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  • Kadhafi, éliminé pour tuer le rêve des États-Unis d’Afrique

    Kadhafi, éliminé pour tuer le rêve des États-Unis d’Afrique

    Kadhafi, éliminé pour tuer le rêve des États-Unis d’Afrique – Hillary Clinton, OTAN, France, Etats-Unis, Sidney Blumenthal,

    Des courriels d’Hillary Clinton ont révélé que l’OTAN a tué Kadhafi pour empêcher la formation les États-Unis d’Afrique.

    Sur les 3 000 courriels publiés sur le serveur de messagerie privé d’Hillary Clinton fin décembre 2015, environ un tiers provenait de son proche confident Sidney Blumenthal. L’un de ces courriels, daté du 2 avril 2011, se lit en partie comme suit :

     » Le gouvernement de Kadhafi détient 143 tonnes d’or, et une quantité similaire en argent […]. Cet or a été accumulé avant la rébellion actuelle et devait être utilisé pour établir une monnaie panafricaine basée sur le dinar doré libyen.

    Ce plan était destiné à fournir aux pays africains francophones une alternative au franc français (CFA). »

    Dans un « commentaire de la source », l’email original déclassifié ajoute :

    « Selon des personnes bien informées, cette quantité d’or et d’argent est évaluée à plus de 7 milliards de dollars. Les agents des services de renseignement français ont découvert ce plan peu après le début de la rébellion actuelle, et c’est l’un des facteurs qui a influencé la décision du président Nicolas Sarkozy d’engager la France dans l’attaque de la Libye. Selon ces personnes, les plans de Sarkozy sont motivés par les questions suivantes :

    1. Un désir d’obtenir une plus grande part de la production pétrolière libyenne,

    2. Augmenter l’influence française en Afrique du Nord,

    3. Améliorer sa situation politique interne en France,
    4. Fournir à l’armée française une occasion de réaffirmer sa position dans le monde.
    5. Répondre aux préoccupations de ses conseillers concernant les plans à long terme de Kadhafi visant à supplanter la France en tant que puissance dominante en Afrique francophone. »

    Toute mention des préoccupations humanitaires est manifestement absente. Les objectifs étaient de se débarrasser de l’unification de l’Afrique, de l’argent, du pouvoir et du pétrole.

    Africa archives, 07/05/2022

    #Africa #Kadhafi #OTAN #Sarkozy



  • Forte demande: Air Algérie ferme ses réservations d’été

    Forte demande: Air Algérie ferme ses réservations d’été

    Forte demande: Air Algérie ferme ses réservations d’été – France, Espagne, Italie, Turquie, Canada, billets

    Belkaceme Haouame

    Conjointement aux instructions du Président de la République, Abdelmadjid Tebboune, de revoir les tarifs des transports maritimes et aériens au profit de la communauté algérienne à l’étranger, Air Algérie entame des communications avec ses différentes agences pour s’enquérir des détails de cette démarche et de demander la réservation de billets en prévision des vacances d’été, mais la compagnie aérienne a fermé les réservations et gelé la vente de billets d’été pour de nombreux pays qui connaissent une forte demande, c’est ce qu’Echorouk a découvert en visitant plusieurs agences d’Air Algérie à Alger, qui nous a confirmé que le processus de réservation de billets était gelé depuis des semaines pour la plupart des pays européens et le Canada, en raison de la demande qui dépassait largement l’offre pour les mois de juin, juillet et août.

    Le responsable chargé d’organiser le processus de réservation et de vente des billets a confirmé à « Echorouk » que les agences d’Air Algérie à l’intérieur et à l’extérieur du pays assistent ces jours-ci à un afflux important de clients pour s’enquérir du processus de réduction des prix des billets annoncé par le président de la République. Mais le processus est toujours à l’étude, ce qui les oblige à débloquer le nombre de vols de la compagnie vers différents pays pour en faire un succès, revenir au programme mis en place en 2019, et arrêter de travailler sur le schéma actuel qui dépend du retour partiel des vols ne dépassant pas 25% de la capacité d’Air Algérie qui a grand besoin, selon eux, d’intensifier le programme de vols pour relancer sa trésorerie et répondre aux besoins des clients.

    Des sources d’Echorouk au sein des agences d’Air Algérie ont déclaré que le retard dans l’annonce des nouveaux prix et la promotion des vols, a provoqué le mécontentement des clients qui sont tenus de réserver leurs dates de vacances à partir de maintenant et de réserver des billets pour organiser leurs agendas de travail, et le retard pour une période plus longue privera un grand nombre d’entre eux de bénéficier de l’offre annoncée par le président de la République, qui, selon eux, nécessite de la rapidité dans la mise en œuvre et de ne pas attendre l’approche de la saison d’été, « car cela entraînera une forte pression sur Air Algérie agences et le chaos dans le processus de réservation et de vente des billets ».

    Concernant le processus de gel des réservations estivales, des sources d’Echorouk ont ​​confirmé que l’affaire concernait de nombreux pays européens tels que la France, l’Espagne, l’Italie, voire la Turquie, le Canada et d’autres pays qui connaissent un afflux important de la communauté algérienne vivant à l’étranger, et l’affaire, selon pour eux, est due à la forte demande qui a dépassé l’offre plus de 10 fois, « cela nécessite un plan urgent pour les vacances d’été en utilisant la pleine capacité d’Air Algérie, qui attribuait 10 vols par semaine vers le Canada et des dizaines de des vols vers la France, qui reste la première destination des Algériens, puis la Turquie ».

    « Le processus d’indemnisation des détenteurs de billets non utilisés s’accélère, où les clients ont le choix entre compenser le prix ou bénéficier de nouveaux billets, et cela leur prend plus de temps, car il est lié à la trésorerie d’Air Algérie, qui a récemment connu une baisse des revenus en raison des vols de toiture, et avec le programme prévu pour l’été, le trésor récupérera davantage et le processus d’indemnisation doublera pour inclure tous les clients sans exception ».

    Echouroukonline, 04/05/2022

    #Algérie #Air_algérie #Réservations #Billets

  • Algérie. La France va-t-elle renégocier l’accord de 1968?

    Algérie. La France va-t-elle renégocier l’accord de 1968?

    Algérie. La France va-t-elle renégocier l’accord de 1968? – Xavier Driancourt, mémoire, Emmanuel Macron, colonisation,

    L’ancien ambassadeur de France en Algérie, Xavier Driancourt, est revenu sur le détail dans une précédente déclaration qui a suscité une grande polémique dans les milieux politiques et médiatiques lorsqu’il a déclaré que l’Algérie est vue dans les rouages ​​de la prise de décision à Paris comme une affaire intérieure française.

    Après avoir passé en revue sa précédente déclaration, l’ancien diplomate français a déclaré : « L’ambassadeur de France en Algérie traite généralement du passé. Il y a la question de la mémoire, mais il prépare sans doute l’avenir… Quant à notre diplomatie, l’Algérie fait l’objet de notre politique étrangère, au même titre que l’Ukraine ou la Chine. Mais c’est aussi un sujet de politique intérieure, étant donné que 10 % de la population française a un lien avec l’Algérie.

    Driancourt, qui a servi en Algérie en tant qu’ambassadeur à deux reprises, la première entre 2008 et 2012, et la seconde entre 2017 et 2020, a évoqué certains des antécédents qui étaient à l’origine du raisonnement abusif de l’année dernière du président français Emmanuel Marcon lorsqu’il a remis en question l’existence d’une nation algérienne avant l’occupation française en 1830.

    « J’imagine qu’Emmanuel Macron avait un objectif, qui est de réactiver le projet de « traité d’amitié » entre les deux pays, ou du moins de saisir l’opportunité de normaliser les relations avec l’Algérie. Il s’est appuyé sur le rapport de Benjamin Stora. Il a commencé par sa déclaration en 2017, dans laquelle il qualifiait les pratiques coloniales de « crimes contre l’humanité » que la France aurait commis en février 2017, alors qu’il était encore candidat à l’Elysée, mais s’est rendu compte plus tard qu’il n’a reçu aucun « retour » de ses interlocuteurs algériens », a expliqué Driancourt dans une interview au Figaro Vox publiée sur son site d’information.

    « Après la publication du rapport Stora en janvier 2021, le conseiller algérien (à la présidence de la République) en charge des archives et de la mémoire, Abdelmadjid Chikhi, par exemple, a déclaré que (le rapport) est un « problème franco-français » , sans autre commentaire. L’absence de réponse de la partie algérienne a laissé le président (Macron) déçu concernant l’Algérie, d’où les récentes déclarations d’Emmanuel Macron (en octobre 2021) sur le « commerce du dossier de la mémoire » de l’Algérie, a-t-il ajouté.

    Concernant l’opinion des Algériens sur son pays, l’ancien ambassadeur a déclaré : « Pour les Algériens, la France est l’ancien colonisateur que nous critiquons, mais c’est aussi le cousin voisin du pays, où chacun a un frère, une grand-mère, un… C’est aussi un visa, une chaire au lycée français d’Alger ou de la Sorbonne… », mais il a ignoré de dire que beaucoup des problèmes dont souffre l’Algérie aujourd’hui sont hérités de la période sombre de l’occupation française, qui a fait que l’Algérie a reculer à des années-lumière, du fait du vol de ses richesses, de l’appauvrissement et de l’ignorance de ses enfants et de leur exil au bout du monde.

    En revanche, le diplomate français a admis que la politique de son pays envers l’Algérie ces dernières années lui avait fait perdre nombre des privilèges dont il avait bénéficié : « ..en 2008, les entreprises françaises fournissaient 16 % des besoins du marché algérien. , et aujourd’hui le pourcentage est tombé à 10 %. Les décideurs algériens se sont largement tournés vers l’Italie, l’Espagne, l’Allemagne et bien sûr la Turquie et la Chine… ».

    A propos de l’accord de 1968 sur la circulation et le séjour des personnes signé entre l’Algérie et Paris, Driancourt a déclaré : « La circulation et l’installation des Algériens en France ont été négociées à une époque où l’on s’efforçait d’amener de la main-d’œuvre étrangère en France. Il a été renégocié trois fois, mais ses principes de base et ses exceptions au droit commun restent les mêmes. A chaque fois qu’on a voulu changer de fond, on a échoué, et aujourd’hui il va falloir mettre tout l’appareil en discussion, mais on a tendance à ranger des dossiers liés à l’Algérie, et ce point devrait être discuté avec d’autres, pour avoir une vraie vue d’ensemble de notre relation ».

    Echouroukonline, 03/05/2022

    #Algérie #France #Accord_1968 #Macron #Mémoire #Colonisation

  • Le Mali rompt les accords SOFA avec la France et l’UE

    Le Mali rompt les accords SOFA avec la France et l’UE – Sahel, Union Européenne, Barkhane, Takuba,

    Le Mali a annoncé, lundi soir, dénoncer les accords de défense avec la France et ses partenaires européens, fustigeant les « atteintes flagrantes » de la part des forces françaises présentes dans le pays à la souveraineté nationale et de « multiples violations » de l’espace aérien malien.

    Les autorités maliennes rompent les Accords de statut des forces (Status of Force Agreements, ou Sofa) fixant le cadre juridique de la présence au Mali des forces françaises Barkhane et européenne Takuba, ainsi que le traité de coopération en matière de défense conclu en 2014 entre le Mali et la France, a déclaré le colonel Abdoulaye Maïga, porte-parole du gouvernement, sur la télévision nationale.

    « Depuis un certain temps, le gouvernement de la République du Mali constate avec regret une détérioration profonde de la coopération militaire avec la France », a-t-il expliqué.

    Il a notamment cité « l’attitude unilatérale » de la France lors de la suspension, en juin 2021, des opérations conjointes entre les forces françaises et maliennes, l’annonce en février 2022, « encore sans aucune consultation de la partie malienne », du retrait des forces Barkhane et Takuba, et les « multiplies violations » de l’espace aérien malien par les appareils français malgré l’instauration par les autorités d’une zone d’interdiction aérienne au-dessus d’une vaste partie du territoire.

    #France #Mali #Barkhane #Takuba #Sahel #SOFA



  • Quand la France cautionne un coup d’État au Tchad

    Quand la France cautionne un coup d’État au Tchad – Idriss Déby, Mahamat Déby, Barkhane, Sahel, Serval, Mali,

    La France suit de près les pourparlers entre le gouvernement tchadien et les factions armées. En effet, le Tchad est un pays majeur dans le dispositif militaire français en Afrique, tant pour sa collaboration à l’opération Barkhane, la campagne militaire française contre les groupes islamistes dans la région du Sahel, que pour sa position stratégique par rapport à des voisins comme la République centrafricaine, le Soudan ou la Libye, des pays qui connaissent des crises profondes.

    La France a un long passé au Tchad. Elle a soutenu le coup d’État d’Hissène Habré en 1981 contre Goukouni Oueddei, jugé trop proche aux yeux des Occidentaux du leader libyen Mouammar Kadhafi. Habré installera une dictature responsable de dizaines de milliers de morts et sera condamné par un tribunal international pour crimes contre l’humanité. Cela n’empêchera nullement l’armée française de soutenir son régime, notamment contre les troupes libyennes lors de l’opération Manta en 1983. Habré est chassé du pouvoir comme il y était parvenu, par un coup d’État soutenu par la France. L’instigateur en est son chef d’état-major Idriss Déby. Ce dernier est resté aux affaires pendant 32 ans et s’est révélé être un soutien sans faille de l’armée française.

    Une pièce maîtresse

    Si le Tchad est un exportateur de pétrole, c’est pour une autre raison que la France s’intéresse de si près à ce pays. En effet, il est devenu au fil du temps l’une des pièces maîtresses de l’armée française. Rappelons que le poste de commandement de l’opération Barkhane est basé à N’Djamena, la capitale tchadienne. Idriss Déby a eu des ennuis pour sa gestion de la manne pétrolière. Il a été accusé, à juste titre, de dilapider l’argent dans la corruption et de maintenir une armée coûteuse alors que le Tchad est proche du bas de l’indice de développement humain (IDH) (187e sur 189 pays). Mais Déby a réussi à faire de la politique sécuritaire une rente. Ainsi, lors de l’opération Serval au Mali contre les troupes djihadistes, ce sont les combattants tchadiens qui étaient en première ligne et ont payé un lourd tribut en vies humaines.

    Malgré les innombrables exactions de Déby contre ses opposants, les autorités françaises lui ont sauvé la mise à plusieurs reprises. C’est au cours d’un de ces affrontements que Déby en a profité pour liquider son principal adversaire, le mathématicien Ibni Oumar Mahamat Saleh, qui avait toujours refusé de cautionner la violence politique.

    Dictateur de père en fils

    Idriss Déby est tué en 2021, alors qu’il dirige une énième opération contre les rebelles armés. Constitutionnellement, le président de l’Assemblée nationale aurait dû assurer l’intérim. Mais pour le clan Déby, il était hors de question de laisser le pouvoir, même pour quelques semaines, à une personne extérieure à la famille. Un Conseil militaire de transition a donc installé le fils du dictateur défunt, Mahamat Idriss Déby, au pouvoir. Ce dernier dissout le Parlement, abroge la Constitution et réprime dans le sang les manifestations de protestation. En bref, il a organisé un coup d’État classique.

    Macron a avalisé ce putsch pour maintenir le statu quo nécessaire à l’intervention militaire au Sahel. Cette décision française est importante pour la respectabilité de la junte. Cette dernière n’a pas été suspendue de l’Union africaine, ni de la CEEAC, l’organisme régional d’Afrique centrale, ni condamnée par l’Union européenne et les États-Unis, contrairement aux juntes du Mali et de la Guinée.

    Des tractations pour cacher la dictature

    Pour faire bonne mesure, les autorités tchadiennes se sont lancées dans une grande consultation « inclusive » qui devrait avoir lieu le 10 mai. Elle est précédée d’un pré-dialogue avec les factions armées du pays, qui se déroule au Qatar, et de discussions avec l’opposition civile.

    Les discussions avec les groupes armés sont très discrètes. Les propositions gouvernementales qui ont fuité n’ont rien de nouveau : DDR (désarmement, démobilisation et réintégration) des combattants en échange d’une cessation des hostilités et d’une immunité. En fait, comme par le passé, les questions de la participation au gouvernement des chefs rebelles, avec les rentes financières qui vont avec, sont âprement négociées. Les discussions avec l’opposition civile sont au point mort. Wakit Tama, la principale coordination des partis politiques, des syndicats et des ONG, a quitté la table des négociations suite à « une analyse globale de la situation qui met en évidence une incapacité totale de la junte et de son gouvernement à prendre à bras le corps les problèmes du Tchad. »

    Une fois de plus, c’est le peuple tchadien qui fera les frais de la realpolitik imposée par les considérations militaires de la France.

    Paul Martial

    International viewpoint, 02/05/2022

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    #Tchad #France #Barkhane #Serval #Mali #Idriss_Déby #MahamatIdrissDéby

  • La nausée

    La nausée – Algérie, France, colonisation, crimes coloniaux, mémoire, massacres, génocide,

    Par Mohamed Koursi

    25avril 1945, le Duce est fusillé et pendu par les pieds au carrefour du Piazzale Loreto, à Milan. Hitler se suicide à Berlin six jours plus tard, et Little Boy et Fat Man mettent fin à la Seconde Guerre mondiale.

    8 mai 1945, après cinq ans et huit mois du plus meurtrier des conflits qu’aient connus l’humanité, les carillons retentissent. L’Europe danse sur toutes les places publiques. À Bełżec, Sobibór, Treblinka, Auschwitz–Birkenau… le monde découvre l’horreur et se promet que plus jamais «une guerre de civilisation» au nom d’une race ne soit menée. Les Alliés promettent d’éliminer l’odeur de la Seconde Guerre mondiale, au moment où Sartre devient une star parisienne. L’existentialisme dont il se revendique rassure quelque part les Français qui veulent oublier Vichy. Il apporte la caution de celui qui n’a pas été collaborationniste sans être résistant. Avec Simone de Beauvoir, il fonde «Les Temps modernes» et se dirige mentalement vers une rupture avec les socialistes et les communistes qui venaient d’applaudir à la sanguinaire pacification dans l’Est algérien et qui voteront, une dizaine d’années plus tard, les pouvoirs spéciaux pour Massu.

    Oui, quittons le continent européen. 8 mai 1945, les cloches des églises sonnent également dans les colonies. En Algérie, 150.000 indigènes ont pris les armes aux côtés des Alliés. La joie, la liesse, l’amour… Dans un discours radiodiffusé, De Gaulle pouvait affirmer, ce 8 mai : «Tandis que les rayons de la Gloire font une fois de plus resplendir nos drapeaux, la patrie porte sa pensée et son amour, d’abord, vers ceux qui sont morts pour elle, ensuite vers ceux qui ont, pour son service, tant combattu et tant souffert ! … Dans la joie et la fierté nationale, le peuple français adresse son fraternel salut à ses vaillants alliés… ». Le temps est-il venu pour des appels pacifiques à la liberté ? À Setif, Guelma, Kherrata et d’autres hameaux, la France, qui avait applaudi son général pour son sens de l’expression sur l’outrage fait à «Paris brisé, martyrisé, mais libéré», va, hélas, assassiner, exécuter, bombarder, brûler et faire disparaître des milliers de corps dans des fosses communes, pour faire taire cet appel.

    Armée, police, milices, coupables d’assassinats de masse, enfants, femmes, personnes âgées désarmées abattues à bout portant. Dans les villages et les villes, les forces coloniales ont regroupé des Algériens, transportés dans des camions et jetés dans des ravins, alors que d’autres sont emmenés en dehors des villes pour être exécutés. Leurs corps brûlés sont ensuite ensevelis dans des fosses communes. Des fours à chaux ont été utilisés par l’armée française pour se débarrasser des cadavres. «Du soir au matin, on empilait dans le four à chaux (le «four crématoire des minoteries Lavie», à Héliopolis, près de Guelma) les corps des fusillés… Pendant dix jours, on brûla sans discontinuer. L’odeur à la ronde était insupportable. Il suffit d’interroger les habitants de l’endroit…». Il fallait faire disparaître les preuves. «Avec la venue de l’été, la chaleur monte… et l’odeur de la mort. Vers Guelma, faute de les avoir tous enterrés assez profond ou brûlés, trop de cadavres ont été jetés dans un fossé, à peine recouverts d’une pelletée de terre.

    Les débris humains sont transportés par camion. Le transport est effectué avec l’aide de la gendarmerie de Guelma pendant la nuit. C’est ainsi que les restes des 500 musulmans ont été amenés au lieu-dit «fontaine chaude» et brûlés dans un four à chaux avec des branches d’oliviers.»

    Il ne s’agit pas d’une folie meurtrière localisée dans une région, mais d’un programme d’extermination validé au plus haut sommet de l’État. La France humiliée, disloquée en trois semaines par la Wehrmacht, marquée du sceau de l’infamie par Vichy, pensait laver son affront en Algérie sur des «indigènes» désarmés, femmes et enfants qui défilèrent en brandissant, croyaient-il légitimement, le drapeau algérien. Après tout, on fêtait la Libération, et nous, Algériens, avons participé à cette victoire. De Gaulle, dès le 10 mai, envoie un télégramme au gouverneur de l’Algérie : «…Veuillez affirmer publiquement la volonté de la France victorieuse de ne laisser porter aucune atteinte à la souveraineté française sur l’Algérie. Veuillez prendre toutes les mesures nécessaires pour réprimer tout agissement anti-français d’une minorité d’agitateurs… ». La commission Tubert (du nom du général qui l’a présidée), chargée d’enquêter sur ces massacres, reçut l’ordre de rentrer sur Alger. Son rapport jamais terminé est resté frappé du sceau de secret-défense des décennies. Peut-être qu’à Paris, on n’aimait pas l’odeur de la campagne algérienne… Dix ans plus tard, cette même France va gazer des Algériens. Ce même De Gaulle va donner le feu vert par la création de «sections spéciales» qui vont opérer dans le plus grand secret (même les autres corps d’armées ne sont pas au courant), pour «nettoyer» les grottes. Armés de gaz, masqués, habillés de combinaisons, ils vont traquer, pourchasser, bloquer dans des grottes, les combattants de l’ALN, mais aussi des femmes, des enfants et personnes âgées qui ont cru échapper aux zones interdites, aux centres de regroupements et au napalm.

    ET L’ODEUR?

    «Elle était âcre. Comme certains produits qu’on emploie pour nettoyer, exactement la même odeur [… ]. On appelait ça les “chandelles à gaz”, qui équivalaient à des centaines de grenades. Celui gazé par ça, s’il restait un quart d’heure, il était mort, asphyxié. Ça attaquait les poumons.» un siècle auparavant, En 1845, dans des grottes du massif du Dahra, à Nekmaria (Mostaganem), le lieutenant-colonel Aimable Pélissier piégea les Ouleds riahs, y entassa des fagots de bois, alluma le feu et les enfuma, devenant ainsi, avec presque un siècle d’avance, l’un des pères des chambres à gaz. «Pendant des heures, on entend, venant des grottes, des hurlements de bêtes et d’êtres humains mêlés aux craquements sourds de la roche qui éclate par endroits sous l’effet de la chaleur. Deux jours plus tard, quand les premiers soldats s’avancent en reconnaissance, il règne sur les lieux un silence de sépulcre. Le sol est jonché de plusieurs centaines de cadavres de moutons, d’ânes, de bœufs, de femmes, de vieillards, d’hommes et d’enfants.»

    Politis, mai 2022

    #Algérie #France #Crimes_coloniaux #mémoire

  • « La guerre des grottes » dans la Guerre d’Algérie – Politis-

    « La guerre des grottes » dans la Guerre d’Algérie – Politis-

    « La guerre des grottes » dans la Guerre d’Algérie – Politis- France, colonisation, gaz toxiques, guerre de libération, ALN, moudjahidines,

    La revue mensuelle Politis a mis la lumière, dans son dernier numéro, sur une page sombre de la colonisation pendant la Guerre de libération nationale durant laquelle l’armée française a eu recours aux gaz toxiques contre les moudjahidine et les civils, dont des femmes et des enfants, enfermés dans des grottes.

    Sous le titre générique « La guerre des grottes », le mensuel édité par le quotidien El-Moudjahid, revient sur ce « dossier explosif qui remonte à la surface 65 ans plus tard », illustré par des articles et photos d’archives.

    Evoquant des crimes « souterrains » commis par le colonialisme français entre 1956 et 1961, Politis revient, dans le détail, sur cette page sombre de l’histoire qui « fait partie des secrets verrouillés par la France sur la guerre d’Algérie ».

    L’auteur de l’article mentionne que c’est sous « le secret le plus total, au plus haut sommet de l’Etat français, qu’a été prise la décision de créer des +sections spéciales+ entièrement coupées de l’armée française, chargées de mener une sale guerre, à coups de gaz, dans les grottes où se repliaient les combattants de l’ALN et, très souvent, des civils, femmes et enfants que les ratissages, les exactions et les bombardements au napalm avaient forcés à quitter leurs hameaux ».

    Le général De Gaulle avait donné le feu vert pour la création de « sections spéciales » qui vont opérer dans le plus grand secret (même les autres corps d’armées n’étaient pas au courant), pour « nettoyer » les grottes, écrit le même auteur, précisant qu’il s’agit d’un « crime d’Etat méconnu en raison d’un accès impossible aux archives ».

    Dans un entretien accordé à Politis, Christophe Lafaye, docteur en histoire, estime, dans ce sens, qu’il est « urgent » d’ouvrir toutes les archives, soulignant qu’à travers « la guerre des grottes », le ministère des Armées de la 4ème République « croit en l’utilisation de la chimie à des fins militaires pour remporter la victoire. C’est ainsi que l’emploi de gaz toxiques est décidé ».

    Dans un autre article, d’anciens membres de ces sections spéciales reconnaissent qu’ »ils ont laissé les cadavres de combattants algériens dans les grottes. Les entrées étaient détruites lorsque cela était possible », ajoutant que le nombre de disparus de cette guerre « souterraine » est « inconnu ». Leurs familles « n’ont pas su s’ils étaient morts, ni dans quelles conditions », ont-ils confié.

    Des historiens et journalistes, dont Christophe Lafaye et Gilles Manceron, ont lancé, le 7 avril 2022, un appel aux autorités françaises pour que les archives militaires « cadenassées » sur le recours aux armes chimiques par l’armée française dans des grottes pendant la Guerre d’Algérie soient « ouvertes et consultables », rapporte Politis.

    La même publication note qu’un documentaire sur « la guerre des grottes » est en préparation, mais ses initiateurs ont du mal à le réaliser, en raison des difficultés d’accès aux archives.

    Dans ce sens, il est écrit que 60 ans après la fin de la colonisation et de la Guerre de libération nationale, « on parle d’un +apaisement de mémoires+ ». Mais, « est-ce possible si la mémoire n’est pas d’abord restituée et si l’accès aux archives reste encore partiel », s’interroge l’auteur qui conclut: « il en est ainsi de la guerre des grottes ».

    Réveil d’Algérie, 01/05/2022

    #Algérie #France #ALN #Politis #Gaz_toxiques #Mémoire

  • L’Algérie rouvre ses consulats en France

    L’Algérie rouvre ses consulats en France – Ambassade de Paris, prestations consulaires, services consulaires, communauté algérienne,

    Plus de crise de nerfs face à l’écran de votre téléphone ou de votre ordinateur. Après deux ans d’agacements et de contraintes, les ressortissants algériens en France pourront retrouver les murs des consulats et les agents qui y travaillent à partir du 1er mai. Pourvu que le sourire ne soit pas remplacé par les grimaces à l’occasion de ces retrouvailles. C’est une évidence qu’il n’est pas inutile de rappeler avec insistance: ces agents doivent leur poste à cette communauté au service de laquelle ils sont affectés.

    Avec la fin observée de la crise sanitaire, l’ambassade d’Algérie à Paris a décidé de mettre fin à l’obligation de prise en rendez-vous en ligne pour accéder aux prestations consulaires. L’ambassade a diffusé jeudi 28 avril un communiqué annonçant cette ouverture.



    “L’amélioration des conditions sanitaires et la levée des diverses restrictions permettent, à présent, ce mode d’organisation qui ne répond plus aux attentes de nos concitoyens, notamment à l’approche de la saison estivale et au regard de l’augmentation des dessertes aériennes à destination de plusieurs villes de notre pays”, peut-on y lire.

    “Aussi est-il porté à la connaissance des membres de notre communauté qu’ils ne sont plus tenus à l’exigence d’une prise de rendez-vous via les sites de nos consulats généraux pour l’obtention des documents administratifs”. Evidemment, les démarches en ligne vont être maintenues pour ceux qui préfèrent cette voie.

    Une bonne nouvelle donc qui va sans doute réjouir en priorité les chibanis qui figurent en bonne place dans l’armée des “illectroniques”, ces usagers qui n’ont pas une maîtrise de l’internet et plus généralement de l’outil informatique. Rien ne peut remplacer le contact humain.

    Le réseau consulaire d’Algérie en France est constitué de 18 consulats généraux et consulats répartis sur tout le territoire français, ayant pour mission principale la protection des intérêts des citoyens algériens en France. Les missions consulaires sont ouvertes du mardi au samedi.

    De Paris, Nidal Aloui

    Le Jeune Indépendant, 29/04/2022

    #Algérie #Consulats #France

  • Alger exige des preuves sur l’origine du gaz envoyé au Maroc

    Alger exige des preuves sur l’origine du gaz envoyé au Maroc – Espagne, Sahara Occidental, gazoduc Maghreb-Europe, Italie, France, Europe, GNL,

    Alger exige que Madrid et Rabat certifient l’origine de chaque lot de gaz envoyé au Maroc.

    Alger exige que Madrid et Rabat certifient l’origine de chaque lot de gaz envoyé au Maroc.
    L’exigence de l’Algérie, difficile à respecter, augmente le risque de priver l’Espagne des hydrocarbures algériens.
    Par Ignacio Cembrero
    L’Algérie a serré un peu plus la vis à l’Espagne jeudi, 24 heures après que celle-ci a réactivé le gazoduc Maghreb-Europe (GME) pour envoyer au Maroc le gaz qui lui manque depuis que le président algérien, Abdelmajid Tebboune, l’a fermé en octobre en représailles à l’hostilité du Maroc envers son pays. Les nouvelles exigences formulées par Alger jeudi sont difficiles à respecter, ce qui augmente le risque que le voisin algérien finisse par dénoncer ses contrats gaziers avec l’Espagne. Au premier trimestre de cette année, l’Algérie a fourni 26,1 % du gaz consommé par l’Espagne par le biais du Medgaz, le seul gazoduc encore en service entre les deux pays.

    La vice-présidente chargée de la transition écologique, Teresa Ribera, a assuré à Alger à plusieurs reprises – la dernière fois hier à Séville – qu’en aucun cas le gaz algérien ne sera fourni au Maroc. Son homologue marocaine, Leila Benali, a expliqué au début du mois que son pays achèterait du gaz naturel liquéfié (GNL) sur le marché international, qui serait déchargé et regazéifié dans une usine espagnole et finalement introduit dans le tuyau pour être envoyé vers les centrales électriques de Tahaddart (Tanger) et Ain Beni Mathar (dans l’est du pays), qui sont fermées depuis que le flux en provenance d’Algérie a été coupé il y a six mois. Elles produisaient un peu plus de 10 % de la consommation d’électricité du pays. Le Maroc ne dispose pas d’usines de regazéification, ce qui l’empêche de décharger le gaz qu’il acquiert dans ses ports. « Le gouvernement estime qu’il est nécessaire de répondre à l’appel à l’aide du Maroc, qui cherche une alternative à ses besoins électriques et industriels », a expliqué Teresa Ribera à Séville. Le gouvernement a répondu à cet appel en entamant des pourparlers avec Rabat fin 2021, alors que la crise avec l’Espagne, déclenchée un an plus tôt par les autorités marocaines, perdurait.

    « (…) Nous mettons à disposition, en termes commerciaux, les infrastructures pour le Maroc, mais avec la condition indispensable que ce soit le Maroc qui contracte le gaz naturel liquéfié » qui transite « par ce tuyau, en sens inverse, nord-sud, et que l’origine de ce gaz et le lieu où ce gaz est déchargé soient transparents et publics, afin que nous puissions être sûrs que le volume, l’origine et la destination soient conformes à cet engagement avec l’Algérie », a souligné le vice-président, selon l’agence Europa Press. « Le vice-président espagnol a donné des assurances au ministre algérien de l’Énergie, Mohamed Akrab, mais malgré cela, le Maroc et les infrastructures espagnoles de regazéification doivent certifier de manière transparente et publique l’origine des cargaisons de GNL » qui seront envoyées par le gazoduc Maghreb-Europe, a déclaré une source gouvernementale algérienne à El Confidencial. Il reste à voir si le Maroc accepte de rendre public à quels pays, en quelles quantités et où le GNL qu’il acquiert est regazéifié avant d’être introduit dans le gazoduc. Il n’y a aucune obligation légale de le faire. S’il accepte de le faire, ce sera pour ne pas mettre le gouvernement espagnol en difficulté avec l’Algérie. Le GNL destiné au Maroc sera regazéifié dans l’une des six usines existantes en Espagne, qui appartiennent toutes, partiellement ou totalement, à Enagás, une entreprise publique.

    « Le travail a commencé ».

    Il reviendrait donc au directeur technique du système gazier, qui dépend d’Enagas, de fournir les certifications. « Suite aux indications du ministère de la Transition écologique, les travaux ont commencé en ce sens », indiquent des sources de l’entreprise publique. Il s’agit d’une opération sans précédent dans l’histoire d’Enagas. Du côté marocain, on s’attend à ce que l’Office national des hydrocarbures et des mines (ONHYM) fasse de même dans le cas peu probable où Rabat accepterait. Que se passera-t-il si les informations demandées par les autorités algériennes ne sont pas rendues publiques au Maroc dans les termes exigés par Alger ? Le responsable algérien a évité de répondre à la question, affirmant qu’elle était prématurée. Il a insisté sur le fait que les assurances du vice-président n’étaient pas suffisantes. Le ministère algérien de l’énergie a averti dans un communiqué mercredi que « toute expédition de gaz naturel algérien fourni à l’Espagne, dont la destination n’est pas celle prévue dans les contrats, sera considérée comme une violation des engagements contractuels et, par conséquent, pourrait entraîner la résiliation du contrat qui lie Sonatrach [compagnie publique algérienne d’hydrocarbures] à ses clients espagnols », notamment Naturgy.

    Derrière la pression algérienne croissante sur l’Espagne se cache la colère suscitée par l’alignement du Premier ministre Pedro Sánchez sur le Maroc dans le conflit du Sahara occidental, comme en témoigne la lettre qu’il a envoyée au roi du Maroc, que ce dernier a rendue partiellement publique le 18 mars. Le lendemain, Alger rappelle son ambassadeur en Espagne, Saïd Moussi, pour des consultations. Alger est également irritée par le fait que le gouvernement espagnol va utiliser le gazoduc pour combler le déficit énergétique dont souffre le Maroc depuis que le président Tebboune a coupé son approvisionnement en gaz. L’Algérie, troisième exportateur de gaz vers l’Europe, est désormais un pays très convoité car il peut atténuer la dépendance énergétique de plusieurs pays européens vis-à-vis de la Russie. Si elle décide de rompre avec l’Espagne, elle pourrait trouver d’autres clients à moyen terme, à commencer par l’Italie, avec laquelle elle a approfondi ses liens énergétiques le 11 avril à l’occasion du voyage du Premier ministre Mario Draghi à Alger. Sa visite a été suivie par celle du ministre français des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, qui s’y est rendu pour étudier la possibilité d’augmenter les achats de gaz.

    L’Italie ou la France vont-elles acheter du gaz ?

    Si Alger annule les contrats de Naturgy, la société espagnole avec laquelle Sonatrach les a signés, cela mettra à l’épreuve la solidarité intra-européenne. L’Italie ou la France vont-elles acheter le gaz qui n’est plus vendu à l’Espagne ? « L’Algérie émettra également des doutes sur sa fiabilité en tant que grand exportateur de gaz », déclare un diplomate espagnol ayant une expérience du Maghreb. Une hypothétique coupure des approvisionnements algériens vers l’Espagne serait un problème sérieux, mais moins que l’année dernière. Les importations espagnoles de GNL en provenance des États-Unis ont augmenté de 460 % au cours du premier trimestre de cette année par rapport à la même période en 2021. Au cours des trois premiers mois de cette année, près de 37% du gaz consommé en Espagne était américain – en mars, ce pourcentage était de 43,3% – tandis que le gaz algérien ne représentait que 26,1%, un niveau historiquement bas. Avec les six centrales d’Enagás, l’Espagne possède à elle seule un tiers de la capacité de regazéification de l’Europe. Elle pourrait encore augmenter ses achats de GNL, pas seulement aux États-Unis, pour compenser une hypothétique réduction des approvisionnements algériens. Elle paierait cependant plus cher le GNL que le gaz qui arrive par le gazoduc Medgaz, qui fait l’objet de contrats à long terme, avec des prix inférieurs aux prix du marché, et qui n’a pas besoin d’être regazéifié à l’arrivée.

    El Confidencial, 28/02/2022

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  • Les Algériens se détournent de la langue française

    Les Algériens se détournent de la langue française

    Les Algériens se détournent de la langue française – Héritage colonial, mémoire, crimes coloniaux, Guerre d’Algérie,

    L’héritage colonial de la France
    Les Algériens se détournent du français
    Un nombre croissant de ministères du gouvernement algérien annoncent qu’ils abandonneront le français à l’avenir. Ils réagissent peut-être à l’humeur de la population, mais cette décision est également délibérée.

    La ministre algérienne de la culture, Wafaa Chaalal, est à la télévision, à la recherche de mots. La conversation est en arabe – et ce n’est un secret pour personne que les Algériens passent souvent au français, ou du moins intègrent tellement de vocabulaire français qu’il chevauche rapidement l’arabe. La présentatrice égyptienne interroge la ministre sur la forte influence du français dans son pays d’origine. Avec un sourire amical, elle poursuit qu’elle connaît beaucoup d’Algériens qui parlent plus le français que l’arabe.

    Le ministre attribue cela à la forte influence française dans l’éducation. Puis elle ajoute : « On pense en français et on parle arabe. C’est pour ça que certains mots ne nous viennent pas si vite. » La présentatrice ne comprend pas très bien, et tente de la corriger : « Tu penses en arabe et tu parles en français. » Non, l’inverse, répond le ministre de la culture. La présentatrice semble avoir du mal à la croire. Sa question suivante, sur la différence entre la pensée française et la pensée arabe, doit être abandonnée. La question est trop sensible pour Chalaal.

    L’interview a déclenché un flot de commentaires sur les réseaux sociaux. De nombreux Algériens ont déclaré que Chaalal ne parlait qu’au nom de l’élite francophone, qui se répartit les postes gouvernementaux de prune entre eux, plutôt qu’au nom du peuple algérien, qui parle arabe. Un commentaire affirmait que « quand ils veulent tuer l’identité d’un peuple, ils tuent d’abord la langue » ; un autre a écrit que « leurs paroles sont vraies, tous les fonctionnaires sont francisés; mais nous n’acceptons pas la vérité, nous vivons comme des autruches qui s’enfouissent la tête dans le sable ».

    De plus en plus, l’état d’esprit qui prévaut au sein de la population est reconnu par les politiciens : ces derniers mois, plusieurs ministères ont banni le français – la langue de l’ancienne puissance coloniale – de la correspondance officielle. En octobre dernier, le ministère de la jeunesse et des sports, le ministère de la formation professionnelle et le ministère du travail, de l’emploi et de la sécurité sociale ont rendu l’arabe obligatoire à la place. Début avril, le ministère de la culture, désormais dirigé par Soraya Mouloudji, a emboîté le pas. De tels développements doivent également être considérés dans le contexte de la querelle diplomatique entre Alger et Paris l’automne dernier. Du moins, officiellement.

    Emmanuel Macron a demandé si l’Algérie avait déjà été une nation avant l’époque coloniale
    À l’époque, les déclarations du président français Emmanuel Macron dans Le Monde ont provoqué une crise diplomatique entre les deux États. Macron a accusé le « système politico-militaire » algérien de toujours utiliser le colonialisme pour excuser ses propres échecs. « Depuis 1962, la nation algérienne se nourrit d’une mémoire qui dit que la France est le problème », a déclaré Macron dans le journal français. De plus – et cela provoqua un tollé à Alger – il se demanda si l’Algérie avait jamais été une nation avant l’ère coloniale.

    Les troupes françaises ont occupé l’Algérie dès 1830 et ont déclaré le pays d’Afrique du Nord une province française. Un massacre de dizaines de milliers d’Algériens à Sétif commis par les troupes coloniales françaises en mai 1945 a conduit au renforcement du mouvement indépendantiste algérien. En 1954, sous la direction du FLN (Front de Libération Nationale), la soi-disant guerre d’Algérie contre la puissance coloniale française a commencé, qui a abouti à l’indépendance du pays en 1962. La lutte pour la libération a été brutalement réprimée par les troupes françaises et des centaines de milliers d’Algériens ont été tués.

    En conséquence, le gouvernement d’Alger a rappelé son ambassadeur à l’automne dernier et a suspendu les droits de survol des avions militaires français au-dessus du Sahel. Macron a fait savoir peu après – par l’intermédiaire d’un conseiller – qu’il regrettait la « polémique » et les « malentendus ». Début décembre dernier, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, s’est rendu en Algérie. Au bout de trois mois, la crise diplomatique était terminée. Mais pas un seul représentant officiel du gouvernement algérien n’a pris part à la commémoration du 60e anniversaire du cessez-le-feu dans la guerre d’Algérie qui s’est tenue fin mars. Macron a appelé à une nouvelle réconciliation entre la France et l’ancienne colonie française.

    Mais les déclarations controversées de Macron à Alger ne sont pas oubliées, estime le politologue algérien Zine Labidine Ghebouli. Le jeune homme de 26 ans étudie les relations euro-méditerranéennes à l’Université de Glasgow. « Les propos de Macron ont alimenté une ancienne rivalité linguistique et socioculturelle et conduit à un scepticisme post-colonial accru », dit-il. Mais il décrit la décision de la nouvelle ministre de la Culture principalement comme une « bataille traditionnelle de son camp conservateur contre l’élite culturelle francophone » et une « stratégie de relations publiques pour capitaliser sur les propos de Macron pour gagner en popularité ». L’Algérie connaît une profonde mutation sociale, après laquelle, estime Labidine, les Français ne bénéficieront plus des mêmes privilèges et du même statut d’élite.

    Les jeunes se détournent de la langue française

    Le sentiment anti-français a augmenté dans le pays au cours des trois dernières années, dit Labidine. Elle est également liée, dit-il, au mouvement de protestation Hirak, qui appelle à une réorganisation complète du système politique qui existe en Algérie depuis l’indépendance. Au cours des trois dernières années, le mouvement a su mobiliser des centaines de milliers de manifestants – pour d’abord renverser le président de longue date Abdelaziz Bouteflika, puis pour lutter contre le réseau politique des militaires, des services secrets et des magnats de l’industrie encore au pouvoir aujourd’hui.

    Le président Abdelmadjid Tebboune, élu fin 2019, est perçu par de nombreux Algériens comme un partisan de l’ancien système. Des slogans et des pancartes anti-français ont pu être entendus et vus à plusieurs reprises lors des manifestations – des slogans tels que « Partout où il y a la France, la destruction vient » ou « Macron, va, tu n’es pas le bienvenu au pays des martyrs ».

    Lors des manifestations, les manifestants ont à plusieurs reprises établi des parallèles entre leurs revendications et la lutte anticoloniale, raconte Andrew Farrand. L’auteur de « Le rêve algérien : la jeunesse et la quête de la dignité », paru en 2021, ajoute que la jeune génération, notamment, s’éloigne de plus en plus de la langue française. Près des deux tiers de la population algérienne ont moins de 35 ans. Farrand a vécu en Algérie de 2013 à 2020 pour voir ce qui fait vibrer « la prochaine génération du géant endormi de l’Afrique du Nord », comme il l’écrit dans son livre. L’Algérie est le plus grand pays d’Afrique par sa superficie. Bien qu’il existe des différences significatives selon la région et la classe, dit Farrand, de nombreux jeunes Algériens se sentent aujourd’hui moins à l’aise d’utiliser le français que leurs parents ou grands-parents.

    Les entrepreneurs algériens se plaignent souvent de ne pas trouver de jeunes employés capables d’écrire ou de parler correctement le français, nous dit Farrand. De plus, « Les jeunes grandissent dans un monde en ligne. L’anglais a pris un nouveau sens et le français ressent vraiment la chaleur pour la première fois. » Cette tendance est également évidente dans d’autres domaines. Lorsque le principal journal francophone Liberté a cessé de paraître la semaine dernière après trente ans, seule une petite minorité francophone a pleuré sa perte.

    Les seuls jeunes Algériens exemptés de cette évolution sont ceux qui flirtent avec l’idée d’émigrer en France. Malgré le fait qu’ils sont de plus en plus nombreux à être conscients que la vie peut être difficile pour les migrants algériens en France. Surtout avec la montée de l’extrême droite. Bien que Marine Le Pen ait une fois de plus échoué aux urnes, elle a recueilli plus de soutien populaire que jamais.

    Dunja Ramadhan

    © Suddeutsche Zeitung

    Qantara.de, 25/04/ 2022

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