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  • Sahel: Guerre de l’information entre la France et la Russie

    Sahel: Guerre de l’information entre la France et la Russie – Mali, groupe Wagner, Gossi, Barkhane, Takuba, charnier,

    Sahel : dans la guerre de l’information, l’armée française réplique et accuse le Groupe Wagner
    Les militaires français ont filmé ce qu’ils affirment être des mercenaires russes en train d’enterrer des corps près de la base de Gossi, dans le nord du Mali.

    La guerre de l’information n’a pas encore fixé toutes ses règles, mais le geste de l’armée française répond sans aucun doute à la définition d’une riposte. Fait rare, celle-ci a communiqué auprès de plusieurs médias, dont Le Monde, une vidéo dans laquelle on peut distinguer 11 hommes en tenue militaire entourant un charnier, certains d’entre eux creusant le sable et ensevelissant une dizaine de dépouilles, et dont l’objectif était de faire porter la responsabilité du massacre aux soldats de l’opération « Barkhane ».


    Comme Le Monde a pu le confirmer de manière indépendante, la scène a été filmée dans le nord du Mali, à moins de 4 km de la base militaire de Gossi, que les militaires français avaient quittée deux jours avant. La qualité des images de cette vidéo, prise par des moyens aériens, ne permet pas de déterminer la pigmentation de la peau des personnes qui entourent les cadavres, mais les treillis ne correspondent pas à ceux de l’armée malienne. « Des renseignements très précis nous font dire que ce sont les hommes de Wagner. On n’a aucun doute », affirme l’armée française.

    Selon un officier, cette information est confirmée par des renseignements électromagnétiques, cyber et humains. « Notre mission reste le combat contre les groupes armés terroristes [GAT], pas la surveillance de Wagner, mais l’on se doutait qu’il allait se passer quelque chose après notre départ de Gossi, qu’une manipulation allait se produire. On a donc anticipé », explique-t-il, rappelant les précédentes accusations ayant visé les militaires de « Barkhane » : exactions diverses, trafic d’or ou d’armes à destination des djihadistes, comme lorsqu’un convoi français avait été bloqué à Téra, au Niger, en novembre 2021, provoquant la mort de trois manifestants.

    « Manœuvres de désinformation »
    Pour l’armée, une main se cache derrière « ces manœuvres de désinformation » visant à ternir l’image de la France et l’action de ses soldats qui se retirent du Mali : le groupe russe Wagner, considéré comme très proche du Kremlin, qui, après la Centrafrique, a déployé, selon l’état-major, plus de 1 000 mercenaires aux côtés de la junte malienne depuis le début de l’année.

    Après avoir transféré, mardi 19 avril, à la suite d’un état des lieux « approfondi », la base de Gossi aux Forces armées maliennes (FAMa), l’armée française maintient une surveillance sur la zone et sur les réseaux sociaux. Selon l’état-major, « un capteur français », observe tout d’abord, mercredi en fin d’après-midi, l’installation sur le site de Gossi d’« une dizaine d’individus de type caucasien, appartenant très probablement au Groupe Wagner », et d’un détachement de militaires maliens. Puis une photo aérienne du camp est prise à 21 h 55, montrant un petit groupe de soldats, probablement maliens, dormant à la belle étoile, à côté de tentes.

    « Quand on a vu un premier tweet mercredi à 22 h 06 [évoquant “un crime contre le peuple malien fait par le Français” (sic)], on s’est dit que c’était le premier acte d’une attaque informationnelle, relate l’état-major. Le lendemain vers midi, une première photo est apparue, c’était l’acte 2. » Celle-ci dénonce sur Twitter : « C’est ce que les Français ont laissé derrière eux quand ils ont quitté la base à Gossi. (…) On peut pas garder le silence sur ça ! » L’acte 3 sera la publication d’une vidéo, jeudi, peu après 16 h 30.

    « La preuve d’une manipulation »
    L’auteur des tweets, Dia Diarra, se présente comme un « ancien militaire/patriote malien/analyste politique » et affiche sur son profil la photo du colonel Assimi Goïta, le président de transition du Mali. Quelques jours plus tôt, Dia Diarra affichait celle d’Alexander Murillo, un Colombien inscrit sur le réseau social russe VKontakte. « Il s’agit très certainement d’un faux profil créé par Wagner », juge l’armée, qui, cette fois, se trouve en mesure de répliquer dans la « guerre informationnelle » qui lui est livrée.

    En effet, jeudi 21 avril à 9 h 50, « par chance », dit-elle, un drone a filmé la scène d’ensevelissement. Outre les coups de pelles de quelques-uns, on peut distinguer au moins un individu filmant ou photographiant l’action. La position et les mouvements de ce dernier correspondent aux photos publiées par Dia Diarra. Pour l’armée, « la preuve d’une manipulation » destinée à incriminer « Barkhane » est faite et l’occasion lui est donnée de mener une contre-offensive pour éviter d’être associée à ce charnier, et couper court aux accusations qui fleurissent sur les réseaux sociaux. La « guerre des perceptions », selon les termes du chef d’état-major des armées, le général Thierry Burkhard, est l’un des chantiers de son institution.

    Mais l’armée française n’a pas voulu communiquer les images de Bounti, où elle est accusée par les Nations unies d’avoir tué au moins 22 personnes, majoritairement des civils, dans le bombardement d’un mariage, le 3 janvier 2021. « A Bounti, on a mené une opération de neutralisation d’un GAT et donc on a mis en œuvre des moyens de détection, d’identification et de frappes, se justifie l’état-major, qui dément toute bavure. Ici, il ne s’agit que d’observation. »

    Allégations d’exactions
    Reste maintenant la question de l’origine des corps filmés à Gossi. Selon l’armée française, les dépouilles « pourraient provenir de l’opération menée par Wagner et l’armée malienne à Hombori, le 19 avril, où près de 600 personnes ont été arrêtées. » Ce jour-là, aux abords de cette localité située à 70 kilomètres au sud de Gossi, un mercenaire de Wagner est mort après que son véhicule a explosé sur une mine. « Ils ont ensuite riposté en lançant une opération dans le village, raconte un humanitaire malien. C’était un jour de foire. Quelques terroristes étaient dissimulés. Il y a eu des échanges de tirs. Puis les soldats s’en sont pris à tout le monde, agressant les habitants, les dépouillant de leurs bijoux, argent et téléphone, pendant que d’autres tiraient dans tous les sens. » Une vingtaine de personnes auraient été tuées au cours de cette opération, selon l’ONG Armed Conflict Location and Event Data Project (Acled).

    Dans le centre du Mali, les allégations d’exactions commises par les soldats maliens et leurs supplétifs russes se multiplient : depuis le début de l’année, environ 450 personnes ont été tuées lors de leurs opérations conjointes, toujours selon Acled. La plus meurtrière a eu lieu à Moura, un village de la région de Mopti, entre le 27 et le 31 mars. Plus de 380 habitants ont été tués dans cette attaque, qualifiée par l’armée malienne d’« opération d’opportunité aéroterrestre de grande envergure », ayant permis de neutraliser « 203 combattants des groupes armés terroristes ».

    Dans un nouveau tweet, le 22 avril, le compte Twitter Dia Diarra confirme que « les FAMa ont mené une opération à Hombori (un nouveau site de ravitaillement des terroristes) », mais assure que « tous les arrêtés ont été libérés. Les FAMa sont engagées à respecter les droits de l’homme lors des opérations ».

    Cyril Bensimon et Morgane Le Cam

    Le Monde, 23/04/2022

    #Mali #Sahel #France #Russie #Wagner #Barkhane #Takuba

  • La Russie plus présente au Sahel au détriment de la France

    La Russie plus présente au Sahel au détriment de la France

    La Russie plus présente au Sahel au détriment de la France – Faso Lagam Taaba Zaka, Barkhane, Takuba, coopération militaire, accords de défense coloniale,

    La Russie tente d’accroître son influence dans la région du Sahel, essayant d’exploiter le sentiment anti-français qui se développe dans la région. [1] Après avoir consolidé ses relations avec le gouvernement malien, la Russie courtise désormais le nouveau pouvoir burkinabé. Suite au récent coup d’État du 24 janvier 2022, plusieurs partisans du lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba, président par intérim du pays, ont déjà appelé à renforcer la coopération avec la Russie et à rompre le partenariat du pays avec la France. [2]

    Manifestation appelant à un partenariat avec la Russie
    Le 27 mars 2022, la coalition « Faso Lagam Taaba Zaka », qui regroupe plus de 100 organisations de la société civile, a manifesté dans la capitale Ouagadougou, demandant au nouveau gouvernement de développer la coopération militaire et stratégique Burkina Faso-Russie, avec pour principal objectif de contrer les mouvements djihadistes actifs dans la région. Lors de la manifestation, le secrétaire général de la coalition Somaila Nana a déclaré que les autorités devaient diversifier leurs partenaires dans cette lutte contre le terrorisme en s’alliant avec des pays comme la Russie, la Chine et la Corée du Nord. « Nous critiquons la présence de bases militaires de forces étrangères [c’est-à-dire la France], qui ne méritent plus notre confiance. Nous exigeons l’annulation des accords de défense coloniale », a-t-il soutenu.

    Les promoteurs de la manifestation ont montré des affiches avec des photos du président par intérim du Burkina Faso Damiba et du président russe Vladimir Poutine, soulignant leur soutien également à la junte militaire malienne et à son chef, le colonel Assimi Goita, un officier militaire qui occupe le poste de président par intérim depuis le putsch du mois de mai de 2021. Au cours de l’événement, la coalition a souligné que l’opération anti-insurrectionnelle Barkhane, dirigée par la France, qui s’étend sur cinq pays du Sahel, à savoir le Burkina Faso, le Tchad, le Mali, la Mauritanie et le Niger, devrait prendre fin. [3]

    Il convient de noter que la manifestation  » Faso Lagam Taaba Zaka  » devait auparavant avoir lieu sur la Place De La Nation (« Place de la Nation »), au centre-ville de Ouagadougou, mais la coalition n’a pas pu obtenir l’autorisation nécessaire et a plutôt organisé l’événement. au sein du Conseil Burkinabè des Chargeurs (« Conseil Burkinabè des Chargeurs »). [4]

    Le 10 avril 2022, lors d’une conférence à Ouagadougou sur la sécurité au Burkina Faso, « Faso Lagam Taaba Zaka » a déclaré qu’il n’est pas possible de gagner une guerre avec quelqu’un qui n’a jamais gagné de guerre. « La France n’a jamais gagné une guerre, elle s’est toujours accordée des victoires. La France n’a jamais gagné une guerre, nous l’avons chassée partout. » Le mouvement déclarait alors : « Nous disons avec [l’officier burkinabé, révolutionnaire marxiste et président panafricaniste du Burkina Faso] Thomas Sankara que ‘seuls rompre avec les faux amis et réorienter notre politique étrangère vers d’autres horizons peuvent nous garantir des partenaires fiables et sincères’. avec qui nous pourrons relever les défis du moment afin d’atteindre une réelle indépendance. » Il a ensuite conclu que le Burkina Faso avait besoin d’un nouveau partenariat avec la Russie, la Chine, ou Cuba. [5]

    Les intérêts de la Russie au Burkina Faso

    Le média russe Gazeta.ru a interviewé plusieurs experts russes sur les relations russo-burkinabè. Natalia Piskunova, politologue africaniste et professeure agrégée à l’Université d’État de Moscou, a déclaré qu’il y a déjà une « présence assez importante » d’entreprises russes au Mali, au Nigeria et en Guinée, et que Moscou augmente maintenant sa présence au Burkina Faso. Piskunova a ajouté que le Burkina Faso n’est pas le pays le plus riche en termes de ressources, mais il est important pour sa position géographique, qui relie le Mali au Niger et à d’autres pays africains. [6]

    L’expert russe a également mentionné l’importance du Burkina Faso dans le développement de la route transsaharienne, un projet qui a été suggéré dans les années 1962, certains tronçons ayant été construits dans les années 1970, mais que ce n’est que maintenant que les entreprises chinoises semblent intéressées à le relancer. et y investir. [7]

    Piskunova a déclaré: « Le Burkina Faso est important précisément en tant qu’État de transit pour la mise en œuvre du grand projet de transport de l’autoroute transsaharienne, qui permettra le transfert rapide de marchandises à travers tout le continent africain, de la côte est à la côte ouest. Une telle étape serait une suite logique de la politique de Moscou en Afrique de l’Ouest, où, au cours des deux ou trois dernières années, il y a eu un renforcement systématique de la présence politique, économique et militaire de la Russie, dans le cadre de la politique générale de la Russie. tournez-vous vers l’Est,’ qui inclut l’Afrique. » [8]

    Conclusion

    Soulignant que la Russie est un acteur relativement inconnu pour les nouveaux dirigeants en Afrique (qui ont peut-être eu des relations avec l’Union soviétique, mais pas avec la Russie d’aujourd’hui), Piskunova a déclaré que la Russie n’avait surtout pas de bilan « négatif » dans la région. Pour ces raisons, Moscou est perçue comme la meilleure alternative à Paris. « Au Burkina Faso, la recherche d’une alternative à la présence et à l’influence de la France dure depuis longtemps, donc pour eux un acteur sans passé colonial et avec de grands moyens est naturellement attractif. »

    L’ancien ambassadeur de Russie au Yémen, en Libye et en Tunisie, Veniamin Popov, a déclaré que les avantages de la coopération avec la Russie étaient « de plus en plus compris » dans la région ces derniers temps. « C’est de Moscou que viennent l’aide, la solidarité et le véritable soutien. Car, contrairement aux États-Unis ou à la France, la Russie ne s’immisce pas dans les affaires intérieures des États africains. La Russie offre son aide et ne pose aucune condition ; c’est très important pour les Africains. En conséquence, de plus en plus d’États africains se tournent vers Moscou pour demander de l’aide dans un domaine ou un autre, ce processus prend de l’ampleur », a souligné l’ancien diplomate. [9]

    Selon le média russe Gazeta.ru, la vraie question concernant le Burkina Faso est de savoir dans quelle mesure les nouvelles autorités seront stables pour conclure des accords avec la Russie. Entre-temps, le 2 mars 2022, l’Assemblée générale des Nations Unies (AGNU) a adopté une résolution condamnant l’invasion de l’Ukraine par la Russie, et le Burkina Faso faisait partie des pays africains dont le vote n’a pas été enregistré, avec le Cameroun, l’Éthiopie, l’Eswatini, la Guinée, la Guinée Bissau, Maroc et Togo. [dix]

    En avril, le Premier ministre burkinabé Albert Ouedraogo a souligné que le Burkina Faso devait diversifier ses alliances. « En ce qui concerne la coopération militaire avec d’autres États, l’option est désormais de diversifier les partenariats, afin d’optimiser les atouts spécifiques de chaque partenaire. En tout état de cause, ces partenariats seront fondés sur le respect de notre indépendance territoriale et sur la sincérité », a-t-il souligné. .

    *Anna Mahjar-Barducci est directrice du MEMRI Russian Media Studies Project.

    [1] Voir MEMRI Inquiry and Analysis Series No. 1632, A Brief Review Of Russia’s Influence Over Mali – To France’s Detriment , 14 avril 2022.

    [2] Il convient de noter que, selon le journaliste nigérian Philip Obaji Jr., juste avant le coup d’État, Paul-Henri Sandaogo Damiba, promu un mois plus tôt pour superviser la sécurité dans la capitale Ouagadougou, a tenté à deux reprises de persuader les Burkinabé Président Roch Kaboré pour engager le groupe Wagner dans le pays. Cependant, Obaji a écrit dans le Daily Beast que Kabore avait rejeté l’idée. Thedailybeast.com/burkina-faso-president-ousted-after-refusing-to-pay-wagner-mercenaries, 25 janvier 2022.

    [3] Globinfos.net/cooperation_militaire_franco_burkinabe-la-coalition-faso-lagam-taba-zaaka-nen-veut-plus/?fbclid=IwAR0W7PGYHsESeARm-XSJXG4zZ7C3paTSqvEDRYTaUnGTwXD2hNh9ZUJUfgM, 27 mars 2022.

    [4] Facebook.com/RealiteTv/photos/a.2060223827543291/3202659366633059/, 28 mars 2022.

    [5] Lefaso.net/spip.php?article112554, 10 avril 2022.

    [6] Gazeta.ru/politics/2022/01/28/14473555.shtml?updated, 28 janvier 2022.

    [7] Asiatimes.com/2019/11/trans-saharan-highway-project-on-track/, 13 novembre 2019.

    [8] Il convient également de noter que le mineur d’or russe Nordgold a récemment annoncé qu’il devait fermer la mine du Burkina Faso, invoquant des raisons de sécurité dans le pays. Sowetanlive.co.za/business/2022-04-12-russias-nordgold-shuts-burkina-faso-mine-due-to-security-threats/?utm_medium=Social&utm_source=Facebook&fbclid=IwAR0mtilOBXLbYjdA5C4Nw8C5GFs-1_FNgYeRYOslBNuqxwfTHfAQUxJCxv0 April 12, 2022.

    [9] Gazeta.ru/politics/2022/01/28/14473555.shtml?updated, 28 janvier 2022.

    [10] Voir MEMRI Special Dispatch No. 9850, African Continent’s Reactions To Russia’s Invasion Of Ukraine – Part I – South Africa’s Head Of Public Diplomacy : « Tout comme la Russie ne tolérera pas les missiles de positionnement de l’OTAN près de son territoire, les États-Unis ne toléreront jamais la Russie. Déploiement de missiles dans son voisinage », 24 mars 2022 ; Dépêche spéciale du MEMRI n° 9854, Réactions du continent africain à l’invasion de l’Ukraine par la Russie – Partie II – Ancien ministre nigérian : « Je blâme Zelensky et ses alliés et amis occidentaux pour cette tragédie en cours », 25 mars 2022 ; Dépêche spéciale MEMRI n° 9856,Réactions du continent africain à l’invasion de l’Ukraine par la Russie – Partie III – Média du Zimbabwe : « Seuls les Zelensky politiquement naïfs de ce monde s’attendraient à un soutien sincère et authentique de la part des États-Unis » , 28 mars 2022.

    19 avril 2022 | Par Anna Mahjar-Barducci*

    MEMRI, 19/04/2022

    #France #Mali #BurkinaFaso #Russie #Barkhane #Takuba

  • La Russie vacille en Ukraine mais redouble d’efforts au Mali

    La Russie vacille en Ukraine mais redouble d’efforts au Mali – France, Sahel, Wagner, Barkhane, UE,

    Le 30 mars, alors que les forces russes poursuivaient leur lutte pour conquérir les villes ukrainiennes, les fournisseurs d’armes russes ont livré à Bamako, la capitale malienne, une paire d’hélicoptères d’attaque Mi-35M menaçants et un système de radar aérien avancé, à des milliers de kilomètres de là, en Afrique de l’Ouest.

    Malgré le fait que le Kremlin ait rappelé un réseau international de mercenaires nationaux et étrangers pour combattre en Ukraine, dont certains quittent les champs de bataille en Syrie et en Afrique pour le faire, la Russie a largement maintenu sa présence au Mali, où est déployée une force d’environ 1 000 fonctionnaires russes et instructeurs du groupe mercenaire russe, populairement connu sous le nom de Groupe Wagner, selon des diplomates basés aux Nations unies. Quelque 200 membres des services maliens et neuf officiers de police reçoivent actuellement une formation en Russie, a récemment déclaré un diplomate russe au Conseil de sécurité de l’ONU.

    Cette évolution suggère que, malgré ses revers militaires en Ukraine, la Russie cherche à préserver ses intérêts diplomatiques et militaires croissants en Afrique, où des forces russes irrégulières ont fourni des formations et des forces de combat aux gouvernements et aux mouvements rebelles, de la République centrafricaine à la Libye. Elle se positionne pour combler un vide politique au Mali, alors que les forces et les formateurs français et européens commencent à se retirer du pays, mettant fin à un effort français de près de dix ans dans son ancienne colonie pour contenir la propagation du terrorisme et ouvrir la voie à un accord de paix unifiant le pays politiquement divisé. Pour le Mali, l’accord fournit à la junte militaire un partenaire capable de lutter contre les mouvements islamistes antigouvernementaux du pays, sans avoir à subir les demandes de l’Occident de respecter les droits de l’homme et de poursuivre un accord démocratique de partage du pouvoir avec la minorité touareg du nord du pays.
    « La Russie a des intérêts considérables en Afrique, que [le président russe Vladimir] Poutine utilise », a déclaré J. Peter Pham, l’ancien envoyé spécial américain pour la région du Sahel sous l’administration Trump. « Ce n’est pas un élément majeur de la politique étrangère russe, mais c’est comme beaucoup de choses que Poutine a faites tout au long de ses 20 ans au pouvoir, à savoir utiliser les choses de manière opportuniste. »

    Le gouvernement malien a entamé des discussions avec le Groupe Wagner à la fin de l’année dernière, ce qui a déclenché une mise en garde du gouvernement français aux dirigeants militaires du Mali pour qu’ils reconsidèrent le partenariat, selon le récit d’un diplomate basé à l’ONU qui connaît bien le rôle de la Russie au Mali. Paris, note le diplomate, a prévenu que la France devrait reconsidérer son engagement à poursuivre l’opération Barkhane, la mission militaire française basée au Tchad qui a mené la lutte contre les extrémistes islamistes dans tout le Sahel, si les Russes étaient invités. Fin décembre 2021, les instructeurs militaires du Groupe Wagner ont commencé à se déployer au Mali.

    En février, la France a annoncé qu’elle entamait le processus de réduction progressive de sa présence et qu’elle serait partie dans six mois. Les formateurs militaires européens, détachés auprès de la Takuba Task Force – qui sert sous commandement français et fournit des conseils et une assistance aux forces armées maliennes et à une force régionale de lutte contre le terrorisme, connue sous le nom de G5 Sahel – doivent également partir. Sans le soutien de la France, qui sert en quelque sorte de garant de la sécurité des soldats de la paix européens et de l’ONU au Mali, la coalition antiterroriste dirigée par la France risque de s’effilocher.

    La fourniture par la Russie d’hélicoptères d’attaque et de radars avancés risque de saper le contrôle européen du ciel au Mali, exposant les casques bleus de l’ONU à un plus grand danger sur le terrain. Les Nations unies ont déjà tenté sans succès d’acquérir des hélicoptères d’attaque. Pour l’instant, la France est prête à faire voler des avions à partir d’une base au Niger voisin pour dissuader les attaques contre les casques bleus de l’ONU, mais on ne sait pas si le Mali continuera à accorder un accès aérien aux Français après le retrait de leurs troupes du pays.

    Le Groupe Wagner défie les définitions conventionnelles d’un entrepreneur militaire privé. Pour autant que les experts puissent le dire, il n’existe pas de société enregistrée unique appelée Groupe Wagner. Ce terme est plutôt devenu un raccourci, lié à la mythologie, pour décrire un réseau de sociétés et de groupes de mercenaires que les gouvernements occidentaux considèrent comme étroitement liés à l’État russe.

    Après s’être fait les dents pendant les combats en Ukraine en 2014, les agents de Wagner ont été envoyés dans plusieurs pays du monde, mêlant souvent activité mercenaire et extraction de ressources naturelles. Leur nature obscure a permis au Kremlin de nier tout lien avec le groupe.

    « Wagner n’est pas une force antiterroriste. Wagner est un outil du gouvernement russe pour essayer de faire avancer ses objectifs de politique étrangère », a déclaré Joseph Siegle, directeur de recherche au Centre africain d’études stratégiques de la National Defense University. « Ils sont là pour maintenir la junte au pouvoir parce que la junte sert les intérêts de Moscou en déplaçant la France et l’UE. »

    Bien que les responsables gouvernementaux au Mali aient décrit les Russes comme des instructeurs, les responsables occidentaux et les observateurs des droits de l’homme craignent que leurs activités s’étendent bien au-delà de la formation. Des centaines de Russes associés au Groupe Wagner ont été envoyés en République centrafricaine en 2017 sous le couvert d’une mission de formation approuvée par le Conseil de sécurité de l’ONU, en alléguant qu’ils n’étaient pas armés. Les experts de l’ONU ont documenté une série d’allégations accablantes contre le groupe, notamment des meurtres aveugles, des viols et des violences sexuelles.

    La perspective d’un retrait français du Mali a alarmé les États-Unis, qui ont cherché à persuader les Français de rester au Mali. Mais un autre diplomate occidental a déclaré qu’il n’y avait pas de sentiment d’urgence à ce que « nous sortions Wagner du Mali en raison de ce qui se passe en Ukraine. » Alarmée par la présence de la Russie, la secrétaire d’État adjointe américaine Michele Sison s’est récemment rendue au Mali pour évaluer la viabilité de la mission de l’ONU au Mali, connue sous le nom de MINUSMA, après le départ des Français.

    « Ils sont revenus de la mission très inquiets », a déclaré un diplomate basé à l’ONU. Le diplomate, qui s’est exprimé sous couvert d’anonymat, a déclaré que les États-Unis s’inquiètent du fait que la mission de l’ONU risque d’être utilisée par inadvertance pour faire avancer les objectifs d’une junte militaire qui cherche à assurer son avenir – et ceux d’un groupe de mercenaires russes qui étendent l’influence de Moscou et cherchent à se faire payer. Washington a également exprimé son inquiétude quant au fait que la mission de l’ONU, qui a pour mandat de soutenir les autorités maliennes, pourrait être placée dans la position délicate de soutenir un gouvernement engagé dans des atrocités de grande ampleur ou de fournir un avantage involontaire au Groupe Wagner, a déclaré le diplomate.

    « Comme d’autres, les États-Unis sont profondément troublés par l’évolution de la situation au Mali », a déclaré Richard Mills Jr, représentant adjoint des États-Unis auprès des Nations unies, au Conseil de sécurité de l’ONU le 7 avril. « Les trois derniers mois ont été marqués par des récits alarmants de violations des droits de l’homme et d’abus contre des civils par des groupes armés terroristes et les forces armées maliennes avec des individus liés au Groupe Wagner soutenu par le Kremlin. »

    Un haut fonctionnaire du département d’État américain a déclaré que la décision du régime malien de contracter des combattants Wagner était motivée par son propre sentiment d’isolement régional et international ainsi que par la nécessité d’assurer sa propre sécurité.

    Mais les Russes n’ont guère la capacité de surpasser les dizaines de milliers de troupes internationales et de soldats de la paix qui ont combattu les terroristes de la région au cours de la dernière décennie.

    « Un millier de Wagner ne vont pas combler le vide sécuritaire au Mali », a déclaré le haut fonctionnaire du département d’État, ajoutant que les Russes ont réussi à vendre un « faux discours » selon lequel ils assurent la sécurité du Mali. « Ils tuent peut-être des terroristes, mais ils tuent aussi tellement de civils ».

    « Combien de nouveaux terroristes créent-ils ? », a ajouté le responsable.

    Le Mali, autrefois loué comme un modèle de démocratie naissante en Afrique, est devenu une importante plaque tournante du terrorisme dans les années qui ont suivi l’intervention militaire de l’OTAN en 2011 en Libye, au milieu d’une révolution contre le gouvernement du dirigeant de l’époque, Mouammar Kadhafi, qui a conduit à l’éviction et à la mort de Kadhafi et a ouvert la voie à la propagation des armes et des extrémistes dans tout le Sahel.

    Un groupe terroriste islamiste a détourné une insurrection de la minorité touareg malienne, pris le contrôle du nord du Mali et commencé à préparer un assaut sur la capitale de l’ancienne colonie française. Alarmée par cette évolution, la France a lancé l’opération Serval en janvier 2013 pour écraser les islamistes et ouvrir la voie à un règlement politique entre les gouvernements du sud du Mali et les Touaregs du nord. En août de l’année suivante, les Français ont remplacé cette opération par l’opération Barkhane, avec un mandat plus large pour combattre les extrémistes dans toute la région.

    Au fil des ans, la France a essayé de rassembler une coalition de forces spéciales ouest-africaines et européennes, travaillant en étroite collaboration avec une mission de maintien de la paix de l’ONU, pour l’aider à contenir la menace terroriste au Mali, à rétablir la sécurité dans le pays et à soutenir les négociations politiques menées par les Africains afin de sortir le pays de l’impasse politique.

    Les relations de l’Occident avec le Mali se sont fortement détériorées depuis août 2020, lorsque le chef militaire malien, le colonel Assimi Goïta, a organisé le premier de deux coups d’État militaires, le second devant avoir lieu en mai 2021, et a rapidement renié ses promesses de rétablir un régime démocratique civil au Mali.

    La Russie a profité de ce désaccord en proposant de fournir un soutien militaire et une formation à l’armée malienne. La Russie s’est positionnée comme un champion diplomatique de la junte militaire malienne, faisant l’éloge des opérations antiterroristes maliennes soutenues par la Russie qui, selon les critiques du pays, ont entraîné des violations à grande échelle des droits de l’homme.

    Après le coup d’État d’août 2020, l’ambassadeur de Russie au Mali, Igor Gromyko, petit-fils de l’ancien ministre soviétique des Affaires étrangères Andrei Gromyko, est devenu le premier dignitaire étranger à rencontrer publiquement la nouvelle junte militaire, alors que les diplomates américains et européens s’efforçaient d’élaborer leur propre réponse. Gromyko a émergé de la réunion devant une petite foule de partisans agitant des drapeaux russes, ce qui a conduit les diplomates occidentaux à soupçonner que tout ce spectacle était un coup de relations publiques chorégraphié pour que Moscou ait un avantage dans son influence auprès des nouveaux dirigeants.

    « Il est difficile d’acheter des drapeaux maliens de qualité à Bamako, et encore moins des drapeaux russes de qualité », a déclaré M. Pham. « Comment trouver des drapeaux russes de bonne qualité à Bamako ? »

    Plus récemment, Moscou a fourni une couverture diplomatique au Mali pour le massacre de quelque 300 civils dans la ville de Moura, au Mali, le mois dernier, qui, selon les défenseurs des droits de l’homme, a été perpétré par les forces maliennes avec l’aide possible de mercenaires russes. (Les autorités maliennes ont déclaré qu’il s’agissait d’une opération antiterroriste qui a « neutralisé » des combattants djihadistes). La Russie, soutenue par la Chine, a bloqué la demande du Conseil de sécurité des Nations unies d’ouvrir une enquête indépendante sur ce massacre.

    « La coopération entre la Russie et le Mali a une longue histoire et une tradition », a récemment déclaré Anna Evstigneeva, représentante permanente adjointe de la Russie, au Conseil de sécurité de l’ONU. « Nous travaillons à améliorer leurs capacités, à former les membres de l’armée et des forces de l’ordre ».

    « Nous notons l’engagement de l’état-major malien à respecter les droits de l’homme et le droit international humanitaire », a-t-elle ajouté. « Nous saluons les efforts de Bamako pour enquêter sur les incidents de violations des droits de l’homme signalés. Quant à la campagne d’information sur les prétendus mercenaires russes, nous considérons qu’elle fait partie d’un jeu géopolitique malveillant. »

    Le départ de la France soulève des inquiétudes plus profondes quant au rôle de l’Occident au Mali et à la viabilité d’une mission de maintien de la paix de l’ONU dont les casques bleus les mieux formés et les mieux dotés en ressources proviennent d’Europe, notamment d’Allemagne et du Royaume-Uni. Bien que les forces françaises opèrent indépendamment de la mission de l’ONU, les Français fournissent des services essentiels, notamment un hôpital dans la ville de Gao, au Mali, ainsi qu’un soutien aérien rapproché pour les casques bleus soumis à des attaques armées et des services d’évacuation médicale pour les casques bleus blessés. Les principales puissances européennes réexaminent actuellement leur rôle au Mali.

    Ce mois-ci, le plus haut diplomate de l’Union européenne, Josep Borrell, a déclaré : « Nous mettons un terme aux missions de formation des forces armées et de la garde nationale [maliennes] ». Borrell a fait part de ses inquiétudes quant à la présence du Groupe Wagner, qui, selon lui, pourrait être « responsable de certains événements très graves, qui ont conduit à la mort de dizaines de personnes au Mali ces derniers temps ». Il a toutefois insisté sur le fait que l’Union européenne reste engagée à participer aux efforts de lutte contre le terrorisme dans la région du Sahel.

    Pour le moment, la Grande-Bretagne et l’Allemagne continuent de servir dans la mission de l’ONU au Mali, mais elles pourraient reconsidérer leur engagement à la lumière du rôle croissant de la Russie, selon des diplomates basés à l’ONU.

    Les États-Unis et leurs homologues européens sont également préoccupés par la détérioration potentielle des relations entre les forces maliennes et la mission de maintien de la paix de l’ONU. Le 22 mars, un hélicoptère d’attaque malien a tiré six roquettes près d’une unité de reconnaissance britannique dans l’est du Mali. Le gouvernement malien a déclaré avoir confondu les forces britanniques, qui servent dans le cadre de la mission de maintien de la paix de l’ONU, avec des terroristes qui, selon lui, opèrent dans la région.

    Mais un diplomate basé à l’ONU a déclaré que l’unité de renseignement de la mission de l’ONU n’avait pas détecté de présence terroriste dans la zone avant l’attaque, et un diplomate européen a déclaré que la zone pouvait se trouver dans un territoire contrôlé par l’armée malienne et le groupe Wagner, et qu’ils ne voulaient donc pas de soldats de la paix de l’ONU dans la zone.

    L’attaque, a déclaré Mills, est « un affront à tous ceux qui servent dans les missions de maintien de la paix de l’ONU ».

    Mills s’est dit particulièrement préoccupé par « les récits extrêmement troublants de centaines de personnes tuées la semaine dernière dans le village de Moura, dans la région de Mopti, au centre du Mali ».

    L’organisation Human Rights Watch, basée à New York, qui a mené une enquête sur ces meurtres, a cité plusieurs sources anonymes selon lesquelles les forces maliennes et les soldats russes ont exécuté plusieurs centaines de personnes, commettant ainsi la pire atrocité au Mali depuis une décennie.

    « Le peuple malien mérite des réponses sur ce qui s’est passé à Moura cette semaine du 28 mars et sur ce qui a conduit à l’effroyable exécution de plus de 35 personnes le 2 mars dans la région de Ségou, ainsi que sur les responsables », a déclaré M. Mills. Il a noté que les autorités maliennes ont déclaré qu’elles allaient ouvrir une enquête et accorder à la mission des Nations unies l’accès à ses propres investigations.

    « Cette augmentation des rapports de violations des droits de l’homme est exactement la raison pour laquelle les États-Unis continuent de mettre en garde les pays contre tout partenariat avec le groupe Wagner lié au Kremlin », a déclaré Mills. « Les forces Wagner ont été impliquées dans des violations des droits de l’homme, notamment des meurtres de type exécution, en République centrafricaine et ailleurs. »

    Foreign Policy, 14/04/2022

    #Russie #Mali #Ukraine #Sahel #Barkhane #UE #France

  • Macron réélu ? Il y a des chances si….

    Macron réélu ? Il y a des chances si….

    Macron réélu ? Il y a des chances si…. – France, élection présidentielle, colonisation française, exactions commises contre la population algérienne, Algériens disparus par milliers,

    Le prochain président élu va-t-il pouvoir redorer le blason de son pays en ouvrant, aux historiens et chercheurs, pour la France et pour l’Histoire, en ouvrant les archives de la colonisation française, les opérations de police, de torture, les exactions commises contre la population algérienne, et les Algériens disparus par milliers entre les mains des parachutistes durant la « bataille d’Alger ». Un atout non négligeable pour Macron dans l’entre deux tours pour attirer les bulletins des Franço-Algériens qui voteront au second tour. « Si les Françaises et les Français et le monde entier ont fini par connaître le sort de Maurice Audin, et si Henri Alleg, échappé des griffes de ses bourreaux, a pu faire tant de bruit avec son livre « LA QUESTION », si des juges ont été contraints d’ouvrir des instructions, et si des tribunaux ont pu convoquer des témoins à leur barre, c’est que les accusateurs étaient des Français écœurés, peu nombreux certes, mais courageux, par tant de crimes contre l’Humanité, reconnus par Macron dans une de ses virées politiques en Algérie.

    Pensait-il alors à ces milliers de victimes , la pauvre troupe des militants et des anonymes, des suspects et des innocents, des partisans de la juste cause et de ceux qui n’étaient coupables que de s’appeler d’un nom arabe ou d’habiter la Casbah, la triste, longue et innombrable multitude des misérables aux dents brisées et à la tête fracassée, aux poitrines défoncées, au dos déchiré, aux membres disloqués, cette misérable armée d’éclopés et de bancals, abrutis par les humiliations, ces héros de la honte ou ces naïfs que leurs tortionnaires ont rendu enragés?

    Pensait-il à ces journaliers de la rue Annibal, les boulangers, les manœuvres et les dockers de l’impasse du Palmier, les comptables et les magasiniers, les bijoutiers et les laitiers de la rue de la Lyre, les conducteurs et les receveurs de trolleybus de la rue Caton, les commerçants, les chauffeurs, les imprimeurs de la rue des Coulouglis, les instituteurs, les maîtres d’internat, les médecins et les infirmiers de la rue de Chartres, les menuisiers et les coiffeurs de la rue Kléber, les cafetiers de la rue Bruce, les jardiniers de la rue du Sphinx, les cordonniers de la rue du Chat, les employés d’administration, les caissiers de la rue Salluste, les chauffeurs de taxi de la rue des Abencérages et de la rue du Divan, les bouchers de la rue du Centaure, les gargotiers, les marchands de légumes de la rue Jugurtha, les cheminots, les épiciers, les brocanteurs de la rue Marengo, les laitiers, les forains, les pâtissiers, les tailleurs de la rue de la Gazelle, les fleuristes, les miroitiers, les camelots et les plombiers de la rue de la Girafe et de la rue des Lotophages, tous ceux que les bérets rouges, les bérets noirs ou les bérets bleus allaient cueillir parfois dans les bains maures ou dans les mosquées, déversaient dans les chiourmes de Beni-Messous et de Ben Aknoun, enfermaient dans les grottes des villas des hauts d’Alger et du Sahel, enchainaient quelquefois par le cou et par les mains les uns aux autres comme des bêtes et interrogeaient pendant des nuits et des nuits avec des tenailles, des électrodes et des cigarettes.

    En parlant de crimes contre l’Humanité, Macron avait-il connaissance des quatre-vingt-dix malheureux asphyxiés au printemps 1957 dans des cuves à vin de quelques domaines de la Mitidja, et sait-il comment se nomment ceux qu’on trouvait sur les plages et sur les brise-lames du port, ligotés dans des sacs ?

    Peut-il nous dire ce que sont devenus tous ces Abdeddaïn, ces Abou, ces Achache, ces Adder, ces Aït Saada (ce qui veut dire les fils du bonheur), ces Amraoui qu’on a entendu crier toute une nuit, ces Asselah, ces Ayadi et Ben Ali, ces Bachara et ces Benbraham qu’on a ramenés chez eux pour fouiller leur maison, puis rembarqués, ces Barkate et ces Ben Moulay, ces Bendris et ces Baziz, ces Bécha et ces Bouabdallah* et ces Bouchakour, ces Bouderbel et ces Bouzid, ces Chouchi et ces Cheddad, ces Dahmane et ces Djegaoud, ces Diffalah et ces Djafer, ces Djanaddi, ces Douadi dont on a seulement repêché le portefeuille et les papiers, ces Djouder, ces Essghir, ces El Keddim, ces Fadli, ces Gaoua et ces Guenndour, ces Hamdani et ces Hammache, ces Issaadi, ces Kaïm, ces Kadem, ces Kherfi, ces Kherbouche, ces Laghouati, ces Mahieddine et ces Mabed, ces Madjene, ces Mammeri, ces Merouane dont on a volé les économies, ces Mimoun, ces Moktari, ces Nourine et ces Nachef, ces Ouamara et ces Ouaguenouni, ces Rahim, ces Sadfi, ces Sadi, ces Sakani, ces Sifaoui dont les corps ont été arrosés d’essence et brûlés, et tous les Slimi les Taalbi, les Tabarourt, les Tazir, les Touati, les Yaker, les Younsi, les Zouïche, les Zergoug, les Zigara et les Ziane,?

    En quel martyrologe figurent-ils puisque la France que vous avez présidée a ordonné que « le secret le plus absolu » devait être assuré en ce qui concernait « le nombre, l’identité et la qualité des suspects arrêtés » ? Les réponses à toutes ces questions sont dans les archives que vous ne voulez pas « libérer ». C’est dans ces archives que vous bloquez au nom d’un prétendu secret d’Etat que nous trouverons tous ces noms, ces métiers et ces adresses qui sont égrenés ici, dans une terrible litanie, et qui ne sont évidemment pas inventés. Les extrait du Cahier Vert, publié en 1959 par Jacques Vergès, Michel Zavrian et Maurice Courrégé. En août 1959, ces avocats, en dépit de l’obstruction policière, avaient recueilli en quelques jours à l’hôtel Aletti quelque 150 « plaintes » de proches de disparus entre les mains des militaires.

    La justice française n’en ayant cure, ils adressèrent ces plaintes à la Croix Rouge internationale, qui ne semble pas en avoir fait quelque chose. La plupart de ces disparus réclamés par leurs familles avaient été enlevés par les parachutistes à Alger en 1957. Toutes ces victimes et leurs dossiers sont bien cachés et mis au secret même après 62 ans. C’est pour tout cela que le futur président des Français, pourvu qu’il soit honnête avec lui-même et avec l’Histoire, devrait promettre d’ouvrir les archives de cette guerre ignoble qui a clôturé 132 ans de domination coloniale injuste et odieuse s’il veut augmenter ses chances de victoire. Qu’il autorise l’ouverture de ces archives toujours secrètes, que l’on puisse enfin fermer cette plaie encore béante, et qui empêche les citoyens des deux pays de penser à un avenir plus serein. Dire la vérité sur ce drame et contredire les propos de certains nostalgiques de l’Algérie française, à l’image des Le Pen ou encore du général Massu qui s’était offert, avant de disparaître, « un nouveau moment de gloire médiatique » en publiant un livre, assez drolatiquement intitulé « La Vraie Bataille d’Alger. L’ancien commandant de la 10ème Division Parachutiste prenait ainsi la part qui lui revenait de droit dans l’exploitation d’un juteux filon éditorial français : le mythe d’une « bataille d’Alger » remporté sur « le terrorisme » FLN, héroïsant sans vergogne les acteurs d’une sanglante répression de masse de plusieurs mois.

    C’est à cela que pensait Macron en évoquant le crime contre l’Humanité dans l’Algérie coloniale ? Ne pas ouvrir les archives, c’est se faire le complice de Massu, Bigeard, Aussaseres et Le Pen. L’autre promesse que devrait faire Macron s’il veut recueillir les votes des émigrés en droit de voter et dont le nombre n’est pas négligeable, c’est de revoir les relations franco-algériennes qui sont de tous ordres: commerciales, scientifiques, techniques, mais surtout familiales.

    Ce qui nous amène à parler des visas. Parler de visas en Algérie quand on vient de France, ce n’est pas juste parler d’un document administratif. C’est parler d’une histoire longue et douloureuse entre deux pays qui sont liés, l’un à l’autre, par des liens anciens et complexes. Revoir la politique d’octroi de visas pour les Algériens est essentiel. Actuellement, les refus de visa ne sont même pas motivés pour la plupart. Dans l’esprit orienté de certains fonctionnaires des ambassades et consulats français en Algérie, un visa est une faveur, non un droit. Alors que chaque famille vivant en Algérie a des proches, vivant en France, avec la nationalité algérienne ou avec la nationalité française. Ces proches, ce sont des cousins, des neveux mais souvent des fils, des filles, des parents, des conjoints aussi. C’est exercer une forme de chantage politique que de faire jouer la carte des visas.

    Nous espérons qu’Emanuel Macron, une fois réélu, comprendra qu’il a plus d’intérêts à revoir sa position vis-à-vis de notre pays et répondra déjà à ces deux préoccupations que sont pour nous ces deux thèmes : Ouverture des archives et révision de la politique d’octroi des visas. Et s’il n’est pas réélu, nous n’aurions alors rien à attendre d’une présidente d’extrême droite dont on connaît d’avance le programme et les idées les mêmes que celle d’un Zemmour, dégagé dès le premier tour et qui appelle à voter Marine Le Pen, ce qui nous ferait craindre le pire pour nos compatriotes de l’autre côté de la Méditerranée en cas de victoire de l’extrême droite et des leurs alliances.

    par Youcef Dris

    Le Quotidien d’Oran, 14/04/2022

    #France #Election_présidentielle #Macron

  • France: Et si le débat du 2e tour se passait différemment qu’en 2017?

    France: Et si le débat du 2e tour se passait différemment qu’en 2017?

    France: Et si le débat du 2e tour se passait différemment qu’en 2017? – Emmanuel Macron, Marine Le Pen, élection présidentielle,

    A maintenant une semaine du deuxième tour de la présidentielle en France, les sondages, qui d’ailleurs se sont raréfiés depuis le 10 avril, date du premier tour, n’indiquent aucune dynamique particulière en faveur de l’un des deux finalistes, le président sortant, Emmanuel Macron, et Marine Le Pen la représentante de la mouvance d’extrême droite. En principe, lorsque les sondages se montrent stables dans leurs résultats, c’est qu’ils ont déjà mesuré quelque chose de réel, susceptible d’évoluer néanmoins, mais uniquement dans les marges d’erreur. Entre les deux candidats, la distance est telle que si on prenait le parti tout à fait arbitraire de faire jouer ces marges en faveur de Le Pen uniquement, Macron l’emporterait encore au scrutin du 24 avril. Mais cela n’est pas nouveau, on le savait depuis un certain temps déjà ; en fait, depuis des mois.

    Les sondages étant pour l’essentiel tombés juste dans leurs prévisions du premier tour, il n’y a a priori aucune raison de penser qu’ils se trompent dans celles du deuxième tour. Si bien qu’on devrait pouvoir être catégorique : le président sortant est en même temps le président rentrant. On s’exposerait à l’erreur ce faisant, car ce qui semble déterminant au deuxième tour, ce ne sont pas tant les sondages, qu’on ne prend d’ailleurs même plus la peine de commenter, que le débat du deuxième tour, son déroulement en général et ses péripéties en particulier.

    Si Macron a écrasé Le Pen à la présidentielle de 2017, c’est moins en raison de son programme, mieux apprécié des électeurs que celui de sa rivale, que de ses qualités de débateur, qui alors se sont révélées nettement supérieures à celles de Le Pen. Si la prestation de celle-ci avait été meilleure, probable qu’il aurait élu malgré tout, mais sans doute pas avec la même avance. Cette fois-ci aussi, le débat d’entre-les-deux-tours pourra être décisif. Il ne le sera pas nécessairement si Le Pen tient le coup, si elle ne se laisse pas malmener comme en 2017. Il le sera par contre si, à la différence de 2017, c’est Macron qui s’effondre. Un scénario, il est vrai peu probable, mais sait-on jamais ? Il peut s’entretenir dans l’idée d’une supériorité intellectuelle définitive sur sa rivale, qui le moment venu le dessert, joue contre lui : la punition dont se paye en général la sous-estimation de l’adversaire.

    Ce n’est déjà pas bon de surestimer quelqu’un, mais le sous-estimer, c’est souvent courir au devant d’une catastrophe. Or que Macron se surestime, c’est évident dans son rejet de l’idée largement partagée que c’est au front républicain qu’il doit d’avoir été élu la première fois, et donc qu’il le sera la prochaine fois. A l’en croire, pas plus qu’il n’y a eu de front républicain en 2017, il n’y en aura en 2022. Il a été élu une première fois pour ses mérites, il en sera forcément de même la deuxième fois. S’il ne l’est pas le 24 avril, ce sera pour l’essentiel en raison de cette forfanterie. Parce qu’il aura manqué d’humilité, qu’il aura sous-estimé sa rivale. Bien entendu, tout reste possible, y compris qu’il ne fasse d’elle qu’une bouchée en fin de compte. Mais cela on ne le saura vraiment qu’avec le débat. S’il a dormi sur ses lauriers, s’il se pense toujours d’une autre trempe que Le Pen, alors que celle-ci n’a fait ces dernières années que se préparer à l’affronter à nouveau, fouettée par le désir profond de prendre sa revanche, il n’est pas dit que l’élection soit conforme aux sondages, aussi constants qu’ils aient été jusqu’à présent.

    Le Jour d’Algérie, 15/04/2022

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    Surprise

    Lors des deux semaines d’entre-deux-tours de l’élection présidentielle française de 2017, Emmanuel Macron, certain de sa victoire face à Marine Le Pen, paraissait totalement détendu et commençait même à endosser petit à petit le costume présidentiel. Le résultat du 7 mai au soir, avec une victoire à plus de 66 % des voix pour Macron, confirmait la solidité du «Front Républicain». Mais aujourd’hui la confiance du président français semble s’être étiolée et ses apparitions ces derniers jours témoignent une certaine fébrilité. Jamais le Rassemblement National (autrefois Front National) n’avait été aussi proche d’une victoire à la présidentielle et cela inquiète non seulement le camp macroniste, mais tous ceux qui depuis des décennies luttent contre ce parti.

    La Commission de contrôle de la campagne électorale (CNCCEP) demande aujourd’hui des précisions à la candidate du RN. L’instance s’interroge sur deux chiffres figurant sur le document de campagne pour le second tour. L’entourage de Marine Le Pen dénonce une manœuvre politique. Ce qui coince, c’est un élément clé de l’argumentaire de Marine Le Pen.

    Dans la profession de foi que la Commission de contrôle de la campagne électorale (CNCCEP) épingle, deux chiffres censés démontrer l’échec du quinquennat Macron en matière de sécurité et d’immigration posent question. On peut lire : «+31% d’agressions volontaires depuis 2017» et «1,5 million d’immigrés supplémentaires entrés légalement en France depuis 2017». Or la source serait, selon le RN, le ministère de l’Intérieur lui-même. Sauf que la Place Beauvau ne les reconnaît pas. «Ce sont des éléments que nous n’arrivons pas à corroborer», ajoute-t-on à la CNCCEP. Le «gendarme» de la campagne a donc réclamé des clarifications à la candidate du RN. «Mais nous demandons régulièrement des précisions de ce type. Cela a été le cas pour plusieurs candidats avant le premier tour».

    Reste que dans le pire des cas pour Marine Le Pen, la commission peut décider de ne pas homologuer sa profession de foi. Une grosse déconvenue, qui l’obligerait à mettre à la poubelle des milliers de documents. «Vu les délais, évidemment qu’ils sont déjà chez l’imprimeur», confie un cadre du parti. Un proche de la candidate se dit très agacé mais pas du tout inquiet. «Nos sources sont sûres, nous les avons déjà transmises à plusieurs reprises à la commission. D’ailleurs, ces chiffres figuraient déjà sur la profession de foi du 1er tour, assure-t-il. Le seul objectif de tout cela, c’est de nous faire perdre un temps précieux». Marine Le Pen a également réagi hier matin. En déplacement dans une PME de Gennevilliers, dans les Hauts-de-Seine, elle a rappelé que les chiffres qui sont dans sa profession de foi «sont sourcés avec des chiffres du ministère de l’Intérieur» avec «le lien du ministère». «Je veux bien qu’il conteste ses propres chiffres mais attention à ce type de manœuvre, attention à respecter la démocratie», a lancé la candidate du RN. «Je ne vois vraiment pas ce qui pourrait pousser le juge de l’élection à interdire ma profession de foi ce qui reviendrait à adresser aux Français uniquement la profession du président sortant», a-t-elle prévenu. La candidate du RN qui n’a jamais été aussi proche du pouvoir a-t-elle, toutefois, réellement une chance d’accéder à l’Élysée ?

    Emmanuel Macron, qui a travaillé dur pour s’assurer de la présence de Le Pen face à lui au second tour du scrutin, a-t-il, lui, mesurer toute l’ampleur de la détestation qu’il suscite et du risque d’un vote contestataire ? Toujours est-il que contrairement à 2017 rien n’est joué et que les résultats du 24 avril peuvent encore créer la surprise.

    Le Jour d’Algérie, 13/04/2022

  • Le Pen veut conditionner tous les visas et transferts de fonds vers l’Algérie

    Le Pen veut conditionner tous les visas et transferts de fonds vers l’Algérie

    Le Pen veut conditionner tous les visas et transferts de fonds vers l’Algérie – France, Marine Le Pen, élection présidentielle,

    Marine Le Pen a présenté, mercredi 13 avril, sa vision de la France dans le monde. A l’égard de l’Algérie, la candidate a défendu une politique “totalement inverse” a celle menée ces dernières décennies.
    Notamment en conditionnant tout octroi de visa ou tout transfert de fond au retour effectif des personnes expulsées.
    Elle assure vouloir “des relations amicales” et “décomplexées” avec l’Algérie, mais avec des conditions. Marine Le Pen, qui détaillait, mercredi 12 avril, sa vision des relations internationales devant la presse, a défendu une politique “exactement inverse” a celle qui a été privilégiée en France a l’égard de ce pays au cours des dernières décennies.

    “Mon souhait est, d’emblée, de conditionner tout nouvel octroi de visa au profit de ressortissants algériens, toute autorisation de transferts de fonds, toute acquisition de propriété en France par un dignitaire, a plusieurs éléments, incluant une mise en œuvre effective de la réadmission par les autorités consulaires algériennes en France”, a indiqué la candidate du RN a la présidentielle. Elle faisait référence a la réticence de plusieurs pays, dont l’Algérie, a récupérer leurs ressortissants qui doivent être expulsés du territoire français.

    Marre des Arabes

    La candidate d’extrême droite a rassemblé environ 4 000 personnes dans le Vaucluse ce jeudi. Parmi lesquelles des militants et soutiens ouvertement racistes, qui traduisent a voix haute les euphémismes de la finaliste.

    Un jeudi après-midi, au parc des expos d’Avignon. Beau soleil. Meeting d’entre-deux-tours de Marine Le Pen. Une femme secoue son drapeau si fort que le tissu s’envole au vent. Une file d’individus s’étire devant le batiment, qui ressemble a une grande soucoupe volante.

    De loin, on se demande si elle ne voudrait pas emmener ces gens très loin, ou peut-être qu’elle vient tout juste de les déposer au sol. A l’intérieur, 4 000 personnes dans une chaleur étouffante. Musique sympa de boîte de nuit des années 80, Goldman et Céline Dion. Dans la foule, il y a Jérôme Mories, 64 ans, un maigre nerveux aux lunettes noires d’aviateur, petite veste matelassée. Il habite le Var, et il «dit ce qu’il pense».

     Il veut «rester français», il «n’en peut plus». Il prie pour que Marine Le Pen soit élue le 24 avril. Sinon, il promet «un bain de sang». Argument principal : «Il faut qu’elle passe, il y en a marre.» De quoi ? «Des Maghrébins et des Arabes.

    On se fait agresser, c’est un scandale. Macron, il faut le raser, il faut lui couper la tête et les couilles, et lui foutre dans la bouche. Je dis ce que je pense. Si jamais c’est lui qui passe au second tour, ça sera un bain de sang. Il faut que les Français sortent dans la rue et rendent le sang par le sang.» Jérôme a d’autres préoccupations. Il aimerait qu’on rétablisse la limitation de vitesse a 90 km/h, mais aussi fermer les frontières et, bien sûr, «mettre les Arabes dehors».

  • La France, la Russie et les sables mouvants du Sahel

    La France, la Russie et les sables mouvants du Sahel – Mali, Barkhane, Takuba, Niger, Burkina Faso,

    Eromo Egbejule*
    Le retrait des troupes françaises du Mali intervient après neuf ans de lutte contre l’insurrection islamiste.

    Le 17 février, la France et ses alliés européens ont annoncé qu’ils commenceraient à retirer leurs troupes du Mali après près de neuf ans de lutte contre une insurrection islamiste. Cette décision fait suite à une rupture des relations avec la junte au pouvoir au Mali, qui a pris le pouvoir lors du coup d’État de mai 2021, et est l’aboutissement de la montée du sentiment anti-français dans le pays.
    Le Niger voisin a salué le projet de la France de redéployer des troupes sur son territoire, mais d’autres pays de la région – comme le Burkina Faso et la Guinée – seraient également en train d’évaluer leurs relations avec la France.

    Insécurité au Sahel

    L’insurrection islamiste dans le nord du Mali a commencé en 2012. Elle a depuis déplacé environ un demi-million de personnes et fait des centaines de morts. La France a déployé pour la première fois des troupes au Mali en 2013 pour une célébration populaire. Son intervention a d’abord réussi à endiguer l’avancée des rebelles et à remettre des villes clés telles que Tombouctou sous le contrôle du gouvernement.

    Au fil des ans, cependant, les militants armés se sont regroupés et ont élargi la portée de leurs opérations. La recrudescence des attaques au Burkina Faso depuis 2015 environ, par exemple, a contribué à une crise humanitaire qui a maintenant contraint 1,7 million de personnes à quitter leur foyer. Selon l’Armed Conflict Location & Event Data Project , le Burkina Faso est désormais l’épicentre du conflit, comme en témoigne l’attaque du 5 juin 2021 au cours de laquelle des hommes armés ont tué environ 160 personnes dans la ville septentrionale de Solhan.

    L’instabilité politique a à la fois ajouté à cette insécurité dans la région et en a résulté. Depuis 2019, il y a eu quatre coups d’État réussis au Sahel (Burkina Faso, Tchad, Guinée et Mali) et deux échecs (Guinée Bissau et Niger). Certains analystes suggèrent que le succès perçu de certains coups d’État dans la région a contribué aux tentatives d’autres. Selon Paul Melly du programme Afrique de Chatham House, la montée des coups d’État a « généré un sentiment plus large de déstabilisation » et que « les soldats qui envisagent des tentatives de putsch peuvent de plus en plus se sentir habilités à le faire ».

    Les coups d’État ont également eu des facteurs communs. Le renversement au Burkina Faso en janvier dernier, par exemple, a suivi la montée des protestations populaires contre l’incapacité perçue du gouvernement à arrêter les attaques armées. Comme le souligne Mvemba Phezo Dizolele, directeur du programme Afrique au Centre d’études stratégiques et internationales (CSIS) basé aux États-Unis, le Burkina Faso a déjà connu des coups d’État militaires, mais le coup d’État de 2022 était remarquable pour « se produire en même temps que augmentation des attentats terroristes ».

    Les coups d’État au Mali ont également été motivés en partie par la perception que le gouvernement n’a pas réussi à gérer l’insurrection islamiste, et de nombreux citoyens ont soutenu les renversements dans l’espoir que les nouveaux gouvernements feront mieux pour lutter contre l’insécurité. Dans le même temps, les coups d’État maliens ont entraîné une détérioration des relations avec la France. Cette aigreur a commencé après le coup d’État d’août 2020 et s’est aggravée après le coup d’État de mai 2021, conduisant finalement la France à annoncer son retrait militaire.

    Le rapport pays 2022 sur le Mali dans l’indice de transformation (BTI) de la Bertelsmann Stiftung souligne à quel point cette instabilité politique a conduit le Mali à régresser. Son indice de gouvernance , qui mesure la constance des élites dans la poursuite d’une démocratie fondée sur l’État de droit et une économie de marché, est passé de 5,19 (sur 10 possibles) en 2020 à 4,66 en 2022. Et, comme le résume le rapport : « Aujourd’hui, La situation politique et sécuritaire ne diffère guère de celle de 2012, les deux tiers du territoire du pays étant toujours hors du contrôle de l’État malgré l’intervention de la communauté internationale depuis 2013. »

    Vers la Russie ?

    Le retrait d’environ 2 400 soldats français au Mali intervient à un moment où le groupe Wagner, un groupe paramilitaire russe, fait de plus en plus d’incursions dans le pays. La société militaire privée, créée en 2014 pour soutenir les séparatistes pro-russes dans l’est de l’Ukraine, a noué des liens plus étroits avec la junte malienne. Il a également des opérations dans des pays comme la République centrafricaine, le Tchad et le Mozambique.

    Malgré les affirmations de Bamako et de Moscou selon lesquelles les Russes au Mali ne sont que des entraîneurs et non des mercenaires, de plus en plus de rapports font état de combattants de Wagner vus dans tout le pays. Le mois dernier, des mercenaires russes présumés travaillant avec l’armée malienne auraient tué environ 300 personnes en cinq jours dans la région nord de Mopti.

    Pour de nombreux pays africains, la Russie offre une alternative intéressante à la France et à l’Occident. Pour le Mali, cela rend plus gérable le retrait annoncé de son ancien maître colonial. Le soutien de la Russie est assorti de peu de conditions et de moins de bagages historiques que les anciennes puissances coloniales et les États-Unis. C’est en partie pourquoi, lors du vote de l’Assemblée générale des Nations unies pour condamner les actions de la Russie en Ukraine, 17 pays africains – environ un tiers – se sont abstenus.

    Selon le Council on Foreign Relations, en optant pour une relative neutralité face à l’invasion russe, les dirigeants africains « mettent en balance leur engagement philosophique envers la souveraineté et l’intégrité territoriale avec le soutien matériel et militaire concret d’un dirigeant dont ils soupçonnent les intentions, mais dont le soutien sans les chaînes attachées sont devenues utiles. »

    *Eromo Egbejule est un journaliste nigérian. Entre autres, il écrit pour le Blog Bertelsmann Stiftungs BTI.

    African arguments, 13/04/2022

    #Sahel #Mali #Niger #BurkinaFaso #France #Barkhane #Takuba

  • 60 ans après, l’Algérie toujours au cœur des affaires internationales

    60 ans après, l’Algérie toujours au cœur des affaires internationales – Maroc, France, Afrique, Sahara Occidental, décolonisation,

    En mars 1962, après huit ans de luttes armées, diplomatiques et de masse, le Front de libération nationale (FLN) contraint les dirigeants coloniaux à Paris à s’engager à céder son contrôle à un gouvernement provisoire algérien (GPRA), renversant 132 ans de domination impérialiste française. .

    Le FLN et ses alliés ont réussi à vaincre le régime colonial en France, donnant l’exemple aux autres États du continent africain qui menaient alors une guérilla révolutionnaire contre les régimes européens soutenus par les colons et l’impérialisme.

    Cette victoire contre l’impérialisme français était un projet panafricain faisant entrer des gouvernements nouvellement indépendants comme la Tunisie, le Maroc, le Ghana et le Mali. Le Dr Frantz Fanon, médecin psychiatre de formation française, né en Martinique, s’est rendu en Algérie pour travailler au nom du régime colonial lorsqu’il a changé d’allégeance au FLN en devenant ambassadeur et rédacteur en chef d’un journal de premier plan (El Moudjahid) allié au mouvement de libération nationale.

    Une orientation idéologique issue des mouvements d’indépendance en Afrique a émergé au cours du 20ème siècle avec une influence mondiale. La France ainsi que d’autres États impérialistes européens tels que l’Espagne, le Portugal, la Grande-Bretagne, l’Italie, l’Allemagne, la Belgique et les États-Unis s’étaient réunis à Berlin en 1884-1885 où ils ont divisé le continent africain en sphères d’intérêts en fonction de leurs atouts économiques et économiques. militairement.

    Ces accords finiraient bien sûr par se rompre avant les première et seconde guerres mondiales. Les résultats de la Seconde Guerre mondiale ont créé une atmosphère propice à la domination impérialiste américaine. Cependant, l’affaiblissement de la France, de la Grande-Bretagne, de l’Allemagne, de la Belgique, de l’Espagne et du Portugal pendant la Seconde Guerre mondiale a enhardi les masses colonisées opprimées de travailleurs et d’agriculteurs, ce qui a conduit à l’avènement des révolutions de libération nationale dans toute l’Afrique et l’Asie des années 1940 aux dernières décennies du 20 e siècle.

    La France s’est battue âprement pour maintenir le contrôle de l’Algérie en faisant valoir qu’il s’agissait d’un territoire d’outre-mer de Paris. Commençant par un blocus en 1827, les forces militaires françaises ont attaqué Alger en 1830 sans aucune intention de quitter le pays.

    Un récit historique de la croissance de la domination coloniale française et de la résistance à l’impérialisme en Algérie dit : « La domination des colons sur l’Algérie n’a cependant été assurée qu’à la chute de Napoléon III en 1870 et à la montée de la Troisième République en France. Jusque-là, l’Algérie restait largement sous administration militaire et le gouverneur général de l’Algérie était presque invariablement un officier militaire jusqu’aux années 1880. La plupart des Algériens – à l’exception des colons (population de colons connue sous le nom de pieds noirs – étaient soumis au pouvoir d’officiers militaires organisés en bureaux arabes, dont les membres étaient des officiers ayant une connaissance intime des affaires locales et de la langue du peuple mais sans intérêt financier direct. dans la colonie. » (https://www.britannica.com/place/Algeria/Independent-Algeria)

    Avant cette période des années 1880, entre 1830 et 1847, la résistance au contrôle français a commencé en Algérie. À la suite de la défaite d’une autre série de rébellions survenues dans les années 1860 et 1870, a marqué la consolidation française de leur contrôle sur le pays. Les colons français ont pu sécuriser les terres les plus arables, forçant le peuple algérien à une existence marginalisée. Malgré les troubles politiques en France au cours des années 1830 et 1840, les forces militaires soutenues par la classe dirigeante ont poursuivi leur projet colonial en Algérie.

    La montée du fascisme en Europe au cours des années 1920 et 1930 a donné une impulsion à l’Italie et à l’Allemagne pour s’emparer de plus grandes étendues de territoire en Europe et en Afrique du Nord. La prise de la France par l’armée allemande en 1940 a entraîné l’installation d’un gouvernement redevable à Hitler et à son régime. Cependant, la Grande-Bretagne et les États-Unis ont défié les efforts allemands et italiens en Afrique du Nord à travers une série de batailles en Égypte, en Libye et en Algérie entre 1940 et 1943.

    En Algérie, une occupation militaire américaine a commencé à la fin de 1942 sous la bannière de «l’opération Torch» et s’est poursuivie tout au long de la guerre. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, les Algériens se sont lancés dans une campagne de masse pour gagner l’indépendance de la France.

    Un massacre de milliers d’Algériens a eu lieu à partir du 8 mai 1945, le même jour que la défaite des nazis en Allemagne. Connus sous le nom de massacres de Sétif et de Guelma, ces attentats ont entraîné la mort de 30 000 Algériens après la mort de plus de 100 colons français. Des rébellions ont éclaté dans toutes les régions du pays en réponse à la répression. Néanmoins, les Français ont réussi à contenir la rébellion par des actions militaires brutales, fermant les voies de la lutte non violente dans l’État nord-africain.

    La lutte armée algérienne crée un précédent pour les luttes anticoloniales

    Malgré l’écrasement français de la rébellion de mai 1945, neuf ans plus tard, le mouvement reconsolide et lance une lutte révolutionnaire armée pour l’indépendance nationale à partir de 1954. La bataille d’Alger et l’intense activité de guérilla dans les zones rurales ont affaibli la volonté française de rester comme une puissance coloniale.

    La défaite des Français au Nord-Vietnam au cours de la même année à la bataille de Dien Bien Phu laissait présager beaucoup pour l’avenir des actions militaires visant à préserver le colonialisme. La lutte armée se poursuivit jusqu’en mars 1962, date à laquelle les forces de sécurité gouvernementales françaises et les colons eurent épuisé toutes les options visant à rester au pouvoir à Alger.

    Après l’indépendance de l’Algérie, le pays sous le FLN a servi de base aux luttes de libération nationale sur tout le continent africain. Nelson Mandela, co-fondateur et commandant initial de la branche militaire du Congrès national africain (ANC), Umkhonto We Sizwe, a reçu une formation dans un camp du FLN au Maroc.

    Fanon, qui a été déployé en tant que diplomate pour le FLN au Ghana sous le gouvernement du Dr Kwame Nkrumah, a servi à apporter une plus grande prise de conscience de l’importance politique du mouvement de libération en Algérie. Bien que Fanon soit décédé d’une leucémie en décembre 1961 alors qu’il recevait des soins médicaux aux États-Unis, ses écrits compilés sous le titre « Les damnés de la Terre » ont été largement lus en Afrique et dans le monde.

    Aux États-Unis, des organisations révolutionnaires dirigées par des jeunes telles que le Student Nonviolent Coordinating Committee (SNCC) et le Black Panther Party (BPP) ont étudié de manière approfondie les écrits de Fanon en les utilisant comme guide de la révolution noire qui a balayé le monde dans les années 1960 et 1970. . James Forman, l’ancien secrétaire exécutif et directeur des affaires internationales du SNCC, a déclaré dans un discours prononcé lors d’une conférence régionale de la jeunesse noire à Los Angeles le 23 novembre 1967 que : « Le racisme et l’impérialisme américain, inextricablement liés, sont agressés par des combattants de la libération dans le monde entier. Dans cette lutte mondiale entre révolution et contre-révolution, il ne peut y avoir de « spectateurs innocents ». Comme Frantz Fanon l’a écrit dans Les Misérables de la Terre, « Oui ; tout le monde devra être compromis dans la lutte pour le bien commun. Personne n’a les mains propres; il n’y a pas d’innocents et pas de spectateurs. Nous avons tous les mains sales… Chaque spectateur est soit un lâche, soit un traître. La lutte contre le racisme n’est pas la lutte des Noirs, c’est la nôtre. Et la bataille est engagée. (https://www.marxists.org/history/erol/ncm-1/forman-1.htm)

    En août 1969, l’Algérie était l’hôte du premier festival culturel panafricain qui rassemblait des personnes d’ascendance africaine de tout le continent et du monde. Le Black Panther Party a été invité en tant que délégation représentant le peuple afro-américain. Plus tard, le BPP a reçu une ambassade officielle à Alger qui a servi de section internationale du BPP de 1969 à 1972.

    L’Algérie à l’époque moderne

    L’ancienne colonie française est devenue un grand producteur et exportateur de pétrole et de gaz naturel, plaçant la nation indépendante comme un acteur important dans les relations internationales. Outre le Festival culturel panafricain de 1969 et l’hébergement du BPP, alors objet d’une répression extrême par le gouvernement américain, le pays a capturé le contre-révolutionnaire sécessionniste Moise Tshombe de l’ex-Congo belge, désormais connu sous le nom de Parti démocratique République du Congo (RDC).

    Tshombe, qui avait été un agent des anciennes autorités coloniales belges dans le sud de la RDC et était impliqué dans l’assassinat du premier Premier ministre congolais Patrice Lumumba en janvier 1961, est mort en détention algérienne en 1969. Le Conseil de sécurité nationale américain et la Central Intelligence Agency (CIA) voulait que Lumumba soit tué, sur ordre du président Dwight D. Eisenhower en 1960-1961.

    Les désaccords sur une élection nationale en 1992, lorsque le Front islamique du salut (FIS) s’est vu refuser la possibilité de créer un gouvernement en Algérie, ont conduit à une guerre civile qui a duré les dernières années des années 1990. La guerre civile a entraîné la mort de nombreux Algériens des deux côtés du conflit. Après la prédominance du gouvernement au début du XXIe siècle, le pays a continué à servir de bastion de soutien au Front Polisario, le mouvement de libération luttant pour la libération de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) du Sahara occidental, qui reste sous la domination du Royaume du Maroc.

    Ces dernières années, le mouvement d’opposition Hirak a organisé de grandes manifestations réclamant des réformes en Algérie. L’action de protestation a créé une atmosphère propice à la démission de l’ancien président Abdelaziz Bouteflika en 2019.

    Début 2020, un nouveau chef, le président Abdelmadjid Tebboune, a été élu. L’administration actuelle s’est opposée à l’octroi secret du statut d’observateur israélien au sein de l’Union africaine en 2021-2022. En collaboration avec les gouvernements de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), la décision du président de la Commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat, a été annulée lors d’un sommet à Addis-Abeba, en Éthiopie, début février 2022. (https://www .middleeastmonitor.com/20220217-after-the-african-union-revoked-israelis-observer-status-it-is-time-for-more-work/)

    En outre, le gouvernement algérien a rappelé son ambassadeur d’Espagne après que le gouvernement de Madrid a reconnu le contrôle du Royaume du Maroc sur le Sahara occidental. La RASD a obtenu le statut de membre au sein de l’UA et maintient une mission auprès des Nations Unies.

    Les relations avec la France ont également été tendues au cours des derniers mois précédant le 60 e anniversaire de l’indépendance. Le président français Emmanuel Macron a fait des commentaires indiquant que la lutte pour l’indépendance de l’Algérie était en quelque sorte illégitime. Ces affirmations ridicules de Paris se déroulent dans un contexte de montée des sentiments anti-français à travers le continent, en particulier dans la région du Sahel en Afrique de l’Ouest où Macron a maintenu des troupes sous couvert d’antiterrorisme. Le fait est que la situation sécuritaire en Afrique du Nord et de l’Ouest s’est détériorée en raison de la présence de troupes françaises et américaines connues sous le nom d’Africa Command (AFRICOM) et de l’opération Barkhane.

    Ces luttes militaires et diplomatiques qui se déroulent en Afrique du Nord et de l’Ouest détermineront le statut de la France et des États-Unis dans ces régions du continent. Le rôle du militarisme impérialiste en Afrique continuera d’être une source de conflit jusqu’à ce que l’intervention étrangère soit terminée et que l’unité soit réalisée.

    Borkena, 11/04/2022

    #Algérie #Afrique #Maroc #SaharaOccidental #France #Décolonisation




  • Algérie-France : rien ne changera

    Algérie-France : rien ne changera

    Algérie-France : rien ne changera – élections présidentielles, Emmanuel Macron, Marine Le Pen,

    L’issue des résultats du premier tour de l’élection présidentielle en France, l’on peut aisément constater que le bateau France tangue entre deux visions contradictoires quant à la vision que nourrit l’un et l’autre vainqueur des consultations électorales de dimanche dernier. Dans cette contradiction, il y a bien entendu l’idée que se fait M. Macron d’un côté et Mme Le Pen de l’autre, des rapports avec l’Algérie, une ancienne colonie française, mais également une véritable exception dans la politique étrangère de l’Elysée.

    On pourrait certainement y voir des divergences fondamentales, susceptibles de jeter un froid sidéral dans les relations entre l’Algérie et la France en cas de victoire de Marine Le Pen. Mais d’un autre côté, il ne faut pas croire que les deux pays ouvriraient une ère d’entente parfaite et sans nuages, en cas de victoire d’Emmanuel Macron, le 24 avril prochain. L’expérience du premier mandat du président sortant, comme celle acquise avec ses prédécesseurs, nous renseigne sur tout l’intérêt que porte la France, qu’elle soit de droite ou de gauche, au plus grand et «appétissant» marché d’Afrique du nord.

    Bien entendu, les présidents, Premiers ministres et ministres des Affaires étrangères qui foulent le sol algérien ne cessent d’affirmer que leur pays est le plus important investisseur étranger en Algérie. Ainsi, en cas de reconduite du président Macron, les mêmes ministres ou d’autres tenteront de mettre en exergue «l’attitude très positive des opérateurs français». Leurs vis-à-vis algériens sont censés comprendre que les hommes d’affaires de l’Hexagone ont le cœur sur la main, dès qu’il est question d’Algérie.

    Le scénario est certes bien huilé, mais à force de nous le servir au lendemain d’élections présidentielles ou de changement de majorité, nous l’avons appris par cœur. Les Algériens et leurs illustres « observateurs » peuvent raconter le séjour des nouveaux ministres français à la minute près. Cela sans parler des propos gentils qu’adressera l’hôte de l’Algérie aux opérateurs algériens, les encourageant, bien entendu, à fructifier leur affaires avec leurs partenaires français. Ces derniers seront du voyage et pas plus tard qu’à l’été prochain où une importante rencontre est programmée au niveau des deux Premiers ministres. Celui de France, (on avance le nom de Christine Lagarde dans le cas d’un second mandat pour M. Macron) soulignera la volonté de son gouvernement de développer un partenariat gagnant-gagnant. aura à cœur de réussir la première partie du « gagnant-gagnant ». Celle qui la concerne bien sûr. C’est son métier.

    Ainsi va la politique entre l’Algérie et la France…

    Par Nabil G.

    Ouest Tribune, 11/04/2022

    #Algérie #France #Elections_présidentielles #Macron

  • Trafic de drogue depuis le Maroc : sept arrestations en Moselle et à Marseille

    Trafic de drogue depuis le Maroc : sept arrestations en Moselle et à Marseille – France, cannabis, haschich,

    Un trafic de stupéfiants «depuis le Maroc via l’Espagne et les Pays-Bas» a été démantelé, sept personnes étant interpellées en Moselle et à Marseille, a indiqué dimanche la Juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Nancy. Les interpellations ont eu lieu mercredi. Six personnes ont été arrêtées dans plusieurs villes de Moselle et la septième à Marseille, selon un communiqué de la JIRS.

    Les suspects, «six hommes et une femme, âgés de 22 à 40 ans», ont été mis en examen : six ont été placés en détention provisoire et un sous contrôle judiciaire, a précisé la JIRS. Lors des interpellations en Moselle, «un peu plus de 237.000 euros et 132 kilogrammes de cannabis» ont été saisis, selon la même source.

    Quatre suspects ont notamment été mis en examen pour «importation de stupéfiants en bande organisée», ce qui donne une dimension criminelle au dossier, a précisé à l’AFP une porte-parole de la JIRS.

    La drogue stockée en Moselle
    L’enquête a débuté «par un renseignement anonyme faisant état d’une importation massive de cannabis» arrivant «par camion» depuis l’Espagne et transportant «des centaines de kilogrammes de cannabis d’une valeur estimée à un million d’euros, à raison d’une fois par mois». «La drogue était stockée en Moselle», avant d’être «livrée par dizaines de kilogrammes par des trafiquants appartenant à ce réseau très organisé», toujours selon la JIRS.

    D’autres saisies, imputables à ce réseau, ont été opérées parallèlement : 110 kilos de cannabis ont ainsi été découverts en Moselle dans un véhicule «faussement plaqué». Et en novembre, les douanes avaient saisi près de Nîmes 549 kilos de résine de cannabis.

    Selon les éléments de l’enquête, la drogue était importée par l’un des suspects, âgé de 24 ans, et vivant entre la Moselle, l’Espagne et le Maroc. Il fournissait ensuite «deux autres individus», implantés à Guenange (Moselle) pour l’un, entre Marseille et l’Alsace pour l’autre, et qui disposaient eux-mêmes «de leurs propres réseaux de redistribution des stupéfiants», indique la juridiction.

    Ils avaient «sous leurs instructions plusieurs individus» qui étaient «chargés de transporter les stupéfiants en Moselle, mais également jusqu’à Lyon et Paris», devaient «récolter l’argent et faisaient office de “nourrice” pour le stockage des stupéfiants et de l’argent», selon la même source.

    Le Figaro, 10/04/2022