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Résolution du PE sur le Maroc et la crise de Ceuta
2019-2024TEXTES ADOPTÉS P9_TA(2021)0289Violation de la convention des Nations unies relative aux droits de l’enfant et utilisation de mineurs par les autorités marocaines dans la crise migratoire à CeutaRésolution du Parlement européen du 10 juin 2021 sur la violation de la convention des Nations unies relative aux droits de l’enfant et l’instrumentalisation des mineurs par les autorités marocaines dans la crise migratoire à Ceuta (2021/2747(RSP))Le Parlement européen,– vu ses résolutions antérieures sur le Maroc, en particulier celle du 16 janvier 2019 sur l’accord UE-Maroc1 , et sa résolution du 26 novembre 2019 sur les droits de l’enfant à l’occasion du 30e anniversaire de la convention des Nations unies relative aux droits de l’enfant2 ,– vu la convention du 20 novembre 1989 des Nations unies relative aux droits de l’enfant, en particulier le principe de l’intérêt supérieur de l’enfant (articles 3 et 18),– vu les observations générales du Comité des droits de l’enfant des Nations unies, et en particulier l’observation générale n° 14,– vu la charte des droits fondamentaux de l’Union européenne,– vu la déclaration du 1er juin 2021 du Maroc sur la question des mineurs marocains non accompagnés en situation illégale dans certains pays européens,– vu les deux déclarations du 31 mai 2021 du ministère marocain des affaires étrangères, de la coopération africaine et des expatriés marocains sur la crise hispano-marocaine,– vu l’accord euro-méditerranéen établissant une association entre les Communautés européennes et leurs États membres, d’une part, et le Royaume du Maroc, d’autre part3 , entré en vigueur en 2000, et vu le partenariat 2013 pour la mobilité,– vu la déclaration à la presse du haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères 1 JO C 411 du 27.11.2020, p. 292. 2 Textes adoptés de cette date, P9_TA(2019)0066. 3 JO L 70 du 18.3.2000, p. 2. et la politique de sécurité à l’issue du Conseil des affaires étrangères le 18 mai 2021,– vu la communication conjointe du 9 février 2021 de la Commission et du haut représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité intitulée «Un partenariat renouvelé avec le voisinage méridional– Un nouveau programme pour la Méditerranée», notamment le quatrième chapitre sur la migration et la mobilité (JOIN(2021)0002),– vu l’accord entre le Royaume d’Espagne et le Royaume du Maroc relatif à la coopération dans le domaine de la prévention de l’émigration illégale des mineurs non accompagnés, de leur protection et de leur retour concerté, signé à Rabat le 6 mars 2007 et entré en vigueur le 2 octobre 2012,– vu la déclaration du 27 mars 2021 de l’Organisation internationale pour les migrations sur les arrivées récentes à Ceuta (Espagne),– vu l’article 144, paragraphe 5, et l’article 132, paragraphe 4, de son règlement intérieur,A. considérant que les relations entre l’Union européenne et le Royaume du Maroc ont pour fondement juridique l’accord d’association de 2000; qu’en tant que voisin proche, le Maroc est un partenaire privilégié de l’Union en matière de coopération politique, économique, commerciale et technique, ainsi que de coopération au développement, comme en témoignent les instruments parmi que sont, entre autres, les programmes d’action annuels, le fonds fiduciaire d’urgence de l’Union pour l’Afrique, l’instrument européen de voisinage et le programme «L’Europe dans le monde», ainsi que la participation du Maroc à Erasmus+, ainsi que le «statut avancé» accordé en 2008 dans le cadre de la politique européenne de voisinage; que le Maroc figure au 3e rang des bénéficiaires de fonds alloués par l’Union dans le cadre de sa politique européenne de voisinage;B. considérant que la crise actuelle a donné lieu à des tensions diplomatiques sans précédent entre le Maroc, d’une part, et l’Espagne et l’Union européenne, d’autre part; que, quels que soient les motifs qui ont présidé à l’apparition de la situation actuelle à Ceuta, c’est un incident injustifiable, qui ne correspond pas à la coopération établie de longue date et à la relation de confiance qui prévaut entre les deux parties, en particulier dans le domaine de la migration; que les relations de voisinage doivent être préservées et redevenir ce qu’elles étaient avant la crise, afin de contribuer à promouvoir des relations mutuellement bénéfiques en mettant en œuvre le nouvel agenda méditerranéen récemment présenté dans le cadre d’un partenariat renouvelé avec le voisinage sud, au titre duquel le Maroc est invité à approfondir son partenariat avec l’UE dans différents domaines;C. considérant que, depuis le 17 mai 2021, une augmentation sans précédent du nombre de passages vers le territoire espagnol a été constatée, et que quelque 9 000 personnes ont pénétré, par terre ou par mer, dans la ville autonome espagnole de Ceuta, après que la police marocaine a assoupli temporairement les contrôles aux frontières, ouvert les barrières et négligé de prendre des mesures pour arrêter les entrées illégales; que l’intervention humanitaire des forces armées et de sécurité espagnoles, des ONG et des citoyens de Ceuta a empêché que ne se produise une véritable tragédie; que la plupart des personnes ayant traversé illégalement la frontière étaient des ressortissants marocains; qu’un flux aussi important peut difficilement être considéré comme spontané; que parmi ces personnes, au moins 1 200 étaient des mineurs non accompagnés, et qu’il y avait également de nombreuses familles entières; que certains enfants venaient directement de l’école et n’avaient donc pas leurs papiers sur eux au moment de leur passage;D. considérant que, le 1er juin 2021, les autorités marocaines ont décidé de faciliter la réadmission de tous les enfants marocains non accompagnés mais identifiés se trouvant illégalement sur le territoire de l’Union; que, selon l’Organisation internationale pour les migrations, nombre d’entre eux ont déjà été rapatriés grâce à l’aide à la réunification et à la recherche des familles; que les autorités espagnoles ont ouvert une ligne d’urgence à Ceuta dans le but de ramener les enfants et les mineurs non accompagnés à leurs familles; que, toutefois, de nombreux enfants se trouvent encore dans des locaux espagnols, comme dans l’entrepôt de Tarajal et dans les centres d’accueil des migrants de Pinier et Santa Amelia, sous la tutelle de la ville autonome de Ceuta, dans l’objectif de pouvoir les identifier, d’évaluer leur situation personnelle, leurs vulnérabilités et les risques de persécution et de préjudice irréparable qu’ils courent; que les familles recherchent désespérément ces enfants; que cela fait peser des risques supplémentaires sur le développement physique, mental, moral, spirituel et social des enfants, comme l’indique la déclaration des droits de l’enfant des Nations unies;E. considérant que la plupart des enfants ont cru qu’ils participaient à une simple sortie scolaire à Ceuta et qu’ils pourraient assister gratuitement à un match de football avec des joueurs célèbres;F. considérant que l’intérêt supérieur de l’enfant doit être l’une des premières considérations dans tous les actes et décisions qui concernent les mineurs non accompagnés et leur bien-être physique et mental; qu’il est donc nécessaire, conformément au droit international, que ces enfants bénéficient de la reconnaissance et du soutien de toutes les autorités concernées et que, grâce à une coopération appropriée et renforcée, ils retrouvent leurs parents ou leurs proches et soient rendus en toute sécurité à leur famille qu’ils n’ont jamais eu l’intention de quitter; que, dans la stratégie de l’UE sur les droits de l’enfant, la Commission a recommandé aux États membres de renforcer leurs systèmes de tutelle pour les mineurs non accompagnés, notamment en participant aux activités du réseau européen en la matière; qu’en vertu de la convention des Nations unies relative aux droits de l’enfant, les pays d’accueil doivent garantir tous les droits des enfants migrants, y compris pour ce qui concerne le contrôle aux frontières et le retour;G. considérant que la crise a été déclenchée par le Maroc en raison d’une crise politique et diplomatique après que le chef du Front Polisario, Brahim Ghali, atteint par le coronavirus, a été admis dans un hôpital espagnol pour raisons humanitaires; que le 2 juin 2021, il est arrivé en Algérie;H. considérant que, selon les déclarations officielles du Maroc du 31 mai 2021, la crise bilatérale ne serait pas liée à la question migratoire; que le ministre marocain des affaires étrangères a d’abord reconnu que l’entrée massive de milliers de personnes, dont des enfants, découlait directement di fait que le chef du Front Polisario avait été accueilli en Espagne; que, dans une déclaration officielle publiée ultérieurement, les autorités marocaines ont indiqué comme raison réelle la position jugée ambiguë de l’Espagne sur le Sahara occidental;I. considérant que, lors de la réunion extraordinaire du Conseil européen des 24 et 25 mai 2021, les chefs d’État et de gouvernement de l’Union ont réaffirmé leur soutien sans réserve à l’Espagne et souligné que les frontières espagnoles faisaient partie des frontières extérieures de l’Union; que la situation à Ceuta a également été examinée lors du Conseil des affaires étrangères du 18 mai 2021, au cours duquel le haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité a exprimé sa pleine solidarité et son soutien à l’Espagne au nom de l’Union; que le droit international et le principe de souveraineté, d’intégrité territoriale et d’inviolabilité des frontières nationales doivent être respectés;J. considérant qu’un mandat de négociation en vue de la conclusion d’un accord de réadmission avec le Maroc a été accordé par le Conseil à la Commission en 2000; qu’à ce jour, aucun accord de ce type n’a été finalisé ou adopté;K. considérant que les autorités marocaines devraient faciliter le retour, dans les semaines à venir, de près de 13 000 travailleurs saisonniers bloqués dans le sud de l’Espagne;1. rejette l’utilisation par le Maroc des contrôles aux frontières et de la migration, notamment des mineurs non accompagnés, comme moyen de pression politique sur un État membre de l’Union; déplore en particulier que des enfants, des mineurs non accompagnés et des familles aient franchi massivement la frontière entre le Maroc et la ville espagnole de Ceuta, mettant ainsi leur vie et leur sécurité clairement en péril; regrette l’aggravation de la crise politique et diplomatique, et espère qu’elle ne portera atteinte ni aux relations stratégiques, multidimensionnelles et privilégiées de voisinage entre le Royaume du Maroc et l’Union européenne et ses États membres, ni à la coopération de longue date fondée sur la confiance dans les domaines de la lutte contre le terrorisme, la traite des êtres humains et le trafic de drogue, de la migration et des politiques commerciales; estime que les différends bilatéraux entre partenaires proches devraient être réglés dans le cadre d’un dialogue diplomatique; appelle à un apaisement des tensions et au retour à un partenariat constructif et fiable entre l’Union et le Maroc; appelle à poursuivre le développement de cette relation fondée sur la confiance et le respect mutuels; invite instamment le Maroc, à cet égard, à respecter son engagement de longue date en faveur d’une coopération renforcée en matière de gestion des frontières et de mobilité migratoire dans un esprit de coopération et de dialogue; souligne l’importance de renforcer le partenariat UE-Maroc, qui devrait tenir compte des besoins des deux partenaires de manière équilibrée et sur un pied d’égalité;2. se félicite de la démarche adoptée par les autorités marocaines le 1er juin 2021 pour faciliter le retour de tous les mineurs non accompagnés identifiés qui se trouvent illégalement sur le territoire de l’Union européenne; demande à l’Espagne et au Maroc de travailler en étroite collaboration pour ramener les enfants à leurs familles, dans le respect de l’intérêt supérieur de l’enfant et du droit national et international, en particulier de la convention des Nations unies relative aux droits de l’enfant, dont le Maroc est signataire depuis 1990 et qu’il a ratifié à deux reprises (en juin et en juillet 1993), ainsi que des accords pertinents entre l’Union européenne et ses États membres et le Maroc, en particulier l’accord entre le Royaume d’Espagne et le Royaume du Maroc sur la coopération dans le domaine de la prévention de la migration illégale des mineurs non accompagnés, de leur protection et de leur retour concerté; rappelle que le principe de l’unité familiale et le droit au regroupement familial doivent toujours être sauvegardés; souligne qu’une coopération étroite sur les défis migratoires est dans l’intérêt mutuel de l’Union européenne et du Maroc; invite le Royaume du Maroc à tenir ses engagements car il est essentiel d’assurer le retour en toute sécurité des enfants dans leur famille et de respecter les droits que leur confère le droit international;3. rappelle que la protection et la sécurité de Ceuta concernent l’ensemble de l’Union européenne car la ville autonome fait partie de ses frontières extérieures; se félicite de la réaction rapide de l’Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes (Frontex) qui a mis ses ressources au service du gouvernement espagnol afin de l’aider à résoudre les problèmes migratoires liés à cette crise; invite la Commission à fournir des fonds d’urgence pour faire face à la situation à Ceuta, notamment en finançant des capacités d’hébergement supplémentaires pour les mineurs non accompagnés;4. s’affirme pleinement solidaire des citoyens de Ceuta et salue la réponse efficace et professionnelle de l’armée et des organes de sécurité espagnols dans la ville autonome, ainsi que celle des ONG et des habitants, qui ont su gérer la crise et sauver de nombreuses vies; se félicite de la protection accordée aux mineurs non accompagnés par les autorités espagnoles, conformément au droit de l’Union et à la Convention des Nations unies relative aux droits de l’enfant;5. réaffirme la position consolidée de l’Union sur le Sahara occidental, fondée sur le plein respect du droit international, des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies et du processus politique conduit par les Nations unies pour parvenir à une solution négociée juste, durable, pacifique et acceptable par les deux parties;6. réaffirme l’inviolabilité des frontières nationales des États membres de l’Union et insiste sur le fait que le respect de leur intégrité territoriale est non négociable en tant que principe fondamental du droit international et principe de solidarité européenne; rappelle que l’atteinte à la souveraineté territoriale des États membres ne saurait être tolérée;7. invite instamment la Commission et le Royaume du Maroc à coopérer et à conclure formellement, dans les meilleurs délais, un accord de réadmission UE-Maroc assorti des garanties juridiques nécessaires; est convaincu que la coopération future de l’Union avec les pays du sud de la Méditerranée devrait se fonder sur l’objectif à long terme qui consiste à s’attaquer aux causes profondes de la migration illégale en renforçant le développement économique et les investissements, en créant de nouvelles possibilités d’emploi et en promouvant une éducation de qualité pour tous les enfants de la région;8. charge son Président de transmettre la présente résolution au Conseil, à la Commission, au vice-président de la Commission / haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, aux gouvernements et aux parlements des États membres, ainsi qu’au gouvernement et au parlement du Maroc.Source : Parlement Européen, 10 juin 2021Etiquettes : Maroc, Espagne, Sahara Occidental, Ceuta, migration, mineurs non accompagnés, Union Européenne, UE, Parlement Européen, -
Le Maroc condamné par le Parlement Européen
Les eurodéputés ont voté ce jeudi 10 juin 2021, une résolution condamnant le Maroc au sujet du chantage politique impliquant les migrants dans le dossier du Sahara Occidental.
Le Parlement européen a incriminé jeudi le Maroc pour l’escalade migratoire enregistrée à Ceuta, notamment pour l’utilisation de mineurs afin de faire pression sur l’Espagne pour des désaccords en matière de politique étrangère, et a demandé des fonds d’urgence pour aider l’enclave espagnol dans l’accueil des mineurs.
Dans une motion approuvée par 397 voix pour, 85 contre et 196 abstentions, les eurodéputés regrettent sur ce plan, « que la vie et la sécurité des mineurs aient été mises en danger et que cela ait conduit à une escalade de la crise politique et diplomatique » en réponde au geste humanitaire de l’hospitalisation du SG du Front Polisario, Brahim Ghali.
La motion commune des groupes Populaire, Socialiste, Libéral et Vert déplore l’aggravation de la crise diplomatique et politique qui « porte atteinte à la stratégie multidimensionnelle et aux relations de voisinage privilégié entre le Maroc, l’Union européenne et ses Etats membres ».
Le texte approuvé par les eurodéputés ne comptait, en revanche, aucune mention critique quant à l’accueil du président sahraoui, Brahim Ghali, par le gouvernement espagnol pour des raisons de santé. La mention avait été proposée par la droite.
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"Le Maroc se met au dessus des lois internationales"
Révélations du New York Times sur les arrivée massives de migrants sur le territoire espagnol, démontrent que le Maroc impose un véritable chantage à l’Espagne concernant le Sahara occidental.
Depuis l’Espagne où il est établi, le militant sahraoui, Bella El Kanti, commente la crise diplomatique entre la péninsule ibérique au royaume du Maroc, dans un entretien, hier, à la chaîne 3 de la Radio algérienne. « Le reportage du New York Times relève très bien une pratique de la politique étrangère d’un État qui se met au dessus des lois internationales », s’indigne ce défenseur des droits de l’Homme. Bella El Kanti va plus loin. Il qualifie la politique étrangère menée par le Maroc de celle d’un « État voyou.Lâcher des milliers d’innocents, y compris des enfants en bas âge, ses propres citoyens et ceux d’autres pays pour aller envahir un territoire espagnol, il n’y a qu’un État irresponsable comme le Maroc, qui vit hors du temps, qui peut le faire », dénonce-t-il. « Les intensions du Maroc envers l’Espagne sont hostiles et belliqueuses », juge le militant sahraoui. En référence à la Marche verte envoyée par Hassan II en 1975 au Sahara, Bella El Kanti, comme de nombreux autres observateurs, qualifie l’arrivée massive de migrants en Espagne, orchestrée par le Maroc de véritable « Marche bleue » sur Ceuta.Le chantage de – la Marche bleue – sur CeutaSelon lui, ceci est la réaction du Maro face au refus de l’Espagne d’appliquer les décisions de l’ex-Président américain Donald Trump concernant le Sahara occidental. Ce qui a fini par encore plus « irriter le Maroc » selon lui, c’est l’hospitalisation, en Espagne, du président de la République arabe sahraoui démocratique (RASD), Ibrahim Ghali, pour des soins après sa contamination au Covid-19. « Le chantage n’est pas admis, surtout lorsqu’il touche à la souveraineté des États, chose que le Maroc pratique vis-àvi de l’Espagne mais aussi de son voisinage immédiat », prévient Bella El Kanti qui estime que « la crise est réelle et profonde entre l’Espagne et le Maroc qui a commis l’irréparable. » Il en veut pour preuve, les propos de Pedro Sanchez.« Il est inadmissible de s’attaquer à nos frontières », a prévenu le président du gouvernement espagnol. « Cette fois-ci, l’Union européenne s’est rangé du côté de l’Espagne », relève Bella El Kanti qui appelle l’Europe à assumer, une fois pour toutes, une « politique de bon voisinage avec les pays de la rive sud de la Méditerranée et à participer à la résolution de dernière colonie en Afrique, le Sahara occidental ».Etiquettes : Maroc, Sahara Occidental, Ceuta, Espagne, chantage à l’émigration, -
Le Maroc utilise la précarité de sa jeunesse pour exercer des pressions sur l'UE
Le Maroc utilise la détresse sociale et la précarité de sa jeunesse dans le but d’exercer des pressions sur les pays de l’Union européenne (UE), a indiqué le Parti communiste français (PCF), appelant le gouvernement de son pays à réagir face aux atteintes aux libertés, l’agressivité et l’expansionnisme marocain qui sont des facteurs de déstabilisation dans la région. « Le cynisme du pouvoir marocain vient d’atteindre un nouveau degré d’abjection. Dans une orchestration largement préparée en amont, les autorités ont volontairement relâché le contrôle des frontières laissant passer dans l’enclave espagnole de Ceuta près de 10 000 migrants, dont 2000 enfants, rêvant d’immigrer vers l’Europe », soutient le PCF, dans une tribune publiée sur le site du parti, intitulée « Maroc: le cynisme et les menaces d’un Etat voyou ».
Le document signé par son responsable-adjoint du secteur international chargé de la région MENA, Pascal Torre souligne que, « Rabat utilise la détresse sociale et la précarité de sa jeunesse, poussée par le désespoir, la misère qui explose et les inégalités croissantes, afin d’exercer des pressions diplomatiques sur les pays de l’Union européenne ». Il a fait savoir que « cet épisode, qui n’est pas nouveau, jette une lumière crue sur la réalité du régime de Mohammed VI qui (…), n’hésite pas à sacrifier son peuple, à faire du chantage aux migrants et à laisser planer le doute sur la coopération contre le terrorisme ».Le parti communiste affirme, en outre, que « cette provocation du Maroc à l’égard de l’Espagne s’explique essentiellement par la situation au Sahara occidental et par l’accueil récent, dans un hôpital près de Saragosse, du président de la République Arabe Sahraouie Démocratique (RASD), secrétaire général du Front Polisario, Brahim Ghali, en convalescence après avoir contracté la Covid-19 ». Dans ce contexte, le parti communiste français relève que « depuis le deal honteux entre Trump, Netanyahou et le roi du Maroc reconnaissant la « prétendue » souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental en échange d’une normalisation des relations avec Israël, Rabat se croit tout permis ».Le PCF précise à cet effet que, le ministre des Affaires étrangères marocain (Nasser Bourita), homme de toutes les basses besognes, multiple les intimidations auprès des capitales européennes afin que celles-ci emboitent le pas de la violation du droit international ». Le parti dirigé par Fabien Roussel a rappelé que « pour avoir contesté l’oukase de Donald Trump et exiger le respect du droit, Rabat a suspendu sa coopération avec Berlin », précisant que « les résolutions de l’ONU condamnent la colonisation marocaine et le pillage des ressources du Sahara occidental et exigent l’organisation d’un référendum d’autodétermination ». « L’élection de J. Biden et l’absence d’effet d’entrainement jettent le doute sur la pérennité de cette forfaiture », poursuit le PCF.D’autre part, l’auteur du communiqué estime que « les récents événements en Palestine, avec la destruction de Ghaza, ont créé une certaine fébrilité car l’abandon des Palestiniens par Rabat ne s’est traduit par aucune concession de la part de Benjamin Netanyahou alors que l’opinion publique marocaine ne faiblit pas dans sa solidarité avec le peuple palestinien ». « L’agressivité marocaine s’explique aussi par le dévoilement sur la scène internationale de l’ampleur des régressions démocratiques.Le nombre de journalistes emprisonnés pour avoir rendu compte de la corruption de la classe dirigeante ou de la répression dans le Rif ou dans les territoires s’accroît de manière inquiétante », a-t-il opiné. Il cite notamment les cas de Soulaiman Raissouni, d’Omar Radi, de Taoufik Bouachrine, de Chafik Omerani ou d’Imad Stitou dont certains ont entamé une grève de la faim. « Combien de temps encore, le gouvernement français va-t-il fermer les yeux sur les atteintes aux libertés, l’agressivité et l’expansionnisme marocain, facteurs de déstabilisation régionale ? », s’est également interrogé le PCF. « Les communistes français expriment leur solidarité avec les forces démocratiques marocaines. Ils saluent le courage du peuple sahraoui qui, avec leur président Brahim Ghali, lutte pour leur droit inaliénable à l’autodétermination », a-t-on conclu.Etiquettes : Maroc, Espagne, Ceuta, migration, chantage, Sahara Occidental, Brahim Ghali, -
Le banc de pêche du Sahara occidental
Les négociations des accords de pêche avec les pays propriétaires des richesses halieutiques sont toujours complexes et très délicates, car elles impliquent des facteurs transversaux qui vont au-delà de la négociation elle-même ; et s’il y a aussi deux peuples qui revendiquent le même territoire, où l’un d’eux est plus puissant économiquement, militairement et politiquement que l’autre, et si les institutions supranationales – pas les institutions juridiques – soutiennent ce dernier, nous serons face à un équilibre très instable de la validité de l’accord signé.
Nous faisons référence à l’accord de pêche signé entre l’UE et le Royaume du Maroc, ratifié par le Parlement européen le 12 février 2019, dans lequel la région du Sahara occidental est incluse, la Chambre refusant de demander à la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) un avis sur l’inclusion dans l’accord des eaux du Sahara occidental.
Il convient de noter que cette Cour a déjà statué en 2016 qu’aucun accord commercial ne peut inclure le Sahara occidental sans le consentement du peuple sahraoui. Le conflit collatéral est servi sur une assiette.
De plus, l’ONU (à la fois l’Assemblée Générale et le Conseil de Sécurité) a passé des dizaines et des dizaines de résolutions sur le Sahara Occidental, reconnaissant à plusieurs reprises le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination et exigeant du Maroc qu’il quitte un territoire qui ne lui appartient pas et sur lequel il ne détient aucun titre de souveraineté.
Les négociations de l’accord de pêche se déroulent d’abord entre l’Espagne et le Maroc, puis entre l’UE et le pays d’Afrique du Nord, qui reçoit pour cet accord environ 55 millions d’euros par an et exige un certain nombre de conditions telles que : qu’un certain nombre de prises soient débarquées dans les ports marocains (pour ne pas les y vendre), l’embarquement de marins marocains, etc. En d’autres termes, nous voyons comment l’un des acteurs de la situation complexe du Sahara Occidental est exclu de certains avantages.
L’Union européenne et en particulier l’Espagne, qui est la puissance administrante du Sahara Occidental, selon l’article 73 de la Charte des Nations Unies, et qui est donc un acteur clé dans le scellement d’un des conflits latents dans notre histoire récente depuis plus de 45 ans, regardent ailleurs et sont complices d’une situation de plus en plus figée, avec une ingérence internationale de plus en plus profonde.
Ce problème qui n’a pas été résolu et qui, avec le temps, affecte de plus en plus les relations diplomatiques avec d’autres pays, est négatif pour l’Espagne, un pays avec une longue tradition de pêche où ce secteur génère environ 20% de la production totale de l’UE ; ce qui signifie en 2020 un volume d’extraction d’environ 890.000 tonnes entre les poissons et les fruits de mer, avec un chiffre d’affaires global de 2.050 millions d’euros et avec une génération d’emplois entre les emplois directs et indirects près de 350.000 emplois. Elle doit donc agir en tant qu’administrateur de pays, comme le dit l’organisation internationale des Nations unies, car tôt ou tard, ces deux peuples actuellement belliqueux parviendront à une sorte d’accord. Il est clair qu’opter pour l’un d’entre eux, comme c’est le cas actuellement, pourrait avoir de graves conséquences pour les intérêts commerciaux et économiques espagnols à l’avenir. La réalité sahraouie est là et tôt ou tard, elle finira par participer aux négociations de cet accord de pêche.
BREF RAPPEL HISTORIQUE
Le dernier territoire que l’Espagne a cédé au Maroc est Sidi-Ifni, en 1969, en échange d’un accord de pêche substantiel qui donnait de grands avantages aux navires espagnols. Le Sahara occidental est resté, mais, en raison de la fameuse Marche verte de 1975, elle s’en est retirée sans reconnaître la souveraineté du Maroc, en attendant la tenue d’un référendum d’autodétermination du peuple sahraoui, qui malheureusement n’a pas eu lieu jusqu’à présent, et c’est là, entre autres raisons, que réside la complexité de la signature de l’accord de pêche avec le Maroc.
Un des dommages causés par la cession du banc de pêche du Sahara Occidental au Maroc a été la réduction de la flotte de pêche basée aux îles Canaries, qui avait augmenté entre 1975 et 1982, apportant un important boom économique, en particulier à Lanzarote et Tenerife, mais qui, après l’accord hispano-marocain de 1983, a commencé à décliner considérablement en raison de l’augmentation des restrictions que le pays alaouite exigeait pour pouvoir accéder à ses zones de pêche.
LE BANC DE PÊCHE CANARI-SAHARIEN
L’accord de pêche signé entre l’Union européenne et le Royaume du Maroc couvre les eaux souveraines marocaines jusqu’à la limite sud à la latitude 27º 40′ et les eaux du banc canarien-saharien s’étendent du parallèle 27º 40′ à la frontière mauritanienne, mais, sur la base de l’accord signé, les navires de pêche européens qui pêchent dans le banc canarien-saharien ne sont pas autorisés à entrer dans les eaux du banc canarien-saharien, Les navires de pêche européens qui pêchent dans cette bande côtière paient leurs licences au Maroc, un fait inhabituel, alors qu’ils sont en fait sous l’administration et la responsabilité maritimes espagnoles, compte tenu du fait que les navires de pêche canariens ont toujours pêché au sud de ce parallèle.
Tous ces problèmes, qui ont traîné et deviennent de plus en plus difficiles en raison de la géopolitique des pays dans le contexte mondial, devraient faire penser aux représentants espagnols au Parlement européen qu’avec les négociations au Sahara Occidental il faut être prudent dans tout ce qui est signé.
Le Royaume du Maroc a très bien joué au fil des ans la politique internationale par laquelle il a annexé des territoires stratégiques et très riches en ressources comme le Sahara Occidental. S’il domine les eaux de ce territoire, il ne tardera pas à demander l’extension de son plateau continental à la montagne Tropic, qui abrite les plus grands gisements de tellurium au monde, ainsi que des minéraux riches en cobalt et en platine.
En raison de sa position stratégique, en raison de la pêche et parce que cette montagne tropicale est au-delà de 200 miles au sud des îles Canaries, l’Espagne ne peut pas manquer l’occasion d’avoir une influence au Sahara Occidental.
RAFAEL RODRIGUEZ VALERO
Je suis né à Gijón. J’ai étudié la spécialité des machines à l’école navale de La Corogne. Je suis ingénieur en chef de la marine marchande, docteur en marine civile de l’université de La Corogne, professeur d’université et commissaire aux dommages. J’ai occupé les postes académiques de directeur du département des énergies et de la propulsion marines, de membre du conseil d’administration de l’université de La Corogne et de membre du sénat de l’université de La Corogne. J’ai développé ma profession en tant qu’inspecteur du Lloyd’s Register of Shipping, inspecteur en chef d’une société de pêche au thon et directeur d’une coentreprise au Chili. J’ai occupé les postes politiques de directeur général de la marine marchande et de président de l’autorité portuaire de Ceuta.Naucher Global, 06 juin 2021
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Maroc : Chantage à l’émigration pour de l’argent (NYT)
Sahara occidental: Le Maroc utilise la question migratoire pour faire pression sur l’Espagne
Le Maroc utilisait la question migratoire pour faire pression sur l’Espagne pour qu’elle prenne son parti dans le conflit au Sahara occidental et recherchait, par ce procédé, plus de transferts d’argent en guise d’aide financière visant à contenir les migrants illégaux, selon le New York Times (NYT).Dans un long reportage sur la crise de Ceuta, paru dans son édition du 2 juin, le quotidien new-yorkais a souligné que « la crise a mis à nu le point de pression que le Maroc a sur l’Espagne en matière de migration ». Les reporters, co-signataires du reportage, ont rappelé que des responsables du gouvernement espagnol et d’autres experts affirment que « le Maroc considère de plus en plus les migrants comme une sorte de monnaie et tire parti de son contrôle sur eux pour extraire des prix financiers et politiques de l’Espagne ». Les reporters ont révélé que quelques heures après que les migrants ont commencé à affluer à Ceuta, l’Espagne a approuvé 30 millions d’euros, soit environ 37 millions de dollars, d’aide pour la police des frontières au Maroc. Il a été constaté, par ailleurs, que les tensions entre les deux pays à propos des migrants se sont aggravées pendant la pandémie de Covid-19, qui « a paralysé les économies des deux côtés de la frontière ».
Le Maroc a déjà reçu environ 13 milliards d’euros de fonds de développement de l’Union européenne (UE) depuis 2007 en échange de contrôles stricts aux frontières, selon le média. Selon le NYT, les experts disent que le régime marocain, « recherche plus de transferts d’argent cette année ». En s’appuyant sur les déclarations de hauts responsables espagnols, les auteurs ont conclu que « les intérêts du Maroc et ses tensions avec l’Espagne vont cependant au-delà du financement ». « Il n’est pas acceptable qu’un gouvernement autorise des attaques à ses frontières » en raison de désaccords sur la politique étrangère, a déclaré lundi Pedro Sanchez, le Premier ministre espagnol, cité par le NYT.
José Ignacio Torreblanca, professeur de politique à l’Université nationale d’enseignement à distance de Madrid, cité également par le journal, a déclaré que « le Maroc utilisait désormais son contrôle sur les migrants à la frontière pour faire pression sur l’Espagne pour qu’elle prenne son parti dans le conflit du Sahara occidental à l’instar de l’ex président américain Donald Trump », qui, l’année dernière, a reconnu la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental. En deux jours, jusqu’à 12 000 migrants ont traversé la frontière de l’enclave espagnole de Ceuta, engloutissant la ville de 80 000 habitants, ont rappelé les auteurs du reportage du New York Times.
Depuis le 17 mai, des milliers de candidats à l’émigration, dont de nombreux jeunes, ont afflué illégalement dans l’enclave espagnole les garde-frontières marocains les ayant laissé passer. La plupart ont été refoulés mais plus de 1000 mineurs marocains sont restés à Ceuta, dont beaucoup errent dans les rues. Les autorités de Ceuta s’activent pour tenter de retrouver leurs parents afin d’assurer leur retour, une tâche ardue. Selon Madrid, parmi les migrants, 1.500 étaient des mineurs, tandis que l’association humanitaire Amnesty International a cité le chiffre de 2.000. Les autorités de Ceuta ont accusé le Maroc d’avoir manipulé les mineurs pour les encourager à franchir la frontière afin d’exercer une pression sur Madrid dans le contexte de la crise diplomatique entre les deux pays en raison de la présence sur le territoire espagnol du président sahraoui, Brahim Ghali, pour des soins.
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Bernabé López : « Le Maroc a montré le pire de lui-même ».
Selon Bernabé, un grand ami du Maroc, le royaume de Mohammed VI « a montré le pire de lui-même ».
Questionné par La Vanguardia sur la particularité de la dernière crise hispano-marocaine par rapport aux crises précédentes, Lopez a déclaré : « Nous sommes toujours dans le tunnel car l’épisode n’est pas encore terminé. Mais en remontant dans l’histoire, on a l’impression que c’est la plus grande crise depuis celle de Perejil en 2002. Comme par le passé, elle a répondu au malaise marocain face à certaines déclarations et certains gestes, mais cette réponse a été disproportionnée. Lâcher dix mille personnes comme ça pour entrer à Ceuta a attiré l’attention du monde entier. Sans aucun doute, elle a eu l’effet inverse de celui escompté. Il suffit de se rappeler l’éditorial du Monde . Ils ont donné l’image d’un pays auquel on ne peut pas faire confiance. Elle a montré le pire d’elle-même ».
Concernant la décision de Donald Trump a encouragé le Maroc, l’éminent Professeur honoraire de l’Université autonome de Madrid a estimé que « sans aucun doute, la décision du président Trump de reconnaître le Sahara comme un autre territoire du Maroc a créé un sentiment d’impunité chez eux et cela aide à comprendre l’enhardissement par rapport au point de vue de l’Espagne, une pression qu’ils ont également exercée sur l’UE. Il suffit de voir la suspension des relations avec l’Allemagne au début du mois de mars, également au sujet du Sahara. C’était déjà un avertissement de ce qui pourrait nous arriver ».
Pour lui, « l’objectif principal du Maroc était de souligner les ambiguïtés internationales sur le Sahara et de faire oublier ce qui ne l’intéresse pas : la solution réside dans un accord entre les parties. L’hospitalisation en Espagne de Brahim Gali est un prétexte qui leur va comme un gant. Mais ils ont été trop enhardis et ont donc agi ». « Leur deuxième erreur, à mon avis, est d’être allés trop loin dans la diabolisation du Front Polisario, qu’ils veulent assimiler à une organisation terroriste, alors qu’il s’agit de l’autre partie au conflit reconnue par les Nations unies. Il a fermé la porte à une solution », précise-t-il.
« La vérité, dit-il, est que depuis 2003 et le plan susmentionné, l’ONU a fait preuve d’une inaction et d’une passivité absolues. Elle se contente d’adopter des résolutions décaféinées, au grand bonheur du Maroc. On ne peut pas attendre grand chose des Nations Unies concernant l’avenir du Sahara, alors qu’elles ne sont même pas capables de nommer un représentant spécial. Nous verrons si cette crise l’incitera à repenser certaines choses ».
Lopez prévient contre une escalade. « Entre cette passivité de l’ONU et le soutien des USA, il n’est pas surprenant que Rabat agisse avec plus de belligérance », signale-t-il.
Bernabé Lopez estime que « le Maroc a été maladroit avec Ghali, qui a un profil gris et qu’on a élevé en le dénigrant au point d’en créer le profil d’un guérillero mythique. L’Algérie n’a pas tardé à l’exploiter ; il y a l’image de son président, entouré de soldats, lui rendant visite comme s’il était un héros. Je l’ai rencontré lorsqu’il était le représentant du Front Polisario à Madrid et il avait un profil plutôt discret. Il n’était certainement pas un chef de guerre. Cette initiative s’est retournée contre le Maroc ».
D’après Lopez, la reconnaissance officielle d’Israël a eu l’effet d’un « boomeang » . « C’est pourquoi, affirme-t-il, en guise de compensation, le gouvernement marocain a publiquement félicité le Hamas pour sa « victoire » à Gaza. La maison royale et son entourage, le pouvoir caché du Makhzen, s’est probablement tiré une balle dans le pied » car « elle a mis en évidence les ambiguïtés avec Israël ».
A une question sur le silence de la France, Lopez a réponde : « Ce silence est significatif en soi. Il s’agit d’un changement par rapport aux crises précédentes, lorsque la France faisait clairement état de sa relation spéciale avec le Maroc. Cette fois, elle fait preuve de prudence. Depuis la présidence de François Hollande (2012-2017), la France exprime une volonté de s’entendre avec l’Algérie, ce qui met en colère le Maroc, qui craint de perdre son grand soutien. Les relations se sont également considérablement refroidies en 2014 après une tentative judiciaire de poursuivre l’homme fort de la sécurité, Abdellatif El Hammouchi, pour torture, ce qui a conduit à la suspension de la coopération sécuritaire, une question clé, pendant un an. Mais le poids du Maroc est si fort qu’un an plus tard, El Hammouchi a été décoré par l’Elysée ».
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Maroc-Espagne : Tout ça pour nada !
Ce mardi 1 juin, la justice espagnole vient d’annoncer que tous les charges contre le président de la RASD, Brahim Ghali ont été abandonnées malgré les pressions énormes du Maroc afin de mettre en prison voire d’expulser vers Rabat, le leader du Polisario. Cette affaire montre surtout l’amateurisme de la diplomatie chérifienne qui sait maintenant qu’elle devra assumer un prix lourd face à l’Europe après l’épisode choquante de l’invasion migratoire marocaine à Ceuta.
Le Makhzen prêt à sacrifier sa population pour une simple hospitalisation
Après la révélation par le média pro Maroc, Jeune Afrique de l’admission de Brahim Ghali dans un hôpital près de Madrid, la diplomatie marocaine a actionné graduellement, plusieurs outils de pression. La convocation de l’ambassadeur espagnol à Madrid ainsi que les remontrances de Bourita sur l’accueil du leader du Polisario par l’Espagne n’ont pas fait bouger d’une ligne, le comportement de Madrid dans cette affaire. Alors que la ministre des affaires étrangères espagnole, Arancha Gonzàlez Laya a tenté de faire comprendre que l’accueil était simplement fait à titre humanitaire, Rabat s’estimant fort de son amitié avec Israël et de la reconnaissance américaine sur le Sahara Occidental, décide de passer à l’action. Le 8 mai, le compte Twitter de la diplomatie marocaine lance une menace à Madrid sur les conséquences de cette hospitalisation.
https://platform.twitter.com/widgets.js🔴Maroc-Espagne : Précisions du Maroc en réaction à la multiplication des déclarations des responsables espagnols tentant de justifier un acte grave et contraire à l’esprit de partenariat et de bon voisinage
— Maroc Diplomatie 🇲🇦 (@MarocDiplomatie) May 8, 2021
▶️https://t.co/RQfuMoYTMY pic.twitter.com/7SwIQvz7mn10 jours plus tard, le Maroc met ses menaces à exécution en envoyant plus de 10 000 migrants marocains à l’assaut de l’enclave espagnole revendiqué par le Maroc comme un territoire occupé. Les images de femmes, d’enfants mais également de bébés choquent le monde entier. L’Espagne savait que le Maroc utilisait depuis des années, la carte migratoire mais reste surpris par le nombre et par la coordination car au même moment, l’ambassadrice marocaine à Madrid qui a tenu plusieurs propos provocateurs à l’égard de l’Espagne est rappelée au Maroc pour consultations.
Cette marche bleue s’est transformée très rapidement en marche noire pour les sorciers de Rabat. Immédiatement, l’Espagne a procédé à l’expulsion de la majorité des migrants marocains tout en renforçant la souveraineté de Ceuta.
[youtube https://www.youtube.com/watch?v=gtH0niOeZG0&w=560&h=315]Le Maroc a surtout montré au monde entier la réalité de la situation socio-économique de ses citoyens qui ont préféré devant les caméras du monde entier nageaient jusqu’à la mort pour pouvoir au minimum manger. En utilisant ces pauvres citoyens, le roi milliardaire et son clown de ministre, Bourita ont cru tordre le bras de l’Espagne mais ils n’ont fait que cracher sur la fierté des marocains devant les caméras des chaines occidentales.
Le Maroc s’isole et met la lumière sur la colonisation au Sahara Occidental
En effet, immédiatement après l’invasion de Ceuta, l’Europe a soutenu sans trembler l’Espagne dans le conflit qui l’oppose au Maroc. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen a assuré à l’Espagne de la solidarité de l’Union.
https://platform.twitter.com/widgets.jsEU stands in solidarity with Ceuta & Spain.
— Ursula von der Leyen (@vonderleyen) May 18, 2021
We need common EU solutions to migration management.
This can be achieved with agreement on the New Pact on Migration.
Stronger partnerships based on mutual trust & joint commitments with key partners like Morocco are crucial.L’Allemagne, véritable chef de l’Union européenne qui est en conflit avec le Maroc (L’ambassadrice marocaine a été rappelée par Rabat) sur la question du Sahara Occidental a qualifié le Maroc de chantage aux migrants et que l’UE devait agir contre ces pratiques.
https://platform.twitter.com/widgets.js1. Après l'annonce par les services secrets marocains de la fin de la coopération avec leurs homologues du pays d'Angela Merkel, le gouvernement allemand vient de répondre d'une manière on ne peut plus clair. pic.twitter.com/Y9WQPyx40f
— Ali Lmrabet علي المرابط (@Alilmrabet) May 28, 2021Même la France, parrain du Maroc en Europe est restée très silencieuse dans son soutien à Rabat. Paris réalise que le comportement marocain est allé très loin et que la reprise en main du dossier sahraoui par l’axe Berlin-Madrid ne lui permet pas de faire du lobbying pour le moment.
Le Makhzen a sans doute sous-estimé gravement l’Union européenne en croyant qu’elle allait suivre aveuglément la reconnaissance américaine sur le Sahara Occidental. Mais elle aussi oublié que l’Europe va prendre des mesures qui pourraient faire mal à l’économie marocaine.
Déjà, l’Espagne et l’Algérie ont décidé de mettre fin à la fourniture de gaz à travers le gazoduc Maghreb-Europe d’ici septembre pour la remplacer avec le Medgaz et le surplus en GNL. Berlin prépare également un dossier pour geler les aides européennes au développement que reçoit massivement le Maroc chaque année.
Ironie de l’histoire, alors que le conflit du Sahara Occidental était tombé en désuet, c’est Nacer Bourita, le ministre des affaires étrangères du Maroc qui par ses actions et ses déclarations a pu sans le vouloir remettre en lumière, la question du Sahara Occidental dans l’actualité. Peut-être que Bourita est un agent du Polisario sans le savoir…
Hussein le Flamand
Kassaman, 01 juin201
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La crise diplomatique avec le Maroc arrive au Parlement européen
Le Parlement européen débattra et votera la semaine prochaine une résolution sur la possible violation des droits de l’enfant et l’utilisation présumée de mineurs par les autorités marocaines lors de la soi-disant crise migratoire à Ceuta. En pleine polémique sur l’expulsion chaude et systématique de mineurs pendant la crise, l’Europe choisit de soutenir l’État espagnol.
Jeudi, les députés européens débattront des récents événements de Ceuta, où des milliers de jeunes Marocains ont réussi à franchir la frontière avec les deux villes autonomes.
Plus précisément, les députés se prononceront sur la question de savoir si l’utilisation et l’encouragement présumés de centaines d’enfants à traverser la frontière par les autorités marocaines constituent une violation de la Convention des Nations unies relative aux droits de l’enfant. A l’issue du débat, la plénière votera une résolution résumant ses conclusions.
Intérêt européen
Depuis le début de la crise migratoire à la mi-mars, la Commission européenne a réitéré à plusieurs reprises son soutien à l’Espagne après que Rabat ait lié cette crise migratoire à la position espagnole sur le Sahara occidental. Plus précisément, l’UE compte sur les frontières de l’Espagne avec le continent africain pour empêcher les mouvements de migrants vers l’Europe continentale, un « service » pour lequel l’État facture des dizaines de millions d’euros par an, et qui est également partagé avec le Maroc pour assurer la surveillance des frontières.
« La frontière de Ceuta est une frontière européenne et l’UE est solidaire de l’Espagne », c’est la phrase qui a été répétée à maintes reprises par différents responsables communautaires, qui ont laissé la gestion de cette crise avec Rabat entre les mains de la Moncloa. Bruxelles a également répété que l’UE a une « position très ferme sur le Sahara Occidental » et qu’elle « reste inchangée ».
En outre, l’Union a demandé la reprise immédiate des négociations avec les Nations unies pour « trouver une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable, conformément aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité des Nations unies, en particulier la résolution 2548 adoptée le 30 octobre 2020 ».
Enquête sur l’exécutif espagnol
Parallèlement, le ministère public a décidé d’ouvrir une enquête sur les expulsions express de mineurs pendant la crise migratoire, puisque la législation établit l’interdiction des retours à chaud pour les personnes de moins de 18 ans qui entrent irrégulièrement sur le territoire espagnol. Contrairement aux adultes, dont les expulsions ont été entérinées par le TC et la Cour européenne des droits de l’homme, les mineurs bénéficient d’une protection spéciale en vertu du droit espagnol et international. Cette expulsion ne peut être exécutée qu’avec un contact préalable avec les parents de l’enfant, si la volonté du jeune de retourner chez lui est confirmée et s’il est démontré que cela garantit la protection de l’intérêt supérieur du mineur.
Accusations interchangées
Dans de récentes déclarations, le président du gouvernement, Pedro Sánchez, a assuré qu’il est » absolument inacceptable » que le Maroc ait pu attaquer les frontières » de Ceuta avec l’assaut de milliers de personnes comme moyen de protester contre un problème de politique étrangère. De la même manière, la ministre de la Défense, Margarita Robles, a également utilisé un langage similaire et a directement accusé le pays africain d’envoyer des mineurs aux frontières.
De leur côté, les Marocains dénoncent le traitement réservé par l’État aux milliers d’enfants non accompagnés qui arrivent à la frontière avec l’Espagne.
Le gouvernement de la ville autonome de Ceuta estime qu’il y a encore quelque 3 000 personnes » errant » dans les rues, dont de nombreux mineurs, sur les plus de 10 000 personnes qui sont entrées dans la ville par la frontière avec le Maroc pendant les journées des 17 et 18 mai. Les autorités affirment qu’à l’heure actuelle, elles ont recensé environ 1 160 mineurs et qu’elles travaillent à la mise en place de nouveaux entrepôts dans la zone industrielle de Tarajal pour héberger les immigrés qui restent encore dans la rue afin qu’ils bénéficient d’une « prise en charge digne ».
El Nacional.cat, 5 juin 2021
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Le gaz algérien, le service « sanitaire » rendu au Polisario, le Maroc et Pedro Sánchez
Si le service rendu dans la « guérison » de Brahim Ghali à Logroño et l’affaire du gaz sont liées, elles n’ont encore été clarifiées par personne dans le gouvernement de Sánchez.
En octobre 2020, l’entreprise espagnole Naturgy et Sonatrach, la plus grande entreprise algérienne et contrôleur de gaz naturel, ont conclu un accord pour revoir les conditions commerciales des différents contrats de gaz existant entre les parties, comme l’a rapporté le président de l’entreprise espagnole, Francisco Reynés, à la Commission nationale du marché des valeurs (CNMV).
Naturgy, l’ancien Gas Natural Fenosa et maintenant Naturgy Energy Group, S.A. (NEGSA), est une société espagnole spécialisée dans le secteur du gaz et de l’électricité, dont les sièges sont situés à Barcelone et à Madrid. Elle est considérée comme l’une des trois plus grandes entreprises du secteur de l’électricité en Espagne. Avec Endesa et Iberdrola, elle contrôle 90 % du marché de l’électricité et est étroitement liée au gaz naturel.
Comme l’a analysé le Libre Mercado, cet accord, qui a révisé les dispositions sur les prix, le volume et la durée, indique la volonté de Sonatrach et de Naturgy de prolonger leur partenariat à long terme initié il y a plusieurs décennies et montre la volonté des deux sociétés de consolider leur alliance stratégique et historique sur le long terme.
Au même moment, la visite officielle du gouvernement espagnol présidée par Pedro Sánchez lui-même en Algérie a coïncidé avec une réunion parallèle du président de Naturgy, Francisco Reynés, et du président-directeur général de Sonatrach, Toufik Hakkar.
L’accord sur ces modifications a renforcé l’alliance de Naturgy et Sonatrach, dont la relation d’affaires remonte à 1970 et qui se partagent la propriété du gazoduc Medgaz, qui relie les deux pays, avec 49% et 51%, respectivement.
La pandémie de covid-19 a durement touché le secteur pétrolier et gazier et l’Espagne a assuré l’approvisionnement en gaz algérien avec des ajustements à la baisse qui ont profité à la société espagnole en bourse.
Mais la question est de savoir si ces négociations ont inclus des gestes en faveur de l’allié de l’Algérie dans son conflit avec le Maroc, le Front Polisario. Après l’entrée illégale et secrète de Brahim Ghali en Espagne, le conflit entre l’Espagne et le Maroc est devenu visible, un conflit dans lequel, en plus d’autres facteurs connus, le renouvellement de la concession du gazoduc du Maghreb qui passe par le Maroc, nécessaire pour l’Espagne, bien que moins, et qui doit être renouvelé en octobre prochain, peut également être présent.
Aujourd’hui, le gaz algérien arrive également en Espagne via un autre gazoduc, appelé Medgaz, qui relie directement l’Espagne et l’Algérie. Naturgy a acheté du gaz à l’Algérie il y a deux ans pour 30.000 millions d’euros, mais a ensuite essayé de négocier un nouveau contrat en raison de la chute du gaz sur les marchés, réduisant l’achat à moins de 15.000 millions.
Le gazoduc algéro-espagnol ne plaît pas beaucoup au Maroc car il cesse de percevoir des « péages » pour le transport du gaz à travers son territoire. La construction d’une section de 200 kilomètres du gazoduc à travers l’Algérie à partir de la frontière algéro-marocaine rend presque inutile le passage du gaz par le Maroc, ce qui pourrait être une autre des causes du conflit. Il est dans l’intérêt de l’Espagne de maintenir les deux arrivées de gaz car la dépendance à l’égard d’un seul pays, en cas de conflit, pourrait être très dommageable.
Si le service rendu de » soigner » Brahim Ghali à Logroño et la question du gaz sont liées, elles n’ont encore été clarifiées par personne dans le gouvernement de Pedro Sánchez. Il est connu que ce type de négociations génère des commissions substantielles dont on n’a jamais entendu parler. Malgré tout, en janvier dernier, l’Espagne avait le prix du gaz naturel le plus cher de l’Union européenne.
Libertad Digital, 04 juin 2021
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