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  • La justice française: la réputation d’être de gauche

    Les procès Sarkozy et leurs conséquences: Le pouvoir judiciaire en France est confronté à des réformes majeures.

    Corona fait de l’ombre à tout. Pour le gouvernement d’Emmanuel Macron, cependant, ce n’est pas aussi dramatique qu’il n’y paraît pour le moment. Il est vrai qu’en France aussi, la campagne de vaccination, qui a pris de l’ampleur, est quelque peu ralentie par l’affaire Astra-Zeneca, mais cela détourne aussi l’attention du scandale politique qui couve depuis début mars à la suite d’un verdict étonnant contre l’ancien président Nicolas Sarkozy, et qui continuera vraisemblablement à jouer un rôle dans les mois à venir. Il s’agit du système judiciaire idéologiquement biaisé en général et des poursuites de la Cour fiscale nationale en particulier.

    Y a-t-il une méthode pour de telles poursuites ?

    Cette cour spéciale, fondée par le prédécesseur de Macron, François Hollande, et opportunément de gauche, s’est apparemment donné pour mission de passer au crible les candidats potentiels dans les camps de la droite et de la bourgeoisie jusqu’à ce qu’elle trouve quelque chose, puis de lancer des enquêtes avec effet de publicité, de préférence avant des élections importantes. C’est ce qui s’est passé avec l’ancien candidat prometteur à la présidence François Fillon il y a quatre ans, qui a été mis hors course par cette intrigue, et c’est ce qui se passe maintenant avec l’ancien président Nicolas Sarkozy.

    Trois ans de prison, dont deux avec sursis – telle est la sentence prononcée dans la salle d’audience bondée du 1er mars. C’est vrai, il pourrait purger l’année de prison en résidence surveillée. Mais les espoirs ou les craintes d’un come-back sont terminés. Même si Sarkozy a annoncé le soir même qu’il allait faire appel. Et le lendemain, lors d’une interview télévisée dans le cadre de la première émission, il a déclaré à plusieurs reprises qu’il n’avait pas l’intention, et n’a toujours pas l’intention, de se présenter aux élections. Cependant, il n’a jamais voulu renoncer à donner des conseils ou à s’engager dans le camp bourgeois parce qu’il était un homo politicus. Maintenant, cependant, il se battrait bec et ongles pour son honneur et pour le droit et la justice.

    Plusieurs procès pour corruption, pots-de-vin et financement illégal de campagne sont en cours depuis plus de huit ans contre M. Sarkozy, aujourd’hui âgé de 66 ans. Dans le verdict actuel – un autre est attendu prochainement – il a été reconnu coupable d’avoir soudoyé un procureur en promettant d’user de son influence en tant qu’ancien président de la cour princière de Monaco pour obtenir de cet avocat un poste de consul honoraire de Monaco. En contrepartie, le procureur devait l’informer, ainsi que son avocat, de l’état de l’enquête sur les procès de Sarkozy. Les conversations à ce sujet entre Sarkozy et son avocat Thierry Herzog, qui a également été condamné, ont été secrètement interceptées et ont servi de seule preuve. Cela viole le secret professionnel et la protection de la confiance entre l’avocat et son client, mais, ont déclaré les juges, « en raison de la gravité de l’infraction », ils ont autorisé les enregistrements à servir de preuve. Il est difficile d’imaginer que la Cour aurait agi de la même manière avec un homme politique de gauche.

    La course dans le camp bourgeois est ouverte

    Il est également difficile d’imaginer que le président sortant, Emmanuel Macron, n’avait aucune idée de cette évolution. En tout cas, cela élimine un concurrent potentiellement indésirable. Car chez les Républicains conservateurs (LR), de nombreux barons du parti avaient placé leurs espoirs dans le fait que Sarkozy monte une nouvelle fois sur le ring et brigue la présidence. Maintenant, la course est ouverte dans le camp bourgeois. Plusieurs noms circulent.

    Il y a le chef de file des Républicains au Sénat, Bruno Retaillau, il y a les personnalités Pierre de Villiers, l’ancien chef d’état-major, que les sondages donnent à 20 %, ou le publiciste Eric Zemmour, qui est à 13 %. Il y a l’ancien chef de parti Laurent Wauquiez ou l’ancien ministre de Sarkozy Xavier Bertrand et quelques autres. En l’état actuel des sondages, ils ne parviendraient pas à se qualifier pour le second tour. La chef du parti de l’Assemblée nationale, Marine Le Pen, les devancerait et serait même dangereuse pour le président sortant, selon les sondages d’aujourd’hui. Emmanuel Macron n’est pas menacé par la gauche. Les socialistes, les Verts et les communistes atteignent ensemble un maximum de 30 %.

    Si le camp bourgeois se mettait d’accord sur un candidat, il aurait certainement une chance, même contre Macron. Sarkozy aurait pu être ce candidat. Aujourd’hui, près de 13 mois avant le premier tour de scrutin de l’élection présidentielle et trois mois avant les élections régionales nationales, les conservateurs doivent rapidement se mettre d’accord sur un candidat. Les élections régionales constituent le test final et servent de critère de sélection.

    Il est fort possible que le sénateur vendéen de 60 ans, Bruno Retaillau, s’allie au général Pierre de Villiers, voire à Xavier Bertrand. Ils étaient tous unis par leur opposition cordiale à Sarkozy. Le verdict pourrait donc même marquer un tournant pour la France : la fin des éternelles batailles de chefferies en politique. À moins, bien sûr, que la justice de gauche ne retrouve ce qu’elle cherche dans ses opérations d’écoutes et ne fasse ainsi éclater les alliances. Elle préfèrerait certainement un Macron semi-gauchiste à un Retaillau droitier, qui d’ailleurs, comme Marine Le Pen, dissoudrait rapidement le tribunal de gauche d’un trait de plume.

    Le ministre de la justice annonce une réforme

    Cependant, les reconstitutions juridiques et les enquêtes contre Sarkozy ont une fois de plus gravement ébranlé la confiance du peuple dans le troisième pouvoir et son indépendance. Ce n’était pas très fort de toute façon. Des jugements comme celui contre Sarkozy « approfondissent la méfiance », comme l’admet même le ministre de la justice dans une interview au Point, et annonce également une grande réforme de la justice. Il souhaite présenter le projet de loi à la mi-avril. Il doit y avoir des règles également pour les pouvoirs indépendants des États. Oui, dit le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti, « plus une institution insiste sur son indépendance, plus elle doit respecter strictement les règles. »

    La réforme prévoit des changements complets, mais pas la suppression du Tribunal financier. C’est précisément ce qu’il faudrait faire et cela donnera encore lieu à de vives controverses.

    Die Tagespost, 20 mars 2021

    Tags : France, Justice, Nicolas Sarkozy,

  • Derrière la répression au Sénégal, la marque de l’impérialisme français

    Alors que la population sénégalaise souffre d’une intense répression politique, une enquête parue dans StreetPress revient sur la provenance de cet armement. Fruit d’entreprises françaises largement soutenues par l’Etat français, l’armement de la police sénégalaise cache mal la marque de l’impérialisme français.

    Depuis le 3 mars, des milliers de sénégalais sont sortis dans la rue contre le gouvernement pour demander la libération de Ousmane Sonko, opposant politique. Dans un pays où la population souffre gravement du chômage et de la pauvreté, la colère s’est rapidement portée contre les signes de l’impérialisme français, en grande partie responsable de leurs conditions. Aussi les manifestants s’en sont pris aux enseignes Auchan, lesquelles ont remplacé les boutiques locales, mettant à la porte les petits commerçants et licenciant massivement leurs employés. Mais face à l’intense répression qu’ils ont subi, au point qu’Amnesty International juge la situation particulièrement préoccupante, la population sénégalaise a justement dénoncé la provenance française de l’armement des forces de répression. Signe de l’implication de la France pour soutenir le régime de Macky Sall, elle est la marque d’un impérialisme français omniprésent au Sénégal, comme dans le reste de l’Afrique de l’Ouest.

    Une répression made in France

    Une enquête de StreetPress revient sur le détail de ces armes, leur provenance, et les entreprises qui les fabriquent. On y retrouve une grande partie des armes que l’Etat français a utilisé en France pour réprimer les manifestants : des grenades lacrymogènes et des lances-grenades notamment.

    Certains équipements sont encore plus perfectionnés : en France l’entreprise Alsetex vend des modèles « cougars », des lances-grenades très utilisés au moment des Gilets Jaunes et responsables de nombreuses mutilations, comme lors du 16 novembre 2019, où un gilet jaune a perdu son oeil par un tir tendu, Place d’Italie à Paris. Au Sénégal, elle permet aux forces de répression de disposer d’un Cougar 12, une arme très impressionnante qui permet de lancer 12 grenades simultanément. Ce dernier modèle avait été également été aperçu au Liban, lors de la répression d’émeutes au début de l’année 2020

    Au Sénégal comme au Liban, deux pays sous l’influence des intérêts impérialistes français, il y a une constante : la provenance des armes ainsi que le zèle de l’Etat et des entreprises françaises pour leur fournir.

    En plus de l’entreprise Arquus, qui vend donc le Cougar 12, on trouve aussi Nobel sport et SAPL , entreprises françaises qui ont vendu des balles en caoutchouc de calibre 12 à la police sénégalaise. Street Press, qui révèle cette utilisation en s’appuyant sur des images transmises par le photographe Thibaut Piel et le journaliste Tom Becques, explique avoir identifié des douilles comparables à celles tirées en forêt par des chasseurs. Ces dernières semaines, elles ont été utilisées pour viser à la tête des manifestants, et ont par exemple blessé une jeune fille de 14 ans.

    La France au Sénégal : armer un régime aux ordres de l’impérialisme français

    Pour soutenir la répression intense que subit la population sénégalaise, ces entreprises peuvent compter sur le soutien de l’Etat français. Alors que Macky Sall est un relai efficace des intérêts français dans la région, la France a pu, grâce à la politique d’endettement du président, faire profiter ses grandes entreprises, elle a donc tout intérêt à le maintenir au pouvoir.

    Au Sénégal presque toutes les activités économiques sont gérées par des entreprises françaises : on y compte plus de 250 sociétés tricolores qui génèrent 2 000 milliards de francs CFA de chiffres d’affaires , soit 3 milliards d’euros, comme l’a confirmé au début de février Philippe Lalliot, ambassadeur de France au Sénégal, sur une radio sénégalaise.

    Alors que le gouvernement sénégalais a opté pour une politique d’endettement, la France y gagne sur tous les tableaux. A titre d’exemple : le Sénégal s’endette auprès d’elle à hauteur de 230 millions d’euros pour financer un projet de train reliant l’aéroport Blaise-Diagne, à la capitale Dakar, il fait appel pour construire cette ligne à Alstom et à la SNCF.

    Avec un client comme le Sénégal de Macy Sall, la France a tout intérêt à maintenir la stabilité du régime, et avec lui, les intérêts de ses multinationales, en équipant la police locale.

    Ce même constat s’étend à toute la région d’Afrique de l’Ouest : en 2009, on apprenait que la formation des forces de police et des gendarmerie africaines coûtait environ 18 millions d’euros par an à l’Hexagone.

    La formation des policiers africains par l’Etat français, s’accompagne de l’appui direct du gouvernement aux entreprises qui vendent des armes.

    Déjà bien renfloués par le gouvernement Macron pour réprimer les manifestants grâce à une commande de 2 millions d’euros à Alsetex pour 450 « super flash-balls » et 1280 LBD 40., les leaders du secteur que sont Asletex, Arquus et Nobel Sport peuvent compter sur le volontarisme de Jean Yves Le Drian, ministre des affaires étrangères depuis 2017, après avoir occupé le poste de ministre de la défense sous le quinquennat Hollande.

    Grace à lui, la France a pu devenir le 2e vendeur d’armes au monde, proposant aussi bien des blindés militaires au Cameroun, utilisés par une unité d’élite accusée d’assassinat arbitraires et de tortures, des avions de chasses Rafales vendus à l’Égypte en 2015, après que le gouvernement ait réalisé le plus grand massacre en zone urbaine des trente dernières années, ou encore des navires de combat qui participent au blocus maritime qui touche le Yémen, comme le révélait il y a quelques mois une enquête du média Disclosure.

    Cette promotion des armes françaises dans les régimes autoritaires aux quatre coins du globe, est permise par le travail d’accompagnement du gouvernement, mais parfois c’est lui qui impulse directement les projets de développement de l’industrie de l’armement.

    Ainsi le groupe Nobel sport, le même dont on retrouve ses balles calibre 12 au Sénégal, a pu par exemple bénéficier de l’appui direct du ministre pour relancer sa production de poudre destinée à des armes de guerre, tandis qu’il se concentrait auparavant seulement sur les armes de chasse.

    La défense de l’industrie militaire française comme le soutien aux régimes alliés des intérêts français : la France forme des policiers et vend des armes aux forces de répressions sénégalaises pour empêcher la population de se lever contre les intérêts de Total, de Auchan et de Alstom, responsables de la pauvreté et de l’endettement de leur pays. Face à cette situation et pour soutenir la mobilisation du peuple Sénégalais, il est urgent se battre contre l’impérialisme français, contre Arquus, Alsetex, Nobel Sport, et toutes ces entreprises de l’armement qui servent à réprimer, au Sénégal comme en France.

    Révolution Permanente, 19 mars 2021

    Tags : Sénégal, France, impérialisme,

  • Relations Algéro-françaises: Jean Castex attendu les 10 et avril à Alger

    Par Nabil Semyane

    Le Premier ministre français Jean Castex est attendu les 10 et 1 avril prochain à Alger dans le cadre de la réunion du cinquième Comité Interministériel de Haut Niveau (CIHN), a rapporté samedi le quotidien El Watan.

    Pas moins de huit ministres , dont celui des Affaires étrangères, la Défense , l’Economie, l’Intérieur et des homes d’affaires et dirigeants d’entreprises accompagneront dans sa visite le premier ministre français, ajoute la même source qui précise que l’agenda de cette réunion « couvrira un large éventail de sujets d’intérêt bilatéral, régionale, , la coopération économique, les échanges humains et éducatifs , les questions diplomatiques et sécuritaire ainsi que le dossier de la mémoire.

    La visite attendue de Jean Castex intervient dans un contexte bilatéral marqué par un regain de « chaud » entre Alger et Paris, à la faveur de la relation du confiance qui existe actuellement entre le président Abdelmadjid Tebboune et son homologue français Emmanuel Macron , tous deux soucieux d’imprimer une nouvelle impulsion à la dynamique des relations bilatérales.

    Algérie1, 20 mars 2021

    Tags : France, Algérie, Jean Castex,

  • Comment la France et les États-Unis peuvent travailler à la stabilisation du Sahel

    Après l’indifférence des années Trump, l’administration Biden devrait élargir et approfondir sa coopération avec la France au Sahel.

    Andrew Lebovich

    La gravité de la situation au Sahel a été rappelée une fois de plus. Cette semaine, une explosion de violence contre des soldats et des civils au Mali et au Niger a rappelé de manière brutale les risques considérables auxquels le Sahel est confronté. Pourtant, le mois dernier encore, un air de triomphalisme régnait lors d’un sommet organisé par la communauté internationale et les nations qui composent le groupement G5 Sahel, qui cherche à apporter la stabilité dans la région.

    Alors que la menace militante continue de s’étendre, des acteurs tels que la France et l’Union européenne – parmi les principaux acteurs internationaux de la sécurité et du développement au Sahel – ont besoin d’une aide accrue. Mais le soutien dont ils ont besoin ne se limite pas à une coopération militaire ou financière ; ils ont également besoin d’une assistance politique, d’autant que les pays de la région privilégient de plus en plus les négociations avec les groupes armés, y compris certains mouvements djihadistes.

    Les États-Unis peuvent contribuer à fournir cette aide, et devraient la cibler en particulier sur les questions difficiles de la stabilisation et de la réforme politique. Une telle assistance permettrait de s’appuyer sur un partenariat sécuritaire déjà solide entre la France et les États-Unis, d’approfondir le partenariat transatlantique tout en contribuant à pousser la France, l’UE et leurs partenaires sahéliens à poursuivre des mesures difficiles mais nécessaires axées sur la gouvernance dans la région.

    Rattraper les négligences du passé

    Sous l’administration Trump, la coopération transatlantique sur le Sahel a été l’un des rares domaines de coopération multilatérale à s’en sortir largement indemne, et pourrait même s’être renforcée. Grâce à des efforts concertés nés d’abord de leur expérience commune en Afghanistan, les forces françaises et américaines opèrent de mieux en mieux ensemble, la France étant désormais considérée comme l’un des partenaires de sécurité les plus importants et les plus fiables des États-Unis. En retour, le soutien américain en termes d’approvisionnement, de transport et de renseignement est essentiel aux opérations françaises au Sahel, tant dans le cadre de l’opération Barkhane que de la Special Operations Task Force Sabre. Et, malgré les menaces de l’administration Trump de réduire la présence américaine au Sahel, le coût relativement faible de l’assistance – environ 45 millions de dollars par an – et la relative indifférence de l’ancien président pour l’Afrique signifiaient que le soutien pouvait largement se poursuivre sans relâche. Les dirigeants français ont également salué à plusieurs reprises la coopération américaine en matière de sécurité au Sahel, qui a joué un rôle important dans l’élimination des chefs djihadistes et dans les opérations françaises et du G5 en cours. Les États-Unis siègent également au sein du Comité de suivi de l’Accord d’Alger, aux côtés d’autres représentants de la communauté internationale.

    Cela dit, sous Trump, le soutien de plus haut niveau pour tout ce qui dépasse les initiatives de sécurité dans la région est resté largement absent. Pendant cette période, les États-Unis étaient loin d’être aussi investis dans la région que leurs homologues européens ; lorsque la communauté internationale organisait des conférences de donateurs majeurs pour des initiatives telles que l’Alliance Sahel ou pour soutenir le G5 Sahel, les États-Unis étaient souvent représentés par des fonctionnaires de niveau inférieur à ceux des autres pays présents. Dans l’ensemble, l’administration a peu fait pour donner la priorité à l’Afrique, et encore moins au Sahel.

    Jusqu’à présent, l’administration Biden a donné un ton différent, non seulement en poussant au renforcement des liens transatlantiques, mais aussi en soulignant l’importance de renouveler et de renforcer la politique étrangère américaine en Afrique, y compris au Sahel. Il s’agit notamment d’un langage positif sur la recherche de liens plus profonds avec le continent, le soutien aux institutions africaines, et l’engagement sur une variété de questions au-delà de la politique de sécurité. Le soutien américain aux opérations militaires françaises est également relativement peu controversé à Washington, et la géopolitique de la région favorise une collaboration étroite entre l’Europe et les États-Unis, notamment dans un contexte d’inquiétude des deux côtés de l’Atlantique face à l’influence croissante de la Russie, de la Chine et de la Turquie en Afrique.

    Une alliance qui fonctionne mieux pour tous

    Vers la fin d’une récente discussion avec le Conseil Atlantique, Emmanuel Macron a noté que les Etats-Unis et la France travaillent « main dans la main » dans la région, et que « dans les mois à venir, notre partenariat avec les Etats-Unis au Sahel, à la fois sur la sécurité mais aussi sur les questions de développement, sera absolument crucial ». Mais ce serait une erreur de limiter une telle coopération aux domaines où la France pense avoir le plus besoin d’aide, et où elle a précédemment demandé plus de soutien à ses partenaires européens également.

    Au contraire, elle devrait également englober des domaines plus délicats tels que la politique régionale et les questions épineuses de gouvernance. Une coopération et une participation américaines plus étroites et plus actives aux efforts déployés au Sahel, plutôt qu’une simple assistance visant à soutenir les efforts de lutte contre le terrorisme, pourraient permettre d’atteindre plusieurs objectifs clés. Elle peut créer une plus grande pression et un élan pour le soutien du Conseil de sécurité de l’ONU aux efforts politiques, ainsi que les réformes politiques nécessaires et une poussée vers des objectifs de longue date tels que la mise en œuvre plus complète de l’accord de paix d’Alger pour le Mali. L’expérience américaine (et les leçons tirées de graves erreurs) dans d’autres zones de conflit peuvent contribuer à informer ces approches politiques au Sahel.

    En outre, dans leur empressement à participer plus activement aux opérations menées par la France, comme la Task Force Takuba, certains responsables européens ont exprimé en privé leur inquiétude d’être entraînés trop loin dans des initiatives ostensiblement « multilatérales » qui restent souvent dominées par la France, ou guidées par le poids de la politique et de l’influence françaises dans la région. Une présence politique américaine plus active pourrait contribuer à apporter non seulement un soutien, mais parfois un contrepoids nécessaire à ces préoccupations. Elle contribuerait également à maintenir l’accent promis sur les solutions politiques, qui est un élément important de la doctrine de stabilisation américaine.

    Dans ses remarques au Conseil atlantique, M. Macron a décrit l’autonomie stratégique comme un moyen d’alléger le fardeau de la politique étrangère des États-Unis, en particulier dans des régions du monde telles que l’Afrique et le Moyen-Orient qui sont « voisines » de l’Europe, plutôt que des États-Unis. Mais, au Sahel, les États-Unis pourraient soulager la France non seulement d’une partie de la charge militaire, mais aussi de la charge politique. Les États-Unis pourraient aider la communauté internationale à définir une nouvelle stratégie indispensable dans la région tout en continuant à approfondir la relation franco-américaine.

    European Council on Foreign Relations, 19 mars 2021

    Tags : Sahel, Union Européenne, France, UE, Mali, Barkhane, Emmanuel Macron, Etats-Unis, USA, AFRICOM,

  • Le livre qui brise un silence gardé pendant 30 ans

    Camille Kouchner a publié son livre en début d’année 2021. Elle y révèle l’inceste commis par son beau-père, Olivier Duhamel sur son frère jumeau. Un lourd secret révélé au grand public. La familia grande se considérait comme une tribu, ou liberté et bonheur étaient leur mots d’ordre, jusqu’à ce que le lourd secret gardé pendant 30 ans, détruise au plus près la famille.

    C’est un récit qui dévoile un lourd secret de famille qui pèse depuis 30 ans. Dans ce récit, Camille Kouchner évoque l’inceste commis sur son frère jumeau dans les années 80 alors qu’il n’avait que 14 ans. L’auteur présumé des faits est leur beau-père, Olivier Duhamel. Edité dans le plus grand secret aux éditions Seuil: La familia grande, est publié le 7 janvier. Suite à ces révélations, le Parquet de Paris a ouvert une enquête le 5 janvier 2021.

    Ce silence ronge les jumeaux et bientôt toute la famille. Pourtant, cette figure intellectuelle et politique de gauche ne s’est pas exprimée pour l’instant sur les accusations. La sortie du livre a quand même des conséquences: alors qu’Olivier Duhamel était président de la fondation nationale des sciences politiques à Sciences Po, il annonce le 4 janvier 2021 sur le réseau social Twitter qu’il se retire de ses fonctions. Il supprime son compte le lendemain.

    Ce secret, Camille l’a gardé pendant 30 ans. Elle n’a que 14 ans lorsque son frère se confie à elle : « Il me dit des choses que je ne connais pas. À la fois j’ai rien compris et à la fois, j’ai su que c’était grave. J’ai pris la mesure de ce qui était arrivé à mon frère », confie-t-elle, dans une interview accordée à l’émission La Grande Librairie le 14 janvier 2021. Pour elle, il était urgent d’écrire. Elle a souhaité préserver certains membres de sa famille en changeant leurs noms, exceptions faites pour sa tante, l’actrice Marie-France Pisier, sa mère Evelyne Pisier et son père Bernard Kouchner. À aucun moment, le nom d’Olivier Duhamel n’est mentionné.

    Un secret lourdement gardé

    Dans son livre, l’avocate raconte l’histoire de sa famille, connue des médias et du monde politique. Elle décrit leurs vacances d’été dans leur maison à Sanary dans le Var. Une famille ouverte d’esprit où l’on parle de sexe, d’alcool et de féminisme en toute liberté. Les débats animés et les prises de paroles sont les bienvenues. Tout laisse croire à une famille heureuse lorsque l’on lit les premières pages. Seulement, après le suicide de ses grands-parents maternels Georges et Paula Pisier, le livre prend une tournure plus sombre, tout comme l’a pris sa vie de famille.

    L’inceste, elle l’évoque à partir de la page 105, lorsque son frère jumeau lui confie son secret : « Victor m’a demandé de venir le voir dans sa chambre. C’était après la première fois. (…) je connais mon frère, il est apeuré ». Elle décrit l’emprise que son beau-père a eu sur son frère si jeune. Elle raconte ce qu’elle a ressenti au moment des révélations : « Mon cerveau se ferme. Je ne comprends rien. C’est vrai qu’il est gentil, mon beau-père adoré ». Elle raconte ce dont elle se rappelle et parle même de mémoire traumatique où tout semble flou et irréel. Comme elle le dit si bien, « La culpabilité noie la mémoire ».

    Elle fut la seule à qui son frère avait confié son secret, l’emprise dont il avait été victime. Il lui avait demandé de ne pas en parler pour protéger leur mère. Plusieurs personnes ont commencé à être au courant lorsque Camille et son frère sont devenus fiancés et parents. Pour eux, il était hors de question que l’histoire se répète avec d’autres enfants de la famille. Après avoir expliqué à leurs compagnons respectifs la raison pour laquelle ils évitaient leur mère, l’heure des aveux à celle-ci était venue pour Victor à la naissance du deuxième enfant de sa sœur. « J’ai l’impression que c’est le jour de la naissance de Nathan, le jour de la délivrance, que mon frère a tout raconté à Evelyne… Fin 2008. Fin du secret, le monde s’est écroulé ».

    Une enquête noyée en 2011

    « L’inceste n’est pas une liberté ». Ces mots, elle les adresse à sa mère qui refuse de prendre conscience des actes de son mari et minimise les faits. Leur soutien, ils l’avaient du côté de leur tante Marie France Pisier tandis que leur mère Evelyne Pisier tentait de soutenir son mari : « Il regrette, tu sais, et puis il n’y a pas eu sodomie. Des fellations, c’est quand même diffèrent ».

    Après la sortie de ce livre, le magasine l’Obs a souhaité revenir sur la mort de Marie-France

    Pisier, au courant des faits, en remettant en question les causes de sa mort. Retrouvée noyée dans sa piscine en 2011, la première hypothèse était celle d’un suicide. Julien Kouchner révèle que si elle a souhaité mettre fin à ses jours, c’était sûrement à cause de ce qu’elle savait. Dans les mails recueillis par les enquêteurs après sa mort, elle évoque qu’elle dévoilerait le secret à Bernard, le père de « Victor », laissant place à une nouvelle théorie: celle d’un meurtre pour cacher la vérité. À l’époque, lors de l’enquête, le beau-fils d’Olivier Duhamel avait été entendu par la brigade des mineurs après la découverte des mails. « L’enquête s’est arrêtée. Sous mes yeux le récit d’un inceste » raconte Camille, car son frère a refusé de déposer plainte.

    Camille Kouchner s’adresse directement à celui qui a détruit leur famille, Olivier Duhamel. Elle emploie des mots crus, l’obligeant à se confronter aux actes qu’il a commis. Elle explique juridiquement ce qu’est l’inceste : « On va leur expliquer… Lorsqu’un adolescent dit oui à celui qui l’élève, c’est de l’inceste. Il dit oui parce qu’il a confiance en toi ». À la page 169, on retrouve donc les articles 222-24 et 222-31 du code pénal « Le viol est puni de vingt ans de réclusion criminelle. Les viols et agressions sont qualifiés d’incestueux lorsqu’ils sont commis par un ascendant, un frère, sœur, oncle, tante, neveu, le conjoint des personnes mentionnées ».

    Un récit qui libère la parole

    La première fois que l’inceste fut dénoncé, c’était par Eva Thomas en 1986, violée par son père lorsqu’elle avait 15 ans. En 2021 ce tabou se brise enfin grâce à la libération de la parole par la juriste Camille Kouchner.

    Avec plus de 200 000 exemplaires vendus un mois après la publication, ce récit est devenu un succès et un phénomène de société. Un premier tirage de 70 000 exemplaires était prévu.

    Le 15 février, Alexandre Kouchner, demi-frère de Camille Kouchner (nommé Adrien dans le livre) fût invité dans la matinale d’Europe 1 pour s’exprimer sur l’affaire, qu’il décrit comme étant « une affaire de famille, un drame qui s’est transformé en débat de société ».

    Dans ce livre, elle dénonce tous ceux qui étaient au courant, conscients de la gravité des choses et qui auraient pu parler lorsqu’elle en était incapable. Sans donner de nom, elle accuse des personnes hautement placées à Sciences Po ou encore au sein du gouvernement. Suite à la déposition de plainte par Victor, le 26 janvier 2021, l’affaire prend une nouvelle tournure. Le fils adoptif d’Olivier Duhamel a également été interrogé le 13 février 2021, et a affirmé ne pas avoir été victime de son père.

    Suite à la démission de Frédérique Mion (directeur de Science Po Paris), au courant des faits depuis quelques années, c’est tout l’IEP (institut d’études politiques) qui réagit, avec le mouvement « SciencesPorcs ».

    Au-delà du succès littéraire, cet ouvrage ouvre les portes sur un phénomène de société. Avec le #metooinceste, ils sont de plus en plus nombreux à témoigner en tant que victimes. Près de 1 français sur 10 aurait subi un inceste. Une relance au niveau politique sur la question du consentement a été engagée avec la proposition de loi d’Annick Billon.

    Bounameaux Chloé

    Buzzles, 19 mars 2021

    Tags : France, Camille Kouchner, La Famila Grande, Olivier Duhamel, pédophilie, pédocriminalité, inceste, #Metoo, #MetooInceste,

  • France : Les atteintes à caractère raciste, xénophobe ou religieux se multiplient

    Par Ali Oussi –

    La France reste l’un des pays les plus racistes de l’Europe. L’attestent les 11.000 atteintes à caractère raciste, xénophobe ou religieux recensées dans le pays en 2020, selon des chiffres publiés ce jeudi, par le ministère français de l’Intérieur.

    «Ces infractions se répartissent à parts égales entre crimes et délits (5.500) et contraventions (5.800) commises en raison de l’ethnie, de la nation, d’une prétendue race ou de la religion («à caractère raciste»), sur l’ensemble du territoire français», détaille le ministère dans un communiqué, qui souligne que près de 65 % des crimes ou délits «à caractère raciste» sont des «injures, provocations ou diffamations publiques», explique-t-on de même source.

    Ainsi, en 2020, près de 2.000 personnes ont été mises en cause par les services de sécurité pour crime ou délit «à caractère raciste».

    Selon la même enquête, 1,2 million de personnes âgées de 14 ans ou plus vivant en France métropolitaine (1personne sur 45) déclarent avoir été victimes d’au moins une atteinte – injures, menaces, violences ou discriminations – à caractère raciste, antisémite ou xénophobe en 2018.

    La Patrie News, 18 mars 2021

    Tags : France, xénophobie, racisme, discrimination, religion, islamophobie,

  • « Nouvelle-Calédonie : La France est partie! »

    Une interview inédite de Michel Rocard réalisée en 2003

    Aujourd’hui, en classant mes archives, je suis tombée sur mon classeur de l’école de journalisme. Je tournais les pages avec un peu de mélancolie, me remémorant ces moments de reportage dans le Nord de la France, relisant les commentaires des profs de l’ESJ Lille… Et, soudain, au milieu du portrait d’un descendant de harki à Roubaix et d’un compte rendu d’audience au tribunal de Lille, je vois cette interview de Michel Rocard ! Elle m’était sortie de l’esprit ! Je souris… Et je vois ma note ! 17. J’entends alors une voix surgir de mes souvenirs – certainement Dominique Mobailly, la responsable de la filière presse écrite me préciser en me rendant la copie » + 1 point pour avoir réussi à décrocher une interview d’un ancien Premier ministre ». Pour moi, il était surtout le père des Accords de Matignon.

    18 ans plus tard, je suis dans mon cellier, et je parcours son interview. Là, à côté de mon vélo, de ma glacière et de mes vieux classeurs poussiéreux, je reste médusée par l’incroyable actualité de cet entretien. Comme si le temps s’était figé. Il y a 18 ans, il était déjà question d’instabilité au gouvernement, de contestations face au projet de la société Inco dans le Sud, et du manque de représentation des parties non historiques. Sentiment étrange d’un passé soudain ressuscité, ou plutôt d’un passé qui n’a jamais disparu !

    Alors, je scrute les réponses de cet homme si brillant, si fin, si franc aussi dont la parole nous manque. La pertinence et l’actualité de son analyse sont stupéfiantes.

    Décidément, le passé résiste dans notre pays…

    Source : Entre oui et non, 6 mars 2021

    Tags : Nouvelle Calédonie, France, Colonialisme, colonisation,



  • Ventes d’armes: Les puissances occidentales renforcent leur domination

    Selon le dernier rapport de l’institut SIPRI, les exportations d’armements se seraient pour la première fois stabilisées sur la planète.

    Pas d’emballement ceci dit, le phénomène étant principalement dû aux contre-performances russes et chinoises, largement contrebalancées par le bond des exportations occidentales. Analyse. Les États-Unis, la France et l’Allemagne ont le vent en poupe. En tout cas, sur le marché des armements. Selon les derniers chiffres du SIPRI (Stockholm International Peace Research Institute), publiés le 15 mars, les trois puissances occidentales ont vu leurs exportations bondir entre 2016 et 2020. Une hausse compensée au niveau global par la baisse des exportations russes et chinoises. L’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm souligne ainsi que «le volume des livraisons d’armes majeures entre les pays n’a pas augmenté entre 2011-15 et 2016-20»: une «première» depuis le début du siècle. Loin devant, à l’image de leur budget militaire mirobolant, les États-Unis conservent jalousement leur titre de plus gros pourvoyeur d’armes de la planète. Leurs exportations progressent de 15% en cinq ans. L’Oncle Sam voit ainsi sa part du marché mondial rehaussée de cinq points, pour atteindre les 37%! Les industriels américains «ont fourni des armes majeures à 96 États entre 2016-20, bien plus que tout autre fournisseur», souligne l’institution suédoise.

    Arabie saoudite/États-Unis: le duo client-fournisseur parfait

    Face au premier exportateur d’armements, on retrouve sans surprise leur premier importateur: l’Arabie saoudite. Sur cette même période, près d’une arme américaine sur quatre a été achetée par Riyad. En d’autres termes, les Saoudiens ont acheté une arme sur dix dans le monde ces derniers années. Principale raison à cette explosion de la demande de la monarchie wahhabite: la guerre qu’elle mène au Yémen, où elle s’est enlisée. Malgré les récentes prises de position de Washington sur ce conflit, les réticences des Européens à honorer leurs contrats d’armement avec Riyad, voire les pressions qu’ils subissent pour y mettre un terme, ont clairement fait le jeu des vendeurs d’armes américains. Fin octobre 2018, suite au meurtre du journaliste Jamal Kashoggi en plein consulat saoudien à Ankara, Berlin avait gelé ses ventes d’armes à destination du royaume. Cette décision allemande a eu pour conséquence de bloquer les exportations de matériels développés par des entreprises où l’Allemagne est impliquée (le missile air-air Meteor de MBDA, l’Eurofighter Typhoon, dont Airbus détient 46% du consortium). Plus directement, des ONG ont multiplié les actions afin de perturber les approvisionnements français à l’Arabie saoudite.

    Les Français s’affirment face aux Allemands

    Au premier rang de ces Européens, cibles des ONG, on retrouve ainsi la France. Dopée par les commandes indiennes, égyptiennes et qataries, les exportations d’armes de Paris s’envolent de 44% et permettent à la France de consolider sa place de numéro 3 au classement (8,4% des parts). «Une exception dans le paysage désolé du grand export français», tacle même Challenges à la vue de tels résultats.

    Forte de sa visibilité historique sur la scène internationale, ainsi que de l’excellence de ses acteurs industriels, la France devance ainsi son grand «partenaire» européen: l’Allemagne, quatrième au classement. Cette dernière voit ses exportations progresser à un rythme deux fois moins soutenu que la France (21%). La Corée du Sud, l’Algérie et l’Égypte font figure de principaux clients de l’industrie d’armement outre-Rhin, qui tient 5,5% du marché mondial. Pas trop mal pour un pays où l’armement est un sujet tabou. Derrière l’Allemagne, l’Empire du Milieu. La Chine voit ses exportations baisser de 7,8%. Un revers que subit également la Russie, dont les ventes d’armes ont reculé de 22%, principalement du fait de la chute de ses ventes à l’Inde. Et ce, malgré le fait que les transferts d’armement russes vers la Chine, l’Algérie et l’Égypte aient «considérablement augmenté», selon Alexandra Kuimova, chercheuse au programme Armes et Dépenses militaires du SIPRI.

    Les exportations russes et chinoises en perte de vitesse

    Cependant, en matière de recul, c’est le Royaume-Uni qui bat des records, avec 27% d’exportations d’armes en moins sur cinq ans. Londres termine à la sixième place et clôt ainsi le top de ce classement. Tout de suite après, en septième position: Israël, avec 3% des parts de marché. L’État hébreu marque la plus forte augmentation d’exportations d’armement du tableau (+59%). Face à cette offre, la demande de l’Azerbaïdjan. 69% des achats d’armes de cet État pétrolifère du Caucase auraient été, selon le SIPRI, contractés auprès de l’industrie militaire israélienne. Leurs adversaires arméniens se sont quant à eux quasi exclusivement armés auprès des industriels russes. Côté turc, les choses évoluent également. Si tout le monde sait qu’Ankara s’est procuré des systèmes antiaériens S-400 auprès de la Russie, la Turquie est pourtant l’un des pays qui a le plus réduit ses achats d’armes étrangères, selon le rapport du SIPRI.

    Des chiffres à interpréter avec précaution

    Une part importante de cette chute de 59% des importations turques s’explique par les sanctions de Washington qui, pour punir Erdogan de s’être fourni auprès des Russes, l’a expulsé du programme F-35. Autre raison: le fait que les Trucs comptent de plus en plus sur leur propre industrie de Défense. C’est là une des limites du rapport du SIPRI: moins d’importations d’armes ne signifient pas forcément qu’un pays renonce à s’armer ou à être agressif. On peut ainsi opposer le cas d’une Arabie saoudite surarmée par les puissances occidentales, partie en guerre chez son voisin, à celui du Japon. Les Forces japonaises d’autodéfense pointent en effet au cinquième rang des armées les plus puissantes au monde et la crainte d’un conflit avec l’imposant voisin chinois a fait exploser (+146%) les achats d’armes de Tokyo. Des commandes quasi-exclusivement effectuées auprès de son ancien protecteur: les États-Unis. Sa commande au printemps 2019 de 105 avions F-35 a clairement contribué à doper ce chiffre. Et pourtant, le Japon n’a engagé ses forces dans aucun conflit depuis 1945.

    Le Maghreb, 18 mars 2021

    Tags : Armes, armement, Etats-Unis, Russiem Chine, France, Allemagne,

  • France-Algérie : Polémique autour d’un mariage d’une Algérienne avec un descendant de Napoléon III

    Les réseaux sociaux s’enflamment

    L’officialisation d’un mariage civil entre une jeune algérienne et un descendant de Napoléon III a donné lieu, mardi soir, à une polémique d’envergure sur les réseaux sociaux.

    Des Algériens n’ont visiblement pas admis cette liaison entre la native d’Annaba en l’occurrence Yasmine Lorraine Briki et le prince Joachim Charles Napoléon Murat.

    Certains internautes ont estimé qu’il est indécent qu’une Algérienne épouse un descendant d’un empereur qui a consacré l’occupation de l’Algérie et encouragé la politique de colonies en toute atrocité et férocité.

    La mariée Yasmine Briki, 39 ans, a dit après ce mariage officialisé le 5 mars dernier que cette liaison avec le prince Joachim Charles Napoléon Murat a pour but d’impulser un nouveau souffle aux relations entre l’Algérie et la France, notamment les dossiers ayant trait à la mémoire et l’histoire communes.

    Malgré les 132 ans d’occupation marqués par toutes formes d’injustice, de dépossession, de tortures, d’exécutions arbitraires…la volonté de la diplômée de la Sorbonne et Joachim de se lier l’un et l’autre est plus forte, dont la cérémonie coïncide avec le bicentenaire de la mort de Napoléon Ier (5 mai 1821).

    La famille de Yasmine descend des Al Breiiki, fondateurs de la Principauté Al Breik (1751-1866) à Hadramaout, région limitrophe de l’ancien royaume de Sabaa au sud est du Yémen.

    Diplômée d’une maîtrise en sciences politiques, elle a étudié les relations internationales à la Sorbonne, à Paris. En 2016, l’épouse du prince Joachim a fondé Gouvernance Think Tank Magazine, une plateforme de réflexion autour de l’économie, la politique et la technologie. En tant que passionnée d’illustration, elle a co-créé une série de livres pour enfants baptisée Les Contes de la science, avec sa sœur et autrice, Nesrine Briki.

    Le prince de Ponte Corvo, prince Joachim Charles Napoléon Murat (47 ans), est le fils de Joachim Louis Napoléon Murat, 8e prince Murat. Tous les deux sont les descendants directs de Joachim Ier, prince d’Empire et roi de Naples, et de la reine Caroline Bonaparte – la plus jeune sœur de Napoléon Ier.

    Echourouk online, 18 mars 2021

    Tags : Algérie, France, Joachim Charles Napoléon Murat, Yasmine Lorraine Briki,

  • Une Algérienne épouse un descendant de Napoléon III : Les réseaux sociaux s’enflamment

    Yasmine Briki, une Algérienne de 39 ans native d’Annaba, vient de sceller sa vie avec celle du prince Joachim Napoléon Murat, descendant de Napoléon III.

    L’officialisation de cette union, mardi dernier, n’a pas manqué de soulever des réactions sur les réseaux sociaux notamment émanant d’Algériens dont la plus part sont teintés de reproches et de critiques à l’endroit de la mariée.

    Si pour certains cela relève de la vie privée, d’autres en revanche, ont estimé qu’il est «indécent» qu’une Algérienne épouse un descendant d’un empereur qui a consacré l’occupation de l’Algérie et encouragé la politique de colonies en toute atrocité et férocité.

    Yasmine Briki, quant à elle, a estimé que cette union saura donner un nouveau souffle aux relations entre l’Algérie et la France, notamment les dossiers ayant trait à la mémoire et l’histoire commune.

    Ferhat Zafane

    La Patrie News, 17 mars 2021

    Etiquettes : France, Algérie, Yasmine Briki, Joachim Napoléon Murat, mariage, Napoléon III,