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  • Maroc-Espagne: Cette poudrière appelée Ceuta

    Cette poudrière appelée Ceuta
    JUAN TORTOSA

    – « Non aux cordons sanitaires, mais pas de oui non plus aux cordons sanitaires mis en place par Vox pour mettre en danger la coexistence de Ceuta, pour mettre le feu à Ceuta et diviser les Ceutiens. Dans la bouche de Juan Jesús Vivas, président de la Ville autonome de Ceuta pour le Parti populaire, ces mots acquièrent une grande importance.

    Que Ceuta ait promu la déclaration de « persona non grata » au leader d’extrême droite Santiago Abascal est une décision d’une grande importance car, pour que la motion aille de l’avant, il fallait que le Parti populaire ne vote pas contre. Et ne l’a pas fait. Ses conseillers, conduits par le maire-président, se sont abstenus. Et le polémique Abascal a été répudié dans l’une des enclaves politiques les plus chaudes de ce pays.

    Ils y sont parvenus en ajoutant sept voix du PSOE , deux du Parti pour la dignité et la citoyenneté , qui était la formation à partir de laquelle l’initiative est partie, et une du représentant d’un parti local appelé « Caballas » . Dix sur un total de vingt-cinq qui, avec les neuf abstentions du PP, ont permis d’adresser un message très clair aux représentants de Vox au sein de la corporation de la Ville autonome, conseillers qui vont toujours chevaucher la poule en toute séance plénière : ce que nous avons accompli, assez de bêtises!

    Abascal et les gens de son parti franchissent la ligne depuis trop longtemps, mais à Ceuta, ils ont franchi toutes les lignes lorsque le chef en personne y est apparu le 24 mai, dévêtu, dans un style légionnaire ringard, et s’est permis d’affirmer que « à l’Assemblée à Ceuta il y a des partis de cinquième colonne de Mohamed VI ». Celui-ci, quelques jours seulement après que le Maroc, furieux que le leader du Front Polisario soit soigné dans un hôpital de La Rioja, décide de « faciliter » l’entrée à Ceuta de plusieurs milliers de jeunes Marocains.

    Pour le président de Ceutí qui, rappelons-le, appartient au Parti populaire , les propos d’Abascal étaient « d’une gravité énorme, bien plus graves, a-t-il dit, que les déclarations politiques qui peuvent être faites de reproche ou de censure envers une certaine personne ». Après tout, le déclarer « persona non grata » est une résolution politique qui n’a aucun effet juridique.

    Ce qu’Abascal a fait, c’est « offenser, Vivas a répété ces jours-ci sans cacher sa colère, mettant notre coexistence en danger et alimentant la discorde » . La complexité sociale d’un lieu aussi spécial que Ceuta est mal comprise en dehors de là. Musulmans, juifs, hindous et chrétiens forment une société labyrinthique qui demande un tact exquis dans la gestion de la coexistence quotidienne. Parmi ses quatre-vingt-cinq mille habitants, il y a d’une part un grand pourcentage de militaires et de fonctionnaires et, d’autre part, plus de 40 mille sont des musulmans avec une carte d’identité espagnole. Quant à quelqu’un qui n’a aucune idée de cette réalité d’apparaître là pour secouer le poulailler.

    « Je suis le représentant de tout Ceuta, y compris ceux qui ont voté pour le parti Vox, a répété Vivas ces derniers jours sans prendre la peine de cacher sa colère. Abascal a eu l’occasion de me rendre visite lorsqu’il est venu ici et d’avoir mon avis, et oui je lui aurait dit que Ceuta n’est pas pour les incendies ».

    Il a fallu un certain temps aux dirigeants madrilènes du Parti populaire pour comprendre que ce qu’avaient fait le président Juan Jesús Vivas et ses huit collègues du monde des affaires, contribuant par leur abstention à déclarer Santiago Abascal « persona non grata » , était pertinent. Vivas dirige la ville depuis vingt ans et c’est un homme de droite, oui, mais là, comme à Melilla, les codes politiques ne fonctionnent pas comme dans la péninsule. C’est pourquoi il n’a pas hésité à faire part de sa volonté de démissionner, et celle de plusieurs des siens, s’il était contraint de reculer. Si vous pensez que vous êtes si intelligent, il a dû le leur dire, venez ici et combattez-vous. Et, bien sûr, Pablo Casadoil fut choqué lorsqu’il réalisa l’impasse presque sans issue dans laquelle il s’était retrouvé et commença à deviner les dimensions que le brun pourrait acquérir s’il ne fermait pas l’affaire bientôt.

    Alors tout le monde a commencé à ravaler ses mots et à reculer. Les premiers ceux de Vox , lâches comme toujours, qui menaçaient de rompre les relations avec le PP et ont fini par se limiter à  » prendre note » ; puis ils ont menacé de déposer un recours pour forcer un nouveau vote à révoquer la déclaration de « persona non grata » ou forcer le PP à s’abstenir une seconde fois, mais pour l’instant la question est reportée à septembre.

    Au siège à Gênes, les petits choux du dôme, motus et bouche cousue sur la question et changement de langage. Quoi qu’il en soit, ce serait bien s’ils profitaient des vacances pour étudier un peu la géographie et l’histoire espagnoles.

    Quand un fasciste fait irruption dans un endroit comme Ceuta avec une boîte d’allumettes dans une main et une cruche d’essence dans l’autre, vous ne pouvez pas perdre votre temps à régler des cornemuses. Si Ceuta a donné un carton rouge à Abascal… peut-être que le PP de la Ville autonome a donné un carton jaune à Pablo Casado.

    Público, 31/07/2021

    Etiquettes : Espagne, Ceuta, Maroc, migration,

  • Sahara Occidental : Nouveau revers pour le Makhzen

    Affaire Brahim Ghali : la justice espagnole prononce un non lieu, nouveau revers pour le Makhzen

    MADRID – Le Tribunal central d’instruction en Espagne a annoncé jeudi le classement de l’affaire de la plainte portée en 2008 par une association affiliée au Makhzen contre le président sahraoui Brahim Ghali, invoquant des contradictions entre les charges contenues dans la plainte et les dépositions des témoins.
    L’audition des témoins suffit pour apprécier les contradictions dénoncées par la défense de M. Brahim Ghali, selon la sentence consultée par l’APS.
    Le tribunal affirme qu’il y a un manque manifeste de détails pertinents sur le lieu et le moment des faits allégués ainsi que sur le poste occupé, alors, par le président Ghali, et qui selon la justice espagnole sape la crédibilité des témoignages et par conséquent empêche de maintenir l’accusation contre lui.
    La décision du Tribunal espagnol constitue un nouveau camouflet pour le Maroc qui a mobilisé son appareil diplomatique et ses médias pour discréditer le président sahraoui.
    Elle intervient deux mois après celle de la Haute Cour d’Espagne qui a jugé qu’il n’y avait pas lieu de prononcer la détention provisoire, ni tout autre type de mesures préventives contre le président sahraoui Brahim Ghali, hospitalisé, alors, en Espagne.
    Motivant sa décision, la Haute Cour avait expliqué que le rapport des accusations ne contenait pas des preuves corroborantes des témoins et donc ne constituent (les accusations) pas une preuve suffisante pour tenir M. Ghali responsable d’un quelconque délit.
    Subséquemment, il n’y a pas lieux non plus, précise la Cour, de prendre des mesures préventives personnelles sur la base de rapports faisant état de l’entrée illicite de Brahim Ghali en Espagne.
    Brahim Ghali qui a été Hospitalisé en avril dernier à Logroo pour des complications liées au Covid-19, avait décidé de coopérer avec la justice espagnole en répondant volontairement aux questions d’un juge après des plaintes portées contre lui sur instigation des autorités d’occupation marocaine.
    Le fait que président Ghali ait décidé de coopérer avec la justice espagnol « témoigne de la volonté du peuple sahraoui et de ses dirigeants de privilégier la vérité en défendant les principes de justice », avait indiqué la présidence sahraouie dans un communiqué.
     » Le Makhzen subit un nouveau revers après le verdict de la justice espagnole qui a décidé de classer l’affaire de 2008 contre le président Brahim Ghali », a réagi depuis Bruxelles le représentant du Front Polisario en Europe et à l’Union européenne, Abi Bouchraya Bachir.
    C’est surtout  » une décision qui confirme la nature politique de cette affaire fabriquée de toute pièce et qui n’avait pour objectif que d’entacher l’image et la lutte du peuple sahraoui », a-t-il dit.
    Le représentant sahraoui s’est réjouit de  » la nouvelle victoire du peuple sahraoui qui continue de croire en la justice et le droit, étant le pilier principale de la lutte de libération des sahraouis ».
    SPS
    Etiquettes : Sahara Occidental, Maroc, Brahim Ghali, Justice espagnole, Espagne, 
  • Ignacio Cembrero porte plainte contre l’espionnage de Pegasus

    Ignacio Cembrero porte plainte contre l’espionnage de Pegasus

    Le journaliste Ignacio Cembrero, spécialiste du Maghreb, a demandé au parquet d’identifier les responsables de l’espionnage dont il a été victime, après avoir appris qu’il figurait sur la liste des cibles surveillées par les autorités marocaines à l’aide du logiciel « Pegasus ». Reporters sans frontières soutient sans réserve le journaliste dans sa lutte contre l’espionnage de masse, tant dans ses actions en Espagne que dans celles que l’organisation prépare au niveau international.

    Le vendredi 16 juillet, Ignacio Cembrero, qui a passé une grande partie de sa carrière à El País et écrit désormais pour El Confidencial en Espagne, Orient XXI en France et Middle East Eye au Royaume-Uni, a reçu un appel téléphonique de l’équipe de Forbidden Stories l’informant que son numéro de téléphone avait été inclus dans la liste des cibles du programme malveillant « Pegasus » par les autorités marocaines.

    Le logiciel est délibérément envoyé sur les téléphones mobiles, où il s’infiltre et prend possession du contenu du téléphone, surveillant les mouvements de l’utilisateur sur le combiné infecté. Les opérateurs peuvent également activer à distance la caméra ou le microphone.

    L’objectif principal dans le cas du journaliste espagnol était, comme l’a expliqué son interlocuteur, et sans préjudice d’autres intrusions, de faire une copie de sa liste de contacts, une liste convoitée qui comprend des hauts fonctionnaires, des membres du gouvernement espagnol, des diplomates, des militants, des réfugiés et des exilés marocains.

    Des informations publiées par la suite dans la presse européenne indiquent que l’espionnage a été initié par la Direction Générale de Surveillance du Territoire, l’une des autorités de police opérant au Maroc. Elle dispose également de personnes stationnées en Espagne pour effectuer des travaux de renseignement.

    Contexte

    L’apparition de son nom sur la liste n’a pas été une surprise pour le journaliste espagnol. Le 20 juin 2021, le journal en ligne Maroc-Diplomatique, favorable aux autorités marocaines, a publié un article intitulé « Ignacio Cembrero : l’ectoplasme de la Moncloa ». Il y mentionne qu’il a tenu des « séances de remue-méninges » avec un membre du gouvernement espagnol et des hauts fonctionnaires de l’administration de l’État. Dans l’avant-dernier paragraphe, l’article comprenait un commentaire du journaliste adressé à ces interlocuteurs en relation avec la crise diplomatique entre l’Espagne et le Maroc. Le commentaire de Cembrero a seulement été envoyé par le journaliste via WhatsApp à quelques destinataires. L’auteur de l’article, en somme, n’aurait pu obtenir ces informations qu’en lisant le contenu de leurs messages.

    Le 22 juillet, Ignacio Cembrero a été photographié alors qu’il parlait au journaliste José Antonio Lisbona à Madrid. Les deux hommes se sont rencontrés par hasard et discutaient, lorsqu’un homme s’est approché d’eux et les a photographiés avec un téléphone portable.

    Ce n’est pas la première fois qu’Ignacio Cembrero est victime des tactiques d’espionnage marocaines. En avril 2014, il a été usurpé d’identité sur Facebook et a reçu des menaces de mort qui ont été signalées à la brigade d’investigation technologique. Un an plus tard, il a été suivi et photographié dans des cafés de Madrid et de Paris, avec des clichés qui ont été publiés par des journaux marocains favorables aux autorités. Ils ont également été utilisés pour réaliser un photomontage, publié dans la presse marocaine, le montrant assis à côté du prince Moulay Hicham, considéré comme le membre dévoyé de la famille royale.

    Depuis l’aggravation de la crise entre l’Espagne et le Maroc en mai dernier, la presse marocaine lui a consacré des articles virulents, parfois insultants, l’accusant d’être à la solde de La Moncloa ou du régime algérien, ce qui pourrait être une réponse aux analyses publiées par le journaliste dans El Confidencial.

    Ignacio Cembrero écrit sur le Maghreb depuis plus de vingt ans, période pendant laquelle le gouvernement marocain a déposé une plainte auprès du bureau du procureur général et un procès auprès de l’Audiencia Nacional contre le journaliste pour « apologie du terrorisme ». Toutes deux ont été rejetées et classées, ce qui prouve le caractère fallacieux des accusations, comme Reporters sans frontières l’a dénoncé à plusieurs reprises.

    « Le harcèlement qu’Ignacio Cembrero subit depuis des années de la part des autorités marocaines a franchi une nouvelle étape avec la mise sur écoute de son téléphone portable. RSF le soutient et le soutiendra, tant en Espagne qu’au niveau international, partout où il aura besoin de nous, comme nous le ferons avec les 200 journalistes victimes du tristement célèbre logiciel Pegasus. Nous ne nous arrêterons pas tant que justice ne sera pas rendue, dans chaque cas et dans chaque pays où nous pouvons agir », déclare Alfonso Armada, président de RSF Espagne.

    L’organisation, qui dénonce depuis quatre ans la société israélienne NSO, auteur du logiciel malveillant d’espionnage, a publié une liste de recommandations à l’intention des journalistes qui ont subi une situation similaire ou pensent avoir été victimes de Pegasus.

    Le Maroc est classé 136e sur 180 pays dans le classement mondial de la liberté de la presse de RSF.

    RSF, 28/07/2021

    Etiquettes : Espagne, Maroc, Ignacio Cembrero, espionnage, Pegasus, NSO Grupo,

  • Les atouts de la politique étrangère du Maroc -analyse-

    Normalisation, Israël, Algérie, Sahara Occidental, Afrique,

    Israël, Afrique et Libye : les atouts de la politique étrangère du Maroc

    La politique étrangère marocaine a suscité une attention particulière ces derniers mois dans un contexte de tensions avec l’ Union européenne , des pourparlers sur un nouveau rapprochement avec Israël , et des positions plus fermes vis-à-vis de son implication dans le processus de paix libyen et de sa revendication sur le territoire contesté du Sahara occidental . Certains soutiennent que la reconnaissance américaine de la souveraineté du Maroc sur ce dernier a enhardi ses décideurs, tandis que d’autres décrivent les récentes réorientations de Rabat comme «agressif . » Que se passe-t-il en effet avec la politique étrangère du royaume ?

    Alors que les relations du Maroc avec ses partenaires traditionnels en Europe et avec les monarchies du Golfe se sont parfois tendues au cours de la dernière décennie, ses décideurs ont cherché à renforcer la position du royaume au niveau régional et international à travers trois stratégies visant à promouvoir ses intérêts diplomatiques, politiques, sécuritaires et économiques : diversifier les partenariats internationaux pour éviter de trop compter sur les partenaires traditionnels et d’accéder à leurs exigences ; attirer des investissements d’Asie et d’Europe en faisant du royaume une plaque tournante financière et commerciale africaine ; et positionner le pays en tant que partenaire de sécurité régionale, fournisseur de stabilité et médiateur en jouant un rôle impliqué dans le processus de paix en Libye et en normalisant partiellement les liens avec Israël. Quelles sont les implications de cette approche ?

    LIENS AGITÉS

    Les années 2000 ont marqué le renforcement des relations entre le royaume et ses homologues du Golfe, qui ont longtemps été des partenaires traditionnels de Rabat, et qui lui apportent un soutien financier et un appui dans les enceintes régionales en échange d’une coopération sécuritaire. Cependant, entre 2017 et 2021, les liens étroits du Maroc avec le Qatar et sa position neutre lors du blocus saoudien et émirati contre ce dernier ont déclenché des tensions avec Riyad et Abou Dhabi. Bien que le Maroc ait officiellement refusé de prendre parti, il a sans doute favorisé le Qatar, en envoyant des fournitures au milieu des craintes de pénurie alimentaire et en maintenant la sécurité et les relations commerciales malgré les pressions des pays de blocus, qui ont adopté une rhétorique hostile à l’égard du Maroc, annulé les voyages prévus et rappelé les ambassadeurs.

    Le royaume s’est également heurté à l’Europe, son plus grand partenaire commercial ,investisseur , etdonateur — à maintes reprises au cours de la dernière décennie, y compris avec l’Espagne etl’Allemagne sur le Sahara occidental cette année. Malgré des liens économiques profonds et une relation particulièrement étroite avec la France, les décideurs marocains ont cherché à réduire l’influence de l’UE sur le royaume en tirant parti de lale rôle du pays dans le contrôle de la migration irrégulière vers l’Europe et l’aide aux États européens commeFrance etL’Espagne déjoue les attaques terroristes sur son sol.

    NORMALISATION AVEC ISRAËL : DEUX OISEAUX, UNE PIERRE

    Au-delà de sa signification symbolique, l’accord historique de l’État marocain avec Israël et les États-Unis a des implications sécuritaires, financières et diplomatiques importantes. En échange d’une normalisation partielle – pas totale -, les États-Unis ont reconnu la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, promis 3 milliards de dollars d’investissements dans son secteur privé et a convenu d’unVente d’armes d’un milliard de dollars (en attente de l’approbation du Congrès). Une normalisation partielle pourrait également assurer à Israël des avantages majeurs en termes de commerce, d’investissement et de coopération dans des secteurs clés tels que le tourisme et la technologie.

    Malgré quelques mécontentement domestique etcritique régionale , il y aura probablement davantage de rapprochement entre le Maroc et Israël. En effet, le ministre marocain des Affaires étrangèresa exprimé l’intention du royaume de pousser la relation aussi loin que possible; et le ministre des Affaires étrangères d’Israël récemmenta annoncé qu’il se rendrait à Rabat à la mi-août. Les deux États ont signé unaccord sur la cyberdéfense en juillet 2021, et sont susceptibles d’accroître la sécurité et la coopération économique à terme. Tant que l’administration Biden ne revient pas sur la reconnaissance de son prédécesseur, Rabat n’a jusqu’à présent aucune raison de se retirer de l’accord. Cependant, il reste peu probable que le Maroc aille jusqu’à ouvrir une ambassade en Israël en raison de l’opinion nationale et régionale.

    INVESTIR EN AFRIQUE

    Depuis 2016, le Maroc a intensifié sa présence économique et diplomatique en Afrique subsaharienne. Les entreprises marocaines ont renforcé leur coopération avec leurs homologues subsahariennes dans divers secteurs, notamment dans les télécommunications, les assurances, la banque et la fabrication. En effet, sur une période de dix ans ( 2008-2018 ), les échanges maroco-africains ont augmenté de 68% ; et en 2018, 85 % des investissements directs étrangers du royaume sont allés aux États subsahariens. En 2017, le royaume a rejoint l’Union africaine plus de trois décennies après avoir retiré son adhésion pour protester contre l’admission du Sahara occidental en tant qu’État membre indépendant.

    L’implication du Maroc dans la région non seulement stimulera son économie et diversifiera sa base d’alliances, mais en fera également la porte d’entrée de l’Occident et de la Chine vers l’Afrique, ouvrant ainsi la porte à des accords commerciaux et à une coopération triangulaires. En fait, la coopération économique avec l’Afrique subsaharienne est étroitement liée à la volonté de Rabat de se rapprocher de la Chine au cours des cinq dernières années. La même année, le Maroc a rejoint l’Union africaine, la Banque de Chinea ouvert sa première succursale au Maroc, tandis que la Bank of Africa du Maroc a ouvert une succursale à Shanghai. Les décideurs marocains visent à faire de Casablanca une place financière majeure sur le continent, et les institutions financières chinoises cherchent à gérer leur activité sur les marchés africains à partir de là.

    En raison de la proximité du Maroc avec l’Europe, la Chine cherche également à établir des usines dans le royaume pour fabriquer des produits pouvant être exportés vers l’Europe. En outre, des entreprises de construction chinoises ont participé àTanger Med — un complexe portuaire industriel de 10 milliards de dollars en construction dans le nord du Maroc et le plus grand port d’Afrique. Les relations du Maroc avec la Chine ont été fructueuses en grande partie parce que la Chine n’a pas cherché à intervenir dans les affaires intérieures du royaume, contrairement à l’Europe.

    LE JEU DE LA MÉDIATION EN LIBYE

    Dans un autre mouvement visant à renforcer la position internationale du pays, les décideurs marocains se sont concentrés sur le positionnement du royaume en tant que fournisseur de stabilité régionale et médiateur, notamment en Libye. LeL’accord de Skhirat, qui a abouti à la reconnaissance internationale du Gouvernement d’entente nationale (GNA) comme seule autorité légitime de la Libye, a été signé au Maroc en 2015. Apparemment en référence à des processus internationaux comme la Conférence de Berlin , les décideurs marocains ont constamment promu l’interlibyen. dialogue, caractérisant leur position sur la Libye comme une position de neutralité active qui cherche à faciliter la communication entre toutes les parties libyennes.

    Plus récemment, le président du Haut Conseil d’État libyen, Khaled al-Mishri, et le président de la Chambre des représentants (HoR), Aguila Saleh, s’est réuni au Maroc le mois dernier pour discuter de la question des postes institutionnels clés en Libye. Rabat a accueilli un total de quatre réunions entre factions rivales pour discuter des prochaines étapes du processus politique libyen l’ année dernière , réunissant des représentants de la HoR et du Conseil suprême de l’État ainsi que des parlementaires des branches de Tripoli et Tobrouk de la HoR divisée. Au cours de l’été, les rencontres se sont multipliées entre les autorités libyennes et marocaines, nombre d’entre elles révélant qu’elles travaillaient sur une coopération sécuritaire renforcée, un potentiel partenariat militaire, des forums économiques bilatéraux et une coopération dans le domaine des énergies renouvelables.

    POINTS À RETENIR ET PERSPECTIVES : UNE POLITIQUE AUDACIEUSE ?

    Il se peut que le récent soutien américain au Maroc ait encouragé ses décideurs à durcir leurs positions sur les questions régionales et à affronter des partenaires clés. Cependant, l’approche du royaume n’est pas imprévue. Comme il l’a fait au cours de la dernière décennie, l’État mène une politique étrangère stratégique et indépendante, visant à renforcer sa position aux niveaux international et régional grâce à de nouveaux partenariats, ainsi qu’à travers une coopération sécuritaire et diplomatique approfondie avec les partenaires traditionnels. Il est important de noter que la base de soutien élargie et les outils de sécurité du Maroc ont modifié ses relations avec ses partenaires clés et ont orienté ses décideurs vers un rôle plus important aux niveaux régional et international.

    À l’avenir, l’État continuera probablement à maintenir sa neutralité dans divers dossiers de politique étrangère, y compris dans les crises régionales. Les décideurs ayant été encouragés par les récents succès diplomatiques, il semble qu’ils seront moins enclins à céder aux pressions internationales et plus enclins à tenir bon, notamment vis-à-vis de l’Europe. Bien que l’on puisse s’attendre à ce que l’État s’efforce de maintenir des relations solides avec l’UE, cela renforcera les lignes rouges qui ne peuvent pas être franchies.

    Les décideurs marocains continueront probablement à jouer un rôle impliqué dans le processus de paix libyen pour défendre leurs propres intérêts économiques et diplomatiques. La fréquence accrue des réunions négociées par le Maroc pour et avec les responsables libyens permettra au royaume de cultiver des liens économiques avec la Libye, notamment en termes d’énergie et de commerce. Plus précisément, ce rôle permettra à Rabat de contrôler plus facilement l’influence de l’Algérie rivale en Afrique du Nord.

    Au sein de la région élargie du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, l’État s’efforcera de se présenter comme un facilitateur neutre pour renforcer le soutien international et régional et ouvrir la porte à une future coopération diplomatique et économique. De même, Rabat approfondira ses liens mutuellement bénéfiques avec l’Afrique subsaharienne, devenant ainsi un partenaire plus attractif pour la Chine et l’Europe. Sur le plan de la sécurité, il intensifiera ses implications dans le Sahel où il exportera la sécurité et tentera de contenir les activités terroristes. Du côté de la normalisation, il est peu probable que l’État se retire de l’accord avec Israël et se présentera comme un facilitateur potentiel des conversations entre Israël et les Palestiniens.

    Yasmina Abouzzohour

    Chercheur invité – Brookings Doha Center

    The Brookings Institution, 27/07/2021

    Etiquettes : Maroc, Sahara Occidental, espagne, Allemagne, Union Européenne, UE, Algérie, Israël, normalisation, Afrique, Sahel,

  • Espagne, Allemagne, France… Rabat est-il en train de se mettre toute l’Europe à dos?

    Par Florent Zephir

    Les soupçons d’espionnage qui pèsent sur Rabat dans l’affaire Pegasus ont encore tendu les relations entre le Maroc et des pays européens. Le royaume chérifien semble de plus en plus isolé diplomatiquement sur le Vieux Continent.
    Alors que plusieurs médias ont révélé une possible utilisation du logiciel espion Pegasus par le Maroc, visant notamment des dirigeants français, la position diplomatique de Rabat en Europe ne cesse de se fragiliser.
    Si la France reste un allié historique du royaume chérifien, le gouvernement n’en prend pas moins ces soupçons d’espionnage au sérieux et a ouvert des investigations. Devant l’Assemblée nationale, Jean Castex a dénoncé des faits «d’une très grande gravité», s’ils venaient à se vérifier.
    L’affaire Pegasus pourrait donc faire souffler une légère brise sur les relations franco-marocaines, même si la plupart des observateurs doutent d’une rupture brutale, au vu des intérêts de Paris sur place.
    «Il pourrait s’agir de remontrances polies à travers des canaux privés, mais les réactions n’iront pas plus loin. Les intérêts stratégiques de la France au Maroc sont tellement importants que Paris fera contre mauvaise fortune bon cœur», explique ainsi à Libération Kader Abderrahim, enseignant à Sciences Po.
    Le Maroc a pour l’heure nié toute implication dans l’affaire Pegasus, accusant les médias qui ont relayé l’affaire d’«attaques haineuses». Le parquet général marocain a d’ailleurs déclaré vouloir enquêter sur ce qu’il a décrit comme des «accusations infondées».
    Reste que ces soupçons ne risquent pas d’arranger les affaires de Rabat en Europe, déjà minées par des contentieux avec plusieurs États membres.
    Crise avec l’Espagne
    La diplomatie marocaine est d’abord en proie aux difficultés avec l’Espagne. Le feu qui couvait sous la cendre s’est réveillé en mars, avec les propos de Saad Eddine El Othmani, chef de l’exécutif marocain, qui avait déclaré que les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla «étaient marocaines au même titre que le Sahara». Ce qui avait entraîné la convocation de l’ambassadeur marocain à Madrid.
    L’escalade diplomatique avait continué fin avril, après l’hospitalisation près de Bilbao de Brahim Ghali, chef du Front Polisario, en lutte contre le Maroc pour l’indépendance du Sahara occidental. La crise avait culminé avec l’afflux de milliers de migrants venus du Maroc aux portes de Ceuta et Melilla, un mois plus tard. Certains y avaient alors vu la main de Rabat, accusant le royaume chérifien d’avoir ouvert les vannes pour exercer un chantage migratoire vis-à-vis de Madrid.
    Au-delà de l’Espagne, cet épisode avait altéré les relations du Maroc avec Bruxelles. Le Parlement européen avait en effet voté une résolution condamnant «l’utilisation par le Maroc des contrôles aux frontières et de la migration» comme moyen de pression politique.
    Berlin fulmine aussi
    Rabat a également dû ferrailler avec l’Allemagne ces derniers mois, sur la question du Sahara occidental. La reconnaissance par Washington de la souveraineté marocaine sur la région, en décembre, avait en effet ému du côté de Berlin. Le Maroc avait même fini par rappeler son ambassadeur en mai, dénonçant «l’activisme antagonique» de l’Allemagne sur le sujet.
    La non-invitation à Berlin du Maroc pour une conférence internationale sur la Libye avait déjà jeté un froid entre les deux pays, en janvier 2020. Le ministre marocain des Affaires étrangères avait alors manifesté son «profond étonnement» et accusé l’Allemagne de jouer avec la crise libyenne comme d’un «instrument de promotion de ses intérêts nationaux».
    Début juin, Berlin avait finalement décidé de geler son fonds d’aide au développement, de plus d’un milliard de dollars, à destination du Maroc.
    De l’autre côté de la Méditerranée, le Maroc s’est aussi récemment mis en délicatesse avec son voisin algérien, sur la question de l’autodétermination kabyle. Ce 18 juillet, Alger a fini par rappeler son ambassadeur à Rabat pour consultation.

    Etiquettes : Maroc, Algérie, Espagne, Allemagne, France, Emmanuel Macron, Pegasus, espionnage, 
  • Pour narguer le Maroc, le roi d’Espagne invité à visiter Ceuta

    Comme l’a rapporté Monarquía Confidencial, Felipe VI se rendra bientôt à Ceuta : le 2 septembre est la date prévue pour ce voyage.
    A la demande de l’assemblée de la ville autonome

    Compte tenu de la crise politique générée à Ceuta, Monarquía Confidencial a rapporté que l’idée circulait dans divers cercles que Felipe VI, la plus haute autorité de l’État, devrait venir dans cette ville, d’autant plus qu’il ne s’y est pas encore rendu au cours de son règne.

    L’Assemblée de Ceuta a finalement accepté, avec les votes favorables du PP, du PSOE, du MDyC et de Caballas et l’abstention de Vox, d’ »adresser une invitation formelle » à Felipe VI « pour qu’il participe aux événements célébrant la Journée de l’autonomie du 2 septembre », journée pour laquelle il a été approuvé « de concevoir un programme d’activités avec la participation active de toute la société civile qui se conclue par un grand événement populaire reflétant les signes de l’identité locale ».

    L’initiative est venue du député localiste Mohamed Ali (Caballas), qui estime que « c’est le bon moment pour que le roi, qui a visité toutes les communautés autonomes sauf Ceuta et Melilla à cause de la pandémie, tienne son engagement d’un voyage qui serait important pour la ville et pour le moral de tous les Ceutíes » après la crise frontalière avec le Maroc à la mi-mai.

    Tant l’auteur de la proposition que les porte-parole du PP, Carlos Rontomé, du PSOE, Manuel Hernández, et du MDyC, Fatima Hamed, se sont accordés sur l’opportunité d’une visite du monarque à Ceuta, ce qu’il n’a pas fait depuis son accession à la tête de l’État et que son père n’a fait qu’une fois en novembre 2017.

    Vox a pris ses distances avec le consensus, affirmant que « le roi ne vient pas à cause de la pression exercée par le PSOE pour ne pas déranger Mohamed VI, comme l’a montré Pedro Sánchez en limogeant son ministre des affaires étrangères », et a considéré la proposition comme « un stratagème de faux drapeau de Caballas pour camoufler ses intérêts pro-marocains ».

    Monarquia Confidencial, 25/07/2021

    Etiquettes : Maroc, Espagne, Ceuta,

  • Le Maroc brandit l’arme de la migration illégale

    Melilla subit le plus grand saut à la barrière en sept ans avec l’entrée de 238 migrants

    Un nouveau groupe de personnes entre dans la ville autonome 11 jours après l’arrivée de plus d’une centaine d’immigrants.

    Melilla a subi ce jeudi le plus grand saut de barrière de ces sept dernières années avec l’entrée irrégulière de 238 immigrants. Ils font partie des plus de 300 personnes qui ont fait la tentative, vers 6 h 50, en passant par la zone proche du poste frontière de Barrio Chino, qui est fermé depuis le début de la pandémie, il y a un peu plus de 16 mois.

    Dans cette section du périmètre frontalier, comme dans la zone où la semaine dernière ont eu lieu deux sauts massifs presque consécutifs qui ont entraîné l’entrée de 139 Subsahariens, le ministère de l’intérieur n’a pas effectué les travaux de remodelage qu’il a réalisés à d’autres points considérés comme « vulnérables », où il a installé des barres connues sous le nom de « peignes inversés ».

    Le saut record du gouvernement de Pedro Sánchez par-dessus la clôture de Melilla a eu lieu à l’aube, alors que le ciel était déjà dégagé. Les immigrants, comme c’est devenu une habitude depuis que le gouvernement précédent a installé le grillage anti-escalade avec de minuscules trous, étaient équipés de crochets artisanaux et un grand nombre d’entre eux ont réussi à escalader les six mètres de barrière frontalière pour passer, d’un seul bond, du Maroc à l’Espagne.

    Ensuite, comme toujours, ils ont parcouru différents quartiers de Melilla jusqu’à atteindre le Centre de séjour temporaire pour immigrants (CETI). Les Subsahariens criaient « boza » et « asile » pour chanter la victoire, célébrant leur entrée sur le territoire européen avec des signes évidents de joie. Ils formaient une longue file d’attente qui laissait déjà penser que l’entrée avait été assez importante. A l’entrée du CETI, où ils ont reçu leur première assistance, on a dit qu’ils étaient environ 300, mais les chiffres officiels fournis par la délégation gouvernementale font état de 238 arrivants.

    Il faut remonter au 28 mai 2014 pour trouver un saut à la clôture avec plus d’entrées à Melilla. Ce jour-là, un demi-millier de personnes ont réussi à y accéder lors d’un saut qui s’est soldé par d’importants dommages au périmètre frontalier et par la visite d’urgence du secrétaire d’État à la sécurité de l’époque, Francisco Martínez, qui était le numéro deux du ministre Jorge Fernández Díaz.

    Depuis lors, les sauts les plus nombreux n’avaient guère dépassé les 200 entrées, dont l’un à l’époque où Sánchez était à la tête du gouvernement espagnol, le 21 octobre 2018. Cette année-là, le 6 janvier, toujours avec Rajoy à La Moncloa, il y en a eu un autre avec ces chiffres sur l’Épiphanie.

    Le saut par-dessus la clôture d’aujourd’hui a eu lieu le lendemain de l’Aid El Kebir, la grande Pâque musulmane, qui est généralement célébrée sur trois jours. Encore une fois, des dates festives, une coïncidence qui semble indiquer qu’il ne s’agit pas d’une coïncidence et que les migrants regardent attentivement le calendrier avant de faire leurs tentatives, peut-être dans l’idée qu’il n’y aurait pas autant de surveillance de part et d’autre du périmètre.

    En fait, comme l’a signalé la déléguée du gouvernement, Sabrina Moh, il y a quelques jours, la frontière de Melilla compte davantage d’agents depuis que deux sauts de clôture ont été concentrés la semaine dernière dans le tronçon situé entre la frontière de Beni-Enzar et Barrio Chino. Ce renforcement devait se poursuivre tout au long de cette semaine et sera probablement maintenu après l’afflux important qui a eu lieu ce jeudi.

    Les deux sauts de la semaine dernière, séparés par 48 heures, ont donné lieu à 119 et 20 entrées irrégulières. Avec les 238 d’aujourd’hui, Melilla en a enregistré près de 380 en seulement 11 jours. Dans la ville, certains font déjà le lien entre cette circonstance et un éventuel test du Maroc au gouvernement remanié de Sánchez, comme un autre chapitre de la crise entre les deux pays depuis la tension frontalière à Ceuta il y a deux mois, qui dans une moindre mesure a également affecté Melilla.

    La délégation gouvernementale a souligné la collaboration des forces marocaines dans le dispositif de sécurité visant à contenir les deux sauts de clôture des 12 et 14 juillet. Ce jeudi, cependant, il n’en est pas question.

    Les 238 derniers immigrants entrés irrégulièrement à Melilla ont été isolés dans le CETI pour passer la quarantaine, comme cela a été fait avec les 139 de la semaine dernière. Cette pression migratoire accrue sur la ville intervient à un moment où ce centre d’immigration est en dessous de sa capacité maximale, proche de 800 places, grâce aux transferts vers le continent qui ont eu lieu ces derniers mois.

    Ce dernier saut vers la clôture a également fait 21 blessés, dont trois agents de la Guardia Civil, qui ont été légèrement blessés, deux d’entre eux avec les crochets que les immigrants portaient. Les 18 autres sont des Subsahariens, la plupart souffrant de contusions mineures, sauf un, qui a subi une fracture du tibia et du péroné et se trouve à l’hôpital régional de Melilla.

    El Mundo, 22/07/2021

    Etiquettes : Maroc, Espagne, Melilla, migration,

  • Le Maroc reconnaît l’espagnolité de Ceuta, il y érige un mur

    Rabat érige une autre clôture à Ceuta pleine de concertinas deux mois après la crise avec Madrid

    Deux mois après la plus grande crise diplomatique de ces dernières années avec le Maroc à la suite de l’affaire Ghali et de l’entrée subséquente à Ceuta de milliers de personnes par la digue de Tarajal, Rabat a commencé les travaux d’érection d’une nouvelle clôture sur le périmètre frontalier avec la ville autonome.

    La construction est composée de trois murs d’interception qui entraveraient le transit des personnes. Le projet d’imperméabilisation par lequel le pays voisin veut redorer son blason prévoit de placer des rangées de barbelé- semblables à ceux que l’Espagne a retirés – tout au long des bancs de sable marocains. En octobre, un nouveau plan débutera, dans lequel 12 000 mètres cubes de sable seront transférés le long de la digue de Ceuta, afin que l’eau puisse submerger toute la barrière jusqu’aux points de surveillance de la Guardia Civil.

    Ce projet serait en contradiction avec l’annonce faite par le président du gouvernement de son intention de retirer le brise-lames de la clôture frontalière après que les barbelés aient blessé des migrants dans leur tentative de traverser la frontière à la nage.

    En matière de sécurité, le directeur du Centre d’Intelligence contre le terrorisme et le crime organisé (CITCO), le général Manuel Navarrete, a souligné la coopération policière  » efficace  » avec le Maroc et a reconnu que l’un des aspects analysés, malgré  » peu de cas « , est celui de l’infiltration de djihadistes dans les réseaux migratoires. Navarrete l’a admis dans le dernier numéro du magazine de la Fundación Víctimas del Terrorismo (Fondation des victimes du terrorisme).

    El Diario de Leon, 19/07/2021

    Etiquettes : Espagne, Maroc, Ceuta, Melilla, clôture, mur, barbelés, migration,

  • Le prix du gaz a connu une hausse de 640%.

    Le prix du gaz a connu une hausse de 640%: Une bonne nouvelle pour l’Algérie et mauvaise nouvelle pour le Maroc

    Le prix du gaz naturel a connu une hausse de 640% en Europe, en l’espace de 14 mois. Il passe de 1.55 dollar le MBTU au mois de mai 2020, à 13 dollars le MBTU, aujourd’hui, le plus haut niveau depuis octobre 2013, apprend-t-on de l’expert énergétique algérien, Nouredine Leghliel.

    Selon l’expert algérien en énergie et en bourse, établi en Suède, cette hausse est loin d’être éphémère, puisqu’elle intervient en période estivale, connue pour être une période de faible demande par rapport à la période hivernale avec sa forte demande liée aux rudes conditions climatiques dans beaucoup de pays. Connu pour l’exactitude de ses prévisions concernant les fluctuations du marché énergétique, Nouredine Leghliel estime que le niveau atteint aujourd’hui par les prix du gaz, seront durable, soutenu par la demande. De bonne augure, selon lui pour l’Algérie, durant cette difficile conjoncture. L’expert algérien recommande même de faire l’impasse sur le pipeline Maghreb, pour éviter la surenchère et l’hostilité marocaines.

    Une bonne nouvelle pour l’Algérie qui fait face à une situation économique difficile liée à la chute de ses revenus issus essentiellement des hydrocarbures. Une situation compliquée davantage par l’impact de la pandémie planétaire du Covid-19 sur l’ensemble de l’économie mondiale.

    Le Maroc, premier perdant de la montée du prix du gaz

    L’année dernière, le régime du Makhzen redoublait la surenchère au sujet de la reconduction de l’accord gazier qui le lie avec l’Algérie, à travers le pipeline Maghreb qui approvisionne l’Espagne, via le Maroc, en se référant au bas prix du gaz naturel atteignant le seuil de 1.55 dollar le MBTU.

    A cette conjoncture-là, le Makhzen a actionné sa machine propagandiste en distillant l’information selon laquelle le Maroc est tombé d’accord avec le Nigeria pour la réalisation d’un oléoduc reliant le Nigeria avec l’Espagne via la Gambie et le Maroc, une manière de torpiller le projet moins couteux et stratégique de Medgaz reliant le Nigeria à l’Espagne via le Niger et l’Algérie, et qui sera accompagné des projets aussi stratégiques de la Transsaharienne et de la fibre optique. La machine propagandiste du Makhzen avait été soutenue par des larbins, pseudo-journalistes algériens au service des officines hostiles à l’Algérie, à l’instar du sulfureux Abdou Semmar, voir la vidéo (https://www.youtube.com/watch?v=4y0tuklRbjo) .
    Le sulfureux Abdou Semmar annonce même que Madrid avait arrêté de s’approvisionner de l’Algérie, au profit du gaz américain et à un degré moindre le gaz russe. La semaine écoulée le Groupe Sonatrach et son partenaire énergétique espagnol Naturgy se sont mis d’accord pour renforcer les capacités d’approvisionnement de l’Espagne, En gaz naturel via le pipeline Medgaz, soit deux milliards de mètres cubes de plus, dépassant les 10 milliards de M3; à compter du dernier trimestre de l’année en cours. Sonatrach n’aura plus besoin du pipeline Maghreb,Pedro Duran Farell pipeline, qui traverse le territoire marocain pour approvisionner l’île ibérique.

    Mauvaise nouvelle pour le Maroc et les médias inféodés au Makhzen

    Cette bonne nouvelle de hausse du prix du gaz, est certainement une mauvaise pour le Maroc, que son chantage et surenchère se sont retournés contre lui et lui jouent aujourd’hui un mauvais tour. Pour l’Algérie, Rabat n’est pas un client fiable, et les autorités algériennes chargées du dossier, doivent absolument tourner la page du gazoduc Maghreb.
    Qu’en est-il des médias algériens ?

    En plus du sulfureux Abdou Semmar, des médias algériens aux agendas connus, n’ont pas soufflé mot. Ces médias alarmistes, lorsqu’il s’agit de traiter les questions économiques du pays, tout en faisant l’éloge au sujet de l’économie marocaine, n’ont rien publié au sujet de la hausse des prix du gaz, atteignant les 640%. A bon entendeur

    Algérie54, 17/07/2021

    Etiquettes : Maroc, Algérie, gaz, Espagne, Medgaz, Maghreb-Europe, gazoduc, pipeline, prix,

  • Le marché européen du gaz se prépare à un arrêt du au conflit Maroc-Espagne

    Le verdict de la Cour sur la souveraineté du Sahara occidental pourrait perturber les approvisionnements.

    John Dizard

    Comme le disaient les agents américains en Asie centrale, « le bonheur, c’est de multiples pipelines ». Les Américains tentaient de financer et de construire des routes pour contourner le blocage géopolitique de la Russie sur le transport des combustibles fossiles. Cet automne, l’UE pourrait découvrir à quel point la vie quotidienne peut être malheureuse (et coûteuse) si vous ne disposez pas de plusieurs pipelines, en l’occurrence vers l’Espagne.

    Les amateurs de litiges internationaux obscurs, complexes et violents (comme moi) attendaient que la Cour de justice de l’Union européenne se prononce sur un différend concernant l’extension de l’accord d’association entre l’UE et le Maroc au territoire du Sahara occidental, ou Maroc du Sud, comme les Marocains préfèrent l’appeler.

    La grande question économique se résumait à l’octroi par le Maroc de droits de pêche dans les eaux du Sahara occidental aux États membres de l’UE, qui sont particulièrement importants pour l’Espagne.

    Aujourd’hui, la CJUE pourrait s’apprêter à rendre une première décision dans une affaire vieille de deux ans portée par le Front Polisario, un groupe politique qui réclame l’indépendance du Sahara occidental. Cette région est un territoire contesté depuis le retrait des troupes espagnoles en 1975. L’occupation de la zone par le Maroc n’a pas été reconnue comme pleinement légitime par l’UE ou l’ONU, ni, jusqu’à la présidence de Trump, par les États-Unis.

    Au début de l’année, un porte-parole du tribunal a déclaré qu’une décision prendrait « plusieurs mois ». Certains partisans de l’affaire estiment qu’elle pourrait intervenir en septembre.

    En décembre 2020, cependant, l’administration Trump sortante a reconnu la souveraineté du Maroc comme légitime, dans le cadre d’un accord selon lequel le Maroc établirait des relations diplomatiques formelles avec Israël dans le cadre des « Accords d’Abraham ». L’équipe Biden a, avec une certaine réticence, affirmé la position de Trump sur le Sahara occidental.

    L’effet de ce changement a été d’enhardir le Maroc à multiplier ses prétensions de souveraineté. Donc si, comme je l’attends, la CJUE annonce qu’elle reconnaît le Polisario comme les représentants légitimes du peuple sahraoui, vous pouvez vous attendre à ce que le gouvernement marocain explose.

    Il se trouve qu’il a un moyen douloureux de faire savoir à l’UE, et à l’Espagne en particulier, à quel point il est mécontent. L’Espagne importe une part importante de ses besoins en gaz naturel d’Algérie. Le gaz est acheminé par deux gazoducs, dont l’un a été posé sous l’eau directement vers l’Espagne. L’autre, le gazoduc Maghreb-Europe, traverse le territoire marocain avant de franchir le détroit de Gibraltar pour se connecter aux réseaux gaziers espagnol et portugais.

    Petit problème : l’accord pour le droit de passage de ce gazoduc expire en octobre de cette année, soit un mois environ après que la CJUE ait pu mettre un doigt dans l’œil du Maroc. Les Marocains pourraient donc riposter en refusant de prolonger le contrat. Comme s’il s’agissait d’une préparation, le processus de renouvellement du contrat de gazoduc a été prolongé par la partie marocaine.

    Heureusement pour l’Espagne, elle a réalisé d’importants investissements dans des installations portuaires de GNL, ce qui lui permet d’importer le même gaz algérien, mais à un coût plus élevé. Nouveau problème : à la mi-juin, une défaillance technique de l’installation algérienne d’exportation de GNL de Skikda a entraîné la fermeture de l’installation, probablement pour une période prolongée.

    Mais comme l’Espagne fait partie de l’Europe, il y a sûrement suffisamment de connexions par gazoduc avec la France pour compenser toute insuffisance de l’approvisionnement algérien, non ? Eh bien, non. Il existait des projets de connexions gazières supplémentaires avec l’Europe du Nord, mais ils se sont heurtés à une opposition réglementaire et écologique.

    Quoi qu’il en soit, les stocks de gaz en Europe sont actuellement très bas, d’autant que les Russes ont tardé à exporter du gaz par le réseau ukrainien. Les prix du gaz naturel aux points d’importation européens sont donc déjà assez élevés. Les importateurs asiatiques, avides de gaz, ont refusé les cargaisons de GNL.

    Tout cela signifie que l’Espagne pourrait devoir importer du GNL acheté sur le marché au comptant cet automne pour garder les lumières allumées et les poêles allumés pendant l’hiver. La flambée des prix qui en résultera pourrait être suffisamment élevée pour remettre en service les centrales électriques européennes alimentées au charbon, même en tenant compte du coût du carbone. Ce n’est pas une bonne chose à un moment où l’Europe est en train de lancer ses ambitieux projets de « zéro émission nette de carbone » et de rompre sa dépendance aux combustibles fossiles.

    La situation pourrait devenir encore plus délicate si le Maroc décidait, de manière unilatérale, d’autoriser davantage de migrants à franchir ses frontières en direction de l’Europe. Le Maroc pourrait également décider d’annuler les permis des navires de pêche de l’UE pour opérer dans leur définition des eaux marocaines.

    Je pense que le Conseil européen, ainsi que quelques États membres, feront appel de la décision de la CJUE. Mais pas avant d’avoir brûlé du charbon et importé du gaz coûteux. Et tout appel ne permettra probablement que de gagner un an de retard avant que tout ne recommence.

    Financial Times, 16/07/2021

    Etiquettes : Maroc, Algérie, Espagne, gaz, gazoduc, Medgaz, Maghreb-Europe,