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  • Le Maroc ouvre une double crise diplomatique avec l’Allemagne et l’Espagne

    Dopé par le « deal de Trump » autour du Sahara occidental, Rabat s’offre le luxe de braver Madrid et Berlin dans l’espoir de faire évoluer la position de l’Union européenne.

    Un signe des temps. Le Maroc, qui cherche à projeter à l’extérieur l’image d’une assurance diplomatique décomplexée, s’offre le luxe de braver deux Etats européens : l’Espagne et l’Allemagne. Une double fâcherie assumée, orchestrée même, qui illustre une fierté nationale dopée par les récentes percées sur le dossier du Sahara occidental tout autant que l’inquiétude que ces acquis butent sur des limites.

    Autant l’épreuve de force avec Madrid s’inscrit dans une relation déjà tourmentée – proximité géographique oblige –, autant la crise avec Berlin est inédite et donc hautement révélatrice des nouvelles postures de Rabat. L’épilogue que connaîtra cette double bouderie pèsera, au-delà de la relation bilatérale avec ces deux capitales, sur la relation entre le Maroc et l’Union européenne (UE).

    Le chef du Polisario hospitalisé près de Saragosse

    Le conflit avec l’Espagne est directement lié à la question du Sahara occidental, source de friction récurrente entre les deux pays. Le 25 avril, Rabat a fait connaître à Madrid son « exaspération » à la suite de l’hospitalisation dans un établissement près de Saragosse, une semaine plus tôt, de Brahim Ghali, le secrétaire général du Front Polisario, le mouvement indépendantiste sahraoui en lutte contre « l’occupation marocaine ».

    Selon le quotidien espagnol El Pais, Madrid aurait accédé à une requête d’Alger, directement formulée par le ministre algérien des affaires étrangères, Sabri Boukadoum, demandant un accueil sur le sol espagnol pour traitement médical du dirigeant sahraoui, en « danger de mort » après avoir été contaminé par le Covid-19.

    Depuis la nouvelle éventée – vraisemblablement par les services marocains – de cette hospitalisation censée demeurer secrète, Brahim Ghali ayant été admis à l’hôpital sous un nom d’emprunt, Rabat n’a cessé de faire monter la pression sur Madrid. Rappelant que le chef sahraoui est visé par des plaintes – y compris en Espagne – pour « viol, torture et violations massives de droits humains », le ministère marocain des affaires étrangères a qualifié le 8 mai la décision espagnole d’« acte grave et contraire à l’esprit de partenariat et de bon voisinage ».

    Le Maroc « en tirera toutes les conséquences », ajoute Rabat, qui enjoint Madrid à ne pas « minimiser l’impact » de l’incident, invoquant notamment la « sauvegarde des intérêts stratégiques des deux pays ». Si la rhétorique officielle reste allusive, certains organes de presse marocains proches du régime sont légèrement plus explicites sur la nature de ces « conséquences ». Apparaissent ainsi des allusions à des effets négatifs sur « la coopération sécuritaire », laquelle a permis de « déjouer plusieurs attentats terroristes en Espagne ».

    Lire la suite depuis la source : Le Monde

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  • Podemos demande au Maroc de « respecter la souveraineté de l’Espagne »

    Podemos s’est prononcé officiellement sur l’hospitalisation en Espagne du secrétaire général du Front Polisario, Brahim Ghali.

    Dans un tweet, le parti de gauche espagnol a indiqué que « le doit respecter la souveraineté de l’Espagne pour accueillir qui elle veut, en l’occurrence le leader du Front Polisario Brahim Ghali pour des raisons humanitaires ».

    « Toute relation entre pays voisins doit être fondée sur le respect mutuel et la non-ingérence dans les affaires intérieures », ajoute-t-il.

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  • Keina Espiñeira : « Le Maroc a utilisé la pandémie pour exercer une pression accrue sur Ceuta et Melilla ».

    L’expert en migration analyse les réformes « silencieuses » du Maroc en pleine pandémie et leur impact sur les flux migratoires.

    Entre 2019 et 2020, le nombre de demandeurs d’asile au Maroc a augmenté de 25 %, selon l’Agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR). À cela s’ajoute la crise provoquée par la pandémie, qui a plongé le pays dans la plus grave récession économique depuis 1948. Si le scénario actuel met en évidence une « explosion de la pauvreté », comme le souligne Le Monde Afrique, l’importance géopolitique du Maroc dans le détroit de Gibraltar ne cesse de croître. En fait, les événements récents laissent entrevoir une romance entre les États-Unis de Trump et la monarchie alaouite en échange d’une reconnaissance mutuelle d’Israël par le Maroc et du Sahara occidental par ce dernier. Depuis 2014, l’Union européenne (UE) a injecté 343 millions d’euros dans les programmes de gestion de la migration au Maroc, mais tout semble indiquer que la monarchie alaouite joue ses cartes avec deux poids, deux mesures : elle brandit un discours où les droits de l’homme (DH) semblent être une coalition dans ses politiques internes en même temps qu’elle exécute des raids pour contrôler les migrants et des expulsions de militants et de journalistes.

    Keina Espiñeira (La Corogne, 1983) est une chercheuse spécialisée dans la migration à la frontière entre l’Espagne et le Maroc, une productrice de films documentaires et une militante. Sa carrière est caractérisée par la présence de théories postcoloniales, de géographies politico-culturelles et d’expressions artistiques aux frontières de la Méditerranée. Dans cet entretien réalisé par vidéoconférence, Mme Espiñeira donne plusieurs clés pour comprendre l’histoire de la frontière sud de l’Espagne et les tendances qui définiront les frontières du futur.

    Question : Le titre de sa thèse est : « Paisajes migrantes en la frontera estirada. Pourquoi avez-vous choisi le Maroc comme l’un des points centraux de votre travail universitaire ?

    Réponse : À Madrid, je me suis beaucoup intéressé aux récits postcoloniaux, à l’orientalisme d’Edward Said et aux théories de la postcolonialité avec Walter Mignolo et Aníbal Quijano d’Amérique latine. J’évoluais dans le domaine des discours et j’avais besoin d’un contrôle de la réalité pour les traduire dans un présent immédiat. Je me suis engagé dans des mouvements de quartier dénonçant les descentes de police, comme le processus d’internement dans le CIE d’Aluche. J’avais un pied à l’université et un autre dans la rue. C’est là que j’ai commencé à comprendre la question post-coloniale des migrations à travers la frontière, car j’ai compris qu’elle fonctionnait comme une institution de classification et de différenciation socio-économique. C’est alors que j’ai décidé de me rendre au Maroc et que j’ai découvert les porosités de la frontière. Ce n’est pas quelque chose de monolithique ou de statique.

    Q : Compte tenu de l’évolution du Maroc dans le domaine des droits de l’homme, quelle a été la plus grande avancée en matière de droits des migrants ? et le plus grand échec ?

    R : Je prendrai le point de départ en ce qui concerne l’UE. L’un des moments clés est la création de l’espace Schengen. Qu’est-ce que cela implique ? L’Espagne a rejoint la Communauté économique européenne (CEE) en 1986 et a signé les accords de Schengen en 1991. Jusqu’alors, il n’y avait pas de visa entre les deux pays. Cela change complètement les relations de mobilité. Un exemple clair est la transformation des villes autonomes de Ceuta et Melilla, dont le périmètre terrestre est fermé avec la construction des clôtures frontalières en 1993, devenant ainsi la seule extension de Schengen en Afrique.

    La deuxième mesure, l’accord de réadmission, est intervenue en 1992. Il est entendu que l’Espagne peut expulser toute personne de nationalité marocaine qui se trouve sur le territoire en situation d’irrégularité administrative -sans visa ni permis de séjour-. Cet accord n’entre officiellement en vigueur qu’en 2012, soit 20 ans plus tard, ce qui montre la complexité des relations entre les deux pays. C’est à ce moment que le régime alaouite commence à se confronter aux mesures que l’Europe met en place à la frontière pour filtrer la mobilité, puisque dès 1990 le Maroc devient un pays de transit et de destination.

    Q : En 1992, cet accord de réadmission a été signé entre le Maroc et l’Espagne, mais à peine un an plus tard, en 1993, le Maroc a ratifié quatre conventions internationales concernant l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes, les droits de l’enfant, les droits des travailleurs migrants et contre la torture et les traitements dégradants. Où peut-on tracer la ligne entre le Maroc en tant que bénéficiaire de fonds européens et en même temps un pays qui passe d’un régime autoritaire à un régime « hybride » ?

    R : Il est vrai que 1993 est une année clé pour le Maroc, qui doit ratifier une série de conventions internationales censées l’engager en faveur des droits de l’homme. Le pays est confronté à une tension : celle d’assumer un agenda progressiste présenté comme une référence au Maghreb et celle d’agir comme un pays charnière entre l’Afrique sub-saharienne et l’Europe. La responsabilité incombe donc au Maroc en matière de sécurité. Cette pression se traduit par des raids dans les forêts frontalières avec Ceuta et Melilla et aussi dans les principales villes du pays, comme Tanger. Il existe également des cas de déportations vers l’Algérie et la Mauritanie. Cette tension finit par produire de la violence, des morts. Cependant, nous observons un moment clé lorsque, suite au printemps arabe de 2011, le Maroc décide de procéder à une réforme constitutionnelle « douce » afin d’apaiser la tension sociale et de faire une série de concessions mineures. Le Maroc a ensuite élaboré une charte des droits de l’homme devant la communauté internationale. Peu après, en 2013, le pays a adopté la Stratégie nationale pour l’immigration et l’asile (SNIA), où une approche humaniste semble fixer l’agenda d’un Maroc renouvelé, malgré l’intervention constante de la police à la frontière.

    Q : Il existe un groupe dont on parle beaucoup aujourd’hui : les « MENAS », des enfants qui tentent de traverser la frontière seuls ou qui sont séparés à l’arrivée. En Espagne, ils ont été criminalisés. Nous avons vu des violences et de faux témoignages sur ces jeunes, mais il y a une certaine tendance à ne pas parler des filles migrantes. Pourquoi, selon vous, cela se produit-il ?

    R : Il est vrai que ce sont surtout les garçons et non les filles qui décident de passer en Europe. Je pense qu’il existe une hiérarchie importante au sein de la structure familiale, où les filles ont peu d’autonomie. L’option de quitter le pays n’est pas toujours plausible pour les filles, qui se retrouvent donc dans des situations très difficiles, parfois liées à des contextes de semi-esclavage, et pas seulement dans la sphère domestique. Nous avons récemment vu des industries délocalisées d’Europe, comme l’industrie textile, employer des mineurs. Il serait intéressant de savoir s’ils envisagent l’émigration dans leur imaginaire. Les enfants imaginent la traversée depuis le port de Tanger en voyant les bateaux entrer et sortir. Ils voient le détroit de Gibraltar de l’autre côté.

    Q : La pandémie offre-t-elle aux États l’occasion d’accroître la pression sur les migrants en déplacement ?

    R : Je vais vous parler de la partie nord du pays, qui est précisément celle qui vit par rapport à la frontière. En mars 2020, les passages frontaliers entre Ceuta, Melilla et le Maroc ont été fermés. A la date de cette interview, ils sont toujours fermés. Toute l’activité économique qui dépendait d’une relation plus ou moins poreuse disparaît : portage, travail domestique, construction, loisirs, tourisme, tout. La situation économique du nord est grave et le mécontentement social s’accroît, avec des manifestations qui ont été réprimées dans des villes dépendant de cette économie frontalière, comme Fnideq. En outre, le Maroc a utilisé la pandémie pour exercer une pression accrue sur Ceuta et Melilla, proposant en parallèle un discours transitoire sur une réforme du secteur économique dans tout le nord et la création d’emplois dans de nouveaux centres logistiques pour les personnes travaillant dans l’économie atypique. Ceci est lié à la délocalisation des entreprises européennes, car le Maroc redéfinit sa stratégie sociale et économique en relation avec le port de Tanger Med, – le plus grand port du détroit – ; créant deux pôles industriels avec des géants tels que Renault. Et la pandémie ? Le Maroc dit : « Eh bien, j’ai une justification pour entreprendre ces transformations et pour que la population n’ait pas la possibilité de manifester, avec un couvre-feu et des restrictions sur les réunions. »

    Q : L’expulsion du Maroc d’Helena Maleno, chercheuse et journaliste sur les migrations et les droits de l’homme, a fait couler beaucoup d’encre. Après avoir vécu pendant des décennies dans le pays voisin, pourquoi pensez-vous que cela se produit maintenant ?

    A : (réfléchit pendant quelques secondes) Oui, Helena. La criminalisation de la solidarité et la persécution des personnes et des organisations qui offrent un soutien aux migrants… est une pratique répandue. L’important est de comprendre que cette criminalisation est marquée par l’UE. Dans la réforme de la loi sur les étrangers en 2009, il a été prévu de punir les personnes qui donnent refuge à des sans-papiers. Et il y a eu des campagnes dans les mouvements sociaux dénonçant cette inculpation, comme « Save hospitality ».

    Q : Bien que le virus ne comprenne pas les nationalités, le programme de vaccination européen ne prend en compte que la population locale, et non les territoires voisins : est-ce une démonstration de la faiblesse systémique de l’UE dans la gestion de ses propres frontières ou est-ce simplement révélateur de la maladresse d’un discours extrêmement politisé ?

    R : Oui, et pas seulement cela, il semble qu’il sera utilisé pour établir de nouveaux mécanismes de contrôle, comme le fameux « passeport de vaccination ». Connaissez-vous Statewatch ? C’est impressionnant, pour moi c’est l’un des meilleurs collectifs d’activistes et de chercheurs en Europe et au Royaume-Uni. Ils ont maintenant une ligne de recherche qui étudie précisément les changements de la réglementation européenne à cet égard, celle d’incorporer tout l’aspect sanitaire dans le contrôle des personnes, qui va être utilisé comme un nouveau filtre biopolitique.

    Q : La militarisation et l’utilisation de la pandémie comme frontière biologique vont créer davantage de tensions en Méditerranée. L’UE est-elle plus injuste qu’auparavant ?

    R : Il n’est ni plus uni ni plus injuste. Les principes de l’UE restent les mêmes… elle dispose simplement de nouveaux outils. Dans une Europe où les organes jouent un rôle plus important, le scénario qui se dessine est celui d’une concurrence accrue, de la menace et de la suspicion, mais nous voyons la même chose en Espagne. Soudainement, nous sommes tous des justiciers, n’est-ce pas ?

    Publico, 13 mai 2021

    Etiquettes : Maroc, Espagne, Ceuta, Melilla, pandémie, covid 19, coronavirus,

  • Le Maroc laisse à nouveau 170 femmes saisonnières bloquées en Espagne

    Les organisations agricoles demandent la mise en œuvre des mécanismes nécessaires au retour des travailleurs.

    La situation a provoqué le chaos pendant des mois la saison dernière

    L’histoire se répète un an plus tard. Si au cours du mois de juillet de l’année dernière, la fermeture des frontières due à la pandémie de covid-19 a empêché des milliers de travailleurs saisonniers marocains qui travaillaient dans la campagne de fruits rouges de la province de rentrer au Maroc, cette année, les problèmes ont commencé beaucoup plus tôt, avec des dizaines de travailleurs qui, pour des raisons personnelles et familiales, veulent rentrer dans leur pays, mais ne peuvent pas le faire.

    Le problème touche environ 170 femmes marocaines qui se sont déplacées à Huelva avec un contrat de travail à l’origine et sont en attente de rapatriement pour des raisons humanitaires après le voyage a été suspendu par le gouvernement alahuita et ne pas offrir des solutions.

    L’information a été avancée hier par l’organisation agricole UPA Huelva, qui a signalé que le 20 avril était prévu, avec toutes les mesures administratives et sanitaires en ordre, le retour de 80 travailleurs qui devraient être rapatriés d’urgence au Maroc pour des raisons humanitaires, certains de gravité, bien que « le voyage a été suspendu et vu impossible de revenir sans une raison spécifique. Ainsi et depuis lors, « les besoins de rapatriement ont augmenté à 170 personnes et le gouvernement marocain n’offre pas de clarification sur la raison de la suspension ni ne propose une nouvelle date pour le voyage de retour de ces travailleurs ».

    L’organisation agricole a exprimé son incertitude et son inquiétude quant à la situation, puisque les travailleurs « ont besoin de retourner chez eux avec leurs familles et ne peuvent pas par des circonstances indépendantes d’eux, les employeurs et le gouvernement de l’Espagne, il est donc nécessaire que le gouvernement du Maroc se prononce sur la question et offrir des solutions à leurs compatriotes.

    Pour traiter cette question, l’UPA a officiellement demandé au Consul du Maroc une réunion urgente et une autre demande de réunion a été adressée au Secrétaire d’Etat à la migration, Jesus Pera Cortijo, pour sa compétence en la matière par le gouvernement espagnol.

    Les deux administrations ont été informées du fait que le retour échelonné de l’ensemble du contingent commencera à la fin du mois de mai et qu’il doit être organisé et coordonné avec un préavis suffisant, de sorte que l’absence de nouvelles à ce sujet génère de l’insécurité tant chez les travailleurs que chez les employeurs.

    En ce sens, ils ont demandé au consul et à la direction des migrations du gouvernement espagnol de mettre en place les mécanismes nécessaires pour que le retour des travailleurs soit effectif aux dates prévues, comme dans chaque campagne, et de ne pas rencontrer les problèmes qui se sont posés au cours de l’année passée et qui risquent de se répéter.

    Enfin, ils ont voulu faire appel à la sensibilité du gouvernement marocain avec leurs sujets en espérant qu’une solution urgente soit mise en place pour le retour immédiat de ces 170 travailleurs, certains pour des raisons de santé, de naissance d’enfants ou de maladie grave ou de décès de membres de la famille au Maroc.

    Huelva Informacion, 13 mai 2021

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  • Maroc-Sahara Occidental: arrestations « en pleine nuit » de dizaines de migrants à Laâyoune

    Dans la nuit du 7 au 8 mai, les autorités marocaines ont surgi dans des habitations de Laâyoune, dans le sud du pays, arrêté et déplacé dans une autre ville des dizaines de migrants d’Afrique subsaharienne dont des femmes et des enfants. L’association marocaine pour les droits de l’homme (AMDH) et le groupe antiraciste de défense et d’accompagnement des étrangers et migrants (Gadem) dénoncent une « opération illégale » visant à éloigner les migrants des zones frontalières.

    Arrêtés en pleine nuit. Des dizaines de migrants d’Afrique subsaharienne ont été arrêtés dans la nuit du 7 au 8 mai à leurs domiciles, à Laâyoune, dans le sud du pays, selon l’association marocaine pour les droits de l’homme (AMDH). L’opération menée par la police marocaine a eu lieu entre « 23h et 4 h du matin ». Des femmes et des enfants auraient également été embarqués.

    Omar Naji, le vice-président de la section de l’AMDH à Nador, contacté par InfoMigrants, parle d’opérations « illégales », « opérées sans ordre ni contrôle judiciaire ». « Des violations graves ont été commises », poursuit-il. « L’arrestation de femmes enceintes et d’enfants est interdite par la loi et contraire à la Convention Internationale des droits de l’enfant que le Maroc a ratifiée ».

    Sur les réseaux sociaux, l’AMDH a déploré le cynisme des autorités qui n’ont pas sécurisé la zone. Cette nuit-là, de nombreux vols, pillages et destructions de biens ont eu lieu aux domiciles des personnes arrêtées. « S’introduire à l’intérieur des maisons à 23h et les laisser ouvertes après les arrestations est de la responsabilité des autorités », dénonce encore Omar Naji.

    Ce n’est pas la première fois que les autorités marocaines procèdent à ce genre d’opérations musclées contres des migrants d’Afrique subsaharienne. Elles sont même « assez fréquentes, selon les périodes », souligne de son côté Camille Denis, la directrice du Gadem, une autre association marocaine qui vient en aide aux migrants dans le nord du pays. « Ce qu’il s’est passé à Laâyoune n’est pas étonnant. Cette opération est sûrement en lien avec la situation aux Canaries ».

    « Eloigner les migrants de la zone frontalière »

    Laâyoune est connu pour être l’un des points de sortie du pays pour les migrants voulant rejoindre l’Europe via les Canaries espagnoles – situées à environ 200 km de là. Les arrivées via l’océan sur l’archipel espagnol se sont multipliées depuis la fin 2019. L’an dernier, 23 023 migrants ont atteint les Canaries, soit huit fois plus que l’année précédente, selon le ministère de l’Intérieur espagnol. Depuis, l’Union européenne a haussé le ton contre le Maroc l’exhortant à mieux contrôler ses frontières.

    « Le but de ces opérations marocaines est donc d’éloigner les migrants de la zone frontalière », résume Camille Denis du Gadem. « Mener une opération à Laâyoune n’est pas un hasard, la ville fait partie des routes migratoires les plus utilisées sur la côte marocaine en 2020. »

    Généralement, les opérations des autorités répondent au même procédé : cibler un endroit précis (domiciles, parcs, carrefours…), mener des arrestations de masse et procéder à des déplacements internes forcés. « C’est comme cela que le Maroc essaye de stopper les départs ».

    Les migrants arrêtés à Laâyoune ont effectivement été déplacés vers la ville de Tantane, plus au nord, explique l’AMDH. « Ils auraient pu être déplacés encore plus haut, vers Agadir. On a déjà vu ça », précise encore Camille Denis.

    Des déplacements forcés pour décourager les migrants

    Une fois déplacés, les autorités peuvent procéder à des expulsions forcées, mais aussi à des libérations. Beaucoup de migrants sont ainsi relâchés dans la nature à des centaines de kilomètres de leur lieu de vie. Ce fut le cas lors de l’opération du 8 mai. « Les autorités ont libéré les migrants là-bas [à Tantane, ndlr] et les ont laissés sans ressources […] Ils doivent rentrer chez eux par leurs propres moyens », dénonce l’AMDH. « Ces opérations sont juste là […] pour montrer à l’Union européenne le bon travail de gendarmes marocains ».

    Le procédé des arrestations/déplacements forcés/retour-à-domicile ressemble surtout à une guerre d’usure visant à épuiser les migrants. « Il y a des traumatismes qui naissent de ces opérations. Les déplacements forcés participent à la précarisation des migrants. Ces derniers peuvent perdre leurs emplois, leur bail, leur logement », précise Camille Denis. Il y a aussi le traumatisme moral. « On parle d’arrestations à domicile, de nuit, d’arrestations au faciès, de violences… Tout cela est très compliqué à gérer pour les personnes de peau noire ».

    De nombreux migrants disent être victimes de racisme et de violences policières au Maroc. Outre la capitale Rabat, la police marocaine mène régulièrement des raids dans les forêts situées à proximité de Tanger, où des migrants vivent cachés en attendant de tenter de gagner les côtes espagnoles par le détroit de Gibraltar.

    En juillet 2020, un migrant camerounais avait été tué après que la police avait démantelé un camp illégal dans une forêt, au nord de Tanger.

    Info Migrants, 10 mai 2021

    Etiquettes : Maroc, Sahara Occidental, migrants, subsahariens, Laayoune, Canaries, Espagne, pateras,

  • Les garde-côtes espagnols interceptent trois bateaux de « Harragas » algériens

    Lundi à l’aube, les patrouilles du service maritime de la Garde civile espagnole ont intercepté trois embarcations de fabrication traditionnelle équipées de moteurs de 80 chevaux transportant 38 immigrants clandestins de nationalité algérienne, âgés de 16 à 37 ans, partis de la plage d’Ain Franin, au cœur de la forêt de Cristel, à l’est d’Oran, en direction de la côte sud de l’Espagne.

    Selon des sources informées, la Garde civile espagnole a déjoué les tentatives de ces jeunes hommes de pénétrer dans la péninsule ibérique, après que la période de navigation secrète entre la côte d’Oran et son homologue espagnole ait duré environ 17 heures complètes, selon ce qui a été rapporté par le journal local « Alvaro de Ciota » dans la province de Grenade.

    Les « harragas » ou immigrants illégaux étaient répartis sur trois bateaux, le premier était un bateau en caoutchouc, transportant 13 jeunes Algériens, dont un mineur, le deuxième était un bateau traditionnel en bois transportant 14 immigrants, la plupart dans leur quatrième décennie de vie, et le troisième bateau en bois avait 11 jeunes hommes portant des combinaisons de plongée.

    Les mêmes sources ont révélé que les migrants arrêtés ont été interceptés à 20 miles nautiques au sud de Motril.

    Chacun d’entre eux a été emmené sous haute surveillance par les patrouilles des services maritimes jusqu’au port de Motril, dans la région d’Andalousie, dans le sud de l’Espagne, où des tests ont été effectués sur eux pour s’assurer qu’ils étaient exempts du virus Corona.

    Ensuite, il a été décidé de les transférer dans un centre de la région de « Capilera », supervisé par la Croix-Rouge espagnole, comme le dictent les mesures de précaution visant à freiner la propagation du nouveau virus Corona, en raison de la fermeture continue des centres pour immigrants illégaux en Espagne. Des fuites locales ont indiqué dans ce contexte que toutes les personnes arrêtées par les autorités espagnoles étaient originaires des provinces algériennes de Chlef et de Djelfa.

    Ils ont pris la mer en masse depuis la plage d’Ain Franin après que les barons de l’immigration clandestine aient profité du calme de la mer pour envoyer plusieurs embarcations vers l’Espagne.

    Il s’agit du deuxième incident de ce type en moins de trois jours, après l’annonce par les services de secours maritimes espagnols de l’interception d’une embarcation artisanale transportant dix immigrants clandestins algériens sur les côtes de Carthagène appartenant à la région de Murcie.

    Les immigrés clandestins algériens dont le bateau a été intercepté sont des adultes et sont en bonne santé, précisant qu’ils ont été transférés dans la région « Escombreras » de Carthagène, où ils ont été soumis à des tests pour détecter la possibilité d’une infection par le virus Covid-19, conformément au protocole sanitaire en vigueur.

    Echourouk online, 11 mai 2021

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  • Sahara Occidental : Ce que le Maroc veut, ce qu’il obtient et ce qu’il doit faire

    Depuis le 13 novembre 2020, l’expansion et l’occupation du Royaume du Maroc vit dans un brouhaha diplomatique, politique et militaire sans précédent après qu’il se soit assuré de son échec total à continuer de parier sur le fait accompli au Sahara Occidental comme statut final et de sa certitude et conviction que l’erreur de Guerguerat était fatale à tous points de vue le conduisant à un destin inconnu et au bord de l’effondrement total.

    Le discours de M. Guterres le vendredi 7 mai devant les représentants des Etats membres de l’Assemblée générale des Nations Unies n’était pas du tout innocent. Le fait qu’il ait dit qu’il avait soumis 12 candidats pour le poste d’envoyé personnel depuis la démission de M. Kohler, et qu’il ait admis qu’il n’y avait pas d’envoyé personnel jusqu’à présent, est une tentative misérable de M. Guterres pour couvrir le rejet par le Maroc de sa dernière proposition, l’Italien M. De Mistura, mais M. Dujarric l’a dit d’une autre manière lorsqu’il a confirmé que « Guterres continuera à proposer d’autres noms pour le poste de l’ONU. »

    Ce rejet s’inscrit pleinement dans la politique de confusion et de perte de repères que mène aujourd’hui le Maroc.

    – L’adhésion à l’Union africaine s’est transformée en malédiction après la récente décision du Conseil africain de paix et de sécurité et l’échec de toutes les tentatives d’influencer la réalité sahraouie.

    – L’erreur de Guerguerat en août 2016 a été fatale à tous points de vue, et la guerre qu’il n’avait pas du tout voulue et à laquelle il n’était pas prêt a repris le 13 novembre 2020.

    – L’ouverture de consulats dans les villes occupées du Sahara occidental et la dilapidation de l’argent des contribuables marocains au profit de fonctionnaires corrompus n’ont rien arrangé, ni même empêché la tenue du sommet du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine…

    – La décision de Trump a transformé une malédiction et a donné à la question sahraouie une nouvelle dimension et plus de visibilité qui n’aurait pas eu lieu sans la politique de marchandage sur laquelle le Maroc a parié.

    Tout a échoué, et tout a basculé à 180 degrés sans avertissement préalable.
    Le Maroc ne sait plus ni ce qu’il veut ni de qui il peut obtenir quoi.

    – Le Maroc a attaqué l’État du Kenya pendant sa présidence de la réunion prévue du Conseil africain de paix et de sécurité, après ses tentatives infructueuses pour l’empêcher d’avoir lieu.

    – Le Maroc a réprimandé la Mauritanie en la tenant pour responsable d’avoir reçu l’envoyé du président sahraoui, M. Al-Bashir Mustafa Al-Sayed, sans son autorisation préalable.

    Ce que veut le Maroc

    – Le Maroc veut que l’Union africaine reste à l’écart de la question sahraouie, et en même temps il veut que l’UA exclue la république sahraouie qui est un membre et un État fondateur de l’UA, violant ainsi l’acte constitutif et la charte de l’UA.

    – Le Maroc veut que les États-Unis d’Amérique s’en tiennent à la décision de Trump et impose même sa volonté à l’administration Biden en affirmant que la déclaration présidentielle est juridiquement contraignante, et que son administration doit légitimer l’occupation marocaine du Sahara occidental pour maintenir ses relations avec Israël. En outre, le Maroc veut forcer la nouvelle administration américaine à accepter que l’Iran est dans la région soutenant le Polisario et que la Chine est dans la région, et aussi la Russie, le Hezbollah, les Houthis, et, …. comme si les États-Unis ont besoin du Maroc pour savoir ce qui se passe dans le monde.

    Le Maroc veut que les Nations Unies nomment un envoyé personnel du Secrétaire Général des Nations Unies au Sahara Occidental, soit du Maroc, du Sénégal ou du Burkina Faso, et la seule solution viable pour être sur la table des négociations est l’autonomie, et pour la Minurso de ne pas surveiller les droits de l’homme, les ressources naturelles, ou quoi que ce soit mais de surveiller exclusivement le cessez-le-feu. Quant à la mission des Nations Unies, le Maroc souhaite qu’elle soit une antenne du ministère de l’Intérieur marocain.

    – Le Maroc veut que l’Espagne obtienne son accord pour recevoir le président sahraoui Ibrahim Ghali pour un traitement médical et donner à Rabat le droit d’administrer les tribunaux et le système judiciaire espagnols et de juger n’importe qui par n’importe quelle sentence selon les mesures du roi marocain. En outre, le Maroc veut être celui qui détermine les relations extérieures de l’Espagne et ses relations internationales, décidant ainsi avec qui l’Espagne doit traiter et avec qui elle ne doit pas, exactement comme la France le fait avec le Maroc lui-même, sur la base du traité d’Aix-les-Bains.

    – Le Maroc veut que l’Espagne aborde les droits de l’homme exactement comme il le fait. Le Maroc a une histoire complètement sombre dans le domaine des droits de l’homme, et parle d’oppression, d’arrestation et de viol comme s’il s’agissait de la Suède ou de la Norvège.

    – Le Maroc veut que l’Allemagne bénisse la décision de Donald Trump, que l’Amérique elle-même n’a pas béni, et qu’elle reconnaisse la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. En outre, il demande à l’Allemagne d’inclure le Maroc dans les réunions sur la sécurité et la paix qui concernent des régions avec lesquelles le Maroc n’a pas de frontières, et que l’Allemagne ne prenne aucune décision concernant ses affaires intérieures ou extérieures, ni aucune position, sauf après l’avoir consulté ; la diplomatie marocaine qui est dotée de sagesse et de droiture absolue alors que le Maroc lui-même reçoit ses ordres de la France.

    – Le Maroc veut que l’Union européenne légitime son occupation du Sahara occidental, soutienne ses positions, pousse l’UE à piétiner ses décisions, ses institutions et les positions de ses pays, et dise que le front Polisario vole l’aide humanitaire, qu’il recrute des enfants pour la guerre et viole les droits de l’homme, sinon quel est le sens du partenariat si de telles allégations sans fondement ne sont pas adoptées par cette organisation continentale.

    – Le Maroc veut que la Grande-Bretagne n’adopte pas une position qui soutient le respect du droit du peuple sahraoui à l’autodétermination et piétine les décisions de justice et permette le pillage illégal des ressources naturelles du peuple sahraoui.

    – Le Maroc veut qu’Amnesty International accuse le journaliste marocain emprisonné Omar Radi de servir des parties étrangères et d’espionnage.

    – Le Maroc veut que Human Rights Watch reconnaisse que les autres journalistes éminents, Raissouni et Bouachrine, sont des délinquants sexuels, des violeurs et des trafiquants d’êtres humains.

    – Le Maroc veut que The Front Line dise que le penseur marocain et défenseur des droits de l’homme Muaati Monjib est un voleur qui a volé des fonds publics et a été arrêté pour corruption.

    – Le Maroc veut que Reporters sans frontières dise que la liberté de la presse est meilleure au Maroc qu’en Suède, en Norvège et au Danemark.
    Et pour le chantage, et alors que la corde se resserre sur son occupation militaire brutale du Sahara Occidental, le Maroc tire chaque fois une carte et la jette sur la table en menaçant le monde de l’apocalypse à venir ; les cartes du terrorisme, de l’immigration illégale, du trafic humain et de la drogue.

    Ce que le Maroc obtient

    Alors, qu’est-ce que le Maroc a gagné de cette tension omniprésente, si ce n’est un échec ?
    Le régime de Rabat doit maintenant récolter les fruits de son arrogance

    – Le ministre espagnol des affaires étrangères dit au Maroc, en langage diplomatique, que la politique intérieure espagnole ne concerne en rien le Maroc, et que le partenariat ne signifie pas le traité colonial d’Aix-Les-Bains.

    – Le ministère allemand des affaires étrangères, de son côté, confirme que sa position sur la question sahraouie est fixe et ne s’écarte pas de la solution de l’autodétermination.

    – Le ministre britannique des Affaires étrangères réaffirme la position de la Grande-Bretagne en faveur du droit du peuple sahraoui à l’autodétermination et souligne la nécessité de respecter les décisions de justice concernant le dossier des ressources naturelles.

    – De hauts responsables politiques des États-Unis d’Amérique qui sont considérés comme des références de leur politique étrangère, de Baker à Ross en passant par John Kerry et John Bolton affirment que le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination et à l’indépendance est inaliénable et ils parlent pour la première fois du modèle d’État du Sahara Occidental et de sa viabilité.

    – La nouvelle administration américaine reconnaît l’existence d’une guerre entre l’armée de libération du Polisario et le Maroc et exprime une position qui n’a rien à voir avec Trump lors de la dernière réunion du Conseil de sécurité.

    – Ce même département d’État américain a explicitement et instantanément démenti ce que le ministre marocain des Affaires étrangères avait déclaré par le biais du correspondant du site d’information Exion, Barak Rafid, affirmant que l’administration Biden ne reviendra pas sur la décision de Trump concernant le Sahara occidental et le Maroc.

    – Le Maroc s’est bousculé auprès de l’American Israeli Public Affairs Committee appelé AIPAC pour obtenir le soutien de l’organisation à la décision de Trump, ou au moins obtenir des garanties que la décision de Trump au niveau des États-Unis d’Amérique restera en vie, même pour un petit moment, mais le Maroc n’a obtenu ni cela ni le premier.

    – L’Iran condamne la tentative du Maroc de l’impliquer dans des problèmes qu’il n’a pas réussi à résoudre.

    – La Libye se dirige vers une véritable solution sans le Maroc, et le Mali progresse vers la stabilité sans le Maroc.

    – L’Union européenne renouvelle ses positions et dément la propagande du Maroc sur l’enrôlement d’enfants dans la guerre par le Polisario et réfute les affirmations du Maroc sur la question de l’aide humanitaire.

    – Depuis Genève, les Nations Unies mettent en garde le Maroc : « torture et persécution judiciaire, menaces et surveillance constante, une grave agression contre les défenseurs des droits de l’homme au Sahara Occidental. Les deux rapporteurs spéciaux de l’ONU sur les défenseurs des droits de l’homme et la liberté d’expression ont exprimé leur préoccupation quant à l’absence de sécurité et l’existence d’un environnement hostile pour les défenseurs des droits de l’homme au Sahara occidental et au Maroc.

    – Enfin, la Croix-Rouge internationale exprime ses regrets de ne pas être en mesure de mener à bien sa mission dans les villes sahraouies occupées.

    – Et sur le terrain, les bombardements de l’armée sahraouie se poursuivent et s’intensifient de manière disproportionnée, et les ramifications destructrices de la guerre contre les troupes d’occupation marocaines ne peuvent être occultées par personne aujourd’hui.

    Ce que le Maroc doit faire

    Par conséquent, devant ces portes hermétiquement fermées, vers quelle direction l’occupation marocaine se dirige-t-elle aujourd’hui ?

    Pourtant, une seule porte est ouverte pour le Maroc ; le respect du droit inaliénable du peuple sahraoui à l’autodétermination et à l’indépendance à travers un référendum équitable et démocratique pour mettre fin au chapitre du colonialisme non seulement au Sahara Occidental occupé mais aussi en Afrique.

    Mohamed Salem Ahmed Labeid

    Sumoudsh, 9 mai 2021

    Etiquettes : Maroc, Sahara Occidental, Espagne, Allemagne, Front Polisario, Etats-Unis,

  • Espagne : La MAE évite de répondre aux critiques du Maroc et déclare que ce dont elle doit parler, elle le fait « avec discrétion ».

    La ministre des Affaires étrangères, de l’UE et de la Coopération, Arancha González Laya, a évité une fois de plus de se retrouver dans un feu croisé d’accusations avec le Maroc au sujet de l’accueil en Espagne, pour des raisons humanitaires, du leader du Front Polisario, Brahim Ghali, et a défendu que ce dont le gouvernement doit parler avec le pays voisin, il préfère le faire  » avec discrétion « .

    « Je ne vais rien ajouter à ce qui a été dit les jours précédents », s’est-elle contentée de répondre lorsqu’on l’a interrogée, lors d’une conférence de presse avec son homologue croate, Gordan Grlic Radman, sur le dernier communiqué du ministère marocain des Affaires étrangères, dans lequel il met en garde contre d’éventuelles « conséquences » du geste du gouvernement espagnol, dont Rabat n’a pas été informé au préalable.

    « L’Espagne est toujours en contact avec les autorités marocaines, discrètement, et ne le fera pas publiquement par le biais des médias », a-t-il répondu sur l’insistance des journalistes, qui lui ont demandé si le gouvernement n’envisage pas de faire un geste pour faire baisser les esprits ou s’il craint que Rabat ne choisisse de demander des consultations à son ambassadeur, comme il l’a fait il y a quelques jours avec l’Allemagne.

    La semaine dernière, González Laya avait déjà déclaré que « les explications appropriées » avaient été données à Rabat sur les raisons strictement humanitaires qui ont conduit le gouvernement à accepter l’arrivée de Ghali en Espagne pour recevoir un traitement contre le COVID-19 dans un hôpital de Logroño, où il est admis depuis deux semaines.

    Source : Infobae, 11 mai 2021

    Etiquettes : Espagne, Maroc, Sahara Occidental, Front Polisario, Brahim Ghali,

  • Un service à l’Algérie qui empoisonne les relations avec le Maroc

    Le leader du Front Polisario est arrivé en Espagne avec un passeport diplomatique à bord d’un avion médicalisé de la Présidence algérienne.

    C’est le ministre algérien des affaires étrangères, Sabri Boukadoum, qui avait effectué sa première visite officielle à Madrid le 29 mars, qui, début avril, a formulé la demande d’aide : le chef du Front Polisario et président de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), Brahim Ghali, était gravement malade du covid, en danger de mort, pour lequel il demandait à être hospitalisé en Espagne.

    Cette demande délicate a été analysée au plus haut niveau et, malgré les réticences du ministre de l’Intérieur, Fernando Grande-Marlaska, le feu vert a été donné « pour des raisons strictement humanitaires », selon des sources diplomatiques, et compte tenu du caractère stratégique des relations avec l’Algérie, premier fournisseur de gaz sur le marché espagnol. Certaines sources soulignent que la demande avait déjà été rejetée par l’Allemagne ; d’autres suggèrent que l’Algérie ne voulait pas abuser de la générosité de Berlin, puisque le président algérien, Abdelmadjid Tebbone, a passé trois des six derniers mois dans un hôpital allemand pour se remettre du coronavirus.

    Les relations entre l’Allemagne et le Maroc se trouvent également à un moment critique. Le Maroc a décidé le 1er mars de suspendre tout contact avec l’ambassade d’Allemagne à Rabat et le 6 mars, il a franchi une nouvelle étape dans son escalade diplomatique en rappelant son ambassadeur à Berlin pour des consultations. Les raisons d’une telle réaction de colère sont confuses, allant du placement d’un drapeau sahraoui à l’Assemblée de la ville-état de Brême, au fait d’avoir révélé des « informations sensibles » à un youtuber d’origine marocaine qui a été emprisonné au Maroc pour terrorisme. Le contexte de la crise, selon des sources diplomatiques, est la tentative de Rabat d’exercer des pressions sur l’UE pour qu’elle change de position sur le conflit du Sahara, après que le président américain de l’époque, Donald Trump, a reconnu le 10 décembre la souveraineté alaouite sur l’ancienne colonie espagnole.

    Ghali, chef d’un État reconnu par plus de 80 pays (bien que seule la moitié d’entre eux entretiennent des relations diplomatiques, et que ni l’Espagne ni l’UE n’en fassent partie), est arrivé le 18 avril à la base aérienne de Saragosse, à bord d’un avion médicalisé de la présidence algérienne. Il a été pris en charge par une ambulance et transféré sous escorte policière à l’hôpital San Pedro de Logroño. Le leader du Polisario, selon les sources consultées, est entré en Espagne avec son identité et son passeport diplomatique, bien qu’il se soit inscrit au centre de santé sous le nom d’emprunt d’un citoyen algérien, pour des raisons de sécurité.

    Dans le communiqué publié samedi dernier par le ministère marocain des affaires étrangères (le deuxième à se plaindre de l’accueil de Ghali), Rabat a averti l’Espagne de ne pas « minimiser le grave impact » de cette crise sur les relations bilatérales et a prévenu qu’elle « prend acte » et « tirera toutes les conséquences » d’une décision « préméditée », prise « dans le dos d’un partenaire et voisin ». Jusqu’à présent, le Maroc n’a adopté contre l’Espagne aucune des mesures appliquées à l’Allemagne, mais a haussé le ton de l’indignation rhétorique, mobilisant neuf partis de la majorité gouvernementale et de l’opposition par un communiqué de condamnation commun.

    Selon des sources gouvernementales, la ministre González Laya avait prévu de communiquer cette information à son homologue marocain, Nasser Bourita, mais la nouvelle est tombée avant qu’elle ne puisse le faire. Par la suite, ajoutent ces sources, Gonzalez Laya a déjà parlé à Bourita et lui a donné toutes sortes d’explications, comme l’a fait également, à plusieurs reprises, l’ambassadeur d’Espagne à Rabat, Ricardo Diez-Hotchleitner. En tout cas, Rabat n’a pas non plus prévenu l’Espagne de la reconnaissance du statut marocain du Sahara par la Maison Blanche, qui a pris de court le ministre espagnol en visite en Israël, affirment les mêmes sources.

    La crise est loin d’être terminée. Ghali se remet du coronavirus et le juge de l’Audiencia Nacional Santiago Pedraz l’a convoqué comme prévenu pour le 1er juin. Dans sa cour il y a deux affaires ouvertes pour des crimes prétendument commis contre des dissidents sahraouis dans les camps de réfugiés de Tindouf (Algérie). C’est le juge qui, après avoir pris sa déposition, décidera d’imposer des mesures conservatoires ou de le laisser libre. « Le gouvernement espagnol sera à ce que la justice décide. Notre tâche était de lui sauver la vie et nous l’avons déjà fait », soulignent des sources diplomatiques. Au ministère des affaires étrangères, on affirme que, lorsque son entrée en Espagne a été autorisée, il a été averti qu’il pourrait être convoqué par le juge, alors qu’il n’y avait pas, et qu’il n’y a toujours pas, de mandat de recherche et d’arrêt à son encontre.

    Le Maroc suspend les réunions bilatérales au niveau technique

    Le ministère des affaires étrangères examine à la loupe la température des relations avec le Maroc, au-delà des déclarations publiques. Pour l’instant, l’irritation de Rabat a entraîné la suspension de certaines réunions bilatérales à caractère technique et il n’y a toujours pas de date pour le sommet de haut niveau reporté depuis décembre, mais rien n’indique que les domaines les plus sensibles, la coopération en matière de lutte contre l’immigration clandestine ou le djihadisme, aient été affectés. Des sources diplomatiques sont convaincues que Rabat comprend que l’Espagne ne pouvait ignorer la demande de l’Algérie et apprécie le rôle qu’elle joue en sa faveur au sein de l’UE. En ce moment, soulignent les mêmes sources, l’Espagne tente d’obtenir de l’UE qu’elle n’inclue pas le Maroc dans sa liste grise de paradis fiscaux. C’est ce qui se passera si elle se limite à transférer la dernière liste du Groupe d’action financière (GAFI) sur les pays présentant des lacunes dans la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme.

    El Pais, 11 mai 2021

    Etiquettes : Maroc, Espagne, Algérie, Sahara Occidental, Front Polisario, Brahim Ghali,

  • Maroc: en brouille avec Madrid et Berlin et maintenant avec Téhéran

    A qui le tour? Depuis quelque temps, le Maroc connaît une série de brouilles diplomatiques avec nombre de capitales. D’abord avec Berlin, ensuite avec Madrid, et cette fois-ci avec Téhéran, avec en toile de fond le conflit du Sahara occidental occupé par le royaume depuis 1975.

    Jeudi, le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, a accusé devant le lobby pro-sioniste (AIPAC), l’Iran de » vouloir mener des activités de déstabilisation en Afrique du Nord ».

    En réaction à ces déclarations, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Saeed Khatibzadeh, a déclaré samedi qu’ « en raison de son incapacité à résoudre ses problèmes régionaux, le gouvernement marocain, tout en soutenant le régime criminel sioniste, a une fois de plus répété ses accusations fausses et sans fondement contre la République islamique d’Iran ».

    Selon le même responsable, « de telles accusations non fondées contre l’Iran ne font que contribuer aux complots américains et israéliens dans la région et travaillent contre les partisans de la juste cause palestinienne ».

    « Il est dommage que le gouvernement marocain, qui occupe actuellement la présidence du Comité Al-Qods (de l’OCI), détourne l’attention du principal problème du monde islamique, à savoir la lutte contre la nouvelle agression à Al Qods et la défense des droits de la nation palestinienne, alors que le monde musulman a plus que jamais besoin d’unité et de solidarité », a-t-il ajouté.

    Avec l’Espagne, le Maroc qui utilise plutôt la carte de l’immigration clandestine pour faire pressions sur ce pays afin qu’il reconnaisse ses revendications illégitimes au Sahara occidental semble avoir franchi un nouveau pas après l’hospitalisation, en Espagne, du président sahraoui et SG du Front Polisario, Brahim Ghali.

    Des médias espagnols ont annoncé, ces derniers jours, que la justice espagnole avait engagé une procédure contre le président sahraoui pour de présumés « crimes contre l’humanité ».

    Une fausse information démenti par le Haut tribunal espagnol, tandis que la cheffe de la diplomatie espagnole, Arancha Gonzalez Laya a déclaré que le SG du Polisario devait quitter l’Espagne au terme de son hospitalisation.

    L’Allemagne est un autre pays avec lequel le Maroc ne s’entend plus en raison de la question sahraouie. Depuis le 1er mars, date à laquelle le Maroc a décidé de « suspendre tout contact » avec l’ambassade d’Allemagne à Rabat, les deux pays ne trouvent toujours pas un terrain d’entente. En réaction à la dernière décision du Maroc de rappeler son ambassadrice à Berlin, le ministère allemand des Affaires étrangères a fait part de son étonnement, jeudi 6 mai, expliquant qu’il n’avait pas été informé à l’avance de la décision prise par le royaume.

    « Nous sommes d’autant plus surpris par cette mesure que nous faisons des efforts constructifs avec la partie marocaine pour résoudre la crise », a déclaré un responsable du ministère allemand cité par des médias.

    Le Maroc, via son ministère des Affaires étrangères, avait justifié le rappel de son ambassadrice en évoquant, entre autres raisons, des actions entreprises par Berlin après la reconnaissance unilatérale de l’ex-président américain, Donald Trump, de la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental. Cette décision largement condamnée à l’échelle internationale avait été soulevée par l’Allemagne au Conseil de sécurité de l’ONU où elle a appelé les Etats-Unis à « agir dans le cadre du droit international ».

    Cette accumulation de maladresses marocaines, traduit « la déception de l’occupant marocain, contraint d’ailleurs d’inventer à chaque fois des histoires pour faire chanter ces pays qui ont exprimé clairement leur attachement à la légitimité internationale », explique le représentant du Front Polisario en Europe et à l’Union européenne (UE), Abi Bouchraya Bachir, qui souligne que la politique « du mensonge et du chantage » est la seule constante définissant la politique étrangère du Maroc.

    Aujourd’hui, dira-t-il, le régime marocain s’en prend à tout le monde, d’abord au peuple sahraoui, puis à la Mauritanie, à l’Algérie à l’UA et à l’UE au point où il tente l’immixtion dans les affaires internes de l’Allemagne et de l’Espagne.

    Challenges Algérie, 10 mai 2021

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