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  • La Russie et le monde

    La Russie et le monde

    Algérie, Russie, Ukraine, OTAN, Etats-Unis, Occident, Maroc,

    Il paraît révolu le temps où un simple froncement de sourcils des USA suffisait pour ramener dans le rang la moindre velléité de résistance ou de contestation de pays qui, dans un moment d’égarement sans doute, s’imaginaient dans un monde libre.

    La fronde contre l’oncle Sam semble avoir gagné tous les continents. Le sommet des Amériques a vu un front de protestations contre l’exclusion du Venezuela, de Cuba et du Nicaragua, dont la retentissante déclaration de boycott du président mexicain.

    Dans notre continent, on assiste à de nouvelles alliances avec la Russie, et au renforcement d’anciennes, nonobstant les menaces de sanctions étasuniennes. La pax americana a vécu. Le nouvel ordre mondial est en marche.

    Et celui-ci a été rendu possible grâce au retour en force de la Grande Russie dans la scène internationale. Le conflit ukrainien aura révélé une réalité longtemps occultée, voire niée d’un occident fielleux et méprisant : la Russie est sans conteste une puissance mondiale incontournable. Le monde entier, les populations européennes en particulier, découvraient (pour certains avec stupeur) que la Russie est non seulement un acteur majeur dans l’approvisionnement en énergie (mais pas seulement) de tout un continent et contribue donc à sa sécurité énergétique, mais elle participe également à la sécurité alimentaire d’une partie de la planète. Quant à la fin prochaine de son opération spéciale en Ukraine, celle-ci ne sera que la confirmation d’un fait établi de longue date et qui n’est secret pour aucun analyste intellectuellement honnête : l’indéniable supériorité militaire de l’ours russe.

    En réalité, le monde a basculé depuis le conflit syrien et la victoire russe contre l’OTAN. Or bien loin d’en prendre acte, l’organisation atlantiste a retenté l’aventure dans un terrain qu’elle jugeait plus favorable, l’ayant auparavant préparé ; sans plus de succès semble-t-il au vu de l’inexorable avancée du rouleau compresseur russe.

    Les armes et mercenaires qu’elle s’entête à envoyer n’y changeront rien et n’auront d’autres effets que d’ajouter aux souffrances de la population ukrainienne, auxquelles nous compatissons, comme nous compatissons à celles du peuple syrien, palestinien, sahraoui, etc. Mais contrairement à la faction extrémiste au pouvoir en Ukraine, ces derniers n’ont provoqué aucune puissance et n’ont eu d’autre tort que celui d’exister ou de vouloir exister.

    Durant cette épreuve et après son dénouement qui ne fait aucun doute, la Grande Russie n’oubliera pas ses alliés comme elle n’oubliera pas ses ennemis ou ceux qui lui ont tourné le dos. Et dans la première catégorie, on trouve bien évidemment et tout naturellement l’Algérie, son principal allié dans le continent, sur lequel elle pourra s’appuyer pour se déployer et gagner les uns après les autres les états africains à sa cause.

    D’ailleurs ceux-ci doivent être conscients que la chute (bien qu’improbable) ou même un déclin de la puissance russe entraînerait (n’en déplaise à la propagande fallacieuse et mensongère occidentale) une période de prédation féroce et de recul sans précédent des libertés et de la démocratie.

    L’Algérie en sait quelque chose, l’ayant vécu dans sa chair. Car il n’aura échappé à aucun observateur attentif que l’effondrement de l’URSS a été suivi par celui de son allié, l’Algérie. Les «jihadistes» ayant opéré en Afghanistan y seront transférés pour faire tomber l’allié traditionnel et un des bastions de la résistance anti-impérialiste.

    Tous deux connurent donc une période de marasme économique et une longue lutte contre le terrorisme que l’on pourrait qualifier de descente aux enfers. Et comme une certaine communauté de destin semble lier les deux pays, le parallèle ne s’arrête pas là. Ainsi l’on projette pour notre pays une réédition de l’épisode ukrainien avec le pion Maroc faisant office d’homme-lige de l’impérialisme dans la région.

    Or on ne s’allie pas avec le diable sans conséquences. Les potentiels candidats à ce type de partenariat sulfureux ne pourront ignorer les exemples de leurs prédécesseurs, car tous ont été témoin du peu de cas que les occidentaux accordaient à leurs accords ou traités, ainsi qu’aux dirigeants qui ont eu l’imprudence ou peut-être la naïveté de croire en une chimérique amitié avec ces derniers et leur prêtaient sans doute un tant soit peu d’honneur.

    Qu’ils se le tiennent pour dit une bonne fois pour toute : les impérialistes ne laisserons aucune occasion à nos pays de se développer en toute autonomie car ce n’est tout simplement pas leur intérêt. Foncièrement racistes et profondément élitistes, ils ne sont pas amis des peuples, qu’ils méprisent et n’hésitent pas à sacrifier pour préserver leurs privilèges et faire perdurer leur domination.

    Le retour de la Russie aura ainsi le mérite d’exposer, avec on ne peut plus de clarté, cette vérité axiomatique et de sonner l’heure de la révolte pour les peuples jusqu’ici écrasés sous le joug d’un occident de rapine et de destruction, car il porte en lui l’espoir d’un monde plus équilibré, plus démocratique, plus libre… en parfaite convergence avec l’action et la vision de l’Algérie du nouvel ordre mondial.

    Miloud Boumaza
    Né à Chlef
    Comptable
    Résidant en France, en région parisienne

    La patrie news, 16 juin 2022

    #Russie #Ukraine #OTAN #EtatsUnis #Occident #Algérie

  • La guerre en Ukraine livre de nouveaux paradigmes

    La guerre en Ukraine livre de nouveaux paradigmes

    Ukraine, Russie, OTAN, Chine, Etats-Unis, Europe,

    Les États Unis, l’Otan, la Russie, la Chine, semblent être aujourd’hui les puissances qui font les événements du monde. En ne faisant rien, la Chine fait tout : dans un contexte de récession planétaire, elle rachète tout ce qu’elle trouve sur le marché comme matières premières. Elle en revendra une partie au prix fort aux pays développés, surtout aux États Unis et aux Européens. En même temps, elle profite des succès des Russes pour imposer son tempo à Taïwan. Donc, elle a marqué des points précieux dans la géostratégie du monde en mouvement.

    La Russie continue d’avancer selon un schéma tactique qui prend tout le monde au dépourvu. Et les médias occidentaux qui font de la propagande stérile n’y pourront rien, car sur le terrain, l’Ukraine elle-même est en train de demander secours et de compter, publiquement, ses pertes. L’aboutissement, on s’y rapproche laborieusement. L’objectif pour les Russes est de changer un ordre imposé par l’Occident ; et elle est en train d’arriver à le renverser.

    Les États Unis, en perte de vitesse, certes, mais qui demeurent une superpuissance mondiale sur laquelle il faudrait encore compter, n’a plus toutes les cartes en main pour imposer son rythme. La sous-traitance de la guerre contre les Russes via l’Europe n’a pas fonctionné au quart de tour. L’Ukraine est dévastée depuis longtemps, et les pays européens hésitent à jouer le jeu à fond, à l’image de la France, qui multiplie les effets d’annonce, sans rien de concret, et de l’Allemagne, qui tente de gagner du temps pour apprécier sur quelle position se tenir.

    L’Europe, grand perdant de ce bras-de-fer Amérique-Russie, en sortira meurtrie, comme après la Seconde Guerre mondiale. Elle le sait, et tente de résister aux effets d’entraînement de l’Otan, qui reste le bras armé des seuls Etats Unis.

    L’Afrique, pour une fois, se donne le droit de regarder la guerre de loin. A plusieurs reprises, elle a fait savoir au monde entier que ce ne sont pas les Russes, mais les Européens qui ont colonisé, meurtri et dévasté le continent africain. La Conférence de Berlin qui a présenté l’Afrique en une grosse tarte à manger, c’était le fait des Européens, pas des Russes, la colonisation, l’esclavagisme, la fabrication des barbouzes et des Chefs d’Etats, également furent le fait des Européens.

    Nous l’avons déjà dit à plusieurs reprises, la guerre en Ukraine livrera des paradigmes nouveaux, qui ne seront certainement pas au bénéfice des puissances d’hier.

    L’Expression, 16 juin 2022

    #Ukraine #Russie #Chine #EtatsUnis #OTAN

  • Sánchez, l’Europe et le Sahara occidental

    Sánchez, l’Europe et le Sahara occidental

    Sahara Occidental, Maroc, Algérie, Espagne, Europe, OTAN, Etats-Unis, néocolonialisme, France, Maghreb,


    Jesus L. Garay
    Membre de l’Asociación de Amigos y Amigas de la RASD (Association des amis de la RASD)

    Nous avons besoin de toute la force de la solidarité et de toute la volonté politique démocratique pour arrêter ce coup néocolonialiste, pour démonter les arguments fallacieux d’opportunité politique et de fausse compassion humanitaire que le PSOE a déployés, et pour lancer une mobilisation sociale et politique efficace.

    Trois mois après la divulgation par le Maroc de la lettre de Pedro Sánchez dans laquelle le gouvernement espagnol modifie sa position officielle sur la question du Sahara occidental, les échos des réactions provoquées par ce revirement, loin de s’apaiser, continuent d’occuper le devant de la scène politique et médiatique, cette fois dans le sillage de la suspension par l’Algérie du traité d’amitié et de coopération avec l’Espagne.

    La décision du gouvernement espagnol a sans aucun doute de nombreuses implications qu’il serait impossible d’aborder brièvement, tout comme il est impossible de traiter la multitude d’erreurs qui ont été et sont commises en commentant les différents aspects de cette question.

    Les implications de la position du gouvernement sur la politique interne de l’État ont surtout été discutées ; mais au-delà des déclarations et des motions génériques, si quelque chose est devenu clair sur cette question, c’est que les partis qui composent ou soutiennent ce gouvernement sont incapables – ou peut-être manquent-ils simplement de volonté réelle – de revenir sur la décision de reconnaître implicitement la souveraineté marocaine sur la colonie espagnole. De même, il semble que les organisations sociales n’aient pas été en mesure de canaliser la sympathie et la solidarité que la cause sahraouie suscite dans la grande majorité de la population en une expression claire de rejet ou d’indignation. Toutefois, comme le montre la décision de l’Algérie, il n’est jamais trop tard pour prendre l’initiative.

    Cependant, les dernières décisions de l’Algérie mettent en lumière une dimension qui a été presque étouffée par le bruit causé par les formes et le timing de la décision du gouvernement. En effet, au niveau international, les déclarations de soutien à l’occupation marocaine révèlent que la décision n’est pas le résultat d’un simple  » coup de chaud  » de M. Sánchez, comme certains médias tentent de le décrire – bien qu’il y ait clairement une part d’improvisation – ni, comme cela se fait notamment sur les réseaux sociaux, une simple capitulation devant le chantage brutal du Maroc – ce qui est également le cas.

    La position actuelle du gouvernement espagnol est le résultat d’un effort stratégique de grande envergure visant à consolider un équilibre des forces au Maghreb arabe qui soit définitivement favorable aux intérêts néocoloniaux de l’Occident capitaliste. Cet effort, mené initialement par les États-Unis, comme il sied à leur statut de puissance hégémonique, a trouvé son expression ultime dans la déclaration d’un président sortant, Donald Trump, acceptant la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental en échange de la restauration complète des relations entre le Royaume du Maroc et l’État d’Israël.

    Dans l’ordre international actuel, cependant, le contrôle géopolitique de cette région d’Afrique du Nord ne relève pas directement des États-Unis, mais de l’Europe. Non pas l’Europe des droits et des valeurs démocratiques qu’on veut nous vendre, mais l’Europe de la nécropolitique migratoire, filiale de l’OTAN et héritière du colonialisme le plus récent, qui a glissé ces dernières années vers l’extrême droite idéologique.

    Bon nombre des réactions des décideurs politiques à la rupture des relations entre l’Algérie et l’Espagne démontrent qu’au fond, le point de vue de l’Europe sur l’Afrique n’a guère changé depuis la conférence de Berlin de 1885 et que, comme les États-Unis avec l’Amérique latine, elle continue de traiter le continent africain comme son arrière-cour : une sorte d’immense domaine d’où extraire les ressources nécessaires à son développement économique et social et où les habitants et les dirigeants africains devraient se contenter de faire ce travail efficacement.

    La liste des assassinats, des coups d’État et des interventions militaires pour contrôler les mouvements indépendantistes ou simplement pour « modérer » des politiques jugées potentiellement dangereuses pour les intérêts de l’Europe n’est pas close. La France, le Royaume-Uni et l’Allemagne s’efforcent ouvertement et clandestinement de conditionner la vie politique et économique des peuples d’Afrique, car l’orientation de l’économie européenne qu’ils dirigent en dépend largement.

    Certes, la pratique néocoloniale européenne est en contradiction ouverte avec le cadre juridique créé après la Seconde Guerre mondiale, la soi-disant légalité internationale, ce qui explique pourquoi, dans une large mesure, les interventions sont de type « secret » ou simplement passées sous silence par l’opinion publique. Et oui, l’Espagne, bien qu’elle soit le seul pays européen qui possède encore une colonie reconnue en Afrique, le Sahara occidental, joue un rôle marginal dans cette entreprise. Comme le maintien dans l’OTAN, cela fait partie du prix qu’elle a dû payer en échange de son adhésion à l’UE.

    Dans ce contexte, le Maghreb arabe est devenu l’un des théâtres les plus évidents de la confrontation entre les intérêts néocoloniaux et les droits des peuples africains, le Sahara occidental étant probablement le champ de bataille le plus décisif à cet égard. Si le Maroc parvient finalement à s’approprier le territoire stratégique du Sahara occidental et à contrôler ses actifs, l’Occident aura largement réussi à équilibrer la principale puissance de la région, qui est actuellement l’Algérie.

    Le seul problème est la résistance opposée par le petit peuple sahraoui, qui utilise le droit international en sa faveur. En effet, le peuple sahraoui, au moins depuis la création du Front Polisario, a fondé la légitimité de sa lutte sur le droit international. Cela a été un atout important pour affronter le colonialisme et réaffirmer leur volonté de réaliser le droit à l’autodétermination et à l’indépendance. Ainsi, chaque fois que les forces néocoloniales ont tenté de justifier ou de perpétuer leurs méfaits, chaque organisme et tribunal international a ratifié la légitimité de la résistance sahraouie et condamné les pratiques coloniales.

    La soi-disant légalité internationale est, curieusement, une création de ceux qui soutiennent l’occupation du territoire, le pillage de ses ressources et la tentative d’anéantir la population d’origine. C’est-à-dire, le groupe politico-économique de gouvernements et de sociétés qui financent et fournissent les moyens et les armes pour l’occupation du Sahara Occidental. Dans ce lobby de la mort et du pillage, les gouvernements et les entreprises espagnols ont, pour des raisons historiques et géographiques, un rôle de premier plan.

    Cela fait 50 ans que l’équilibre est instable entre la légitimité et les intérêts économiques et géopolitiques. C’est une lutte dans laquelle aucun des deux camps ne peut être considéré comme le vainqueur définitif. Le néocolonialisme a tenté de faire capituler le peuple sahraoui par des bombardements de réfugiés civils, des disparitions massives, l’invasion de colons, le pillage massif des ressources, toutes sortes de tactiques pour retarder l’application des résolutions de l’ONU, les mensonges et le silence, et le soutien flagrant de l’Espagne, de la France et des États-Unis au régime génocidaire de Mohamed VI, mais la résistance sahraouie continue, soutenue par le droit international. La vente d’armes, le vol gigantesque de phosphates et de poissons, le business agricole avec le roi du Maroc, l’énergie fossile et verte du Sahara occidental exploitée par des entreprises comme Siemens-Gamesa, apparaissent ainsi comme des faits accomplis mais impossibles à justifier ou à légaliser.

    La clé pour sortir de cette cruelle impasse pourrait résider dans une série d’arrêts de la Cour de justice de l’Union européenne qui, depuis 2016, réduisent la marge de manœuvre de ces pratiques coloniales, en déclarant nuls et non avenus les accords économiques avec le Maroc sur lesquels elles reposent. Tout au long de l’année 2023, il est prévu que la plus haute instance judiciaire européenne tranche définitivement le litige en faveur des arguments du Front Polisario, ce qui devrait amener l’UE à repenser ses relations avec le Maroc dans son ensemble. Non seulement les relations commerciales, mais toutes les questions touchant au territoire du Sahara occidental, que le Maroc considère comme sien et qui constitue non seulement la principale source de richesse du royaume alaouite, mais, comme nous l’avons expliqué, le seul espoir, tant pour le Maroc que pour l’Europe, de pouvoir affronter son principal rival sur l’échiquier du Maghreb.

    La décision du gouvernement espagnol s’inscrirait donc dans un plan visant à imposer la réalité de l’occupation par un consensus politique international, quelle que soit la décision des tribunaux européens. La construction d’un tel consensus dans le cas européen nécessite l’implication directe des deux principaux gouvernements, la France et l’Allemagne, et, dans le cas du Sahara occidental, de la puissance coloniale de référence, l’Espagne – comme le serait la Belgique dans le cas de la République du Congo ou le Portugal dans le cas du Mozambique. Une fois ce consensus de « realpolitik » construit, il serait facile de réunir la majorité des gouvernements européens – même si ce n’est peut-être pas aussi facile que dans le cas de la guerre en Ukraine – et, avec les États-Unis, d’imposer la loi du plus fort dans ce coin du monde.

    C’est pourquoi nous avons besoin de toute la force de la solidarité et de toute la volonté politique démocratique pour arrêter ce coup néocolonialiste, pour démonter les arguments fallacieux d’opportunité politique et de fausse compassion humanitaire déployés par le PSOE et pour lancer une mobilisation sociale et politique efficace. Car ce ne sont pas seulement la liberté et les droits d’un peuple africain qui sont en jeu, mais aussi la possibilité pour les gouvernements et les entreprises d’imposer leur volonté au-dessus de la loi, qu’ils prétendent eux-mêmes promouvoir.

    NAIZ, 10 juin 2022

    #SaharaOccidental #Maroc #Algérie #Espagne #Europe #OTAN #EtatsUnis #France #Néocolonialisme #Maghreb

  • Europe: Perspectives d’approvisionnement en gaz par l’Algérie

    Europe: Perspectives d’approvisionnement en gaz par l’Algérie

    Algérie, Europe, Gaz, Russie, Ukraine, Etats-Unis, Chine,

    Dans les relations internationales n’existant pas de sentiments, quelles sont les relations commerciales entre l’Algérie et l’Espagne et les perspectives de l’approvisionnement en gaz par l’Algérie de l’Europe ?
    L’Algérie, étant reconnu par la communauté internationale comme un acteur clef de la stabilité de la région méditerranéenne et africaine, dans ses relations s’en tient à la légalité internationale ayant adopté une position de neutralité dans le conflit en Ukraine lors du récent vote à l’ONU, tissant d’excellentes relations avec la Russie, la Chine les USA , la majorité des pays européens et d‘autres pays en Afrique, en Asie, en Amérique du Sud et au Moyen orient , défendant avant tout sa souveraineté qui n’ pas de prix.

    Aussi , les supputations récentes de certains responsables espagnols, avis qui ne fait pas l’unanimité en Espagne, que les tensions actuelles seraient dictées par Moscou à l’Algérie, ne tiennent pas la route du fait du renforcement récent des relations économiques avec l’Italie, la France, l’Allemagne et les USA tout en gardant des relations stratégiques avec la Russie. Espérons que le dialogue productif l’emporte sur les passions. Comme l’ont souligné le président de la république et récemment l’ambassadeur d’Algérie à Bruxelles, elle honorera ses engagements internationaux pour l‘approvisionnement en hydrocarbures quel que soit le pays, dans le cadre strict du respect des contrats. La révision des prix est contenu dans les clauses, en principe toutes les deux années, en rappelant que par le passé, ce sont deux pays l’Italie et l’Espagne qui avaient demandé la révision des prix à la baisse, lorsque le cours étaient bas. Aujourd4hui en toute souveraineté, le cours étant la hausse l’Algérie est en droit de demander une révision des prix à la hausse

    1.-Quelles sont les relations économiques de l’Algérie avec le reste du monde ?

    En dépit des relations politiques mouvementées depuis de longues décennies, l’Europe demeure le premier partenaire de l’Algérie, mais les échanges restent loin d’un optimum possible, comme en témoigne la structure du commerce extérieur du pays. En 2019,, la France était le 1er client de l’Algérie (14 % du total), devant l’Italie (13 %) et l’Espagne (11 %). La Chine était en 2019 le 1er fournisseur de l’Algérie (avec une part de marché de 18 %), suivie par la France (10 %) et l’Italie (8 %). Sur la liste des pays fournisseurs de l’Algérie, la France occupe la première place parmi les pays de l’UE avec 10 %, suivie de l’Italie (7 %), de l’Allemagne (6,5 %) et de l’Espagne (6,2 %) contre 17 % pour la Chine. En matière d’exportations, l’Italie est le premier client de l’Algérie avec un taux de 14,5 % suivie de la France (13,7 %) et l’Espagne (10 %) contre 9 % pour la Turquie et 5 % pour la Chine. Selon les statistiques douanières bilan 2020,sur 34,39 milliards d’importation de biens et 23,80 milliards de dollars d’exportation, les principaux partenaires sont la Chine avec 16,81% suivi de l’Italie, de la France, l’Allemagne et l’Espagne avec respectivement 10,60ù, 7,05% , 6,48% et 6,22%.

    Pour les principaux clients nous avons l’Italie avec 14,47% suivi de la France, l’Espagne, la Turquie et la Chine avec respectivement 13,69%, 9,84%, 8,91% et 4,89% Ainsi, les tendances du commerce extérieur , montrent que l’Europe demeure le premier partenaire avec peu d’évolution entre 2021/2022. Selon les données douanières pour 2020 nous avons la ventilation suivante par grandes zones : l’Europe 48,45% d’importation et 56,76% d’exportation avec une baisse de 17,70% par rapport à 2019 du fait de l’épidémie du coronavirus et de la baisse en volume physique des exportations d’hydrocarbures, ; l’Afrique importation 3,27% et exportation 6,58% ; Amérique 15,55% importation et 8,41% d’exportation ; Asie et Océanie 32,73% d’importation et 28,71% d’exportation , pour ce dernier cas la dominance de la Chine avec 35,50% des importations principal fournisseur suivi de la Turquie 18,04% et de l’Inde 6,76%. Pour la zone de libre échange entre l’Algérie et le monde arabe GZALE , les échanges sont dérisoires , environ 1,20 milliard de dollars en 2020 contre 1,33 en 2019 soit une baisse de 9,61%. En 2022, le monde est caractérisé par l’interdépendance des économies Il faut éviter pour analyser les impacts, le mythe d’une analyse statique de la balance commerciale mais raisonner toujours en dynamique. Prenons deux exemples : l’épidémie du coronavirus a fait découvrir aux européens notamment qu’ils dépendaient de certains produits de la Chine du fait de leur désindustrialisation.

    Récemment avec es tensions en Ukraine ils ont découvert leur forte dépendance de lla Russie pour l’Energie, dépassant les 40% pour leur approvisionnement et le reste du monde dont l’Afrique de la dépendance alimentaire, la Russie et l’Ukraine représentant environ 30% des exportations mondiales. Certes le PIB russe est extrêmement faible, ayant une économie peu diversifiée mais contrôlant des matières premières stratégiques, un PIB proche de celui de l’Espagne 1775 milliards de dollars en 2021 contre 1483 en 2020. L’Énergie outre la consommation de ménages entrent dans toutes les chaînes de production, la hausse des prix alimentant l’inflation mondiale et idem pour les biens alimentaires. Car la production est production de marchandises par des marchandises. Les pays développés contrôlant à leur tour les segments à forte valeur ajoutée répercutent cette hausse des prix sur les pays producteurs d’hydrocarbures (biens équipements, matières premières et biens de consommation) d’où ce qu’ils gagnent d’un côté, ils le perdent de l’autre côté devant dresser la balance devises pour calculer le solde net.

    2.-Relations commerciales Algérie /Espagne en 2021

    Selon les données internationales nous avons la situation suivante des principaux indicateurs économiques de l’Algérie et de l’Espagne. Pour l’Espagne le PIB (produit intérieur brut à prix courant ( donc devant tenir compte des fluctuations monétaires euro/dollar étant plus juste de raisonner à prix constants ) de 1426 milliards de dollars en 2021 contre 1280 en 2020. Les exportations de biens ( non compris les services) ont totalisé 307 milliards de dollars en 2020 et les importations 324 contre en 2021 325 milliards de dollars pour les exportations et 354 milliards de dollars pour les importations. Pour l’Algérie le PIB est évalué à 147 milliards de dollars en 2020 et 163 en 2022.

    Du fait de l’épidémie du coronavirus qui a affecté surtout les exportations d’hydrocarbures représentant avec les dérivées environ 97/98% des entrées en devises, les exportations ont été de 23,9 milliards de dollars et les importations de biens non compris les services de 33,8 milliards de dollars en 2020. Pour 2021, les exportations avoisinent les 37/38 milliards de dollars dont 34,5 provenant des hydrocarbures, Sonatrach incluant environ 2, 5 milliards de dollars de dérivées comptabilisées dans la rubrique hors hydrocarbures. Pour 2022, comme je l’ai mis en relief dans une interview au quotidien français le Monde.fr Paris, début juin 2021, et récemment le 11 juin 2022 lors du Forum initié par le quotidien gouvernemental Ech Chaab sur les défis de la transition économique, les recettes prévues seraient entre 58/59 milliards de dollars.

    Pour le commerce entre l’Espagne et l’Algérie, nous avons les résultats suivants : En 2020, l’Algérie a importé pour 2,1 milliards de dollars d’Espagne contre 2,9 milliards en 2019, soit une baisse de près de 21%. Dans le même temps, les exportations algériennes vers l’Espagne ont chuté de 40%, passant de près de 4 milliards de dollars en 2019 à 2,3 milliards de dollars en 2020, selon les chiffres des Douanes algériennes. Pour 2021, nous avons une valeur d’environ 7 milliards de dollars, les exportations Algérie Espagne sont d’environ 4,9, principalement les hydrocarbures, et les importations d’ Espagne de 2,1 milliards de dollars. Les exportations espagnoles vers l’Algérie comprennent le fer et l’acier, les machines, les produits de papier, le carburant et les plastiques, tandis que les exportations de services comprennent la construction, les affaires bancaires et les assurances.

    Les entreprises énergétiques espagnoles Naturgy, Repsol et Cepsa ont des contrats avec la compagnie gazière publique algérienne Sonatrach. Selon les statistiques de l’organisme public espagnol Strategic Reserves of Petroleum Products Corporation (Cores), sous la tutelle du ministère de la Transition écologique, L’Algérie demeure le premier fournisseur de l’Espagne en gaz, avec 41,4% des importations espagnoles entre le 1er janvier 2021 et fin janvier 2022, Les Etats-Unis, qui tentent une plus grande percée en Europe, notamment à la faveur de la crise avec la Russie, sont le deuxième fournisseur de gaz de l’Espagne, loin derrière l’Algérie, avec une part de 16,9% du total des importations espagnoles la Russie est le quatrième fournisseur, avec 8,7% suivie par le Qatar (6,3%) et le reste du monde 8,8%.

    3.-L’Algérie acteur stratégique de l’approvisionnement en énergie de l’Europe

    Les réserves algériennes sont d’environ 2500 milliards de mètres cubes gazeux et 10 milliards de barils de pétrole ( source conseil des ministres 2019). Sans compter la part du GNL représentant 33% des exportations, pour les canalisations, part 67%, nous avons le Transmed via l’Italie, la plus grande canalisation d’une capacité de 33,5 milliards de mètres cubes gazeux via la Tunisie, avec en 2021 une exportation d’environ de 22 milliards de mètres cubes gazeux, existant une possibilité, au maximum, il ne faut pas être utopique ayant assisté à un désinvestissement dans le secteur, donc sous réserve de l’accroissement de la production interne d’un supplément à court terme, au maximum de 3⁄4 milliards de mètres cubes gazeux, de 10 à 11 à moyen terme.

    Nous avons le Medgaz directement vers l’Espagne à partir de Beni Saf au départ d’une capacité de 8 milliards de mètres cubes gazeux qui après extension depuis février 2022 la capacité ayant été portée à 10 milliards de mètres cubes gazeux et le GME via le Maroc dont l’Algérie a décidé d’abandonner, le contrat s’étant achevé le 31 octobre 2022, d’une capacité de 13,5 de milliards de mètres cubes gazeux. Mais, il faut être réaliste, Sonatrach est confrontée à plusieurs contraintes notamment la forte consommation intérieure, en 2021 presque l’équivalent des exportations , qui risque horizon 2025/2030 de dépasser les exportations actuelles, dossier lié à la politique des subventions sans ciblage, dossier sensible qui demande un système d’information en temps réel et la maîtrise de la sphère informelle qui contrôle, selon les propos du président de la République entre 6000/10.000 milliards de dinars, soit entre 33 et 47% du PIB. Sous réserve de sept conditions, l’Algérie horizon 2025/2027, pourrait pouvant doubler les capacités d’exportations de gaz environ 80 milliards de mètres cubes gazeux avec une part entre 20/25% de l’approvisionnement de l’Europe : La première condition concerne l’amélioration de l’efficacité énergétique et une nouvelle politique des prix renvoyant au dossier de subventions La deuxième condition est relative à l’investissement à l’amont pour de nouvelles découvertes d’hydrocarbures traditionnels, tant en Algérie que dans d’autres contrées du monde, mais pouvant découvrir des gisements non rentables financièrement un des conseils réent des ministres a annoncé 40 milliards de dollars d’investissement sur les 5 prochaines années dont 8 pour 2022; et le partenariat avec l’étranger étant liée aux décrets d’application de la nouvelle loi des hydrocarbures notamment son volet fiscal

    La troisième condition, est liée au développement des énergies renouvelables (actuellement dérisoire moins de 1% de la consommation globale) devant combiner le thermique et le photovoltaïque le coût de production mondial a diminué de plus de 50% et il le sera plus à l’avenir où, avec plus de 3000 heures d’ensoleillement par an, l’Algérie a tout ce qu’il faut pour développer l’utilisation de l’énergie solaire La quatrième condition, selon la déclaration de plusieurs ministres de l’Énergie entre 2013/2020, l’Algérie compte construire sa première centrale nucléaire en 2025 à des fins pacifiques, pour faire face à une demande d’électricité galopante. La cinquième condition, est le développement du pétrole/gaz de schiste, selon les études américaines, l’Algérie possédant le troisième réservoir mondial, d’environ 19 500 milliards de mètres cubes gazeux, mais qui nécessite, outre un consensus social interne, de lourds investissements, la maîtrise des nouvelles technologies qui protègent l’environnement et des partenariats avec des firmes de renom. La sixième condition, consiste en la redynamisation du projet GALSI, Gazoduc Algérie-Sardaigne-Italie, qui devait être mis en service en 2012 d’une capacité de 8 milliards de mètres cubes gazeux La septième condition est l’accélération de la réalisation du gazoduc Nigeria-Europe via l’Algérie d’une capacité de plus de 33 milliards de mètres cubes gazeux, un cout selon les études européennes d’environ 20 milliards de dollars et nécessitant l’accord de l’Europe principal client. Cependant, l’avenir appartenant à l’hydrogène comme énergie du futur 2030/2040.

    En résumé, pour l’Europe, l’Algérie est un partenaire clef, et pour l’Algérie, l’Europe est un partenaire stratégique dans le domaine économique et même sécuritaire afin dans le cadre d’un partenariat gagnant-gagnant afin de faire du bassin méditerranéen un lac de paix et de prospérité partagé. En n’oubliant jamais que dans les relations internationales n’existent pas de sentiments mais que des intérêts, chaque pays défendant ses intérêts propres. Car face aux nouveaux enjeux, l’épidémie du coronavirus, le réchauffement climatique avec la maîtrise de l’eau principal input de la sécurité alimentaire et la crise ukrainienne préfigurent d’importantes mutations mondiales dans les relations internationales, militaires, sécuritaires, politiques, culturelles et économiques.

    Professeur des universités, expert international docteur d’ Etat, 1974, Abderrahmane MEBTOUL ademmebtoul@admin

    #Algérie #Europe #Gas #Ukraine #Russie

  • Le conflit algéro-marocain s’étend comme une tache d’huile

    Algérie, Maroc, Sahara Occidental, Maghreb, Etats-Unis, Israël, Grand Maroc, espionnage, Pegasus,

    Le Maghreb reste soumis à la tension entre Alger et Rabat, qui a définitivement compromis l’intégration régionale. Plus grave encore, elle tient en otage de nombreux États de la région.
    KHADIJA MOHSEN-FINAN

    Le conflit entre l’Algérie et le Maroc ne date pas d’hier. Au départ, il s’agissait d’une frontière conçue par la France et beaucoup plus favorable à l’Algérie. Le Maroc s’est senti lésé et, dès 1956, a revendiqué une partie de ce territoire, arguant qu’il faisait partie du « Maroc historique ». Ferhat Abbas, président du gouvernement provisoire de la République algérienne, ne s’y oppose pas, mais rencontre Hassan II en juillet 1961, et les deux signent un accord dans lequel ils s’engagent à renégocier le statut de la partie occidentale de l’Algérie une fois le pays devenu indépendant. Mais au moment de l’indépendance, un an plus tard, et avant même la ratification de l’accord, la coalition dirigée par Ben Bella, soutenue par l’Armée de libération nationale (ALN), expulse Ferhat Abbas du gouvernement et refuse de restituer le territoire qui, selon la formule approuvée, avait été « libéré avec le sang de tant de martyrs ».

    Hassan II s’est senti trahi, et dès lors, une rivalité sourde est née entre deux classes politiques, algérienne et marocaine, qui s’étaient auparavant montrées solidaires dans la lutte pour mettre fin à la colonisation française. Ben Bella veut se présenter comme le garant de tout le territoire hérité de la colonisation française, tandis que le Maroc se sent enfermé dans son territoire, beaucoup plus petit que celui de son voisin. Hassan a ensuite présenté la carte du Grand Maroc, conçue par le parti de l’Istiqlal, qui vise à faire comprendre que les frontières du Maroc sont définies en fonction de la loyauté manifestée au Sultan du Maroc à travers les âges. Entre les terres acquises avec  » le sang des martyrs  » et l’accent mis sur les droits historiques, s’amorce une longue confrontation entre deux conceptions du territoire, du droit et de l’histoire, avec l’opposition entre deux États et deux systèmes politiques radicalement différents dans le contexte international de la guerre froide : l’Algérie, proche de l’Union soviétique, et le Maroc, libéral et ouvertement porté vers les États-Unis et le monde occidental.

    À partir de 1975, le soutien de l’Algérie au Front Polisario, le mouvement indépendantiste né deux ans plus tôt pour récupérer l’ancienne colonie espagnole du Sahara occidental, aggrave la tension déjà permanente entre Alger et Rabat. En d’autres termes, deux conflits se sont ajoutés et superposés : entre Alger et Rabat pour le leadership dans la région et celui du Sahara occidental, dernier conflit de décolonisation sur le continent africain. Ce mélange des deux conflits a rendu le conflit du Sahara impossible à résoudre, et en 1991, l’ONU a été chargée de trouver une solution.

    Le référendum d’autodétermination pour décider qui a la souveraineté sur le Sahara occidental, que le Front Polisario et l’Algérie souhaitaient et que le Maroc a accepté en 1981, est désormais impossible à organiser. Le Maroc ne voit aucune raison de risquer de perdre la souveraineté qu’il exerce déjà depuis 1975 sur 80 % du territoire sahraoui en le soumettant à une consultation ; d’abord parce qu’il ne reconnaît pas l’identité sahraouie. Depuis 2007, Rabat propose une autonomie au sein d’un Maroc souverain, mais l’autre partie rejette cette proposition.

    L’incapacité de l’ONU à résoudre ce conflit, faussé par le différend algéro-marocain, a conduit à la paralysie. Les deux parties belligérantes, chacune à sa manière, ont tenté de contourner le processus des Nations unies. Le Front Polisario a lancé une bataille juridique contre l’exploitation et la commercialisation par le Maroc des ressources naturelles du Sahara occidental. Par deux fois, en 2016 et 2018, la Cour européenne de justice lui a donné raison. Cependant, Rabat, grâce à sa capacité à faire pression sur la Commission européenne, a réussi à renégocier l’accord de pêche qui avait été invalidé après l’arrêt de la Cour européenne.

    Pour sa part, le Maroc utilise une stratégie différente. Son plan pour contourner l’ONU est d’amener le plus grand nombre possible d’Etats à reconnaître le Sahara Occidental comme marocain. Après avoir obtenu la reconnaissance de plusieurs États africains, il a remporté une victoire majeure en décembre 2020, lorsqu’il a signé un accord avec Donald Trump stipulant que Rabat normaliserait ses relations avec Israël en échange de la reconnaissance par Washington de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental. Le soutien inconditionnel de Washington à Rabat sur une question aussi sensible a déséquilibré la relation entre le Maroc et l’Algérie et introduit un nouvel acteur au Maghreb : Israël.

    Ce double parrainage américano-israélien transforme la situation régionale et donne le dessus à Rabat. L’Algérie, face à l’agressivité de ces grands bailleurs de fonds, a adopté une posture défensive en disant : « Nous avons le Mossad à nos portes ». La révélation de l’utilisation par le Maroc du logiciel d’espionnage Pegasus donne raison à l’Algérie : 6 000 numéros de téléphone algériens ont été espionnés, dont ceux de membres de la classe politique.

    Le fait que la stratégie de Rabat ait porté ses fruits a encore irrité Alger. L’Allemagne, les Pays-Bas et l’Espagne ont reconnu que le plan d’autonomie proposé par le Maroc est sérieux et représente la meilleure issue possible à un conflit qui n’a que trop duré.

    Alger a réagi au succès du Maroc en utilisant son arme principale, le gaz. Le contrat entre Sonatrach et l’Organisation nationale de l’électricité et de l’eau potable (ONEE) du Maroc, qui devait expirer fin octobre, n’a pas été renouvelé, et Madrid a reçu l’ordre de ne pas revendre de gaz algérien au Maroc. Mais l’Algérie va encore plus loin et, pour punir l’Espagne de son soutien au Maroc, a gelé le traité d’amitié et de coopération hispano-algérien signé en 2002.

    Plus de 60 ans se sont écoulés depuis l’indépendance, et le Maghreb est toujours soumis à la tension entre Alger et Rabat, qui a définitivement compromis l’intégration régionale. Plus grave, elle prend en otage de nombreux Etats de la région et laisse le Maghreb en marge des grandes dynamiques des relations internationales.

    La guerre en Ukraine a mis en évidence l’anachronisme de ce différend. Les autorités des deux pays partagent les vues de Vladimir Poutine sur de nombreuses questions. Comme lui, ils pensent que le pouvoir reste sur le territoire. Lorsqu’ils s’arment de manière aussi disproportionnée et se menacent mutuellement, ils démontrent qu’ils pensent que la guerre n’est qu’une affaire de deux États et qu’elle n’affecte pas la société. Et ils croient que les alliances sont durables, alors qu’aujourd’hui elles ne sont que temporaires, autour de problèmes spécifiques.

    Khadija Mohsen-Finan est politologue et spécialiste du Maghreb.

    Traduction de María Luisa Rodríguez Tapia.

    El Pais, 13 JUIN 2022

    #Algérie #Maroc #SaharaOccidental #Maghreb #Israël #EtatsUnis #Pegasus #Espionnage

  • Ukraine: la ligne rouge

    Ukraine: la ligne rouge

    Ukraine, Russie, Etats-Unis, OTAN, armes,

    par Djamel Labidi

    Mercredi 1er juin. Colin Kahl, Sous-secrétaire à la Défense tient, au Pentagone, une conférence de presse sur les nouvelles livraisons d’armes à l’Ukraine.

    Il s’agit notamment du «HIMARS», système d’artillerie lance rockets multiples d’une très grande puissance et d’une longue portée (80 km). Il est destiné à contrer efficacement l’artillerie russe dans le Donbass.

    Il pourrait être aussi utilisé pour envoyer des missiles à moyenne portée, capables d’atteindre le territoire russe, ce que les États Unis disent exclure. Garantie bien fragile. Le lundi 30 mai, le président Biden avait déclaré exclure la livraison de telles armes, mais le mardi 31 mai, dans un interview au New York Times il se ravise et annonce l’envoi de ces armes, excepté des missiles de moyenne portée. Il précise que «c’est pour que l’Ukraine soit dans la position la plus forte possible en cas de négociations avec la Russie.» Il s’agit donc d’une escalade, celle-ci considérable, dans la guerre indirecte qu’alimente par des flux d’armes permanents et des armes de plus en plus lourdes les États Unis contre la Russie.

    Ce 1er juin, Colin Kahl présente aux journalistes l’ensemble des livraisons d’armes américaines, avec force détails, comme s’il s’agissait d’électroménager. Cela prêterait à sourire si ce n’était immensément tragique. Ces envois d’armes pourraient être faits, en silence, discrètement .Non, la provocation est manifeste et assumée. La ligne rouge est chaque fois repoussée et on veut le montrer avec bruit et publicité. Le scenario est cousu de fil blanc: chaque fois que l’Ukraine est en difficulté militaire, les États Unis semblent lui avoir suggéré les types d’armes dont elle aurait besoin et l’Ukraine en fait alors la demande.

    Où va-t-on ainsi. Dans leur évaluation de la situation, les États Unis s’obstinent à ne pas prendre en compte le risque nucléaire, au contraire de la Russie qui rappelle ce danger sans cesse.

    Un conflit régional ?

    Pour nier ou minimiser le risque nucléaire, les officiels américains, et avec eux tous les idéologues et propagandistes du système de production et de diffusion de l’information occidentale veulent considérer la guerre en Ukraine comme un conflit régional. Dans ce sens, ils font, dans leurs analyses, sans cesse la comparaison avec les guerres régionales précédentes, Vietnam, Irak, Lybie, Yougoslavie, Afghanistan. Cette comparaison est fausse et cette erreur d’analyse peut donner lieu à une tragédie fatale.

    Quand la Russie, défaite,quitte l’Afghanistan, et quand les États-Unis, défaits, quittent eux aussi l’Afghanistan ou d’autres pays où ils sont intervenus, ils ne subissent pas une défaite vitale et ils ne la vivent pas en tant que telle, elle ne remet pas en cause leur place dans le monde. Leur existence historique n’est pas menacée. Mais là, en Ukraine, pour chacun, États Unis et Russie, la défaite de l’un face à l’autre , est déterminante pour sa place dans le monde. D’ailleurs, dans l’ interview au New York Times déjà citée, le président Joe Biden précisait que «l’Ukraine était «une question vitale» pour les États Unis. Mais, en contradiction avec ce propos, la réduction du conflit en Ukraine à un conflit régional permet aux États Unis une rhétorique de non belligérance tout en fournissant des armes. Or, autre contradiction , ils ont affirmé eux-mêmes que c’était une guerre pour «affaiblir durablement la Russie,» Ils l’ont donc désignée eux-mêmes comme une guerre contre la Russie. D’ailleurs, si ce n’était pas leur guerre, s’ils n’étaient pas si profondément impliqués dans cette guerre, ils ne considèreraient pas une défaite éventuelle de l’Ukraine comme leur défaite.

    C’est ce qui explique, par ailleurs, ce rapport complexe entre les dirigeants ukrainiens et ceux des États Unis à tel point qu’on finit par se demander qui a la main sur l’autre.

    C’est ce qui explique du même coup aussi les rapports de l’Ukraine avec les dirigeants européens: L’Ukraine, détentrice par procuration de l’influence américaine, peut parler autoritairement, comme on le remarque souvent, avec les principales puissances occidentales (Allemagne, France, Italie, Espagne), et même les admonester.

    Le président Zelensky va même jusqu’à quasiment convoquer le président Macron à Kiev et s’impatienter de son retard à venir. De manière générale, la sujétion totale de l’Europe à un pays non européen, les États-Unis, inverse complètement les rapports intra-européens.

    Les petits pays d’Europe de l’Est à faible PIB, alignés totalement sur la politique des États-Unis, parlent haut et fort tandis que les grands pays d’Europe occidentale ont du mal à faire entendre leur voix et exprimer leurs différends avec les objectifs de guerre des États Unis. En Ukraine, les États Unis mènent une guerre quasi directe contre la Russie.

    Cela apparait de plus en plus clairement au fur et à mesure que les livraisons d’armes des États Unis à l’Ukraine franchissent chaque fois la ligne rouge qui semblait avoir été établie pour empêcher un état de belligérance directe. Chaque escalade dans la livraison d’armes semble rapprocher d’un contact direct, un peu comme un fil électrique nu au contact d’un autre crée l’étincelle. Le contact direct, c’est la guerre entre les États Unis et la Russie. Or une guerre entre deux puissances nucléaires ne peut être que nucléaire.

    La façon graduelle avec laquelle le président des États Unis franchit les lignes rouges, l’une après l’autre, sur la question de la livraison d’armements, est bien la preuve qu’il sait le risque de confrontation globale que cela comporte. Alors pourquoi le fait-il ? Pourquoi nie-t-il ce risque ? Comment peut-on jouer ainsi avec le sort de l »espèce humaine ?

    Le Quotidiern d’Oran, 12/06/2022

    #Ukraine #Russie #EtatsUnis #OTAN

  • L’Europe dans la tempête parfaite

    L’Europe dans la tempête parfaite

    Europe, Ukraine, Russie, Union européenne, OTAN, Etats-Unis, Allemagne,

    L’Union européenne ne cesse d’affronter des crises et des surprises stratégiques, toutes plus importantes et plus violentes.[1] La guerre russe en Ukraine constitue la dernière en date. Il n’y a plus de crises, il n’y a que l’accélération d’évènements imprévus et de mutations profondes. Après les subprimes, les finances grecques, les réfugiés syriens, la pandémie de Covid, voilà le spectre de la guerre de retour sur le continent.

    Tous ces défis mettent à mal la plupart des politiques communautaires tout en confirmant la pertinence de la construction européenne.

    Dans les crises, l’Union européenne a plus progressé en quelques mois qu’en trente ans.

    Mais elle paie comptant ses retards et ses hésitations

    Elle doit réviser nombre de ses politiques et se projeter résolument dans un monde global, nouveau et plus brutal.

    L’UNION EUROPÉENNE A DÉJÀ BEAUCOUP PROGRESSÉ.

    Dans la crise sanitaire, bien que le premier mouvement des Etats ait été national – fermeture des frontières, compétition pour les instruments anti-virus – il a rapidement cédé la place à une réaction commune qui s’est illustrée dans l’acquisition et la distribution des vaccins, dont l’Union européenne est vite devenue le premier producteur et le premier donateur mondial. Les Etats membres démunis se sont tournés vers la coopération européenne. Elle a fonctionné.

    Le plan de relance qui a suivi a fait tomber nombre de tabous jusqu’ici infranchissables. NextGenerationEU, financé pour moitié par des emprunts communs, a ouvert la voie à des subventions directes des Etats les plus touchés par la pandémie. Du jamais vu. Il a donné une expression concrète à une solidarité européenne qu’on pensait régresser dans tous les domaines.

    Enfin, la guerre russe en Ukraine a été l’occasion d’une réaction rapide et massive dans l’adoption de sanctions sévères envers nombre d’acteurs russes, au détriment parfois des intérêts économiques immédiats.

    L’Union européenne s’est montrée beaucoup plus réactive qu’elle ne l’avait été jusqu’ici. Face à l’urgence, le « réflexe européen », qui n’avait pas joué pour faire face à la vague migratoire de 2015, s’est exprimé fortement. Les institutions communes ont compris que le facteur temps était une condition pour démontrer leur efficacité. L’adoption rapide de règles nouvelles, à vocation internationale, a surpris. D’abord en permettant le contrôle des investissements étrangers, ensuite en acceptant les emprunts communs et un rôle pivot de la Commission européenne comme acheteur de vaccins, puis de gaz. Le Digital Market Act et les textes à venir qui vont encadrer les activités numériques sur le territoire des Vingt-sept ont sonné l’heure de règlementations européennes applicables à tous les acteurs du secteur, quelles que soient leurs nationalités. En matière de défense et de diplomatie, les Européens ont su adopter une « boussole stratégique », premier pas vers une véritable stratégie mondiale. L’accélération – hélas trop lente encore – de la prise en compte, au niveau européen, du nécessaire réarmement de l’Europe est la plus récente des évolutions vers une réactivité et une efficacité renforcée de la coopération et des institutions européennes.

    A ce titre, on pourrait aussi noter positivement un tournant de l’action commune des Européens, « rajeunie » par son plan de relance, mais aussi vers de nouveaux champs de compétences jusqu’ici en sommeil ou inexplorés, par exemple, le soutien aux technologies de rupture, la politique spatiale, l’informatique quantique ou la production de composants électroniques (Chip Act).

    Certains pourront estimer insuffisantes ces évolutions, mais nul ne pourra contester qu’il s’agît là de ruptures majeures avec les pratiques précédentes de l’Union européenne et avec ses propres règles, pour beaucoup mises en sommeil. On notera aussi des initiatives individuelles ou bilatérales des Etats qui s’inscrivent manifestement dans une analyse européenne, telles que « l’Airbus des batteries », le Cloud européen ou les plans « hydrogène » plus ou moins concertés, le rôle du couple franco-allemand se révélant parfois déterminant.

    Il n’en demeure pas moins que l’Union européenne paie comptant ses retards, ses hésitations et ses divisions. C’est particulièrement flagrant en matière énergétique et de défense.

    Les refus réitérés de tous les Etats membres de construire une politique énergétique commune ont généré des dommages qui éclatent au grand jour. La dépendance vis-à-vis de ses fournisseurs, trop longtemps considérée comme un atout pour la coopération et l’avancée de l’Etat de droit à l’est ou au sud, constitue désormais une entrave considérable à sa marge de manœuvre diplomatique.

    En matière de défense, le fait de considérer la construction progressive d’une autonomie stratégique, c’est-à-dire d’une liberté d’action, comme une attaque de l’OTAN, a freiné les velléités d’arrêter le désarmement européen et de bâtir en commun un véritable pilier européen de l’Alliance. Les Européens se sont trouvés à la remorque de leurs alliés d’outreAtlantique, peu désireux de s’impliquer en Europe dans un rapport de force avec la Russie, tout obnubilés qu’ils sont par leur rivalité avec la Chine. La guerre en Ukraine a vu les Etats-Unis et le Royaume-Uni aux avant-postes de la riposte contre la guerre d’agression, tant en matière de renseignement et d’analyse que de soutien tangible à l’Ukraine attaquée.

    Cette situation au demeurant démontre a contrario la complémentarité entre l’OTAN et l’Union européenne. La dernière dispose des moyens financiers pour assister l’Ukraine agressée, tandis que la première est performante sur le plan militaire. Les livraisons d’armes financées par l’Union européenne démontrent à la fois les limites de son action et l’évolution de ses règles. Inédites, elles transgressent les règles communes en s’en remettant aux Etats membres pour agir. L’un, la France, assurant la présidence semestrielle du Conseil, maintient le seul canal occidental de communication avec le dictateur russe, les autres, avec la Pologne et les pays d’Europe centrale et orientale, garantissant que l’Union européenne n’acceptera pas de laisser tomber un voisin qui l’appelle au secours.

    LA RÉVISION, L’ÉVOLUTION OU LE LANCEMENT DE POLITIQUES COMMUNES EUROPÉENNES CONSTITUENT DONC LES TRAVAUX INDISPENSABLES DE L’UNION DANS LE PROCHE AVENIR.

    A l’évidence le pacte vert européen ne résisterait pas à une guerre prolongée, voire à un conflit qui impliquerait davantage les Etats membres. Le risque en est important. Dans de telles circonstances qui font passer l’urgence avant les politiques de long terme, on peut craindre des exceptions « obligées » et répétées à des dispositions déjà contestées par certains Etats membres. L’Union européenne doit adapter ses politiques avant d’être contrainte à passer à une économie de guerre.

    La « taxonomie », dont se montrent si friands certains commissaires et le Parlement européen, a voulu exclure l’énergie nucléaire et a finalement accepté d’inclure le gaz dans les énergies « de transition ». Ce compromis boiteux n’aurait jamais dû concerner l’énergie nucléaire qui contribue à l’indépendance énergétique de l’Europe, ni inclure le gaz dont tous souhaitent désormais se délivrer ou pour lequel ils envisagent dans l’urgence de changer de fournisseurs. Les industries de défense qui font aussi l’objet d’une mise à l’index devraient être exclues expressément des mêmes tentatives.

    En matière agricole, le sort fait aux pesticides, sans étude d’impact, risque d’entraîner une diminution des productions de céréales et d’accroître les pénuries et le prix des denrées de base au moment où la Russie et l’Ukraine, les deux principaux fournisseurs des pays en développement, diminuent leurs exportations de manière drastique. L’Union européenne a le choix : ou poursuivre sa politique élaborée sous la pression du lobby excessif d’ONG militantes et contribuer aux famines et aux révolutions, notamment sur les rives sud de la mer Méditerranée, ou alors, comme les ministres de l’agriculture l’ont déjà manifesté, remettre en culture certains espaces, accroître dans l’urgence les productions de produits essentiels pour éviter les conséquences sociales et politiques de ces pénuries. Elle renforcerait ainsi son rôle géopolitique auprès des Etats dans le besoin.

    Il va de soi qu’une solidarité européenne effective entre ses membres doit aussi prendre en compte la dimension énergétique. Les Etats dépendants doivent pouvoir s’appuyer sur leurs partenaires pour mutualiser certains de leurs approvisionnements ou pour bénéficier d’une force collective de négociation auprès de nouveaux fournisseurs. Peut-être sera-ce l’occasion de jeter les bases d’une politique commune plus réaliste dans ce domaine-clé de la souveraineté européenne ?

    Il en va de même en matière de défense. Actuellement, l’Union européenne finance la distribution d’armes à l’Ukraine, ce qu’elle est incapable de faire en interne. L’accélération et le renforcement du financement des industries de défense en Europe constitue une priorité qu’exigent autant l’objectif d’autonomie stratégique que les instances de l’OTAN. La politique commune de sanctions a impressionné par son ampleur. Elle ne saurait suffire ni dans l’immédiat ni pour le futur. Après la boussole stratégique adoptée au printemps, la prochaine étape est un vaste plan de financement des investissements de défense. Il vaudrait mieux qu’il soit coordonné, les annonces du Chancelier allemand en la matière semblant bien solitaires.

    L’ALLEMAGNE VA D’AILLEURS ÊTRE AU CŒUR DES PROBLÉMATIQUES EUROPÉENNES À VENIR.

    N’ayant aucune autonomie de défense, ne disposant pas d’une force armée efficace, ayant procédé à des choix énergétiques unilatéraux et peu solidaires de ses partenaires, dépendant de ses approvisionnements russes, souffrant de la fermeture des marchés chinois qui pourraient découler de la pandémie et des priorités politiques du parti communiste chinois, et devant gérer la conversion de son important secteur automobile, l’économie allemande va se trouver confrontée à de redoutables défis.


    Evoluera-t-elle vers une intégration européenne renforcée comme elle l’affirme ou continuera-t-elle des politiques nationales qui ne manqueront pas d’avoir des impacts négatifs sur ses partenaires en leur faisant supporter une partie de ses erreurs passées ? Les réponses sont très importantes pour ce pays et pour l’ensemble de l’Union européenne.

    La meilleure réponse serait de poursuivre résolument le parachèvement du marché intérieur, de l’Union bancaire et de l’Union des marchés de capitaux. L’Allemagne comme l’Union toute entière peuvent trouver dans ces chantiers une solution partielle aux urgences du moment et des solutions pérennes à une économie structurellement dépendante de pays tiers.

    Les solutions sont européennes. Les réflexes des gouvernements et des citoyens deviennent de plus en plus européens. Les Etats membres pourraient y puiser la force de nouvelles initiatives, permettant de gommer les hésitations, les lenteurs, voire les erreurs du passé, pour se tourner résolument vers l’avenir.

    La « tempête parfaite », c’est-à-dire violente, que traverse l’Union européenne est l’occasion de réviser certaines certitudes, d’adapter ses politiques et de conquérir un peu plus, par l’efficacité et la réactivité, le cœur des citoyens européens.

    Le présent Rapport Schuman sur l’état de l’Union a été très largement nourri de contributions écrites avant le déclenchement de la guerre russe en Ukraine. Mais il demeure d’une grande actualité par les problématiques de long terme qu’il analyse et les propositions qu’il contient.

    Jean-Dominique GIULIANI, Président de la Fondation Robert Schuman
    Pascale JOANNIN, Directrice générale de la Fondation Robert Schuman

    Fondation Robert Schuman, 30 mai 2022

    #Europe #Union_Européenne #UE #Ukraine #Russie #OTAN #EtatsUnis #Allemagne

  • African Lion 2022 : l’Espagne ne sera pas au Maroc

    African Lion 2022 : l’Espagne ne sera pas au Maroc

    African Lion 2022, Maroc, Etats-Unis, Africom, Espagne, Tunisie, Sénégal, Ghana,

    Après avoir raté l’édition de l’an dernier en raison de la crise diplomatique avec le Maroc, l’Espagne ne participera pas non plus au « African Lion 22 », manœuvres militaires organisées par les armées américaine et marocaine, qui se déroulera du 20 juin au 1er juillet à Maroc, Tunisie, Sénégal et Ghana.
    Des sources militaires et diplomatiques ont déclaré à EFE que les forces armées espagnoles ne participeront pas au « African Lion 22 ». Ils n’avaient pas non plus participé à l’édition 2021 de ces manœuvres, organisées en pleine crise diplomatique entre l’Espagne et le Maroc.

    L’Espagne avait raté l’édition de l’an dernier qui devait se dérouler entre autres au Sahara, une option finalement écartée par les Etats-Unis. Le choix du Sahara avait été retenu quelques mois après l’annonce, en décembre 2020, de la reconnaissance américaine de la souveraineté du Maroc sur le Sahara.

    Plus de 7 000 militaires des États-Unis et des pays alliés participeront à l’édition de cette année, qui se déroulera dans différentes régions du sud du Maroc (Agadir, Tan-Tan, Mehbes, Taroudant et Ben Guerir) et du centre (Kenitra), a annoncé le Commandement des États-Unis pour l’Afrique (AFRICOM).

    Le « Lion d’Afrique », fruit de la coopération militaire entre les Etats-Unis et le Maroc, comprend des exercices militaires d’assistance terrestre, aérienne, maritime et humanitaire.

    The Maghreb Times, 06/06/2022

    #Maroc #AfricanLion2022 #Espagne #EtatsUnis #Africom #Tunisie #Sénégal #Ghana #Espagne

  • Pedro Sanchez: Le Maroc, Qatar et Nigeria pour séduire Biden

    Espagne, Pedro Sanchez, Maroc, Qatar, Nigeria, Algérie, Etats-Unis, Joe Biden,

    Maroc, Qatar et Nigeria, les alliances énergétiques de Sánchez pour gagner les faveurs de Biden
    L’agenda international de la Moncloa s’est concentré sur les rencontres qui lui permettront de devenir indépendante des hydrocarbures russes et algériens. Tous « partenaires » des États-Unis

    Le 14 juin, l’image de Pedro Sánchez s’adressant à Joe Biden dans les couloirs du siège de l’Otan en guise de « réunion bilatérale » a occupé toute l’actualité. Une « impolitesse » que le président espagnol tente de corriger depuis un an. La menace russe et les alertes économiques rendent plus que jamais nécessaire l’amitié du président des Etats-Unis. Sánchez a choisi de s’attirer les faveurs de Biden par le biais d’une alliance énergétique avec la Maison Blanche et ses partenaires régionaux.

    « L’Espagne veut retrouver une position privilégiée dans ses relations avec les États-Unis », déclare José María Peredo, professeur de relations internationales à l’Université européenne. « La situation de guerre en Russie l’amène à renforcer les relations géopolitiques ainsi que dans la question énergétique . Dans ce scénario d’intérêts plutôt que de valeurs, l’énergie est un facteur clé. L’Espagne a un rôle actif car elle lie la question énergétique à ses intérêts de politique étrangère », ajoute le professeur.

    Le premier est le Maroc. La photo du 7 avril dernier de Sánchez à Rabat avec le roi du Maroc, Mohamed VI. Une poignée de main qui a témoigné du changement de position de la Moncloa avec le Sahara Occidental . Une décision qui a ouvert une crise diplomatique avec l’Algérie, grand fournisseur de gaz de l’Espagne via un gazoduc. Le malaise algérien a déclenché des alarmes énergétiques au milieu de la crise des prix du gaz après l’invasion de l’Ukraine et les sanctions correspondantes sur le nécessaire gaz russe.

    Depuis cette année, les États-Unis fournissent 34,6% de tout le gaz naturel qui entre sur le territoire espagnol et atteint 13 103 gigawattheures (GWh), la plus grande quantité de gaz américain de l’histoire des records de la Reserves Corporation Strategic Petroleum Products (Cores ) datant de 2004. Un chiffre qui dépasse de loin le chiffre de 25 % retenu par les méthaniers américains dans le bulletin statistique des hydrocarbures de décembre 2021.

    Tous les regards se sont tournés vers les États-Unis et Joe Biden. Le Maroc est l’allié stratégique des États-Unis en Afrique du Nord et l’Algérie est le partenaire classique de la Russie dans cette zone géographique. Dans ce contexte, du secteur, ils voient qu’il est compréhensible que l’équipe de Joe Biden soit à l’origine d’une amélioration des relations entre ses deux alliés, l’Espagne et le Maroc, au milieu de la crise entre l’Occident et la Russie. Avec cette opération, Biden atteindrait une meilleure relation entre deux « collègues » et s’assurerait qu’il maintienne sa position de plus grand fournisseur de gaz d’Espagne.

    « L’Espagne joue un rôle actif car elle lie la question énergétique à ses intérêts de politique étrangère. La première chose que nous allons faire est de nous désolidariser de la Russie et ensuite nous allons diversifier nos fournisseurs d’hydrocarbures. C’est là que s’interprète le changement de la relation avec l’Algérie dans son approche du Maroc, la visite du Qatar et du Nigeria », souligne José María Peredo.

    Le Qatar, un nouveau partenaire

    L’autre clin d’œil à Biden de Moncloa est venu le 18 mai. Une délégation massive a débarqué en Espagne accompagnant l’émir du Qatar, le cheikh Tamin Bin Hamad Al Thani. Le Qatar entretient ce type de dialogue stratégique avec très peu de pays : la France, l’Italie, le Royaume-Uni, le Japon, la Turquie et la Chine . Mais surtout, dans le contexte géopolitique actuel après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le pays dominé par la famille Al Thani s’est positionné comme l’un des grands partenaires moyen-orientaux des États-Unis.

    « Le Qatar est le deuxième producteur mondial de gaz naturel », a rappelé l’équipe de Pedro Sánchez dans son communiqué officiel à l’issue de la rencontre. Mais l’Espagne, pour le moment, n’est pas un acheteur privilégié pour le Qatar, comme le montrent les données de Cores.

    Au premier trimestre 2022, malgré le fait que les importations de gaz naturel soient les plus élevées pour cette période depuis 2008, les arrivées du Moyen-Orient (Qatar et Oman) ont à peine représenté 3%, avec une baisse des livraisons du Qatar de 67,4% entre janvier et mars.

    Pression sur Sánchez depuis Bruxelles

    La réactivation de l’agenda international de Sánchez est également marquée par la pression de Bruxelles pour rechercher davantage d’alliés pour assurer l’approvisionnement. « La situation géopolitique et la dépendance à l’égard de la Russie pour l’approvisionnement énergétique de l’Europe contribuent à l’escalade des prix du gaz et de l’électricité », rappelle Carlos Solé, associé responsable de l’énergie et des ressources naturelles chez KPMG en Espagne.

    « Les recommandations de la Commission européenne pour freiner la hausse des prix pointent vers une accélération de la pénétration des énergies renouvelables et la transformation énergétique du secteur vers la réduction de la dépendance aux énergies fossiles et la décarbonisation, la réduction de la demande avec l’amélioration de l’efficacité énergétique et la recherche d’alternatives d’approvisionnement pour réduire la dépendance de l’Europe vis-à-vis de la Russie », précise l’associé de KPMG.

    Un ami en Afrique de l’Ouest

    Le dernier chapitre de l’agenda de Sánchez avec les « partenaires » de Biden a été cette semaine avec la visite à Madrid du président du Nigeria, Muhammadu Buhari. La première visite en Espagne d’un chef d’État nigérian au cours des 17 dernières années. Une rencontre qui a permis à l’Espagne de sourire au Nigeria comme l’un de ses principaux fournisseurs d’énergie « et des plus fiables » -gaz et pétrole- , et au Nigeria d’approcher son deuxième client avec ses hydrocarbures.

    La grande puissance d’Afrique de l’Ouest est devenue l’un des pays qui a le plus augmenté ses expéditions de méthaniers vers les ports espagnols, avec les États-Unis, après la fermeture d’un des gazoducs en Algérie. Le Nigéria a commencé 2021 en représentant 7,9 % de tout le gaz qui est entré en Espagne et, après la fermeture du gazoduc du Maghreb en novembre, il est passé à 17,4 %.

    Ce n’est pas un hasard si les États-Unis et le Nigéria sont venus au secours de l’Espagne lorsque le gaz algérien a cessé de pomper en raison de son conflit avec le Maroc. Les deux pays entretiennent d’excellentes relations bilatérales. La relation entre le Nigéria et les États-Unis est stratégique pour les deux parties, la composante sécuritaire prenant du poids et l’importance du pétrole et du gaz nigérian perdant du terrain en raison de l’exploitation de ses propres ressources aux États-Unis. De leur côté, les États-Unis participent aux tâches de surveillance et de contrôle dans le golfe de Guinée à travers l’initiative « African Partnership Station » et fournissent une coopération militaire, de renseignement et antiterroriste.

    Par conséquent, Pedro Sánchez a travaillé avec de grands alliés de Joe Biden ces derniers mois et a réussi à réduire son exposition énergétique à la Russie et, surtout, à l’Algérie. Une tâche diplomatique qui s’achèvera le 29 juin avec le sommet de l’Otan à Madrid . Une rencontre où Pedro Sánchez et son équipe espèrent transformer cette conversation de couloir en une rencontre avec les honneurs.

    Voz Populi, 05/06/2022

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  • États-Unis : Neuf morts dans trois fusillades de masse

    États-Unis : Neuf morts dans trois fusillades de masse

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    Par Kanishka Singh et Daniel Trotta

    5 juin (Reuters) – Les fusillades survenues dans trois villes américaines ont fait neuf morts et deux douzaines de blessés dans la nuit de samedi à dimanche et dans la matinée de dimanche, dernières manifestations de la violence armée dans le sillage des trois fusillades de masse qui ont secoué les Etats-Unis.

    À Philadelphie, une confrontation entre deux hommes a dégénéré en une fusillade qui a fait des jets de balles dans un quartier bondé de bars et de restaurants, tuant trois personnes, en blessant 12, et déclenchant la panique alors que les gens tentaient de fuir, selon la police.

    De même, une fusillade a éclaté samedi après minuit près d’un bar à Chattanooga, dans le Tennessee, faisant trois morts et 14 blessés, selon la police.

    Dans une autre fusillade encore, aux premières heures de dimanche, trois personnes ont été tuées et deux blessées à Saginaw, dans le Michigan, a rapporté la télévision WEYI, citant un communiqué de la police. Contrairement aux deux autres cas, qui ont touché des passants n’ayant aucun lien avec la fusillade, les cinq personnes tuées dans la fusillade du Michigan étaient impliquées dans l’incident, a précisé la police.

    Aucun suspect n’était en garde à vue dimanche soir dans aucune des fusillades.

    La violence a frappé alors que les communautés de trois autres villes sont toujours en deuil après les massacres qui ont tué 10 personnes dans une épicerie à Buffalo, dans l’État de New York, 21 victimes dans une école primaire à Uvalde, au Texas, et quatre personnes dans un bâtiment médical à Tulsa, en Oklahoma.

    À Uvalde, on a enterré dimanche la petite Alithia Haven Ramirez, âgée de 10 ans. Elle était l’un des 19 écoliers tués lors de la tuerie perpétrée par un homme de 18 ans armé d’un fusil semi-automatique AR-15.

    Alithia rêvait de faire une école d’art à Paris et aimait jouer au football, selon une notice nécrologique publiée par un salon funéraire.

    Les défenseurs de la sécurité des armes font pression sur le gouvernement américain pour qu’il prenne des mesures plus strictes afin de réduire la violence armée.

    Selon les Gun Violence Archive, un groupe de recherche à but non lucratif, il y a eu au moins 240 fusillades de masse aux États-Unis depuis le début de l’année. Les archives définissent une fusillade de masse comme une fusillade au cours de laquelle au moins quatre personnes sont touchées, à l’exception du tireur.

    Jeudi, le président américain Joe Biden a appelé le Congrès à interdire les armes d’assaut, à étendre les vérifications des antécédents et à mettre en œuvre d’autres mesures de contrôle des armes à feu pour répondre à la série de fusillades de masse.

    Chris Murphy, le principal sénateur démocrate américain travaillant sur les discussions bipartites relatives à la sécurité des armes à feu, a déclaré dimanche qu’il pensait qu’un paquet comprenant des investissements dans la santé mentale et la sécurité des écoles ainsi que des modifications des lois sur les armes à feu pouvait être adopté par le Congrès.

    La nature effrontée de la fusillade de Philadelphie a laissé les autorités pantoises. Le maire de Philadelphie, Jim Kenney, l’a qualifiée d’ »horrible, méprisable et insensée », tandis que la commissaire de police Danielle Outlaw a déclaré : « Nous sommes absolument dévastés. »

    La police pense que deux hommes se sont battus et ont commencé à se tirer dessus, et l’un d’eux a été tué par des tirs. Un policier a observé l’autre tireur qui tirait dans la foule et a tiré sur lui.

    Le tireur a lâché son arme, car la police pense qu’il a été frappé par l’officier, mais il s’est échappé à travers la foule.

    Les personnes décédées étaient âgées de 22, 27 et 34 ans, tandis que l’âge des personnes blessées allait de 17 à 69 ans.

    À Chattanooga, trois personnes sont mortes et 14 ont été blessées par plusieurs tireurs, ont indiqué les autorités. Deux ont succombé à des blessures par balle et une troisième est morte après avoir été percutée par un véhicule alors qu’elle prenait la fuite.

    Le chef de la police de Chattanooga, Celeste Murphy, a lancé un appel à l’aide au public, demandant à tout témoin d’appeler une ligne d’information.

    Dans le Michigan, la police de Saginaw a indiqué avoir été appelée sur une scène où deux hommes ont été déclarés morts et une femme a été transportée à l’hôpital où elle a succombé à ses blessures.

    Deux autres hommes ont été traités pour des blessures par balle.

    Reuters