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  • Algérie-Espagne: Madrid est « le grand perdant »

    Algérie-Espagne: Madrid est « le grand perdant »

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    MADRID- Le chercheur à l’Université de Séville (Espagne) et analyste politique, El-Bachir Mohamed Lahcène a affirmé que l’Espagne était « le grand perdant » après la décision de l’Algérie de suspendre le Traité d’amitié, de bon voisinage et de coopération entre les deux pays.

    M. Lahcène a précisé, dans un article, que le traité signé entre les deux parties en 2002 était l’accord « le plus important » dans les relations étrangères de l’Espagne -en dehors de ses relations avec l’OTAN et l’UE-, en ce sens qu’il constituait « un accord stratégique notamment en matière de sécurité, de lutte contre le terrorisme et l’immigration ou encore les garde-frontières ».

    Il a rappelé que la décision de l’Algérie a coïncidé avec la comparution, pour la troisième fois, du Premier ministre espagnol Pedro Sanchez devant le Congrès, afin de s’expliquer sur son revirement vis-à-vis du conflit au Sahara occidental, un revirement qui « a provoqué le mécontentement de l’opinion publique espagnole et de la classe politique qui exige désormais du responsable davantage de justifications par rapport à cette position qui n’a que terni l’image de l’Espagne ».

    Madrid estimait que « la question était sans importance et qu’elle allait passer inaperçue »- en ce sens que Sanchez et son ministre des Affaires étrangères avaient rassuré l’opinion publique espagnole que le revirement n’allait en aucun cas affecter les accords avec l’Algérie, a-t-il relevé.

    « Le gouvernement espagnol s’est toutefois retrouvé isolé en raison des fustigations qu’il a dues subir en plus du rejet de Sanchez par tous les groupes politiques au Parlement, y compris les partis de droite et les partis de la coalition. Aujourd’hui, le gouvernement espagnol est contraint à faire face à la décision de l’Algérie », a soutenu El-Bachir Mohamed Lahcène.

    La classe politique espagnole a dénoncé la politique de Pedro Sanchez vis-à-vis du conflit au Sahara occidental, où il a réitéré son soutien au sinistre « plan d’autonomie » du Maroc lors de sa dernière intervention au Congrès, portant un sérieux coup aux efforts des Nations unies et du nouvel envoyé personnel du secrétaire général et contribuant directement à la dégradation de la situation au Sahara occidental et dans la région.

    Le seul résultat du revirement du Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, sur le conflit au Sahara occidental, a été « la plus grande crise diplomatique avec l’un des pays stratégiques pour l’Espagne, qui est l’Algérie », a regretté samedi le président du Parti populaire (PP, opposition), Alberto Nunez Feijoo.

    De son côté, l’ancien Premier ministre José Maria Aznar a considéré que le gouvernement espagnol avait fait un pas « ridicule colossal » avec l’Algérie et laissé le pays dans une « situation délicate ».

    « Il est difficile de trouver une plus grande erreur dans la politique espagnole », en référence au revirement du gouvernement sur le Sahara occidental, a résumé celui qui, du côté de Madrid, avait signé le Traité d’amitié avec l’Algérie en 2002.

    Pour sa part, le parti Vox a appelé tout simplement à la démission de Pedro Sanchez, qui a « détérioré » les relations avec l’Algérie.

    APS

    #Espagne #Algérie #SaharaOccidental #Maroc

  • Algérie-Espagne:Communiqué de Borrell et Dombrovskis

    Algérie-Espagne:Communiqué de Borrell et Dombrovskis

    Algérie, Espagne, Union Européenne, Josep Borrell, Valdis Dombrovskis,

    Algérie : déclaration du haut représentant/vice-président, Josep Borrell, et du vice-président exécutif, Valdis Dombrovskis, sur les dernières mesures prises par l’Algérie concernant l’Espagne

    La décision prise par l’Algérie de suspendre le traité d’amitié et de bon voisinage signé avec l’Espagne en 2002 est extrêmement préoccupante. Nous évaluons les implications des actions algériennes, y compris l’instruction donnée aux institutions financières d’arrêter les transactions entre les deux pays, qui semblent d’emblée être en violation de l’accord d’association UE-Algérie, en particulier dans le domaine du commerce et de l’investissement . Cela conduirait à un traitement discriminatoire d’un État membre de l’UE et nuirait à l’exercice des droits de l’Union au titre de l’accord.

    Nous sommes en contact étroit avec le gouvernement espagnol et tendons la main aux autorités algériennes pour clarifier rapidement la situation.

    Les relations bilatérales des pays tiers avec les différents États membres de l’UE font partie de leurs relations avec l’UE. L’unité et la solidarité au sein de l’UE restent essentielles pour défendre nos intérêts et nos valeurs dans nos relations avec tous les pays. De plus, la politique commerciale est une compétence exclusive de l’UE, et l’UE est prête à s’opposer à tout type de mesures coercitives appliquées à l’encontre d’un État membre de l’UE. Cependant, l’UE continue de privilégier le dialogue d’abord pour résoudre les controverses.

    L’Algérie est un partenaire important de l’UE en Méditerranée et un acteur clé pour la stabilité régionale. Nous espérons qu’au nom de notre partenariat solide et à long terme, une solution rapide sera trouvée pour rétablir pleinement les relations commerciales et d’investissement.

    Nous sommes prêts et désireux de soutenir ces efforts.

    Commission Européenne, 10/06/2022

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    #Espagne #Algérie #UnionEuropéenne #JosepBorrell #ValdisDombrovskis #UE

  • Espagne: Ciudadanos qualifie Sanchez de danger public

    Espagne, Algérie, Maroc, Sahara Occidental, Ciudadanos, Inés Arrimadas,

    La dirigeante du parti politique espagnol Ciudadanos, Inés Arrimadas, a qualifié, dimanche , le chef du gouvernement, Pedro Sanchez, de «danger public», à la suite de son revirement dans le dossier du Sahara occidental et la décision de l’Algérie de suspendre le Traité d’amitié, de bon voisinage et de coopération avec l’Espagne.

    «La politique étrangère d’un pays est quelque chose qui n’appartient pas à un président du gouvernement, car c’est l’image de l’Espagne. Cela peut avoir des conséquences géopolitiques très graves», a déclaré Mme Arrimadas dans une interview publiée par La Razon, qualifiant Pedro Sanchez de «danger public à la Moncloa», siège du gouvernement. La cheffe du parti a averti que les conséquences du revirement de Pedro Sanchez dans le dossier sahraoui et les «dommages» causés par son gouvernement dureront dans le temps, même après le départ de celui-ci.

    L’ensemble de la classe politique espagnole a dénoncé la politique de Pedro Sanchez vis-à-vis du conflit au Sahara occidental. Après que l’Algérie a décidé, mercredi dernier, de procéder à la suspension «immédiate» du Traité d’amitié, de bon voisinage et de coopération qu’elle a conclu le 8 octobre 2002 avec Madrid, l’Exécutif espagnol s’est immédiatement plaint auprès de la Commission européenne.

    A ce propos, le journaliste espagnol Ignacio Cembrero a dénoncé dans un tweet le «deux poids, deux mesures» de Madrid.

    «L’Espagne eut aussi des raisons de se plaindre du Maroc (fermeture des douanes de Melilla, discrimination aux ports d’Andalousie, l’affaire d’espionnage Pegasus, etc.), mais elle ne le fit pas. Deux poids, 2 mesures?», s’est-il interrogé.

    Horizons, 12/06/2022

    #Espagne #Algérie #SaharaOccidental #Maroc #Ciudadanos

  • Espionnage par le Maroc: Sanchez se mure dans le silence

    Espagne, Algérie, Maroc, Sahara Occidental, Espionnage, Pegasus,

    Espionnage par le Makhzen, tensions diplomatiques avec l’Algérie et revirement sur le Sahara occidental : Sanchez sommé de rendre des comptes !

    Le Gouvernement de Pedro Sanchez est sur la sellette. Les agissements de Pedro Sanchez, qui ont induit de grandes tensions entre l’Algérie et l’Espagne, inquiètent au plus haut point la classe politique espagnole.

    Le Parlement espagnol exige des comptes à Sanchez sur l’espionnage dont il a été la cible lui et son gouvernement par le biais du logiciel israélien Pegasus. Ils s’interrogent sur les données volées, dans ce contexte, par le Makhzen, et le rapport que cette affaire a avec le dernier revirement sur la question du Sahara occidental et les tensions diplomatiques avec l’Algérie. Cependant, Sanchez se mure dans le silence. Un silence qui lui vaut des critiques acerbes de la classe politique qui l’accuse de mener une politique qui va à l’encontre des intérêts de l’Espagne et la menace. D’ailleurs, la dirigeante du parti politique espagnol Ciudadanos (parti des citoyens), Inés Arrimadas a accusé Sanchez d’être « un danger public». Dans une interview publiée hier par «La Razon (la Raison)», la dirigeante du parti politique espagnol Ciudadanos a rappelé les règles à observer en tant que décideur, notamment en ce qui concerne les questions liées à la diplomatie étrangère.

    «La politique étrangère d’un pays est quelque chose qui n’appartient pas à un président du gouvernement», a-t-elle rappelé. Car, a-t-elle souligné, «il s’agit de l’image de l’Espagne». «Cela peut avoir des conséquences géopolitiques très graves», a-t-elle expliqué. «Les conséquences du revirement de Pedro Sanchez dans le dossier sahraoui et les dommages causés par son gouvernement, dureront dans le temps, même après le départ de celui-ci », a-t-elle averti. Sanchez est en perte de terrain. Il est de plus en plus isolé. La classe politique espagnole affiche son mécontentement.

    Le prix d’une mauvaise gestion

    Samedi, le président du Parti populaire (PP, opposition), Alberto Nunez Feijoo, a indiqué que «le seul résultat du revirement du Premier ministre espagnol concernant le conflit au Sahara occidental, est la plus grande crise diplomatique avec l’un des pays stratégiques pour l’Espagne, qui est l’Algérie». D’un ton acerbe, il a critiqué le gouvernement de Sanchez et lui impute la responsabilité «d’avoir porté un coup sans précédent à la politique étrangère de l’Espagne », regrettant que «ce sont les Espagnols qui iront payer les conséquences de cette mauvaise gestion».

    Le Figaro a récemment estimé que la convocation de «Sanchez au Parlement avait mis en évidence son isolement profond. Son seul soutien à ce sujet est sa formation politique, le Parti socialiste espagnol, force parlementaire, mais sans majorité absolue ». La Gauche radicale, UNIDAS Podemos (l’Unité) qui participe au gouvernement de Sanchez avec cinq portefeuilles ministériels, a vivement réagi en lâchant Sanchez, manifestant par là même son entière «solidarité avec les Sahraouis, conformément aux traditions politiques de la Gauche espagnole». Le porte-parole du parti, Pablo Eshenik, a pointé du doigt le Maroc, le qualifiant de «puissance occupante», tout en soutenant que «le peuple sahraoui était le peuple agressé», et appelé «à la nécessité de défendre la position du peuple agressé». «C’est aussi la position des Nations unies», a-t-il rappelé.

    Le Figaro a également souligné que Sanchez est au cœur des critiques de l’ensemble des partis de la droite espagnole. La porte-parole du Parti populaire, Coca Gamarra, a estimé que «ce que Pedro Sanchez a pris comme décision n’était pas la position du gouvernement, mais le point de vue de la personne dirigeant une partie du gouvernement, en disant que ce dernier n’avait ni le soutien ni le mandat pour changer la position de l’Espagne sur la question du Sahara Occidental». Désormais, Pedro Sanchez est aussi sommé de s’expliquer et dénoncer le chantage et l’espionnage marocains. Jeudi, le Parti populaire espagnol l’a appelé à reconnaître qu’il avait été victime de chantage par les services de renseignement marocains, plutôt que de justifier sa décision sur la question de la décolonisation au Sahara Occidental.

    Amar Malki

    La Sentinelle, 13/06/2022

    #Espagne #PedroSanchez #Maroc #Algérie #SaharaOccidental #Espionnage #Pegasus




  • Voici pourquoi l’Algérie a le droit international de son côté

    Voici pourquoi l’Algérie a le droit international de son côté

    Algérie, Espagne, Union Européenne, Maroc, Sahara Occidental, droit international,

    Dans le conflit avec l’Espagne, l’Algérie a le droit international de son côté

    Cette semaine, nous avons été témoins de nouveaux malentendus sur la question du Sahara occidental. Depuis son retour sur la scène internationale en novembre 2020 en raison des incidents entre le Maroc et le Front Polisario au poste frontière de Guerguerat, le conflit autour des territoires sahraouis ne cesse de gagner en intensité et en présence médiatique. Depuis lors, les événements ont oscillé entre actions et réactions politiques et discussions sur le cadre juridique applicable.

    Dans des articles précédents, nous avons détaillé les différences entre la réponse offerte par le droit international à ce conflit, qui dure depuis plus de 47 ans, et les différentes actions politiques.

    Chronologiquement, depuis la rupture du cessez-le-feu due au non-respect des accords militaires par le Maroc, quatre étapes ont marqué le positionnement des différents acteurs :

    -La déclaration de Donald Trump de reconnaissance de la souveraineté sur le territoire.

    Assistance médicale en Espagne pour Brahim Gali, affecté par le covid-19.

    -La réaction diplomatique et migratoire du Maroc.

    -Le changement politique de la position du gouvernement espagnol sur les solutions possibles au conflit.

    Violations du droit international

    Ce changement de position n’affecte pas la nature du territoire du Sahara Occidental en tant que Territoire Non Autonome, ni le statut des parties. Toutefois, cela signifie que le gouvernement espagnol prend ses distances par rapport au droit international et à ses responsabilités légales en tant que puissance administrante du territoire. L’Association espagnole des professeurs de droit international public et de relations internationales (AEPDIRI) l’a rappelé au ministre Albares.

    -Cette association a souligné que ce changement entraîne plusieurs violations du droit international applicable au cas sahraoui en raison de :

    -Le non-respect du droit à l’autodétermination du peuple sahraoui, tel qu’énoncé dans de multiples résolutions des Nations Unies.

    -Non-respect de l’obligation de garantir la tenue du référendum d’autodétermination.

    -Ignorance des violations des droits de l’homme commises par le Maroc dans les territoires sahraouis, documentées et dénoncées par diverses organisations internationales.

    La réaction algérienne

    Après avoir clarifié les répercussions juridiques, il convient d’analyser la réaction de l’Algérie, qui a annoncé cette semaine la suspension du traité d’amitié, de bon voisinage et de coopération et le gel des échanges avec l’Espagne.

    Il ne s’agit pas de la première réaction algérienne au changement de position de l’Espagne, mais plutôt d’une mesure qui s’ajoute à des décisions antérieures telles que le rappel de l’ambassadeur algérien à Madrid pour consultations, ou la suspension des liaisons aériennes avec l’Espagne.

    Afin de comprendre comment ces actions s’inscrivent dans le cadre juridique international, nous examinerons en détail cette dernière mesure, qui a suscité un grand émoi médiatique, politique et juridique.

    Où en est l’autodétermination ?

    La décision du gouvernement espagnol de reconnaître la souveraineté du Maroc sur le Sahara Occidental est une double violation du droit international. D’une part, il s’agit d’une violation grave d’un impératif général, et donc obligatoire pour tous les Etats, de respecter le droit à l’autodétermination des peuples sous domination coloniale, en l’occurrence le peuple sahraoui.

    Deuxièmement, la violation particulière de l’obligation qui lui incombe en tant que puissance administrante de l’ancienne colonie : garantir, précisément, l’exercice de l’autodétermination de son ancienne colonie. Cette obligation a été affirmée tant par la Cour internationale de justice que par l’Assemblée générale des Nations unies.

    Le système juridique international n’est pas insensible à de tels manquements, surtout lorsqu’il s’agit de violations d’obligations découlant de normes impératives et dont les conséquences sont prévues. Ainsi, lorsque l’Espagne viole gravement une norme qui est un élément structurel de l’ordre juridique international, elle ne peut pas s’attendre à une absence de réaction.

    Au contraire, les règles internationales sur la responsabilité internationale pour fait illicite de l’État prévoient des conséquences lourdes et rapides pour les pays qui violent gravement une obligation découlant d’une norme impérative.

    Tous les États de la communauté internationale doivent, à partir du moment où ils ne respectent pas les règles, réagir pour obliger l’État à l’origine de ce comportement à les respecter. Ainsi, la violation flagrante et grave par l’Espagne du droit du peuple sahraoui à l’autodétermination, ainsi que la reconnaissance des conséquences de l’invasion militaire du régime marocain, obligent tous les États à exiger que l’Espagne revienne à la légalité.

    Si cette demande n’est pas satisfaite, comme dans le cas du gouvernement espagnol, les États peuvent, et doivent, mettre en œuvre des mesures de pression pour forcer la cessation de ce comportement. Et nous disons « devrait » parce que les États sont tenus de préserver les principes clés de l’ordre international, et la passivité n’est pas une option.

    L’Algérie a le droit international de son côté.

    Ces mesures, connues sous le nom de contre-mesures (en réponse à un comportement illégal antérieur) ou, en termes plus familiers, de représailles, comprennent la possibilité de suspendre les accords antérieurs avec l’État non conforme. Ce droit et cette obligation ont été appliqués par le gouvernement algérien dans le strict respect du droit international. L’Espagne viole gravement le droit international et l’Algérie a l’obligation de réagir.

    L’Espagne n’ayant pas donné suite aux demandes de retour à la légalité de l’Algérie, la suspension du Traité d’amitié, de bon voisinage et de coopération avec l’Espagne est une contre-mesure aussi légale que nécessaire et attendue. Les contre-mesures, pour être légales, doivent être réversibles, proportionnelles et exclure le recours à la force.

    La décision du gouvernement algérien est parfaitement conforme à ces critères : la reconnaissance immédiate par le gouvernement espagnol du droit à l’autodétermination du peuple sahraoui suffit à le désactiver. Il ne s’agit que de la suspension d’un traité, elle est donc facilement réversible.

    Elle est également proportionnelle, dans la mesure où elle n’affecte pas l’ordre international. Contrairement à la décision de l’Espagne, elle protège les droits de l’homme de la population sahraouie et n’affecte pas ceux des citoyens espagnols.

    Mesures, contre-mesures, représailles

    L’impossibilité de prendre un territoire par la force devrait être aussi valable pour le Maroc que pour la Russie. Et il s’agit toujours de défendre un élément central du droit international. La suspension d’un traité bilatéral de coopération commerciale est évidemment loin d’atteindre le degré de gravité des actions de l’Espagne (ou du Maroc ou de la Russie).

    L’Espagne savait, ou aurait dû savoir, que jouer le jeu avec le régime marocain signifiait violer une règle structurelle de l’ordre international. Elle aurait également dû savoir que l’Algérie, un partenaire majeur de l’Espagne (grâce à l’Algérie, l’Espagne n’a pas été touchée par la crise du gaz qui affecte le reste de l’Europe), mais aussi du Sahara occidental, réagirait sévèrement.

    Les exigences et les menaces de l’Espagne et de l’UE envers le gouvernement algérien pour qu’il réactive les accords commerciaux sont en dehors de la légalité internationale, car il ne s’agit pas d’un acte unilatéral du pays du Maghreb, mais d’une réponse nécessaire à l’attaque flagrante et préalable de l’Espagne contre le droit international.

    L’Espagne et l’UE ne peuvent pas prendre de mesures de rétorsion à l’encontre de l’Algérie car celle-ci n’a violé aucune norme internationale. L’État du Maghreb peut et doit mettre en œuvre des mesures de pression, qui sont légales, même si elles impliquent la rupture d’accords antérieurs, jusqu’à ce que l’Espagne abandonne sa position indéfendable d’alignement sur le Maroc. C’est la particularité des contre-mesures : elles permettent et tolèrent la violation de règles mineures pour parvenir à respecter des règles impératives.

    Pouvoir ou devoir

    Le régime marocain est politiquement puissant grâce au soutien des États-Unis, de la France et de l’Espagne, mais ses actions manquent de soutien juridique. Dans ce conflit, l’UE et l’Espagne sont du côté de la violation du droit international, tandis que l’Algérie se positionne comme un défenseur du droit international.

    L’Espagne doit immédiatement revenir au cadre juridique international. L’UE doit protéger le droit international. Cela n’a aucun sens, d’un point de vue éthique, de faire de grandes déclarations sur l’invasion inacceptable de l’Ukraine par la Russie tout en protégeant l’invasion du Sahara occidental par le Maroc.

    Ce conflit ne peut être un triangle des Bermudes dans lequel la légalité internationale disparaît. La perte de poids diplomatique de l’Espagne et de l’UE s’explique précisément par leur manque absolu de cohérence, de respect du droit international et leur politique de deux poids, deux mesures.

    The Conversation, 12/06/2022

    #Algérie #Espagne #UE #Maroc #SaharaOccidental #DroitInternational


  • Algérie-Espagne : Bruxelles voit la main de la Russie

    Algérie-Espagne : Bruxelles voit la main de la Russie

    Algérie, Espagne, Union Européenne, Ukraine, Russie, OTAN,

    Des sources européennes estiment que Moscou tente de « déstabiliser » le flanc sud à la veille du sommet de l’OTAN à Madrid.

    Le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra (à droite), a reçu son homologue russe, Sergei Lavrov, pour une rencontre à Alger en mai.

    Bruxelles estime que derrière les mesures prises par l’Algérie contre l’Espagne ces derniers jours – la rupture annoncée, puis partiellement rectifiée, des relations commerciales pour protester contre le changement de cap du gouvernement espagnol sur le Sahara occidental – se cache la main de la Russie. « Les visites de Lavrov et de Maduro ces dernières semaines sont essentielles » pour expliquer ce mouvement, déclare une source haut placée de l’UE, faisant allusion au voyage du ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov à Alger le 10 mai, et à la visite jeudi dernier du président vénézuélien Nicolás Maduro.

    Alors que toute l’Europe serre les rangs contre l’invasion de l’Ukraine, la Russie « veut déstabiliser » le flanc sud et « faire du bruit à l’approche du sommet de l’OTAN » à Madrid les 29 et 30 juin, selon la même source. « Mais c’est tout ce que cela va donner : du bruit », ajoute-t-il. Selon lui, l’unité des partenaires européens au sommet est assurée, le débat étant centré sur l’entrée de la Suède et de la Finlande ; en attendant que la Turquie lève son veto, ajoute-t-il, en échange de la vente d’avions américains de dernière génération comme le F-35.

    « Ces deux visites, de la Russie et du Venezuela, expliquent en partie ce qui s’est passé », indiquent des sources diplomatiques à Bruxelles. Les déclarations de Pedro Sánchez au Congrès mercredi, ratifiant son soutien à la thèse du Maroc sur le Sahara – une solution au conflit basée sur une autonomie de la région sous autorité marocaine, plutôt qu’un référendum d’autodétermination qui ouvrirait la porte à l’indépendance – sont « l’excuse parfaite » utilisée par l’Algérie. Bien qu’ »il soit indéniable », soulignent ces sources, que le changement de position du gouvernement espagnol a été l’élément déclencheur : « Ce qui s’est passé est une conséquence immédiate de la nouvelle position [de l’Espagne] sur le conflit, sans aucun doute ».

    La Commission européenne a fait cause commune avec le gouvernement espagnol car le gel des échanges avec l’Espagne, initialement annoncé par l’Algérie, « affecte le marché unique », rappelle Bruxelles. « Une entreprise allemande ayant des usines en Espagne serait touchée ». En outre, il existe un précédent : bien qu’elle ne l’ait pas annoncé publiquement, la Chine a cessé d’acheter des produits en provenance de Lituanie. Et la réaction des institutions européennes a été pratiquement la même que maintenant.

    Après que la délégation d’Alger auprès de l’UE a démenti vendredi la suspension des échanges avec l’Espagne – alors qu’elle l’avait annoncée mercredi dans une circulaire publiée par l’association algérienne des banques et des établissements financiers – la Commission est en attente. « Les experts juridiques étudient comment cela affecte l’accord d’association [signé par l’Algérie avec la Communauté européenne en 2005] », indiquent les sources consultées. La prochaine étape, si les mesures de pression de l’Algérie contre l’Espagne sont maintenues, serait de convoquer une réunion de la commission mixte entre l’UE et le pays du Maghreb. « L’Algérie soutiendra que cela n’affecte pas l’accord, et l’UE dira que cela l’affecte et ira en justice : cela ne va pas être réglé à court terme », préviennent-ils.

    Bruxelles admet que la situation du marché du gaz empêche l’UE-27 de prendre des mesures drastiques. « Le gaz est ce qui fait la force d’Alger, à un moment où l’Europe cherche à se désengager de la Russie et où il n’y a pas beaucoup d’alternatives », soulignent les mêmes sources. Malgré la réaction européenne, les Italiens et les Français profitent déjà de la crise diplomatique avec l’Espagne pour gagner des positions en Algérie. « Toute la nouvelle production de gaz ira très probablement à [Mario] Draghi, le premier ministre italien », prédit la source principale de l’UE. Mais ce qui devrait inquiéter l’Espagne, ajoute-t-il, « c’est la fermeture du robinet de gaz, et cela ne va pas se produire à court terme ; bien que la nouvelle production, lorsqu’ils pourront l’étendre, sera prise par l’Italie ». Le marché énergétique espagnol, en tout état de cause, ne dépend pas du gaz algérien car il s’appuie principalement sur d’autres sources.

    Outre la main russe, les sources consultées expliquent le conflit avec l’Espagne par la situation intérieure de l’Algérie. « L’Algérie est un pays très isolé qui a perdu son influence dans le monde arabe et qui a presque son seul allié sur le continent en Afrique du Sud », expliquent-ils, « avec un régime sclérosé, une population très jeune qui cherche désespérément à émigrer et une armée omniprésente qui cherche des ennemis extérieurs ». Le Maroc est l’ennemi traditionnel, mais l’Espagne risque de devenir le nouveau venu, concluent-ils.

    El Pais, 12/06/2022

    #Algérie #Espagne #OTAN #UE #Ukraine #Russie

  • La Russie derrière la pression de l’Algérie, selon Bruxelles

    Algérie, Espagne, Union Européenne, Russie, Ukraine, OTAN,

    Selon El Pais, « Bruxelles estime que derrière les mesures prises par l’Algérie contre l’Espagne ces derniers jours – la rupture annoncée, puis partiellement rectifiée, des relations commerciales pour protester contre le changement de cap du gouvernement espagnol sur le Sahara occidental – se cache la main de la Russie ».

    « Les visites de Lavrov et de Maduro ces dernières semaines sont essentielles » pour expliquer ce mouvement, déclare une source haut placée de l’UE, faisant allusion au voyage du ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov à Alger le 10 mai, et à la visite jeudi dernier du président vénézuélien Nicolás Maduro », précise le journal espagnol.

    Citant la même source, El Pais indique que « alors que toute l’Europe serre les rangs contre l’invasion de l’Ukraine, la Russie « veut déstabiliser » le flanc sud et « faire du bruit à l’approche du sommet de l’OTAN » à Madrid les 29 et 30 juin ».

    A ce sujet, Ali Lmrabet se demande « pourquoi? » rappelant que « Madrid n’est pas le pays le plus offensif contre la Russie dans la guerre en Ukraine. Ce n’est pas celui qui donne le plus d’armement à l’Ukraine ».
    « Déstabiliser le flanc sud européen ? », s’interroge-t-il. « Pas besoin de Poutine, il l’est déjà grâce à Sánchez et Cie », affirme-t-il dans un twit posté ce dimanche.

    « Ce qui est vrai par contre, c’est que l’actuel chef du gouvernement espagnol possède cet art rare de fâcher tout le monde et de se créer des ennemis partout : après le Maroc, le Polisario, puis l’Algérie, voici venu le tour de la Russie », conclue-t-il.

    Lire aussi : Alger-Madrid : Fracture collatérale

    Lire aussi : Margallo: « La crise avec l’Algérie est une catastrophe diplomatique »

    #Algérie #Espagne #UE #Russie #Ukraine #OTAN

  • Crise avec l’Algérie : La banque d’Espagne voit tout en noir

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    La suspension du traité d’amitié avec l’Espagne par l’Algérie aura des répercussions importantes sur l’économie espagnole dont les prévisions pour l’année en cours font déjà trembler le gouvernement de Pedro Sanchez.

    Dans sa dernière évaluation de la situation économique, la banque d’Espagne livre des chiffres qui démontrent l’impact de la décision de l’Algérie de revoir profondément ses relations économiques avec le pays ibérique qui enregistre le plus haut taux d’inflation sur le vieux continent. Cette décision a désormais replongé les institutions économiques et financières de l’Espagne dans le flou total et le pays commence à envisager des scénarios plus pessimistes pour l’avenir.

    Dans ce sens, la Banque d’Espagne a revu à la baisse le taux de croissance pour l’année courante. L’institution s’attend à une croissance de l’économie de «4,1% en 2022, soit quatre dixièmes de moins que ce qu’elle prévoyait il y a à peine deux mois, et s’attend à ce que l’inflation moyenne pour l’année soit d’environ 7%.» Ce n’est pas la première fois que la banque d’Espagne révise à la baisse ces indicateurs macroéconomiques. En effet, si le gouvernement espagnol s’attendait à une croissance de 7% dans son projet de budget présenté à l’automne 2021, la banque espagnole a revu à la baisse à deux reprises le taux de croissance, à 5,4% le mois de décembre dernier avant de revoir encore ces chiffres à la baisse, il y a deux jours, suite à la décision de l’Algérie qui a désormais chamboulé les cartes de Sanchez et son gouvernement.

    Selon le DG de l’économie et des statistiques de la Banque d’Espagne, Angel Gavilan, «la dépendance espagnole au gaz algérien signifie que dans un scénario dans lequel le pays d’Afrique du Nord décide de couper l’approvisionnement en gaz de l’Espagne, la croissance économique en souffrirait et une pression supplémentaire s’ajouterait aux marchés de l’énergie, ce qui tirerait l’inflation vers le haut».


    A. B.

  • Espagne: Démantèlement d’un réseau Marocain d’immigration

    Espagne: Démantèlement d’un réseau Marocain d’immigration

    Espagne, Maroc, immigration, trafic,

    La police nationale espagnole a annoncé, jeudi, avoir démantelé un réseau facilitant l’immigration irrégulière depuis le Maroc. Les arrestations ont eu lieu à Algésiras, Murcie et Almería dans le cadre du démantèlement de ce réseau qui est parvenu à introduire 800 personnes en Espagne, rapporte Ceuta TV.

    Au total, quatre personnes ont été arrêtées dans les provinces de Cadix, Murcie et Almería. Le réseau a obtenu plus de 1 200 000 euros de bénéfices, en utilisant «des bateaux précaires de type patera, avec lesquels ils transportaient des migrants sur la côte espagnole», poursuit la même source, précisant que chaque migrant payait en moyenne 1 500 euros.

    Les bateaux effectuaient plusieurs rotations pour transporter plus de migrants en Espagne, alors que le réseau facilitait leur retour au Maroc pour maintenir ce trafic d’êtres humains. Les personnes visées étaient principalement des candidats ayant déjà tenté de migrer de manière irrégulière, parfois cachées dans la cabine d’un camion et même parmi dans les bagages, explique-t-on.

    Les détenus ont été accusés de «crimes d’appartenance à une organisation criminelle et crimes contre les droits des citoyens étrangers», conclut Ceuta TV.

    #Espagne #Maroc #Immigration #Trafic

  • Alger-Madrid : Fracture collatérale

    Alger-Madrid : Fracture collatérale

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    La crise politique et diplomatique entre l’Algérie et l’Espagne ne semble pas avoir des lendemains qui chantent. Entre les deux pays, la fracture s’est aggravée durant ces derniers jours avec la décision prise par Alger de suspendre le traité d’amitié signé avec Madrid en octobre 2002. Cet ambitieux document prend aujourd’hui une eau qui déborde les relations de notre pays avec l’Union européenne.

    Par Feriel Nourine

    Depuis que la crise politique s’est emparée des relations entre l’Algérie et l’Espagne, suite au revirement du Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, dans la question du Sahara occidental annoncé le 18 mars dernier, aucun signe de détente n’est venu s’inscrire au profit d’un retour à la normale entre les deux pays, notamment de la part du même Sanchez.

    Ce dernier reste de marbre face aux multiples remises en cause dans son pays, mais aussi sur la scène internationale, lesquelles n’ont pu le ramener à la raison de la charte de l’ONU et provoquer une opération diplomatique capable de faire baisser la tension entre Alger et Madrid.

    Bien au contraire, après le rappel immédiat par l’Algérie de son ambassadeur en Espagne, en guise de première riposte diplomatique à la volte-face du gouvernement espagnol, cette crise a emprunté une tendance ascendante, traversant une série de pics, avant de connaître un épisode de rupture mercredi dernier, avec la décision de l’Algérie de couper les ponts avec l’Espagne en suspendant le traité d’amitié, de bon voisinage et de coopération qui les lie depuis 2002.

    S’en est suivi, quelques heures après l’annonce de cette suspension, l’instruction de l’Association des banques et des établissements financiers (ABEF) à destination des banques algériennes, les instruisant de geler toutes les domiciliations bancaires des opérations commerciales de et vers l’Espagne, à partir de jeudi 9 juin.

    Cette première mesure, par l’Algérie, dans le cadre de la rupture annoncée a eu l’effet d’une bombe chez les autorités espagnoles et de l’ensemble de la classe politique dans ce pays ainsi que chez de nombreux opérateurs économiques qui exportent leurs produits vers l’Algérie.

    L’inquiétude est d’autant plus grande que la mesure économique prise par Alger risquait de s’étaler à l’approvisionnement de l’Espagne en gaz algérien qui constitue actuellement le souci principal de Madrid. Ce qui n’est finalement pas le cas, et les autorités algériennes n’ont pas tardé à rassurer le peuple espagnol en réitérant l’engagement de l’Algérie sur ce registre.

    Entre-temps, la troisième vice-présidente et ministre de la Transition écologique et du Défi démographique, Teresa Ribera, n’a pas hésité à déclarer que si l’Algérie «décidait de couper l’approvisionnement de l’Espagne en gaz», son pays «ira devant les tribunaux et à l’arbitrage international».

    La ministre espagnole s’est néanmoins montrée rassurante face à un média espagnol en indiquant être «convaincue» que l’approvisionnement en gaz «continuera à fonctionner tel quel», expliquant que «c’est inclus dans des contrats commerciaux entre la société algérienne Sonatrach et des sociétés espagnoles».
    Mme Ribera a, par ailleurs, réitéré ses déclarations faites préalablement au sujet des relations entre son gouvernement et le gouvernement algérien. L’Espagne a «un grand respect pour le gouvernement algérien», a-t-elle-dit.

    «Nous n’avons pas aimé la décision de rompre le traité de bonne amitié», a encore indiqué la même responsable, faisant savoir que son pays restait «ouvert à la reprise de cette relation dès que possible».

    Une reprise difficile

    Une reprise qui semble difficile, sinon impossible à accomplir avec un gouvernement espagnol qui continue à défendre sa position vis-à-vis de la question du Sahara. Ce qu’a d’ailleurs fait de nouveau Mme Ribera en défendant d’une manière à peine voilée le revirement de son Premier ministre. Les relations entre le Maroc et l’Algérie «concerne ces deux pays, et ceci ne devrait en aucun cas affecter la bonne relation entre l’Espagne et chacun d’eux», a-t-elle estimé, soulignant que son gouvernement aimerait aussi «avoir de bonnes relations avec le Maroc».

    Sauf que les «bonnes relations avec le Maroc» souhaitées par Madrid sont en train d’être tissées au détriment de la cause sahraoui et au profit de l’occupant marocain à travers son plan d’autonomie marocain qu’il tente de faire valoir, quitte à aller à l’encontre de la légalité internationale reconnaissant au peuple sahraoui le droit à l’autodétermination et au respect des frontières de son pays.

    Autrement dit, le gouvernement espagnol est en train de camper sur sa nouvelle position et de tenter à faire valoir son revirement. Du coup, toute possibilité de concertations pour détendre l’atmosphère entre Alger et Madrid deviennent nulles, même si Pedro Sanchez est en train d’agir à l’encontre des intérêts économiques de l’Espagne dans son partenariat avec l’Algérie.

    En effet, si les livraisons de gaz algérien ne sont remises en cause par les derniers événements venus rendre encore plus difficile un retour à la normale entre les deux pays, les entreprises espagnoles sont nombreuses à risquer de graves conséquences suite à la décision de rupture. Ces entreprises évoluent dans différents secteurs et filières et comptabilisent quelque 2 milliards d’euros d’exportations vers l’Algérie.

    L’UE s’en mêle, Alger riposte

    Avec la tournure qu’est en train de prendre la crise entre l’Algérie et l’Espagne, l’Union européenne n’a pas tardé, elle aussi à réagir, tentant de donner à l’affaire une dimension européenne et à faire des mesures prises par l’Algérie un risque pour l’accord d’association UE-Algérie.
    Dans un communiqué commun, le chef de la diplomatie de l’UE, Josep Borrell, et le vice-président de la Commission en charge du Commerce Valdis Dombrovskis ont jugé cette décision «extrêmement préoccupante».

    «Nous évaluons les implications des actions algériennes», notamment l’instruction donnée aux banques «d’arrêter les transactions entre les deux pays, qui semble être en violation de l’accord d’association UE-Algérie, en particulier dans le domaine du commerce et de l’investissement», ont-ils précisé.

    «Cela conduirait à un traitement discriminatoire d’un Etat membre de l’UE et nuirait à l’exercice des droits de l’Union au titre de l’accord», ont souligné les deux responsables européens, après une réunion à Bruxelles avec le ministre espagnol des Affaires étrangères José Manuel Albares.

    L’UE «est prête à s’opposer à tout type de mesures coercitives appliquées à l’encontre d’un Etat membre», ont-ils menacé.

    Des déclarations auxquelles l’Algérie a vite riposté, dans la soirée de vendredi, déplorant «la précipitation avec laquelle la Commission européenne a réagi, sans consultation préalable, ni vérification aucune auprès du gouvernement algérien».

    La mission de l’Algérie auprès de l’UE a regretté que la Commission «ne se soit pas assurée que la suspension d’un Traité politique bilatéral avec un partenaire européen, en l’occurrence l’Espagne, n’affecte ni directement, ni indirectement ses engagements contenus dans l’Accord d’Association Algérie-Union Européenne».

    «S’agissant de la prétendue mesure d’arrêt par le Gouvernement des transactions courantes avec un partenaire européen, elle n’existe en fait que dans l’esprit de ceux qui la revendiquent et de ceux qui se sont empressés de la stigmatiser», a ajouté la représentation algérienne dans un communiqué.

    Concernant une éventuelle interruption des livraisons de gaz à l’Espagne qu’impliquerait la décision de mercredi, Alger a tenu à démentir en rappelant que «l’Algérie a déjà fait savoir par la voix la plus autorisée, celle de Monsieur le Président de la République, qu’elle continuera à honorer tous ses engagements pris dans ce contexte, à charge pour les entreprises commerciales concernées d’assumer l’ensemble de leurs engagements contractuels».

    Reporters, 12/06/2022

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