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  • Algérie, France, Maroc – Trois pays, deux crises

    Algérie, Maroc, France, Maghreb,

    Certains croient et d’autres veulent faire croire, que la question du Sahara Occidental est le principal obstacle à l’unité du Maghreb. C’est en particulier l’argument de la monarchie marocaine qui veut montrer ainsi que c’est l’Algérie, qui, par son attitude sur cette question, nuit aux intérêts de l’unité maghrébine. (Revue de presse)

    Par Djamel Labidi

    Le problème n’est-il pas en réalité ailleurs, avec l’existence d’un côté d’une monarchie et de l’autre des républiques? Comment pourrait se faire l’unité entre eux. N’y a-t-il pas incompatibilité ? En effet, l’unité du Maghreb signifie automatiquement la fin de la monarchie marocaine au sein d’une république unie du Maghreb. Ou alors il faudrait envisager la monarchie marocaine unifiant sous son leadership, comme l’avait fait la Prusse pour l’unité allemande, l’ensemble des pays du Maghreb, ce qui, d’évidence, est impossible.

    La question de l’unité du Maghreb peut donc apparaitre logiquement comme une menace à l’existence du trône marocain.

    Vue sous cet angle, la question du Sahara Occidental peut donner lieu alors à une toute autre lecture. Dès le départ, la question de la souveraineté sur le Sahara Occidental a été pour la monarchie marocaine une bouée de sauvetage, à un moment où le trône avait été ébranlé par des tentatives d’instaurer une république. La monarchie marocaine s’est donc totalement identifiée à la revendication de sa souveraineté sur le Sahara Occidental. Celle-ci représente donc un enjeu vital pour la pérennité du trône. Mais le retour de manivelle serait que tout échec sur la question du Sahara occidental signerait la fin du pouvoir monarchique. Ceci n’aurait pas été le cas si ce pouvoir avait été républicain. Il y aurait eu probablement beaucoup plus de possibilités de compromis et surtout, la possibilité de dépasser ce conflit à travers une dynamique d’unité maghrébine, laquelle parait elle-même bouchée pour les raisons déjà évoquées.

    Républiques et monarchies

    On retrouve, au Machrek, la même problématique monarchies-républiques à travers une configuration de facteurs d’unité à peu près identiques: culture, langue, histoire, géographie, sentiment d’appartenance arabo-musulmane et existence d’un ensemble qui avait été déjà uni dans le passé historique. Mais là aussi , il y a l’impossibilité pour les monarchies de se fondre dans un ensemble unitaire avec des républiques, car cela signifierait leur dissolution. L’unité arabe est une menace pour elles. D’ailleurs, dans un premier temps, elles ont réussi à affaiblir, avec l’aide occidentale, les républiques arabes les unes après les autres. Les contradictions dans cet espace arabo-musulman, allant du Machrek au Maghreb, semblent d’ailleurs se manifester de plus en plus fortement à travers une confrontation sous-jacente entre républiques et monarchies. On peut y ajouter aussi un autre élément commun aux deux parties du monde arabe, le soutien apporté en général par l’Occident aux monarchies et l’alliance nouée entre les monarchies et Israël, cela aussi bien au Machrek qu’au Maghreb. Ne se retrouve-t-on pas ainsi, dans ces deux cas, Maghreb et Machrek, dans une situation historique où la progression vers l’unité nécessitera forcément partout le passage à des républiques.

    Afrique du Nord ou bien Maghreb ?

    Au Maghreb, les cheminements de l’Histoire ont amené à la conjonction actuelle de deux crises, une crise algéro-française et une crise algéro -marocaine. Outre qu’elles ont révélé l’empathie manifeste existant entre la France et la monarchie marocaine, ces crises rendent peu à peu apparents les contours de deux projets distincts de l’unité magrébine: L’un le vieux rêve nationaliste fondateur, celui du Grand Maghreb arabe, celui de l’unité politique d’un Maghreb de 100 millions d’habitants, allant de la Mauritanie à la Libye et l’autre le maintien des États actuels dans une Afrique du Nord conçue non pas comme une nation mais comme un espace géographique de voisinage et d’échanges. Les mots ici ont une signification qui n’échappe à personne: parler de Maghreb ou d’Afrique du Nord situe deux visions radicalement différentes: l’une qui transcende les séparations coloniales et renoue avec notre histoire millénaire, l’autre qui les fixe, voire qui les cristallise et les développe.

    Un évènement sans précédent

    Autre aspect de la conjonction de ces deux crises: elle a amené à un évènement qui pourrait être historique, s’il se confirme, celui où, pour la première fois un pays émergent, tel que l’Algérie, prend des sanctions contre une puissance supposée dominante. Que ces sanctions aient été prises de façon spontanée, dans un geste d’humeur, de fierté nationale, ou dans une perspective stratégique, ne change rien à l’affaire. C’est un fait et un évènement considérable. L’avenir dira bien sûr s’il s’agit d’un évènement sans lendemain ou bien marquant pour l’avenir. S’il est marquant, il porte en lui, inévitablement l’indication d’un changement de rapport de force, et d’une évolution régionale et internationale. Comment a-t-il été possible ? Le plus probable est que l’Algérie s’est aperçue brusquement, pour dire les choses simplement,» qu’elle n’avait pas besoin de la France», économiquement, politiquement, culturellement. En effet, si on cherche aujourd’hui les secteurs en Algérie qui seraient dépendants de la France, sans autre alternative que française, on aurait peine à les trouver.

    C’est comme si brusquement, un préjugé, une idée reçue, s’étaient écroulés. Beaucoup d’élites dirigeantes algériennes ont longtemps cru ou fait croire que l’Algérie «ne pourrait se passer de la France», qu’il «fallait être réaliste» etc… Ces élites présentaient en réalité leur propre dépendance culturelle, économique , financière, et surtout sociale comme étant celle du pays.

    Et comme toujours le conflit devient linguistique

    La conjonction des deux crises actuelles exacerbe le nationalisme et donc le nationalisme linguistique. Comme toujours, le conflit linguistique alors pointe à l’horizon.. Des ministères annoncent leur passage total à la langue arabe dans leur administration et notamment dans leur correspondance. L’opinion publique se fait de plus en plus pressante pour la diffusion et l’utilisation de l’Anglais. Étrangement, la francosphère locale semble actuellement bien plus inquiète par ce dernier aspect que par celui du renforcement de l’utilisation de la langue arabe. En défendant le Français contre l’Anglais, elle laisse l’impression d’avoir intériorisé jusqu’à certains aspects historiques du nationalisme français dont l’anglophobie. Surréaliste. Elle se voit ainsi dépossédée de la dernière ligne de défense de la francophonie, l’argument de l’utilité du Français comme moyen d’accès à la technologie et aux sciences. En effet, avec un tel argument, comment s’opposer à l’Anglais, puisque c’est précisément lui qui est la langue internationale d’accès à la connaissance scientifique et aux technologieen même temps que celle des relations économiques et commerciales mondiales. Ce serait d’une incohérence totale ,et ce serait, d’évidence alors, faire passer les intérêts étroits d’un milieu social au-dessus de ceux généraux du pays. Indéfendable. L’Algérie vit actuellement simultanément deux crises, l’une dans ses relations avec la France, l’autre dans ses relations avec le Maroc. Ces deux crises semblent interagir l’une sur l’autre, s’enchevêtrer et avoir des retombées multiples . Est-ce dû au hasard , une simple coïncidence, ou bien l’indication d’une relation profonde, organique, entre elles. L’avenir, certainement, nous le dira.

    Djamel Labidi: Le Quotidien d’Oran, 26 novembre, 2021

    #Maroc #Algérie #Maghreb #Afrique_du_nord

  • De la génération Mitterrand au peuple nouveau de Macron

    François Mitterand, Emmanuel Macron, France, Chine, Russie, Ukraine, Etats-Unis,

    Juillet 2022 – Source Nicolas Bonnal

    Le peuple nouveau n’a pas fini de nous étonner avec son crétinisme électoral : il est de gauche ou d’extrême-gauche bien tempérée, écolo, russophobe, américanisé jusqu’à l’os, pleurnichard humanitaire. Il est super ce peuple. Et il est prêt à vivre sans rire de l’éolienne et de la bicyclette (pour repousser Poutine et la Chine avec Biden ?) avant de se coller antenne et puce dans son cerveau branché.

    La droite BCBG et attardée est bien attrapée et découvre que le peuple nouveau dont a parlé Macron donc ne veut plus d’elle : ce peuple nouveau veut du Reset de la pénurie écologiquement programmée ; ce peuple nouveau, abstentionniste ou pas, veut terminer le grand remplacement ; le peuple nouveau adore la dictature sanitaire (vite le vaccin obligatoire) et il veut de la tyrannie bureaucratique de Bruxelles et de la guerre éternelle USA contre la Russie, condition du maintien de la caste au pouvoir (comme le rappelle Orwell) ; le peuple nouveau woke, féministe (Chesterton annonçait que sous le règne de l’ogresse américaine nous ne serions plus des citoyens mais des enfants) et humanitaire a même remplacé le vieux peuple de droite sur la côte d’azur, comme vient de s’en rendre compte l’infortuné Zemmour qui aurait dû se contenter de rédiger des brochures touristiques, seule destination légitime des amateurs d’histoire aujourd’hui ; car le reste est bon pour la culture de l’annulation. Je dis cela sans animosité car j’ai plus retenu enfant de mes lectures du guide vert Michelin que de mes manuels Malet-Isaac.

    Mais j’ai parlé de Mitterrand et de sa génération. C’est bien lui l’oncle de Mélenchon et le grand-père de Macron. Il me semble que son ombre s’est étalée partout, que son bras s’est allongé, comme dit Gandalf. Et j’ai expliqué pourquoi jadis : Mitterrand avait fondé une religion New Age et rétrofuturiste bien plus efficace que toutes les autres réunies. Mélenchon incarne la génération Mitterrand, la génération des potes et du trotskisme, de SOS Racisme et du mondialisme ; mais Macron aussi, qui incarne le mariage de la gauche caviar et du mondialisme américano-bruxellois. Sous Mitterrand, après le départ des communistes qui avaient énervé plus qu’effrayé les bourgeois, ce petit monde s’est entendu. Et le peuple petit-bourgeois bohème a pris de la graine.

    Mitterrand est le père du PS, le parti attrape-tout, qui s’est toujours très bien entendu avec les milliardaires (la fortune de Bernard Arnault a été multipliée par cent en quarante ans) qui ont frayé depuis cette époque bénie avec les hauts fonctionnaires mondialisés et désireux de ne plus se contenter de miettes : ils bradent le patrimoine national et empochent la commission. Cela n’a pas empêché le bon peuple de voter et de rester socialo et mitterrandien : il est bien passé des ténèbres à la lumière.

    Nicolas Bonnal sur Amazon.fr

    Source : Le Saker francophone, 17/07/2022

    #France #Mitterand #Macron #Chine #Russie #Ukraine

  • Le roi du Maroc de retour à Paris

    Maroc, Mohammed VI, France, Emmanuel Macron, Pegasus, espionnage,

    Citant « des sources au fait de ses déplacements », El Confidencial a rapporté que le roi du Maroc se trouve depuis vendredi à Paris pour des raisons médicales et pour visiter sa mère de 77 ans, Lalla Latifa « qui a été hospitalisée dernièrement ».

    D’après le journal espagnol, « le séjour de 38 jours du roi du Maroc à Paris entre juin et juillet est la première fois qu’il n’est pas reçu en audience à l’Elysée par le président de la République ». « M. Macron a probablement montré sa colère en raison de l’espionnage de son téléphone portable et de ceux de 14 ministres par le programme israélien malveillant Pegasus, selon les milieux diplomatiques de la capitale française », indique le quotidien ibérique.

    « Le précédent séjour de Mohammed VI à Paris n’avait pas été agréable », signale-t-il. « Le 16 juin, son nouveau médecin personnel, Lahcen Belyamani, a publié une déclaration annonçant que le roi avait contracté le covid, bien qu’il soit asymptomatique. Il a toutefois prescrit un repos de quelques jours ». « Il a ensuite reçu des appels du roi Abdallah de Jordanie et de Mohammed Ben Salman, le prince héritier saoudien, pour s’enquérir de sa santé. Celui qui ne l’a pas contacté est le président français, Emmanuel Macron », affirme-t-il.

    #Maroc #MohammedVI #France #Macron #Pegasus #Espionnage

  • Fabius-Sahara: La France soutiendra toujours le Maroc

    France, Maroc, Sahara Occidental, Portugal, Christopher Ross, Ban Ki-moon, Laurent Fabius,

    Mission du Royaume du Maroc
    Auprès des l’Union Européenne
    Bruxelles
    Service Politique / YB / n°. 21 mai 2012

    L’AMBASSADEUR DE SA MAJESTE LE ROI
    A
    MONSIEUR LE MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGERES
    ET DE LA COOPERATION

    Destinataire Principal: Cab.1
    Cc : Cab.2 / Sg.4
    Transmission : Urgent
    Diffusion: Confidentiel
    Référence : M/L n° YB 590 en date du 09 janvier 2012
    M/L n° YB 021 en date du 20 janvier 2012
    M/L n° YB/169 en date du 07 mai 2012
    M/L n° YB/170 en date du 12 mai 2012

    Objet: Participation de Monsieur le Ministre au Sommet de l’OTAN, Chicago, les 20 et 21 mai 2012.

    J’ai l’honneur de porter à votre connaissance que Monsieur le Ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération s’est entretenu, en marge du sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’OTAN, avec les Ministres des Affaires Etrangères de la France, du Qatar, de la République Tchèque ainsi qu’avec le vice Ministre portugais des Affaires Etrangères et le Secrétaire Général Délégué de l’OTAN.
    Ces entretiens ont porté en particulier sur les relations bilatérales, la situation sécuritaire dans la région du sahel ainsi que sur les derniers développements de la question nationale.

    1- Rencontre avec le vice Ministre des Affaires Etrangères portugais :

     Les deux parties se sont félicitées de l’excellence des liens de coopération entre les deux pays ;
     Les deux Ministres ont souligné l’importance de renforcer la coopération dans le domaine économique pour qu’elle soit à l’image des relations politiques entre les deux pays. A cet égard, ils ont précisé que les conclusions de la Commission Mixte ainsi que du groupe d’impulsion économique détermineraient la nature des actions qui seraient menées ;
     Monsieur le Ministre a rappelé que la situation sécuritaire dans la région du Sahel est une source de préoccupation pour le Maroc. A cet effet, il a précisé que le Maroc s’est engagé à aider les pays de cette région afin qu’ils retrouvent leur stabilité et pour qu’ils luttent efficacement contre tous ces défis ;
     Il a souligné que le Maroc est convaincu que les organisations sous régionales, dont notamment la CEDAO, ainsi que les pays de la région sont les seuls capables d’apporter des réponses concrètes aux problèmes de cette région ;
     Le Maroc a proposé que le Portugal joue un rôle actif dans ce domaine à travers une coopération tripartite ;
     Pour sa part le Ministre portugais a indiqué que son pays partage les préoccupations du Maroc et envisage de renforcer davantage sa présence dans cette région et ce, à travers des actions humanitaires et d’appui techniques aux profits des pays de cette région ;
     S’agissant de la question nationale Monsieur le Ministre, et après avoir remercié le Portugal pour son soutien, a rappelé que le Maroc a proposé son initiative d’autonomie suite à une demande de la communauté internationale. Il a ajouté que, à cause de l’attitude des autres parties, peu de progrès ont été réalisés en précisant que la démarche de M. Ross s’est rapidement essoufflée et qu’elle n’est pas parvenue à dépasser la phase exploratoire faute de visibilité dans le processus. De même, M. le Ministre a souligné que M. Ross avait proposé au début de son mandat la tenue d’une ou deux réunions informelles pour préparer la négociation formelle et qu’il en a tenu neuf, sans aucune perspective de round formel. Il a indiqué, également, que le Maroc a été choqué par le contenu du dernier rapport du Secrétaire Général ainsi que par les déclarations publiques de Monsieur Ross qui vont à l’encontre des intérêts du Royaume, en ajoutant que toute la classe politique marocaine est irritée par les propos les et les agissements de M. Ross ;
     En réponse, le Ministre portugais a indiqué que la position de son pays concernant la question du Sahara est constante et que le Portugal apprécie à sa juste valeur l’initiative marocaine d’autonomie et la soutient. Il a ajouté que son pays est préoccupé par les dérives de Monsieur Ross.

    2- Rencontre avec M. Laurent Fabius

     Le Ministre français s’est félicité de l’excellence des relations et de la convergence des points de vue entre les deux pays ;
     Il a souligné que la situation dans le Sahel est une source d’inquiétude pour son pays en indiquant que l’ « Algérie ne fait rien pour arranger les choses ». De même, il a remercié le Maroc pour son rôle et pour le soutien qu’il apporte aux pays de cette même région ;
     Par ailleurs, Monsieur le Ministre a donné un bref rappel des derniers développements concernant la question nationale et notamment les derniers contacts qu’il a eus avec le SG de l’ONU ainsi qu’un résumé des agissements et des déclarations de Monsieur Ross. Il a ajouté que le Maroc est très satisfait du soutien qu’apporte la France à son initiative d’autonomie.
     En réponse Monsieur Fabius a indiqué que la position de la France restera inchangée et qu’elle soutiendra toujours le Maroc dans ce dossier. Il a ajouté que le SG de l’ONU lui a parlé de la décision du Maroc de refuser de coopérer avec Monsieur Ross en soulignant que le SG de l’ONU « a pris ça contre lui ».
     Par ailleurs M. Fabius a rappelé que le Maroc est un exemple pour les autres pays de la région et qu’il a connu son printemps arabe depuis des années, en soulignant que « au Maroc les choses vont dans le bon sens »
     Pour sa part Monsieur le Ministre a mis en exergue la fragilité de la situation dans le région du Sahel et a plaidé pour une coopération renforcée incluant tous les pays de la région mais également d’autres pays tels que la France et ce, à travers une coopération triangulaire. Toutefois, Monsieur le Ministre a souligné que les organisations sous régionales africaines devraient être les premiers acteurs dans cette région.

    3- Rencontre avec le Ministre tchèque des affaires étrangères

     Les deux parties se sont félicitées de l’état des relations politiques entre les deux pays en soulignant la nécessité de renforcer la coopération économique pour qu’elle aille de paire avec le dialogue politique ;
     A cet égard, les deux parties ont proposé de créer un Conseil d’Affaire maroco-tchèque et d’explorer toutes les possibilités de coopération dans le domaine touristique et industriel y compris la conclusion des arrangements légaux appropriés ;
     Le Ministre tchèque a rappelé la disposition de son pays à examiner toute proposition qui serait de nature à renforcer la coopération entre les deux pays ;
     Monsieur le Ministre a précisé que le Maroc pourra, le cas échéant, porter la voie de la république tchèque au Conseil de Sécurité et défendra ces idées et ses propositions ;
     En outre, les deux parties ont souligné que les problèmes de la région de la Méditerranée et du Sahel ne pourraient être réglés que par le dialogue et la concertation politique;
     Par ailleurs, Monsieur le Ministrea invité son homologue tchèque à se rendre au Maroc et a accepté l’invitation à se rendre à Prague.

    4- rencontre avec le Ministre d’Etat aux Affaires Etrangères qatari :

     Monsieur le Ministre a remercié le Qatar pour son soutien au sein du CCG, de l’ONU ainsi que d’autres organisations régionales ;
     Monsieur le Ministre a donné un bref aperçu de la situation sécuritaire et humanitaire dans la région du Sahel et a rappelé que le Maroc n’aménage aucun effort pour aider les pays de cette région à faire face aux différents défis socio-économique. A cet égard, Monsieur le Ministre a proposé à son homologued’examiner la possibilité de développer une coopération tripartite (Maroc Qatar, pays du Sahel) en indiquant que cette coopération pourrait faire l’objet d’un accord cadre définissant les mécanismes, les outils et les modalités de son mise en œuvre. En outre, Monsieur le Ministre a proposé de conclure un accord de coopération entre l’AMCI et l’Agence de Coopération Internationale Qatariepour faire bénéficier les étudiants africains ayant fait le choix de poursuivre leurs études au Maroc de bourses qataries.
     Le Ministre Qatari a souligné la disposition de son pays à coopérer avec le Maroc dans ce domaine en précisant que la délégation qatarie, qui s’est rendue au Maroc récemment, examine toutes les possibilités de coopérations offertes et soumettra, à l’approbation du Maroc, dans un avenir très proche, une feuille de route définissant les principaux projets qui pourraient être menés par les deux parties ;
     Par ailleurs, le Ministre du Qatar a rappelé que son pays s’est engagé, dans le cadre du CCG, à octroyer une aide financière importante au Maroc. Il a ajouté que les services concernés de son Ministère sont sur le point de finaliser les modalités pratiques relatives à l’octroi de cette aide financière :
     Abordant la question syrienne, les deux parties ont rappelé leur condamnation de la violence et leur volonté commune d’aider le peuple syrien. De même, ils ont souligné que le plan Annan ne saurait aboutir sans l’appui de la communauté internationale. A cet égard, le Ministre qatari a indiqué que le régime de Bachar se prépare pour attaquer le nord du Liban sous prétexte de combattre les terroristes. Par ailleurs, le Ministre qatari à invité le Maroc a participé à une réunion qui aura lieu, au niveau des hauts fonctionnaires, à Doha et qui sera consacrée à l’examen de la situation en Syrie.

    5- rencontre avec le Secrétaire Général Délégué de l’OTAN

     Les deux parties se sont félicitées de l’excellence de la coopération entre le Maroc et l’OTAN tant sur le plan politique que pratique ;
     Le responsable de l’OTAN a souligné le rôle « moteur » du Maroc au sein du DM ainsi que ses différentes contributions aux opérations menées par l’OTAN. Il a souligné également que, malgré ses contraintes, le Maroc a apporté un soutien politique important à l’opération de l’OTAN en Libye. En outre, il a indiqué que le Maroc est désormais « un partenaires stratégique majeur de l’Alliance » et que sa participation à la réunion OTAN+13 témoigne de l’importance qu’accorde l’OTAN à ses relations avec le Royaume.
     Pour sa part, Monsieur le Ministre a rappelé toute l’importance que le Royaume du Maroc attache à ses relations avec l’OTAN, aussi bien sur le plan bilatéral que dans le cadre du Dialogue Méditerranéen en ajoutant que la coopération se développe selon une vision stratégique ;
     A cet égard, Monsieur le Ministre a souligné que le Maroc a proposé un projet de déclaration politique pour le renforcement du DM et se réjouit de constater que le projet marocain a reçu un large soutien de la part des pays alliés et des pays partenaires. A cet effet, il a remercié de le DSG pour le soutien apporté par l’OTAN à l’initiative marocaine dans le cadre de la déclaration du Sommet de Chicago
     Par ailleurs, les deux parties ont évoqué brièvement la situation en Egypte, en Libye et au Sahel.

    #Maroc #OTAN #Portugal #Sahara_Occidental #Christopher_Ross

  • Suisses en Algérie: décolonisation dans un pays sans colonies

    Algérie, France, Suisse, décolonisation,

    Il y a soixante ans, l’Algérie a obtenu son indépendance de la France. Pour les résidents suisses de ce pays d’Afrique du Nord, c’était la fin d’une époque. Leur histoire s’inscrit dans le rapport ambigu de la Suisse au colonialisme.

    Andréa Tognina

    « En regardant la plaine fertile du Sahel, j’ai été stupéfait de voir soudain, dans les vastes vignes qui couvrent des hectares et des hectares de terre, un panneau qui disait : Zurich, 10km », écrit début 1942 un reporter pour le quotidien Gazette de Lausanne .

    A l’époque, environ 2000 Suisses vivaient en Algérie. C’était l’une des plus grandes colonies suisses d’outre-mer, mais pas aussi grande que celle du Maroc. Ses liens sentimentaux avec la Suisse étaient encore forts, bien qu’elle soit bien implantée sur le territoire français.

    La première vague d’émigration suisse vers l’Algérie remonte au milieu du XIXe siècle, peu de temps après la prise de pouvoir par la France. La France a encouragé l’immigration en provenance de Suisse et d’Allemagne, pour contrebalancer l’afflux spontané de personnes en provenance d’Italie, d’Espagne et de Malte.

    «On pourrait dire qu’il y a eu deux types d’émigration suisse vers l’Algérie», explique l’historienne Marisa Fois, auteur d’une étude sur la population suisse du pays ». Un groupe était constitué de personnes qui ont quitté leur pays d’origine pour échapper à la pauvreté. Ce fut le cas de nombreux émigrants des cantons du Valais et du Tessin. D’autre part, il y avait des entrepreneurs suisses qui investissaient des capitaux privés en Algérie. Le cas le plus connu en fut la colonie de Sétif. Ici, 20000 hectares de terres avaient été concédés par Napoléon III à une société genevoise. L’un des fondateurs de cette société n’était autre que Henry Dunant, le père de la Croix-Rouge.

    Colons sans empire

    Le gouvernement suisse n’avait aucune ambition coloniale. Pourtant, le cas de l’Algérie montre à quel point la Suisse a pu s’intégrer aux régimes coloniaux mis en place par d’autres pays (en l’occurrence la France) soit par des initiatives commerciales, soit par la présence effective d’émigrés suisses. Fois appelle cela une « approche para-coloniale ».

    Une partie de cette approche était l’importance croissante, au début du 20e siècle, des communautés suisses à l’étranger – leur rôle d’ambassadrices des valeurs suisses et de tremplins pour l’expansion commerciale suisse.

    Ces communautés ont su maintenir leur cohésion interne avec le sentiment d’appartenir à un réseau international de Suisses de l’étranger, connu sous le nom de « Cinquième Suisse ». Ce terme est entré en usage en 1938, suite à la reconnaissance du romanche comme quatrième langue nationale. Le sentiment d’identité a aidé les Suisses de l’étranger à traverser la période difficile de la Seconde Guerre mondiale.

    « Etroitement liés au consulat de Suisse à Alger, les Suisses qui vivent dans les trois grands départements français d’Afrique du Nord montrent leur esprit patriotique », rapporte l’article de la Gazette de Lausanne .

    Des colons aux « bons offices »
    La fin de la Seconde Guerre mondiale a été suivie d’une résurgence du mouvement d’indépendance nationale algérien. La communauté suisse est d’abord restée à l’écart. « Au départ, on pensait que c’était une phase passagère qui n’affecterait pas sérieusement la vie de la colonie », explique Fois.

    Cependant, à mesure que le conflit prenait de l’ampleur, la tension et la peur augmentaient. Il y a eu une augmentation des demandes de récupération de la nationalité suisse et les autorités suisses ont été confrontées à la question du rapatriement des personnes.

    Entre-temps, Berne s’était impliquée dans le conflit en Algérie par d’autres moyens. La diplomatie suisse joue un rôle de premier plan dans les négociations de cessation des hostilités qui aboutissent à la signature des accords d’Evian entre la France et le gouvernement provisoire algérien en mars 1962. C’est une étape sur la voie de l’indépendance algérienne, proclamée quelques mois plus tard, le 3 juillet.

    La Suisse est également devenue un refuge pour les réfugiés algériens. De plus, il semble que la décision de prendre les armes contre la puissance coloniale française ait été prise par les dirigeants du Front de libération nationale (FLN) algérien en 1954 à Berne alors que la capitale suisse accueillait la Coupe du monde de football. Pendant que se déroulaient les négociations pour un cessez-le-feu, la délégation algérienne vivait en Suisse.

    Espoirs déçus
    L’asile accordé aux réfugiés algériens et les efforts du gouvernement suisse pour établir de bonnes relations avec le gouvernement provisoire algérien visaient à protéger les intérêts des Suisses en Algérie.

    Cependant, les Suisses en Algérie étaient sceptiques quant à la position neutre de Berne dans le conflit. Ils ont constaté que le rôle des diplomates suisses dans les négociations exposait la communauté suisse aux menaces de l’Organisation armée secrète (OAS), la force paramilitaire clandestine qui s’opposait à l’indépendance.

    La communauté suisse a en effet été durement touchée par la guerre d’indépendance. Rien qu’en 1961, elle a subi 14 morts et dix enlèvements.

    «La politique de bons offices a permis d’établir des relations avec le nouvel État indépendant, mais elle n’a pas répondu aux attentes de la communauté suisse en Algérie», explique Fois.

    Exode suisse d’Algérie
    À partir de 1956, les départs d’Algérie dépassent les arrivées et la question du rapatriement des citoyens suisses devient une priorité. En 1958, un fonds de solidarité pour les Suisses de l’étranger est créé avec le soutien de la Confédération.

    La signature des accords d’Evian, les désordres civils généralisés après la proclamation de l’indépendance et la nationalisation des biens appartenant aux citoyens étrangers en 1963 ont tous conduit à l’exode définitif des Européens du pays.

    De son côté, la Suisse a proposé le rapatriement assisté. Pourtant, toute personne quittant l’Algérie devait s’attendre à perdre ses biens. Berne a essayé d’organiser le rapatriement des biens personnels, mais en ce qui concerne l’indemnisation des biens qui étaient nationalisés, les efforts diplomatiques suisses ont eu peu de succès.

    Les tentatives de résoudre ce problème dans le cadre d’un accord commercial avec l’Algérie n’ont abouti à rien. En fait, la question semblait susceptible d’empoisonner les relations entre les deux pays.

    En conséquence, Berne a adopté une approche pragmatique. Avec l’Algérie, il fallait « être patient, tolérant et généreux, comme avec un enfant égaré », écrit l’ambassadeur Olivier Long, qui avait été le principal négociateur suisse des accords d’Evian, dans un mémorandum en 1968.

    Des étrangers dans leur propre pays
    Pour les Suisses de retour d’Algérie, la situation était tout sauf réjouissante. La réintégration dans la société suisse a été plus difficile qu’ils ne le pensaient et beaucoup ont le sentiment d’être des étrangers dans leur propre pays. L’image idéalisée du retour des Suisses de l’étranger s’est brisée sur les rochers de la réalité.

    En 1967, un groupe d’entre eux fonda une « Association des Suisses dépossédés en Algérie et dans d’autres pays d’outre-mer », dans le but d’obtenir des réparations pour ce qu’ils avaient perdu. Conscient que les négociations avec l’Algérie avaient peu de chance d’aboutir, ce groupe de pression a demandé au gouvernement suisse de prendre la responsabilité de l’indemnisation. Berne a refusé, car elle craignait d’affaiblir sa position de négociation et de créer un précédent qui encouragerait d’autres groupes.

    Cette controverse a duré des décennies. Le sort des Suisses d’Algérie a été reconnu par l’Organisation des Suisses de l’étranger et la question a été soulevée à plusieurs reprises lors de leurs réunions annuelles. Le groupe de pression s’est allié à des associations similaires de personnes chassées des anciennes colonies européennes. Cela a rendu la position de Berne d’autant plus délicate.

    Les tentatives répétées de la Suisse pour obtenir une indemnisation de l’Algérie ou de la France n’ont abouti à rien. En 1989, le gouvernement a finalement renoncé à toute demande envers l’Algérie. En 2000, l’Organisation des Suisses de l’étranger a tourné la page de la question algérienne.

    Cette histoire est typique des troubles vécus par les anciens résidents coloniaux face au processus de décolonisation. En cela, les Suisses d’Algérie n’étaient pas différents des autres Européens rapatriés de leurs anciennes colonies. La différence, selon Fois, est que la Suisse a connu une « décolonisation sans colonies ».

    Swissinfo, 16/07/2022

    #Algérie #France #Suisse #Décolonisation

  • Quand Macron se dévouait pour une cause appelée Uber

    Quand Macron se dévouait pour une cause appelée Uber

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    Les Uber Files sont des dizaines de milliers de documents internes au géant des VTC (véhicules de transport avec chauffeurs) Uber, transmis par un lanceur d’alerte au journal britannique «The Guardian», qui les a partagés avec d’autres publications, avant qu’ils ne soient portés à la connaissance du public. Ils montrent avec quelles détermination et agressivité l’entreprise soi-disant technologique est parvenue à faire sauter les verrous légaux entravant soit son arrivée sur un marché national soit son expansion si elle y était déjà, recourant pour ce faire à un lobbying tous azimuts, mais plus encore à la compréhension et à l’aide active des responsables politiques des pays d’implantation. Dans ce cadre un coup de projecteur particulier est donné sur Emmanuel Macron, du temps où il était ministre de l’Economie, entre 2014 et 2016 sous la présidence Hollande, dont on peut dire qu’il ne s’était alors épargné aucun effort pour permettre à Uber de s’imposer sur le marché français du transport en taxi. Interrogé sur cette affaire, il a dit qu’il était fier d’avoir permis ce faisant la création d’emplois, et qu’il referait la même chose demain et après-demain.

    Il n’a eu bien sûr aucun mot sur les emplois qu’Uber a détruits dans son domaine d’activité en faisant voler en éclats la réglementation en vigueur à cette époque, favorable pour sa part aux chauffeurs de taxi. Ces derniers n’avaient d’ailleurs pas manqué de se défendre contre la concurrence déloyale qui leur était ainsi faite, en recourant par exemple au blocage de Paris et quelquefois à la violence. Que l’actuel président français soit un libéral à tous crins, cela n’est un secret pour personne.

    Ce que les Français ignoraient jusque-là, c’est qu’il fût pendant un temps un vulgaire lobbyiste au service d’une entreprise qui peut-être mieux que toute autre était, et reste, la meilleure incarnation du libéralisme sauvage. Elle-même reconnait aujourd’hui que pour parvenir à ses fins il lui arrivait d’user de méthodes peu recommandables, mais qu’elle ne le fait plus, s’étant amendée entre-temps. Ainsi donc, lorsque ses dirigeants échangeaient des SMS avec Macron, elle n’agissait pas de la manière la plus convenable qui soit, si elle ne contrevenait pas ouvertement aux lois en vigueur.

    En quelque sorte l’air de rien, la France est en réalité sous le choc, en butte à un malaise indéfinissable. C’est que le lobbying au service d’intérêts privés, bien que toléré ici et là, n’est nulle part dans le monde une activité dont on se flatterait. Il ne grandirait personne. Quand de plus ce sont des représentants de l’intérêt général qui s’en chargent, ce qui ne peut se faire qu’au détriment de la règlementation en place, on se demande si en définitive la loi n’est pas violée, et sinon dans sa lettre, du moins dans son esprit.

    Macron était-il bien dans son rôle en demandant à ses contacts Uber des «amendements clefs en main» à donner à des députés en train de débattre d’une loi les touchant de près, lesquels ensuite n’auraient qu’à les voter ? La question se pose. Pour autant, rien ne dit qu’elle recevra une réponse. Un amendement clef en main est un amendement conçu par le représentant de l’intérêt privé et destiné à l’usage tel quel du représentant de l’intérêt général. Avec un président qui non seulement ne se reproche rien, mais se dit fier de ce qu’il avait fait au profit non pas de n’importe quelle entreprise, mais d’Uber, une des incarnations du Mal, il ne faut s’attendre à aucune réaction à la mesure du scandale. Les Français peuvent juste regretter, ou au contraire se féliciter s’ils sont macronistes, que les Uber Files n’aient pas été publiés avant l’élection présidentielle. Car ils auraient pu empêcher la réélection de Macron. Un proverbe russe dit que ce n’est pas dans l’océan qu’on se noie mais dans la flaque de boue.

    Mohamed Habili

    Le Jour d’Algérie, 13/07/2022

    #Macron #France #Uber_files #Taxis #Transport

  • L’axe Alger-Moscou se précise

    L’axe Alger-Moscou se précise

    Algérie, Russie, Ukraine, Union Européenne, Etats-Unis, Chine, BRICS, Mali, France, nouvel ordre mondial,

    Les relations entre l’Algérie et la Russie ont atteint le niveau d’un « partenariat stratégique approfondi », a affirmé hier, à Alger, l’ambassadeur de la Fédération de Russie à Alger, Igor Beliaev, dans une déclaration à l’issue de l’audience que lui a accordée le président de la République, Abdelmadjid Tebboune.

    Beliaev, qui lui rendait une visite d’adieu au terme de sa mission en Algérie, a précisé que la rencontre avait porté sur les relations bilatérales qui « se sont considérablement développées au cours des cinq dernières années, atteignant le niveau d’un partenariat stratégique approfondi. »

    « Le travail en cours pour l’élaboration d’un nouveau document stratégique reflétant la qualité des relations algéro-russes », qui servira de « base pour l’intensification des interactions entre nos deux pays à l’avenir », en est la parfaite illustration, a-t-il dit. Le diplomate russe s’est en outre félicité du haut niveau de coopération et de coordination entre l’Algérie et la Russie sur la scène internationale, soulignant la « convergence » des positions des deux pays sur les questions internationales et régionales d’actualité.

    Beliaev a, par ailleurs, relevé la volonté des deux pays d’augmenter le volume de leurs échanges commerciaux bilatéraux : « Nos deux pays attachent un intérêt particulier à la tenue de la 10e session de la Commission mixte algéro-russe de coopération économique, commerciale, scientifique et technique prévue en Algérie », a-t-il déclaré à ce propos, estimant que la rencontre « boostera la coopération bilatérale dans de nombreux domaines d’intérêt mutuel. »

    Voilà de quoi conforter l’Algérie dans un partenariat qui peut être (il en donne déjà les prémisses) d’une portée stratégique inestimable. Le monde est en train de connaître un chambardement jamais égalé depuis la Seconde Guerre mondiale, et de ce fait, les cartes changent de main. D’autres puissances alternatives multipolaires émergent, la Chine et la Russie, les Brics s’imposent de fait, les pays d’Afrique imposent leur tempo, comme le fait, contre vents et marrées, le Mali face à la France, ou les anciennes colonies francophones qui ont opté récemment pour le Commonwealth. Des Etats s’émancipent de leur « tutelle » à la sueur du front, d’autres chutent après avoir consommé leur temps.

    La guerre en Ukraine, qui devait être pour les Etats Unis, le piège à loups pour la Russie, a ouvert la boîte de pandore et rebattu les cartes, au préjudice de ceux qui donnaient l’impression de maîtriser le jeu comme des maestros. L’Europe, maillon faible des stratégies de blocs, en sortira meurtrie, perdante. Les signes sont là, comptabilisés et touchés du doigt. Une nouvelle carte se déroule sous nos yeux. Rester vigilants et attentifs serait également un acte de foi.

    L’Express, 14/07/2022

    #Algérie #Russie #Ukraine #Chine #BRICS #Mali #France #Europe #UE

  • Algérie: Il faut une mémoire sur toute la colonisation française

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    Abdelmadjid Tebboune a fait cette proposition lors d’un entretien avec l’historien Benjamin Stora, qui avait remis un rapport pourtant très critiqué en Algérie sur la mémoire de la colonisation dans le pays à Emmanuel Macron en 2021.

    Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a proposé un «travail de mémoire» commun sur toute la période de la colonisation française en Algérie, lors d’un entretien avec l’historien français Benjamin Stora, a raconté ce dernier à l’AFP. L’entretien était d’autant plus inédit que le rapport de Benjamin Stora sur la mémoire de la colonisation et de la guerre d’Algérie, remis en janvier 2021 à Emmanuel Macron, avait été fraîchement accueilli en Algérie.

    L’historien, qui était porteur d’une lettre du président français, a été reçu plus d’une heure lundi à Alger par le président Tebboune, à la veille de la commémoration en grande pompe du 60e anniversaire de l’indépendance de l’Algérie. «C’est la première fois qu’il y avait une discussion au fond» côté algérien sur ces questions mémorielles depuis la publication du rapport, a souligné Benjamin Stora.

    Le rapport, sur lequel Emmanuel Macron s’est appuyé pour sa politique mémorielle, ne préconise ni excuses ni repentance, ce qui a été très critiqué en Algérie, notamment par les associations d’anciens combattants.

    Les relations franco-algériennes ont aussi connu un gros coup de froid lorsque en septembre 2021, le président Macron a reproché au système «politico-militaire» algérien d’entretenir une «rente mémorielle» autour de la guerre d’indépendance.

    «Conquête meurtrière»

    L’entretien témoigne du réchauffement en cours dans les relations franco-algériennes depuis quelques semaines. «Je pense qu’il y a une volonté, de relancer je ne sais pas si c’est le mot, mais de poursuivre un dialogue», estime Benjamin Stora, en notant un «changement de ton» entre Paris et Alger.

    Le président Tebboune lui a expliqué «l’importance majeure d’un travail de mémoire sur toute la période de la colonisation», au-delà de la seule guerre d’Algérie (1954-1962), un avis partagé par l’historien.

    «La guerre de conquête a été très longue et très meurtrière. Elle a duré pratiquement un demi-siècle», de 1830 à 1871, rappelle Benjamin Stora. Elle a été marquée par une «dépossession foncière et identitaire» – «lorsque les gens perdaient leur terre, ils perdaient leur nom» – et par la mise en place d’une «colonie de peuplement», avec au final un million d’Européens sur neuf millions d’habitants.

    Autant de traumatismes qui perdurent jusqu’à aujourd’hui dans la perception réciproque des deux peuples et qui «expliquent la difficulté des relations franco-algériennes», dit-il. «Les gens ne connaissent pas ce qu’il s’est passé. C’est le problème de la transmission aux jeunes générations et du travail en commun», souligne Benjamin Stora.

    «Polarisation sur 1962»

    «En Algérie, l’accent a été mis essentiellement sur la guerre de libération nationale. Il y a eu en France comme en Algérie une polarisation extrême sur l’unique séquence de la guerre et même de la fin de la guerre, les années 1960 à 1962», note-t-il. Avec en toile de fond les «affrontements de groupes mémoriels» autour des différents massacres, l’exode des pieds noirs, les luttes de pouvoir à l’intérieur du nationalisme algérien.

    «On s’est tous focalisés sur 1962», des accords d’Evian en mars à l’indépendance de l’Algérie le 5 juillet, dit-il. Mais «on ne peut pas rester prisonnier d’une seule date, 1962, il faut élargir le champ de réflexion», considère-t-il.

    Le président Tebboune n’est pas revenu durant l’entretien sur les propos controversés d’Emmanuel Macron, qui s’était également interrogé sur l’existence d’une «nation algérienne» avant la colonisation française. Le sujet mémoriel pourrait être l’objet de prochains échanges entre les deux chefs d’État.

    Dans la missive remise par Benjamin Stora, le président français appelle au «renforcement des liens déjà forts» entre les deux pays et réitère son «engagement à poursuivre sa démarche de reconnaissance de la vérité et de réconciliation des mémoires». Il évoque aussi une «prochaine» visite en Algérie.

    Source: Le Figaro, 10 jui 2022

    #Algérie #France #Colonisation #Mémoire #Tebboune #Macron

  • Algérie : Benjamin Stora chez Tebboune

    Algérie : Benjamin Stora chez Tebboune

    Algérie, France, Tebboune, Macron, 60e anniversaire,

    Chaque commémoration de la date du 5 juillet 1962 ou celle du 1er novembre 1954, le dossier du contentieux inhérent à l’histoire et du rapport à l’ancienne puissance coloniale reviennent inéluctablement sur le devant de la scène nationale.

    Il en a été ainsi cette fois-ci encore lorsque l’Algérie a commémoré le soixantième anniversaire de l’Indépendance du pays ou les Algériens ont mis en exergue les atrocités du colonialisme. C’est dans ce contexte que le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a reçu en audience l’historien français Benjamin Stora. « Le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, a reçu l’historien français, M. Benjamin Stora, en visite en Algérie pour assister à la célébration du 60e anniversaire de l’indépendance, qui lui a remis, à cette occasion, un message écrit du président français, M. Emmanuel Macron », a indiqué hier un communiqué de la présidence de la république. Aucun autre détail n’a été donné sur la teneur de l’entretien entre le président Tebboune et l’historien français, mais il est aisé de comprendre qu’il a été
    principalement question du lourd dossier mémoriel et du contentieux relatif à l’histoire commune entre l’Algérie et la France.

    Benjamin Stora, un historien français né en Algérie, s’intéresse essentiellement à l’histoire du colonialisme français et l’histoire de l’Algérie. Rappelons qu’il a été choisi par le président français pour se pencher sur cette question de la mémoire. Il a ainsi écrit un rapport sur la mémoire de la colonisation et la guerre d’Algérie qu’il a remis, au mois de janvier 2021, au président français, Emmanuel Macron. Un rapport comprenant plusieurs recommandations, 22 au total, afin que la France impulse des initiatives communes avec l’Algérie sur la question de l’histoire. Comme il a recommandé à la France de faire quelques gestes symboliques allant dans le sens de l’apaisement.

    Ce rapport n’a pas suscité l’adhésion des Algériens car il a été considéré comme une affaire interne à la France. Abdelmadjid Chikhi, a été lui aussi désigné par le président Tebboune en tant que représentant de l’Algérie pour mener le travail en cours avec l’Etat français sur les dossiers inhérents à la mémoire nationale et à la récupération des archives nationales. Il n’a pas jugé bon d’élaborer un rapport, mais lui aussi n’a pas été emballé par le rapport de Benjamin Stora.

    C’est dire que la France doit faire beaucoup plus pour satisfaire la partie algérienne qui demande notamment la repentance et la reconnaissance des crimes coloniaux. Benjamin Stora a aussi remis au président Tebboune un message écrit de son homologue Emmanuel Macron. Il n’a pas été rendu public. Mais tout porte à croire, circonstance oblige, qu’il a une forte teneur lié à l’histoire. Macron a déjà adressé ses voeux de félicitations au peuple algérien à l’occasion de la commémoration du 60e anniversaire de l’indépendance.

    C’était « l’occasion pour le président de la République d’adresser par une lettre au Président Tebboune ses voeux au peuple algérien et de dire son souhait que se poursuive le renforcement des liens déjà forts entre la France et l’Algérie », a indiqué le communiqué de l’Elysée. Macron « réitère, en outre, son engagement à poursuivre sa démarche de reconnaissance de la vérité et de réconciliation des mémoires des peuples algérien et français », a ajouté la présidence française.

    Par : KAMAL HAMED

    Le Midi libre, 09 jui 2022

    #Algérie #France #Macron #Tebboune #60anniversaire

  • Paris s’assure le gaz algérien via l’Espagne, mais plus cher

    Paris s’assure le gaz algérien via l’Espagne, mais plus cher

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    AU MILIEU DE LA CRISE ENTRE MADRID ET L’ALGÉRIE
    Sonatrach renouvelle son contrat avec Engie pour trois ans, mais révisera les prix à la hausse. L’Algérie renforce ses relations avec l’Italie et la France alors qu’elle réduit ses approvisionnements en Espagne
    Par Marcos Lema – Ignacio Cembrero

    La France continuera à recevoir du gaz algérien via l’Espagne pendant les trois prochaines années. La société publique d’énergie du pays maghrébin, Sonatrach, a annoncé jeudi dans un communiqué qu’elle renouvellera le contrat avec la société privée française Engie pour la fourniture de l’hydrocarbure par le Medgaz, le gazoduc qui traverse la Méditerranée jusqu’à Almeria. Mais le déménagement ne sera pas gratuit. Dans la note, Sonatrach indique que les deux parties ont convenu de « tenir compte des conditions du marché pour revoir le prix contractuel du gaz ». C’est un euphémisme : en pleine crise de l’énergie, qui a poussé les contrats à terme de référence européens au-dessus de 170 euros, cela signifie une hausse des prix. Et personne ne peut dire qu’Alger n’a pas déjà prévenu. Elle l’a fait d’abord avec l’Espagne, après que le revirement sur le Sahara ait détérioré les relations bilatérales entre les deux pays, et ces dernières semaines, elle a étendu l’avertissement au reste de ses clients européens.

    Le PDG de Sonatrach, Toufik Hakkar, a révélé dimanche que la compagnie pétrolière nationale « a activé une clause de révision du prix du gaz avec des partenaires », ajoutant que les discussions « sont à un stade avancé ». La renégociation à la hausse avec Engie, qui a un accord avec l’État algérien depuis 2011, est un dangereux précédent pour l’espagnol Naturgy, qui fait face à la révision de son propre contrat pour la même période : 2022-2024. Mais ce n’est pas seulement une question d’argent : c’est aussi une question de géopolitique. Comme elle l’a fait avec l’Italie, en s’engageant à doubler ses exportations par le gazoduc Transmed, l’Algérie renforce aujourd’hui sa relation énergétique avec l’ancienne métropole, précisément six décennies après l’indépendance. Cette démarche peut être interprétée comme une manière de diversifier sa clientèle afin de se couvrir en cas de fermeture éventuelle du robinet vers l’Espagne, qui était jusqu’à présent son principal acheteur. Au cours des derniers mois, l’approvisionnement de l’Espagne a pratiquement diminué de moitié pour atteindre environ 25 % des importations nationales.

    L’Espagne acquiert de nouveaux arguments pour défendre l’amélioration des interconnexions avec la France, qui fonctionnent à la limite de leur capacité. Toutefois, la nouvelle a également un côté positif pour l’Espagne. Madrid a obtenu le passage du gaz algérien sur son territoire pour trois années supplémentaires, avec les revenus que cela implique, et a obtenu de nouveaux arguments pour défendre l’amélioration des interconnexions avec la France. Actuellement, il n’y a que deux passages à travers les Pyrénées, qui fonctionnent à la limite de leur capacité depuis le début de l’invasion ukrainienne. Ce chiffre pourrait être doublé si la connexion catalane, connue sous le nom de Midcat, pour laquelle le gouvernement cherche un financement européen, est finalement achevée.

    Le Maroc rouvre ses centrales électriques

    Alors que l’Algérie fournit du gaz à la France via l’Espagne, l’Espagne pompe pour la première fois du gaz au Maroc via le détroit de Gibraltar. Le gazoduc Maghreb-Europe, qui était fermé depuis novembre en raison de désaccords entre Alger et Rabat, a été rouvert la semaine dernière pour approvisionner la monarchie alaouite. Cette faveur, qui s’inscrit dans le processus de rétablissement des relations avec Madrid, a provoqué la colère de la république du Maghreb, qui a même menacé de couper les vivres si son hydrocarbure finissait par approvisionner son grand ennemi. Or, ce n’est pas le cas.

    Les doutes sur l’origine du gaz ont été dissipés dimanche par le directeur général de Sonatrach. Dans une déclaration faite lors de la présentation des résultats du premier semestre, Hakkar a indiqué qu’il n’y avait eu « aucun changement dans la destination du gaz algérien exporté à ce jour ». Mais il a prévenu : « Si cela se produit, Sonatrach est parfaitement en droit de prendre les mesures nécessaires.

    Le gaz provient des États-Unis, d’où il arrive en Espagne sous forme liquide via des méthaniers. Une fois en Espagne, sa traçabilité est vérifiée et il est regazéifié, avant d’être introduit dans le pipeline vers le Maroc. Grâce à l’aide de Madrid, Rabat a pu mettre fin à l’urgence énergétique qu’elle connaît depuis qu’Alger a décidé de couper le Maghreb-Europe : les centrales à cycle combiné de Tahaddert et d’Ain Béni Mathar ont rouvert cette semaine, après plusieurs mois de coupures du réseau dues à une pénurie de gaz pour la production d’électricité. Pendant ce temps, la République présidée par Abdelmajid Tebboune continue de profiter de la crise : les revenus des hydrocarbures ont augmenté de 70 % au cours des cinq premiers mois de 2022, grâce à des exportations de plus de 20 milliards d’euros.

    El Confidencial, 07/07/2022

    #Espagne #France #Algérie #Maroc #Medgaz #Sonatrach #Gazoduc