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  • Sahara occidental: Dangereux revirement de la position espagnole

    Sahara occidental: Dangereux revirement de la position espagnole

    Sahara occidental: Dangereux revirement de la position espagnole – Maroc, Espagne, Algérie, Front Polisario, autonomie,

    L’Algérie a décidé le rappel de son ambassadeur à Madrid pour consultations, avec effet immédiat, suite aux déclarations des plus hautes autorités espagnoles constituant un « brusque revirement » de position concernant le dossier du Sahara occidental, a indiqué hier, un communiqué du Ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger.

    « Très étonnées par les déclarations des plus hautes autorités espagnoles relatives au dossier du Sahara occidental, les autorités algériennes, surprises par ce brusque revirement de position de l’ex-puissance administrante du Sahara occidental, ont décidé le rappel de leur ambassadeur à Madrid pour consultations avec effet immédiat », souligne le communiqué.

    Cet incident diplomatique intervient dans un mauvais moment, alors que le contexte international, marqué par la guerre russo-ukrainienne, observe avec appréhension les imprévisibles développements du conflit.

    Le revirement espagnol est-il en relation avec ce conflit ? Certainement oui, même indirectement. Le timing indique de lui-même la manœuvre. Même les journalistes espagnols en sont à la fois étonnés et embarrassés. Nous avions hier, tenté d’avoir un commentaire de la part de Rosa Meneses Arenda, responsable Desk Maghreb, au quotidien El Mundo, et grande experte du dossier maghrébin, en vain ; de même nous avions essayé d’arracher un mot à Carla Fibla, ex-journaliste à La Vanguardia, toujours sans succès.

    Le Maroc avait, rappelez-vous, daigné voter contre la Russie au début de la guerre en Ukraine. Rabat tentait par ce coup d’atteindre deux objectifs : montrer à la Russie toute « sa bonne volonté » vis-à-vis des Russes, et c’était là un clin d’œil pour le Plan d’autonomie au Sahara occidental, mais surtout afficher sa colère aux Européens, qui n’ont été à la vitesse souhaitée concernant le même volet, et pis encore, ont montré pour certains un visage bienveillant aux Sahraouis.

    L’Europe, englué dans la guerre qu’elle sous-traite à son corps défendant au profit des Etats Unis, devait prévoir tous les scénarios d’une guerre qui menace de se diluer. De ce fait, le Maroc est un élément de la démarche, du fait de sa position à la pointe de la Méditerranée, à l’embouchure de l’Atlantique. Comme les pays d’Europe, conscients de leur grande fragilité face aux deux blocs Russie-Chine et USA-GB, tentent de trouver la parade.

    Concernant le Maroc, c’est apparemment l’Espagne qui a été envoyée au charbon, pour une question de proximité et d’indécision sur le dossier sahraoui.

    De toute évidence, l’Algérie est comptée parmi les soutiens potentiels de Moscou, malgré la neutralité qu’elle observe depuis le début de la guerre.

    L’Espagne est bel et bien la source du problème du Sahara occidental, en l’abandonnant de la sorte en 1975. Depuis lors, elle a fait des efforts pour rattraper ses erreurs ; elle a eu tantôt des positions honorables, tantôt moins. Mais contribuait certainement à un équilibre dans ce dossier épineux de décolonisation.

    De ce fait, les conséquences peuvent s’avérer désastreuses dans l’avenir. Le rappel de l’ambassadeur d’Algérie en Espagne en est une. Commis en pleine guerre ukrainienne, l’acte madrilène est préjudiciable autant pour l’Espagne elle-même que pour ses partenaires les plus sérieux. On attendra la réaction officielle de Madrid sur le sujet.

    L’Express, 20/03/2022

    #SaharaOccidental #Maroc #FrontPolisario #Espagne #PedroSanchez #Algérie

  • « L’Espagne est soumise à des pression de la part du Maroc » (expert)

    « L’Espagne est soumise à des pression de la part du Maroc » (expert)

    « L’Espagne est soumise à des pression de la part du Maroc » (expert) – Algérie, Sahara Occidental, migration,

    L’Algérie a convoqué son ambassadeur à Madrid samedi pour exprimer son mécontentement face au « virage serré » pris par l’Espagne pour soutenir le plan d’autonomie du Maroc pour le Sahara occidental, une région où Alger soutient l’indépendance sahraouie.

    « Les autorités algériennes, surprises par ce brusque changement de position de l’ancienne Puissance administrante du Sahara occidental, ont décidé d’appeler leur ambassadeur à Madrid pour des consultations avec effet immédiat », indique un communiqué du ministère algérien des Affaires étrangères.

    Le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, a déclaré vendredi à Barcelone que l’Espagne « considère l’initiative d’autonomie présentée en 2007 » par le Maroc comme « la base la plus sérieuse, réaliste et crédible pour la résolution de ce différend » entre Rabat et El Polisario.

    Les autorités marocaines se sont rapidement déclarées satisfaites des « engagements constructifs » de l’Espagne, ouvrant la voie au dégel des relations bilatérales.

    Mizab : « L’Espagne est entre le marteau et l’enclume »

    L’expert Ahmed Mizab a affirmé à Maghreb Info que « le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez a cédé à la pression et au chantage du Maroc dans l’objectif de reprendre des relations politiques et diplomatiques tendues entre les deux pays ».

    « Le gouvernement espagnol tente depuis des années de satisfaire le Maroc et entretient une certaine ambiguïté sur le dossier du Sahara occidental », nous a déclaré ce dimanche Mizab.

    « La reconnaissance espagnole du plan d’autonomie marocain en tant que meilleure proposition pour résoudre la crise met en évidence l’hypocrisie du gouvernement au moment où il parle de la défense de la légalité internationale », a-t-il regretté, ajoutant que « l’Espagne a une responsabilité politique et juridique définie » et que ce qu’elle a entrepris « est absolument en contradiction avec sa responsabilité ».

    L’expert nous a réaffirmé que « l’Espagne a été soumise à un ensemble de chantages et de pratiques bien connues sur le système stocké, qui essayait toujours de faire pression que ce soit avec sa carte d’immigrant. Nous avons vu il y a deux jours comment ce papier a été réutilisé par l’entrepôt, il y a eu une tentative d’employer un groupe de fichiers dans le cadre du changement de la position espagnole».

    Ce qui n’est pas acceptable, pour Mizab « c’est la répudiation par l’Espagne de ses obligations historiques, étant donné que le Sahara occidental était une colonie espagnole, et que c’est l’Espagne qui a tracé les frontières et réglé le dossier au niveau des Nations unies, et il n’est donc pas acceptable qu’il y ait être une déviation ». Notre interlocuteur nous a affirmé que « la question des accords et du gazoduc ne sera pas touchée par ces répercussions d’autant qu’il doit y avoir une démarche diplomatique ».

    En outre l’expert a appelé à la diplomatie algérienne à intervenir afin de remédier à la situation et afin de re-corriger ces erreurs inacceptables.

    « Le Maroc essaie de pêcher en eaux troubles face à la crise ukrainienne, il essaie aussi d’enflammer de jouer certaines cartes, et n’oublions pas l’influence de l’entité sioniste sur certains dossiers et l’emploi de ce journal dans le cadre du rapprochement entre l’entité sioniste et le Maroc sur l’Espagne ».

    En ce qui concerne la question de l’énergie, Mizab nous a indiqué que « l’Algérie a fourni toutes les garanties, donc personne ne peut être en mesure de sauter sur ce papier les noms ukrainiens préférés et leurs répercussions sur le marché du pétrole et du gaz, dont l’Espagne est ente le marteau et l’enclume ».

    La porte-parole du gouvernement espagnol : « La relation entre l’Algérie et l’Espagne était solide »

    Deux jours après que le gouvernement espagnol a épousé la thèse marocaine concernant le territoire occupé du Sahara occidental, la porte-parole du gouvernement espagnol Isabel Rodríguez s’est exprimée à ce sujet en répondant aux questions des journalistes du quotidien espagnol « La Razón » à propos du nouveau positionnement de son pays vis-à-vis de la cause sahraoui. Mme Rodríguez a expliqué que « cette décision reflète la volonté commune du gouvernement espagnol qui, malgré les différences marquant les deux partis politiques qui le composent, s’est exprimé d’une seule voix dans cette affaire ».

    Ainsi, les déclarations de Mme Rodríguez laissent à entendre que ce repositionnement de l’Espagne, en adoptant le plan de l’autonomie proposé par le Maroc en 2007, est complètement assumé, malgré les nombreuses interrogations qu’il continue de susciter notamment dans son pays.

    Interrogée sur les conséquences sur les relations avec l’Algérie, elle a tenu à assurer que la relation entre les deux pays était « solide ». Il s’agit, selon elle, d’un partenaire « stratégique, fiable et amical » avec lequel est maintenu un dialogue fluide qui valorise l’alliance autour du gazoduc reliant l’Algérie à l’Espagne.

    La porte-parole du gouvernement espagnol a également fait savoir que « l’exécutif donnera des éclaircissements à tous les groupes politiques et le ministre des Affaires étrangères, José Manuel Albares, devra répondre devant le Congrès (espagnol ndlr) ». Pour elle, ce changement de position concernant le Sahara Occidental «ouvre une nouvelle étape dans les relations avec le Maroc et garantit la stabilité nécessaire ».

    « Nous avons honoré des engagements mutuels. Parmi eux figure celui d’une action coordonnée entre les deux pays, en sus du maintien d’une communication fluide et franche pour renforcer la gestion des flux migratoires », a-t-elle expliqué, ajoutant que « ce changement de cap « aura des effets positifs sur les échanges commerciaux entre l’Espagne et le Maroc ».

    Maghreb Info, 20/03/2022

    #Maroc #SaharaOccidental #Algérie #Espagne

  • Sahara occidental : La double trahison de l’Espagne

    Sahara occidental : La double trahison de l’Espagne

    Sahara occidental : La double trahison de l’Espagne – Maroc, Front Polisario, Algérie, autonomie,

    La nouvelle position exprimée par Madrid sur le dossier sahraoui a entraîné une très vive réaction du Front Polisario et du gouvernement de la RASD ( République Arabe Sahraouie Démocratique)

    Un texte annonçant son soutien au plan d’autonomie sous gouvernorat marocain que tente d’imposer Rabat depuis de longues années. Il a été suivi par la publication, jeudi soir, d’un autre communiqué émanant cette fois du palais royal marocain, pour mettre en exergue l’annonce espagnole. Dans la soirée, les Sahraouis ont à leur tour réagi en publiant un communiqué daté de Bir-Lahlou, dans les territoires occupés, en indiquant qu’ils avaient accueilli « avec étonnement les deux publications faites par l’occupant marocain et Madrid ».

    Le Front Polisario et le gouvernement de la RASD notent d’abord les contradictions totales « de la position du gouvernement espagnol avec le droit international ». Ils rappellent que les « Nations unies, l’Union africaine (UA), le tribunal européen ainsi que toutes les organisations militant pour les droits de l’homme et la liberté des peuples ne reconnaissent pas la suprématie du Maroc sur le Sahara occidental ». Les Sahraouis rappellent aussi à l’Espagne « sa responsabilité politique et juridique qui devrait au contraire l’inciter à défendre les frontières qu’elle a elle-même reconnue, et faire barrage à l’extension marocaine ». Elle « a aussi une responsabilité envers le peuple sahraoui et les Nations unies » poursuit le communiqué qui qualifie de « grave » la position espagnole qui « s’est exprimé dans un contexte très grave et marqué par la reprise des hostilités depuis 2020 ».

    Les Sahraouis notent enfin que « cette nouvelle position est enregistrée suite à de longs mois de provocation et de pressions marocaines envers l’Espagne, et que Madrid a choisi d’abdiquer malheureusement, de payer le prix demandé par Madrid qui est de sacrifier le peuple sahraoui une nouvelle fois et dépasser ainsi toutes les lignes rouges ».

    Chantage malsain

    La décision de Madrid de s’aligner sur les thèses marocaines est perçue comme une trahison à l’égard du peuple sahraoui qui lutte pour son indépendance. Cet acte est une « deuxième trahison historique du Peuple sahraoui par Madrid après le funeste accord de 1975 », a réagi ce samedi 19 mars une source algérienne proche du dossier dans une déclaration à TSA. Le 14 novembre 1975 à Madrid, soit quelques mois avant le départ espagnol en février 1976, l’Espagne, le Maroc et la Mauritanie ont signé un accord de partition du Sahara occidental entre le Maroc et la Mauritanie. Cet accord avait été dénoncé par le Front Polisario qui a proclamé la RASD, après le départ des colons espagnols.

    Le revirement de la position espagnole survient après une série de crises entre rabat et Madrid sur la question migratoire, avec en toile de fond la question du Sahara occidental. reprochant à l’Espagne son refus de reconnaître sa souveraineté sur le territoire occupé ou d’adopter son plan d’autonomie, le Maroc a lâché sa bombe migratoire, ce qui a suscité une vive condamnation du Parlement européen qui a accusé le royaume de chantage. « Finalement, le Maroc a obtenu ce qu’il voulait de l’Espagne », note un diplomate algérien.

    Par : RAHIMA RAHMOUNI

    Le Midi libre, 20/03/2022

    #Algérie #Espagne #Maroc #SaharaOccidental #FrontPolisario #Autonomie

  • Espagne-Sahara Occidental.- Revirement

    Espagne-Sahara Occidental.- Revirement

    Espagne-Sahara Occidental.- Revirement – Maroc, Algérie, Front Polisario, autonomie, Pedro Sanchez,

    Le gouvernement espagnol a changé de fusil d’épaule sur la question du Sahara occidental. Madrid soutient désormais publiquement le plan d’autonomie présentée en 2007 par le Maroc. Pouvait-on s’attendre à ce revirement de la position espagnole ? Il ne faut plus s’étonner de rien sur le plan des relations internationales, qui connaissent ces derniers jours de profonds changements, et qui sont appelées à évoluer comme jamais dans le proche avenir sur des bases anciennes mais détachées de toute délicatesse, sans compassion, à savoir sur le seul intérêt que peut rapporter telle ou telle position diplomatique. L’empirisme diplomatique qui tente de surfer entre les flots, sans fâcher ni une partie ou une autre, n’est plus de mise.

    Ainsi, l’Espagne, qui est passée d’un soutien à l’application du plan onusien d’autodétermination au Sahara occidental, à la neutralité prudente face à la question, pour ne pas indisposer ses voisins marocains et algériens, et qui arrive aujourd’hui à supporter l’initiative d’autonomie présentée par le Maroc, obéit à ses propres intérêts stratégiques. Peut-on conclure que les intérêts stratégiques avec l’Algérie sont moindres ? Certainement que la formule diplomatique qui sanctionne généralement les rencontres entre les deux pays, où on loue le partage des points de vue autour des questions régionales, ne sera plus évoquée dans les déclarations communes.

    Plus loin encore, l’Algérie serait amenée à redéfinir son action diplomatique, voire toute coopération, avec l’Espagne, sur la base de ce nouveau développement sur la scène régionale. l’Algérie ne peut rester insensible face à cette nouvelle donne. Le Front Polisario a dénoncé, vendredi dernier, cette nouvelle position du gouvernement espagnol, l’accusant de «succomber au chantage et à la politique de la peur utilisée par le Maroc».

    A ce point, le Maroc peut-il faire peur à l’Espagne jusqu’à lui faire changer de cap sur une question qui engage sa pleine responsabilité politique, juridique et morale, en tant qu’ancien colonisateur ? Il est certain que l’Espagne se range là derrière d’autres pays européens, qui cherchent par ces temps à unifier leurs actions diplomatiques, mais la question divise encore au sein de la classe politique à l’intérieur de ce pays.

    Des voix s’élèvent, déjà, au sein de l’exécutif espagnol pour dire que « toute solution au conflit au Sahara occidental devait passer par le respect de la volonté démocratique du peuple sahraoui ». Ce n’est pas fort comme opposition, certes, cependant, elle invite les principales parties à se manifester face à ce revirement qui fait prendre un tournant aux principes de la politique étrangère espagnole. Il est à se demander, maintenant, de quoi peut user le Front Polisario pour imposer cette « volonté démocratique du peuple sahraoui » ?

    par Abdelkrim Zerzouri

    Le Quotidien d’Oran, 20/03/2022

    #SaharaOccidental #Maroc #Espagne #Algérie #PedroSanchez

  • Sahara occidental : La grande brouille espagnole

    Sahara occidental : La grande brouille espagnole – Maroc, Espagne, Algérie, Front Polisario,

    Nouveau rebondissement dans le dossier du Sahara occidental. L’Espagne, pays-clé par l’histoire du conflit et par les tractations politiques et diplomatiques en cours depuis des années pour le résoudre, décide de se départir de sa position de neutralité et opte pour le soutien au plan d’autonomie du territoire présenté par le Maroc depuis 2007. Alger, qui a exprimé son étonnement du «brusque revirement» espagnol, vient de rappeler avec «effet immédiat» son ambassadeur à Madrid pour «consultations».

    Par Halim Midouni
    Vendredi, 18 mars, l’Espagne, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, José Manuel Albares, a estimé que «l’initiative d’autonomie» du Sahara occidental sous la souveraineté du Maroc était la base de travail «la plus sérieuse, réaliste et crédible». Avec cette déclaration, qui a suivi des contacts diplomatiques entre Madrid et Rabat, l’Espagne se démet de sa neutralité officielle vis-à-vis du conflit sahraoui. Elle prend option en faveur de la position défendue depuis 2007 par le Maroc contre celle du Polisario et des indépendantistes qui, soutenus par les résolutions des Nations unies, réclament un référendum d’autodétermination.

    Ainsi, la diplomatie espagnole opère un revirement majeur que le grand quotidien madrilène El Pais interprète comme un «abandon» par Madrid de «sa traditionnelle posture de neutralité dans le conflit du Sahara occidental». Un changement qui doit se manifester davantage avec la visite à Rabat de M. Albarès «à la fin du mois» et celle, dans un avenir proche, du chef du gouvernement Pedro Sanchez. Et qui rebat les cartes d’un dossier pour lequel les indépendantistes sahraouis ont engrangé durant ces derniers mois et ces dernières semaines de précieux gains à l’échelle internationale, notamment en Europe considérée pourtant comme un soutien aux thèses marocaines sur le territoire sahraoui.

    Dans une réponse datée du 11 mars 2022 au député du Parti populaire européen, Massimiliano Salini, la Commission européenne a, en effet, assuré que la position de l’UE au sujet du Sahara occidental est dictée par les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU, soulignant son statut de territoire non autonome.

    Elle a indiqué que l’Union européenne «réitère son soutien aux efforts du Secrétaire général de l’ONU pour parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable, qui assurera l’autodétermination du peuple du Sahara occidental dans le cadre du respect des principes de la Charte des Nations unies». Elle a précisé, également, que, relativement aux protestations politiques et diplomatiques du Polisario et à ses actions auprès de la justice européenne, la mise en œuvre des accords économiques et commerciaux impliquant les pays de l’UE et le Maroc dans le territoire du Sahara occidental dépendra de l’arrêt définitif de la Cour de justice de l’UE.

    Réagissant à la position de la Commission européenne, le représentant du Front Polisario en Europe et auprès de l’Union européenne (UE), Oubi Bouchraya Bachir, a affirmé, mardi 15 mars, que le soutien réaffirmé de la Commission européenne au droit du peuple sahraoui à l’autodétermination «est très important» sur les plans politique et juridique, notamment en ce qui concerne la question du «pillage systématique des ressources du peuple sahraoui».

    Selon le responsable sahraoui, «cette déclaration confirme également que les solutions unilatérales que le Maroc cherche à imposer dans la région n’aboutiront à rien et que la solution recherchée doit reposer sur l’autodétermination». Le diplomate sahraoui a souligné que «cette position intervient dans une conjoncture particulière, marquée par les crises diplomatiques ouvertes entre le Maroc et plusieurs pays européens, intervenant sur fond de refus des thèses marocaines expansionnistes».

    «Chantage migratoire» et autres données
    Oubi Bouchraya Bachir semblait faire allusion à l’Espagne qui se rallie désormais à la position marocaine. Pourquoi ce changement radical ? Les éléments de réponse à cette question ne manquent pas. Les observateurs de la relation maroco-espagnole citent parmi eux le «chantage migratoire» exercé par Rabat sur Madrid à la frontière de l’enclave de Ceuta. Mais d’autres indicateurs, plus récents, doivent être regardés également de près. Il s’agit entre autres de la position des Etats-Unis et de la façon dont la sous-secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères, Wendy Sherman, l’a exprimée récemment à Rabat. «Nous continuons à considérer le plan d’autonomie du Maroc comme sérieux, crédible et réaliste», a-t-elle dit le 8 mars dernier à Rabat.

    La similitude de son propos avec celui du chef de la diplomatie espagnole tend à faire croire qu’il y a une nouvelle convergence de vues des capitales occidentales sur le dossier sahraoui et renouveau de consensus à ne plus contraindre le Maroc à perdre des points et des voix comme il le fait depuis plusieurs mois et en particulier depuis le dernier sommet UE/Afrique, un rendez-vous auquel le Polisario a participé pleinement en tant que membre de l’Union africaine (UA).

    Mais si les Etats-Unis ont les moyens de dire qu’ils soutiennent le plan d’autonomie tout en cultivant une ambiguïté certaine à l’égard du Polisario, ce pays étant géographiquement loin du Maghreb et où l’opinion, malgré ce qui est dit, reste peu sensible à la cause sahraouie, l’Espagne devra faire face à des courants politiques internes qui lui sont favorables. Sur Twitter, la ministre du Travail, représentant Podemos, Yolanda Diaz, a ainsi déclaré que «toute solution au conflit (au Sahara occidental) devait passer par le respect et la volonté démocratique du peuple sahraoui».

    «La position exprimée par le gouvernement espagnol contredit absolument la légitimité internationale», a réagi le Polisario. Il appelle les forces politiques à Madrid à «faire pression sur le gouvernement espagnol pour qu’il corrige cette grave erreur». La diplomatie algérienne, qui a exprimé son étonnement du «brusque revirement» espagnol, vient de rappeler avec «effet immédiat» son ambassadeur à Madrid pour «consultations».

    «Très étonnées par les déclarations des plus hautes autorités espagnoles relatives au dossier du Sahara occidental, les autorités algériennes, surprises par ce brusque revirement de position de l’ex-puissance administrante du Sahara occidental, ont décidé le rappel de leur ambassadeur à Madrid pour consultations avec effet immédiat», a souligné la diplomatie algérienne. Alger, qui se range derrière les résolutions onusiennes pour un référendum d’autodétermination au Sahara occidental, peut être en situation de réviser son partenariat politique et économique important avec Madrid. Pour les indépendantistes sahraouis, la suite des évènements pourrait être une recrudescence sur le plan militaire avec la probabilité d’une montée en puissance des opérations de l’Armée populaire de libération sahraouie (APLS) contre les positions marocaines au niveau de la zone de Guerguerat transformé en front depuis l’interruption du cessez-le-feu en novembre 2020.

    Reporters, 20/03/2022

    #maroc #saharaoccidental #espagne

  • Espagne : le chantage à l’émigration exercé par le Maroc a prévalu

    Espagne : le chantage à l’émigration exercé par le Maroc a prévalu

    Espagne le chantage à l’émigration exercé par le Maroc a prévalu – Sahara Occidental, Algérie,

    L’Espagne a pris, vendredi, une position, pour le moins, inattendue sur le dossier sahraoui. En effet, le premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, a souligné qu’il «reconnaît l’importance de la question du Sahara pour le Maroc» en ajoutant dans un communiqué que «le plan marocain d’autonomie pour le Sahara occidental est la base la plus sérieuse, réaliste et crédible pour la résolution du différend».

    Un changement de position radical qui n’a pas tardé à faire réagir l’Algérie qui, dans un premier temps, a rappelé son ambassadeur à Madrid pour consultations, avec effet immédiat. Un rappel qui fait «suite aux déclarations des plus hautes autorités espagnoles constituant un brusque revirement de position concernant le dossier du Sahara occidental», indique un communiqué du ministère algérien des Affaires étrangères et de la communauté nationale à l’étranger publié hier samedi. Un communiqué dans lequel les autorités algériennes se disent «très étonnées par les déclarations des plus hautes autorités espagnoles relatives au dossier du Sahara occidental», et même «surprises par ce brusque revirement de position de l’ex-puissance administrante du Sahara occidental». En effet, les autorités espagnoles qui étaient, jusque-là, attachées au droit international et aux résolutions de l’instance onusienne, et même européenne qui insistent sur l’autodétermination du peuple sahraoui, niant la souveraineté marocaine sur le Sahara Occidental ont décidé, vendredi, de pencher vers la solution marocaine qui table sur l’autonomie du peuple sahraoui.

    Un revirement qui se produit, comme le souligne le Polisario «dans un contexte très grave que traverse le conflit au Sahara occidental après le retour à la guerre en novembre 2020, et l’état de tension dans la région en raison de la persistance du Royaume du Maroc dans ses politiques expansionnistes et ses plans pour perturber la sécurité et la stabilité de la région ».

    Le chantage marocain a prévalu

    Cette «sortie espagnole» vient jeter de l’huile sur le feu, capitulant devant le chantage à l’émigration exercé par Rabat. Pourtant, l’Espagne rappelait en 2009 qu’elle s’alignait sur la position des Nations Unies, qui considèrent le Sahara occidental comme faisant partie des territoires non autonomes, donc à décoloniser. Et même que Madrid annonçait officiellement, par la voix de son ministre des Affaires étrangères de l’époque, Miguel Angel Moratino, qu’il n’a jamais reconnu la souveraineté du Maroc sur son ancienne colonie qui a connu l’invasion du Maroc, en novembre 1975 par le défunt roi Hassan II. Mais les positions espagnoles sur le sujet ont souvent été ambigües, soufflant le chaud et le froid. Des positions influencées par les menaces marocaines sur l’Espagne, mais aussi sur l’histoire qui la lie aux territoires occupés du Sahara occidental. En effet, puissance coloniale de la région de 1884 à 1975, l’Espagne n’a pas respecté les règles imposées par le droit international au moment de la décolonisation. D’abord, elle n’avait pas procédé au référendum d’autodétermination du peuple sahraoui pour lequel elle était mandatée par l’ONU, et son retrait de ces territoires qu’elle occupait s’est opéré de manière brutale, laissant le Maroc annexer le Sahara occidental.

    B. A.

    L’Algérie aujourd’hui, 20/03/2022

    #Maroc #Espagne #SaharaOccidental #Algérie #Migration

  • Allemagne-Maroc: langage flatteur pour mettre fin à la crise diplomatique

    Allemagne-Maroc: langage flatteur pour mettre fin à la crise diplomatique – Sahara Occidental, Espagne,

    Sur son site internet le Ministère des Affaires Etrangère allemand a mis à jour sa fiche « relations bilatérales » avec le Maroc (ni un communiqué ni une déclaration comme on a pu lire ici ou là).
    Allemagne et Maroc : relations bilatérales
    Le Royaume du Maroc est un lien important entre le Nord et le Sud politiquement, culturellement et économiquement – le pays est un partenaire clé de l’Union européenne et de l’Allemagne en Afrique du Nord. L’Allemagne et le Maroc entretiennent des relations diplomatiques depuis 1956.

    Le Maroc a lancé de vastes réformes au cours de la dernière décennie. Le pays joue un rôle important dans la stabilité et le développement durable de la région. Cela se reflète notamment dans son engagement diplomatique envers le processus de paix libyen. L’ONU cherche une solution à la question du Sahara occidental sous la direction du nouvel Envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU, Staffan de Mistura. La position du gouvernement fédéral à ce sujet n’a pas changé depuis des décennies. L’Allemagne soutient l’Envoyé personnel dans ses efforts pour parvenir à un résultat politique juste, durable et mutuellement acceptable sur la base de la résolution duVN- Conseil de sécurité 2602 (2021). Le Maroc a apporté une contribution importante à un tel accord en 2007 avec un plan d’autonomie.

    Des relations économiques et commerciales importantes existent entre le Maroc et l’Allemagne. L’Allemagne s’est classée 7e dans la balance commerciale du Maroc en 2019. En 2019, l’Allemagne a importé pour 1,4 milliard d’euros de biens du Maroc, tandis que des biens d’une valeur de 2,2 milliards d’euros ont été exportés. Avec un focus sur Casablanca et Tanger, près de 300 entreprises à participation allemande au capital sont représentées au Maroc. Le Maroc est une destination de voyage populaire, environ 6% des touristes étrangers venaient d’Allemagne en 2019.

    L’Allemagne soutient le Maroc dans son parcours de modernisation et est l’un des plus grands donateurs bilatéraux avec un engagement total de près de 1,2 milliard d’euros en 2020. La coopération au développement germano-marocaine se concentre sur les domaines du développement économique durable et de l’emploi, des énergies renouvelables et de la gestion de l’eau. Le Maroc fait partie de l’initiative « Compact with Africa » ​​du G20 visant à améliorer les conditions-cadres des investissements privés. À cette fin, les deux pays se sont mis d’accord fin novembre 2019 sur un partenariat de réforme germano-marocain. En 2020, l’Allemagne a soutenu le Maroc avec un vaste programme d’aide d’urgence pour faire face à la crise de Corona.

    À côté de CRAIE et KfW La Fondation Friedrich Ebert, la Fondation Konrad Adenauer, la Fondation Friedrich Naumann, la Fondation Hanns Seidel et la Fondation Heinrich Böll ont également des bureaux au Maroc. En outre, la langue allemande et la coopération scientifique sont encouragées. Le Goethe-Institut possède des antennes à Casablanca et Rabat ainsi que des Points de dialogue allemands à Tanger et Oujda. En outre, il existe des écoles partenaires et plus de 20 partenariats dans le secteur de l’enseignement supérieur. Des professeurs du Service allemand d’échanges universitaires enseignent à Rabat et à Meknès. Le ministère fédéral des Affaires étrangères promeut également la préservation culturelle au Maroc.

    Texte de la version précédente (fév. 2021)
    Allemagne et Maroc : relations bilatérales
    L’Allemagne entretient des relations diplomatiques avec le Maroc depuis 1956. Les contacts sont traditionnellement proches, amicaux et sans tension. La coopération dans les domaines de la politique, des affaires, de la culture et de la coopération au développement est bonne, en particulier sur des questions importantes telles que l’environnement, le changement climatique, l’énergie et la science, la migration et, plus récemment, la lutte contre les pandémies. L’Allemagne s’efforce également de soutenir le Maroc dans les domaines du développement démocratique, de l’État de droit, de la société civile et des droits de l’homme.

    La coopération au développement est un pilier central de la relation. L’Allemagne est l’un des plus grands donateurs bilatéraux du Maroc, avec un engagement total de près de 1,4 milliard d’euros en 2020. Depuis 2019, nous avons également un partenariat de réforme avec le Maroc. En 2020, l’Allemagne a soutenu le Maroc avec un programme d’aide d’urgence pour faire face à la crise de Corona. À côté deGIZetKfWLa Fondation Friedrich Ebert, la Fondation Konrad Adenauer, la Fondation Friedrich Naumann, la Fondation Hanns Seidel et la Fondation Heinrich Böll ont également des bureaux au Maroc.

    Des relations économiques et commerciales importantes existent entre le Maroc et l’Allemagne. L’Allemagne s’est classée 7e dans la balance commerciale du Maroc en 2019. En 2019, l’Allemagne a importé pour 1,4 milliard d’euros de biens du Maroc, tandis que des biens d’une valeur de 2,2 milliards d’euros ont été exportés. Avec un focus sur Casablanca et Tanger, près de 300 entreprises à participation allemande au capital sont représentées au Maroc. Le Maroc est une destination de voyage populaire, environ 6% des touristes étrangers venaient d’Allemagne en 2018. De bonnes infrastructures, des paysages variés, un riche patrimoine culturel et des avantages climatiques offrent ici un potentiel de croissance.

    En plus du travail de programme, la promotion de la langue allemande et la coopération scientifique sont les points focaux dans le secteur culturel. L’Institut Goethe a des antennes à Casablanca et Rabat et des points de dialogue allemands à Tanger et Oujda. En outre, il existe des écoles partenaires et plus de 20 partenariats dans le secteur de l’enseignement supérieur. Des professeurs du Service allemand d’échanges universitaires enseignent à Rabat et à Meknès. Le ministère fédéral des Affaires étrangères promeut également la préservation culturelle au Maroc.

    En bas, la note suivante:
    Ce texte représente une information de base, il est mis à jour régulièrement. Aucune garantie ne peut être donnée quant à l’exactitude et l’exhaustivité des informations.

    Selon le journaliste Christophe Guguen, « certains éléments de langage ont été ajoutés (rôle régional du Maroc, réformes), d’autres ont été supprimés (références au sous-développement). L’objectif est clairement de faire plaisir au Maroc pour tenter de mettre fin à la crise diplomatique entre les deux pays ».

    « Mais sur la question du Sahara occidental (pas mentionnée ds la version précédente et qui a constitué une des principales causes de la rupture diplo), Berlin ne va pas plus loin que de reconnaître la « contribution importante » du Maroc à une solution à travers son plan d’autonomie », ajoute-t-il.

    « Pas vraiment un tournant: la diplomatie allemande dit rester attachée au droit international et donc à une solution politique mutuellement acceptable. C’était déjà en substance ce que disait Heusgen devant l’ONU en 2020 quand il a dénoncé la nouvelle position US », conclue-t-il.

    #Maroc #SaharaOccidental #Espagne #Allemagne



  • Au moins 44 migrants meurent dans un naufrage au large du Maroc

    Au moins 44 migrants meurent dans un naufrage au large du Maroc – Migration, Espagne, Tarfaya, Caminando Fronteras

    Au moins 44 migrants, dont des femmes et des bébés, sont morts noyés après le naufrage de leur embarcation au large de Tarfaya, au sud du Maroc, a indiqué samedi soir l’ONG espagnole Caminando Fronteras.

    Parmi les victimes figurent “trois femmes et deux bébés (dont les corps) se trouvent dans la morgue”, a précisé dans un tweet daté de samedi l’ONG, qui établit ses bilans sur la base de témoignages des survivants ou des familles des migrants.

    Un total de 61 personnes se trouvaient a bord de l’embarcation pneumatique qui se dirigeait vers l’archipel espagnol des Canaries, situé a une centaine de kilomètres de Tarfaya, selon Caminando Fronteras.

    Le 16 janvier, 43 migrants, dont trois bébés et 14 femmes, majoritairement originaires d’Afrique subsaharienne, avaient péri lors d’un naufrage au large de Tarfaya, selon l’association espagnole.

    En 2021, 4.404 migrants sont morts ou ont disparu au cours de leur traversée en mer pour tenter de rejoindre l’Espagne, soit deux fois plus qu’en 2020, selon l’ONG Caminando Fronteras, le pire bilan depuis 2015.

    La majorité des corps ne sont jamais retrouvés. Selon les derniers chiffres du ministère espagnol de l’Intérieur, plus de 40.000 migrants, en grande partie en provenance du Maroc, sont arrivés en 2021 par la mer dans le pays, ainsi que dans les archipels des Baléares et des Canaries.

    #Maroc #Migration #Espagne #Tarfaya

  • Paris empêche l’Algérie d’être l’alternative énergétique à la Russie

    Paris empêche l’Algérie d’être l’alternative énergétique à la Russie – Ukraine, gaz, MIDCAT, Espagne,

    La mort du gazoduc MIDCAT. Le veto français qui empêche l’Espagne et l’Algérie d’être l’alternative énergétique à la Russie.

    L’Espagne est à peine interconnectée avec la France pour exporter du gaz vers le Vieux Continent et l’Algérie peut difficilement augmenter sa production. Les présidents français successifs l’en ont empêché.

    L’une des sanctions les plus sévères imposées à ce jour à la Russie pour son agression contre l’Ukraine a été le report sine die, par le chancelier allemand Olaf Scholz, de l’entrée en service du gazoduc Nord Stream II construit pour fournir du gaz russe à l’Allemagne. Avec cette décision, le message est envoyé au Kremlin que l’Europe peut, peut-être, réduire sa dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie.

    Aujourd’hui, 47% du gaz qu’elle consomme provient de ce pays. Les hydrocarbures fournissent à l’État russe 36 % de ses revenus. L’Europe aurait pu réduire sa dépendance au gaz russe depuis longtemps. Pour cela, elle aurait dû opter pour une interconnexion gazière entre l’Espagne et la France plus puissante que les deux gazoducs existants de Navarre et du Pays basque d’une capacité totale de 7 000 millions de mètres cubes. Le projet existait, il s’appelait MIDCAT, et il reliait le Midi français à la Catalogne. Il était budgété à 3 000 millions d’euros, dont 400 pour l’interconnexion. Une petite section du côté espagnol de la frontière a été construite. Il a même fini par figurer sur la liste des projets d’intérêt commun préparée par la Commission européenne, mais il a été parqué en 2018. Le principal fossoyeur pour lui est le président Emmanuel Macron. « Nous n’allons pas construire de nouveaux gazoducs, sauf si la consommation est importante », a-t-il déclaré en septembre 2018.

    Son entourage expliquait qu’il n’y avait pas de risque de demande ou d’offre. Son avis coïncidait avec celui de la Commission de régulation de l’énergie française et avec celui du cabinet de conseil finlandais Poyry, sur lequel la Commission européenne a commandé un rapport. L’annonce présidentielle a réjoui les écologistes et le lobby nucléaire français, qui craignait la concurrence du gaz. Quatre ans plus tard, les tensions avec la Russie ont ravivé, du moins chez les experts, l’intérêt pour MIDCAT. « Le gazoduc MIDCAT transformerait la région [de la péninsule ibérique] en une plaque tournante énergétique et aiderait l’Espagne, le Portugal et la France à devenir un élément indispensable du futur système énergétique européen », ont écrit cette semaine dans le magazine « Real Clear Energy », Sam Buchan, ancien directeur économique international du Conseil économique national des États-Unis, et Ricky Gill, qui, au Conseil national de sécurité des États-Unis, s’est occupé de la sécurité énergétique de l’Europe.

    L’Espagne est le pays européen qui possède la plus grande capacité de regazéification de GNL (gaz naturel liquéfié). Avec le Portugal, elle dispose de huit usines dans ses ports, actuellement sous-utilisées, mais qui pourraient traiter jusqu’à 76 000 millions de mètres cubes par an, auxquels il faudrait ajouter 10 000 autres, fournis par l’Algérie par le biais du MEDGAZ, le seul gazoduc qui fonctionne aujourd’hui. Alger a fermé le 31 octobre le Maghreb-Europe qui, après avoir traversé le Maroc, se termine dans la province de Cadix.

    Si les usines de regazéification fonctionnaient à plein régime, s’il existait un MIDCAT de grande capacité (conçu à l’origine pour 7 000 millions de m3) et si l’Algérie rouvrait le Maghreb-Europe, la péninsule ibérique pourrait alléger la dépendance énergétique de la Russie vis-à-vis de pays comme l’Allemagne et l’Autriche. La Norvège, deuxième fournisseur de gaz après la Russie, est au maximum de ses capacités et ne peut augmenter sa production. Les Etats-Unis, et c’est pourquoi leurs deux anciennes positions se manifestent ainsi, sont intéressés à faire de l’Espagne un hub énergétique.

    Depuis que l’Algérie a fermé fin octobre le Maghreb-Europe, son principal gazoduc, les exportations de GNL américain vers l’Espagne ont augmenté (+134% en décembre dernier) au détriment de celles du fournisseur traditionnel algérien (-22%). Les deux pays sont désormais pratiquement à égalité. Si le GNL pouvait être réexporté vers l’Europe depuis la péninsule, les affaires seraient encore plus importantes pour les compagnies gazières américaines. En plus de la motivation économique, Washington a une autre politique qui a encore plus de poids : désengager l’Europe de la Russie. Le porte-parole de la Maison Blanche, Jen Psaki, a déclaré le 25 janvier que, dans ce but, les Etats-Unis avaient contacté les grands pays producteurs de gaz dans le monde pour « savoir s’ils avaient la capacité et la volonté d’augmenter temporairement leur production et d’allouer ces quantités aux acheteurs européens ».

    Deux semaines plus tard, l’agence de presse Reuters a révélé que des fonctionnaires du département de l’énergie avaient maintenu des contacts avec les principales compagnies opérant en Algérie, telles que l’italienne ENI, la française TotalEnergies et la norvégienne Equinor ASA. Ils voulaient savoir s’ils pouvaient augmenter leurs ventes sur le Vieux Continent afin que l’Algérie passe du troisième au deuxième fournisseur de l’Europe, dépassant ainsi la Norvège. « L’Algérie n’est pas, pour l’instant, en mesure d’augmenter significativement ses livraisons de gaz et de GNL (…) », déclare l’expert algérien Mustapha Mekideche dans une interview au journal numérique algérien TSA.

    « L’Algérie a renouvelé ses contrats avec l’Espagne et, surtout, avec l’Italie, qui absorbe beaucoup de gaz à travers l’Enrico Mattei », le gazoduc qui passe par la Tunisie. Elle a même supplanté la Russie comme premier fournisseur de l’Italie. « J’ajouterai une autre raison : l’explosion de la demande interne de gaz en Algérie (…) », souligne Mekideche. Aurelia Mañé, professeur d’économie politique de l’énergie à l’Université de Barcelone, ajoute encore une autre raison pour expliquer pourquoi l’Algérie ne peut pas faire l’effort qui lui est demandé : « Elle a opté pour les gazoducs et, grâce à eux, elle est compétitive ». « Mais au contraire, elle a quelque peu négligé ses infrastructures d’exportation de GNL, qui sont quelque peu obsolètes », affirme-t-elle. Mme Mekideche estime que la crise actuelle avec la Russie peut toutefois canaliser « un flux d’investissements étrangers, notamment européens » vers le secteur des hydrocarbures.

    La modernisation de l’industrie permettrait à long terme d’augmenter les exportations. « Si c’est le cas, ce serait surtout par l’Italie », prévient Aurélia Mañé. Ce pays est relié à l’Algérie par deux gazoducs alors que l’Espagne n’en a qu’un seul après la fermeture du Maghreb-Europe. Pour l’Algérie, accepter d’approvisionner partiellement la Russie en tant que fournisseur d’énergie n’est pas une décision facile, même si cela lui apportera plus de revenus et un plus grand poids géopolitique. Les deux pays entretiennent une relation étroite qui s’est encore renforcée depuis que le Maroc a établi des relations diplomatiques avec Israël, avec lequel il a également signé un accord de coopération militaire en novembre.

    L’Algérie est le troisième client de l’industrie de l’armement russe, derrière la Chine et l’Inde, à laquelle elle achète 15 % de ses exportations, selon un rapport de novembre du Congressional Research Center américain. Les relations bilatérales portent également sur le secteur de l’énergie. La société algérienne SONATRACH et la société russe Gazprom ont annoncé au début du mois qu’elles allaient forer et exploiter conjointement 24 nouveaux puits de gaz dans le bassin algérien de Berkine. La véritable alternative au gaz russe en Europe implique la construction de deux nouveaux gazoducs et n’en est qu’à ses débuts. Ils pourraient même ne pas voir le jour. Le premier, le Transsaharien, a été promu par l’Algérie dès 2009. Il partirait de Warri, au Nigeria, pour atteindre Hassi R’Mel, le plus grand des champs gaziers algériens, en passant par le Niger. De là, il se raccorderait au réseau de gazoducs qui mène à l’Europe. Sa capacité atteindrait 30 000 millions de mètres cubes par an. Le long de ses 4 128 kilomètres, il traverserait des zones aux mains des djihadistes. C’est l’une des raisons de douter de sa viabilité.

    Malgré cela, les gouvernements des trois pays concernés ont signé le 18 février à Niamey une déclaration réitérant leur engagement en faveur du projet. Déterminé à rivaliser avec son voisin, le Maroc promeut depuis 2017, de son côté, un autre gazoduc encore plus long (5 000 kilomètres), l’African Atlantic. Il consisterait à prolonger le gazoduc ouest-africain qui relie le Nigeria au Bénin, en passant par le Togo et le Ghana. Pour atteindre le Maroc, il devrait traverser sept autres pays, en plus du Sahara occidental. Obtenir l’accord d’autant de pays est une tâche ardue. Il s’agit d’un projet encore plus embryonnaire que celui promu par l’Algérie.

    El Confidencial, 27/02/2022 (traduction non officielle)

    #Espagne #France #Algérie #Gaz #Russie #Ukraine

  • Brahim Ghali : « M’accueillir était un geste courageux de l’Espagne »

    Brahim Ghali : « M’accueillir était un geste courageux de l’Espagne »

    Brahim Ghali : « M’accueillir était un geste courageux de l’Espagne » – Sahara Occidental, Maroc, Espagne, Front Polisario,

    Le leader du Front POLISARIO prévient, dans sa première interview avec un journal espagnol après son hospitalisation à La Rioja, que le cessez-le-feu doit être le résultat d’une négociation et non une condition préalable

    Brahim Gali, chef du Front POLISARIO, lors de l’entretien avec El Pays. Pendant 44 jours, entre le 18 avril et le 1er juin de l’année dernière, Brahim Gali, SG du POLISARIO et président de la RASD, un État reconnu par cinquante pays (hors Espagne), a été admis à l’hôpital de San Pedro de Logroño souffrant d’un grave état covid-19. Gali a reçu ce mercredi El País à Bruxelles, où il assiste au sommet UE-UA. Visiblement remis, il montre à ses 72 ans les signes d’une passion qui s’illumine lorsqu’il évoque la situation du peuple sahraoui, oublié selon lui par la communauté internationale. « Tout d’abord, je tiens à remercier le geste humanitaire », déclare Gali dans sa première interview avec un journal espagnol après son hospitalisation à La Rioja. « Je reconnais que c’était un geste courageux, et cela a beaucoup de sens pour nous. Je saisis cette occasion pour exprimer aux médecins et au reste du personnel ma profonde gratitude. C’étaient des moments difficiles. Tout le monde était tendu et c’est logique. Mais le traitement était très correct et je me suis senti comme une famille. Sensibilité, compréhension, disponibilité. Ils se sont inquiétés pour ma vie, pour me sortir de cette situation. Et ils ont réussi. Grâce à Dieu et à eux, maintenant je suis là, répondant à ses questions », souligne-t-il, s’exprimant en espagnol.Q. Que pensez-vous que l’ex-Affaires FM Arancha González Laya est poursuivi en justice pour votre entrée en Espagne?
    R. Que voulez-vous que je vous dise ? Je ne croyais pas que sauver une vie humaine pouvait aller aussi loin.

    Q. Pourquoi a-t-elle accepté de témoigner devant le juge de l’Audiencia Nacional qui instruisait les plaintes contre vous ?

    A. Pour être convaincu que ces allégations n’ont aucun fondement réel, qu’elles sont une manipulation du Maroc pour semer la confusion dans l’opinion publique

    Q. Votre présence en Espagne a été le déclencheur d’une crise diplomatique avec le Maroc qui n’est pas encore close.
    R. Honnêtement, je ne pense pas que ma présence en était la cause. J’ai quitté l’Espagne le 1er juin 2021, nous sommes le 16 février 2022. Les relations se sont-elles normalisées ? La crise a-t-elle été surmontée ? Pas parce que? Le Maroc s’est habitué à utiliser n’importe quel élément pour tenter de faire pression sur les dirigeants espagnols. Pour nous, l’Espagne est un pays souverain qui dicte sa propre politique étrangère. Il ne faut pas que ce soit la politique qui plaise à Rabat mais plutôt les intérêts de l’État espagnol qui dictent ses relations diplomatiques. [Les Marocains] ont obtenu, il faut le reconnaître, certaines concessions. Mais je pense qu’ils sont allés jusqu’à dire : ça suffit ! Ils ont franchi toutes les limites, toutes les lignes rouges. Ils ne veulent pas normaliser ; ils veulent imposer leur volonté à l’Espagne.

    Q. Pensez-vous que la pression du Maroc peut amener l’Espagne et l’Allemagne à changer leur position sur le conflit du Sahara Occidental ?
    R. À mon avis, non. Changer les positions qu’ils ont défendues pendant près de 47 ans et qui émanent de la légalité internationale… Alors, se sont-ils trompés tout ce temps ? Je crois que les Allemands et les Espagnols respectent le droit du peuple sahraoui de décider de son propre avenir par le biais d’un référendum d’autodétermination.

    Q. Que signifie la reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental par le président Trump ?
    R. Pour nous, c’est un non-événement. La légalité internationale dépasse la position d’un président qui vient de perdre les élections. C’est une façon de dire au revoir en donnant ce qui n’appartient pas à ceux qui ne le méritent pas. C’était une erreur qui, au lieu d’aider à le résoudre, a essayé de prolonger le conflit, mais cela n’a aucune validité et je pense que l’administration actuelle diffère beaucoup, bien qu’elle n’ait pas encore déclaré ouvertement qu’elle n’était pas d’accord avec la position de Trump .

    Q. Plusieurs pays africains ont ouvert des consulats au Sahara Occidental. Le Maroc vous coince-t-il dans l’UA ?
    R. Nous ne sommes pas coincés dans l’UA, mais très bien traités. Je crois que dans beaucoup de ces pays ce n’est pas l’influence marocaine qui pèse, mais la corruption marocaine et l’influence politique d’un Etat européen. Si vous examinez la liste, vous constaterez que plus de 90 % [de ces pays] tournent autour de cet État européen.

    Q. Quel nom voulez-vous mentionner…
    R. Oui, oui, très facile : la France.

    Q. La CJE a déclaré illégaux les accords de pêche et commerciaux de l’Union avec le Maroc. Que va faire le POLISARIO ?
    R. Nous attendrons la sentence finale. Je suis convaincu qu’il sera cohérent avec les précédents. Lorsque vous aurez l’avis final, nous verrons quelles sont les étapes à suivre. Ma suggestion aux Européens, en particulier aux Espagnols et aux Hollandais, était qu’ils évitent d’avoir recours pour ne pas prolonger le pillage de nos ressources, mais ils ont eu recours.

    Q. Vont-ils demander une compensation ?
    R. Il est prématuré de le dire.

    Q. De quoi avez-vous parlé avec le nouveau PESG Staffan de Mistura ?
    R. Il est venu écouter les parties. Il n’avait rien entre les mains. Avant il doit écouter; et bien sûr, il a écouté. Je lui ai dit trois choses. Premièrement, qu’il est le premier PESG que nous recevons en situation de guerre. Deuxièmement, que nous voudrions qu’il analyse pourquoi ses prédécesseurs ont échoué. Et troisièmement : ce n’est pas un conflit aussi complexe que beaucoup vous le disent. C’est un processus de décolonisation inachevé, de la responsabilité de l’ONU, qui n’a pas tenu son engagement d’organiser un référendum d’autodétermination du peuple sahraoui.

    Q. Quelles conditions le POLISARIO pose-t-il pour revenir au cessez-le-feu qui a été rompu en 2020 ?
    AR. Que l’ONU revoie sa manière de gérer ce conflit, qu’elle exerce son influence pour que l’autre partie respecte la légalité internationale. Les concessions du POLISARIO ont servi d’oxygène pour que le procédé ait 30 ans de vie. C’est le Maroc qui, en présence de l’ONU, débranche les tubes et donne le coup de grâce au processus, sans perspective de solution. Ils se sont moqués de notre patience, de notre bonne foi, de notre coopération et ont prolongé nos souffrances. Nous ne sommes pas disposés à attendre encore 30 ans. Nous allons nous battre.

    Q. Excluez-vous un cessez-le-feu pour pouvoir s’asseoir pour négocier ?
    R. Nous l’avons déjà vécu. Ce n’est pas un préalable, mais le résultat après des négociations sérieuses et crédibles, avec la présence de l’ONU, pour déterminer le comportement de l’un et de l’autre, qui coopère et qui fait obstruction. Les rapports annuels du SGNU nous traitent sur un pied d’égalité, attaqué et agresseur, mais il n’y a pas d’égalité dans d’autres aspects. Il y aura des défis aussi, il y aura des victoires et le Maroc n’est pas au mieux de sa forme.

    Q. Dans quelle mesure le soutien militaire d’Israël au Maroc a-t-il influencé ?
    R. Probablement au début, mais avec le temps on s’adaptera, on démontera certaines difficultés. Je pense que nous sommes sur la bonne voie. Le moral de l’armée marocaine est très bas et celui de nos combattants remonte de plus en plus.

    Q. Mais il n’y a pas de solution militaire à ce conflit.
    R. Je sais. Il n’y a pas de place pour l’un ou l’autre mais m’imposer leur volonté ne garantirait pas non plus une paix sûre et définitive. Nous recherchons une paix juste et durable qui permette à notre peuple et aux autres peuples de la région de vivre en coexistence et de coopérer. Le plus douloureux est le silence complice de la communauté internationale.

    El Pais, 20/02/2022

    #SaharaOccidental #FrontPolisario #Maroc #Espagne #BrahimGhali