur de l’UA) pour protester contre l’admission de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) en tant que membre à part entière, rappelle le journaliste dans son article. Cependant, estime encore l’analyste, «le racisme marocain contre le peuple du Sahara occidental a montré son visage hideux dans la crise de Melilla», faisant référence au chantage qu’a fait le régime marocain à l’Espagne en jouant la carte de l’entrée de dizaines de milliers de migrants à Ceuta et Melilla, pour amener Madrid à changer sa position à l’égard de la question sahraouie.

    Evoquant dans ce sens le changement de position de Madrid vis-à-vis du dossier sahraoui en soutenant le soi-disant «plan d’autonomie» du Maroc, Vitalio Angula souligne que «l’Espagne a rompu avec les résolutions de l’Union européenne (UE), de l’UA et de l’ONU qui appellent à un référendum pour décider de l’avenir du peuple du Sahara occidental». Et comme l’Espagne est le plus grand partenaire commercial du Maroc, «cela peut être considéré comme la principale raison pour laquelle le Maroc ignore les lois internationales (qui imposent aux Etats) de traiter tous les migrants avec dignité et de donner la priorité à leur sécurité et à leurs droits humains, tout en s’abstenant de recourir à une force excessive», conclut l’analyste.

    #Maroc #Migrations #Migrants_africains #Melilla

  • Maroc-Melilla: Le CNDH accuse les autorités espagnoles

    Maroc-Melilla: Le CNDH accuse les autorités espagnoles

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    Rabat, 13 juil (EFE) – Le Conseil national marocain des droits de l’homme (CNDH, organisme public) a estimé que les autorités espagnoles n’ont pas apporté d’assistance et d’aide aux migrants le 24 juin dernier lors du saut massif de la clôture entre la ville marocaine de Nador et la ville espagnole de Melilla, qui a causé la mort de 23 migrants.

    C’est l’une des conclusions préliminaires du CNDH présentées aujourd’hui à Rabat sur la tragédie de Melilla après avoir envoyé une commission exploratoire à Nador et dans les environs pour enquêter sur ce qui s’est passé.

    « Sur la base d’un certain nombre de témoignages, notamment ceux des ONG, la commission invoque l’hypothèse d’une violence au-delà de la clôture, en raison de la réticence ou de l’hésitation des autorités espagnoles à apporter aide et assistance malgré la bousculade et la grande affluence des migrants aux portes métalliques tournantes du poste frontière qui sont restées hermétiquement fermées, entraînant une augmentation des blessures et des décès », a déclaré la présidente du CNDH, Amina Bouayach lors d’une conférence de presse à Rabat.

    Mme Bouayach, accompagnée de membres de la commission, dont un médecin, a expliqué que, selon les témoignages, les autorités espagnoles ont fait preuve de violence et n’ont pas porté assistance aux blessés qui sautaient ou tombaient de la clôture, et qu’au moment de la bousculade, « les portes (d’accès au poste frontière) étaient fermées, mais il leur incombait de les ouvrir », a-t-elle déclaré.

    Par ailleurs, la présidente du CNDH a confirmé le nombre de 23 des migrants décédés que la commission a vu à la morgue de l’hôpital de Nador, et a souligné que les corps n’ont pas été enterrés car ils ont subi une autopsie et des tests ADN, qui sont en cours.

    En ce sens, l’organisme marocain évoque la chute de la clôture ou une « asphyxie mécanique » due à la bousculade comme raisons ayant causé les décès, mais indique la nécessité d’attendre les résultats de l’autopsie en cours.

    Quant aux blessés (140 parmi les forces de sécurité marocaines et 77 migrants), le président de la CNDH a assuré qu’ils ont tous reçu des soins médicaux adéquats.

    Bouayach a souligné que les troupes marocaines n’ont pas utilisé de balles contre les migrants lors de leur intervention.

    Et bien qu’ayant qualifié de « cas isolés » les vidéos montrant l’utilisation d’armes par les agents marocains contre les migrants, l’organisme marocain les a jugées « injustifiées ».

    Les membres de la commission ont également évoqué dans leurs conclusions les nouvelles méthodes utilisées par les migrants, telles que la tentative de forcer la porte du poste frontière au lieu de sauter la barrière, la tentative le matin au lieu de la nuit et le recours à la violence.

    Ils ont également présenté un schéma de Chinatown et du poste frontière où s’est déroulée la tragédie, ainsi que des photographies du parcours des migrants depuis la brousse jusqu’au poste frontière pour reconstituer les événements.

    La présidente du CNDH a averti que la situation de l’émigration « va s’aggraver » en raison de la pauvreté, des guerres et du changement climatique sur le continent africain.

    La présidente de l’instance marocaine a appelé à une révision de la politique migratoire et de la coopération internationale dans ce domaine « loin d’une approche sécuritaire ».

    « Les clôtures et les portes n’empêcheront pas les migrants de traverser l’Europe. Et l’Europe ne peut pas fermer ses portes et laisser les pays voisins gérer les conséquences des flux migratoires », a-t-il déclaré. EFE

    Swissinfo, 13 jui 2022

    #Maroc #Espagne #Melilla #Migrants_africains #CNDH

  • Qui bloque les sanctions contre le Maroc au sein de l’UA ?

    Qui bloque les sanctions contre le Maroc au sein de l’UA ?

    Maroc, Espagne, Melilla, Migrants africains, Union Africaine, Vitalio Angula, Russie, Ukraine,

    D’habitude prompte à prendre les devants pour mettre à l’index, comme elle l’a déjà fait pour le Mali, l’Union africaine fait preuve d’une lourdeur qui dégage nettement le sentiment de l’embarras dans lequel l’a jeté le dossier Maroc/Migrants.

    Alors que beaucoup de voix se sont élevés, notamment en Europe, pour dénoncer la boucherie, opérée de concert entre Rabat et Madrid, l’UA garde le silence. L’analyste namibien Vitalio Angula, dans un article publié lundi dernier, par le média en ligne, Le Panafrikanist, interpelle l’Union africaine (UA) qui, dit-il, devrait agir pour « isoler » le Maroc et l’ « exclure » de l’organisation continentale à la suite de la tragédie migratoire de Melilla lors de laquelle au moins 37 migrants africains ont été brutalement tués par la police marocaine alors qu’ils tentaient d’entrer dans l’enclave espagnole depuis le Maroc. Dans cet article intitulé: « L’UA devrait agir pour expulser le Maroc », le journaliste et commentateur sociopolitique revient sur le drame survenu le 24 juin dernier à Melilla lorsque des migrants « ont été battus à mort avec des matraques », par la police marocaine qui les a empêchés de franchir l’enclave espagnole.

    A cet effet, l’analyste namibien estime que « l’Union africaine devrait adopter une position de principe contre le Maroc. En isolant le Royaume et en l’excluant de l’organisation, l’UA enverrait un message clair que ses membres doivent respecter ses règles ». Et de poursuivre dans ce contexte: « Le Maroc devrait être sanctionné par l’UA pour son traitement des migrants du Tchad, du Niger, du Soudan et du Sud Soudan. Il devrait aussi être exclu de l’Union africaine pour avoir constamment montré son mépris pour le reste de l’Afrique ».

    Il est tout à fait clair que le choix de l’Otan de se réunir à Madrid n’était pas fortuit. Au contraire. La réunion a dégagé beaucoup de messages, envers les Africains surtout. Envie de protéger l’Espagne, membre de l’UE et membre de l’Otan, de toute forme de sanctions commerciales, envie de protéger le Maroc, l’allié de l’Espagne dans le dossier du massacre des migrants, et envie enfin de montrer aux Africains, qui ont soutenu peu ou prou, la Russie lors du vote-sanction à l’ONU, qu’ils devraient réfléchir à deux fois pour continuer à soutenir de la sorte l’«ennemi russe».

    Subissant les « dégâts collatéraux » de la guerre stratégique Etats Unis-Russie, par Europe et Ukraine interposés, l’Union européenne, qui commence à ressentir, la première, les effets de la crise se tourne vers le maillon faible du jeu des stratégies, l’Afrique, en l’occurrence, pour lui faire porter le chapeau. Et c’est dans cet ordre d’idées, qui, du reste, n’échappe à personne, que l’Espagne a été investi de ce rôle au Maghreb, celui du trublion protégé par les puissants : soutien inconditionnel au Maroc, retournement de position concernant le Sahara occidental et maintien des choses en l’état pourvu que Rabat n’élève pas la voix pour Ceuta et Melilla.

    Et comme l’Espagne est le plus grand partenaire commercial du Maroc, celui-ci peut ignorer les lois internationales qui imposent aux Etats de traiter tous les migrants avec dignité, tout en s’abstenant de recourir à une force excessive. De toute évidence, il y a eu collusion entre un Etat africain et un Etat européen. L’Europe a dit clairement se positionner avec l’Espagne. L’Afrique n’a encore rien dit. Le jeu de coulisses est en train de mettre à l’épreuve une UA qui a le devoir, en ces temps de fragilisation apparente de l’Europe, d’être forte. C’est-à-dire rigoureuse et disciplinée. A l’interne, d’abord.

    L’Express, 13 jui 2022

    #Maroc #Espagne #Melilla #Migrants_africains #Union_Africaine

  • Ex-ministre espagnole à Tanger pour parler du « Sahara marocain »

    Ex-ministre espagnole à Tanger pour parler du « Sahara marocain »

    María Antonia Trujillo, Maroc, Sahara Occidental, Espagne, PSOE, Pedro Sanchez,

    L’ancienne ministre du logement María Antonia Trujillo, récemment relevée de son poste de conseillère en éducation de l’ambassade d’Espagne à Rabat, donne mercredi à Tanger une conférence sur le plan marocain d’autonomie pour le Sahara occidental, dont la thèse a été avalisée en mars par le gouvernement de Pedro Sánchez, entraînant un tournant copernicien de la politique étrangère espagnole dénoncé par le reste des partis politiques.

    « Le Plan d’Autonomie pour le Sahara : Constitution, autonomie et fait différentiel » est le titre de la conférence que Trujillo donne ce mercredi dans le cadre du dit 1er Forum Méditerranée-Maroc-Espagne, une initiative organisée par l’Université Abdelmalek Essaadi de la ville marocaine. Trujillo est présenté comme « conseiller d’éducation de l’ambassade d’Espagne au Maroc », bien que des sources de la légation diplomatique consultées par El Independiente aient confirmé que depuis le début du mois, un nouveau conseiller est en charge, Lorenzo Capellán de Toro.

    L’ambassade a toutefois refusé de préciser si M. Trujillo avait été licencié, comme l’avaient demandé en janvier les enseignants du réseau de centres éducatifs espagnols dans ce pays du Maghreb. Dans une lettre adressée au directeur général de la planification et de la gestion de l’éducation, la Junta de Personal del funcionarioariado español en Marruecos a dénoncé le « sentiment majoritaire du corps enseignant espagnol » et le « profond malaise face à la manière dont l’actuel responsable du ministère de l’éducation ».

    La lettre l’accusait d’être « insensible et absente, pour ne pas dire menaçante ». Le manque de communication entre l’ancien ministre de José Luis Rodríguez Zapatero, en poste depuis quatre ans, et les écoles, ont-ils averti, « affecte le fonctionnement du ministère lui-même et celui des écoles, l’environnement de travail en général et l’activité quotidienne ».

    L’Université de Jaén se dissocie
    Parmi les organisateurs de la conférence à laquelle Trujillo participe figure un groupe de recherche de l’université de Jaén. L’institution andalouse a pris ses distances avec le forum controversé. Dans des déclarations à ce journal, des sources de l’Université de Jaén ont souligné qu’elles  » n’organisent ni ne collaborent institutionnellement à ce cours  » et qu’elles n’ont apporté aucune contribution économique à sa célébration. L’institution réduit sa participation à l’un de ses groupes de recherche, qui collabore « de manière autonome et de sa propre initiative ».

    Le cours, intitulé « L’organisation territoriale et l’expérience de la régionalisation au Maroc, en Espagne et en Italie : lectures contrastées », comprend plusieurs communications traitant de la supposée « modernisation des structures de l’État marocain », notamment de « l’initiative marocaine pour un statut d’autonomie de la région du Sahara marocain », ainsi que de la situation des « droits de l’homme dans le projet d’autonomie du Sahara marocain ».

    Des professeurs des universités de Grenade, Séville, Malaga et Rey Juan Carlos participent également à la conférence. En mars, la Maison royale marocaine a rendu publique une lettre de Pedro Sánchez soutenant le plan d’autonomie marocain pour l’ancienne colonie espagnole, rompant ainsi 47 ans de consensus.

    Il y a un mois, le Premier ministre a justifié la décision unilatérale en invoquant le temps écoulé. « Quarante-sept ans de conflit devraient être suffisants pour comprendre que nous devons faire évoluer nos positions », a-t-il déclaré devant le Congrès des députés, au milieu des critiques du reste des groupes parlementaires. Ce revirement copernicien, défendu par les hauts responsables du PSOE, a provoqué la pire crise diplomatique avec l’Algérie depuis des décennies.

    El Independiente, 13 jui 2022

    #Maroc #Espagne #María_Antonia_Trujillo #PSOE #Sahara_occidental