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  • Elections françaises: Une Assemblée sans majorité, ni opposition

    France, Emmanuel Macron, Jean-Lux Mélenchon, élections législatives, élections régionales,

    par Abdelhak Benelhadj

    Les « Unes » des quotidiens parisiens ont résumé le résultat du second tour des élections législatives en une phrase : « Une France ingouvernable ».

    Certes, le scrutin de ce dimanche a envoyé un groupe majoritaire à l’Assemblée, celui du Président tout nouvellement renouvelé en son second mandat. Mais il ne s’agit que d’une majorité relative très loin de la limite nécessaire (289 sièges, 36% de l’Assemblée) à même de produire des lois, avec une cohérence politique entre l’Elysée et Matignon telle que la prescrit la Constitution.

    À l’évidence, il n’y a plus de majorité à même de gouverner de manière stable le pays.

    Le problème est qu’il n’y a même pas d’opposition claire non plus. Chaque groupe, aux bords opposés de l’Assemblée, revendique pour son compte l’insigne privilège d’être l’opposant majeur au Président, chacun muni de sa calculette et de ses arrières-pensées.

    Il y a des jeux d’images, mais il y a aussi des jeux et enjeux de pouvoirs plus complexes à identifier et à décoder.

    Comment en est-on arrivé là ?

    En réalité, la situation actuelle dérive directement des conditions de l’élection de E. Macron en 2017. Les plus sagaces iraient jusqu’à faire remonter les déboires à la fin du dernier mandat de J. Chirac et même au mandat chahuté de F. Mitterrand après la perte de son Assemblée en 1986.

    Président par défaut en 2017, il a été réélu président par défaut en 2022.

    Toute cette affaire vient de loin.

    C’est F. Mitterrand qui a inauguré la technique (même si c’est le Général qui l’a inventée dès 1958) : l’instrumentalisation de l’extrême droite utilisée comme une menace pour la République formalisée sous la rubrique « vote républicain ».

    Le « Moi ou le chaos » a fonctionné. Usé jusqu’à la corde, il ne semble plus fonctionner.

    Menacé par ses marges, entre NUPES et RN, le président s’est joué tantôt des uns, tantôt des autres. Un coup à gauche pour se défaire au second tour des présidentielles pour se débarrasser de la candidate du RN. Un coup à droite pour faire peser la balance côté RN.

    Mardi 14 juin, depuis le tarmac d’Orly à son départ pour la Roumanie, le président absent aussi bien de la campagne des présidentielles que celle du premier tour des législatives, s’est adressé aux Français. Il a osé, pour la première fois utiliser à propos des Insoumis les qualificatifs habituellement lancés à la tête du RN.

    « Nous sommes à l’heure des choix et les grands choix ne se font jamais par l’abstention. J’en appelle donc à votre bon sens et au sursaut républicain. Ni abstention, ni confusion mais clarification ». (…) « Dimanche, aucune voix ne doit manquer à la République. Dimanche, je compte sur vous pour doter notre pays d’une majorité solide afin d’affronter tous les défis de l’époque et de bâtir l’espoir ».

    Un président-communicateur à la veille de sa rencontre avec un autre, délibère : les Insoumis et leurs alliés dans la NUPES seraient désormais incompatibles avec la République.

    Ce qui expliquerait qu’il ait favorisé en sous-main l’élection de députés RN au détriment de ceux de la NUPES à qui la « consigne républicaine » a été chichement comptée. D’où la surprise (y compris au sein du RN) du score inespéré que ce parti a réalisé. Dans les années 1930, la peur des Bolcheviks a poussé la classe politique et les patrons européens à faire un choix, « plutôt noir que rouge !». Un choix tragique qui a endeuillé le continent quelques années plus tard à une échelle inconnue l’histoire.(1)

    E. Macron a réussi sont coup. En fait, le problème est qu’il l’a trop bien réussi.

    Finalement, il a tout perdu et se résout dans un paysage qui évoque (à tort) la IVème République, à tenter de jouer les uns contre les autres et sa survie. Naturellement, il faudrait être bien naïf pour croire à la vraisemblance d’un tel scénario transparent pour tous les joueurs d’un jeu politique brouillé où les pièges sont plus nombreux que les députés.

    Comment en sortir ?

    Définition : On appelle « pays » ou « Etat » un processeur de décisions porteur d’une singularité historique et d’une identité politique (au sens fort du mot) qui se pose comme obstacle, comme limite péremptoire. Il serait trivial de rappeler qu’un pays, un parti, un ordre politique… un homme… n’existent qu’en opposition.

    N’existe que ce qui résiste.

    De nombreuses structures qui votent à l’ONU, ainsi dénommées et reconnues par les instances internationales, n’en ont que l’apparence.

    La France d’E. Macron, privée d’Assemblée Nationale, pourrait se passer d’un gouvernement. En cela rien de nouveau en Europe.

    La Belgique, d’avril 2010 à décembre 2011, soit pendant 541 jours, s’est passée de gouvernement. Belgique, Pays-Bas, Irlande… rivalisent en ce domaine. Ces pays libéraux sont fondamentalement convaincus (ils ne sont pas les seuls) que le marché est largement suffisant pour administrer les affaires des nations affectant de manière optimale les ressources produites et l’ordre civil.

    L’autogouvernement de la société et de l’économie par elle-même via la confrontation de l’offre et la demande est une obsession récurrente des libéraux qui ne supporte pas l’idée d’une régulation « extérieure ». Et c’est sans doute pourquoi, dans ces pays, les hommes politiques et les savonnettes sont identiquement apprêtés et vendus sur les marchés.

    Ce modèle est en oeuvre aux Etats-Unis où les hommes politiques sont cotés à l’argus et où la notion de « services publics » est une incongruité lexicale. N’est-ce pas R. Reagan, au cours de sa campagne électorale en 1980, eut ce mot passé à la postérité : « L’Etat n’est pas la solution, l’Etat est le problème. »

    La Belgique peut se passer de gouvernement peut-être même d’Etat. Après tout, ce royaume aurait probablement disparu, tel est le sort des « plats pays », réduit en deux entités culturelles radicalement antagonistes, si Bruxelles n’hébergeait pas les institutions européennes et l’OTAN.

    Il suffirait de regarder une carte de géographie de l’Europe qui a façonné l’histoire française, pour comprendre que la France, au coeur de l’Union, ne participe pas de ce modèle.

    C’est ce qui explique pourquoi la situation dans laquelle elle se trouve ne peut faire l’économie d’une Assemblée et d’un gouvernement.

    Le bricolage : une « combinazione » à l’italienne

    Une alliance, un pacte avec un des autres groupes de l’Assemblée, le Président s’est immédiatement affairé à en explorer les possibilités.

    Cette hypothèse est très vite et fermement récusée par Les Républicains, le seul groupe susceptible de conclure un accord avec le Président qui accueille dans sa majorité nombre de transfuges venus de la droite. LR, pris en étau par « Ensemble » et le Rassemblement National, est menacé de disparition comme le Parti Socialiste et le Parti Communiste (qui savent ce que leur survie doit à la NUPES et au tribun qui la dirige).

    L’autre piste serait de jouer les votes au coup par coup. Une « gouvernance d’action » comme le disent les partisans du Président. Un opportunisme parlementaire à la IVème République, avec des majorités à géométrie variable.

    A cette fin (et à d’autres…), dans les coulisses, « à l’ombre des majorités silencieuses », agissent les hommes de pouvoir déchus : les Copé, les Raffarin, les Sarkozy, les Hollande qui depuis longtemps ont repris du service après avoir tenté en vain de revenir par là où ils ont été chassés.

    Contrats de coalition à l’Allemande ou dissolution ?

    Le modèle germanique ou néerlandais évoqué de manière superficielle par des politiques en perte de repères, ne peut davantage convenir aux circonstances.

    1.- Parce qu’il s’agit d’une tradition laborieusement échafaudée dans des pays où le « consensus » est un mode de gouvernement, très éloigné des traditions et de l’histoire politique française. Ce système, sous quelque forme qu’il se présente, renvoie depuis 1958 aux magouilles et aux confusions de la IVème République.

    Gouvernement bigarré, cohabitation et chienlit sont des avatars du même acabit qui font injure à l’esprit de la Constitution. Le Général aurait démissionné en 1986 lorsque les élections législatives avaient envoyé une Assemblée non conforme à ses couleurs politiques. F. Mitterrand s’était contenté, lui, d’une lecture strictement formelle de la Constitution ignorant délibérément son contenu politique. Combien est commode « le coup d’Etat permanent » au service de monarques opportunistes accrochés « quoi qu’il en coûte » au pouvoir.

    2.- Parce qu’il n’est pas certain que ce modèle « pragmatique », qui met entre parenthèses le principe oppositionnel, soit conforme aux valeurs de la démocratie. L’union nationale peut à la rigueur être convoquée en temps de guerre. Elle ne peut être invoquée en d’autres circonstances.

    En tout état de cause, aucune de ces solutions ne peut convenir. Reste la solution la plus conforme aux moeurs de Vème République : la dissolution de l’Assemblée dont seul le président possède le pouvoir.

    De nombreux partis la souhaitent. NUPES et LR voudront prendre leur revanche. D’autres la redoutent. C’est en particulier le cas du RN qui a profité de l’indécision des uns et des autres du jeu d’équilibriste trouble de l’Elysée et pourrait ne pas retrouver le score « miraculeux » qu’il vient d’obtenir.

    Est-ce peut-être la raison pour laquelle le RN fait profil bas et affiche une posture « très raisonnable ». Le message a été entendu : Éric Dupond-Moretti, au lendemain des élections se disait disposé à «avancer ensemble» avec le RN. Une députée macroniste récemment investie a exprimé la même « ouverture d’esprit »… La mainmise sur la commission des finances n’est pas un enjeu de pure forme…

    Le Président peut aussi attendre que mûrissent les contradictions et que s’étendent l’inaction et la paralysie de la décision pour tenter de tirer parti d’un nouveau scrutin en faisant la démonstration qu’il n’avait pas eu d’autres choix. Transparent, classique, prévisible mais, rondement mené, le coup peut être efficace. E. Macron sait toutefois que c’est là un fusil à un coup…

    La course contre la montre du « maître des horloges » : Jupiter neutralisé

    Les temps difficiles à venir ne lui offriront que peu de marge de manoeuvre. La tempête et le tonnerre grondent. Les records sont battus, les uns après les autres : inflation, taux d’intérêt, déficits publics, déficit extérieur, endettement, attente sociale très forte (éducation, santé, pouvoir d’achat…)

    Dans la bourrasque, la France a besoin d’une assise politique solide. La Constitution de la Vème République dégradée depuis plus de vingt ans, s’est peu à peu délitée. La réduction du mandat présidentiel lui a sans doute porté un coup décisif et l’ont mis à la portée des désordres similaires à ceux qui l’avaient rendue nécessaire et opportune.

    Certes, les formes constitutionnelles évoluent presque toujours sous les contraintes imposées par les contraintes économiques et politiques nationaux et internationaux. Toutefois, une Constitution seule peut-elle suffire ?

    La France, et plus largement l’Europe, fait face -dans les plus mauvaises conditions- à une double crise à laquelle elle ne semble pas avoir été préparée :

    – Une guerre à ses portes qu’elle ne paraît que peu influencer et encore moins diriger ou maîtriser qui menace les fondements mêmes de la construction européenne.

    – Une crise économique profonde qui met face à face des exigences contradictoires.

    * D’une part, des catégories populaires nombreuses qui n’arrivent plus à joindre les deux bouts et exigent une relation économique à même de revaloriser leur pouvoir d’achat (en terme réel) érodé pendant des décennies.

    * D’autre part, la nécessité d’équilibrer les comptes et de retourner à une gestion financière nationale et internationale plus conforme aux traités et à l’orthodoxie financière.

    Avec une question simple : quelle Assemblée votera le budget à l’automne prochain ?

    Le « quoi qu’il en coûte » anti-pandémique a creusé des Himalaya de dettes permis par des Banques Centrales qui ont abandonné leur « neutralité politique » (qu’elles n’ont jamais eue), entretenant des taux d’intérêt très faibles et procédant à des rachats de créances publiques.

    Les indices boursiers, les actifs financiers et immobiliers ont été (et continuent de l’être car les taux d’intérêt réels demeurent négatifs) artificiellement poussés vers des records, que les corrections récentes n’ont que très peu affectés. L’inflation n’a évidemment jamais disparu. Elle s’est seulement déplacée et, quarante ans après, revient de là où la déflation et la « rigueur » l’avaient chassée. Ces accommodements ont aussi soldé les comptes des bulles précédentes (2000, 2008) et la crise structurelle des finances internationales qui charrient de gigantesques créances insolvables portées à bout de bras, notamment par la FED dont les remontées de taux pourraient précipiter ce qu’elles se prétendent endiguer.

    Pour ce qui concerne la France, la hausse importante du salaire minimum, à la hauteur exigée par les opposants, du point d’indice des fonctionnaires, le renoncement à la réforme des retraites et à la hausse envisagée de la TVA… sont au rebours de ce que « souhaitent » les partenaires « frugaux » européens de la France même si ceux-là mêmes affrontent désormais les mêmes difficultés.

    Il n’est pas certain qu’un nouveau « quoi qu’il en coûte » impliquant le contournement des règles maastrichtiennes soit durablement toléré fut-ce pour venir en aide à l’Ukraine ou pour faire face aux inconséquentes, coûteuses en retour, des sanctions infligées à la Russie.

    Naturellement, tout le monde a compris que, derrière ces consentements, il y a la pression de Washington aussi puissante que discrète.

    Les difficultés économiques, commerciaux, budgétaires, financiers et maintenant politiques de la France sont abondamment commentées dans les médias hexagonaux. Ils le sont aussi dans le reste de l’Europe et dans les milieux intéressés en Amérique du nord. Que ces difficultés aient été le produit d’un Jupiter aussi maladroit qu’égotique et inconséquent ne changent rien à l’affaire.

    La France n’est pas la Lituanie ou la Georgie. «Too big to fail», elle n’est pas davantage la Grèce de 2015. 2

    La moitié de la capitalisation des entreprises indexées au CAC40 et la moitié de sa dette sont détenues par des étrangers, avec un ratio dette/actif de plus en plus préoccupant, même sous le parapluie de la BCE et de la signature allemande.

    La France participe du noyau dur de l’Union Européenne et du système de défense dirigé de main de fer par Washington. C’est pourquoi la crise politique ce qui se déroule en France est observé au microscope par les Etats-Unis et ses partenaires. Observée et influencée de toutes les façons que l’on peut imaginer. Et sur ce point on n’a pas besoin de stimuler notre imagination. La littérature propose à profusion de nombreux ouvrages consacrés à cette question. Rien à voir avec le complotisme et tout à voir avec une hyperpuissance qui tient à la protection des intérêts partout où ils sont menacés y compris dans les plus lointaines de ses marges.

    A titre d’exemple, on peut lire avec profit le texte de Vincent Jauvert qui a parcouru, dépouillé et analysé des centaines de documents déclassifiés (du Département d’Etat, de la CIA et du Pentagone, entre autres) restitués dans « L’Amérique contre de Gaulle. Histoire secrète 1961-1969. » Editions Seuil, collection Histoire immédiate, 280 p.

    On peut aussi parcourir le livre de Frédéric Charpier (2008) : « La CIA en France. 60 ans d’ingérence dans les affaires françaises. » Ed. Seuil, 365 p.

    Le plus singulier est que tout cela est entrepris avec la collaboration zélée des services français.

    Les profil et postures individuelles n’ont ici strictement aucune importance. Pas plus que quelques gestes d’humeur sans lendemains (C. Pasqua qui expulse 4 agents de la CIA en 1995 ou la réaction de J. Chirac en février 2003). L’antisoviétisme et, aujourd’hui, l’antipoutinisme ont bon dos. Le différentiel de puissance et les moyens américains mis à la disposition des actions françaises, en Afrique par exemple, dispensent ceux qui ont des états d’âme de s’arrêter sur la question.

    Pour compléter ce sujet qui ne nous éloigne qu’en apparence du sujet, on peut aussi recommander quelques films et séries.

    – Une surprenante série danoise « Borgen » dont la quatrième saison est en cours de diffusion.

    – Deux films français anciens de H. Verneuil mais qui n’ont rien perdu de leur actualité :

    – « Le président », 1961 avec un J. Gabin au sommet de son art.

    – « Mille milliards de dollars », 1982 avec P. Dewaere trop tôt disparu.

    En attendant que mûrisse la crise et que pourrissent les antagonismes, E. Macron laisse une Assemblée à son chaos et ses lieutenants préparer la scène et improviser le coup suivant. Pour le moment, c’est l’Ukraine qui va occuper toute son attention : Conseil européen des 23 et 24 juin à Bruxelles, Sommet du G7 en Allemagne du 26 au 28 juin et, pour terminer, le Sommet de l’OTAN à Madrid du 28 au 30 juin.

    Qui croira un instant que E. Macron sera ailleurs qu’à Paris ?

    Notes :

    1- Lire : Rochebrune (de) R., J.-C. Hazera (2013) : Les patrons sous l’occupation. Ed. O. Jacob, 959 p. Collectif (2009) : Histoire secrète du patronat français de 1945 à nos jours. Le vrai visage du capitalisme français. Arte éditions, La découverte. 791 p.

    2- Abdelhak Benelhadj. Les enjeux géopolitiques et de la dette grecque (Le Quotidien d’Oran, 04 et 05 juillet 2015)

    Le Quotidien d’Oran, 26 juin 2022

    #France #Macron #Melenchon #Opposition #AssembleNationale

  • 14 pays africains payent à la France une taxe coloniale

    14 pays africains payent à la France une taxe coloniale

    France, Afrique, Françafrique, colonialisme, impôt colonial, francophonie, Franc CFA, FCFA,

    Saviez-vous que de nombreux pays africains continuent de payer des impôts coloniaux à la France depuis leur indépendance jusqu’à aujourd’hui ?

    Lorsque Sékou Touré de Guinée a décidé en 1958 de sortir de l’empire colonial français, et a opté pour l’indépendance du pays, l’élite coloniale française à Paris est devenue furieuse, et dans un acte de fureur historique, l’administration française en Guinée a détruit tout dans le pays qui représentait ce qu’ils appelaient les bienfaits de la colonisation française.

    Trois mille Français ont parcouru le pays, s’emparant de tous leurs biens et détruisant tout ce qui ne pouvait être déplacé : les écoles, les crèches, les bâtiments de l’administration publique ont été démolis ; les voitures, les livres, les médicaments, les instruments des instituts de recherche, les tracteurs ont été écrasés et sabotés ; les chevaux, les vaches dans les fermes ont été tués, et les aliments dans les entrepôts ont été brûlés ou empoisonnés.

    Le but de cet acte scandaleux était d’envoyer un message clair à toutes les autres colonies : les conséquences d’un rejet de la France seraient très lourdes.

    Lentement, la peur se répand dans l’élite africaine, et aucun des événements de Guinée ne trouve le courage de suivre l’exemple de Sékou Touré, dont le slogan est « Nous préférons la liberté dans la pauvreté à l’opulence dans l’esclavage ».

    Sylvanus Olympio, le first président de la République du Togo, un minuscule pays d’Afrique occidentale, a trouvé une solution intermédiaire avec les Français.

    Il ne voulait pas que son pays continue à être un dominion français, il a donc refusé de signer le pacte de continuation de la colonisation proposé par De Gaule, mais a accepté de payer une dette annuelle à la France pour les soi-disant bénéfices que le Togo a obtenu de la colonisation française.

    C’était la seule condition pour que les Français ne détruisent pas le pays avant de partir. Cependant, le montant estimé par la France était si important que le remboursement de la soi-disant « dette coloniale » représentait près de 40 % du budget du pays en 1963.

    La situation financière du Togo nouvellement indépendant était très instable, et pour s’en sortir, Olympio décida de retirer la monnaie coloniale française FCFA (le franc des colonies africaines françaises), et d’émettre la propre monnaie du pays.

    Le 13 janvier 1963, trois jours après qu’il ait commencé à imprimer sa propre monnaie, un groupe de solitaires analphabètes soutenu par la France a tué le first président élu de l’Afrique nouvellement indépendante. Olympio a été tué par un ancien sergent de la Légion étrangère française appelé Etienne Gnassingbe, qui aurait reçu une prime de 612 dollars de l’ambassade française locale pour ce travail de tueur à gages.

    Le rêve d’Olympio était de construire un pays indépendant, auto-sufficient et autonome. Mais les Français n’aimaient pas cette idée.

    Le 30 juin 1962, Modiba Keita , le first président de la République du Mali, décide de se retirer de la monnaie coloniale française FCFA qui était imposée à 12 pays africains nouvellement indépendants. Pour le président malien, qui penchait plutôt vers une économie socialiste, il était clair que le pacte de continuation de la colonisation avec la France était un piège, un fardeau pour le développement du pays.

    Le 19 novembre 1968, comme Olympio, Keita sera victime d’un coup d’Etat mené par un autre ex légionnaire français, le lieutenant Moussa Traoré.

    En fait, durant cette période agitée de fighting africain pour se libérer de la colonisation européenne, la France utilisera à plusieurs reprises de nombreux ex légionnaires étrangers pour mener des coups d’état contre des présidents élus :

    – Le 1er janvier 1966, Jean-Bédel Bokassa, un ancien légionnaire étranger français, réalise un coup d’État contre David Dacko, le first président de la République centrafricaine.

    – Le 3 janvier 1966, Maurice Yaméogo, le first président de la République de Haute-Volta, aujourd’hui appelée Burkina Faso, est victime d’un coup d’État mené par Aboubacar Sangoulé Lamizana, un ancien légionnaire français qui a combattu avec les troupes françaises en Indonésie et en Algérie contre l’indépendance de ces pays.

    – le 26 octobre 1972, Mathieu Kérékou qui était un agent de sécurité du Président Hubert Maga, le first Président de la République du Bénin, a fait un coup d’état contre le président, aher il a5endu les écoles militaires françaises de 1968 à 1970.

    En fait, au cours des 50 dernières années, un total de 67 coups d’État ont eu lieu dans 26 pays d’Afrique, dont 16 sont des ex-colonies françaises, ce qui signifie que 61 % des coups d’État ont eu lieu en Afrique francophone.

    NOMBRE DE COUPS D’ÉTAT EN AFRIQUE PAR PAYS

    PAYS NOMBRE DE COUP D’ÉTAT

    EX-COLONIES FRANÇAISES

    Togo 1

    Congo 3
    Tchad 3
    Burundi 4
    Centrafrique 4
    Niger 4
    Mauritanie 4
    Burkina Faso 5
    Comores 5
    Guinée Bissau 2
    Côte d’Ivoire 1
    Algérie 2
    Mali 2
    Madagascar 1
    Tunisie 1

    AUTRES PAYS D’AFRIQUE

    Egypte 1
    Libye 1
    Guinée équatoriale 1
    Rwanda 1
    Libéria 2
    Nigeria 3
    Congo – RDC 2
    Éthiopie 3
    Ouganda 4
    Guinée Conakry 2
    Soudan 5

    Comme ces chiffres le démontrent, la France est tout à fait désespérée mais active pour garder une forte emprise sur ses colonies, quel qu’en soit le coût, quoi qu’il arrive.

    En mars 2008, l’ancien président français Jacques Chirac a déclaré :

    « Sans l’Afrique, la France glissera au rang de troisième puissance [mondiale] » Le prédécesseur de Jacques Chirac, François Mi5erand, avait déjà prophétisé en 1957 que : « Sans l’Afrique, la France n’aura pas d’histoire au XXIe siècle ».

    Au moment même où j’écris cet article, 14 pays africains sont obligés par la France, par le biais d’un pacte colonial, de placer 85 % de leurs réserves étrangères dans la banque centrale française sous le contrôle du ministre français des finances. Jusqu’à aujourd’hui, 2014, le Togo et environ 13 autres pays africains doivent encore payer la dette coloniale à la France. Les dirigeants africains qui refusent sont tués ou victimes d’un coup d’état. Ceux qui obéissent sont soutenus et récompensés par la France avec un style de vie somptueux alors que leur peuple endure une pauvreté extrême et le désespoir.

    Ce système est tellement diabolique qu’il a été dénoncé par l’Union européenne, mais la France n’est pas prête à se défaire de ce système colonial qui lui rapporte chaque année environ 500 milliards de dollars en provenance d’Afrique.

    Nous accusons souvent les dirigeants africains de corruption et de servir plutôt les intérêts des nations occidentales, mais il y a une explication claire à ce comportement. Ils se comportent ainsi parce qu’ils ont peur d’être tués ou victimes d’un coup d’État. Ils veulent qu’une nation puissante les soutienne en cas d’agression ou de problème. Mais, contrairement à la protection d’une nation amie, la protection occidentale est souvent offered en échange du renoncement de ces dirigeants à servir les intérêts de leur propre peuple ou nation.

    Les dirigeants africains travailleraient dans l’intérêt de leur peuple s’ils n’étaient pas constamment traqués et brimés par les pays coloniaux.

    En 1958, effrayé par les conséquences du choix de l’indépendance vis-à-vis de la France, Léopold Sédar Senghor dé- clare : « Le choix du peuple sénégalais est l’indépendance ; il ne veut qu’elle se fasse que dans l’amitié avec la France, non dans la contestation. »

    Dès lors, la France n’accepte qu’une « indépendance sur le papier » pour ses colonies, mais signe des « Accords de coopération » contraignants, détaillant la nature de leurs relations avec la France, en particulier les liens avec la monnaie coloniale française (le franc), le système éducatif français, les préférences militaires et commerciales.

    Voici les 11 principaux éléments du pacte de continuation de la colonisation depuis les années 1950 :

    #1. Dette coloniale pour les bénéfits de la colonisation française

    Les nouveaux pays « indépendants » doivent payer pour les infrastructures construites par la France dans le pays pendant la colonisation.

    Je dois encore findir les détails complets sur les montants, l’évaluation des benefits coloniaux et les conditions de paiement imposées aux pays africains, mais nous y travaillons (aidez-nous avec des infos).

    #2. Confiscation automatique des réserves nationales

    Les pays africains devraient déposer leurs réserves monétaires nationales à la Banque centrale de France.

    Depuis 1961, la France détient les réserves nationales de quatorze pays africains : Bénin, Burkina Faso, Guinée-Bissau, Côte d’Ivoire, Mali, Niger, Sénégal, Togo, Cameroun, République centrafricaine, Tchad, Congo-Brazzaville, Guinée équatoriale et Gabon.

    « La politique monétaire qui régit un ensemble aussi diversifié de pays n’est pas compliquée car elle est, en fait, conduite par le Trésor français, sans référence aux autorités centrales fiscales de l’UEMOA ou de la CEMAC. Aux termes de l’accord qui a mis en place ces banques et le CFA, la Banque centrale de chaque pays africain est tenue de conserver au moins 65 % de ses réserves de change dans un « compte d’opérations » détenu au Trésor français, ainsi que 20 % supplémentaires pour couvrir les engagements financiers.

    Les banques centrales du CFA imposent également un plafond sur les crédits accordés à chaque pays membre équivalent à 20 % des recettes publiques de ce pays l’année précédente. Même si la BEAC et la BCEAO disposent d’une facilité de caisse auprès du Trésor français, les tirages sur ces facilités de caisse sont soumis à l’accord du Trésor français. Le final dire est celui du Trésor français qui a placé les réserves de change des pays africains en son nom propre à la Bourse de Paris.

    En résumé, plus de 80% des réserves de change de ces pays africains sont déposées sur les « comptes d’opérations » contrôlés par le Trésor français. Les deux banques CFA sont africaines de nom, mais n’ont pas de politique monétaire propre. Les pays eux-mêmes ne savent pas, et on ne leur dit pas, quelle part du pool de réserves étrangères détenues par le Trésor français leur appartient en tant que groupe ou individuellement.

    Les revenus de l’investissement de ces fonds dans le pool du Trésor français sont censés être ajoutés au pool mais aucun compte n’est rendu aux banques ou aux pays sur les détails de ces changements. Le groupe limité de hauts officials du Trésor français qui ont connaissance des montants dans les « comptes d’opérations », où ces fonds sont investis ; s’il y a un profit sur ces investissements ; sont interdits de divulguer aucune de ces informations aux banques CFA ou aux banques centrales des États africains . » Écrit par le Dr. Gary K. Busch

    On estime aujourd’hui que la France détient près de 500 milliards d’argent des pays africains dans son trésor, et ferait tout pour fichir quiconque voudrait faire la lumière sur ce côté obscur du vieil empire.

    Les pays africains n’ont pas accès à cet argent.

    La France ne leur permet d’accéder qu’à 15% de l’argent dans une année donnée. S’ils ont besoin de plus que cela, ils doivent emprunter l’argent supplémentaire sur leurs propres 65 % au Trésor français à des taux commerciaux.

    Pour rendre les choses plus tragiques, la France impose un plafond sur le montant que les pays peuvent emprunter à la réserve. Le plafond est fixé à 20 % de leurs recettes publiques de l’année précédente. Si les pays doivent emprunter plus de 20 % de leur propre argent, la France a un droit de veto.

    L’ancien président français Jacques Chirac a récemment parlé de l’argent des nations africaines dans les banques françaises. Voici une vidéo (www.youtube.com/embed/OzPITL1WLY0) de lui parlant du système d’exploitation français. Il parle en français, mais voici un court extrait de la transcription : « Nous devons être honnêtes, et reconnaître qu’une grande partie de l’argent dans nos banques provient précisément de l’exploitation du continent africain. »

    #3. Droit de first refusal sur toute matière première ou ressource naturelle découverte dans le pays.

    La France a le first droit d’acheter toute ressource naturelle découverte sur les terres de ses ex-colonies. Ce n’est qu’après que la France ait dit : « Je ne suis pas intéressé », que les pays africains sont autorisés à chercher d’autres partenaires.

    #4. Priorité aux intérêts et entreprises françaises dans les marchés publics et les adjudications publiques

    Dans l’attribution des marchés publics, les entreprises françaises doivent être considérées first, et c’est seulement aher que ces pays pourraient chercher ailleurs. Il importe peu que les pays africains puissent obtenir un meilleur rapport qualité-prix ailleurs.

    En conséquence, dans de nombreuses ex-colonies françaises, tous les principaux actifs économiques des pays sont entre les mains d’expatriés français. En Côte d’Ivoire, par exemple, les entreprises françaises possèdent et contrôlent tous les principaux services publics – eau, électricité, téléphone, transports, ports et grandes banques. Il en va de même dans le commerce, la construction et l’agriculture.

    En fin de compte, comme je l’ai écrit dans un article précédent, les Africains vivent désormais sur un continent appartenant aux Européens !

    #5. Droit exclusif de fournir des équipements militaires et de former les officers militaires du pays.

    Grâce à un système sophistiqué de bourses d’études, de subventions et d’ »accords de défense » annexés au Pacte colonial, les Africains devraient envoyer leurs officers militaires de haut rang se former en France ou dans des centres de formation français.

    La situation actuelle sur le continent est que la France a formé des centaines, voire des milliers de traîtres et les nourrit. Ils sont dormants quand on n’a pas besoin d’eux, et activés quand on a besoin d’eux pour un coup d’état ou tout autre but !

    #6. Droit pour la France de pré-déployer des troupes et d’intervenir militairement dans le pays pour défendre ses intérêts

    En vertu de ce que l’on appelle les « accords de défense » annexés au pacte colonial, la France avait le droit légal d’intervenir militairement dans les pays africains, et aussi de stationner des troupes en permanence dans des bases et des installations militaires dans ces pays, gérées entièrement par les Français.

    Les bases militaires françaises en Afrique

    Lorsque le président de la Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo, a tenté de mettre fin à l’exploitation française du pays, la France a organisé un coup d’État. Au cours du long processus visant à évincer Gbagbo, les chars, les hélicoptères de combat et les forces spéciales de la France sont intervenus directement dans le conflit, ont firé sur les civils et ont fait de nombreux morts.

    Pour ajouter l’insulte à la blessure, la France a estimé que la communauté d’affaires française avait perdu plusieurs millions de dollars lorsque, dans la précipitation à quitter Abidjan en 2006, l’armée française a massacré 65 civils non armés et en a blessé 1 200 autres.

    Après avoir réussi le coup d’État et transféré le pouvoir à Alassane Ou5ara, la France a demandé au gouvernement Oua5ara de verser une compensation aux milieux d’affaires français pour les pertes subies pendant la guerre civile.

    En effet, le gouvernement Oua5ara leur a versé le double de ce qu’ils disaient avoir perdu en partant.

    #7. Obligation de faire du français la langue official du pays et la langue d’enseignement Oui, Monsieur. Vous devez parler français, la langue de Molière !

    Un organisme de diffusion de la langue et de la culture françaises a été créé, appelé  » Francophonie « , avec plusieurs satellites et organismes affiliés supervisés par le ministre français des Affairs étrangers.

    Comme démontré dans cet article, si le français est la seule langue que vous parlez, vous auriez accès à moins de 4 % des connaissances et des idées de l’humanité. C’est très limitatif.

    #8. Obligation d’utiliser la monnaie coloniale française FCFA

    C’est la véritable vache à lait pour la France, mais c’est un système tellement diabolique, même dénoncé par l’Union européenne, mais la France n’est pas prête à se défaire de ce système colonial qui fait entrer environ 500 milliards de dollars d’Afrique dans son trésor.

    Lors de l’introduction de l’euro en Europe, les autres pays européens ont découvert le système d’exploitation français. Beaucoup, en particulier les pays nordiques, ont été consternés et ont suggéré à la France de se débarrasser de ce système, mais sans succès.

    #9. Obligation d’envoyer à la France un rapport annuel sur le solde et les réserves. Sans ce rapport, pas d’argent.

    Quoi qu’il en soit, le secrétariat des banques centrales des ex-colonies et le secrétariat de la réunion semestrielle des ministres des finances des ex-colonies est assuré par la banque centrale française/le Trésor.

    #10. Renonciation à conclure une alliance militaire avec tout autre pays, sauf autorisation de la France.

    Les pays africains en général sont ceux qui ont le moins d’alliances militaires régionales. La plupart des pays n’ont que des alliances militaires avec leurs ex-colonisateurs ! (drôle, mais on ne peut pas faire mieux !).

    Dans le cas de la France ex-colonies, la France leur interdit de chercher d’autres alliances militaires que celle qu’elle leur a offered.

    #11. Obligation de s’allier à la France en cas de guerre ou de crise mondiale

    Plus d’un million de soldats africains ont combattu pour la défaite du nazisme et du fascisme pendant la seconde guerre mondiale.

    Leur contribution est souvent ignorée ou minimisée, mais quand on pense qu’il n’a fallu que 6 semaines à l’Allemagne pour vaincre la France en 1940, la France sait que les Africains pourraient être utiles pour lutter pour la « Grandeur de la France » à l’avenir.

    Il y a quelque chose de presque psychopathique dans la relation de la France avec l’Afrique.

    D’abord, la France est gravement dépendante du pillage et de l’exploitation de l’Afrique depuis l’époque de l’esclavage. Ensuite, il y a ce manque total de créativité et d’imagination de l’élite française pour penser au-delà du passé et de la tradition.

    Tinalement, la France a 2 institutions qui sont complètement figées dans le passé, habitées par des « hauts fonctionnaires » paranoïaques et psychopathes qui répandent la peur de l’apocalypse si la France changeait, et dont la référence idéologique vient toujours du romantisme du 19ème siècle : ce sont le Ministre des Finances et du Budget de la France et le Ministre des Affairs Etrangers de la France.

    Ces 2 institutions ne sont pas seulement une menace pour l’Afrique, mais pour les Français eux-mêmes.

    C’est à nous, Africains, de nous libérer, sans demander la permission, car je n’arrive toujours pas à comprendre, par exemple, comment 450 soldats français en Côte d’Ivoire peuvent contrôler une population de 20 millions de personnes !

    La firmière réaction des gens lorsqu’ils apprennent l’existence de l’impôt colonial français est souvent la question : « Jusqu’à quand ? ».

    Pour une comparaison historique, la France a fait payer à Haïti l’équivalent moderne de 21 milliards de dollars de 1804 à 1947 (presque un siècle et demi) pour les pertes causées aux négriers français par l’abolition de l’esclavage et la libération des esclaves haïtiens.

    Les pays africains ne paient l’impôt colonial que depuis 50 ans, donc je pense qu’il reste un siècle de paiement !

    Silicona Africa, 28 jan 2014

    #Africa #France #Françafrique #Francophonie #Colonialisme #Impotcolonial #FrancCFA #FCFA

  • Il se passe quelque chose d’extraordinaire en France

    Il se passe quelque chose d’extraordinaire en France

    France, Macron, Mélenchon, élections, NUPES, Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale, gauche, extrême droite, Assemblée Nationale, Parlement, Rassemblement national, Marine Le Pen,

    Par Cole Stangler*

    MARSEILLE, France – Pendant une grande partie de sa présidence, Emmanuel Macron s’est concentré sur l’extrême droite. À chaque fois, il a cherché à neutraliser sa menace, en donnant alternativement la priorité à certains de ses thèmes préférés et en se présentant comme le seul rempart possible contre elle.

    Aujourd’hui, il doit s’inquiéter d’autre chose. Après le premier tour des élections législatives de dimanche, le plus grand défi au pouvoir de M. Macron ne vient pas de la droite mais de la gauche. Au cours des prochaines années, c’est l’autre côté de l’échiquier qui pourrait déterminer en grande partie l’orientation politique du pays.

    C’est le résultat d’un pragmatisme à toute épreuve. Pour la première fois depuis 1997, les principaux partis de gauche français ont mis de côté leurs différences et présenté une liste unique de candidats. Cette coalition, connue sous le nom de NUPES (Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale), a fait un bond en avant la semaine dernière. En obtenant 26 % des voix, ce qui la place pratiquement à égalité avec la coalition de M. Macron, elle a une petite chance d’obtenir une majorité absolue à l’Assemblée nationale après le deuxième tour de scrutin de ce dimanche. Même si cela s’avère hors de portée, la gauche – sous une bannière commune – deviendra la principale force d’opposition au Parlement.

    Les effets seront profonds. Tout d’abord, cela devrait réorienter les termes du débat national, en mettant l’accent sur des questions telles que le financement des services publics, la lutte contre le changement climatique et la justice fiscale, et mettre la pression sur M. Macron. Pourtant, l’avancée de la gauche pourrait faire encore plus. En s’opposant au système présidentiel très personnalisé de la France et à l’engagement de l’Union européenne en faveur de la rectitude fiscale, la coalition pourrait secouer la politique dans le pays et sur le continent. Il s’agit là d’un développement extraordinaire.

    Certes, une présence plus forte à l’Assemblée nationale serait en soi un accomplissement majeur pour les parties concernées. Grâce à l’accord qu’ils ont conclu, ils sont sur le point d’augmenter leur part actuelle de 60 sièges seulement, bénéficiant d’un grand nombre de nouveaux députés du parti de la France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon et des Verts, tout en veillant à ce que les communistes et les socialistes en difficulté vivent un jour de plus. La perspicacité et l’instinct de conservation sont deux des principaux facteurs qui rendent l’unité possible.

    Mais en conquérant de nouveaux territoires au Parlement, les partis de gauche pourraient également priver M. Macron d’une majorité absolue. Si la coalition du président n’est pas en mesure d’obtenir au moins 289 des 577 sièges de l’Assemblée nationale, elle pourrait être contrainte de gouverner avec le soutien de députés rivaux, ce qui donnerait naissance à un gouvernement fragile dont le sort dépendrait de sa capacité à faire des compromis. Alors que le Rassemblement national de Marine Le Pen, parti d’extrême droite, est susceptible de renforcer son poids au Parlement, le système français du « winner-take-all » donne un avantage aux Républicains, plus traditionnels, qui seraient des partenaires de gouvernement plus naturels pour M. Macron. Dans tous les cas, le NUPES serait la première force d’opposition au Parlement.

    Cela créerait un paysage politique radicalement différent de celui d’aujourd’hui, où le programme de M. Macron a tendance à être adopté sans trop de résistance par une Assemblée nationale favorable. Dans un sens, la coalition prendrait l’opposition publique qui existe déjà contre une grande partie du programme du président et la porterait dans les couloirs du Parlement. Les projets de M. Macron de relever l’âge de la retraite et de remanier un programme d’aide aux personnes à faibles revenus pourraient devenir plus difficiles à réaliser.

    Pourtant, la possibilité d’une majorité parlementaire NUPES ne peut pas être exclue non plus. Pour ce faire, la coalition a besoin que sa base se rende aux urnes en bien plus grand nombre qu’elle ne l’a fait au premier tour – qui a connu une participation historiquement faible dans tous les domaines – mais surtout parmi les électeurs à faibles revenus et les jeunes. Si ces groupes apportent une majorité au NUPES, les effets seraient véritablement sismiques.

    Sous pression, M. Macron serait contraint de nommer un premier ministre soutenu par la majorité de gauche, une situation connue sous le nom de « cohabitation », qui implique le partage du pouvoir exécutif. Les trois fois où cela s’est produit sous la Cinquième République française – en place depuis 1958 – les présidents ont largement contrôlé la politique étrangère, mais le Premier ministre a supervisé la majeure partie de l’agenda national. L’alliance de gauche a déjà son homme pour ce poste, M. Mélenchon.

    Dans un contexte de sondages serrés et d’anxiété croissante, M. Macron et ses alliés ont cherché à exploiter les craintes de ce scénario, en revenant à l’appât rouge. Le ministre des finances a comparé M. Mélenchon à un « Chavez gaulois » qui « collectiviserait » l’économie et mettrait la France en faillite, tandis qu’un député de premier plan du parti de M. Macron a mis en garde contre un « retour à l’ère soviétique ». Le chef du principal lobby des entreprises françaises a déclaré que M. Mélenchon risquait de pousser le pays « au bord du gouffre ».

    En fait, le programme actuel de la coalition est loin d’être révolutionnaire. Il s’inspire davantage de l’âge d’or de la social-démocratie européenne que des bolcheviques. Les deux propositions phares de la coalition en matière de politique économique – une augmentation du salaire minimum à 1 500 euros, soit environ 1 560 dollars, par mois et un plafonnement des prix des produits de première nécessité – sont des mesures modestes à une époque où l’inflation augmente rapidement.

    Il est vrai que les plans visant à augmenter les impôts des riches et à stimuler les investissements dans les écoles, les hôpitaux et les réseaux de transport contrastent avec l’attitude de M. Macron à l’égard du secteur privé. Pourtant, il s’agit de politiques progressistes populaires et standardisées en Europe. Les propositions audacieuses de l’alliance en matière de climat – un plan quinquennal d’investissement vert de 200 milliards d’euros, soit près de 209 milliards de dollars, basé sur le principe de la « planification écologique » – ont conduit le ministre de l’écologie à accuser le NUPES de « jouer sur les peurs des jeunes ». Mais il est difficile de voir ces plans comme autre chose qu’une tentative de s’attaquer de front à la crise climatique. Le coût de l’inaction serait de toute façon beaucoup plus élevé.

    Les alarmistes ont peut-être raison, sur une chose, peut-être : Une gauche renforcée dans l’un des pays les plus influents du monde pourrait avoir des répercussions à l’étranger. Elle pourrait être une source d’inspiration pour des partis idéologiquement similaires en Europe, qui luttent pour le pouvoir depuis les beaux jours de Syriza en Grèce et de Podemos en Espagne. Qui plus est, un gouvernement français prêt à repousser avec force les restrictions de l’Union européenne en matière de dépenses publiques et d’intervention de l’État dans l’économie pourrait encourager Bruxelles à évoluer. À l’heure où l’Europe est aux prises avec les retombées de la guerre de la Russie en Ukraine, cela pourrait constituer une évolution importante.

    Pourtant, les conséquences de l’élection seront plus immédiatement visibles à l’intérieur des frontières françaises. La coalition appelle à la création d’une Sixième République qui limiterait le pouvoir présidentiel et ramènerait la France à un régime parlementaire plus standard – et les résultats du premier tour montrent qu’une grande partie de l’électorat est d’accord. Même si un changement de cette ampleur semble peu probable pour l’instant, l’échec de M. Macron à obtenir une majorité claire quelques mois seulement après sa réélection serait plus qu’un revers personnel. Il s’agirait d’un coup dur pour la présidence elle-même, qui a été initialement conçue pour le héros national et homme fort Charles de Gaulle. La structure même de la Cinquième République pourrait être remise en question.

    Cela pourrait être, en fin de compte, l’un des messages les plus puissants et les plus durables envoyés par les électeurs français. Dans un pays aussi complexe, vaste et diversifié que le leur, un système politique conçu pour concentrer l’autorité entre les mains d’un seul chef d’État n’est peut-être pas le meilleur moyen de refléter la volonté populaire. Et peut-être, après 64 ans, est-il temps d’essayer quelque chose de nouveau.

    *Cole Stangler (@ColeStangler) est un journaliste basé en France qui écrit sur le travail, la politique et la culture.

    The Washington Post, 16 juin 2022

    #France #Macron #Melenchon #Electionsr


  • Un Français réfugié politique!

    Un Français réfugié politique!

    France, Maroc, Zakaria Moumni, Canada, asile politique, Abdellatif El Hammouchi, DGST, Pegasus, espionnage,

    L’asile politique accordé à un compatriote au Canada ? Ce n’est pas de la politique-fiction, mais bien la toute récente conclusion des aventures rocambolesques de Zakaria Moumni. Le pays de l’érable a accordé le statut de réfugié à ce dernier pour qu’il échappe au harcèlement de la police marocaine, qui le traquait jusque dans l’Hexagone.

    Le Monde (17/6) a relaté l’événement, mais « Le Canard » a révélé et relayé, depuis plus de dix ans, cette histoire mettant en scène un roi, un président, des ministres, un chef des services secrets, des juges, des tortionnaires et… un ring de boxe.

    Lettre envoyé par Zakaria Moumni au roi du Maroc pour revendiquer son droit à la fonction publique

    Ex-champion du monde de kickboxing, Moumni, alors franco-marocain, a la mauvaise idée, en 2010, de réclamer l’application d’un dahir (décret9 royal permettant aux sportifs médaillés d’or de devenir fonctionnaires des Sports. Econduit par Mounir El Majidi, le puissant secrétaire du monarque, il est arrêté peu de temps après, accusé par deux complaisants Marocains d’escroquerie à 2800 euros. Détenu quatre jours au centre secret de Témara, non loin de Rabat, il y est torturé puis passe dix-huit mois à la prison de Rommani.

    Libéré sur grâce royale, il gagne la France. Là, il dit reconnaître, à la télé, l’un de ses tortionnaires de Témara. Problème : il s’agit d’Abdellatif El Hammouchi, le chef des services secrets (DGST) marocains. La plainte de Moumni est examinée par une juge parisienne du pôle crimes contre l’humanité qui, en février 2014, adresse une convocation à Hammouchi. Brouille diplomatique entre Rabat et Paris ! Le roi Mohammed VI (dont le Premier ministre est islamiste) en prendra prétexte pour boycotter la marche en hommage aux victimes de « Charlie Hebdo ».

    Espion à l’écoute

    Dès lors, il faudra quelques concessions de François Hollande et la signature d’une ahurissante convention judiciaire pour calmer le jeu. Révélé par « Le Canard », ce texte lunaire permet, par exemple, au présumé responsable marocain d’un crime contre un Français de ne pas être inquiété s’il lui prend l’idée de se rendre dans l’Hexagone…

    Moumni, lui, ne cesse de recevoir des intimidations (appels nocturnes, envoi de photos pornos truquées) et des menaces de mort. Après une tentative d’agression au couteau, à Nancy en 2016, il s’estime trop peu protégé par les autorités françaises et décide de s’exiler au Canada. « J’ai renoncé à la nationalité française, pas à la France, mon pays de cœur », explique-t-il au Canard.

    Depuis, le célèbre Hammouchi a été rattrapé par l’affaire Pegasus : Il avait mis sur écoute nombre de personnalités marocaines et françaises. Quand on aime…

    J.-F. J.

    Le Canard Enchaîné, 22 juin 2022

    #Maroc #France #Canada #ZakariaMoumni #ElHammouchi #DGST #Asilepolitique

  • De Kaboul à Kiev: quel monde demain?

    De Kaboul à Kiev: quel monde demain?

    Russie, Ukraine, Occident, OTAN, Europe, Chine, Afrique, Barkhane, Covid19, France,

    En à peine deux ans les événements se succèdent et affectent notre façon de regarder l’ordre international. De la pandémie du Covid à l’agression de l’Ukraine par la Russie, en passant par la chute de Kaboul et la fin annoncée de l’opération Barkhane, l’actualité nous offre un condensé d’histoire rare en une si brève séquence.

    Égrenons ces événements rapidement et tentons d’en tirer quelques leçons.
    La pandémie mondiale inattendue du Covid qui s’est étendue sans que rien ne puisse l’arrêter a bouleversé profondément les règles de l’interdépendance entre pays et a perturbé la vie économique des États qui ont réagi en ordre dispersé dans les mesures adoptées et les remises en cause de la doxa économique qu’ils appliquaient jusqu’alors. À « la santé d’abord » a succédé le « quoi qu’il en coûte » pour sauver l’économie, le tout pour éviter le confinement et puis le chacun pour soi que la livraison des vaccins a illustré. Et surtout l’extrême puissance des grands groupes pharmaceutiques qui ont préempté le secteur de la santé publique au point de pouvoir imposer des clauses léonines dans les contrats de fourniture à l’Union européenne. Cette crise, dont on ne sait si elle est véritablement jugulée, a rappelé le profond fossé Nord-Sud toujours vivace et mis à nu les fragilités générées par une interdépendance mondiale organisée sur le principe de la multiplication de flux sans stocks de précaution.

    On se souvient de la chute de Kaboul dans un chaos indescriptible, mal négociée et mal organisée et sans consultation des alliés. Au point que l’histoire en retient plus le désordre apparent que l’application d’une décision mûrement réfléchie déjà sous l’administration Obama et jamais remise en cause dans son principe par les équipes suivantes de Trump ou de Biden. Le cafouillage en a éclipsé la portée qui clôt la séquence ouverte après le 11 septembre 2001, celle de la « lutte mondiale contre le terrorisme » prônée par Bush Junior et à laquelle nous étions sommés de nous rallier. Elle signale aussi le mirage de l’exportation de la démocratie par les armes, des expéditions guerrières en terres exotiques et des difficultés de la construction d’un État par l’extérieur. Il serait néanmoins prématuré de croire que la tentation ne reviendra pas. L’annonce récente par l’Africom – le commandement militaire américain pour l’Afrique –de l’envoi d’un bataillon de 500 hommes en Somalie pour combattre les Shebab dont l’influence s’étend aujourd’hui jusqu’au Nord-Mozambique, doit nous inquiéter. On sait que ce retrait d’Afghanistan témoigne surtout de la volonté de se donner les moyens de se tourner vers l’Asie et de considérer que l’effort doit s’orienter désormais vers des ennemis systémiques à commencer par la Chine. Et il faut se souvenir que les États-Unis disposent d’un éventail de moyens pour imposer leur hégémonie sur de larges parties du monde, de l’exterritorialité juridique et de l’hégémonie de leur monnaie jusqu’aux politiques de sanctions ou d’embargos.

    Peut-être l’arrêt de l’opération Barkhane et retrait des troupes françaises du Malidoivent-ils beaucoup aux événements de Kaboul. Mais il est certain que ce désengagement marque le recul de l’influence française en Afrique, probablement l’avancée des forces islamistes, et à coup sûr la montée d’un sentimentanti-occidental en Afrique. Le prix payé est celui de principes souvent invoqués et rarement appliqués.

    Enfin l’invasion de l’Ukraine par la Russiea révélé une unité de l’Occident, des divisions de l’Union européenne, le tout sous l’ombre tutélaire d’une perte d’influence auprès du tiers-monde. Les clivages au sein del’Union européenne entre « faucons », partisans d’uneligne dure contre Moscou et d’une guerre prolongée jusqu’au dernier Ukrainien, et « colombes », favorables àun cessez-le-feu négocié au plus vite, pourraient à termeparalyser l’Europe sur la scène internationale. Ces clivages se superposent à un poil près à celui qui avait traversé l’Europe lors de l’invasion de l’Irak par les États-Unis en 2003.Au dernier Forum économique de Davos, le présidentukrainien, Volodymyr Zelensky s’inquiétait de voir « le monde se lasser de la guerre ». Il pourrait rapidement avoir raison. Le Monde relaie une enquête d’un think tank européen traduisant une forme de fatigue et montre que « la cause ukrainienne pourrait donc passer d’une tentative d’union nationale à un sujet politique clivant ». En trois mois, le consensus autour de la condamnation de l’agression a fait place à plus que des nuances sur la nature de l’issue et donc des objectifs de guerre. L’ambition affichée de Zelensky de libérer le territoire – Donbass, Crimée et côte de la mer d’Azov –semble hors de portée militaire aujourd’hui. Le front se transforme en guerre de positions et ne peut en l’état donner lieu à un accord de paix qui acterait pour l’un des pertes territoriales impossibles à assumer et pour l’autre de trop faibles gains eu égard aux moyens déployés et aux fortes pertes subies. De telles situations se terminent par un cessez-le-feu ou un armistice où chacun peut commencer à panser ses plaies et reconstruire, libéré de la menace meurtrière qui tombe du ciel. Cela s’appelle un « conflit gelé » et permet aux protagonistes de continuer à afficher leurs objectifs sans perte de face.

    Cette gerbe d’événements a contribué à remodeler et à éclairer le monde et appelle quelques remarques.

    Même si les formes de la guerre ont pu changer,la vieille formule en vigueur dans les années soixante, « le pouvoir est au bout du fusil »,reste encore d’une étonnante actualité et un continent que l’on en croyait définitivement épargné a fini par rejoindre la zone des tempêtes.

    Le contexte n’est plus celui de l’ancienne guerre froide au-delà d’apparences trompeuses. L’enjeu n’est plus idéologique et social même si certains veulent faussement nous y renvoyer en agitant le spectre d’un affrontement entre démocraties et dictatures. Il s’agit de conquête de l’hégémonie mondiale avec classiquement un tenant du titre et un aspirant à cette position avec toutes les combinaisons qui peuvent en découler : affrontement violent (à l’ère nucléaire), coopération, ou partage d’influence sous forme d’un condominium.

    Cette courte période s’inscrit dans une séquence plus longue qui éclaire sa portée, c’est celle d’un déclin de l’Occident en terme de poids économique mondial (part du PIB du G-7 qui passe de 50 à 31% en quarante années) et conséquemment d’une perte d’influence sur une large partie du monde qui y voit alors des espaces de souveraineté à conquérir et des intérêts propres à faire respecter. Tout ceci confirme une lente désoccidentalisation du monde et un timide renouveau du « non-alignement ».

    La conception d’un monde organisé autour des chaînes de valeurs délocalisées en fonction d’intérêts singuliers propres aux multinationales qui concentrent l’essentiel du commerce mondial pourrait avoir vécu. Cette mondialisation exacerbent les mécanismes d’attractivité et favorise un mode de fonctionnement à flux tendus, sans stock, sans sécurité d’approvisionnement. Ses limites apparaissent très vite lorsque des sanctions économiques et financières viennent en aggraver la fragilité. Tout ceci confirme l’inflexion amorcée après la crise financière mondiale de 2008-2010 d’une lente démondialisation. C’est ce qui explique que la guerre d’Ukraine s’est très vite mondialisée dans ses effets sans pour autant devenir une guerre mondiale.

    Cette séquence nous interpelle sur une question centrale des relations internationales. Dans l’idéal (par ex. Onusien) chaque pays dispose de l’égalité souveraine de ses droits, certes tempérée par un Conseil de sécurité où certains en possèdent plus. Mais ce que confirme cruellement l’actualité de la situation c’est une inégalité géographique qui découle de la proximité d’une grande puissance. Elle vous interdit de tisser des liens avec la grande puissance du camp opposé. Elle soulève l’inégale situation d’États tampons dont les hasards de la cartographie brident l’entière maîtrise de leur souveraineté.

    De cette séquence, les perdants peuvent être désignés d’avance : les pays entrés en guerre qui en sortiront inévitablement affaiblis, la Russie, l’Ukraine, l’Europe. Les gagnants seront ceux qui auront su rester à distance, la Chine et les États-Unis et pourront, forts de l’hégémonie restaurée dans leur camp respectif, reprendre leur grande confrontation du siècle.

    Les événements de la séquence en cours contribuent à façonner les formes qu’empruntera le XXIème siècle.

    L’Express, 23 juin 2022

    #Russie #Ukraine #OTAN #Occident #Europe #Barkhane #Covid19 #Chine #EtatsUnis

  • Clintongate: Kadhafi a été tué pour avorter ses plans africains

    Clintongate: Kadhafi a été tué pour avorter ses plans africains

    Libye, Kadhafi, Union Africaine, monnaie africaine, Franc CFA, FCFA, Françafrique, France, Sarkozy, OTAN,

    Mouammar Kadhafi est devenu le chef du gouvernement libyen jusqu’à son assassinat en 2011. Kadhafi a eu des manières impitoyables mais a quand même beaucoup accompli pour son pays. L’une des politiques immédiates de Kadhafi était de partager les bénéfices et les richesses avec tous les Libyens.

    Kadhafi a utilisé la principale ressource de la Libye (le pétrole) pour aider à créer des programmes sociaux dans les domaines de l’éducation, de la santé, du logement, des travaux publics et des subventions pour l’électricité et la nourriture. Ses politiques ont converti la Libye de l’un des pays les plus pauvres du monde à avoir des réserves de change de 150 milliards de dollars et un pays sans dette extérieure. La Libye est devenue l’un des pays importants de l’Afrique.

    Pourquoi Mouammar Kadhafi était-il une menace ?

    Le « chef de la révolution » libyen, le colonel Mouammar Kadhafi, a appelé à la création d’une Banque centrale africaine en 2004.

    Le Dr Umar Johnson et le ministre Louis Farrakhan, à la tête de la Nation of Islam, parlent et approfondissent ce qu’une Banque centrale africaine ferait au reste du monde.

    Kadhafi a été assassiné le 20 octobre 2011. Depuis sa mort, la vie en Libye n’a plus été la même. Depuis la mort de Kadhafi, « cela fait plus de 10 ans d’injustice, d’attentats à la bombe, de meurtres et d’enlèvements », a déclaré Mohammad Abi Hamra.

    « Je déteste le dire mais notre vie était meilleure sous le régime précédent », a déclaré à l’AFP Fayza al-Naas, une pharmacienne de 42 ans en 2015, faisant référence au régime de Kadhafi. Un sentiment partagé par de nombreux Libyens, y compris ceux qui se sont opposés à lui à un moment donné.

    Lors d’une apparition sur CBS, Hilary Clinton a eu une réaction tordue en apprenant que Kadhafi était mort. Dans la vidéo, Clinton dit « Nous sommes venus, nous avons vu, il est mort. » Se référant à la célèbre phrase de Jules César « veni, vidi, vici », qui signifie « je suis venu, j’ai vu, j’ai vaincu », rapporte The Wrap.

    Clinton a eu plus de 3000 e-mails divulgués en 2015. Au moins un tiers de ces e-mails provenaient de son proche confident Sidney Blumenthal, l’avocat qui a défendu son mari dans l’affaire Monica Lewinsky.

    Le WikiLeaks déclare que l’un de ces e-mails, daté du 2 avril 2011, se lit en partie :

    « Le gouvernement de Kadhafi détient 143 tonnes d’or et une quantité similaire en argent… Cet or a été accumulé avant la rébellion actuelle et était destiné à être utilisé pour établir une monnaie panafricaine basée sur le dinar libyen doré. Ce plan a été conçu pour offrir aux pays africains francophones une alternative au franc français (CFA) ».

    Dans WikiLeaks, l’e-mail mettait en exergue la valeur de l’or et de l’argent du gouvernement de Kadhafi et les raisons qui ont poussé le président Nicolas Sarkozy à attaquer la Libye :

    « Selon des personnes bien informées, cette quantité d’or et d’argent est évaluée à plus de 7 milliards de dollars. Les officiers du renseignement français ont découvert ce plan peu de temps après le début de la rébellion actuelle, et ce fut l’un des facteurs qui ont influencé la décision du président Nicolas Sarkozy d’engager la France dans l’attaque contre la Libye. Selon ces personnes, les plans de Sarkozy sont motivés par les problèmes suivants :

    -Une volonté de s’approprier une plus grande part de la production pétrolière libyenne,
    -Accroître l’influence française en Afrique du Nord,
    -Améliorer sa situation politique intérieure en France,
    -Offrir à l’armée française l’opportunité de réaffirmer sa position dans le monde,
    -Répondre à l’inquiétude de ses conseillers sur les projets à long terme de Kadhafi de supplanter la France en tant que dominatrice

    #Libye #Kadhafi #UnionAfricaine #FrancCFA #FCFA #HillaryClinton #Wikileaks #Sarkozy #Françafrique


  • Maroc : les châteaux et l’hôtel de 3 000 m2 du roi à Paris

    Maroc : les châteaux et l’hôtel de 3 000 m2 du roi à Paris

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    Le roi du Maroc dont le pays est en effervescence, secoué par les nombreuses contestations dues à la détérioration des conditions économiques dont souffre le peuple de ce pays, est en vacances de luxe dans son château dans le département de l’Oise.

    Le roi du Maroc s’est envolé en juin pour la France dans le cadre d’un déplacement privé.

    Pour son premier déplacement en Europe depuis la fin de la crise du Covid-19, le roi du Maroc Mohammed VI a choisi de se rendre quelques jours en France, selon une information révélée par le site marocain Barlamane.


    Comme souvent lorsqu’il effectue un déplacement privé dans l’Hexagone, le souverain devrait poser ses valises dans son château de Betz, une petite commune située dans le département de l’Oise, au nord-est de Paris, note le magasine « Le Jeune Afrique ».

    Le château de Betz dans l’Oise, acheté par Hassan II, est un lieu de villégiature prisé par Mohammed VI.

    Le château de Betz dans l’Oise est l’une des résidences secondaires du roi du Maroc.

    Les médias notent que le roi du Maroc possède environ 34 palais au Maroc.

    La presse française a fait état en 2020 de l’achat par le roi du Maroc d’un hôtel particulier dans l’un des quartiers les plus chics de Paris : 1 600 m2 habitables et acheté via la société SCI Deschanel,dont Mohammed VI est actionnaire majoritaire, selon les informations du site Africa Intelligence.

    On évoque un prix de vente d’au moins 80 millions d’euros, mais la facture pourrait être plus importante, selon le réseau Belles Demeures de France, qui a eu le bien en mandat et a évoqué la vente au Figaro Immobilier.

    Il s’agit d’un hôtel particulier construit sous la Belle Époque, juste avant la Première Guerre mondiale, sur trois niveaux, avec un penthouse et une immense terrasse avec vue magistrale sur la tour Eiffel. Le bien comprend un total de 3 000 m2, dont 1 400 non habitables (parkings, locaux techniques…), avec une dizaine de chambres, une piscine, un spa, une salle de jeux et un jardin privatif de 300 m2 en plein Paris, note la presse française.

    Mohammed VI est l’un des monarques les plus riches du monde avec une fortune personnelle très opaque estimée à près de 6 milliards de dollars par le magazine Forbes en 2015.

    Ceci tandis que le peuple du Maroc est réprimé lorsqu’il opte pour les contestations pour exiger l’amélioration des conditions économiques et lutter contre la pauvreté.

    Le Maroc reste un pays où 6 millions de personnes vivent avec moins d’un euro par jour.

    Mounir Abi

    AL24News, 08 juin 2022

    #Maroc #MohammedVI #France #Betz #Chateau #Palais

  • Espagne : Visite en catimini d’El Hammouchi

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    Hammouchi, l’architecte de l’espionnage marocain avec Pegasus, a rencontré le directeur du CNI.
    Le gouvernement espagnol a dissimulé sa visite en Espagne, qui a été diffusée par la presse marocaine, afin de rencontrer Esperanza Casteleiro. « Il est venu pour aplanir les différences », indiquent des sources familières de la réunion.

    Les autorités marocaines ont accepté de donner des explications à l’Espagne sur leur utilisation du programme malveillant Pegasus. Abdellatif Hammouchi, l’homme qui a encouragé l’espionnage depuis le Maroc avec ce programme malveillant de fabrication israélienne, était à Madrid les 16 et 17 juin pour rencontrer Esperanza Casteleiro, la nouvelle directrice du Centre national de renseignement (CNI), selon une source au courant de la réunion. « Il est venu pour aplanir les différences », a-t-il dit.

    Les informations sur sa « visite de travail » à Madrid ont été reprises la semaine dernière par la presse marocaine. Il a rencontré ses homologues de la « sécurité et du renseignement », selon l’hebdomadaire « L’Observateur du Maroc », dirigé par Ahmed Charai, un collaborateur des services secrets extérieurs marocains (DGED), selon plusieurs documents découverts en 2014 et une décision de justice en 2015. Le ministère espagnol de l’Intérieur assure qu’il n’avait pas de rendez-vous à son siège. Au CNI, son nouveau responsable de la communication n’a pas répondu aux appels.

    Si le responsable marocain a donné des explications à Madrid, niant probablement sa culpabilité, il reste maintenant aux autorités israéliennes à le faire. Pegasus est fabriqué par la société israélienne NSO, liée à ses services secrets (Mossad et Shinbet) et, comme il s’agit d’une cyber-arme, le ministère de la défense du pays hébreu doit autoriser son exportation. Le magistrat José Luis Calama, de l’Audiencia Nacional, qui enquête sur le cyberespionnage dont ont été victimes plusieurs membres du gouvernement espagnol, a envoyé une commission rogatoire à Israël et à une autre commission judiciaire, le 7 juin, qu’il dirigera lui-même. Il veut interroger, entre autres, le président de NSO. Il n’a pas encore de date pour sa visite. M. Hammouchi, 56 ans, a fait escale à Madrid en provenance de Washington, où il avait rencontré les directeurs de la CIA, William Burns, et du FBI, Christopher Wray. Au Maroc, il dirige à la fois la Sûreté nationale, qui est la police classique, et la Direction générale de la surveillance du territoire (DGST), l’organe secret qui, outre la lutte contre le djihadisme, poursuit les opposants, dont les journalistes. Jamais auparavant un chef de police n’avait exercé autant de pouvoir au Maroc.

    Forbidden Stories, un consortium de 17 grands médias, a révélé le 18 juillet dernier que quelque 10 000 téléphones portables dans le monde avaient été ciblés en 2019 et peut-être au-delà par les services de renseignement marocains, qui ont utilisé Pegasus pour les espionner. La majorité – quelque 6 000 – étaient algériennes, mais il y avait aussi un millier de françaises – dont celle du président Emmanuel Macron et de 14 de ses ministres – et quatre espagnoles, celle du journaliste marocain Ali Lmrabet, celles de deux Sahraouis, Aminatou Haidar et Brahim Dahane et, la première à apparaître dans l’ordre chronologique, celle de ce journaliste qui écrit. Deux cents autres ont été ciblés par les services secrets marocains, comme l’a rapporté le Guardian le 3 mai, mais la liste n’est pas encore connue. « Aldellatif Hammouchi, l’espion marocain qui met la France en difficulté », titrait l’hebdomadaire parisien « Le Point » le 21 juillet 2021 à sa une, en désignant le haut fonctionnaire de police. « Abdellatif Hammouchi, le super-flic marocain au cœur du scandale Pegasus », affirme le lendemain le quotidien numérique « Mediapart ». « Pégase fait sortir de l’ombre le tout-puissant chef des services de renseignement marocains et remet en cause le rôle de ce haut fonctionnaire du palais que la France redoute désormais », ajoute-t-il.

    Les autorités marocaines ont ensuite démenti dans un communiqué avoir acheté et utilisé Pégase, mais de hauts responsables français ont confirmé, lors de conversations informelles avec des journalistes rapportées par la presse française, que la cyber-attaque sur les téléphones mobiles provenait du Maroc. Dans une interview accordée au quotidien « Le Monde », publiée le 27 décembre, il a été demandé au ministre israélien des affaires étrangères, Yaïr Lapid, si Israël avait retiré la licence d’exploitation du Pegasus au Maroc. Il n’a pas nié que les services marocains l’avaient. Il a répondu au journal : « C’est une licence très stricte : nous avons exposé tout le matériel dont nous disposions aux autorités françaises ». Israël a donné des explications à la France. La relation France-Israël a ensuite connu un ralentissement, mais celui-ci a été surmonté en mars, lorsque le président français Emmanuel Macron a accompagné son homologue israélien, Yitzhak Herzog, à Toulouse pour honorer la mémoire de plusieurs enfants juifs assassinés il y a dix ans par un terroriste. Les relations de Paris avec Rabat sont toujours entachées par cet épisode d’espionnage. Preuve en est que Mohammed VI n’a pas félicité personnellement Macron pour sa réélection à la présidence. Le monarque est arrivé en vacances dans la capitale française le 1er juin et Macron ne l’a pas encore rencontré. Lors de ses précédentes visites privées à Paris, il a toujours été reçu en audience au palais de l’Élysée.

    Bien qu’il ait promis la « transparence », M. Bolaños n’a pas révélé combien de téléphones portables de hauts fonctionnaires ont été testés positifs lors de l’examen du CCN-CERT. Dans l’atmosphère de « froid polaire » qui caractérise les relations franco-marocaines, comme le décrit la publication « Africa Intelligence », Paris refuse d’accorder des visas Schengen à des cadres marocains de haut rang. Selon la publication, les derniers à avoir été sanctionnés ce mois-ci sont 10 cadres de l’Office Chérifien des Phosphates, la plus grande entreprise publique du Maroc. Ils n’ont pas obtenu le précieux document pour participer à la foire technologique Vivatech dans la capitale française. Les Marocains contournent fréquemment l’obstacle français en demandant des visas aux consulats espagnols au Maroc, selon « Africa Intelligence », information confirmée par des sources diplomatiques espagnoles non officielles.

    L’infiltration par Pegasus des téléphones portables du président Pedro Sánchez et de ses ministres de la défense et de l’intérieur – ainsi que la tentative d’espionnage de celui du ministre de l’agriculture – a eu lieu en mai/juin de l’année dernière, au plus fort de la crise hispano-marocaine, bien qu’elle n’ait été découverte qu’en avril dernier, comme l’a révélé le 2 mai le ministre de la présidence, Félix Bolaños. Bien qu’il ait promis la « transparence », M. Bolaños n’a pas révélé combien d’autres téléphones portables de hauts fonctionnaires, qui ne sont pas ministres, ont été testés positifs lors de l’examen approfondi réalisé au printemps par le Centre national de cryptologie, qui fait partie du CNI.

    Le gouvernement espagnol n’a pas désigné le Maroc comme la puissance à l’origine de l’espionnage – le ministre des affaires étrangères, José Manuel Albares, l’a même publiquement disculpé – mais il sait qu’il est responsable, et pas seulement en raison des dates auxquelles la cyber-attaque a eu lieu. C’est ce qu’indiquent les rapports confidentiels du CNI. Il a également été indiqué à la ministre des affaires étrangères de l’époque, Arancha González Laya, que son téléphone portable avait été analysé en juin de l’année dernière et avait été testé positif aux logiciels malveillants. Dans une interview publiée le 8 juin par « El Periódico de España », l’ancienne ministre a déploré que tout ait été utilisé contre elle « dans la crise avec le Maroc : écoutes, dénonciations et campagnes de presse ». L’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT), une prestigieuse ONG œcuménique française, a déposé deux plaintes en France contre Hammouchi pour des tortures perpétrées au Maroc, ce qui explique que le super-flic marocain n’ait pas officiellement mis les pieds en France depuis le 20 février 2014. Ce jour-là, un juge d’instruction parisien l’a convoqué lors d’une visite de travail dans la capitale française, et il a fui précipitamment le pays.

    Hammouchi a toujours été choyé par les autorités espagnoles, que le gouvernement soit dirigé par le Parti populaire ou le PSOE. En octobre 2014, huit mois après sa fuite précipitée de France, le ministère de l’Intérieur, alors dirigé par Jorge Fernández Díaz, annonce qu’il a été décoré de la croix honorifique du mérite policier. En septembre 2019, le chef de ce portefeuille, Fernando Grande-Marlaska, a fait approuver par le Conseil des ministres l’attribution de la Grande Croix de l’Ordre du Mérite de la Garde civile, la plus haute décoration de cette institution.

    El Confidencial, 21 juin 2022

    #Maroc #Espagne #EtatsUnis #ElHammouchi #Services_secrets #CNI #FBI #Espionnage #Pegasus

  • Conflit Alger-Madrid: Paris et Berlin partagent le butin

    Conflit Alger-Madrid: Paris et Berlin partagent le butin

    Algérie, Espagne, Allemagne, France, Union Européenne, Sahara Occidental, Maroc, Gaz, Maghreb,

    La France et l’Allemagne pressent la crise de l’Espagne avec l’Algérie au détriment de l’Europe
    La crise du Sahara occidental sert à repositionner les deux grandes puissances européennes au Maghreb, qui profitent du boycott algérien de Madrid pour se partager le butin.

    Eugenio García Gascón

    Ce n’est un secret pour personne que la politique étrangère européenne est un désastre lorsqu’il s’agit de l’occupation israélienne, de l’Iran et de l’Afrique du Nord, et que cela est dû au fait que Berlin et Paris font passer leurs intérêts nationaux de clocher avant ceux de l’Europe dans son ensemble, dictant des politiques clairement anti-européennes que les autres membres d’un Club de plus en plus en crise doivent taire pour ne pas déplaire aux dirigeants allemands et français.

    C’est le cas depuis des temps immémoriaux et ce sera le cas tant que Paris et Berlin maintiendront leurs positions cyniques et forceront leurs partenaires à sauter à travers des cerceaux, encore et encore, sans explication publique, bien que dans un langage non verbal clair et compréhensible. Un bon exemple en est les mouvements lugubres que l’on observe au Maghreb depuis un certain temps et qui deviennent particulièrement transparents aujourd’hui.

    La grave erreur commise par le président Pedro Sánchez avec le Sahara occidental a donné le signal de départ pour que d’autres pays se précipitent pour prendre la place de l’Espagne. Ces dernières semaines, de nombreuses capitales européennes ont commencé à prendre position pour partager le gâteau algérien, et parmi elles, outre la voisine Rome, se trouvent Berlin et Paris, ce qui n’est pas une simple coïncidence.

    Au lieu d’aider le partenaire espagnol à surmonter la crise avec l’Algérie, l’Allemagne et la France se sont lancées dans une chasse aux contrats que les entreprises espagnoles détenaient jusqu’à présent, signe que les deux grandes puissances mènent une politique de vautours. Les mêmes dirigeants qui font tout un foin lorsqu’ils parlent publiquement de l’unité de l’Europe profitent en fait effrontément d’une crise comme celle qui sévit en Espagne et en Algérie.

    Cette crise est la preuve que l’Europe est sur la mauvaise voie, et peut servir d’avertissement non seulement aux partenaires les plus faibles, mais aussi à l’axe Paris-Berlin, pour leur dire que leurs ambitions sèment des mines dans la construction d’une Europe qui peut encore être nécessaire, mais que si l’on regarde la façon dont les choses évoluent, y compris les élections législatives françaises du week-end, il est raisonnable de penser que de profonds changements attendent le continent, parmi lesquels un effondrement ne peut être exclu.

    Il ne faut pas ignorer que la chute de l’Europe est dans l’intérêt de grandes puissances telles que la Russie, les États-Unis et Israël, mais la partie la plus grave de l’équation est le comportement cynique de Paris et de Berlin, qui non seulement ne favorise pas une unité européenne progressiste et unie, mais aussi détricote un rêve qui a duré quelques décennies mais qui devient chaque jour plus flou et précaire.

    La crise du Sahara occidental a provoqué un rapprochement entre l’Allemagne et la France et l’Algérie, mais aussi un certain rapprochement, encore trop vague, entre l’Espagne et le Maroc, un pays qui a solidement démontré, et continue de démontrer, qu’il n’est pas un partenaire fiable. C’est comme si Madrid avait vu que Paris et Berlin lui prenaient ses affaires en Algérie sans sourciller et qu’elle cherchait à les remplacer par des affaires marocaines.

    Vendredi, le président Emmanuel Macron a téléphoné à son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune précisément pour « développer les relations » entre les deux pays, étant entendu que ce sera principalement dans le domaine économique, étant donné la décision d’Alger de geler les relations avec l’Espagne. C’est un coup de poignard à Madrid, mais c’est aussi une réponse au jeu « suprémaciste » joué par Paris et Berlin, auquel les autres États européens doivent se plier sans protester.

    L’Algérie conditionne son rapprochement avec Madrid au départ de Pedro Sánchez de la Moncloa, ce qui prendra encore du temps. L’Allemagne, la France et l’Italie ont donc un temps précieux devant elles pour supplanter les entreprises espagnoles, et c’est ce qu’elles font. Cela révèle que l’Europe est sur la mauvaise voie, surtout maintenant que les partis les plus extrêmes de droite et de gauche viennent de montrer les dents lors des élections françaises.

    Paris tente de combler le vide de l’Espagne en Algérie au moment même où ses relations avec Rabat sont glaciales et où les visites de hauts responsables français et marocains dans l’autre pays sont depuis longtemps gelées. Macron n’a pas parlé à Mohammed VI au téléphone depuis près d’un an, et le roi du Maroc vient de se rendre à Paris pour une visite privée sans rencontrer le président français.

    L’intérêt du Maroc

    Selon le quotidien Al Quds al Arabi, cette situation explique pourquoi le Maroc souhaite relancer ses relations avec l’Espagne. Elle estime que la France ne s’est pas occupée de ses affaires pendant sa présidence de l’UE au premier semestre 2022. Mais il convient de souligner que Rabat n’a jamais été un partenaire fiable et que ses politiques ont fortement évolué d’un côté comme de l’autre lorsqu’il l’a jugé bon.

    Une politique européenne unie aurait probablement permis d’éviter les problèmes avec le Maroc et l’Algérie, mais ni Paris ni Berlin n’ont montré le moindre intérêt à cet égard, orientant plutôt leurs actions en fonction des performances économiques nationales.

    Pedro Sánchez semble en avoir pris note et renforce la coopération avec le Maroc, comme en témoigne l’achat de gaz naturel sur le marché international qui arrive à Huelva avant d’être acheminé vers le Maroc, qui a perdu le gaz algérien également à cause de l’imbroglio du Sahara occidental. Le contexte n’invite pas à l’optimisme à court, moyen et long terme.

    Sans aucun signe de volonté de Paris et de Berlin de changer de direction, et avec des nuages noirs s’accumulant après chaque élection européenne, il est probable que tous les Européens finiront bientôt par payer un prix élevé pour les décisions de la France et de l’Allemagne.

    Público, 21 juin 2022

    #Algérie #Espagne #France #Allemagne #Gaz #SaharaOccidental #Maroc #Europe #UE

  • Algérie: Paris refuse le visa à des dizaines de députés

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    Selon Al Arabi Aljadid, le consulat de France en Algérie a récemment refusé d’accorder des visas à des dizaines de membres du parlement algérien, suite à une décision politique annoncée par le président Emmanuel Macron début octobre dernier qui prévoit l’annulation du privilège d’obtention de visas pour les fonctionnaires algériens.

    Cela intervient dans le contexte d’une crise politique qui a résulté du refus de l’Algérie de faciliter l’expulsion de ses ressortissants qui se trouvent en situation irrégulière. Une crise qui s’est compliquée plus tard à la suite des déclarations provocatrices de Macron contre l’Algérie.

    Selon la même source qui cite une source parlementaire au parlement algérien, l’administration du parlement n’avait pas réussi à obtenir des visas pour les parlementaires au consulat de France en Algérie, en raison des atermoiements du consulat et du refus d’accorder des visas Schengen à 150 députés. Le bureau chargé des visas et des relations publiques au Parlement a déposé leurs passeports au consulat de France.

    Il a ajouté que les passeports des députés sont restés au consulat de France pendant quatre mois, avant que l’administration du parlement ne décide de les récupérer et d’en transférer une partie vers d’autres consulats européens, dont le consulat italien, précise Al Araby Aljadid.

    #Algérie #France #Visa #Députés #Macron