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  • Afrique, la France commence le désengagement de Barkhane. Deux scénarios s'ouvrent pour le Sahel

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    La France a commencé le désengagement militaire de l’opération Barkhane au Sahel. Les troupes seront réduites de 5 100 à 3 000, mais la composante aérienne sera maintenue.
    La France a officiellement commencé à réduire ses troupes de l’opération Barkhane au Sahel. C’est ce qu’a annoncé l’état-major de Paris, en publiant une vidéo sur la mission. Elle concerne en particulier les militaires stationnés dans le nord du Mali. Selon les plans, d’ici la fin de l’année, les bases de l’armée française à Kidal, Tessalit et Tombouctou seront remises aux forces locales et le contingent français sera réduit d’environ 5 100 à 3 000 personnes. Pour le moment, cependant, la composante aérienne à Niamey, au Niger et à N’Djamena, qui fournit un appui aérien rapproché (CAS) contre les djihadistes de l’ISGS et du JNIM, un groupe terroriste affilié à Al-Qaïda, devrait rester inchangée. Celle-ci comprend sept Mirage 2000 C et D, entre six et dix avions de transport tactique et stratégique, ainsi que trois drones Predator-B Reaper. Il est flanqué de trois Ch-47 britanniques et de deux Merlin danois pour les hélicoptères de troupes.
    Le retrait des soldats français ouvre deux scénarios dans la région africaine. Soit l’UE entrera dans le jeu, soit la Russie deviendra un protagoniste.
    Le désengagement des forces françaises de Barkhane ouvre deux scénarios au Sahel. La première prévoit un rôle croissant pour les entrepreneurs russes du groupe Wagner, qui ont déjà signé des accords avec le Mali dans la lutte contre l’ISGS et le JNIM. Dans le second, en revanche, l’UE deviendra un protagoniste, compensant la sortie de Paris. Soit dans le cadre de la Takuba Task Force, qui pourrait être renforcée et ne pas se limiter aux seules forces spéciales, soit avec une nouvelle mission ad hoc qui opère sur la base des accords de l’Alliance pour le Sahel avec le groupe G5 Sahel (Mali, Mauritanie, Burkina Faso, Tchad et Niger). Cette question est discutée à Bruxelles depuis un certain temps, mais jusqu’à présent, il n’y a rien de concret. Le délai pour une décision se resserre toutefois. En fait, Moscou est déjà prêt à intervenir et n’attend qu’une demande officielle des pays de la région africaine, qui ne tardera pas si l’Union européenne ne réagit pas rapidement.
    Difesa & Sicurezza, 29/10/2021
  • Maroc: Il y a 56 ans, l’enlèvement et assassinat de Ben Barka

    Il y a 56 ans, l’enlèvement et assassinat de Ben Barka – Malgré d’innombrables théories tentant d’expliquer ce qui lui est réellement arrivé, les circonstances exactes de sa disparition n’ont jamais été établies.

    Mehdi Ben Barka était un homme politique marocain, chef de l’Union nationale des forces populaires (UNPF), parti de gauche, et secrétaire de la Conférence tricontinentale. Opposant à Hassan II, il a « disparu » à Paris en 1965. Malgré d’innombrables théories tentant d’expliquer ce qui lui est réellement arrivé, les circonstances exactes de sa disparition n’ont jamais été établies et, depuis 2009, les enquêtes se poursuivent.

    Historique
    Né à Rabat, au Maroc, d’une famille de fonctionnaires, Ben Barka est devenu le premier musulman marocain à obtenir un diplôme de mathématiques dans une école française officielle en 1950. Il devient un membre éminent de l’opposition marocaine au sein du parti nationaliste de l’Istiqlal, mais se sépare après des affrontements avec des opposants conservateurs en 1959 pour fonder l’Union nationale des forces populaires (UNFP), un parti de gauche.
    En 1962, Ben Barka est accusé de comploter contre le roi Hassan II. Il est exilé du Maroc en 1963, après avoir appelé les soldats marocains à refuser de combattre l’Algérie lors de la guerre des sables de 1963.

    Le 29 octobre 1965, Mehdi Ben Barka a été enlevé (« disparu ») à Paris par des policiers français et n’a jamais été revu. Le 29 décembre 1975, le magazine Time a publié un article intitulé « The Murder of Mehdi Ben Barka », affirmant que trois agents marocains étaient responsables de la mort de Ben Barka, dont l’ancien ministre de l’Intérieur Mohammed Oufkir. Les spéculations persistent quant à l’implication de la CIA. Des agents des services de renseignement français et le Mossad israélien étaient également impliqués, selon l’article.

    L’exil et la signification politique globale
    Ben Barka s’est exilé en 1963, devenant un « vendeur ambulant de la révolution », selon l’historien Jean Lacouture. Il part d’abord à Alger, où il rencontre Che Guevara, Amílcar Cabral et Malcolm X. De là, il se rend au Caire, à Rome, à Genève et à La Havane pour tenter d’unir les mouvements révolutionnaires du tiers-monde en vue de la Conférence tricontinentale qui se tient en janvier 1966 à La Havane, où il affirme dans une conférence de presse que « les deux courants de la révolution mondiale y seront représentés : le courant issu de la Révolution d’Octobre et celui de la révolution de libération nationale ».

    En tant que dirigeant de la Conférence tricontinentale, Ben Barka était une figure majeure du mouvement tiers-mondiste et soutenait l’action révolutionnaire anticoloniale dans divers États, provoquant la colère des États-Unis et de la France. Juste avant sa mort, il préparait la première réunion de la Tricontinentale, prévue à La Havane, à Cuba – l’OSPPAAAL (Organisation de solidarité avec les peuples d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine) a été fondée à cette occasion.
    Présidant la commission préparatoire, il en définit les objectifs : aide aux mouvements de libération, soutien à Cuba soumis à l’embargo des Etats-Unis, liquidation des bases militaires étrangères et de l’apartheid en Afrique du Sud. Pour l’historien René Galissot, « la raison profonde de l’éloignement et de l’assassinat de Ben Barka est à chercher dans cet élan révolutionnaire de la Tricontinentale. »

    Victoria Brittain, écrivain pour The Guardian, a qualifié Ben Barka de « théoricien révolutionnaire aussi important que Frantz Fanon et Che Guevara », dont « l’influence s’est répercutée bien au-delà de leur propre continent ». Ses écrits ont été rassemblés et traduits en français par son fils Bachir Ben Barka et publiés en 1999 sous le titre Écrits politiques (1957-1965).

    Théories sur la disparition de Ben Barka

    Le procès français
    Dans les années 1960, la disparition de Ben Barka est un scandale public suffisant pour que le président De Gaulle déclare officiellement que son gouvernement n’est pas responsable. Après un procès en 1967, deux officiers français ont été envoyés en prison pour leur rôle dans l’enlèvement. Cependant, le juge a estimé que le principal coupable était le ministre marocain de l’Intérieur, Mohamed Oufkir. Georges Figon, un témoin aux antécédents criminels qui avait déclaré plus tôt qu’Oufkir avait poignardé Ben Barka à mort, a été retrouvé mort plus tard, officiellement un suicide. Le préfet de police Maurice Papon (1910-2007), condamné plus tard pour crimes contre l’humanité pour son rôle sous Vichy, est contraint de démissionner après l’enlèvement de Ben Barka.

    Ahmed Boukhari
    Ancien membre des services secrets marocains, Ahmed Boukhari a affirmé en 2001 que Ben Barka était mort pendant un interrogatoire dans une villa au sud de Paris. Il a déclaré que le corps de Ben Barka avait ensuite été ramené au Maroc et détruit dans une cuve d’acide. En outre, il a déclaré que cette cuve d’acide, dont les plans ont été reproduits par les journaux, avait été construite sur les instructions de l’agent de la CIA « Colonel Martin », qui avait appris cette technique pour faire disparaître les cadavres lors de son affectation dans l’Iran du Shah dans les années 1950.

    Ali Bourequat
    Le dissident franco-marocain et ancien prisonnier d’opinion de Tazmamart, Ali Bourequat, affirme dans son livre « Dans le jardin secret du roi du Maroc » avoir rencontré un ancien agent secret marocain dans une prison près de Rabat en 1973-74. L’homme, Dubail, a raconté comment lui et quelques collègues, menés par le colonel Oufkir et Ahmed Dlimi, avaient assassiné Ben Barka à Paris.
    Le corps a ensuite été encapsulé dans du ciment et enterré en dehors de Paris, mais sa tête a été apportée par Oufkir au Maroc dans une valise. Elle a ensuite été enterrée sur le terrain de la prison où Dubail et Bourequat étaient détenus.

    Documents de la CIA
    En 1976, le gouvernement des États-Unis, suite à des demandes formulées dans le cadre de la loi sur la liberté d’information, a reconnu que la Central Intelligence Agency (CIA) était en possession de quelque 1 800 documents concernant Ben Barka, mais ces documents n’ont pas été rendus publics.

    Documents français
    Certains documents secrets français sur l’affaire ont été rendus publics en 2001, provoquant un tollé politique. La ministre de la défense Michèle Alliot-Marie a accepté en 2004 de suivre les recommandations d’une commission de la défense nationale et a rendu publics les 73 documents classifiés supplémentaires sur l’affaire. Cependant, le fils de Mehdi Ben Barka s’est indigné de ce qu’il a appelé une « pseudo-divulgation de dossiers », insistant sur le fait que des informations avaient été retenues qui auraient pu impliquer les services secrets français (SDECE), et peut-être la CIA et le Mossad, ainsi que la responsabilité ultime du roi Hassan II, qui a commodément pu rejeter la faute sur Oufkir après son coup d’État manqué en 1972.

    Driss Basri
    Driss Basri, ministre de l’Intérieur d’Hassan II et son bras droit du début des années 1980 à la fin des années 1990, a été entendu par le juge Patrick Ramaël en mai 2006, en tant que témoin, au sujet de l’enlèvement de Ben Barka. Basri a déclaré au magistrat qu’il n’avait pas été lié à l’affaire Ben Barka. Il a ajouté qu’ »il est possible que le Roi ait été au courant. Il est légitime de penser que de Gaulle possédait des informations… »

    Source : Scam Leaks

  • Sahara Occidental: Le Polisario fustige Paris et Madrid

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    Alors que la bataille pour pondre une résolution sur les missions de la Minurso au Sahara occidental fait rage au sein du Conseil de sécurité, Paris, allié naturel du Makhzen, n’a pas hésité un seul instant à manœuvrer, comme d’habitude, pour imposer un texte résolument favorable à l’occupation et à la colonisation marocaine.
    Guerre de procédures pour certains et guerre de principe pour d’autres, cette résolution préliminaire, dont le vote était prévu mercredi dernier mais repoussé, est “déséquilibré” et ne reflète pas la nouvelle réalité puisqu’il y a, actuellement, une situation de guerre ouverte depuis la violation du cessez-le-feu par l’armée marocaine en novembre 2020 dans la zone tampon de Guerguerat, aux confins du sud du territoire sahraoui occupé.
    D’ailleurs, la Russie, le Kenya, qui assure la présidence du Conseil de sécurité, et d’autres pays membres de cette instance de l’ONU ont souhaité introduire des “amendements de substance” au projet de cette résolution sur le renouvellement du mandat de la Minurso, devant expirer le 31 octobre, l’objectif étant de rééquilibrer ce texte.
    Ces deux pays ont donc décidé de briser la procédure du silence qui était observée sur le projet de résolution par le porte-plume américain. Les autres griefs retenus par la Russie et le Kenya concernent “l’absence de transparence et l’approche partiale” dans l’élaboration du texte préliminaire.
    Pour les milieux diplomatiques, les deux pays contestent le fait que ceux qui ont élaboré ce texte “brouillent les paramètres” du règlement de la question sahraouie qui est, avant tout, une question de décolonisation, laquelle doit trouver son règlement conformément à la légalité internationale, c’est-à-dire permettre l’exercice par le peuple du Sahara occidental de son droit imprescriptible et inaliénable à l’autodétermination.
    En attendant la fin des consultations et l’acceptation de quelques amendements, le texte a été soumis au vote ce vendredi dans la soirée.
    Pour sa part, le représentant du Front Polisario en Europe et auprès de l’Union européenne (UE), Oubi Bouchraya Bachir, a fustigé la France qui, selon lui, “s’interdit de facto de jouer un rôle” dans la résolution du conflit du Sahara occidental, et a critiqué l’Espagne qui continue de faire fi de sa responsabilité historique vis-à-vis du peuple sahraoui.
    Dans un entretien accordé au journal français la Croix, M. Oubi a regretté la position de l’Espagne qui “se dit officiellement neutre et, ce faisant, se comporte comme des pays dénués de toute relation avec le Sahara occidental. Or, l’ancienne puissance coloniale a une dette historique. Elle porte une lourde responsabilité morale et juridique dans l’échec de la décolonisation, non seulement vis-à-vis des Sahraouis mais aussi de toute la région”.
    Quant à la France, le diplomate sahraoui a estimé qu’elle se situe résolument aux côtés du Maroc qui défend la prétendue “marocanité” du Sahara occidental et “s’interdit de facto de jouer un rôle dans la résolution du conflit”. Au moment où, au sein de l’Union européenne (UE), l’Allemagne, les Pays-Bas, les pays nordiques rappellent le droit international pour résoudre cette question irrésolue de la décolonisation, la position de la France “s’est même durcie ces dernières années”, a constaté M. Oubi. Raison pour laquelle, a-t-il dit, le Front Polisario, n’a plus aucun contact avec Paris depuis 2017.
    Du côté de l’ONU, “personne ne veut obliger le Maroc à payer la facture de la paix”, a-t-il affirmé. “Nous avons eu dans le passé des émissaires de très grande qualité, les Américains James Baker et Christopher Ross ou l’Allemand Horst Köhler. Tous les trois ont démissionné”. Le problème, selon lui, “ne réside pas dans ce poste d’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU, mais se situe au sein du Conseil de sécurité. Ce dernier se contente de gérer le conflit sans vouloir le résoudre”.
    Pour le Front Polisario, il n’est pas question de faire davantage de concessions. “Il ne peut y avoir une formule avec un gagnant et un perdant. Il faut régler cette question de souveraineté”, a-t-il ajouté.
    Sahara occidental : le mandat de la Minurso renouvelé
    Le Conseil de sécurité a décidé, vendredi, de proroger pour une durée d’une année le mandat de la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso).
    Le Conseil de sécurité a rendu publique sa résolution n° 2602 sur le Sahara occidental lors d’une séance tenue, vendredi, portant propagation de la mission de la Minurso jusqu’au 31 octobre 2022.
    Par 13 voix pour et deux abstentions (la Russie et la Tunisie), le Conseil de sécurité a adopté cette résolution présentée par les États unis.
    Les 13 pays qui ont voté en faveur du prolongement de la durée du mandat de la Minurso sont la Belgique, la République dominicaine, l’Estonie, l’Allemagne, Saint-Vincent, les Grenadines, l’Indonésie, le Niger, le Vietnam, la France, le Royaume-Uni, la Chine et les États-Unis.
  • Maroc : L’affaire Ben Barka, un scandale d’Etats

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    A qui profite le silence ? 44 ans après l’assassinat politique de Mehdi Ben Barka, l’obstruction franco-marocaine de l’enquête judiciaire continue. Décryptage du scandale, depuis la raison d’Etat qui a conduit au kidnapping, en plein Paris, du leader internationaliste au maintien d’un véritable secret d’Etat sur les commanditaires du crime.
    Un partie de poker menteur. L’objectif ? Gagner du temps. Vendredi 2 octobre, le Parquet de Paris a finalement demandé la suspension des mandats d’arrêts internationaux lancés la veille par Interpol et signés deux ans auparavant par le juge d’instruction Patrick Ramaël. Les personnes recherchées : quatre Marocains, dont deux officiers haut gradés, suspectés d’avoir participé à l‘enlèvement, le 29 octobre 1965, au cœur de Paris, de l’opposant Mehdi Ben Barka. Prétexte invoqué par le Ministère public : Interpol aurait requis des « précisions » supplémentaires pour appliquer les mandats d‘arrêts. Une nouvelle péripétie, qualifiée de « mascarade » par Bechir Ben Barka. Le fils en quête de vérité est indigné par le revirement, en à peine 24 heures, de la place Vendôme. Il est vrai que le ministère de la Justice, sous tutelle du pouvoir politique, sait comment verrouiller et temporiser. Dans la pratique, pour être exécutable, un mandat d’arrêt international impliquant la France a besoin de son feu vert. Disposant depuis deux ans des mandats, la Chancellerie les avait transmis au ministère de l’Intérieur qui les a remis par la suite à Interpol pour les besoins d’une diffusion internationale. Heureuse coïncidence : mardi dernier, Brice Hortefeux, ministre de l’Intérieur, revenait précisément de Rabat où il s’est entretenu avec son homologue marocain.
    A l’annonce de cette énième chicanerie administrative, Maurice Buttin, l’avocat historique de la famille Ben Barka, a soupçonné, à voix haute sur France Info, l’Elysée d’être responsable de l‘obstruction judiciaire par la probable instruction de consignes adressées, via Michèle Alliot-Marie, au Parquet de Paris. L’avocat a tiré les leçons de la parodie de procès de 1967, qui s’acheva sur l’incrimination insuffisante de seconds couteaux, au profit de l’appareil d’Etat français, qui fut préservé, et la condamnation, par contumace, du général Oufkir, protégé au Maroc. En 1975, le dépôt d’une nouvelle plainte pour assassinat a inauguré une procédure judiciaire, longue, sinueuse et bien embarrassante pour l’amitié franco-marocaine. La levée du secret-défense s’est faite progressivement en France ces dernières années (2000, 2004 et 2008) sans pour autant apporter au dossier les pièces nécessaires à la résolution du crime. Pour le tandem Paris-Rabat, le tabou majeur se résume depuis près d’un demi-siècle à trois mots, formant un patronyme : Mehdi Ben Barka.
    VRP de la Révolution
    Avant de devenir un thriller judiciaire, l’affaire Ben Barka, non élucidée à ce jour, est d’abord un roman noir, entre tragédie grecque et film d’espionnage. C’est l’histoire d’un brillant mathématicien devenu le chantre du socialisme révolutionnaire. C’est aussi l’ascension d’un nationaliste combattant pour l’indépendance de son pays et bientôt propulsé dans l’arène mondiale pour insuffler aux peuples du Sud l’espérance de l‘émancipation. C’est surtout l’odyssée d’un ancien détenu contraint à l’exil qui sera finalement rattrapé par une conjuration d’Etats. C’est enfin, ironie du sort, le drame d’un professeur qui sera condamné à mort par son ancien élève devenu souverain, le roi Hassan II.
    Figure intellectuelle de la gauche panafricaniste, Ben Barka a été abattu en plein vol, à l’âge de 45 ans, alors que son charisme s’étoffait sur la scène internationale. 1965 : la Guerre froide se déploie sur les cinq continents. Alors que la décolonisation se généralise, les Etats refusant la mainmise des empires américain et soviétique se sont regroupés sous la bannière des non-alignés. Dans la frénésie idéologique de l’époque, certains rêvent du Grand Soir pour les populations victimes des « séquelles du colonialisme traditionnel », selon les termes de Ben Barka, engagé dès l’âge de 14 ans dans la lutte pour l’indépendance nationale. Cette première bataille aboutit en 1956 quand la France renonça au « protectorat » du Maroc. Mais déjà, ailleurs, sur tout le continent africain comme au-delà des rives, d’autres combats restent à mener, sur une plus grande échelle. Durant le début des « années de plomb », qui verront les autorités marocaines pratiquer une répression impitoyable à l’encontre des dissidents du royaume, le leader socialiste va devoir rapidement, pour sa propre sûreté, quitter le pays et devenir, selon l’expression employée par Jean Lacouture, historien et journaliste engagé dans l’anti-colonialisme, « le commis-voyageur de la révolution ». Il lui restera alors neuf années à vivre, pour se plonger corps et âme dans le tumulte révolutionnaire et devenir un leader du tiers-monde, à la manière de Patrice Lumumba et Che Guevara, tous deux également assassinés durant cette palpitante décennie.
    La mort comme une équation à x inconnues
    Il est environ midi, ce 29 octobre 1965. Des hommes ont rendez-vous à Saint-Germain-des-Prés pour discuter cinéma. Le producteur Georges Figon, escroc mythomane, proche à la fois des milieux littéraires et des truands parisiens, a proposé à Mehdi Ben Barka, avec la complicité du journaliste Philippe Bernier et sous la direction de mystérieux intermédiaires, de financer la réalisation d’un film documentaire, intitulé Basta ! et consacré aux mouvements de libération nationale. Croyant au rôle de l’image comme instrument d’éducation populaire, le Marocain est séduit par l’aventure, d’autant plus que des artistes prestigieux ont confirmé leur participation au projet, parmi lesquels Marguerite Duras et le réalisateur Georges Franju. Ces derniers seront par la suite effarés d’apprendre que cette production était un leurre uniquement destiné à piéger physiquement Mehdi Ben Barka. La venue du leader politique sur les lieux du rendez-vous sera rapidement suivie de son embarquement par deux policiers accompagnés d’un informateur de la SDECE, le contre-espionnage français. Direction : Fontenay-le-vicomte, dans la villa de Georges Boucheseiche, militant du Service d’Action Civique et barbouze notoire. La suite du kidnapping demeure nimbée de mystère. Des témoignages disparates relateront la détention, la torture et le meurtre de Ben Barka, dont le corps disparaîtra tout aussi mystérieusement.
    La France, embarrassée par l’assassinat d’une figure politique internationale sur le sol de son territoire, laissera entendre que les autorités marocaines seules sont responsables, qu’il s’agisse d’une décision souveraine prononcée par le roi Hassan II ou d’un acte réalisé indépendamment par le général Oufkir, surnommé le « Boucher » pour ses féroces répressions des insurrections populaires. Commentant l’incident diplomatique, de Gaulle aura ces mots : « Rien, absolument rien, n’indique que le contre-espionnage et la police, en tant que tels et dans leur ensemble, aient connu l’opération, a fortiori qu’ils l’aient couverte » Le président de la République ment, par impuissance : au cœur de l’appareil sécuritaire français, une frange anti-gaulliste, autonome, issue en partie de l’OAS et en contact direct avec des services secrets étrangers, perdure et s’active à chaque opportunité, quitte à mettre dans l’embarras le chef de l’Etat. Ce sont des policiers français qui feront monter dans leur voiture Mehdi Ben Barka et c’est un « honorable correspondant » du SDECE, Antoine Lopez, qui chapeautera le début de l’opération en supervisant le rapt.
    Même si la piste la plus probable dans la genèse du crime aboutit au Maroc, sa réalisation matérielle a nécessairement bénéficié d’un assistance étrangère. Eliminer Ben Barka était devenu un objectif commun à certaines puissances occidentales, et leurs alliés, dans la répression des mouvements de libération du tiers-monde.
    Rallier le dissident ou l’éliminer
    De nombreux Etats avaient un intérêt particulier à voir disparaître l’agitateur. En premier lieu, le Maroc : après avoir tenté de rallier l’intraitable opposant en lui promettant son intégration à un futur gouvernement d’union nationale, le nouveau roi Hassan II passera rapidement d’une cordiale amitié envers son ancien professeur de mathématiques à une farouche détermination à le supprimer, politiquement puis physiquement. Le 22 novembre 1963, alors que le monde a les yeux braqués sur Dallas où l’on vient d’annoncer l’assassinat de Kennedy, le souverain alaouite condamnera à mort le leader de la gauche marocaine, coupable de conspiration à l’encontre de la monarchie. Moins de deux ans plus tard, la sentence sera appliquée, par des voies détournées. Certains, comme le chroniqueur de Jeune Afrique, Béchir Ben Yahmed, verront dans les causes de l’acharnement du roi un fait méconnu du grand public : la prise de position inattendue de Ben Barka durant la « Guerre des sables » qui vit en octobre 1963 s’opposer militairement le Maroc et l’Algérie. L’internationaliste préféra soutenir alors l’Algérie, plaque tournante à l’époque des groupes révolutionnaires, plutôt que son propre pays d’origine. Une insolence de trop pour le monarque chérifien.
    « Notre mouvement constitue une partie d’une lutte mondiale qui va de la Chine à Cuba » : quand il prononce ces mots au Congrès du parti socialiste marocain en 1962, Mehdi Ben Barka affiche clairement la couleur. Rouge vif. Sans s’aligner expressément sur le bloc communiste, restant fidèle en cela à l’esprit des non-alignés, le Marocain prend position, quitte à s’attirer l’irritation du gendarme mondial, les Etats-Unis, à l’affût permanent des contestataires.
    Président du comité préparatoire de la Conférence Tricontinetale, qui s’ouvrira à La Havane le 3 janvier 1966, Mehdi Ben Barka participait, de facto, à la convergence des mouvements indépendantistes. Son programme de lutte contre l’analphabétisme et le sous-développement avait fait des émules. Etendre à l’Afrique, l’Asie et l’Amérique latine le projet commun de résister à l’emprise du Nord : cela procure indéniablement quelques inimitiés tenaces, surtout quand l‘intéressé se consacre en particulier à démasquer ce que l‘on commence alors à nommer le « néo-colonialisme ». A cela s’ajouta un cocktail détonant, composé d’une dénonciation des bases militaires étrangères, d’une condamnation sans équivoque du nucléaire et de la solidarité revendiquée avec les luttes armées. Evoquant la rencontre historique qui aura lieu à Cuba, Ben Barka devient lyrique, dans un esprit prônant la symbiose idéologique : « Les deux courants de la révolution mondiale y seront représentés : le courant surgi avec la révolution d’Octobre et celui de la révolution nationale libératrice ». Si certains voudront voir en lui un précurseur visionnaire de l’altermondialisme, d’autres décèleront, au contraire, dans son discours une radicalité plus proche de celle des futurs groupuscules armés d’extrême-gauche qualifiés, par la suite, de terroristes. Le but ultime, déclaré par l’impétueux utopiste : la « libération totale ».
    Traqué par la CIA et le Mossad
    Les officiels américains, séduits par son aura particulière, auraient d’abord tenté de récupérer le leader. Mais sa radicalisation rapide dans les années 60/63, aussi bien à l’encontre des intérêts de Washington à travers le monde qu’envers le régime marocain, aura tôt fait de le transformer en ennemi public à surveiller. De près. Ainsi, la CIA avait collecté environ 1800 documents, de trois ou quatre pages chacun, sur l’opposant marocain. En 1976, la famille Ben Barka a demandé la déclassification de ces archives mais le principe de la sécurité nationale des Etats-Unis a été invoqué, bloquant toute procédure dans ce sens. Des organisations de défense des droits de l’homme ont adressé aux autorités américaines une requête similaire en 2002, en vain.
    Si l’implication des Etats-Unis ne provoque plus la controverse, tant la collaboration entre Rabat et Washington était déjà réputée pour sa qualité unique dans le monde arabe, il en va différemment de la piste israélienne. A l’instar de l’Egypte et de la Jordanie, le Maroc a développé des liens étroits avec Tel Aviv, mais beaucoup plus tôt, dès les années 60. Le roi Hassan II était fasciné en privé par la domination militaire d’Israël sur la région, en dépit de son affichage public pro-palestinien. La communauté juive marocaine, dont une grande partie a émigré en Israël, entretiendra longtemps une relation d’admiration et de vénération pour le souverain alaouite. Elle n’a pas oublié que le père de celui-ci avait explicitement protégé les Juifs marocains de toute persécution lors de la période pétainiste. Dans cette bienveillance de Tel Aviv envers Rabat, un organisme jouera un rôle fondamental : le Mossad. Le service d’espionnage apportera ses compétences au profit de la monarchie marocaine, en toute loyauté, en échange d‘informations confidentielles sur les autres chefs d‘Etat de la Ligue arabe. Cette contribution sera d’autant plus aisée qu’elle favorisera à la fois les intérêts marocains et américains. Ainsi en va-t-il de l’épineux cas Ben Barka.
    En 1966, deux journalistes israéliens, Maxim Ghilan et Samuel Mhor, ont révélé dans le magazine Bul la participation active du Mossad à l’enlèvement de Ben Barka, par l’entremise d’un homme d’affaires, juif marocain, basé en Europe. L’article donne les détails de l’opération, qui devait inclure faux passeports, planques et administration de poison. La fuite de cette information explosive découla d’un conflit entre deux chefs rivaux du service secret. Scandale à Tel Aviv et mesures immédiates de rétorsion : le magazine fut saisi des kiosques et les deux journalistes ont été jugés et condamnés à deux mois de prison pour « atteinte à la sûreté de l’Etat ». La reprise du scoop par les confrères étrangers, dont Time magazine et le Monde, provoqua une crise politique en Israël, divisant le Parti travailliste et embarrassant considérablement le Premier ministre Levi Eshkol.
    L’assistance logistique israélienne au kidnapping de Ben Barka ne devrait pourtant pas surprendre les connaisseurs des relations diplomatiques occultes entre Rabat et Tel Aviv. Même l’historien Alexandre Adler, qu’il serait délicat d’accuser d’anti-sionisme primaire, a reconnu à maintes reprises, notamment sur France Culture et Arte, la réalité de la troublante connexion attestée, à nouveau, par Time en 1975. Comme l’ont précisé les chercheurs Ian Black et Benny Morris, dans leur ouvrage, paru en 1991 et consacré à l’histoire secrète d‘Israël, cette implication est le résultat direct de la requête formulée en 1965 par le général Oufkir à David Kimche, du Mossad, de venir en aide au Maroc afin de capturer le premier opposant à Sa Majesté. Le Maroc, les Etats-Unis, Israël, et la France comme théâtre des opérations : une conjuration inédite mais efficace, dont le déroulement exact de la trame demeure inconnu. Une disparition brutale pour Mehdi Ben Barka qui explique la ténacité de ceux qui ont décidé, par la suite, de comprendre et de relater ce qui s’est réellement passé.
    Révélations, faux scoops et désinformation
    Alors que c’est le goût pour le 7ème Art qui avait causé la perte de Ben Barka, le cinéma reprendra l’histoire de sa fin tragique, digne du grand écran, avec l’Attentat, polar sec et nerveux réalisé par Yves Boisset en 1972, durant l’âge d’or des films politiques. Plus récemment, un téléfilm de Jean-Pierre Sinapi, diffusé sur France 2, sera accusé de déformer la réalité des faits au profit du Maroc.
    A côté des œuvres de fiction, la traque judiciaire comme journalistique de la vérité suppose de dissocier les pistes essentielles des hypothèses superflues, mais aussi, et surtout, de démêler le vrai du faux. Comme le remarque la journaliste Zakya Daoud, certaines parties prenantes à l’affaire ont tout intérêt à orchestrer une « surabondance de détails » pour rendre plus complexe la résolution de l’équation. L’affaire Ben Barka sera inaugurée par l’Express ,en janvier 1966, à la veille du suicide, bien accommodant,de Georges Figon, organisateur du traquenard et à partir duquel le scandale va éclater.
    La presse à sensation rebondira à plusieurs reprises sur le sujet, allant de pseudo-révélations fournies par de mystérieux initiés à des tentatives évidentes de désinformation opérées en amont. Quand l’ancien membre des services secrets marocains, Ahmed Boukhari, publie en 2002 son livre Le Secret , dont les extraits les plus croustillants seront dévoilés dans la revue Maroc Hebdo et dans Le Monde, beaucoup y verront une accumulation suspecte de faits relatés, comme le récit pittoresque de la dissolution du corps de Ben Barka dans une cuve d’acide. Quelques années plus tard, c’est l’Express qui tentera de refaire le joli coup médiatique de 1966 en dévoilant, grâce à l’historien tchèque Petr Zidek, le rôle imputé au leader marocain en tant qu’agent du KGB.
    Enfin, dans une énième « découverte » qui n’a pas manqué de faire sourire ou s’indigner ceux qui ont connu intimement Ben Barka, aussi bien ses proches que ses ennemis, un journaliste israélien, Shmouel Seguev, reprenant en cela la thèse audacieuse de l’historien Yigal Bin-Nun, a publié en 2008 « Le lien marocain », ouvrage consacré aux liens secrets entre le Maroc et Israël. Le livre, préfacé par l’ancien chef du Mossad Ephraïm Lévy, contient une stupéfiante assertion : l’opposant marocain, piégé, en autres, par des espions israéliens, avait requis en 1960 l’aide financière du Mossad pour renverser la monarchie alaouite. David Ben Gourion, le fondateur d‘Israël, en aurait alors immédiatement averti le roi Hassan II. De même que les Etats-Unis auraient tenté d’amadouer Ben Barka, avant de le considérer comme une menace pour leurs intérêts et ceux de leurs alliés, Israël aurait donc, dans un premier temps, été sollicité par le socialiste révolutionnaire avant de prendre définitivement parti pour son ennemi juré, le monarque absolu Hassan II, « despote éclairé » et conciliant. Quoiqu’il en soit de la véracité de ces affirmations, une leçon ultime ressort de la tragédie. Les deux « démocraties-phares » ont donc jugé plus utile, in fine, de soutenir le tyran diplomate et de faciliter, au passage, l’élimination du combattant pour les libertés fondamentales. Message à l’attention de l’Axe du Mal et autres Etats voyous : « Faites ce que je dis mais ne faites pas ce que je fais ».
    Le temps presse. Comme le souligne Bechir Ben Barka, « des témoins potentiels ont disparu ces dernières années, d’autres sont au soir de leur vie. Nous n’aimerions pas que la vérité parte au fond d’une tombe ». Dévoiler le canevas de l’affaire consistera à chercher toutes les responsabilités, en dedans comme au-delà de l’axe franco-marocain.
    Interpol, organisation dirigée par l‘Américain Ronald K. Noble, serait-elle la mieux placée pour demander, également, des comptes à l’appareil d’Etat français et aux services secrets des Etats-Unis et d’Israël pour les graves présomptions qui pèsent sur eux ? En droit pénal international comme en Realpolitik , la réponse est, évidemment, négative.
    Cependant, malgré la chape de plomb, certains continuent d’honorer sa mémoire et de se battre pour connaître un jour la vérité. Depuis Belfort, où il enseigne, à son tour, les mathématiques, Bechir Ben Barka s’efforce de déchiffrer l’énigme. En mémoire de son père comme envers tous ceux qui, jadis, Marocains et étrangers de par le monde, ont cru en l’espérance révolutionnaire globale, incarnée et défendue avec ardeur par Mehdi Ben Barka. Le communiste libertaire Daniel Guérin, enquêteur inlassable et spécialiste de l’affaire, avait prédit, au sujet de leader internationaliste, la conclusion inéluctable d’un destin héroïque : « Ce mort aura la vie dure, ce mort aura le dernier mot ».
  • La marine algérienne rivalise avec les grandes puissances

    La marine algérienne rivalise avec les grandes puissances – Selon l’amiral français Pierre Vandier, l’Algérie possède désormais six sousmarins russes de type Kilo équipés de missiles croisière navale Kalibr, cela change la donne.

    Les forces militaires françaises ont reconnu officiellement la puissance des forces navales algériennes qui se sont développées de manière extraordinaire au cours de ces dernières années, en se dotant notamment de sousmarins susceptibles de changer la donne et lui permettant de rivaliser avec les grandes puissances.

    C’est ce qu’a avoué l’amiral français Pierre Vandier, chef d’état-major de la Marine française dans un entretien a Télégramme: «L’Algérie possède désormais six sousmarins russes de type Kilo équipés de missiles croisière navale Kalibr», «Cela change la donne».

    «Je dis a mes troupes, ajoute l’amiral français: “nous sommes dans une ère carnivore sur le plan naval….”».

    A propos toujours des forces navales algériennes, l’officier français a fait savoir également qu’ «Elle [Algérie] dispose de corvettes chinoises et de radars fabriqués par Thalès que nous n’avons pas encore».

    «Je dis a mes troupes: “nous sommes dans une ère carnivore sur le plan naval, où la démonstration de force et l’affrontement font partie de la feuille de route des dirigeants de ces puissances navales”», a souligné l’amiral Vandier, avant de constater: «Ils se donnent les moyens de changer les règles».

    Un site d’information français a également publié un rapport dédié aux forces navales algériennes -qui deviennent l’une des grandes puissances en Méditerranée- en se référant au rapport de “Menadefense” évoquant la réception par la réception de l’Algérie de son 5e sousmarin russe de type “Kilo 636”.

    Le 29 septembre dernier a Oran, dans l’ouest de l’Algérie, la Marine algérienne a testé, pour la deuxième fois dans des manœuvres avec munitions réelles, ses deux derniers sous-marins de classe Kilo 636 acquis auprès de la Russie, a indiqué un communiqué du ministère de la Défense nationale (MDN).

    Echourouk online, 30/10/2021

  • Algérie-France: le « couple malheureux » qui ne divorcera jamais

    Algérie-France: le « couple malheureux » qui ne divorcera jamais. Les souvenirs entre les deux nations sont intimes, mais se lisent très différemment

    La relation entre l’Algérie et la France n’a jamais été aussi tempétueuse que ces dernières semaines. Les dirigeants algériens ont été surpris par une déclaration du président français Emmanuel Macron le 30 septembre, dans laquelle il a évoqué le « système politico-militaire dur » d’Alger qui se maintient grâce à la « rente mémorielle » payée par l’héritage durable du colonialisme français. Il a ajouté que le régime algérien instille dans la société une haine envers la France incompatible avec l’espoir d’une amitié entre les deux pays.

    M. Macron estime également que le président algérien, Abdelmajid Tebboune, est sous la coupe de hauts gradés de l’armée qui ne lui laissent pas assez de marge de manœuvre pour diriger l’État.

    En soulignant la nature autoritaire du gouvernement d’Alger et en désignant les militaires comme l’une des sources de ses problèmes, M. Macron aurait pu obtenir un certain soutien parmi les Algériens qui s’opposent à la direction prise par leur pays. Malheureusement, le président français a anéanti ces perspectives lorsqu’il a ajouté que l’Algérie n’existait pas en tant que nation avant sa colonisation par la France et qu’il ne comprenait pas pourquoi les Algériens étaient plus durs envers la France qu’envers la Turquie, par exemple, qui les a subjugués pendant une plus longue période de l’histoire.

    À la suite de ces déclarations, l’Algérie a rappelé son ambassadeur à Paris et a interdit son espace aérien à tout avion militaire français à destination du Mali, où il participe à une guerre contre les guérillas islamistes dans le Sahel. Une rupture diplomatique totale entre l’Algérie et la France est peu probable, mais la crise actuelle est grave – aussi intense que celle qui a suivi la nationalisation des compagnies pétrolières françaises par le gouvernement algérien en 1971.

    Depuis la fin de la guerre d’indépendance algérienne, qui a fait des dizaines de milliers de morts entre 1954 et 1962, l’Algérie et la France n’ont pas réussi à construire une relation stable. L’histoire est lue différemment de part et d’autre de la Méditerranée. Le gouvernement algérien tire parti du manque d’empathie de Paris pour apparaître, aux yeux de la population locale, comme un protecteur de l’identité nationale, et cette réaction est à son tour exploitée par les différents gouvernements français pour attiser les passions lors des élections.

    Se préparant à sa propre campagne de réélection lors d’un scrutin prévu en 2022, M. Macron a cherché à réconcilier définitivement ces souvenirs contradictoires. L’année dernière, il a demandé à Benjamin Stora, un historien français d’origine algérienne connu pour être une autorité en matière d’histoire algérienne, de rédiger un rapport et de formuler des recommandations pour un règlement franco-algérien. Il a discuté du rapport à l’avance avec le gouvernement algérien, l’invitant à apporter sa contribution. L’Algérie a nommé Abdelmadjid Chikhi, le responsable de ses archives nationales, pour servir d’homologue à Stora.

    Lorsque le rapport Stora est finalement publié en février, Alger se montre réticent face au produit final. Si elle a reconnu que le rapport avait fait quelques pas en avant, elle a finalement estimé qu’ils étaient insuffisants. Les Algériens avaient espéré, par exemple, que la France reconnaîtrait que son armée s’est rendue coupable de crimes de guerre pendant la guerre. Le rapport ne fait aucune recommandation en ce sens.

    Mais malgré toute sa colère, il ne fait aucun doute que le gouvernement algérien utilise les détails du passé comme levier pour obtenir des gains diplomatiques dans le présent. Il demande au gouvernement français, par exemple, de soutenir la position algérienne à l’ONU dans son conflit avec le Maroc au sujet du Sahara occidental.

    A côté de ce conflit de mémoire, qui n’est pas prêt de disparaître, il y a un autre point de discorde : le cas des sans-papiers algériens installés en France. Chez nous, on les appelle les « harragas », c’est-à-dire « ceux qui brûlent ». Ils risquent leur vie pour traverser la Méditerranée et atteindre l’Espagne. De là, ils se rendent en France et, à leur arrivée, certains brûleraient leurs passeports. Les autorités françaises demandent à plusieurs reprises à leurs homologues algériens de les aider à les expulser.

    Mais l’Algérie se montre peu disposée à les reprendre, à la grande colère du ministre français de l’intérieur Gérard Darmanin, lui-même d’origine algérienne. Dans une récente interview télévisée, le président algérien a laissé entendre que M. Darmanin était malhonnête, aggravant ainsi la crise entre les deux gouvernements.

    Il est largement soupçonné que le gouvernement algérien souhaite l’extradition de certains de ses opposants politiques installés en France en échange d’une coopération sur la question des sans-papiers. Les autorités algériennes veulent que la France extrade, par exemple, Ferhat M’Henni, un séparatiste kabyle, Amir Boukhris, connu sous le nom d’Amir DZ, un militant des médias sociaux, et Hicham Abboud et Abdou Semmar, tous deux journalistes. En l’absence d’une décision de justice, l’administration française ne peut toutefois pas les envoyer en Algérie. En tout état de cause, Paris craint que s’ils sont expulsés, ils ne soient torturés.

    Pour le gouvernement algérien, déjà affaibli par le mouvement de protestation populaire du Hirak, la présence d’opposants politiques en France, où vivent des centaines de milliers d’autres Algériens, est alarmante.

    Les relations humaines entre la France et l’Algérie sont très profondes. Il y a 7 à 8 millions de citoyens français dont les parents ont eu dans le passé une relation intime avec l’Algérie, soit pour y avoir vécu, soit pour avoir d’autres liens familiaux ou commerciaux. Il y a également un million de citoyens français d’origine algérienne et 800 000 autres migrants algériens vivant légalement en France. Et la France est le troisième plus grand partenaire d’importation de l’Algérie, après la Chine et l’Italie.

    Pourtant, l’enracinement profond des deux pays sur leurs territoires respectifs ne rend pas leur relation facile. Au contraire, elle la rend plus difficile. Chaque fois qu’une crise diplomatique éclate, un grand nombre de vies sont touchées et des liens commerciaux établis de longue date sont perturbés. Ces problèmes touchent les citoyens français autant que les Algériens, et ils nuisent également aux entreprises françaises.

    Mais l’étroitesse des relations complique les choses d’une autre manière. Si le marché algérien est certainement important pour le gouvernement français, Paris estime qu’il a également des intérêts culturels à défendre en Algérie. L’Algérie a beaucoup contribué au paysage culturel de la France. Malgré l’arabisation du système scolaire algérien, la langue française est toujours utilisée par l’administration publique et des millions de personnes parlent le français, en plus de l’arabe ou de l’amazigh. De nombreux écrivains algériens francophones sont bien connus en France, notamment Yasmina Khadra, Boualem Sansal et Kamel Daoud. Face à l’hégémonie mondiale de la langue anglaise, l’Algérie est pour la France un bastion linguistique à préserver. Tout cela, naturellement, pourrait donner à Alger un sentiment d’insécurité – un coin du monde francophone, plutôt qu’un centre de sa propre histoire.

    La France et l’Algérie forment un couple – un couple torturé, mais avec des souvenirs d’intimité. Ils ne seront peut-être jamais stables, mais ils ne divorceront jamais. Une telle rupture serait trop brutale et, en définitive, un gaspillage de tant d’histoire.

    The National, 29/10/2021

  • Zemmour et consorts, mensonges et dérapages

    Zemmour et consorts, mensonges et dérapages – France, extrême droite, Eric Zemmour, Marine Le Pen, Emmanuel Macron, élections présidentielles, islamophobie, xénophobie,

    L’étranger est la cause. En fait celui qu’on classe comme étranger, en se basant non plus sur sa carte d’identité (française) mais sur sa culture d’origine. Et pour le prénommé Zemmour et tous les médias qui lui ouvrent grandes leurs portes, c’est l’islam la source depuis mille ans des dérapages, des maux qui affectent la France. En fait cette thèse est ancienne et relève de l’histoire événementielle qui monte en épingle des faits, vrais ou faux, pour en faire des causes profondes. Il en fut ainsi, avant l’islam, des Barbares qui auraient détruit l’empire romain, alors que l’histoire sociale a montré que l’empire s’est désagrégé sous le poids de ses contradictions internes, parce qu’il n’était plus compétitif et que l’esclavage qui était son ressort productif avait un coût qui imposait de passer à un autre mode de production (le servage).

    Les invasions barbares ont dans les faits apporté non seulement des techniques nouvelles avec elles, mais permis la mise en place de nouvelles institutions qui allaient faire par la suite le meilleur du moyen-âge européen. Dans l’idéologie occidentale l’islam a pris après la relève des barbares comme source de maux alors que tous les sauts et soubresauts ont des causes internes. En plus on a mis entre parenthèses l’épisode d’Alandalus, et toute la chaîne de transmission des lumières qu’ont constitué les travaux des savants arabes.

    Aujourd’hui on ressort la même rengaine oubliant que la France souffre d’un appareil productif défaillant qui la relègue loin dans la hiérarchie des pays développés. Alors la tête de turc qui se prête le mieux à la vindicte parce que le populaire apprécie ce discours, est celle de l’immigré.

    Le plus grave est que ceux qui savent se taisent et laissent cet individu et ses compères inoculer à un pays, qui fut, ce poison mortel de la haine.

    Mohammed Ennaji

    Source: Facebook

  • Enquête contre un prêtre pour agression sexuelle sur mineurs

    Enquête contre un prêtre pour agression sexuelle sur mineurs. Une enquête a été ouverte contre un prêtre en France pour agression sexuelle sur 2 enfants.

    Le procureur de Reims Matthieu Bourrette a déclaré dans un communiqué que les deux personnes avaient déposé une plainte par e-mail le 21 octobre, affirmant avoir été agressées sexuellement par le même prêtre dans leur enfance à la fin des années 1990.

    Précisant qu’une de ces personnes a déclaré avoir été agressée sexuellement à plusieurs reprises au cours de la période 1996-1999, Bourrette a affirmé qu’il souhaitait que les déclarations de ces personnes soient recueillies.

    Bourrette a relevé qu’une enquête avait été ouverte contre le prêtre « pour agression sexuelle sur mineurs ».

    Le rapport publié par la Commission indépendante sur les abus sexuels dans les églises (CIASE) le 5 octobre, note que 216 000 enfants ont été abusés sexuellement dans les églises depuis 1950.

    En ajoutant les cas d’abus sexuels perpétrés par des employés dans des écoles privées et des institutions affiliées à l’Église catholique, ce nombre a atteint 330 000, et il a été souligné que les abus sexuels dans les églises sont un « phénomène systématique ».

    Le président de la CIASE, Jean-Marc Sauvé, a souligné que l’Église catholique n’avait pas pris les mesures nécessaires contre les incidents d’abus sexuels et a appelé cette institution à prendre ses responsabilités.

  • L’Algérie bannit l’usage du français dans ses administrations

    L’Algérie bannit l’usage du français dans ses administrations. En réponse au conflit croissant entre Alger et Paris, deux ministères en Algérie ont décidé de ne plus utiliser le français dans leur correspondance.

    En réponse au conflit croissant entre Alger et Paris, deux ministères en Algérie ont décidé de ne plus utiliser le français dans leur correspondance.

    Le ministre Yassin Merapi a publié jeudi des ordonnances sur la page Facebook du ministère de la Formation professionnelle et de l’Emploi, déclarant : “Vous êtes obligé d’utiliser la langue arabe dans le domaine de l’éducation, ainsi que toute correspondance envoyée par vos intérêts”.

    “J’attache la plus haute importance au strict respect de cette instruction”, a ajouté Merapi.

    De même, jeudi, le ministère de la Jeunesse et des Sports a publié sur Facebook des instructions pour le ministre Abdel Razzaq Sabbak, dans lesquelles il a indiqué qu’il demande : « L’utilisation de la langue arabe dans toute la correspondance interne du ministère, à compter de début novembre .”

    Il n’y avait pas de mot rapide pour savoir si cette décision était limitée à ces deux ministères ou si elle s’appliquait à tous les secteurs du pays.

    A l’exception du ministère de la Défense, tous les ministères algériens utilisent le français dans la majorité de leurs communications internes et même dans leurs déclarations formelles. Malgré le fait que la constitution stipule que « l’arabe est la première langue nationale et officielle, tandis que le berbère est également une langue officielle et la deuxième langue nationale », ce n’est pas le cas.

    L’Algérie est fréquemment mêlée à un débat sur la place du français dans les cercles officiels, avec des opposants, en particulier des conservateurs, s’opposant aux discours officiels en français et à la diffusion de documents dans les agences gouvernementales.

    La décision des deux ministères est intervenue au milieu d’un conflit qui s’intensifie avec la France, déclenché par les propos “offensants” du président Emmanuel Macron. L’Algérie a par la suite rappelé son ambassadeur à Paris et interdit aux avions militaires français de survoler son territoire.

    Selon les experts et les historiens, l’expansion de la langue française en Algérie est due à son imposition tout au long de la période coloniale de 132 ans (1830 -1962).

    Pour rappel, la “superbe mission civilisatrice française” en Algérie a laissé le pays avec un taux d’alphabétisation de plus de 90 % à l’indépendance.

    Aldjazair, 26/10/2021

  • Belhimer: L’Afrique recherche des partenariats plus équilibrés

    Belhimer: L’Afrique recherche des partenariats plus équilibrés. Emergence à l’échelle continentale d’un panafricanisme hostile au cadre néo-colonial qui régente la « Françafrique.

    Le ministre algérien de la Communication est revenu dans une interview accordée à l’AA sur les relations algéro-turques et sur l’émergence à l’échelle continentale d’un panafricanisme hostile au cadre néo-colonial qui régente la « Françafrique ».

    Les relations entre l’Algérie et la Turquie n’ont cessé de se renforcer notamment durant la dernière période, dans quel sens va cette coopération et dans quelles perspectives ?

    Les relation algéro-turques n’ont cessé de se développer, particulièrement depuis le début du siècle. Ce développement s’inscrit dans une sorte de partenariat d’exception qui, en très peu de temps, propulsa la Turquie au rang de 5ème partenaire commercial et de premier investisseur étranger en Algérie.

    Ces relations privilégiées trouvent-elles leur source dans l’histoire commune des deux pays ? Dans des objectifs partagés ?

    Il y a en effet ce que vous appelez « une histoire commune » aux deux pays pour des objectifs partagés que des conditions historiques ont rendu nécessaires. Contrairement aux lectures erronées qui sont faites par certains, elle ne s’inscrit nullement dans ce qui est prétendu être « une colonisation ottomane ».

    Au début du XIVe siècle, l’emprise religieuse sur les entités étatiques et leurs alliances est prééminente. L’Islam comme le Christianisme ont inspiré ces entités, les ont fait collaborer dans des affrontements ininterrompus.

    Les coreligionnaires turques ont répondu présent à la demande autochtone d’assistance pour éloigner la menace espagnole qui pesait sur certaines villes côtières.

    C’est ainsi que Barberousse partit pour Jijel en 1523. Elle sera la première ville délivrée de la menace espagnole par l’assistance ottomane.

    De Jijel partirent les autres campagnes qui allaient libérer les autres villes : Béjaia, puis Alger aux portes de laquelle se retrouvent dès 1526 les forces réunies à chaque étape, pour chasser les occupants espagnols. Le 21 mai 1529 les forces communes s’emparent de forteresse de Pénon, face à Alger.

    L’expédition s’opère sous l’étendard qui représente aujourd’hui une pièce importante du musée de la marine à Besiktas à Istanbul où une aile entière abrite un hommage à ce moment particulier des rapports entre l’Algérie et la Sublime Porte.

    La France, « fille ainée de l’Eglise», tentera de reprendre pied à Jijel, là où les Espagnols ont été chassés. Le 2 juillet 1664 sur ordre du roi de France Louis XIV, un corps expéditionnaire de 6500 appareille de Toulon sous le commandement du duc de Beaufort. Trois semaines plus tard il est au large de Jijel pour une opération qui tourna au fiasco.

    Lors du défilé du 14 juillet dernier, les Algériens ont été surpris de voir un engin militaire français estampillé de la mention « Djidjelli 1664 », y voyant une surprenante commémoration d’une défaite.

    La coopération économique entre les deux pays est-elle satisfaisante ou peut-elle encore être renforcée ?

    La coopération économique peut être élargie encore davantage. Elle comporte deux volets : les échanges commerciaux et les investissements directs

    Les échanges commerciaux appelés à atteindre les 5 milliards de dollars à la fin de cette année demeurent encore insuffisants au regard des potentialités recensées non encore exploitées. Ce niveau place déjà la Turquie comme cinquième partenaire du pays.

    Les investissements turcs évalués à 5 milliards de dollars couvrent 400 projets d’investissements portés par 1300 entreprises pour un effectif d’environ 30000 salariés.

    La Turquie est, à c e titre, le premier investisseur étranger chez nous.

    L’agriculture, le tourisme et les services sont les vecteurs privilégiés de la relance de la coopération souhaitée par les deux parties.

    Qu’envisagez-vous au niveau de la coopération bilatérale pour reconstruire et stabiliser la Libye?

    L’Algérie a ouvert sa frontière terrestre avec la Libye après avoir abrité une rencontre d’hommes d’affaires de ce pays voisin, frère et ami. Elle n’épargnera aucun effort pour contribuer à sa reconstruction dans le sens d’une consolidation de sa souveraineté, de son unité territoriale, sa stabilité, loin de toute ingérence, intervention ou présence étrangères, dans un climat de dialogue et de réconciliation comme base d’un vivre ensemble harmonieux dans une société démocratique ​​​​​​​

    Le rapprochement Alger-Bamako inquiète la France, qu’en est-il au juste ? Comment analyser l’affolement de la France

    Comme je l’ai déclaré à RFI le 15 juillet dernier, la doctrine militaire française qui a projeté l’opération barkhane au Mali est inappropriée, voir est contre-productive. Elle prétend anéantir militairement les forces du terrorisme qui frappe la France. Ce faisant, elle instaure une sorte de «tutorat» qui méprise les forces locales, réduites à des supplétifs pour la protection des sources d’uranium nécessaires au complexe nucléaire français. Si l’intention était noble, ces moyens colossaux déployés auraient constitué un atout pour le développement économique, social et culturel de ce pays – seule réponse durable à l’extrémisme et à l’obscurantisme si tant est qu’ils constituent une préoccupation réelle pour la France.

    Pensez-vous que ce qui se passe actuellement au Mali notamment le rejet du protectionnisme français serait le début d’un processus de désengagement vis-à-vis de la France à l’échelle continentale ?

    Il y a, en effet, un regain évident et salutaire de panafricanisme hostile au cadre néo-colonial qui régente la « Françafrique ».

    Toute l’Afrique subsaharienne, l’Afrique de l’Ouest et Sahel notamment, ressent la présence française comme une humiliation. Il semble bien que les rapports de domination-soumission post-indépendances qui se sont substitués aux rapports dominant-dominé qui ont prévalu à l’époque coloniale arrivent bel et bien à leur terme, au profit d’un partenariat plus équilibré porté par les nouveaux partenaires émergents que sont la Turquie, la Chine et la Russie.

    *Ammar Belhimer est un enseignant en droit public et journaliste algérien, devenu ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement Djerad le 4 janvier 2020. Il est le fondateur de quatre journaux, et a une expérience d’éditorialiste et chroniqueur.

    Anadolou