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  • De Montpellier à Jérusalem, les musulmans sont toujours coupables sur LCI

    Samuel Gontier
    Publié le 12/05/21

    Sur France 2, Anne-Sophie Lapix adopte la rhétorique des syndicats policiers d’extrême droite. Sur BFMTV, Jean-Baptiste Boursier et Olivier Truchot mettent en valeur les militaires putschistes et les éditorialistes de “Valeurs actuelles”. Sur LCI, Caroline Fourest et Abnousse Shalmani fustigent une candidate voilée et des Palestiniens énervés.

    « Voici les titres de ce mardi 11 mai, annonce Anne-Sophie Lapix sur France 2. La nation a honoré la mémoire du brigadier Éric Masson, tué lors d’un contrôle antidrogue à Avignon. Le tueur présumé nie toujours les faits. » Il a beau nier, pour la présentatrice, il n’est pas présumé innocent mais « présumé tueur » donc coupable. Après les titres, Anne-Sophie Lapix revient sur « ce policier tué lors d’un simple contrôle de stupéfiants ». Un contrôle de stupéfiants ? La police voulaient vérifier si la drogue était en règle. Dans le sujet qui suit, il est encore question de « l’avocat du tueur présumé » donc coupable.

    « Pour répondre à l’émotion des policiers, relaie une journaliste, Matignon met des annonces sur la table. […] Annonces encourageantes mais insuffisantes pour la plupart des syndicats de police qui réclament des peines incompressibles. » La parole est au représentant d’Alliance. « Ça va rien changer dans le quotidien des policiers. L’individu va encourir une peine plus importante mais si elle est encore à l’appréciation du magistrat, rien ne dit que la peine prononcée sera tout aussi importante. » Il faudrait supprimer les magistrats et laisser les policiers juger eux-mêmes. « Certains magistrats voient surtout un effet d’annonce », précise la journaliste. « Ce sont des mesurettes qui pour la plupart existent déjà, persifle une représentante du Syndicat de la magistrature. On a besoin d’enquêteurs, de magistrats, de greffiers. » Mais le gouvernenemt a jugé plus rentable de commander des dizaines de milliers de munitions de LBD.

    « Bonsoir Monsieur le Premier ministre. » En plateau, Anne-Sophie Lapix accueille Jean Castex. « Le tueur présumé a 19 ans. » Elle y tient, à son présumé coupable. « Il était connu des services de police, il avait été jugé pour des faits de violence, de trafic de stupéfiants. » C’est bien la preuve de sa culpabilité. « Comment on aurait pu l’arrêter ? » L’arrêter préventivement ? Le droit ne le permet pas, c’est embêtant. « Les syndicats policiers ne vous demandaient pas plus de moyens, attaque la présentatrice. Ils veulent une peine minimale, incompressible, que l’agresseur sache qu’il va être condamné. Et c’est pas le cas aujourd’hui. » Ah bon ? Les agresseurs de policiers ne sont pas condamnés ? Je dois être victime d’une hallucination, confondre Anne-Sophie Lapix sur France 2 avec Laurence Ferrari sur CNews.

    Mieux vaut BFMTV. « La première tribune signée par des généraux a fait beaucoup de bruit, rappelle Jean-Baptiste Boursier samedi soir. Et une nouvelle tribune est à paraître cette semaine, toujours dans le magazine Valeurs actuelles. » BFMTV est à la pointe de l’information, elle parle déjà d’une tribune qui n’existe pas. « Son directeur de la rédaction est en direct avec nous, bonsoir Geoffroy Lejeune. » Chouette, je vais vivre de l’intérieur l’élaboration de la tribune. « Pourquoi y aura-t-il une nouvelle tribune ? » Pour apaiser les esprits, je suppose. « On a été sollicité pour publier cette tribune, explique Geoffroy Lejeune. Et, en règle générale, on est d’accord pour que tout le monde s’exprime. » Par exemple, on publie régulièrement des tribunes de travailleurs sans-papiers ou de victimes de violences policières.

    Pendant les douze minutes de l’entretien, Jean-Baptiste Boursier répète une seule question, cherchant obstinément à savoir si la tribune est authentique. « On fait notre travail de vérification, de journalistes, certifie Geoffroy Lejeune. Il faut qu’on s’assure que ça n’a pas été signé par des gens qui n’existent pas ou qui ne sont pas militaires. On est en train de tout vérifier. » Je suis impressionné par le zèle déontologique des journalistes de Valeurs actuelles… Les mêmes qui ont publié le récit totalement bidonné d’un prof soi-disant victime d’islamistes. Sur le fond, Geoffroy Lejeune précise : « C’est une tribune qui donne un cadre de réflexion. » Christophe Barbier va être ravi, il adore le cadre de réflexion des appels au putsch. « La première tribune des militaires, c’était un diagnostic, un pronostic et un appel, explique-t-il. Le diagnostic, tout le monde est d’accord : une société déchirée, une montée de la violence… » Des hordes de barbares dans nos banlieues, des musulmans grands remplaçants… Tout le monde (d’extrême droite) est d’accord.

    À propos de musulmans, on a quoi cette semaine pour leur taper dessus ? « Je voudrais vous raconter l’histoire d’une candidate voilée sur une affiche électorale, propose Olivier Truchot mardi soir. Cette candidate voilée, c’est une candidate de LREM aux départementales de Montpellier. La polémique est venue d’un tweet de Jordan Bardella, Stanislas Guerini a réagi. » En cédant à l’injonction du RN, sans doute pour consolider le fameux « front républicain » (contre la gauche). « Qu’en pense la sénatrice Valérie Boyer ? » Du mal, bien sûr. Olivier Truchot lui demande fort à propos : « On vous a reproché un temps de porter une croix assez visible lorsque vous étiez sur les plateaux télé. Quelle est la différence ? — Le voile, c’est un interdit de fraternité, un interdit de liberté et un interdit d’égalité. » Alors que la croix, pas du tout. « Merci d’avoir été avec nous », salue le présentateur sans la relancer.

    Au bout de presque dix minutes, Olivier Truchot précise : « Rappelons que Sarah Zemmahi, elle a un nom, cette candidate qui apparaît voilée… » Révélation, une femme voilée a donc un nom. Comme si son voile ne suffisait pas à la définir. Pour en parler, BFMTV a convié Tugdual Denis, de Valeurs actuelles. Olivier Truchot relève : « C’est un débat qui transcende les partis. À LREM, ils ne sont pas d’accord entre eux. À gauche, ils ne sont pas d’accord entre eux. Et à droite, on peut trouver des partisans de la laïcité… » Laquelle n’interdit pourtant pas de porter un signe religieux dans l’espace public. « … Et puis d’autres qui, au contraire, veulent afficher leurs convictions religieuses. » Mais seulement si ce sont les convictions de Valérie Boyer.

    Alain Marschall apparaît pour annoncer le sommaire de la tranche suivante. « Invité à 19h30, Jordan Bardella, du RN, à propos de la polémique sur la candidate voilée présente sur une liste de LREM. » À l’écran s’affiche un titre interrogatif, « Voile : En marche se déchire, le RN en profite ? » Sur BFMTV, c’est certain.

    Sur LCI aussi. « Une candidate aux élections départementales peut-elle porter le voile ?, demande David Pujadas. — C’est parfaitement légal », répond une journaliste. Il n’empêche que, selon Hala Oukili, éditorialiste à Causeur, « nous sommes pris en otages par ces polémiques qui reviennent incessamment ». C’est malheureux, l’extrême droite est prise en otage par les polémiques qu’elle suscite. « Chaque élection a aujourd’hui sa voilée. » Pas besoin de la nommer, « la voilée » suffit à la désigner. « C’est un sujet qui gangrène la société depuis quarante ans. » Comme l’extrême droite, mais c’est une coïncidence. « Le cadre juridique est clair, rappelle David Pujadas, elle a le droit de porter un voile. — On ne peut pas utiliser le droit pour parler de ce genre de sujet. » Il ne manquerait plus qu’on respecte le droit. « Il [le voile] fait référence à quelque chose d’exogène dans notre culture. » Tout ce qui est exogène doit être rejeté. « Est-ce qu’on s’est limité au droit pour légiférer sur la polygamie, sur l’excision ? » Parce qu’en plus « la voilée » est aussi polygame et pratique l’excision ? Elle mérite la déchéance de nationalité – ça l’empêcherait de se présenter à des élections.

    « D’accord, convient David Pujadas, le débat est politique mais… — Il est plus que politique, le coupe Hala Oukili, il est civilisationnel. » C’est une guerre de civilisation, le grand remplacement est en marche. « On affaiblit la laïcité en la ramenant sur le tapis quand on veut parler du hijab parce que le hijab est naturellement prosélyte. » Tout le monde a constaté les conversions massives instantanément provoquées par l’apparition d’un hijab. « Ça instaure une inégalité entre l’homme et la femme, sur ce point on est tous d’accord, approuve Emmanuelle Ducros, agrochimiste à L’Opinion. C’est la République qui dit que l’homme et la femme n’ont pas à être discriminés ou traités différemment. » Mais que seule la femme doit être jugée sur sa manière de s’habiller.

    « Je suis effaré par les raccourcis sur cette affaire, proteste Zyad Limam, d’Afrique Magazine. C’est une belle manip du RN, un membre du RN fait un tweet… — Ça, le coupe David Pujadas, c’est le doigt qui montre la lune. » Zyad Limam est vraiment idiot, il regarde le tweet au lieu de regarder le voile. « Ce qui m’inquiète, persiste l’islamo-gauchiste, c’est que l’agenda est dicté par l’extrême droite : les généraux, le voile… — L’agenda peut être dicté par l’extrême droite, revendique David Pujadas. Y a un fait, le RN le montre mais on l’aurait vu sans le RN. » Le RN nous a simplement mâché le travail. « La droite fondamentaliste catholique fait de la politique et c’est toujours les musulmans qui posent problème, déplore Zyad Limam. Je suis consterné que le débat soit dicté totalement à l’extrême droite en ce moment… — C’est pas l’extrême droite qui fait l’agenda des sujets », le coupe à nouveau David Pujadas. C’est l’agenda qui fait les sujets d’extrême droite.

    « C’est pas un vêtement, clame le LR Philippe Juvin, c’est un acte politique. — Vous êtes d’accord que c’est un signe de séparatisme ?, se rengorge David Pujadas. — C’est une volonté très claire de nourrir un séparatisme. » Se présenter aux élections départementales sur une liste de la majorité présidentielle, voilà bien le comble du séparatisme. « La laïcité a un sens juridique mais elle a aussi un sens comportemental. » Et vestimentaire. « C’est un pacte de discrétion. » Sauf pour les cathos qui s’affichent à la messe et arborent des crucifix.

    David Pujadas se pourlèche : « Quelques éléments de biographie parce que c’est sorti immédiatement, évidemment. » La fachosphère a bien travaillé. « Oui, j’ai publié un article dans Causeur avant de venir, pavoise Hala Oukili. La candidate est une étudiante brillante diplômée en ingénierie de la santé sauf qu’on remarque qu’en 2015 elle a créé une association pour apporter de l’aide scolaire, valoriser des parcours d’excellence. Comme par hasard, c’est une association qui ne fait que du prosélytisme et la promotion du niqab. » Et qui promeut la lapidation des femmes adultères, sans aucun doute.

    Pour mettre tout le monde d’accord, David Pujadas reçoit comme chaque mardi son invitée d’honneur dans la rubrique intitulée « Fourest en liberté ». Surprise : « Dans l’actualité, vous avez voulu revenir sur cette affaire de candidate voilée. » Caroline Fourest dénonce « l’instrumentalisation de cette candidate ». Tellement idiote qu’elle se laisse manipuler par LREM à des fins électoralistes. « J’entendais des députés LREM dire : “C’est formidable, elle fait du soutien scolaire.” Oui, tous les militants des Frères musulmans font du soutien scolaire, c’est la base quand vous voulez noyauter la vie associative et politique. C’est pas le cas de toutes les femmes voilées mais c’est le cas de celle-là. » Pas de doute, la moindre femme qui porte un voile et se préoccupe de scolarité appartient à la cinquième colonne.

    David Pujadas accueille à présent ses éditorialistes. « Votre parti pris à l’international, Abnousse Shalmani. On a envie de comprendre ce qui se passe à Jérusalem. » Bof, ça doit être accessoire : aucun débat des chaînes info n’y est consacré. « Et vous nous dites : “La rue prend la main.” » Le gouvernement israélien n’y est pour rien. « Oui, dès le début, la rue a pris la main, assure l’experte. Il faut remettre dans le contexte ce qui est en train de se passer. D’une part, on est à un moment post-confinement, tous les conflits ont été gelés et donc quand ça dégèle, ça tape plus fort, c’est inévitable. » Les morts et les blessés à Jérusalem, à Gaza, c’est la faute au Covid. « Et ça s’inscrit dans le mois du ramadan qui, depuis quelques années, sous pression des islamistes, est un mois de djihad, de révolte, d’attaques. » C’est aussi la faute des musulmans.

    « Tout a commencé le 15 avril, c’est venu de la rue, une scène dans le tramway à Jérusalem, vous voyez deux juifs religieux assis et une bande de jeunes Palestiniens les giflent. » L’image est formelle : c’est un Palestinien qui a commencé. Si des suprémacistes juifs avaient manifesté à Jérusalem pendant des semaines en hurlant « mort aux Arabes ! », la « spécialiste à l’international » de LCI en aurait entendu parler. « C’est le début du moment où la rue s’est enflammée et s’est concentrée (sic) à Jérusalem-Est. Jérusalem-Est est au cœur d’un conflit bien entendu, puisque après 1948 elle a été sous contrôle jordanien et, en 1967, après la guerre des Six-Jours, a été récupérée par Israël. » Au mépris du droit international, ce qui lui a valu des condamnations de l’ONU, mais on ne va pas vous embêter avec des considérations juridiques.

    « D’ailleurs, lundi, poursuit l’éditorialiste, c’était la fameuse “journée de Jérusalem” que l’État israélien a justement annulée pour éviter d’en rajouter… » Le gouvernement israélien est vraiment très prévenant avec les Palestiniens. Ce qui n’a pas empêché une manifestation statique au cours de laquelle les extrémistes scandaient à nouveau « mort aux Arabes ! ». « … Comme il a annulé la décision de justice sur la grande affaire du quartier de Cheikh Jarrah, qui est le quartier arabe de Jérusalem-Est, mais les juifs d’avant 1948 réclament leur droit du retour et on parle de colonisation, etc. » On en parle, etc., et elle a lieu, la colonisation : quatorze mille habitants palestiniens ont déjà perdu leur résidence.

    L’éditorialiste approfondit l’analyse. « Ce qui se passe aujourd’hui est vraiment la résultante de l’abandon du peuple palestinien par deux forces. D’un, par les États arabes avec les accords d’Abraham, où pas une ligne n’était dévolue aux Palestiniens, on les a mis sous le tapis. C’est l’aveu que les Palestiniens étaient bien utiles pour cacher les échecs des États arabes, dès qu’ils perdaient la main, ils organisaient une manifestation pro-palestinienne. » Les morts et les blessés à Jérusalem et à Gaza, Israël n’y est pour rien, c’est la faute des pays arabes. Et des responsables palestiniens : « C’est aussi l’abandon des autorités palestiniennes, du Fatah de Mahmoud Abbas et du Hamas. » Les nombreux politiques israéliens qui se déplacent pour manifester et harceler les Palestiniens aux côtés d’extrémistes religieux bénéficiant d’une incroyable impunité n’ont rien à voir avec la dégradation de la situation.

    Abnousse Shalmani détaille : « Le Fatah a annulé des élections, ça a mis le feu aux poudres. » Alors que la politique d’apartheid menée par Israël était plébiscitée par les Palestiniens. « Et le Hamas, il est rentré dans le jeu en envoyant cent cinquante roquettes. Ils attendent qu’une chose, au Hamas, c’est que tous les mois des valises de 30 millions de dollars arrivent des Émirats arabes unis jusque dans la bande de Gaza, et ils essaient de tout mettre dans leurs poches qui débordent déjà de leur corruption endémique. » La corruption, ça n’arriverait pas en Israël, où Benyamin Netanyahou tente de préserver son immunité en s’accrochant à son poste de Premier ministre. Pour y parvenir, faire monter les tensions avec les Palestiniens est une recette éprouvée. « Et voilà où on se retrouve. » À cause des Arabes, des Arabes et des Arabes mais aussi des Arabes. « Le summum : il y a quand même un parti arabe israélien qui pendant la campagne électorale n’a pas eu un mot pour les Palestiniens. » En résumé, si les Palestiniens se font tuer, c’est la faute aux Palestiniens.

    Telerama, 12 mai 2021

    Etiquetes : France, islamophobie, xénophobie, extrême droite, généraux, voile,

  • Faire valoir les droits des victimes algériennes des essais nucléaires français en Algérie

    Les morts sans importance des essais nucléaires français

    Le sujet de ces essais nucléaires met en jeu l’Histoire entre l’Algérie et la France, sa complexité et ses tabous. L’association Le Grand Maghreb invite le lecteur à s’intéresser à ce thème, au-delà de la simple lecture de la presse contemporaine.

    Après le thème du rapatriement des crânes algériens sur leur terre natale d’Algérie, l’Association Le Grand Maghreb continue d’investir les sujets humanitaires liés à l’Histoire de l’Algérie et de la France. Le thème des essais nucléaires réalisés par la France en Algérie est si complexe que les principales victimes de ces essais ont, jusqu’à présent, été oubliées. Fidèle à sa philosophie philanthropique, l’Association Le Grand Maghreb monte au créneau pour la défense des damnés des essais nucléaires. Un travail de recensement des victimes des essais nucléaires en collaboration avec les associations algériennes et le monde médical en Algérie est en cours. L’Association Le Grand Maghreb ouvre une page blanche. Il y a lieu de s’interroger sur l’absence d’une telle statistique.
    Comment quantifier l’ampleur de la population victime de ces essais ? Il faut rappeler que les effets néfastes de ces essais continuent de provoquer de terribles maladies chez la population algérienne, faute de décontamination des terres polluées et de sensibilisation de cette même population de ces zones violentées par le nucléaire. Leurs conséquences sont tragiques. Les victimes sans entregent disparaissent dans la douleur du silence, après une vie estropiée par ces essais. L’Association Le Grand Maghreb noue des contacts avec des associations algériennes qui interviennent dans ce domaine, a pris l’attache d’un éminent professeur à Alger et Président national des oncologues en Algérie qui prend en charge les cancéreux. C’est l’illustration parfaite de la collaboration de la diaspora algérienne en France avec la société civile algérienne.

    Une action judiciaire à venir grâce la collaboration de Maître Fabrice Di Vizio, avocat notamment du Professeur Raoult. Une fois le difficile travail de recensement qui nécessite préalablement une expertise médicale précise, l’Association Le Grand Maghreb pourra mettre en œuvre les actions judiciaires pré-contentieuses et contentieuses en saisissant la justice française. Maître Fabrice Di Vizio, saisit à cet effet, pourra déployer les actions appropriées. Les conséquences des essais nucléaires provoquent de terribles dégâts sur la santé des personnes, cancers de la thyroïde, malformations des nouveaux nés, décès dans de terribles souffrances faute de prise en charge de ces personnes. L’Association Le Grand Maghreb souhaite obtenir réparation et justice pour ces personnes précisément, celles qui sont dépourvues de tout réseau, qui n’ont pas les moyens de se rendre à l’étranger et qui meurent en silence. Ce débat judiciaire permettra d’évoquer également la nécessité de traiter la problématique des sols pollués et leur nécessaire décontamination.

    Faute de tels dispositifs préventifs et curatifs, on pourrait considérer que les préjudices perdurent et que la responsabilité de leur auteur continue de prospérer. La justice à l’égard des victimes doit prévaloir avant tout sur la raison d’Etat, des Etats ou les affres de l’Histoire de ces essais. Le sujet de ces essais nucléaires met en jeu l’Histoire entre l’Algérie et la France, sa complexité et ses tabous. L’association Le Grand Maghreb invite le lecteur à s’intéresser à ce thème, au-delà de la simple lecture de la presse contemporaine. Il se rendra compte que des essais nucléaires ont été réalisés dans des conditions d’expérimentation absolues, quitte à sacrifier les populations locales. Ces dernières n’en avaient même pas conscience. La Grande Muette a fait son œuvre, provoquant bon nombre de «Morts sans importance de la bombe atomique française».

    Quels que soient les enjeux de part et d’autre de la Méditerranée, l’Association Le Grand Maghreb entend poursuivre ce combat, empreint de dignité et d’humanisme à l’égard de son prochain. Des familles entières ont été endeuillées dans le silence le plus total. Les sociétés civiles doivent s’emparer de ce sujet. Face à la complexité de ce sujet et des nombreux échanges nécessitant coordination et organisation, l’Association Le Grand Maghreb, impressionnée par la soif de justice de ces victimes, a demandé officiellement à l’ambassadeur d’Algérie en France, Monsieur Mohamed-Antar Daoud la mise à disposition de bureaux sur Paris afin de prendre en charge avec efficacité ce dossier.

    Brahim Mabrouki Président de l’Association Le Grand Maghreb

    La Nouvelle République, 12 mai 2021

    Etiquettes : Algérie, France, Mémoire,

  • France: 4 policiers sur 10 voteraient pour Marine Le Pen

    Réaction de la syndicaliste policière d’origine algérienne Linda Kebbab

    La syndicaliste policière d’origine algérienne Linda Kebbab a expliqué la motivation des 44% des policiers de l’Hexagone qui se disent prêts a voter pour Marine Le Pen lors de la présidentielle de 2022.

    44% des policiers et militaires envisagent d’accorder leur voix a Marine Le Pen au premier tour de l’élection présidentielle de 2022, a révélé mardi un sondage Ipsos pour le Cevipof, dévoilé par L’Opinion. Dans l’hypothèse d’un second tour face a Emmanuel Macron, la présidente du Rassemblement national (RN) pourrait engranger jusqu’a 60%des intentions de vote des policiers et des militaires contre seulement 20% pour le président sortant, révèle également cette enquête.

    Une tendance qui, “non”, ne surprend pas la policière née de parents algériens, Linda Kebbab, déléguée nationale du syndicat Unité SGP Police FO.

    “Par dépit et par désespoir”
    “De plus en plus de policiers mais aussi de Français votent aussi par dépit et par désespoir, l’inquiétude n’est pas de savoir que ces gens votent extrême droite, mais pourquoi ils le font”, a soutenu la syndicaliste ce mercredi matin sur BFMTV-RMC.

    «Vous avez un panel de partis politiques qui s’offrent a vous et qui font des propositions. Vous en avez un qui vous traite de barbare. Vous en avez un qui vote contre la loi Sécurité globale et particulièrement sur l’article qui interdirait la diffusion des visages des policiers, l’intention de nuire. Vous avez une majorité qui, aujourd’hui ne convainc pas les policiers. Vous avez une droite qui a beaucoup de mal aujourd’hui a s’exprimer. Vous avez une extrême droite qui aujourd’hui parvient, par ses discours et en matière de communication, a attirer beaucoup de Français, pas de policiers, beaucoup de Français», a énuméré la policière.

    “Que les politiques s’interrogent”
    «Quand des policiers me disent “je suis gosse de communiste, je suis gosse d’ouvrier, j’arrive du Nord de la France, j’arrive de l’Est de la France, j’ai baigné dans un esprit de gauche, dans lequel je ne me retrouve pas en tant que policier, dans ces cas-la je vais aller voter pour le seul ou la seule qui a un discours qui n’est pas vindicatif a mon égard”, et ils font abstraction du programme, comme beaucoup de Français», croit savoir Linda Kebbab.

    «J’ai beaucoup de collègues qui me disent: “je suis pas facho, je suis pas raciste, je suis pas extrémiste, sauf que entre celui qui me crache a la figure a longueur de temps, entre celui qui n’est pas un républicain et celle qui, peut-être avec beaucoup d’intelligence, dit qu’elle nous soutiendra, j’y vais”», a poursuivi la fonctionnaire.

    Pour la policière, il faut «que les politiques s’interrogent sur la manière dont ils ont perdu la confiance des policiers, en matière de politique a leur égard et en matière de délitement de la société», a-t-elle conclu sur ce point.

    «Nous policiers, nous ne sommes a l’abri nulle part», a estimé ce mercredi Linda Kebbab.

    Une tribune de militaire suscite une vive polémique
    Rappelons qu’une tribune signée par une vingtaine de généraux en France a suscité de vives réactions et un tollé. Furieuse, la ministre française des Armées a demandé des sanctions contre les signataires.

    «Pour les militaires qui ont enfreint le devoir de réserve, des sanctions sont prévues et s’il y a des militaires actifs parmi les signataires, j’ai demandé au chef d’état-major des armées d’appliquer les règles qui sont prévues dans le statut des militaires, c’est-a-dire des sanctions », a déclaré Florence Parly, lundi 26 avril, sur Franceinfo.

    Aussitôt, la cheffe de file du Rassemblement national, Marine Le Pen, candidate a la présidentielle de 2022, les a invités a « se joindre » a elle.

    Echourouk online, 12 mai 2021

    Etiquettes : France, police, extrême droite, Marine Le Pen, Rassemblement Nationale, xénophobie,

  • Zakât en France : Des femmes se déguisent en musulmanes

    France – Au moment de la Zakât El Fitr, l’une des pratiques musulmanes effectuées annuellement, des femmes arborent le voile islamique pour pouvoir prétendre à la perception de cette aumône. La Toile les découvre avec stupeur dans une vidéo amateur les mettant en scène.
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    On y voit sur les images tournées par un internaute sur un trottoir en France, des femmes vêtues de tenues musulmanes dans l’espoir de percevoir la Zakât El Fitr des passants de religion islamique. L’homme qui tenait la caméra les interrogeait pour confirmer ses soupçons sur leur confession réelle. Il tenait à le faire en prenant à témoin les spectateurs de sa vidéo, relayée depuis hier 11 mai 2021.

    L’auteur derrière la réalisation de l’enregistrement salue un groupe de femmes, majoritairement des réfugiées syriennes. Puis, il approche celles qu’il croyait reconnaître comme étrangères à la confession musulmane. Elles sont deux à paraître dans le plan. « Tu connais la Fatiha ? », demande-t-il à l’une des deux. Elles se montrent méfiantes dès le départ en tentant d’esquiver à l’objectif de l’appareil.

    « S’il vous plaît, arrêtez ! », implore l’une d’elles. « Est-ce que tu connais la Fatiha ? », insiste l’homme en récitant le début de la sourate constituant un préambule au Coran. C’est là que la réponse recherchée par lui, sort enfin de la bouche de la jeune femme très manifestement gênée par la caméra. « Non ! », rétorque-t-elle avec un ton qui trahit sa quête de « délivrance ».

    « Des Roumaines qui se la jouent musulmanes pour l’argent de la Zakât », selon l’internaute
    Il semble évident que tout ce qu’elles voulaient était que cette « intrusion » cesse. Cependant, le monsieur était déterminé à « démasquer » leur manœuvre de « camouflage ». Et à l’internaute d’affirmer : « Vous êtes Roumaines ». L’une des deux demande si cela posait problème.

    « Oui, parce que vous êtes Roumaines et vous vous déguisez en musulmanes. Il faut que la communauté soit au courant, quand-même ! ». C’est ainsi que réplique l’homme. Le silence embarrassé et les grimaces d’exaspération font l’essentiel de leurs réactions à ces deux femmes.

    Elles essayent de s’éloigner, mais en vain. Le passant, improvisé cadreur, persiste dans sa démarche. D’un instant à l’autre, l’une d’elles lâche quelques paroles et gestes d’agacement. Au bout d’un moment, l’homme passe à un autre niveau.

    1500 euros pour la récitation de la Fatiha !
    Il les défie de réciter l’intégralité de la brève sourate qui ouvre le livre sacré de l’islam. En échange, il propose de leur offrir 1.500 euros. De la sorte, elles prouveraient qu’elles ne s’habillaient pas comme ça juste pour la Zakât El Fitr. Face à elles, leur interlocuteur tenait la somme dans la main.

    Sans surprise pour lui, elles n’ont jamais pu répondre favorablement à la requête lancée. « Ils sont en train de nous donner une mauvaise image en nous faisant prendre pour des mendiants », conclue-t-il indigné. Les internautes sont quasiment d’accord avec le contenu de la vidéo dans le fond. Toutefois, beaucoup la contestent dans la forme.

    Ces avis contrariés remettent en cause le traitement qu’il a réservé auxdites femmes. Certains d’autres sont allés encore plus loin en contestant le fait qu’il s’est permis de les filmer sans leur consentement. Les filmer et diffuser leurs images a offusqué pas mal de monde sur les réseaux sociaux.

    Dzair Daily, 12 mai 2021

    Etiquettes : France, Zakât El Fitr, voile islamique, roumaines, gitans, tziganes,

  • France: une école portant le nom du sanguinaire Thomas Bugeaud, bientôt débaptisée à Marseille

    « Une école peut porter le nom d’un héros, pas d’un bourreau » annonce ce mardi le maire socialiste de Marseille Benoît Payan.

    Ce dernier a opté pour le retrait du patronyme du conquérant de l’Algérie au profit de celui d’Ahmed Litim, libérateur de Marseille.

    « Chaque matin, des enfants rentrent sous un fronton où sont inscrits à la fois la devise de la République “Liberté, Egalité, Fraternité” et le nom de Bugeaud, ce qui est totalement contradictoire »,note Benoît Payan. Maréchal de France, gouverneur général de l’Algérie dès 1840, Thomas Bugeaud (1784-1849) s’est d’abord illustré dans les campagnes napoléoniennes des massacres perpétrés contre les populations algérienne durant les premières décennies de la colonisation française de l’Algérie. il était l’artisan de la terre brûlée.

    Il est à souligner que la délibération qui doit officialiser cette décision sera présentée au conseil municipal de Marseille, le vendredi 21 mai.

    Algérie54, 12 mai 2021

    Etiquettes : Algérie, France, colonisation, Thomas Bugeaud, crimes coloniaux, mémoire,

  • France/ Intégrisme d’extrême droite

    par Abdou BENABBOU

    Une odeur de soufre de plus en plus prenante se dégage au nord de la mer Méditerranée. A la sortie de la tanière de la vingtaine de généraux français en retraite a surgi ces dernières heures une nouvelle pétition attribuée à un fantomatique conglomérat de militaires d’active appelant à l’insurrection. La revue Valeurs actuelles, porte-parole attitrée de l’extrême droite française a ouvert les vannes à la veille des élections présidentielles pour glorifier les activismes qui réclament l’insoumission. Il était inutile d’aller chercher à dévoiler la consistance des signataires de la pétition et celle de la nature de leurs faces tant il est certain que l’extrême droite française n’a qu’un seul visage.

    Ce qui est voulu comme un événement n’est pas une salade politique franco-française car les enjeux électoraux dans ce pays voisin en ce moment se focalisent essentiellement sur la religion musulmane et par conséquent sur les musulmans. Le haro scandé de plus en plus avec force, alimenté par des amalgames non dépourvus d’hypocrisie de la totalité de la classe politique française, à quelques exceptions près, se déchaîne d’abord sans ménagement contre les plus de 4,5 millions de ressortissants d’origine maghrébine pour la plupart de religion musulmane.

    La victoire aux présidentielles prochaines du parti du Rassemblement national est de plus en plus supposée. Ses lignes politiques directrices sont connues. Elles ne sont pas loin de l’esprit hitlérien qui a mené le monde à la catastrophe. On n’en est pas encore là aujourd’hui. Mais quand on entend de la bouche de l’intégrisme droitier, de surcroît inscrit dans son programme, qu’il faille que les immigrés soient déportés vers leurs pays d’origine, un futur sombre n’est pas à écarter.

    Dans son long parcours, l’Histoire a souvent démontré que la nationalité acquise n’est pas toujours une protection et une garantie. Quand des politiques parviennent aux portes du pouvoir absolu et brandissent prétendument l’argument du danger menaçant leur civilisation, aucune frontière ni limite n’obstruent les actions de pure folie. En filigrane, il est dit et répété par les officiels comme par ceux qui lorgnent sur le pouvoir que la guerre des religions est déclarée.

    Aux graves remous qui secouent actuellement la France, les pays du Maghreb et particulièrement l’Algérie dont une bonne proportion de ses enfants vit en France ne peuvent être insensibles.

    Le Quotidien d’Oran, 12 mai 2021

    Etiquettes : France, extrême droite, Les Républicains, Rassemblement National, extrémisme, intégrisme, généraux français, pétition, Valeurs actuelles,

  • Le parti de Macron retire son soutien à une candidate aux élections locales pour cause de hijab

    Le parti au pouvoir du président français Emmanuel Macron a interdit à une femme musulmane de se présenter comme candidate sur son ticket lors d’une élection locale, après qu’elle ait porté un foulard islamique sur une photo figurant sur un tract de campagne.

    La Republique en Marche (LaRem) a déclaré que la ligne du parti était que dans une France laïque, il ne devrait pas y avoir de place pour l’affichage manifeste de symboles religieux sur les documents de campagne électorale.

    « Cette femme ne sera pas une candidate d’En Marche », a déclaré Stanislas Guerini, secrétaire général du parti, à la radio RTL.

    La loi française n’interdit pas le port du hijab ou d’autres symboles religieux dans les images qui figurent sur les tracts de campagne.

    L’épisode illustre à quel point la place de l’islam dans la société française est devenue un sujet sensible à l’approche du scrutin présidentiel de l’année prochaine, le principal défi à une candidature de Macron à la réélection venant de l’extrême droite.

    Macron, qui s’est vanté de la composition multiculturelle et ethniquement diversifiée de son parti naissant après sa victoire électorale de 2017, a mis en garde contre la menace croissante du séparatisme islamiste pour les valeurs fondamentales de la France et l’unité de la république.

    L’affaire de l’affiche de campagne a éclaté après que Jordan Bardella, le numéro 2 du parti d’extrême droite Rassemblement national de Marine Le Pen, a tweeté une copie du tract avec le message suivant : « Est-ce ainsi que vous combattez le séparatisme ? »

    Guerini a répondu directement sur Twitter, demandant que le tract soit retiré ou que la candidate Sara Zemmahi perde le soutien du parti.

    Reuters n’a pas pu joindre Zemmahi ou ses associés pour un commentaire. Un responsable de LaRem proche de Guerini a déclaré que Zemmahi serait officiellement informée de la décision du parti par écrit.

    La réponse du parti a ouvert des divisions amères au sein de LaRem.

    « Indigne. Courir après les votes (d’extrême droite) ne fera que permettre à leurs idées de prévaloir. Trop, c’est trop », a tweeté la députée LaRem Caroline Janvier.

    Un autre législateur du parti, Roland Lescure, a déclaré à Reuters : « C’est un sujet explosif. L’islam politique est une réalité, c’est une menace qui couve dans certains quartiers et nous devons être très fermes. »

    Reuters, 12 mai 2021

    Etiquettes : France, LREM, élections, hijab, polémique, Sara Zemmahi, Emmanuel Macron,

  • Airbus et Air France doivent être jugés pour le crash de 2009

    Air France (AIRF.PA) et Airbus (AIR.PA) doivent être jugés pour homicide involontaire pour leur rôle dans le crash de 2009 dans l’Atlantique qui a tué 228 personnes, a estimé mercredi la cour d’appel de Paris.

    Cette décision annule la décision prise en 2019 de ne pas poursuivre les deux sociétés pour cet accident, au cours duquel les pilotes ont perdu le contrôle de l’Airbus A330 après que la glace a bloqué ses capteurs de vitesse.

    Les familles des victimes ont salué la décision, mais Airbus et Air France ont déclaré qu’ils chercheraient à l’annuler devant la Cour de cassation, la plus haute cour d’appel de France.

    « La décision de justice qui vient d’être annoncée ne reflète en aucune façon les conclusions de l’enquête », a déclaré Airbus dans un communiqué envoyé par courriel.

    Air France « maintient qu’elle n’a commis aucune faute pénale à l’origine de ce tragique accident », a déclaré un porte-parole du transporteur, qui fait partie d’Air France-KLM.

    Le vol AF447 d’Air France reliant Rio de Janeiro à Paris s’est écrasé le 1er juin 2009, tuant toutes les personnes à bord.

    Les enquêteurs français ont découvert que l’équipage avait mal géré la situation résultant de la perte de données de vitesse provenant de capteurs bloqués par la glace et avait provoqué un décrochage aérodynamique en maintenant le nez de l’avion trop haut.

    La décision antérieure de ne pas engager de procès a suscité des contestations juridiques de la part des familles, des syndicats de pilotes et des procureurs qui avaient engagé des poursuites contre la seule compagnie Air France.

    La décision de mercredi a confirmé les nouvelles demandes de procès des deux compagnies formulées par des procureurs de haut niveau qui ont accusé Air France de ne pas avoir formé les pilotes et Airbus d’avoir sous-estimé les dangers posés par les problèmes connus des capteurs de vitesse.

    Reuters, 12 mai 2021

    Etiquettes : France, Airbus, Air France, justice, jugement, crash, homicide involontaire,

  • D’ami à ennemi : l’UE prépare ses premières sanctions contre le Liban

    L’Union européenne prépare des sanctions à l’encontre des hommes politiques libanais qui bloquent la formation d’un gouvernement. Selon des diplomates, il s’agit des premières sanctions prises par l’Union à l’encontre de son allié du Moyen-Orient, en raison de la frustration suscitée par la mauvaise gestion de l’élite au pouvoir.

    Dirigé par l’ancienne puissance coloniale française, le bloc cherche à accroître la pression sur les politiciens libanais qui se chamaillent, après dix mois de crise qui ont laissé le Liban face à l’effondrement financier, l’hyperinflation, les pannes d’électricité et les pénuries de carburant et de nourriture.

    Aucun nom n’a été évoqué et la Hongrie a publiquement dénoncé les efforts de l’UE pour faire pression sur les politiciens libanais, mais six diplomates et responsables ont déclaré à Reuters que le travail technique avait commencé pour préparer les sanctions – les critères de désignation – après que les ministres des affaires étrangères de l’UE aient décidé lundi d’agir.

    Étant donné que de nombreux politiciens libanais de haut rang possèdent des maisons, des comptes bancaires et des investissements dans l’UE, et que leurs enfants fréquentent les universités de l’Union, le retrait de cet accès pourrait constituer un levier pour mobiliser les esprits.

    Paris affirme avoir déjà pris des mesures pour restreindre l’entrée de certains responsables libanais, pour avoir bloqué les efforts visant à résoudre la crise sans précédent, qui trouve son origine dans des décennies de corruption et d’endettement de l’État.

    « Le niveau d’impatience à l’égard de la classe dirigeante est de plus en plus élevé. Ils ne semblent pas avoir l’intérêt de leurs peuples à cœur. Attendez-vous à ce qu’une décision soit prise dans les trois ou quatre semaines à venir », a déclaré un haut diplomate européen.

    L’UE doit d’abord mettre en place un régime de sanctions qui pourrait se traduire par des interdictions de voyager et des gels d’avoirs.

    Les 27 États membres de l’UE sont divisés sur le bien-fondé des sanctions européennes, mais les deux principales puissances du bloc, la France et l’Allemagne, y sont favorables, ce qui pourrait s’avérer déterminant. Un groupe plus large de nations doit encore préciser son approche.

    Toutefois, les responsables affirment qu’il est habituel, au stade technique et préparatoire, que les pays restent circonspects et qu’une fois qu’un accord politique entre les gouvernements de l’UE sera en place, ils se rallieront à la France.

    « C’est juste une question de temps. Nous avons ce que nous voulions », a déclaré un haut diplomate français à l’issue de la réunion de lundi.

    Compte tenu de l’opposition de la Hongrie, l’hypothèse de travail est désormais de privilégier l’approche de chacun des 26 pays restants de l’UE pour imposer individuellement des sanctions, tout en proposant une aide.

    CAROTTES ET BÂTONS

    « La population souffre, mais les dirigeants politiques n’assument pas leurs responsabilités alors que le pays s’effondre littéralement », a déclaré aux journalistes Josep Borrell, responsable de la politique étrangère de l’UE.

    « Nous travaillons à une approche qui combine carottes et bâtons », a-t-il ajouté.

    Un document sur les options de l’UE explique comment le Liban pourrait bénéficier financièrement de diverses aides, mais les diplomates ont déclaré que rien ne permettait de penser que ces carottes séduiraient les politiciens libanais et qu’il fallait maintenant passer aux « bâtons ».

    La France n’a pas rendu publiques les mesures qu’elle a prises seule, ni contre qui, et l’impact potentiel n’est pas clair car certains politiciens libanais ont la double nationalité. Les responsables français affirment qu’une liste de noms est en place et qu’elle n’a pas été divulguée afin de « secouer » et de laisser deviner les politiciens libanais.

    Des diplomates ont également déclaré que l’UE devrait également décider si et comment cibler le bras politique du Hezbollah, le mouvement armé soutenu par l’Iran qui exerce un pouvoir énorme au Liban et est également tenu responsable d’une partie du statu quo politique.

    Ce groupe est moins susceptible d’avoir des intérêts dans l’UE.

    Dans un possible signal adressé à l’UE, les États-Unis, pour la première fois sous la direction du président Joe Biden, ont sanctionné mardi sept ressortissants libanais liés, selon eux, à la société financière du Hezbollah et ont appelé les gouvernements du monde entier à prendre des mesures à son encontre.

    Reuters, 12 mai 2021

    Etiquettes : Liban, Union Européenne, UE, sanctions, Hezbollah, effondrement financier, hyperinflation, pannes d’électricité, pénuries de carburant, pénurie de nourriture, France,

  • La chemise portée par Napoléon en exil et une lettre en anglais sont exposées

    Une chemise portée par Napoléon pendant son exil sur l’île de Sainte-Hélène, dans l’Atlantique sud, et une lettre qu’il y a écrite pour pratiquer son anglais ont été exposées dans un musée en Belgique, avant d’être vendues aux enchères plus tard cette année en Grande-Bretagne.

    Une écharpe en soie qu’il portait autour de la tête sur l’avant-poste britannique balayé par les vents est également exposée, ainsi qu’une canne fabriquée à partir d’une dent de narval, un objet rare et précieux de la vie quotidienne de l’ancien empereur français en exil à Sainte-Hélène.

    L’exposition au musée commémoratif de la bataille de Waterloo, près de Bruxelles, s’inscrit dans le cadre des commémorations du bicentenaire de la mort de Napoléon, à l’âge de 51 ans, le 5 mai 1821.

    La lettre est l’un des rares textes écrits par Napoléon en anglais qui ont été conservés. Elle ne comporte pas d’adresse et l’on pense qu’elle lui a été dictée par son secrétaire dans le cadre d’exercices visant à améliorer son anglais.

    « Napoléon, avant d’arriver sur l’île de Sainte-Hélène, ne savait ni écrire ni parler dans la langue de Shakespeare », a déclaré Antoine Charpagne, co-commissaire de l’exposition Waterloo.

    « Son secrétaire, Emmanuel de Las Cases, savait parler anglais, car il avait déjà vécu quelques années en Angleterre, et il lui a donc appris », a-t-il déclaré à Reuters.

    La lettre devrait atteindre le prix le plus élevé parmi tous les objets qui seront vendus aux enchères chez Bonhams à Londres le 27 octobre.

    « Lorsque vous entendez que, dans le passé, plusieurs millions de livres ont été payés pour au moins un objet important de souvenirs napoléoniens, cela met les choses en perspective », a déclaré Simon Cottle de Bonhams.

    Les conservateurs et commissaires-priseurs de Waterloo à Londres affirment que ces objets éclairent les derniers jours d’exil de Napoléon, à une époque où il rédigeait ses mémoires pour tenter de préserver son héritage de génie militaire et de leader visionnaire.

    Aujourd’hui, Napoléon fait l’objet d’un débat animé en France et au-delà. lire la suite

    Certains affirment que ses réalisations, en particulier la mise en place des fondements juridiques et institutionnels qui sous-tendent encore certaines parties de l’État français moderne, le rendent digne d’être commémoré. D’autres répondent que son passé d’agresseur militaire, ses instincts despotiques et sa décision de rétablir l’esclavage après son abolition ne justifient pas qu’on lui rende hommage.

    Reuters, 12 mai 2021

    Etiquettes : France, Napoléon, Waterloo, ‘île de Sainte-Hélène, chemise, lettre en anglais, exposition,