Étiquette : Espagne

  • La France évite de critiquer le Maroc et soutient l’Espagne après la crise de Ceuta, qu’elle attribue à une « tension diplomatique ».

    Il plaide pour une reprise de la coopération avec Rabat et pour « une politique migratoire plus européenne ».

    Le secrétaire d’État français aux affaires européennes, Clément Beaune, a qualifié le phénomène migratoire d’ »européen » et a déclaré « soutenir » l’Espagne après un « épisode particulier » avec le Maroc qu’il attribue à une « tension diplomatique » entre les deux pays voisins.

    La migration, a-t-il déclaré, « est un problème européen », quelques heures à peine après que le ministre marocain des affaires étrangères, Nasser Bourita, a accusé l’Espagne de vouloir que l’Europe soit celle qui « assume » la crise découlant de la prétendue « entrée frauduleuse » du secrétaire général du Front Polisario, Brahim Gali. Le gouvernement français a évité de critiquer le Maroc dans sa première réaction après le pic des arrivées à Ceuta et, par l’intermédiaire de Beaune, a prôné la « reprise de la coopération » avec le royaume alaouite. Il a toutefois reconnu qu’il y a eu un « épisode spécifique » où « l’Espagne a été mise dans une situation difficile ».

    Ainsi, le secrétaire d’État français a déclaré dans des déclarations à la chaîne BFMTV que, après le « pic » des arrivées et les « images déchirantes » de Ceuta, la France « soutient » l’Espagne, même si elle est allée plus loin et a plaidé pour une meilleure gestion des frontières et, en général, pour « une politique migratoire plus européenne », rapporte Europa Press. Beaune a évoqué le renforcement de l’agence frontalière Frontex ainsi qu’un mécanisme de répartition des migrants et des réfugiés, bien que sur ce dernier point elle ait rappelé le refus de pays comme la Hongrie et la Pologne, qui se sont traditionnellement opposés aux plans de solidarité avec les pays du sud de l’UE. Il a également appelé à renforcer le développement pour freiner la migration à la source.

    La Voz de Asturias, 24 mai 2021

    Etiquettes : Espagne, Maroc, Ceuta, migration, France, Union Européenne,

  • Maroc . L’AMDH dénonce le refoulement « illégal » de réfugiés à Ceuta

    Crise migratoire : une association marocaine dénonce le refoulement « illégal » de réfugiés à Ceuta, près de 1000 mineurs toujours coincés

    Crise migratoire : une association marocaine dénonce le refoulement « illégal » de réfugiés à Ceuta, près de 1000 mineurs toujours coincés

    L’Association marocaine des droits humains (AMDH) a accusé l’Espagne d’avoir refoulé « illégalement » 40 réfugiés yéménites, dont un mineur, de l’enclave espagnole de Ceuta pendant la crise migratoire de la semaine dernière, dans un message publié sur Facebook.

    Ces réfugiés yéménites « étaient enregistrés et installés au centre d’accueil des demandeurs d’asile » avant la crise et ils ont été conduits « de force vers la frontière marocaine » par « la police et par les militaires espagnols », a dénoncé ce dimanche soir l’association AMDH, basée à Nador (nord).

    Cette expulsion, mardi, est « une grave violation des droits de ces migrants, reconnus comme réfugiés par le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés », a déclaré lundi à l’AFP Omar Naji, un militant de cette association.

    La semaine dernière, quelque 10.000 migrants, essentiellement Marocains et rêvant d’émigrer en Europe, ont tenté de rallier l’enclave espagnole de Ceuta en profitant d’un relâchement délibéré des contrôles frontaliers côté marocain, sur fond de crise diplomatique majeure entre le Maroc et l’Espagne.

    Plus de 6000 migrants ont été expulsés de l’enclave, avec, à partir de jeudi, une entente logistique entre les deux pays pour organiser les retours.

    A l’origine de la crise entre Rabat et Madrid, l’hospitalisation de Brahim Ghali, chef du Front Polisario, sur le sol espagnol, après avoir contracté le Covid-19.

    Rabat affirme que le chef du mouvement indépendantiste sahraoui, soutenu par Alger, a voyagé de façon « frauduleuse » « avec un passeport falsifié » et réclame une enquête « transparente » sur les conditions de son arrivée, que Madrid a justifiée par des « raisons humanitaires ».

    Des ONG ont dénoncé le traitement des migrants pendant l’afflux sur Ceuta. Amnesty International a notamment affirmé que certains, dont des mineurs, ont été « battus » par les forces espagnoles et a demandé une enquête sur ces « abus ».

    Un millier de mineurs toujours bloqué

    Environ un millier de migrants mineurs se trouvaient encore lundi dans l’enclave espagnole de Ceuta, d’où 7500 personnes ont été renvoyées vers le Maroc voisin depuis le début de la semaine dernière, ont indiqué les autorités espagnoles.

    Ces mineurs non accompagnés errent dans les rues ou sont hébergés dans des centres gérés par les autorités locales, qui doivent étudier chaque cas pour décider d’un renvoi vers le Maroc ou d’un maintien en Espagne. Un porte-parole du ministère espagnol de l’Intérieur a estimé à « autour de mille » le nombre de ces mineurs. Il a rappelé qu’ »entre 8000 et 9000″ migrants, un chiffre sans précédent, étaient entrés en début de semaine dernière à Ceuta.

    Pour leur part, les autorités de Ceuta, une des deux villes espagnoles enclavées sur la côté méditerranéenne du Maroc, avaient même évoqué le chiffre de 10.000 personnes. La ville a une population d’environ 85.000 habitants. Quelque 7500 personnes ont été renvoyées vers le Maroc, a déclaré à l’AFP ce porte-parole de l’Intérieur.

    Mais il n’a pas précisé combien de mineurs étaient déjà repartis pour le Maroc.

    Plusieurs ONG ont rappelé que des mineurs ne pouvaient pas être refoulés sans un examen préalable détaillé de leur situation. Deux migrants étaient morts par noyade en tentant de rallier Ceuta, alors qu’un jeune Marocain qui avait tenté de se pendre vendredi avait été sauvé de justesse. Par ailleurs, un mineur a subi dimanche une fracture de la jambe, a annoncé la police espagnole dans un communiqué. Ces milliers de migrants, jeunes en majorité, avaient mis à profit la passivité des contrôles frontaliers côté marocain sur fond de crise diplomatique entre le Maroc et l’Espagne. Rabat est furieux après Madrid depuis l’arrivée le mois dernier en Espagne, pour y être soigné, du chef des indépendantistes sahraouis du Front Polisario, Brahim Ghali, ennemi juré du Maroc. Sur ce sujet, le ministre espagnol de la Justice, Juan Carlos Campo, a estimé lundi lors d’un forum économique que la crise avec le Maroc était en voie de résolution.

    RTBF, 24 mai 2021

    Etiquettes : Maroc, Espagne, Ceuta, refoulement, retournement à chaud,

  • Espagne : Le gouvernement rappelle au Maroc la réponse forte de l’UE sur Ceuta.

    Le gouvernement continue de travailler à la reconstruction de ses relations diplomatiques avec le Maroc après la crise de Ceuta et, lundi, il a voulu montrer une fois de plus qu’il a le soutien de l’Union européenne, face aux tentatives de Rabat de dissocier complètement l’UE de cette question. En outre, des sources gouvernementales ont rappelé au Maroc que l’Espagne est son « principal soutien » en Europe, également lorsqu’il s’agit de parler d’aide et de questions migratoires.

    Dans ce sens, l’Exécutif estime que la position de « solidarité » et d’ »unisson » de l’UE avec l’Espagne a été évidente la semaine dernière et que le Maroc est pleinement conscient de sa situation et de sa réalité, sans qu’il soit nécessaire que l’Europe agisse.

    Pour cette raison, le président Pedro Sánchez n’a pas demandé que cette question spécifique soit abordée lors du Conseil européen qui se tiendra entre lundi et mardi. Les sources consultées soulignent qu’il pourrait en tout cas faire référence à la crise de Ceuta lorsque sera débattue ce soir la demande de l’Italie d’inclure dans le prochain sommet de juin un point sur les mécanismes européens de gestion de l’immigration.

    Le gouvernement a également souligné les déclarations publiques faites par des dirigeants tels que le Haut Représentant de l’Union européenne pour la politique étrangère, Josep Borrell, rappelant au Maroc qu’une partie de l’aide qu’il reçoit « est conditionnée par son comportement ».

    En tout cas, la Moncloa estime que la situation avec le Maroc s’améliore, bien que ce dimanche, le ministre marocain des Affaires étrangères, Naser Bourita, ait une nouvelle fois haussé le ton en accusant l’Espagne d’être responsable de la « création » de la crise provoquée par la présence en Espagne du leader du Front Polisario, Brahim Ghali, et de vouloir ensuite que l’Europe la prenne en charge.

    M. Bourita a notamment défendu qu’il s’agit d’une crise bilatérale « qui n’a rien à voir avec l’Europe » car « elle a été créée par une décision nationale de l’Espagne sans consulter ses partenaires européens ».

    Le ministère des Affaires étrangères a évité de répondre à cette nouvelle critique du Maroc et de Moncloa insiste sur le fait que la réponse donnée par l’Union européenne a peut-être même été la  » plus forte  » de ces dernières années à ce type de crise, car tout le monde est sorti à l’unisson pour montrer sa solidarité avec l’Espagne.

    Et ils soulignent également que le Maroc est conscient que l’Espagne est son principal soutien en Europe et dans les questions liées à la migration et à l’aide. Par ailleurs, les sources consultées rappellent que c’est l’Espagne qui demande que le Maroc soit pris en compte lorsqu’on parle de ces questions.

    Alerta, 24 mai 2021

    Etiquettes : Maroc, Espagne, Ceuta, Union Européenne, UE,

  • L’African Lion 2021 aura lieu à une vingtaine de km de l’Algérie

    Les États-Unis et le Maroc organisent le premier exercice militaire conjoint au Sahara.

    En pleine crise diplomatique et en plein conflit sur le séjour du Ghali, les manœuvres du « Lion d’Afrique » débutent le 7 juin avec près de 8 000 hommes.

    Les plus grandes manœuvres militaires jamais organisées en Afrique auront lieu en juin au large des îles Canaries. Les États-Unis et le Maroc, ainsi que d’autres pays mais sans la présence de l’Espagne, mettront en place un déploiement massif de ressources lors des exercices appelés African Lion, prévus du 7 au 18 juin. La principale particularité à cette occasion est qu’une grande partie des manœuvres se dérouleront pour la première fois en territoire saharien occidental, plus précisément dans la ville de Mahbes, près de la frontière avec l’Algérie en face des camps de réfugiés de Tindouf, et à Dakhla, l’ancienne Villacisneros, au sud du territoire saharien. Un autre scénario sera celui de Tan Tan, dans le sud du Maroc, l’un des points les plus proches des côtes des Canaries.

    Bien qu’elles aient été préparées par les deux pays depuis plusieurs mois, ces manœuvres interviennent à l’un des moments les plus complexes et conflictuels des relations entre l’Espagne et le Maroc. Alors que les images de milliers de migrants marocains entrant à Ceuta et l’indignation du gouvernement alaouite face à l’accueil en Espagne du leader du Front Polisario, Brahim Ghali, ne sont pas encore éteintes, les 2021 exercices du Lion africain sont une déclaration de force du régime de Mohamed VI sur le territoire de l’ancienne colonie espagnole avec le soutien sans équivoque des USA, après la reconnaissance de la souveraineté de Rabat sur le Sahara quand Trump était encore à Casablanca.

    Les experts s’accordent à dire qu’il s’agit du plus grand déploiement en Afrique d’exercices de ce type. En fait, pour le commandement américain sur le continent (Africom), African Lion est sa plus grande opération d’entraînement, et ce n’est pas en vain que les chiffres et le déploiement le montrent : environ 8 000 soldats – 7 800 selon les données connues – provenant de neuf pays, bien que le Maroc et les États-Unis aient mis le gros des contingents ; 21 avions militaires et 46 autres supports ; plus de 100 véhicules blindés ; deux bateaux ; 24 millions de dollars de budget et 21 pays en tant qu’observateurs. Contrairement aux autres éditions, l’Espagne ne participe pas à cette occasion, ni sur le terrain ni en tant qu’observateur, une décision que le ministère de la Défense avait prise il y a plusieurs mois, indépendamment de la situation actuelle des relations avec Rabat. L’importance du Lion d’Afrique est démontrée par le général James C. McConville, chef d’état-major de l’armée américaine, qui a souligné l’importance stratégique de ces manœuvres sur ses réseaux sociaux.

    Ces exercices sur terre interviennent trois mois seulement après les manœuvres navales et aériennes que le pays nord-américain et le royaume du Maghreb ont également déployées au nord des îles Canaries en mars et dont l’Espagne et le gouvernement autonome n’avaient pas connaissance. Les contrôleurs aériens des îles ont été « surpris par le survol de l’espace aérien espagnol par des avions militaires américains ». Le porte-avions USS Dwight D. Eisenhower a traversé l’océan au nord de l’île de La Palma et il existe des preuves que plusieurs chasseurs ont envahi l’espace aérien espagnol à différents moments. Tout cela s’est produit au cours de la première quinzaine de mars, sans avertissement préalable, comme l’indique la réponse officielle du gouvernement des îles Canaries à une question du Parlement.

    Ces démonstrations militaires en si peu de temps interviennent à un moment où le régime marocain est devenu le principal allié des États-Unis en Afrique du Nord, son principal acheteur d’armes et où Rabat exerce une pression accrue sur ses voisins, l’Algérie et la Mauritanie, pour accroître sa main de fer sur le territoire du Sahara occidental. Outre les péripéties du phénomène migratoire, le Maroc a étendu il y a plus d’un an ses eaux territoriales, ce qui affecte directement les îles Canaries, mais il prend également des positions de plus en plus fréquentes sur le statut marocain de Ceuta et Melilla. Rabat se présente à l’Europe et aux Etats-Unis comme le pays capable de contenir l’immigration irrégulière mais aussi le djihadisme et l’extrémisme en provenance du Sahel. Cela nécessite de l’argent, une formation militaire et des armes, trois aspects pour lesquels Washington n’a pas hésité à soutenir Rabat.

    Le mandat de Donald Trump a été hautement bénéfique pour le royaume alaouite. Rabat a non seulement obtenu des États-Unis qu’ils valident la souveraineté marocaine sur le Sahara – en échange de la reconnaissance par le Maroc de l’État d’Israël – mais aussi un contrat de vente d’armes d’une valeur astronomique pour le réarmement du pays maghrébin. En décembre, les deux gouvernements ont négocié un contrat d’une valeur de 825 millions d’euros. Au cours de l’exercice 2020, le pays du Maghreb a augmenté ses dépenses militaires de 30%, pour atteindre plus de 4 800 millions de dollars. Des drones de pointe, des hélicoptères de combat, des avions F-16, des missiles, des chars et une large gamme d’armes ont été acquis ou sont en cours d’acquisition pour moderniser les forces armées marocaines, ce qui est considéré avec une certaine inquiétude en Espagne et avec préoccupation par l’Algérie voisine, un pays qui protège le Front Polisario et accueille les camps de réfugiés de Tindouf sur son territoire.

    Le même jour que plus de 8000 migrants sont arrivés à Ceuta dans un flux sans précédent devant la passivité de la police marocaine, ont commencé à arriver à la base militaire américaine de Moron de la Frontera (Séville) des avions qui participeront aux manœuvres African Lion 2021. Il s’agit de quatre bombardiers stratégiques B-52H de la base militaire de la Louisiane, véritables forteresses aériennes de 56 mètres d’envergure et 48 mètres de long.

    Les forces armées américaines et marocaines se préparent depuis plusieurs mois aux exercices qui se dérouleront dans le sud du Maroc et au Sahara occidental. Fin mars, des commandants supérieurs des deux armées se sont réunis à Agadir pour concevoir la logistique de l’opération, tandis qu’en avril, les États-Unis ont envoyé plusieurs inspecteurs dans le pays pour vérifier que toutes les pistes militaires marocaines étaient opérationnelles pour leurs avions.

    Il y a quelques jours, le commandement américain pour l’Afrique (Africom) a publié une note sur son site web dans laquelle le capitaine Jack Robinson explique que « l’African Lion 21 jouera un rôle important dans la dissuasion stratégique et le renforcement des alliés » dans la région. « En inspectant plusieurs aérodromes à l’appui de l’exercice, nous facilitons directement les opérations et, par conséquent, les objectifs stratégiques globaux et de renforcement du partenariat », déclare le commandement américain.

    Un autre capitaine, Jacob Pond, souligne le partenariat avec Rabat : « Le Maroc est le plus ancien partenaire des États-Unis », a déclaré M. Pond. « Cette mission permet à nos deux pays de mieux se comprendre et de s’apprécier mutuellement sur le plan tactique et stratégique. J’ai une appréciation beaucoup plus profonde du rôle du Maroc dans la région qu’auparavant. »

    Outre les troupes américaines et marocaines qui participent aux exercices militaires, d’autres pays africains fournissent également des troupes, comme la Tunisie et le Sénégal, des Européens comme l’Italie, le Royaume-Uni et les Pays-Bas, ainsi que des Américains comme le Canada et le Brésil. La plupart des 21 pays observateurs sont africains, mais le Portugal, le Danemark, Malte, la Norvège et la Pologne sont également présents.

    Mais ce qui est le plus frappant, c’est que les principales opérations et exercices des troupes ont lieu sur le territoire sahraoui. Sans aucun doute, la reconnaissance par les Etats-Unis de la nature marocaine du Sahara Occidental a été un facteur clé dans l’approbation par Africom des manœuvres dans cette zone. Et une partie des exercices se déroulera dans l’un des principaux points chauds du conflit entre le Maroc et le Front Polisario, puisque de nombreuses attaques successives du Polisario contre l’armée alaouite ont eu lieu précisément dans la région de Mahbes, dans le coin nord-est du Sahara occidental, très près de l’endroit où le nouveau mur a été érigé. Rabat a étendu le mur de défense au Sahara Occidental de 50 kilomètres supplémentaires autour d’une commune rurale appelée Touizgui, située à l’extrême sud-est du Maroc et à seulement trois kilomètres de la frontière avec l’Algérie et des camps de réfugiés sahraouis de Tindouf. Tan Tan et Mahbes accueilleront les manœuvres terrestres et aériennes, ainsi que les opérations contre les « organisations terroristes », dans un message clair au Polisario.

    En effet, le Maroc a répété qu’il respectait les territoires dits libérés, mais ces derniers temps, il a envoyé de plus en plus d’avertissements indiquant qu’il n’avait pas l’intention de maintenir ce statu quo et qu’il voulait étendre son contrôle jusqu’aux confins du Sahara.

    Et en toile de fond de cette situation tendue des relations entre l’Espagne et le Maroc, le séjour du leader du Front Polisario, Brahim Ghali, souffrant d’une grave maladie qui s’est aggravée à cause du Covid. Le retour de Ghali à la tête du Polisario et de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) a précisément marqué l’aggravation de la situation dans l’ancienne colonie espagnole, puisque le leader sahraoui fait partie de la « ligne dure » du mouvement qui réclame l’autodétermination du Sahara. En fait, les affrontements ont repris avec l’arrivée du Ghali bien que dans la guerre médiatique qui domine ce conflit, Rabat n’ait jamais reconnu que la guerre avait repris mais seulement des escarmouches.

    Dans ce contexte de crise diplomatique entre Madrid et Rabat à cause du Ghali et de crise dans le territoire sahraoui à cause d’un conflit toujours enraciné, des manœuvres de grande envergure sont prévues tant sur terre, aéroportées, maritimes, forces spéciales, aériennes, actions civilo-militaires, exercice et simulation. Selon les médias spécialisés, « l’un des exercices combinés les plus importants au monde » est en préparation, ce qui donne une idée de l’importance que les Etats-Unis accordent à l’Africain Lion 2021 pour consolider leur présence dans cette zone du continent et garantir la sécurité face aux risques des groupes djihadistes qui opèrent en Algérie et dans le sud de la Mauritanie.

    El Día, 24 mai 2021

    Etiquettes : Etats-Unis, Maroc, Espagne, Algérie, Sahara Occidental, Mahbes, Dakhla, Villa Cisneros,

  • L’UE est devenue vulnérable au chantage

    Commentaire de l’invité sur la situation à Ceuta

    Les migrants doivent pouvoir venir en Europe en toute sécurité – mais pas de la manière dont les Verts le souhaitent.

    L’UE est devenue vulnérable au chantage. Le manque de volonté de parvenir à un accord politique est l’obstacle crucial à une intégration européenne plus profonde et à une aide durable à long terme pour l’Afrique. Le temps presse. Une solution ne peut plus attendre.

    Ces derniers jours, des milliers de personnes ont tenté de rejoindre l’enclave espagnole de Ceuta en Afrique depuis le Maroc. A la nage, à pied sur les plages à marée basse ou en canot pneumatique, ils ont voulu tenter leur chance pour une vie meilleure. C’est compréhensible. Le Maroc n’est pas une démocratie libérale, mais c’est un pays stable dont le bilan en matière de droits de l’homme est tolérable au regard des normes régionales. Mais le Covid-19 a, à tout le moins, aggravé les perspectives économiques de la jeune population du pays.

    C’est la cause, mais pas la cause, de la ruée vers l’enclave espagnole. Le déclencheur immédiat a été un problème interne, ou du moins intra-africain, entre le Maroc et les milices du Polisario. Parce que l’Espagne a traité ses dirigeants médicalement, le Maroc a été scandalisé et fait maintenant du chantage à l’Espagne – et avec elle toute l’UE.

    C’est intolérable. Il est tout aussi intolérable que le président turc mène l’UE par le bout du nez depuis des années en utilisant les réfugiés syriens en Turquie comme moyen de pression. Tout aussi intolérable est le soutien de l’UE aux forces en Libye qui promettent de manière très crédible à l’époque qu’elles arrêteront la migration à travers leur pays au plus tard à la côte. Et tout aussi intolérable est l’indifférence avec laquelle l’UE assiste à la transformation de l’Égypte en un État totalitaire, tant que personne n’en fuit.

    La politique migratoire ne peut être le seul principe directeur de notre politique étrangère, de sécurité et des droits de l’homme. Et l’UE doit enfin cesser de conclure des accords avec ses maîtres chanteurs. Parce qu’il y a suffisamment de moyens de pression – ne serait-ce qu’en raison de l’importante aide au développement que nous accordons à ces États.

    La pression migratoire en provenance d’Afrique ne cessera pas dans un avenir prévisible

    Mais il serait préférable de ne pas dépendre du tout de la bonne volonté de nos voisins. Je trouve donc d’autant plus surprenant que la gauche et les Verts critiquent maintenant bruyamment les refus des autorités de sécurité espagnoles en les qualifiant d’inhumains. Si chaque passage de frontière est récompensé par une admission, alors nous créons une course. Et cette course ne commence pas sur la plage au Maroc, elle commence dans les bidonvilles de Lagos, dans les villages de l’est de la Guinée-Bissau et parmi les bergers du nord de la Mauritanie. Nous nous rendons complices des trafiquants si nous affirmons que ceux qui parviennent jusqu’à nous ont gagné – et que tous les autres n’ont pas gagné.

    C’est pourquoi nous avons besoin d’une protection solide des frontières et de quotas d’admission fixes pour les réfugiés, comme les États-Unis le pratiquent avec succès depuis des décennies. Parce que la pression migratoire économique de l’Afrique ne cessera pas dans un avenir prévisible. La croissance économique est trop faible, le taux de natalité trop élevé et, surtout, des régimes kleptomanes comme l’Érythrée continuent de sucer leur population à blanc, bloquant toute création de richesse.

    L’automne dernier, la Commission européenne a présenté un ensemble de règlements de plus de 400 pages sur la réforme, ou plutôt la justification, d’une politique migratoire européenne. Le résultat des consultations menées jusqu’à présent n’est pas digne de l’UE. Hormis quelques questions techniques, les Etats membres n’ont pas avancé d’un millimètre. L’arrêt des négociations à Bruxelles est toujours synonyme de progrès pour les passeurs et les trafiquants d’Afrique du Nord. Tous les gouvernements, de Varsovie à La Haye en passant par Porto, doivent enfin s’en rendre compte.

    Aider l’Afrique à combler plus rapidement l’écart de prospérité avec nous

    Le poids politique que tous les gouvernements mettent dans la balance pour parvenir à un accord sur la protection du climat ou sur les questions financières doit également être utilisé pour résoudre le « problème des problèmes » de l’UE. Mais pour ce faire, chacun doit sortir d’un millimètre de sa coquille nationale. Ceci est d’un intérêt élémentaire pour nous, Allemands, au cœur de l’Europe, si nous voulons préserver et renforcer la cohésion de l’UE.

    C’est pourquoi, en tant qu’UE, nous devrions permettre aux personnes victimes de persécutions de demander des visas humanitaires avec des quotas flexibles. Nous serions alors également en mesure de répondre plus rapidement à des crises telles que celle du Tigré. En outre, nous devons lancer une initiative en matière d’éducation – pour les étudiants africains qui souhaitent étudier en Allemagne et faire ensuite profiter leur pays d’origine de devises étrangères et, à leur retour, de leur savoir-faire.

    Ainsi, nous pourrions mieux assumer notre responsabilité en matière de droits de l’homme, aider l’Afrique à combler plus rapidement l’écart de prospérité qui la sépare de nous, montrer à ceux qui souhaitent migrer une voie inoffensive vers l’Europe – via l’éducation et la formation – et restructurer notre politique dans la région – sans fausses priorités qui font de nous le jouet d’intérêts étrangers.

    L’antisémitisme chez les migrants : Nous avons besoin d’un groupe de travail contre la moralité des élites gauchistes !

    Focus Online, 23 mai 2021

    Etiquettes : Espagne, Maroc, UE, Union Européenne, Ceuta, migration, chantage,

  • Ceuta montre à quel point l’UE est devenue un objet de chantage (DW)

    L’UE a besoin du Maroc pour prévenir la migration illégale. Mais parce qu’elle externalise ses contrôles frontaliers, elle est en partie responsable de la situation actuelle. De Bruxelles Marina Strauß.

    Ce sont les mots lapidaires que choisit Margaritis Schinas dans une interview à la radio espagnole : L’Europe ne se laissera « intimider » par personne et ne sera « pas victime de telles tactiques ». Le vice-président de la Commission européenne fait référence aux milliers de migrants qui ont traversé à la nage le Maroc pour rejoindre l’exclave espagnole de Ceuta – ce qui n’a été possible en si grand nombre que parce que les forces de sécurité marocaines les ont autorisés à passer, contrairement à ce qui était stipulé dans les accords avec l’Espagne et l’UE.

    Alberto-Horst Neidhardt considère les propos du commissaire européen Schinas comme une « triste ironie ». Parce que c’est l’UE elle-même qui – surtout depuis les grands mouvements migratoires de 2015 – a externalisé le contrôle des frontières extérieures de l’Union à d’autres États, affirme l’analyste du think tank European Policy Centre (EPC), basé à Bruxelles.

    Si ces États n’appréciaient pas les actions de l’UE ou d’un pays de l’UE, ils pouvaient riposter en ne contrôlant plus les frontières – comme c’est le cas actuellement avec Ceuta. « La dimension humaine tragique de ce jeu de pouvoir politique est que les migrants et les demandeurs d’asile doivent être utilisés comme monnaie d’échange », a déclaré M. Neidhardt.

    Blanca Garcés, chercheuse sur les migrations au Centre des affaires internationales de Barcelone (CIDOB), qualifie les événements de Ceuta d’ »avertissement » pour mettre davantage de pression sur le gouvernement espagnol et l’UE. « L’idée est de montrer ce qui pourrait se passer si le Maroc cessait de contrôler la frontière espagnole et donc la frontière extérieure de l’UE », explique M. Garcés.

    Le Maroc était auparavant considéré comme un modèle

    Il n’y a rien de nouveau à ce que des personnes originaires du Maroc et d’autres régions d’Afrique tentent de se rendre à Ceuta – ou à Melilla, la deuxième exclave espagnole en Afrique du Nord. Ces deux villes sont des vestiges de l’époque coloniale espagnole et constituent la seule frontière terrestre de l’UE avec le continent africain.

    En fait, le Maroc était considéré comme un exemple modèle en matière de coopération sur la migration, déclare Alberto-Horst Neidhardt de l’EPC basé à Bruxelles. « Mais les événements de ces derniers jours dressent un tableau beaucoup plus mitigé ».

    Le fait qu’un si grand nombre de migrants aient fait leur chemin cette fois-ci est en partie dû à la situation économique désastreuse de la région limitrophe de Ceuta. L’autre raison est un conflit diplomatique entre les gouvernements espagnol et marocain. Le conflit porte sur le Sahara occidental, une ancienne colonie espagnole que le Maroc revendique pour lui-même. Parce que l’Espagne fournit des soins médicaux au chef du mouvement indépendantiste, le Front Polisario, le ministre marocain des droits de l’homme, Mustapha Ramid, a accusé Madrid, dans une publication sur Facebook, de prendre parti pour le Front Polisario.

    Sur la question du Sahara Occidental, la position de l’UE n’a pas changé, un porte-parole de la Commission européenne a clarifié cette semaine. Selon la déclaration, l’Union européenne considère le Sahara Occidental comme un territoire non autonome et soutient le processus des Nations Unies, qui est censé conduire à un statut final. Cette position de l’UE est constante depuis des années – et n’a pas été influencée par la décision de l’ancien président américain Donald Trump de reconnaître la revendication du Maroc sur le Sahara occidental.

    Par conséquent, il est peu probable que le gouvernement marocain parvienne à modifier la position de l’UE. Mais il pourrait utiliser les migrants encore et encore comme monnaie d’échange, déclare Blanca Garcés du CIDOB. « C’est le prix à payer par l’UE pour mettre ses frontières entre les mains des pays voisins ».

    M. Garcés estime que la situation à Ceuta est comparable à celle qui régnait à la frontière turco-grecque au début de l’année 2020, la principale différence étant que la Turquie a utilisé les réfugiés comme levier politique, tandis que le Maroc utilise principalement ses propres ressortissants.

    Ces derniers jours, on a entendu de hauts fonctionnaires de l’UE dire qu’il y avait des discussions avec Rabat. Josep Borrell, l’Espagnol en charge de la politique étrangère, s’est dit certain que des solutions pourraient être trouvées dans un esprit de coopération. Sa collègue, la commissaire européenne Ylva Johansson, responsable de la migration, a déclaré que la tâche la plus importante était que le Maroc mette un terme à d’autres départs irréguliers.

    L’UE dépend du Maroc en matière de migration

    Une porte-parole de la Commission européenne a fait référence aux 346 millions d’euros de fonds européens actuellement approuvés pour divers projets au Maroc – entre autres, pour lutter contre les passeurs et aider les migrants sur le terrain.

    Il est très peu probable que l’Union européenne réduise ces paiements en réaction à Ceuta. « Nous devons encore attendre et voir si les événements affectent la confiance mutuelle », déclare Alberto-Horst Neidhardt du European Policy Centre basé à Bruxelles. « Cependant, il y a un fort intérêt des deux côtés à rétablir une coopération bénéfique pour tous, en ce qui concerne la migration, mais aussi dans d’autres domaines. »

    Dans tout le débat autour de Ceuta, la Commission européenne aime toujours faire référence à son pacte migratoire présenté à l’automne 2020. Un élément important de la proposition est de travailler plus étroitement avec les pays voisins pour empêcher les entrées illégales dans l’UE. Ceuta pourrait donc être un signe avant-coureur des choses à venir.

    DW, 21 mai 2021

    Etiquettes : Espagne, Maroc, Union Européenne, UE, Ceuta,

  • Une organisation agricole andalouse demande la suspension immédiate des accords commerciaux avec le Maroc.

    Elle a demandé à l’Europe de « ne pas céder au chantage de la dictature marocaine qui utilise une crise humanitaire pour arriver à ses fins politiques ».

    Dans une lettre adressée à la Commission Européenne, l’Union des agriculteurs et des éleveurs d’Andalousie (COAG Andalousie) a exigé « la suspension immédiate de l’accord préférentiel sur le commerce agricole que l’Union européenne a signé avec la dictature du Maroc, après les événements qui se sont produits le 19 mai, à la frontière espagnole ».

    Selon une dépêche publiée sur le site de COAG, dans des déclarations aux médias, le secrétaire provincial de COAG Almeria et représentant national des fruits et légumes de l’organisation, Andres Gongora, a soutenu que « l’Europe ne peut pas être autorisée à maintenir avec une dictature comme le Maroc, sans scrupules dans l’utilisation pour leurs fins politiques de la crise humanitaire de la migration des personnes, y compris les enfants, de l’Afrique vers l’Europe, un accord commercial similaire qui ne profite également que les fonds d’investissement et l’oligarchie du Maroc ».

    C’est pour toutes ces raisons que la Coordination andalouse des organisations d’agriculteurs et d’éleveurs (COAG) exige la suspension immédiate des accords commerciaux avec le pays africain, une demande qui sera transmise, à son tour, aux euro-parlementaires espagnols et aux autorités gouvernementales compétentes.

    Du côté du COAG, « nous espérons qu’une fois pour toutes, l’Espagne et l’Europe reviennent à la raison et ne succombent pas au chantage marocain », a déclaré M. Góngora à propos des tristes événements survenus à la frontière espagnole.

    Etiquettes : Espagne, Maroc, Ceuta, Union Européenne, UE, migration,

  • Maroc-Espagne : L’UE sauve Sánchez des mâchoires de Mohamed VI (média espagnol)

    Le président du gouvernement a également été sauvé par l’armée et la Guardia Civil, les mêmes corps que certains de ses ministres désavouent.

    Par Graciano Palomo

    La « Marche noire » décrétée, organisée et exécutée avec une précision militaire par le gouvernement du roi Mohammed VI était aussi prévisible qu’annoncée. Il fallait simplement savoir un minimum comment le régime « alaouite » se comporte lorsqu’on touche à son nationalisme exacerbé et à ce qu’il considère comme essentiel pour la survie de son statu quo particulier. Quelqu’un au sein du gouvernement devra tôt ou tard expliquer pourquoi il a ignoré les services de renseignement qui ont souligné les « inconvénients » pour les intérêts de l’Espagne d’accueillir un chef militaire du Front Polisario – accusé de crimes contre l’humanité, de torture et d’autres broutilles – et « ignoré » la réaction brutale plus que certaine de Rabat, qui a de nombreux avantages sur Sánchez, c’est-à-dire la gestion de son opinion publique et publiée et le soutien incontestable des Etats-Unis (au-delà de Biden et avec Biden) et une certaine condescendance ancestrale d’autres puissances comme la France et l’Allemagne, sans aller plus loin, qui ont des intérêts économiques et même stratégiques très déterminants dans la puissance maghrébine. Conclusion : le soulèvement – femmes et enfants compris – s’est terminé, pour l’instant, par la fermeture de la frontière marocaine de Ceuta alors que le gouvernement était manifestement débordé et par des milliers de mineurs obligés de rester sur le territoire national.

    C’est une ironie historique qu’après tout ce qui s’est passé – l’annexion du Sahara occidental et sa Marche verte, les bombes du 11-M, entre autres corollaires du passé récent – les nombreuses agences de renseignement et de sécurité payées par le contribuable espagnol n’ont pas réussi à convaincre les membres les plus sensés de l’exécutif (franchement, peu sont épargnés) de la stupidité de provoquer le Maroc dans une affaire d’importance capitale pour le satrape, allant jusqu’à introduire Ghali en Espagne sous un faux nom à deux reprises. Pensent-ils que les services de renseignement marocains sont stupides ? Pourquoi ont-ils méprisé l’une des diplomaties les plus raffinées au monde ? Ont-ils pensé que le puissant service de renseignement de Rabat pouvait se moquer d’une chose aussi grossière que de donner un passeport diplomatique à un chef militaire recherché par terre, mer et air ?

    La Moncloa commettra une autre grosse erreur si elle pense qu’avec cette « invasion » le Maroc sera satisfait. Un Berbère, un Rifain, n’oublie jamais un affront. Sánchez a été sauvé par l’armée et la Guardia Civil, les mêmes corps que certains de ses ministres désavouent. Mais, il faut le dire clairement, Rabat a reculé sous la pression de l’Union européenne – malgré les réticences initiales de Paris – qui a imposé une loi démocratique en faveur d’un de ses partenaires. Sanchez n’est évidemment pas responsable de cette agression, mais il est responsable du fait qu’elle l’a surpris, une fois de plus, en train de jouer au petit homme d’État. La Moncloa commettra une autre erreur majeure si elle croit qu’avec cette « invasion » le Maroc sera satisfait. En raison de ce qui s’est passé, qui aurait pu conduire à une crise nationale comme celles qui ont consumé l’Espagne dans le passé, il faut espérer que les anti-européens convaincus et avoués ont décliné leurs drapeaux à cet égard. Et que Sanchez, pour une fois, se consacrera à pratiquer ce qu’il prêche (dialogue et consensus) et essaiera de ne plus donner de « gato por boa ». PS. Pour ceux qui ne voient pas le Roi dans ce désordre, un rappel. Le monarque ne peut lever le petit doigt, ni dans ce conflit ni dans aucun autre, s’il n’a pas l’approbation expresse du gouvernement. Comprenez-vous ? 2PD. Ce qui s’est passé à la frontière de Ceuta devrait ipso facto produire un changement chez certains ministres : ceux qui ont facilité l’arrivée du Ghali, ceux qui n’étaient au courant de rien et ceux qui étaient au courant de tout. C’est le gouvernement algérien qui a divulgué la nouvelle de la présence du Polisario en Espagne. De cette manière, les relations entre les deux pays ont été rompues et l’Algérie est devenue l’arbitre dans la région. Comment allez-vous, Mme González Laya ? Êtes-vous calme et bien portante ?

    El Confidencial, 22 mai 2021

    Etiquettes : Maroc, Espagne, Ceuta, migration, Union Européenne, UE,

  • Maroc: Mohamed VI et le sourire de la hyène rayée (média espagnol)

    La monarchie marocaine est une théocratie : cela signifie que le Roi est, en même temps, l’Amir al-Mu’minin, le chef spirituel de son peuple, son chef religieux.

    Mohammed ben Hassan ben Mohammed ben Youssef el Alaoui, connu aujourd’hui sous le nom de Roi Mohammed VI du Maroc, est né à Rabat le 21 août 1963. Il était le deuxième des cinq enfants (mais le premier fils) du roi Hassan II et de sa seconde épouse, Lalla Latifa Hammou. Il a eu, comme il est facile de le comprendre, une éducation exquise. Élevé parmi des gouvernantes, il commence à étudier à l’école coranique du palais royal de Rabat. En 1985, il a obtenu une licence en sciences juridiques, économiques et sociales de l’université de Rabat. Deux ans plus tard, il obtient le certificat d’études supérieures (CES), avec mention, en sciences politiques. L’année suivante, il a obtenu le même diplôme en droit public. À l’âge de 25 ans, son père décide de l’envoyer à Bruxelles pour « compléter son éducation » sous la tutelle personnelle de Jacques Delors, alors président de la Commission européenne.

    Le jeune prince n’a jamais vraiment aimé étudier, mais il a rapidement acquis une passion remarquable pour l’argent, le luxe et ce que l’on pourrait appeler une vie privée passionnante. C’est pourquoi il a préféré (et préfère aujourd’hui) vivre autant que possible en dehors du Maroc ; il aime la France, où il possède plusieurs manoirs impressionnants et où il peut faire ce qu’il veut avec beaucoup moins de risques que dans son propre pays. Il n’a pas hérité de l’intelligence de son père, mais il a hérité de toute sa ruse, de sa fierté et d’un caractère que l’on pourrait qualifier de compliqué.

    La monarchie marocaine est une théocratie : cela signifie que le Roi est, en même temps, l’Amir al-Mu’minin, le chef spirituel de son peuple, son chef religieux. Politiquement, le Maroc est un hybride entre les monarchies médiévales et les monarchies absolues : le Roi a tous les pouvoirs, sans exception, et ce n’est pas tant le gouvernement qui porte le poids du pays que la cour, qui est très nombreuse, et ceux qui y ont un réel poids, qui sont quelques officiers militaires, des chefs ethniques ou des parents ingrats avec le Roi. Il est vrai que de temps en temps il y a des élections, mais les citoyens ne peuvent choisir qu’entre les partis consentis par le Roi.

    Ceci est important car, dès son plus jeune âge, il était clair que Mohammed n’était pas doté par le Ciel pour le travail de gouvernement. Celui qui l’était, et de très loin, était son frère cadet Rachid, de sept ans plus jeune que l’héritier ; un jeune homme intelligent, discipliné et ambitieux – comme tout le monde – que beaucoup de Marocains considéraient comme l’ »héritier naturel » de son père, qui ferait le nécessaire pour que, le moment venu, ce soit le plus jeune et non l’aîné qui lui succède sur le trône. Les deux frères, naturellement, ne s’entendaient pas très bien.

    Mais Hassan II n’a rien fait. Il avait survécu presque miraculeusement à deux coups d’État et pensait qu’il était préférable de ne pas toucher à cette affaire. Et à sa mort, en juillet 1999, les mouvements de cour se sont succédé très rapidement (quelques heures seulement), faisant triompher la faction de ceux qui pensaient qu’il valait mieux avoir un roi indolent et maniable qui les laisserait faire ce qu’ils voulaient (Mohammed), plutôt qu’un roi « de fer » avec ses propres idées, comme aurait pu l’être Rachid, aussi instruit et formé soit-il.

    Et, après cette querelle quasi familiale, le prince Mohammed est devenu Mohammed VI, troisième monarque du Maroc indépendant, bien que la mythologie familiale en fasse le « dix-huitième roi de la dynastie alaouite ».

    Les Marocains vivant en Espagne avaient l’habitude de dire, au siècle dernier, que « lorsque Hassan II mourra, la démocratie viendra ». Ce n’était pas le cas. Le souverain qui, dans son premier discours, a promis de mettre fin à la pauvreté et à la corruption, de créer des emplois et de garantir le respect des droits de l’homme, n’a rien fait de tout cela. Il se contente de laisser les choses en l’état et accepte que ceux qui gouvernent déjà continuent de le faire, tout en profitant de son immense fortune (estimée à quelque 8,2 milliards de dollars) et de la compagnie de ses nombreux amis, notamment en France. Bien sûr : le Roi, le moment venu, avait le dernier mot en tout.

    On a toujours su (et la personne concernée n’a jamais fait beaucoup d’efforts pour le cacher) que Mohammed préférait nettement la compagnie des hommes à celle des femmes, mais l’un des devoirs d’un roi est de laisser un héritier et c’est ainsi qu’en 2002, le roi a épousé Salma Bennani. Au cours de leur mariage, qui a duré jusqu’en 2018, la princesse Salma a eu deux enfants : Mulay Hassan, prince héritier, et Lalla Khadija.

    Personnellement, Mohammed VI est l’actionnaire majoritaire (70% en 2019) d’Al Mada, une « société de sociétés » qui contrôle pratiquement toutes les grandes entreprises du Maroc. Il possède, outre des palais dans toutes les grandes villes de son royaume, plusieurs manoirs à l’étranger. Le dernier qu’il a acheté, au pied de la Tour Eiffel, a plus de 1 000 mètres carrés et a coûté 80 millions d’euros. Il l’a acheté la veille de l’annonce à son peuple des restrictions économiques qui devaient être appliquées au pays en raison de la pandémie de covid-19. Dans ce contexte, le yacht Badis 1, l’un des plus grands du monde, qui a coûté environ le même prix que l’hôtel particulier de Paris, est une goutte d’eau dans l’océan. De l’argent. Mohamed VI est propriétaire de bien plus que la moitié de la superficie totale de son royaume. Il peut donc bien dire que le Maroc est « son » pays.

    Ses relations avec l’Espagne sont similaires à celles qu’il entretenait avec son père, mais il a ajouté un point d’incertitude car, en réalité, on ne sait jamais où se trouve le roi, ce qu’il fait ou si son caprice lui permettra de réaliser son agenda. Lorsque l’actuel président espagnol, Pedro Sánchez, a voulu respecter la tradition d’aller voir, après son investiture, le monarque marocain avant tout le monde, Mohamed VI ne l’a pas reçu : il profitait de la compagnie de son nouveau  » favori « , Abu Bakr Azaitar, un boxeur germano-marocain d’apparence imposante que le roi, dans les actes officiels (y compris religieux), faisait asseoir juste derrière lui et le prince Mulay Hassan, comme le raconte le journaliste Ignacio Cembrero. Mais il y a une explication à cela : le roi du Maroc a une opinion des ministres (ceux de son pays ou de tout autre) très similaire à celle que Franco avait de la sienne : ce sont des employés, des gens à qui on ordonne d’obéir. Ils ne doivent pas être pris trop au sérieux. Mais le monarque alaouite passionné a également annulé, et à deux reprises, la visite d’État du roi et de la reine d’Espagne, qui a finalement eu lieu en 2019.

    Comme son père, Mohammed VI utilise la pêche, le commerce et, dernièrement, l’immigration clandestine pour obtenir ce qu’il veut de l’Espagne (et de l’Europe), pour la faire chanter ou, tout simplement, pour la punir lorsqu’il estime qu’elle se conduit mal. Il sait très bien comment s’y prendre. Juan Carlos I (agissant, évidemment, au nom de son gouvernement) et Hassan II (agissant pour lui-même et avant lui-même) ont conclu un accord, il y a quelques années, pour contrôler le flux des pateras, qui ne quittaient jamais le Maroc sans la « permission » de la Royal Navy et sans que Sa Majesté ne prenne sa part de ce que les malheureux payaient pour un « passage » sur le bateau. Mohamed VI n’agit pas très différemment.

    L’ancien ministre espagnol Jorge Fernández Díaz raconte dans ses mémoires politiques comment la Guardia Civil a arrêté des personnes circulant sur de puissants jet-skis dans le détroit de Gibraltar en août 2014. Mais ce n’était pas des trafiquants de drogue : c’était le roi du Maroc qui était là à s’amuser, comme d’habitude, avec ses amis. Le monarque marocain a immédiatement appelé, indigné, non pas le gouvernement ou son président mais Felipe VI, qui n’était chef d’État que depuis quelques semaines. Entre une chose et l’autre (excuses, appels, etc.), le souverain alaouite a perdu environ une heure et demie dans cet incident. Il a déclaré : « Je n’ai pas été respecté ». Deux jours plus tard, une véritable « invasion » de petits bateaux avec des milliers d’immigrants a commencé, qui a dépassé la capacité de réaction des autorités espagnoles. Il n’était pas difficile de l’interpréter comme une vengeance évidente.

    Cet épisode de maintenant : le flot d’enfants sautant la barrière de Ceuta ou arrivant à la nage, n’a, donc, rien de nouveau. C’est la réaction du « Commandeur des croyants », qui s’enflamme parce que l’Espagne a envoyé le chef du Front Polisario, une organisation qui réclame l’indépendance de l’ancien Sahara espagnol depuis près d’un demi-siècle, dans un hôpital, malade du covid-19. Les enfants ont reçu des messages par téléphone portable leur assurant que Cristiano Ronaldo allait jouer à Ceuta et qu’ils étaient emmenés en bus pour le voir. Ils ont été piqués.

    Mohamed VI est en mauvaise santé. Il a subi une opération du cœur et, jusqu’à présent, il a vécu sa vie de manière très intense. Peut-être les Marocains pensent-ils que, lorsqu’il sera parti, le désormais prince Mulay Hassan apportera la démocratie. Ce ne serait pas la première fois qu’ils pensent ainsi. Mais l’héritier vient d’avoir 18 ans. Et personne ne sait ce qui peut arriver. Pendant ce temps, le roi, quand il ne s’endort pas lors d’événements officiels (c’est arrivé plus d’une fois : il s’ennuie à mourir), sourit de ce sourire particulier, inquiétant, dont on ne sait jamais si c’est un vrai sourire ou quelque chose de très différent.

    La hyène rayée

    La hyène rayée (hyaena hyaena) est l’un des animaux emblématiques du Maroc, bien qu’elle soit en réalité répandue dans toute l’Afrique, le Moyen-Orient, le Pakistan et même l’Inde. C’est avant tout un animal rusé, et grâce à sa ruse, il dispute au lion le titre de véritable roi de la savane ; un titre que, de toute façon, nous, les humains, lui avons donné, ni le lion ni la hyène ne savent rien de tout cela.

    Une curieuse particularité des hyènes est leur mauvais caractère et leur bellicisme, qui se manifeste déjà dans leur enfance. Les petits de la hyène naissent avec un niveau inhabituel de testostérone, ce qui les pousse à se mordre les uns les autres dans la tanière jusqu’à ce que l’un d’entre eux finisse par gagner. Cette testostérone fait également que les petites hyènes ont des organes sexuels de type masculin, qu’elles soient mâles ou femelles ; et, en même temps, elles manifestent une rage sexuelle très précoce, ce qui donne lieu à des situations trompeuses.

    Les hyènes sont furieusement territoriales, très conscientes de leurs domaines, et ne permettent généralement pas à d’autres prédateurs d’y agir, surtout s’ils sont aussi des hyènes. Ils agissent presque toujours en meute, commandée par l’un d’entre eux (généralement une femelle) qui a le pouvoir absolu dans le groupe. Elle fait et défait ce qu’elle veut, s’accouple avec qui elle veut et organise des expéditions de chasse ou, plus souvent, des expéditions de pillage. Ils profitent de leur nombre, qui est généralement important, et ne tardent pas à apparaître lorsqu’un autre prédateur (lions, léopards, guépards, autres hyènes) tue une proie. Ils finissent par l’emporter ou par chasser les propriétaires, qu’ils le veuillent ou non. Ainsi, lorsqu’ils ne chassent pas, leur subsistance est assurée grâce à la charogne de ce que les autres obtiennent.

    Il est bien connu que les hyènes rient. Mais ce n’est pas vrai. Les hyènes ne rient jamais. Il semble que ce soit le cas, mais ce n’est pas le cas. Ce rire feint qu’ils ont n’est rien d’autre qu’une façon de communiquer entre eux et d’organiser leur rapacité. Lorsque tu vois une hyène et que tu penses que c’est drôle parce qu’elle a l’air de rire, fais attention car elle appelle les autres à te dévorer. Ne faites jamais, jamais confiance au rire des hyènes, surtout quand elles font des promesses ou des accords.

    Voz Populi, 22 mai 2021

    Etiquettes : Maroc, Espagne, Ceuta, Migration,

  • Le Maroc nous jette dans le néant

    Les images qui nous parviennent ces jours-ci de Ceuta sont le reflet le plus clair et le plus précis du traitement réservé par le régime marocain à ses citoyens.

    Najat el Hachmi, écrivaine espano-rifaine, prix Nadal 2021

    À la mer, à la misère, au désespoir et au vide. Les images qui nous parviennent ces jours-ci de Ceuta sont le reflet le plus clair et le plus précis de la façon dont le régime marocain traite ses ressortissants.. Cela ne date pas d’hier ni d’aujourd’hui, c’est ce qu’il a toujours fait depuis des décennies et c’est pourquoi la diaspora marocaine est l’une des plus nombreuses, avec des familles éparpillées sur tout le continent européen, entretenant tant bien que mal des réseaux d’affection internationaux. L’émigration a longtemps été la seule issue, mais nous ne sommes pas partis parce que nous voulions voir le monde, faire du tourisme, par esprit d’aventure ou par vocation d’exploration. Nous ne sommes pas partis, en fait, nous avons été expulsés de nos terres parce que ceux qui nous gouvernent les ont transformées en déserts arides où il est impossible de se projeter avoir un avenir, avoir une vie digne.

    Une approche de la situation par les sentiments et jouant sur les émotions simples est une autre forme d’infantilisation. Transformer la douleur des autres en spectacle gratuit et divertissant un public qui s’ennuie pendant un certain temps. Pauvres petits Maures et Noirs frissonnant dans l’eau. Comme si la pauvreté était le résultat d’une catastrophe naturelle et le manque de ressources, un destin fatal dû à la géographie et non au politique. L’analyse socio-économique semble être un autre privilège réservé aux citoyens de cette partie du monde. Nous sommes pauvres par nature et nous devons être traités avec un paternalisme avilissant.

    Personne ne pointe du doigt le scandale en soi : que des familles entières font reposer leur projet migratoire sur les épaules de leurs enfants, que le Maroc maltraite systématiquement ses mineurs en les expulsant à l’étranger au lieu de les protéger, de les nourrir et de les éduquer.

    Eh bien, cela ne relève pas de la fatalité, ni la génétique, ni de la géographie, c’est qu’il s’agit d’un régime dont les élites prédatrices et carnivores dévorent leur propre peuple, dirigé par un monarque qui vit dans une opulence médiévale et étouffe avec une dureté sauvage toute velléité de rébellion. Le seul projet de l’État est de pousser son peuple à l’étranger, puis de s’approprier leurs envois de fonds, leurs réalisations et leurs succès. Mais ceux qui nous ont refusé notre pain, notre éducation et notre existence même ne peuvent rien revendiquer. Nous sommes citoyens de la terre qui nous porte et qui nous nourrit et qui nous permet de respirer, pas du pays qui nous noie, que ce soit dans les eaux glacées de la frontière ou sous le soleil brûlant d’un despotisme peu éclairé qui nous abandonne à notre sort. Ça, dans les meilleurs des cas.

    Source : elpais.com, 21 mai 2021

    Etiquettes : Maroc, Espagne, Ceuta, migration,