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  • La poudrière du Maroc, la faiblesse de l’Espagne et le champ de mines du Sahara

    Les relations avec le Maroc ont marqué une grande partie de l’histoire récente et moins récente de l’Espagne. Au cours du XXe siècle, la gestion des affaires avec le Maroc a directement influencé la politique espagnole. Un voisin complexe qui ne peut être évité car la géographie règne en maître en politique internationale. Pour ne pas revenir sur le désastre d’Anoual, Alphonse XIII, les soldats africanistes et les conséquences qu’il a provoquées, il est toujours bon de garder à l’esprit dans ce puzzle complexe « La Marche Verte » et les revendications historiques de la prétendue marocanité de Ceuta et Melilla.

    Les revendications du Maroc sur ces territoires ont été utilisées par la monarchie alaouite comme une ressource dialectique à laquelle recourir lorsque sa situation interne devenait compliquée. Bien sûr, elle a toujours su profiter des situations extérieures favorables et de la faiblesse de l’ennemi pour attirer l’attention, en pivotant entre l’Espagne, l’Algérie et, dans une moindre mesure, la Mauritanie.

    En 1975, la situation politique de l’Espagne est extraordinairement faible avec l’agonie du régime franquiste et les tensions provoquées par l’incertitude que la situation génère en Espagne. Le Maroc a profité de ce contexte pour lancer une stratégie militaire, que l’on appelle aujourd’hui une stratégie hybride, consistant à créer ce que l’on appelle une zone grise.

    Cette stratégie consiste à créer les conditions pour obtenir des avantages politiques, militaires ou économiques qui génèrent une situation de conflit qui ne franchit pas les limites du droit international et ne devient pas une guerre ouverte, mais qui conditionne les décisions internationales en faveur de celui qui déploie cette stratégie.

    Un territoire qui n’a jamais fait partie du Royaume du Maroc
    A cet égard, la marche entreprise par des milliers de Marocains sur un territoire qui, ni à l’époque, ni avant, ni jamais auparavant, n’avait fait partie du royaume du Maroc, a créé les conditions pour articuler cette revendication « historique ».

    L’Espagne, les Sahraouis et la communauté internationale ne se sont pas remis des erreurs de cette époque, et les résolutions des Nations Unies n’ont jamais été respectées, de sorte que l’abandon du droit et de la politique internationale a conduit à la consolidation d’un « droit » de considérer le Sahara Occidental comme faisant partie du Maroc qui a déjà été approuvé par plusieurs pays.

    Mais ce qui a définitivement réactivé cette position alaouite est la reconnaissance par l’ancien président américain Donald Trump, le 10 décembre dernier, de la souveraineté marocaine sur le territoire revendiqué, avec l’intention claire que le Maroc, en retour, normalise ses relations avec Israël.

    Une fois de plus, en dehors du droit international, la force des événements a réactivé sur l’agenda mondial une question qui s’était figée.

    La politique de Biden ne change pas par rapport à celle de Trump.
    La politique du nouveau président, Joe Biden, en ce qui concerne le Maroc, n’a pas changé. De plus, il a renforcé son soutien par des manœuvres militaires conjointes au plus haut niveau en mars dernier et par l’attitude de son secrétaire d’État certifiant son soutien à la revendication marocaine du Sahara occidental face aux événements à la frontière européenne de Ceuta.

    Dans le scénario actuel, il est plus important pour les Etats-Unis de maintenir un allié musulman dans son soutien à Israël que de défendre l’application des résolutions des Nations Unies sur le Sahara.

    Le Maroc en est conscient et agit apparemment avec le soutien implicite et explicite de Washington. Aujourd’hui, il a une fois de plus créé une zone grise, a baissé sa garde à sa frontière avec l’Espagne et l’Europe pour encourager un exode massif de migrants désespérés à la recherche d’un avenir meilleur en Europe.

    Elle est à la limite du respect des accords avec l’Espagne pour la surveillance des frontières, en représailles pour avoir accueilli le leader du Front Polisario Brahim Ghali dans un hôpital de Logroño. Il suffit de lire les déclarations de certains ministres marocains et de leur ambassadeur en Espagne.

    Nous n’avons aucune donnée pour savoir si le gouvernement espagnol a mesuré suffisamment bien le poids que la position marocaine a aujourd’hui par rapport au Sahara Occidental, ni s’il connaissait en détail, je suppose que oui, la situation explosive du nord du Maroc, qui a été aggravée par la crise économique générée par la pandémie et avec des résultats catastrophiques sur la jeunesse marocaine déjà faible.

    Avec Mohammed VI, oui, mais pas avec Pedro Sánchez.
    Il y a un fait indiscutable, le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, n’a pas eu de conversation avec le président américain depuis le 20 janvier. Lors de sa tournée de salutations après son arrivée à la Maison Blanche, l’Espagne n’a pas été à l’ordre du jour, bien qu’elle soit la quatrième économie de l’UE et l’une des principales économies de taille moyenne au monde.

    Autre fait de l’histoire récente : Biden a rencontré Mohammed VI par le passé au sujet du Sahara, présentant le Maroc comme un exemple de progrès démocratique. Des secteurs influents du Parti démocrate soutiennent la position du roi alaouite, bien que d’autres membres du Congrès se soient également prononcés en faveur du statu quo des Nations unies. En tout cas, le Maroc reste silencieux sur le bombardement de Gaza.

    La revendication de Ceuta et Melilla
    Une fois de plus, le Maroc a utilisé la stratégie de la zone grise, comme l’avait suggéré Josep Baqués en novembre dernier. Cette stratégie peut être plus poussée et ne pas se limiter au Sahara, mais peut viser à long terme une aventure d’annexion des deux villes sous souveraineté espagnole.

    Ni le droit international, ni l’histoire, ni les relations de bon voisinage ne jouent en sa faveur, mais l’objectif du Maroc de devenir la principale puissance d’Afrique du Nord et de consolider l’autorité de sa monarchie face à tout signe de faiblesse interne (et il pourrait y en avoir beaucoup) le pousse dans cette direction.

    Si c’est la voie qu’il emprunte, le scénario peut lui être favorable. L’incapacité de l’Europe à réagir rapidement et énergiquement en adoptant des mesures équilibrées de sanction et de réponse pour défendre ses frontières en réponse à l’attitude compromettante du Maroc, la faiblesse et la polarisation de la politique espagnole affligée par un manque de consensus sur les questions d’État, même les plus élémentaires, La politique internationale incluse, la fragilité de la structure territoriale interne de l’Espagne, le soutien de l’Amérique à un allié musulman favorable à la cause israélienne et la gestion des flux migratoires et le contrôle du fondamentalisme et des routes du trafic de drogue sont autant de facteurs qui jouent en faveur de cette entreprise.

    Le Maroc n’est pas pressé, mais il a les conditions et la volonté de renforcer sa zone grise.

    The Conversation, 19 mai 2021

    Etiquettes : Maroc, Espagne, Sahara Occidental, Etats-Unis, Union Européenne, UE,

  • L’Espagne hausse le ton face à l’explosion du nombre de migrants depuis le Maroc

    L’affluence record de migrants depuis le Maroc direction l’Espagne est interprétée par Madrid comme un pression de la part des autorités marocaines.

    En trois jours, environ 8 000 personnes, pour la plupart des jeunes marocains ont traversé le petit bras de mer qui sépare l’Afrique de l’Europe. Un afflux très important dans un contexte politique très tendu. « Depuis lundi, ils sont quelque 8000 à être passés, à la nage pour la plupart, à pied pour certains, de la ville marocaine de Fnideq à la ville espagnole de Ceuta, deux localités côtières séparées par quelques centaines de mètres, une frontière internationale et de hautes clôtures fortifiées. Ou par une bonne session de brasses dans la Méditerranée. Ils ont débarqué par la jetée et à la plage de Tarajal, au sud de Ceuta, les points d’accès les plus proches de Fnideq. Au moins un homme a péri dans les eaux marocaines au cours de sa traversée, ont indiqué les autorités espagnoles » relève Le Figaro .

    Cette vague de migrants ne doit rien hasard, alors que le Maroc est en plein litige avec Bruxelles. « Les analystes dans la Péninsule rappellent unanimement qu’à de nombreuses occasions où le Maroc a voulu exprimer son mécontentement ou peser sur des négociations avec l’Espagne ou l’Union européenne, il a « ouvert les vannes ». Dans le cas présent, tous les observateurs font le lien avec l’hospitalisation à Logroño, en avril, du secrétaire général du Front Polisario, Brahim Ghali. Rabat avait averti Madrid par un communiqué de possibles « conséquences ». « Les deux événements sont liés, cela ne fait aucun doute, confirme Eduard Soler Lecha, chercheur au think-tank Cidob de Barcelone et spécialiste des questions méditerranéennes. Mais l’hospitalisation n’est pas le seul élément qui ait contribué à une détérioration des relations entre les deux pays au cours des dernières années » » continue le quotidien français.

    C’est la première fois que le Maroc assume de façon aussi transparente d’utiliser la question migratoire dans la balancer de son rapport de force avec les pays européens.

    RSE Magazine, 19 mai 2021

    Etiquettes : Maroc, Espagne, Ceuta, migration,

  • Rabat fait «feu de tout bois»: que se passe-t-il entre le Maroc et l’Espagne?

    Par Kamal Louadj

    Dans un entretien à Sputnik, l’économiste marocain Fouad Abdelmoumni explique que la crise migratoire et diplomatique entre le Maroc et l’Espagne «est due à trois facteurs qui se rejoignent intégralement»: la présence du Président de la RASD en Espagne, la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental et enfin la crise économique et sociale.

    Des milliers de migrants, en majorité marocains, ont pris d’assaut l’enclave espagnole de Ceuta entre dimanche 16 mai au soir et mardi 18 mai. Ils seraient entre 6.000 et 10.000, dont 1.500 mineurs, à avoir traversé la frontière, selon des sources médiatiques espagnoles.

    Cette vague migratoire a provoqué une crise diplomatique entre le Maroc et l’Espagne. En effet, après avoir été convoquée mardi à ce sujet par le ministère espagnol des Affaires étrangères, l’ambassadrice marocaine à Madrid, Karima Benyaich, a été rappelée à Rabat pour consultations tout comme sa consœur en Allemagne.

    Ce mercredi 19 mai, lors d’une déclaration à la radio publique espagnole, le vice-président de la Commission européenne, Margaritis Schinas, a affirmé que sur le thème migratoire, l’Europe «ne se laissera intimider par personne» et elle ne sera «pas victime de ces tactiques» dans une allusion très claire au Maroc, selon l’AFP. Une déclaration qui laisse penser que ces migrants ont bien passé la frontière sous l’œil bienveillant des autorités marocaines.
    Que se passe-t-il entre Rabat et Madrid? Quelle relation a cette crise diplomatique et migratoire avec la décision de l’Espagne de recevoir sur son sol le Président de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), Brahim Ghali, pour des soins médicaux liés au Covid-19? Le Maroc tente-t-il un bras de fer avec l’Espagne et toute l’Europe en usant de la carte migratoire?

    Dans un entretien accordé à Sputnik, Fouad Abdelmoumni, économiste marocain, membre du conseil d’administration de Transparency International Maroc et militant des droits de l’homme, estime que le royaume chérifien «s’est réellement lancé dans une opération de chantage aux migrants avec l’Europe, via l’Espagne», pour des considérations liées au dossier du Sahara, dont la présence du chef de la RASD sur le sol espagnol. Il ajoute que la situation économique et sociale des populations marocaines dans la région frontalière avec Ceuta est également à prendre en compte.

    «Le dossier migratoire est une carte»

    «Il y a certainement un désir intense chez une grande majorité des Marocains, notamment les jeunes, d’émigrer vers l’Europe», avance M.Abdelmoumni, soulignant que «jusqu’à récemment, le Maroc a contenu cette aspiration à l’émigration en servant de gendarme pour le compte de l’Europe à l’égard de sa propre population et de la population subsaharienne».

    «Rabat considère le dossier migratoire comme une carte qu’il peut faire valoir dans les négociations avec l’Europe», poursuit-il. «Les pays européens sont conscients de ça et intègrent la question de l’immigration dans les aides qu’ils fournissent au Maroc, en plus des problèmes de sécuritaire et de lutte contre le banditisme et le terrorisme internationaux et leurs intérêts économiques au royaume.»

    Ainsi, Fouad Abdelmoumni juge que c’est dans ce sens que «le ministre marocain des Droits de l’homme et l’ambassadrice du Maroc à Madrid ont tous les deux officiellement déclaré que l’Espagne ne pouvait que s’attendre à des mesures de rétorsion de la part du Maroc suite à l’accueil du Président de la RASD et chef du Front Polisario pour des soins médicaux».

    «Une manœuvre tactique dans un enjeu plus global»

    Cependant, selon l’interlocuteur de Sputnik, le prétexte de la présence de Brahim Ghali en Espagne «n’est qu’une manœuvre tactique dans un enjeu plus global».

    En effet, après la déclaration de Donald Trump reconnaissant la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental dans le sillage de l’accord de normalisation de ses relations avec Israël en décembre 2020, «les autorités marocaines ont cru que le moment était propice pour réaliser des avancées substantielles en matière diplomatique, espérant voir un effet d’entrainement de l’Europe», explique-t-il. «Il se trouve que cet effet n’a pas eu lieu, bien au contraire. Il y a eu le changement de l’administration américaine, mais surtout une levée de boucliers assumée par l’Allemagne et l’Espagne à l’égard de cette reconnaissance. Berlin avait même provoqué une réunion du Conseil de sécurité de l’Onu pour dénoncer cette reconnaissance contraire au droit international», rappelle-t-il.

    Dans ce contexte, M.Abdelmoumni juge que «la diplomatie marocaine, ayant vu que ses calculs n’allaient pas aboutir, est en train de faire feu de tout bois et de montrer toute la capacité de nuisance qu’elle peut avoir à l’égard de certains pays européens pour les amener à entrer dans ce jeu. Or, l’espoir des autorités marocaines de pouvoir réaliser des avancées significatives sur la question de la souveraineté sur le Sahara occidental, notamment à l’Onu, n’est plus d’actualité. Le Maroc a même été acculé à stopper net la vague d’émigration, après que la Commission européenne a fait savoir au gouvernement marocain que Ceuta n’est pas à la frontière de l’Espagne uniquement, mais aussi de l’Europe et que ce comportement n’était pas tolérable».

    Concernant le point de vue de la population marocaine sur l’accord de normalisation avec l’État hébreu en contrepartie de la reconnaissance américaine de la souveraineté du royaume chérifien sur le Sahara occidental, l’expert indique que la majorité «des Marocains considèrent que le Sahara est une terre marocaine».

    «Le Sahara occidental a eu un coût exorbitant sur les revenus du pays en termes d’investissements non rentables, de dépenses militaires qui a lourdement pénalisé le développement du pays, et ce depuis 1975. Beaucoup de Marocains ont donc vu d’un bon œil la décision de Trump, malgré le rétablissement des relations avec Israël. Mais les attaques israéliennes contre la bande de Gaza ont suscité la colère, sortant par milliers au moins dans 50 villes du pays pour les condamner et exiger la rupture de l’accord tripartite de normalisation avec l’État hébreu».

    Quid des conditions économiques et sociales?

    Au-delà des enjeux politiques sur la question du Sahara occidental, M.Abdelmoumni pense qu’ «une grande majorité de Marocains, hommes et femmes, ne voient plus d’avenir dans leur pays et considèrent que l’une des options de salut qui s’offre à eux est de rejoindre le sol européen».

    Selon lui, «cette situation s’est doublement aggravée durant les derniers mois, dans le contexte du confinement lié au Covid-19 qui a paupérisé une partie énorme de la population, en plus de la décision des autorités d’assécher les activités de commerce informel avec les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla, qui sont la seule source de revenus des populations vivant dans ces régions».

    Pour étayer son propos, l’économiste explique qu’«aujourd’hui, au Maroc, à peine 45% de la population est considérée comme active, soit près de 12,5 millions de personnes sur 35 millions». Et de préciser que «sur ces 12,5 millions d’actifs, seuls trois millions ont un emploi décent, au sens de travail stable avec les assurances sociales y afférentes. Tous les autres vivotent grâce à des activités plus au moins informelles qui sont celles qui ont été les plus impactées par le confinement lié au Covid-19».

    «Suite au confinement, 600.000 emplois avaient été perdus durant les trois premiers mois de l’année 2020, portant le nombre de chômeurs à 1,5 million de personnes», détaille le spécialiste. «Le Haut-commissariat au plan a fait dernièrement savoir que le revenu moyen par tête des 20% des employés les plus riches était de 450 euros par mois, alors que celui des 20% les plus pauvres était de 50 euros. Cette même institution a déclaré que l’indice des inégalités au Maroc était de 46,5%, au-dessus de son seuil socialement tolérable qui est de 42%».

    Enfin, Fouad Abdelmoumni rappelle que «le roi avait déclaré en 2014 et 2017 que le modèle de développement du pays n’était plus fonctionnel, annonçant la création d’une commission de réflexion sur un nouveau modèle dont on ne voit toujours pas les débuts». Ceci en plus d’un «large sentiment d’accaparement de la richesse et de l’État par une caste infiniment petite de grands bourgeois rentiers», conclut-il.

    Sputnik France, 19 mai 2021

    Etiquettes : Maroc, Espagne, Ceuta, Sahara Occidental, Front Polisario, Brahim Ghali,

  • Ceuta: l’Espagne accuse le Maroc «d’agression» et de «chantage»

    Madrid | Le gouvernement espagnol a encore haussé le ton jeudi contre le Maroc, accusé d’«agression» et de «chantage» par la ministre de la Défense après l’arrivée de plus de 8000 migrants depuis lundi dans l’enclave espagnole de Ceuta.

    L’afflux de ces migrants en provenance du Maroc voisin «est une agression à l’égard des frontières espagnoles mais aussi des frontières de l’Union européenne», a dénoncé Margarita Robles sur la radio publique, en dénonçant un «chantage» de Rabat qu’elle a accusé d’«utiliser des mineurs».

    «Nous ne parlons pas de jeunes de 16, 17 ans», le Maroc a laissé passer des «enfants de 7 ou 8 ans, d’après ce que nous ont rapporté les ONG (…) en faisant fi du droit international», a vilipendé la ministre.

    L’image d’un bébé sauvé de la noyade par un agent de la garde civile espagnole a notamment fait le tour du monde, suscitant l’effroi sur les réseaux sociaux.

    À travers ces déclarations de la ministre de la Défense, le gouvernement espagnol hausse encore le ton contre le Maroc, dont il avait convoqué l’ambassadrice en Espagne mardi pour exprimer son «mécontentement».

    Le premier ministre Pedro Sanchez avait lui accusé mercredi Rabat «de manque de respect».

    Depuis lundi, une marée humaine de plus de 8000 candidats à l’exil, en très grande majorité des Marocains, a rejoint sans entrave le petit port espagnol à la faveur d’un relâchement des contrôles frontaliers de la part du Maroc.

    Parmi eux, un nombre impressionnant de jeunes partis seuls ou d’enfants en bas âge, emmenés par leur famille.

    Cette vague migratoire inédite a pour toile de fond la crise diplomatique majeure entre Madrid et Rabat, qui ne décolère pas depuis l’arrivée le mois dernier en Espagne, pour y être soigné, du chef des indépendantistes sahraouis du Front Polisario, ennemi juré du Maroc.

    Plusieurs ONG espagnoles et marocaines ont dénoncé le fait que ces mineurs se retrouvent victimes de la brouille entre les deux pays et s’inquiètent de les voir expulsés vers le Maroc.

    Sur les plus de 8000 migrants, 5600 ont déjà été expulsés vers le Maroc, selon des chiffres donnés mercredi par les autorités espagnoles.

    Durcissant le ton également contre Rabat, Bruxelles a assuré mercredi, par la voix du vice-président de la Commission européenne Margaritis Schinas, que «personne ne peut intimider ou faire chanter l’Union européenne (…) sur le thème migratoire».

    Journal de Montréal, 20 mai 2021

    Etiquettes : Maroc, Espagne, Ceuta, Sahara Occidental, Front Polisario, Brahim Ghali, chantage, agression,

  • À Ceuta, le Maroc défie son grand allié, l’Espagne

    L’escalade entre Madrid et Rabat, née de l’arrivée soudaine de 8 000 migrants dans l’enclave espagnole de Ceuta le 17 mai, ne doit pas s’aggraver, estime ce quotidien catalan. Car l’Espagne et le Maroc sont dépendants l’un de l’autre.

    L’arrivée non maîtrisée de quelque 8 000 migrants à Ceuta, lundi 17 mai, rendue possible par la passivité de la police marocaine, a engendré une crise migratoire dans la ville [une enclave espagnole de plus de 80 000 habitants située au nord du Maroc]. Celle-ci se retrouve débordée face à cet afflux sans précédent. Mais l’attitude du Maroc a aussi provoqué une crise politique et diplomatique avec l’Espagne, et plus généralement avec l’Union européenne.

    Devant la gravité de la situation, le président du gouvernement espagnol, Pedro Sánchez, a dû se rendre à Ceuta et Melilla, mardi 18 mai, non sans avoir assuré que l’Espagne défendrait ses frontières “avec fermeté” et ne céderait à aucun chantage.

    Le ministre de l’Intérieur, Fernando Grande-Marlaska, s’y est rendu également, après avoir annoncé qu’environ 4 000 migrants avaient déjà été reconduits au Maroc. L’armée a été déployée dans la ville et 200 agents de la police nationale et de la garde civile, la gendarmerie espagnole, ont été envoyés en renfort aux frontières.

    De son côté, l’Union européenne exprimait mardi sa totale solidarité avec l’Espagne et lui promettait son soutien, exigeant du Maroc qu’il remplisse ses engagements et limite le passage irrégulier de migrants. L’UE a notamment rappelé à Rabat que les frontières espagnoles étaient aussi des frontières européennes.

    Le Maroc resserre ses liens diplomatiques avec Madrid depuis des semaines après avoir appris en avril dernier que le chef du Front Polisario, Brahim Ghali, était hospitalisé à Logroño, malade du covid. La passivité de la police marocaine face à l’avalanche d’immigrants qui ont traversé la frontière est directement liée à la décision espagnole d’accueillir l’homme politique du Polisario.

    La ministre des affaires étrangères, Gonzalez Laya, dit n’avoir aucune preuve qu’il existe une relation entre un fait et l’autre et insiste sur le fait que l’hospitalisation du Ghali répond à des raisons humanitaires. Mais Rabat, dans deux déclarations sévères de ces derniers jours, a haussé le ton et reproche à l’Espagne l’ »inaction » de la justice -Ghali fait l’objet d’une enquête de l’Audiencia Nacional pour violation présumée des droits de l’homme et c’est pourquoi il est entré avec une fausse identité- et, bien qu’elle reconnaisse que l’accueillir est une décision souveraine de l’Espagne, elle a prévenu qu’elle en mesurerait « toutes les conséquences ». Un ton conflictuel qu’a maintenu hier l’ambassadrice du Maroc à Madrid, qui, peu avant d’être convoquée à des consultations dans son pays après avoir été convoquée d’urgence par le ministère des Affaires étrangères, a insisté sur le fait qu’ »il y a des attitudes qui ne peuvent pas être acceptées et il y a des actes qui ont des conséquences et qui doivent être assumés ».

    La crise actuelle n’est pas seulement le résultat de la question de la migration. Ça vient de plus loin. L’avalanche de personnes en est la conséquence tragique. Pour Rabat, la propriété marocaine du Sahara occidental est la question qui structure toute sa diplomatie et c’est pourquoi Rabat s’est sentie renforcée lorsque, fin 2020 et alors que son mandat était presque terminé, Donald Trump a défié les résolutions de l’ONU et reconnu la souveraineté marocaine sur ce territoire. Rabat pensait que l’Espagne et l’UE changeraient de position.

    Il ne l’a pas fait, et la première conséquence a été la suspension du sommet bilatéral hispano-marocain prévu une semaine plus tard, et qui est toujours sans date avec l’excuse de la pandémie. La présence de Ghali en Espagne a conduit le Maroc à utiliser l’un de ses principaux atouts pour faire pression sur Madrid : le contrôle de l’immigration – il le fait depuis des décennies – en utilisant des milliers de personnes désespérées. Le Maroc a lancé un défi fort et clair à l’Espagne, mais il n’est pas tolérable qu’il joue avec la vie de ses citoyens pour des objectifs politiques.

    Madrid et Rabat doivent réorienter la situation avant qu’elle ne s’aggrave encore, ce qui suppose que le Maroc honore ses engagements et ses accords frontaliers. Au cours des dernières décennies, les relations bilatérales ont été stables, même si elles ont connu quelques hauts et bas. Le voisin du sud est le grand allié de l’Espagne et de l’Europe dans le contrôle des flux migratoires et des mouvements du terrorisme djihadiste. L’Espagne, qui jusqu’à présent a évité de critiquer la position du Maroc et continue de parler de pays ami et de partenaire, est le principal interlocuteur de Rabat auprès de l’UE, en plus d’être son principal client économique. Les deux ont besoin l’un de l’autre.

    La Vanguardia, 19 mai 2021

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  • Le président catalan en exil défend le droit du Maroc à négocier sur Ceuta et Melilla

    En pleine crise migratoire à Ceuta, provoquée par un clash diplomatique entre le Maroc et l’Espagne, le président en exil, Carles Puigdemont, est venu défendre le droit du royaume alaouite à « soulever la question de la souveraineté » des villes de Ceuta et Melilla.

    « J’espère que l’UE n’est pas entraînée par l’inflammation nationaliste espagnole. Sebta et Melillia sont deux villes africaines, qui ne font partie de l’UE que par héritage d’un passé colonial qui a permis aux Européens d’avoir des possessions en dehors de l’Europe », a-t-il tweeté.

    « Le Maroc a le droit de soulever la question de la souveraineté et il serait nécessaire de créer une table de dialogue pour résoudre le conflit. Un dialogue entre l’Espagne et le Maroc serait nécessaire pour traiter l’agenda des désaccords », a-t-il ajouté.

    Puigdemont a ainsi dépassé le conflit actuel et a rappelé le passé colonial des deux villes autonomes espagnoles, qui sont touchées par les différends diplomatiques entre les deux pays après que le leader du Front Polisario, Brahim Gali, a été hospitalisé en Espagne sous une fausse identité.

    Puigdemont, la menace du Maroc

    Précisément, Puigdemont a indirectement fait partie de ce conflit, puisque la presse marocaine l’a utilisé comme une menace contre le gouvernement de Pedro Sánchez pour l’attention accordée à Gali. Un exemple a été l’éditorial du journal Al Ahdath Al Maghribia, une publication indépendante et socialiste, qui a directement mis en cause la Moncloa : « Pour retourner l’équation, que se passerait-il si le Maroc apportait son soutien au référendum catalan de 2017 et que Carles Puigdemont était accueilli et que notre ministre des Affaires étrangères sortait pour dire que c’est fait pour des raisons humanitaires mais que cela n’affectera en aucun cas la relation avec l’Espagne ? ».

    Il y a deux mois, deux autres journaux, Le Collimateur et Hespress, considérés comme proches du ministère de l’intérieur et des services de renseignement à l’étranger, ont assuré que Puigdemont pourrait bénéficier du statut de réfugié politique, tout en prévenant qu’il ne s’agissait que d’une histoire fictive à visée pédagogique. « Détendez-vous, ce n’est qu’une fiction, mais elle est tout aussi significative. Pour revenir à la réalité, il faut savoir que l’Espagne n’a pas eu le malheur d’avoir un voisin qui a accueilli, financé et même armé un mouvement séparatiste contre son unité territoriale », faisant allusion au fait qu’elle n’a fourni aucun mouvement armé catalan.

    El Nacional.cat, 19 mai 2021

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  • Espagne : Brahim Ghali refuse de signer la convocation du juge espagnol Pedraz

    Le leader sahraoui hospitalisé à Logroño fait appel à l’Algérie après avoir été convoqué par la Cour Surpême

    Le juge et le procureur refusent d’imposer des mesures conservatoires à Brahim Gali malgré la demande des accusations, qui craignent qu’il ne quitte l’Espagne.

    Brahim Gali, leader du Front Polisario et président de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), a refusé de signer la convocation émise par l’Audiencia Nacional pour prendre sa déposition le 1er juin dans le cadre des deux procès qu’il a ouverts en Espagne. Le militaire, admis depuis le 18 avril dans un hôpital de Logroño pour coronavirus, détonant fait du conflit avec le Maroc à la frontière avec Ceuta, a refusé de signer le récépissé tant qu’il n’a pas consulté auparavant « l’ambassade d’Algérie et des personnes de confiance », selon un rapport de la police nationale envoyé au juge d’instruction Santiago Pedraz et qui a eu accès à EL PAÍS. Les accusations craignent qu’il se remette de la maladie et quitte le pays avant d’être interrogé par le juge d’instruction, qui a refusé avec le soutien du parquet d’adopter des mesures conservatoires à son encontre pour le moment.

    L’argument avancé par Gali devant l’agent qui lui a notifié l’accusation témoigne de l’équilibre diplomatique compliqué auquel est confrontée La Moncloa après l’avoir accueilli pour des « raisons humanitaires », comme l’a expliqué le ministère des affaires étrangères fin avril, lorsque la presse a révélé que le leader du Front Polisario était arrivé au centre médical de Logroño sous un faux nom. Comme l’a avancé EL PAÍS, le gouvernement de Pedro Sánchez a accepté son admission à l’hôpital de La Rioja après la demande de l’Algérie, un partenaire de grande valeur stratégique, premier fournisseur de gaz du marché espagnol. Mais cette faveur a provoqué l’ire du Maroc : « Il y a des actes qui ont des conséquences et qu’il faut assumer », a déclaré mardi l’ambassadeur marocain.

    Le poids international de Gali ne date pas d’hier. Ainsi que ses relations avec tous les pays impliqués dans cette crise diplomatique. Ancien ministre sahraoui de la défense, il a été ambassadeur du Polisario en Espagne (1999-2008) et en Algérie (2008-2015). En 2016, après la mort de Mohamed Abdelaziz, il a pris la direction de la République arabe sahraouie démocratique. Doté d’une grande expérience militaire, son curriculum officiel situe ses premiers pas dans la lutte contre les colons espagnols dans les années 70.

    Après la diffusion de la nouvelle de la présence en Espagne du président de la RASD, le juge Pedraz a demandé à la police nationale, le 1er mai dernier, de la confirmer afin de le convoquer pour témoigner dans l’enquête ouverte par la plainte déposée en août 2020 par Fadel Mihdi Breica, un militant sahraoui de nationalité espagnole qui a dénoncé les tortures du Front Polisario. Trois agents du Commissariat général à l’information, chargé de la lutte contre le terrorisme, se sont rendus à l’hôpital de La Rioja et ont rédigé un rapport détaillant que Gali a été admis sous le faux nom de Mohamed Benbatouche, de « nationalité inconnue » ; et qu’il est arrivé en ambulance à l’hôpital à 22 h 48 le 18 avril, en provenance de Saragosse.

    « Il était accompagné de deux personnes. Le premier, un médecin de nationalité étrangère, peut-être algérien, qui a fourni un rapport médical émis sans signature ni paraphe par l’Hôpital central de l’Armée d’Alger (Algérie). Le second compagnon prétend être un parent, sans autre précision quant à son affiliation », explique le document de la police transmis à la Cour nationale, qui ajoute : « Le rapport médical algérien indique, pour l’essentiel, un patient covide souffrant de complications respiratoires graves. En effet, son état est très grave et il est admis aux soins intensifs pour une pneumonie bilatérale compliquée d’une polyneuropathie, qui l’empêche de respirer par lui-même ».

    Dans ce document du 5 mai, les Renseignements généraux de la police ajoutent que Gali a « évolué favorablement » depuis son admission. En fait, dans un autre document officiel de la police, un inspecteur de police décrit son refus de signer la convocation de la Cour nationale. « Malgré son état de santé délicat, Gali a compris en espagnol, sans aucun doute, le contenu de la convocation. Au moment de présenter le récépissé perceptif pour sa signature, il a refusé de le faire, arguant qu’il souhaitait contacter l’ambassade d’Algérie et des personnes de confiance sur la convenance de la signature et qu’il avait besoin de ‘plusieurs jours’ pour se décider », détaille l’agent, qui ajoute qu’une copie de la notification a été remise au médecin étranger qui l’accompagne, « qui lui rend quotidiennement visite aux soins intensifs ».

    En plus de l’affaire en cours contre Gali pour la plainte de l’activiste Mihdi, le juge Pedraz a rouvert une autre affaire précédente intentée par l’Association Sahraouie pour la Défense des Droits de l’Homme (ASADEDH) pour des crimes de meurtre, blessures, détention illégale, terrorisme, torture et disparitions. Ce processus a été archivé en 2020 en raison de l’impossibilité d’interroger l’accusé pour ne pas être en Espagne, mais le magistrat a décidé de le reprendre maintenant. Le Bureau du Procureur souligne dans une déclaration écrite qu’il ne voit pas « d’indications claires de la participation » du leader du Polisario « aux comportements inclus dans la plainte ».

    El Pais, 19 mai 2021

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  • Le couple royal espagnol boude le stand du Maroc au Salon international du tourisme

    Le Roi et la Reine d’Espagne visitent Fitur lors de son inauguration mais sans visiter le stand marocain

    Le roi Felipe et la reine Letizia d’Espagne ont inauguré mercredi la 41e édition du Salon international du tourisme, Fitur, qui se tient à Ifema et qui est le premier événement à mobilité internationale depuis le début de la pandémie.

    La foire s’ouvre en plein milieu d’une crise diplomatique avec le Maroc sur le conflit migratoire. Don Felipe et Doña Letizia ont visité plusieurs pavillons de la foire, mais ont évité de se rendre au stand du Maroc.

    Il ne fait généralement pas partie de la visite habituelle des Rois, mais en d’autres occasions, ils l’ont visité et aujourd’hui, on s’attendait à ce qu’ils le fassent.

    Cependant, il n’en a pas été ainsi et, en fait, la promenade des Rois a été plus concise que les autres années, où ils ont fait un tour plus large et ont visité d’autres pavillons.

    Cette fois, ils n’en ont visité que deux, accompagnés du ministre de l’Industrie, du Commerce et du Tourisme, Reyes Maroto, et de la présidente de la Communauté de Madrid, Isabel Díaz-Ayuso.

    Ils ont visité les stands du ministère des transports, inauguré le stand d’Iberia et ont été accueillis par une petite délégation de la Géorgie, partenaire de cette édition.

    Il s’agit de la première foire internationale organisée depuis le début de la pandémie. Plus de 60 pays y participent, dont le Maroc, et quelque 5 000 entreprises.

    Le ministre de l’Industrie, Reyes Maroto, a souligné que cet événement  » est un tournant  » dans la reprise du tourisme. En ce qui concerne le conflit avec le Maroc, il a déclaré qu’il existe déjà « un cabinet de crise qui cherche la meilleure solution » à cet égard et a souligné qu’il s’agit de l’un des principaux partenaires commerciaux de l’Espagne.

    « Nous espérons que cette crise sera bientôt résolue et que nous pourrons nous concentrer sur ce qui est important, à savoir la relance du secteur », a déclaré le ministre.

    El Mundo, 19 mai 2021

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  • Ceuta : le ton monte entre le Maroc et l’Espagne

    L’arrivée de milliers de migrants dans l’enclave espagnole de Ceuta par des voies clandestines ravive les tensions entre Madrid et Rabat.

    « C’est une grave crise pour l’Espagne et pour l’Europe ». Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez va se rendre dans l’enclave espagnole de Ceuta, alors que son pays a renvoyé déjà près de 4.000 migrants au Maroc. En 24 heures, près de 8.000 personnes seraient entrées illégalement sur le territoire espagnol, pour la plupart des ressortissants marocains et pour beaucoup des mineurs. Ces arrivées creusent un peu plus la crise diplomatique entre le Maroc et l’Espagne.

    Colère de l’Espagne

    Les services marocains ne sont intervenus que ce matin, à coups de gaz lacrymogène, pour disperser la foule qui se presse pour passer la frontière à Fnideq.

    Ouarda, âgée de 26 ans, est au chômage. Divorcée, elle assume la charge de deux enfants et explique être « venue ici pour passer la frontière clandestinement, pour assurer un avenir à mon fils. A Tetouan, ce n’est pas possible… alors on veut passer, quitte à mourir. »

    Khadija, 26 ans également, est coiffeuse et elle dit aussi avoir plus peur de rester au Maroc que de tenter de fuir. Elle témoigne avoir vu beaucoup de personnes ayant « essayé de passer mais la police les a stoppés avant. »

    Mohammed, un rappeur, explique que les jeunes veulent fuir le pays car ils n’ont pas d’emploi et il clame de pas avoir peur des dangers de l’émigration clandestine : « Il faut que je parte pour sauver ma peau », dit-il.

    Le Premier ministre Pedro Sanchez a déployé des véhicules blindés et des renforts côté espagnol, promettant aux habitants le « retour de l’ordre ». Un stade a été réquisitionné à Ceuta pour rassembler les Marocains adultes en passe d’être expulsés.

    La cheffe de la diplomatie espagnole indique ce soir avoir « rappelé [au Maroc] que le contrôle des frontières a été et doit rester de la responsabilité partagée de l’Espagne et du Maroc ».

    Réaction de l’Union européenne

    Ylva Johanson, la Commissaire européenne aux Affaires intérieures, en appelle à une plus grande coopération des autorités marocaines. Elle déclare :

    « C’est inquiétant : au moins 6.000 personnes, parmi lesquelles un grand nombre d’enfants, ont tenté de rallier Ceuta à la nage, mettant leur vie en danger. Certains ont pu être sauvés, une personne s’est noyée. Il faut que le Maroc s’engage à prévenir ces départs irréguliers et que ceux qui n’ont pas le droit de rester en Europe soient effectivement renvoyés. »

    Un lien avec le Polisario?

    Les autorités marocaines « assurent » que cet afflux record n’a rien à voir avec les dissensions qui opposent le royaume a à l’Espagne. Le Maroc a récemment réclamé des « explications » à l’ambassadeur espagnol à qui les Marocains ont fait part de leur « exaspération » après que le chef du mouvement indépendantiste sahraoui, Brahim Ghali, a été hospitalisé dans le nord de l’Espagne à la mi-avril, pour y être soigné de la Covid-19.

    Le Front Polisario, soutenu par l’Algérie, milite pour l’indépendance du Sahara occidental, ancienne colonie espagnole, que le Maroc considère comme partie intégrante de son territoire sous le nom de « Provinces du Sud ».

    Ce matin, plusieurs centaines de migrants d’Afrique subsaharienne ont aussi tenté d’escalader la barrière qui sépare le Maroc de l’enclave espagnole de Ceuta. Des migrants essaient également de passer clandestinement vers Melilla, l’autre enclave espagnole sur le continent africain, considérée elle aussi comme la porte d’entrée la plus proche pour l’Union européenne.

    Deutsche Welle, 18 mai 2021

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  • Maroc-Espagne : Comme de l’électricité dans l’air

    Rien ne va plus entre le Maroc et l’Espagne. Les deux voisins sont en effet à couteaux tirés.

    Signe d’une crise diplomatique entre les deux royaumes, le ministre espagnol des Affaires étrangères a convoqué mardi l’ambassadrice marocaine en Espagne, Karima Benyaich pour lui exprimer le «mécontentement» des autorités espagnoles après l’arrivée de près de 8000 migrants dans l’enclave de Ceuta.

    «Je lui ai rappelé que le contrôle des frontières a été et doit rester de la responsabilité partagée de l’Espagne et du Maroc», a déclaré Arancha Gonzalez Laya, citée par l’AFP.

    Face à la gravité de la situation, le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, s’est rendu à Ceuta pour s’enquérir de la situation dans l’enclave, selon des images mises en ligne par le journal local.

    Il devait ensuite se rendre à Melilla, l’autre enclave espagnole située sur la côte méditerranéenne du Maroc.«Nous allons rétablir l’ordre dans (la) ville et à nos frontières le plus
    rapidement possible», avait-il déclaré plus tôt lors d’une brève allocution télévisée depuis Madrid.

    Les relations entre Rabat et Madrid se sont tendues depuis l’arrivée en Espagne, le 18 avril, du président de la République sahraouie, Brahim Ghali pour y être soigné du Covid-19. La cheffe de la diplomatie espagnole qui a défendu la présence du chef d’Etat sahraoui a implicitement dénoncé le chantage exercé par le Maroc qui agite la menace de l’immigration clandestine pour faire pression sur l’Espagne dans le dossier sahraoui.

    «Je ne conçois pas que l’on puisse mettre en danger la vie de mineurs dans la mer comme nous l’avons vu ces dernières heures à Ceuta», que cela puisse être «une réponse à une action humanitaire (l’accueil du président sahraoui en Espagne)», a-t-elle affirmé.

    Cet afflux de migrants marocains a également suscité la réaction de la classe politique espagnole. Tout en condamnant le flux migratoire partant du Maroc, plusieurs formations politiques ont appelé les autorités marocaines à assumer leurs responsabilités et agir vite et efficacement.

    Le porte-parole de la Coalition Caballas, Mohamed Ali, a mis en garde contre la «gravité» de ce qui s’est passé et a annoncé qu’il serait à la disposition du gouvernement de Ceuta pour exiger que le gouvernement accorde la «plus grande attention» à Ceuta.

    «Notre terre ne devrait pas souffrir du différend de politique étrangère entre l’Espagne et le Maroc», a-t-il déclaré.
    La dirigeante du Mouvement pour la dignité et la citoyenneté «MDyC», Fatima Hamed, a qualifié ce qui vient de se produire de «drame», soulignant que la ville de Ceuta n’est pas prête à accueillir autant de monde et à faire face à un tel phénomène. «Ceuta n’est pas préparée à des situations pareilles», a-t-elle déclaré sur son compte Twitter.

    De son côté, la section du parti Vox à Ceuta a sévèrement critiqué la passivité des autorités marocaines face à un tel drame, appelant le gouvernement à dépêcher «d’urgence l’armée et de la marine à la frontière avec le Maroc pour freiner la pression migratoire».

    Un « chantage » marocain

    Le président de Vox Ceuta, Juan Sergio Redondo, a rappelé que sa formation n’a jamais cessé de mettre en garde contre le «chantage du Maroc», rappelant que l’Espagne devrait dénoncer le Maroc devant les instances internationales pour que le pays soit sanctionné économiquement et politiquement».

    Condamnant l’afflux des migrants marocains, le chef du Parti populaire au niveau national, Pablo Casado a appelé le gouvernement espagnol «à garantir immédiatement l’intégrité des frontières et à coordonner avec le Maroc le retour des immigrés dans leur pays».

    Près de 8.000 migrants sont arrivés depuis lundi matin dans l’enclave de Ceuta, dont 4.000 ont été renvoyés au Maroc, selon les chiffres actualisés publiés mardi par le ministère espagnol de l’Intérieur.
    Le ministère a par ailleurs annoncé l’envoi de nouveaux renforts des forces de l’ordre sur place pour faire face à l’afflux massif et soudain de milliers de migrants en provenance du Maroc.
    Cinquante agents supplémentaires vont être déployés en plus des 200 déjà envoyés mardi tandis que 150 autres seront en stand-by, toujours dans le cadre de cette crise migratoire.

    Y.O

    Algérie Breve News, 18 mai 2021

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