Étiquette : France

  • Présidentielles françaises: la course démarre

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    Le système politique laïc et farouchement anticlérical en France n’a pas incité ceux qui ont présenté leurs candidatures, par exemple, à aborder dans le discours où l’Islam et le terrorisme islamique occupent une place primordiale, la honteuse question de la propagation de la pédophilie dans les différentes institutions de l’Eglise, notamment catholiques. L’erreur est humaine et nul n’est à l’abri des tentations, si ces faits étaient des simples cas isolés et ce genre de transgression contre nature commis dans des lieux de spiritualité et de culte, ne serait pas devenu un phénomène, objet de discussion chez un public large, faisant les «une» des médias et inspirant écrivains et polémistes…

    L’on dirait même que ces scandales en série, à l’arrière goût moral, seraient avec d’autres scandales financiers, derrière la démission du précédent Pape Benoit XVI … Il serait judicieux, dans le même sens des idées, de rappeler qu’en France toutes les religions de la planète ou presque sont représentées dans la métropole et les communautés pratiquant ces croyances ne sont jamais dérangées… L’Islam seul fait l’exception: «Quand on veut noyer son chien, on dit qu’il a la rage», disait un adage bien de chez eux…

    D’abord, dès la chute du communisme, l’ennemi juré d’autrefois, de l’Occident…, l’on avait commencé à se chercher un nouveau danger voire un autre ennemi. En Occident, il y a un problème, éternellement, indénouable, c’est rester sans se faire un ennemi.

    Donc, après la chute libre du communisme en tant qu’idéologie, en tant que groupe d’Etats puissants, l’on va se mettre à diaboliser cet Islam et l’accuser de tous les maux, quitte à monter des faux groupuscules terroristes – Daech un exemple frappant – qui vont s’attaquer, au nom de je ne sais quel Djihad, non seulement aux intérêts vitaux de par le monde, de l’Occident – la France, évidemment, entre autres- mais ces groupuscules téléguidés par la CIA, la DGSE and Co, vont menacer l’existence de cet Occident hautement civilisé et extrêmement développé ; les médias occidentaux, reliés par une élite d’écrivains à la solde, vont jouer un rôle déterminant, afin de convaincre les masses fanatisées de la justesse de ces thèses.

    Puis, l’on s’était retourné contre les communautés musulmanes vivant comme immigrés ou comme citoyens intégrés ou naturalisés, afin de les pousser à accepter les aspects négatifs de cette civilisation, qui ne s’accommodent pas avec les préceptes de leur religion ou de leur us et traditions à l’instar de certaines formes de libertinage et de débauches institutionnalisées.

    Le candidat Zemmour, un des champions de cette croisade, avait clairement, exprimé et sans détour cette nouvelle idéologie: «Ils devront choisir entre l’Islam ou la France»…

    Le Carrefour d’Algérie, 17/10/2021

  • Mélenchon: La guerre au Mali nous coûte 2 millions par jour

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    Le candidat à la présidentielle française de 2022, Jean-Luc Mélenchon, vient d’interpeller l’actuel président français Emmanuel Macron concernant la guerre au Mali dans laquelle il lui affirme : « à qui a-t-on demandé de faire la guerre du Mali ? Une fois, à l’assemblée nationale, et depuis huit ans, nous y sommes sans en avoir discuté une seule journée, ni voté une seule fois ».

    Mélenchon continue son allocution en révélant la somme astronomique que coute la guerre au Mali à la France : « cela nous coute deux millions d’Euros par jour, c’est la guerre la plus chère que la France ait menée depuis la guerre d’Algérie. Il y en a pour cinq milliards d’Euros que nous avons distribués aux ‘gens’ qui sont là-bas et qui auraient davantage pacifié la population que les bombardements auraient pu faire », a-t-il assené.

    Le candidat à la présidentielle estime que la France n’aurait pas perdu non plus tant des siens, ‘sans compter les victimes civiles qu’on ne compte jamais’ et ceci ‘parce qu’on ne vous a jamais demandé votre avis’, a-t-il continué en s’adressant aux français.

    Passant à un autre sujet, il lança : « non, la Russie n’est pas un ennemi, la Chine n’est pas un ennemi, la France n’a pas d’ennemis dans le monde, elle a des intérêts, elle a des principes, mais je refuse qu’on s’embarque dans une guerre sans fin. Mais nous sommes ridicules comme nous l’avons montré en Australie où nous apprêtions à armer M. Scott Morrison et les autres dirigeants de l’Australie qui, comme des cyniques, des menteurs et des truqueurs qu’ils sont, pauvres caniches de l’empire nord-américain et qui, au dernier moment, se sont dédit et ont ridiculisé la France ».

    Jean-Luc Mélenchon n’a pas été tendre avec le président Macron sur aucun des sujets qu’il a abordés à travers la vidéo de son intervention qu’il a mise en ligne à travers son compte Twitter.

    Il revient ensuite pour déclare que : « c’est tant mieux parce que nous ne nous sommes pas embarqués dans l’alliance des pays qui se sont ligués contre la Chine parce que la France est une nation pacifique. De ce fait, nous devrions nous poser la question : dans quelles conditions le Mali devrait appartenir aux maliens, et nous partirons le jour où on nous dira de nous en aller, et nous souhaiterons bonne chance au peuple malien qui est notre peuple ami et qui choisira comme il l’entend ce qu’il fera de lui-même ».

    Mélenchon continua sa diatribe contre l’intervention française au Mali « un jour on intervient, un autre on insulte le premier ministre du Mali, un jour on s’en va faire des gesticulations mémorielles, le lendemain on insulte le peuple Algérien, quel est cet embrouillamini qui fait qu’on ne sait plus qui est la France », et de lancer : « je vous demanderais de consentir à sortir de l’OTAN dans lequel nous n’avons rien à faire ».

    Ainsi, la France fera-t-elle le grand virage politique si Mélenchon est élu? 2022 n’est pas très loin !

    Tahar Mansour

    La Patrie News, 17/10/2021

  • Il y a 60 ans, la France commettait un horrible crime d’Etat

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    Cet événement, dont des historiens britanniques ont écrit que ce fut la répression d’une manifestation désarmée qui a fait le plus de victimes dans toute l’histoire contemporaine de l’Europe occidentale, a été ensuite dissimulé par le pouvoir français.
    Les Algériens commémorent aujourd’hui la répression féroce des manifestations du 17 octobre 1961 à Paris. Sortis pour dénoncer le couvre-feu raciste auquel ils avaient été soumis par la préfecture de Paris, les milliers de manifestants ont été sauvagement reçus par la police française. Ces manifestations pacifiques ont été organisées par la Fédération de France du Front de libération nationale pour protester contre le couvre-feu injuste décrété par les autorités françaises à compter du 6 juin 1961 contre les Algériens.
    Des crimes odieux ont été commis contre ces manifestants pacifiques qui avaient reçu la consigne de la fédération de France du FLN de ne porter aucun objet susceptible d’être considéré par les autorités françaises comme une arme. La tuerie a été sans nom. 
    Des hommes ont été jetés dans la scène, d’autres ont eu le crâne fracassé et d’autres encore ont été abandonnés jusqu’à ce que mort s’ensuive. Il eut également des Algériens enterrés vivants… en un mot, toutes les formes d’assassinat ont été pratiquées sur les manifestants désarmés. Plusieurs jours après cette funeste répression, des dizaines de corps étaient repêchés de la Seine. Un horrible massacre que la classe politique dirigeante de l’époque avait soigneusement caché aux français. Le sujet était tabou dans la presse. 
    Aucun documentaire n’était toléré et encore moins une œuvre cinématographique ou télévisuelle. L’omerta avait été imposée à tous les acteurs médiatiques et politiques du pays. Des historiens ont tout de même eu le courage d’écrire des livres sur ce crime d’Etat. Mais leur voix étaient étouffées par l’establishment. Tous les pouvoirs qui s’étaient succédé à la tête de la France avaient mis le couvercle sur cette sanglante répression.
    Aujourd’hui, ces voix sont enfin audibles, même si les médias lourds français tentent toujours de minorer les événements du 17 octobre et la responsabilité de l’Etat français dans l’assassinat de centaines d’émigrés algériens. Parmi ces historiens courageux, on notera la déclaration de Henri Pouillot, témoin de la Guerre de libération nationale et militant anticolonialiste. «Il est impératif et indispensable que la France reconnaisse et condamne ces crimes commis en son nom», a indiqué M. Pouillot dans un entretien à l’APS, à l’occasion de la commémoration du 60e anniversaire des massacres du 17 octobre 1961. «Ce n’est pas un simple pardon qui est nécessaire. Le pardon, c’est simplement la demande d’une excuse pour une petite faute, pas possible pour un crime», a commenté cet anticolonialiste français, soulignant que «c’est à ce prix qu’un traité d’amitié entre l’Algérie et la France est possible».
    De son côté, l’historien Gilles Manceron, souligne que «cet événement, dont des historiens britanniques ont écrit que ce fut la répression d’une manifestation désarmée qui a fait le plus de victimes dans toute l’histoire contemporaine de l’Europe occidentale, a été ensuite dissimulée par le pouvoir français», ajoutant que «cette dissimulation et ses raisons doivent être maintenant étudiées et méditées».
    Les historiens algériens qui ont travaillé sur le sujet sont du même avis. Fouad Soufi est, à ce propos, catégorique. «Il ne faut pas être naïf. L’Etat colonial en Algérie était foncièrement raciste et fondamentalement au service de la minorité européenne. Quant à la population colonisée, c’était comme l’a écrit Olivier Le Cour Grandmaison, coloniser, exterminer», note-t-il. 
    Dans la même veine, des chercheurs de l’université d’Oran spécialisés dans l’histoire de la glorieuse Guerre de libération considèrent que les massacres perpétrés par la police française contre une manifestation pacifique, le 17 octobre 1961 à Paris, est une «épuration ethnique» à l’encontre des Algériens. 
    M. Bendjebbour, du département d’histoire de l’Université Oran 1 «Ahmed Ben Bella», a souligné, que la police française, lors de sa répression sanglante des manifestations pacifiques organisées par des émigrés, a commis un véritable massacre considéré comme «un crime d’Etat et un crime contre l’humanité».
    Yahia Bourit
    Ouest tribune, 17/10/2021
  • Le 17 octobre 1961 vu par Kateb Yacine

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    Deux années avant de tirer sa révérence et vingt-six ans après la ‘’journée portée disparue’’, Kateb Yacine avait interpellé le peuple français et épinglé son silence pesant sur la répression sanglante du 17 octobre 1961. Avec des accents de ‘’lettre ouverte’’, l’auteur de ‘’Nedjma’’ qui a vécu, adolescent, la répression du 8 mai 1945 a rédigé ces dix-huit vers intitulés ‘’Dans la gueule du loup’’. En réunissant la matière pour les besoins de ‘’La Guerre d’Algérie vue par les Algériens’’, Renaud de Rochebrune et Benjamin Stora sont tombés sur cette ‘’qacida’’ sortie des tripes tel un cri révolté. Elle a été publiée en 1987 dans un ouvrage édité par l’Amicale des Algériens en Europe. Choix pertinent, Stora et de Rochebrune ont jugé utile d’en faire un exergue pour le chapitre 4 ‘’Alger-Paris : les Algériens sont dans la rue’’.
    Peuple français, tu as tout vu
    Oui, tout vu de tes propres yeux.
    Tu as vu notre sang couler
    Tu as vu la police
    Assommer les manifestants
    Et les jeter dans la Seine.
    La Seine rougissante
    N’a pas cessé les jours suivants
    De vomir à la face
    Du peuple de la Commune
    Ces corps martyrisés
    Qui rappelaient aux Parisiens
    Leurs propres révolutions
    Leur propre résistance.
    Peuple français, tu as tout vu
    Oui, tout vu de tes propres yeux.
    Et maintenant vas-tu parler ?
    Et maintenant vas-tu te taire ?
    Kateb Yacine
  • Visa et mensonges !

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    La question du «visa» entre l’Algérie et la France continue de faire polémique d’autant que la France a réduit le nombre d’octroi de visa aux Algériens. La France a annoncé le 28 septembre une réduction de moitié des visas pour l’Algérie et le Maroc et d’un tiers pour la Tunisie, invoquant comme raison le «refus» de ces pays de délivrer les laissez-passer consulaires nécessaires au retour des immigrés refoulés de France. 
    Tebboune a accusé ce dimanche le ministre de l’Intérieur de mentir sur le nombre d’immigrés clandestins algériens à refouler depuis la France. «Il n’y a jamais eu 7.000 Algériens à expulser. La France a évoqué avec nous plus de 94 Algériens. Jamais il n’y en a eu 7.000», a déclaré Abdelmadjid Tebboune ce dimanche soir, dans un entretien avec plusieurs médias algériens. 
    Entre 94 et 7.000 personnes, il y a une grande différence. La France va certainement réagir et laisser indiquer qu’il s’agirait de 7.000 algériens en situation irrégulière qui devraient être expulsés. Mieux, l’Algérie refuse catégoriquement de recevoir tout binational, né en France, lié au terrorisme. 
    «La liste qui nous est parvenue en 2020 et les trois listes en 2021 comptaient 94 cas, parmi lesquels 21 ont été acceptés et 16 autres rejetés», a assuré le président Tebboune. «Ils ne vont pas rentrer (en Algérie) car ils sont liés au terrorisme. Ils sont venus de Syrie. (…) Il y a des binationaux qui n’ont pas de famille ici», a-t-il expliqué. 
    Cette fois-ci, le pouvoir algérien veut mettre les choses au clair sur la question du visa qui devient du «chantage». Le «visa» prive des Algériens d’aller voir leur famille en France. 
    Tebboune n’hésite pas à rappeler au pouvoir français les accords d’Evian et de 1968 sur la libre circulation. 
    «La réduction des visas est une question qui relève de la souveraineté de tous les Etats, y compris pour l’Algérie, à condition qu’elle respecte les accords d’Evian et les accords de 1968 qui dictent certaines mesures», a-t-il souligné. 
    Alger refuse que l’Algérie soit traitée comme d’autres pays sur la question, entre autres, des visas. «Ne nous mélangez pas avec d’autres pays. (…) L’Algérie est un pays spécial» pour la France, a-t-il ajouté en répétant: «Il y a des accords qui nous lient», a-t-il relevé. 
    Ce qui est certain, ce sujet continuera d’alimenter la polémique.
    B. Nadir
  • Un crime d’Etat : imprescriptible

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    Les massacres du 17 octobre 1961 et des jours suivants à Paris perpétrés par la police française contre les manifestants algériens qui protestaient pacifiquement contre l’instauration d’un couvre-feu envers eux seuls, demeurent pour la mémoire collective algérienne et de tous les hommes libres dans le monde, un crime d’Etat imprescriptible.
    Le couvre-feu a été décidé par un conseil interministériel du gouvernement de Michel Debré, fervent partisan de l’Algérie française, à la suite duquel le préfet de police d’alors, le criminel de guerre Maurice Papon, rend public un communiqué dans lequel « il est conseillé de la façon la plus pressante aux travailleurs algériens de s’abstenir de circuler la nuit dans les rues de Paris et de la banlieue parisienne, et plus particulièrement entre 20h 30 et 5h 30 du matin. » La police parisienne qui réclamait l’instauration de cette mesure, allait substituer à l’expression « il est conseillé… », le vocable « il est obligatoire… », pour accentuer la répression envers les Algériens, relancée depuis début octobre de cette année-là. 
    Cette mesure discriminatoire et raciste pousse les ressortissants algériens, hommes, femmes et enfants, à l’appel du FLN, à sortir de nuit, sans armes, manifester leur opposition pacifiquement, en ce 17 octobre 1961, qui allait être tragique pour une bonne partie des manifestants. Quelque 30.000 Algériens de la région parisienne sont sortis pour protester contre la mesure discriminatoire les empêchant de circuler de nuit. La police les attendait sur ordre du préfet Papon qui avait dès le matin de ce jour-là, dit à ses troupes qu’« il s’agissait de mener une guerre et non pas de rétablir l’ordre républicain ». Les manifestants ignoraient ce qui les attendait. 
    Les renseignements généraux français avaient dans un rapport, estimé que « la Fédération de France du FLN est en train de sacrifier ses 20 000 militants des deux wilayas de Paris (…) Pour accepter la perte de tels cadres et un démantèlement de l’organisation à Paris, où elle était toute puissante, il faut que la Fédération de France considère la partie engagée comme décisive ». Les milieux colonialistes en France justifiaient la répression engagée par la police française contre les manifestants algériens désarmés par ce qu’ils ont appelé les attentats contre des policiers et des harkis durant ces années-là. 
    Selon ces milieux, la police française était « remontée » contre les éléments nord-africains, c’est pourquoi, ses membres attendaient l’occasion pour « se venger ». Et l’occasion est venue. Aussitôt sortis défiler dans les principales artères parisiennes, nos compatriotes étaient accueillis par des groupes de policiers en armes qui n’ont pas hésité à les utiliser. Et la chasse aux Arabes commença. 
    Durant la nuit du 17 octobre et les jours suivants, il y eut des centaines de morts et de blessés et une centaine d’autres parmi nos compatriotes disparus, jetés dans la Seine. Les plus chanceux, soit plus de 11.000 manifestants, étaient mis aux arrêts, dans des centres d’internement, brimés, insultés, torturés. Tous avaient été assimilés au FLN. 
    Après la tempête, les médias évoquaient quelques tués et blessés comme le leur avait dicté le sanguinaire préfet Papon. On a parlé d’ « affrontements » entre manifestants et forces de répression, alors qu’il s’agissait d’un massacre de civils qui voulaient fuir la police déchaînée contre eux.
    Quelques jours plus tard, un conseiller municipal de Paris, Claude Bourdet, avait interpellé en plein conseil, Papon, lui demandant la vérité sur des écrits dans la presse concernant le repêchage dans la Seine de 150 cadavres d’Algériens, noyés lors des manifestations. « J’en viens d’abord aux faits. Il n’est guère besoin de s’étendre. Parlerai-je de ces Algériens couchés sur le trottoir, baignant dans le sang, morts ou mourants, auxquels la Police interdisait qu’on porte secours ? Parlerai-je de cette femme enceinte, près de la place de la République, qu’un policier frappait sur le ventre ? Parlerai-je de ces cars que l’on vidait devant un commissariat du quartier Latin, en forçant les Algériens qui en sortaient à défiler sous une véritable haie d’honneur, sous des matraques qui s’abattaient sur eux à mesure qu’ils sortaient ? », s’était-il demandé. 
    Le conseiller qui disait disposer de « témoignages de Français et des témoignages de journalistes étrangers », évoquait en outre « cet Algérien interpellé dans le métro et qui portait un enfant dans ses bras ». Il ajoutait que « comme il ne levait pas les bras assez vite, on l’a presque jeté à terre d’une paire de gifles ». 
    Pour lui, il s’agit de faits qui, s’ils sont vérifiés, « ne peuvent pas s’expliquer par une réaction de violence dans le feu de l’action. Ce sont des faits qui méritent une investigation sérieuse, détaillée, impartiale, contradictoire ». Bien entendu, il n’aura aucune réponse à ces questionnements. La chape de plomb jeté officiellement sur ces massacres se prolonge pour des années encore ! Ce n’est que dans les années 1990 qu’on commença en France à évoquer ces massacres dans les médias. 
    L’actuel président français, François Hollande, rendait public en 2012, un communiqué dans lequel il expliquait que « le 17 octobre 1961, des Algériens qui manifestaient pour le droit à l’indépendance ont été tués lors d’une sanglante répression. La République reconnaît avec lucidité ces faits. » Cependant, il évite de donner des chiffres sur les massacres. S’il rendait hommage aux « victimes de la tragédie », il ne présente pas aux familles des victimes et aux Algériens en général, les excuses de l’Etat français. 
    Les Algériens eux, n’oublient pas cette journée du 17 octobre 1961, ni les nombreuses autres journées noires du colonialisme français, en Algérie.
    La Patrie News, 17/10/2021
  • Ouest Tribune : Une mémoire honteuse

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    Les dérapages historiques du président français sur la colonisation et l’existence d’une nation algérienne avant l’invasion française rappelle que la nostalgie pour une ère révolue n’est pas une affaire d’extrême droite dans ce pays. Cette célébration du crime contre l’humanité qu’a été la colonisation française en Afrique est donc une affaire d’élite toute tendance idéologique confondue. Il serait injuste de mettre toute l’intelligentsia française dans le même sac, mais disons-le clairement, Emmanuel Macron est dedans sans nuance aucune. Mais ce petit-fils spirituel de Le Pen et les autres affidés de l’Algérie-française est bien embêté tous les 8 mai et les 17 octobre de chaque année. Il ne peut invoquer des faits de guerre, ni une hostilité armée de manifestants. Dans les deux cas, c’est du pur crime d’Etat.

    En cette date anniversaire du 17 octobre 1961 de l’abject assassinat de centaines d’Algériens, souvent de la manière la plus barbare, commis par la police française, les personnalités en vu de l’establishment français n’éprouve pas de honte particulière à se bousculer sur twiter et les chaînes de radio et de télévision pour apostropher les historiens qui disent la vérité et sortir des sornettes sur la prétendue responsabilité algérienne dans la guerre de libération nationale. Comme si l’acte colonial lui-même était, à l’origine, une demande de protection de l’Algérie.

    En cette date-anniversaire, les responsables politiques de l’Hexagone qui protègent leur gagne-pain mémoriel ne savent, en réalité, pas sur quel pied danser.

    L’institutionnalisation de la torture, le déplacement des populations, l’usage du napalm et les bombardements de villages durant la guerre d’Algérie et, plus loin dans l’histoire, les emfumades et les dépossessions des terres des Algériens sont autant de faits historiques. Et tout cela remonte à la surface chaque 17 octobre et 8 mai 45.

    Tout le monde en France, de l’extrême gauche à l’extrême droite en reconnaît la véracité, documents à l’appui. En réalité, personne n’est dupe. Les dernières gesticulations du président Macron n’ont d’autres objectifs que celui de répondre à l’appel des nostalgiques de l’Algérie française.

    Ces derniers, qui faut-il le souligner, perdent du terrain d’année en année et vont droit vers une autre défaite après celle de leur guerre coloniale, ont fait un deal crasseux avec un homme faussement républicain. Dans ce combat d’arrière garde, Macron et consorts ne cherchent pas la vérité historique et encore moins le salut de la République française.

    Par Nabil G.

    Ouest Tribune, 17/10/2021

  • Le Midi Libre : Afin que nul n’oublie !

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    60e anniversaire des massacres du 17 octobre 1961 à Paris:Afin que nul n’oublie !
    17 Octobre 2021
    ll y a 60 ans, des Algériens étaient massacrés, le 17 octobre 1961 à Paris, par la police française au cours d’une manifestation pacifique, pour l’indépendance de l’Algérie en pleine guerre de Libération.

    Ce jour-là, les Algériens de Paris et sa banlieue, hommes, femmes et enfants, avaient décidé de braver le couvre-feu appliqué uniquement aux Maghrébins. Préparée par la Fédération du Front de libération nationale de France, la manifestation pacifique a connu une répression des plus sanglantes au moment où des négociations entre le Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) et le gouvernement français se déroulaient en Suisse. Des milliers d’Algériens ont été tués et blessés, dont un nombre important a été jeté dans la Seine par la police française. Concernant ces crimes, la seule réaction officielle des gouvernements français qui se sont succédé a été celle du Président François Hollande, en 2012, qui a reconnu « avec lucidité », au nom de la République, la « sanglante répression au cours de laquelle ont été tués des Algériens qui manifestaient pour le droit à l’indépendance ». Une épuration ethnique Des chercheurs de l’université d’Oran spécialisés dans l’histoire de la glorieuse guerre de Libération considèrent que les massacres perpétrés par la police française contre une manifestation pacifique, le 17 octobre 1961 à Paris, est une « épuration ethnique » à l’encontre des Algériens.

    A l’occasion du 60e anniversaire de ces massacres, M. Bendjebbour, du département d’histoire de l’université Oran 1 Ahmed-Ben- Bella, a souligné, à l’APS, que la police française, lors de sa répression sanglante des manifestations pacifiques organisées par des émigrés, a commis un véritable massacre considéré comme « un crime d’État et un crime contre l’humanité ». L’universitaire a indiqué que ces « manifestation pacifiques ont été organisées par la Fédération de France du Front de libération nationale pour protester contre le couvre-feu injuste décrété par les autorités françaises à compter du 6 juin 1961 contre les Algériens ».

    Les organisateurs ne s’attendaient pas à ce que des manifestations pacifiques soient réprimées avec une telle violence. Le chercheur a relevé qu’après la désignation de « Maurice Papon comme préfet de police de Paris, il y a eu une mobilisation de plus de 7.000 policiers et 1.500 gendarmes pour réprimer les mouvements des émigrés, en plus d’autres éléments de différents dispositifsdes services de sécurité ». Des centaines de victimes De son côté, l’enseignante Hassam Soraya, de la même université, a indiqué que ce jourlà, plus de 60.000 Algériens, dont des femmes et des enfants, sont sortis dans les rues parisiennes, tous venus des banlieues de Paris, ignorant le sort funeste qui les attendait. Elle a indiqué que la police française, sur ordre du préfet de police Maurice Papon, a fermé les issues des stations de métro, notamment au niveau de la place de l’Opéra, lieu de rendez-vous des manifestants pour poursuivre leur marche de protestation dans les rues de Paris.

    Les forces de police ont attaqué les manifestants usant de balles réelles, tuant des dizaines d’entre eux dans les rues, les stations de métro, et jetant dans la Seine des dizaines de manifestants, dont les corps flottaient à la surface de l’eau. Selon « les historiens et des témoins de ces atrocités, l’utilisation de la force par l police française a fait plus de 300 morts et plus de 1.000 blessés, en plus de l’arrestation de plus de 14.000 Algériens, a qui de graves supplices ont été infligés ayant entraîné la mort de plusieurs d’entre eux », a ajouté Mme Hassam.

    La répression était des plus barbares, selon les historiens britanniques, Jim House et Neil McMaster, qui ont décrit dans leurs ouvrages Les Algériens et La République et la terreur de l’Etat, la violente répression que les Algériens ont subi le 17 octobre 1961, la décrivant comme « la plus violente répression contre une manifestation en Europe de l’ouest de l’histoire contemporaine ».

    Les historiens ont souligné que ce massacre s’est déroulé sous un blocus médiatique, les journaux français du lendemain des massacres ayant seulement fait part de l’organisation de manifestations pacifiques par les Algériens sans rien divulguer sur la répression sanglante. Malgré l’embargo médiatique, le « 21 octobre, des étudiants et des professeurs de la Sorbonne se sont rassemblés pour dénoncer le couvre-feu imposé aux Algériens et la répression contre les manifestants », ont-ils rappelé, ajoutant que le « 23 du même mois, des manifestations en solidarité avec les Algériens, organisées par des étudiants français, ont sillonné le quartier latin et Montparnasse, en plein coeur de la capitale française ». Les chercheurs ont relevé que les « manifestations du 17 octobre 1961 sont l’une des étapes importantes dans l’histoire de la guerre de Libération nationale et font partie également des contributions de la communauté algérienne, qui a consenti de grands sacrifices pour l’indépendance de l’Algérie ». Ils ont également exigé que les centres des décisions français soient tenus politiquement et juridiquement responsables de crimes d’état perpétrés avec préméditation, exigeant des excuses officielles et le dédommagement des victimes et de leurs proches.

    Rahima Rahmouni

    Stora veut que la France reconnaisse « un crime d’État »

    L’historien Benjamin Stora veut que la France reconnaisse le massacre des Algériens du 17 octobre 1961 comme une « tragédie inexcusable. Il y a une responsabilité de l’État », a-t-il déclaré ce 16 octobre sur les ondes de la radio Europe1.

    Alors que le chef de l’état français s’apprêtait à commémorer la journée en déposant une gerbe de fleurs sur le pont de Bezons, à Paris l’historien Benjamin Stora auteur du rapport sur la mémoire, invité de Jean-Pierre Elkabbach, sur Europe 1, a appelé, lui, « à regarder en face la réalité de ce drame. Il faut que la France reconnaisse cette tragédie comme une tragédie inexcusable ». Le chef de l’état français se contentera de déposer sa gerbe de fleurs et d’observer la minute de silence. Un texte sera diffusé par la suite, selon l’ AFP qui devrait aller plus loin que les quelques mots de l’ancien Président François Hollande. On croit savoir que Emmanuel Macron devrait reconnaître « une vérité incontestable ».

    Une « responsabilité de l’État français »

    Le 17 octobre 1961, 30.000 Algériens étaient venus manifester pacifiquement à Paris, avant de subir une violente répression. Le bilan officiel de l’époque, 3 morts et une soixantaine de blessés, est très loin de la réalité selon les historiens, qui l’estiment aujourd’hui à au moins plusieurs dizaines de morts. Au total, quelque 12.000 manifestants avaient été arrêtés cette nuit-là. »Il y a une responsabilité de l’État, sous l’autorité de Maurice Papon », insiste l’historien, qui appelle dans les colonnes du journal français Libération à reconnaître les crimes du 17 octobre « comme un crime d’État. L’application de l’ordre qui a été mis en euvre l’a été sous la conduite du préfet de police de Paris ». Et Benjamin Stora, de poursuivre : « Quand on dit crime d’État, c’est aussi la possibilité d’identifier qui a fait cela ».

    Une porte-parole de de Gaulle et une archiviste confirment

    En 2017, Des notes de Louis Terrenoire, ministre français de l’Information et porteparole du général de Gaulle entre 1960 et 1962, ont été publiées par sa fille Marie- Odile Terrenoire dans un ouvrage intitulé Voyage intime au milieu de mémoires à vif. Selon Gilles Manceron, historien français spécialiste du colonialisme dans un texte publié sur MediaPart, ces témoignages montrent comment Michel Debré, alors Premier ministre hostile à la paix avec le Front de libération nationale (FLN) et partisan de « l’Algérie française », planifiait ce massacre depuis plusieurs mois pour « lancer une guerre à outrance contre la Fédération de France du FLN ». Feue Brigitte Lainé, l’archiviste qui a révélé les preuves du massacre du 17 octobre 1961, avait accepté de témoigner en faveur de l’historien Jean-Luc Einaudi dans son procès face au sanguinaire Maurice Papon. Son témoignage a été déterminant, il attestait de l’existence de preuves officielles du massacre. Elle a témoigné avec son collègue et ami Philippe Grand que les archives du parquet de Paris confirment la thèse de l’historien sur le massacre prémédité. Brigitte Lainé avait examiné les archives judiciaires de septembre à décembre 1961 et affirmé au procès que « 103 dossiers d’instruction concernant 130 personnes ont été ouverts et que 32 dossiers pour 44 décès ont été classés sans suite ». L’archiviste a aussi cité un réquisitoire définitif du 30 octobre, « relatif à la mort de 63 Nord-Africains, dont 26 n’ont pu être identifiés ». Elle avait expliqué que l’amnistie de 1962, a mis un point final à toutes les instructions encore en cours. Ce témoignage, corroboré par celui de Philippe Grand, permettent à l’historien de gagner son procès et de gagner son procès.

    Chahine Astouati

    Le Midi Libre, 17/10/2021

  • Sahel : La France joue au maître des lieux

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    C’est là une question incontournable dans le contexte politique d’aujourd’hui qui tranche par rapport à la décennie passée, marquée par d’intenses activités terroristes. En effet, toute la région subsaharienne a été transformée en laboratoire grandeur nature pour l’élevage d’une multitude de groupes armés, entraînés et financés. Encadrés aussi ! Flanqués de l’appellation de djihadistes sous la bannière d’un Islam instrumentalisé et vidé de tout son contenu spirituel, la mission assignée à ces groupes de la mort est de plus en plus flagrante. En clair, ils sont chargés de « faire peur » aux pays sahélo-sahariens trahis par leurs faibles capacités de défense. La sauvagerie des terroristes renseigne sur leur détermination à semer le désarroi, voire le chaos. C’est donc la porte ouverte à toutes les inconnues.

    Pour « sauver leur peau », les régimes impopulaires, inféodés, n’hésitent pas à appeler à la rescousse de l’ancienne puissance coloniale qui voit ses plans s’exécuter comme prévu. Cela fait trente ans que des pays comme le Mali, le Niger, le Burkina Faso, le Tchad et plus loin le Nigeria et la Guinée sont soumis à un stress terrible. La pression est portée à son paroxysme avec, tour à tour, des attaques et le saccage de villages impuissants, non protégés, et les enlèvements de personnes récurrents. Aucun projet de développement, un tant soit peu, utile aux populations désespérées par des conditions de vie de misère. De fait, les pays de cette partie de l’Afrique sont plongés dans une instabilité inédite, ils ne sont pas près de voir la fin du cauchemar. Pis, leur proximité avec nos frontières du Sud a un impact direct sur l’Algérie, poussée à jouer au pompier.

    Les interventionnistes qui se disputent la région exacerbent encore plus la situation. Chacun veut une part du butin qu’il y a à partager ; autrement dit, les richesses du sous-sol. La France joue au maître des lieux, considérant l’Afrique de l’Ouest francophone comme son pré-carré naturel. Sans être alarmiste, le feu est à nos portes. De plus en plus l’on essayera de l’attiser. La France se livre à un double jeu : la lutte contre le terrorisme tout en pesant de son poids pour torpiller toute solution sous les auspices de l’Algérie.

    Le ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, claironne à qui veut bien l’entendre que l’Algérie est une force d’équilibre dans la région sur laquelle il faut compter. Paris, cependant, manœuvre contre l’accord d’Alger pour la paix et la réconciliation au Mali.

    Sous le prétexte fallacieux de lutte pour la paix et la sécurité dans cette région pauvre, les interventions françaises n’ont apporté que dommages, la situation devenant inextricable au vu des conflits créés.

    La faillite française dans la région sahélo-saharienne est actée. C’est pourquoi les têtes bien-pensantes de l’Élysée s’emploient à redéployer leurs forces en les déplaçant à Kidal, à quelques encablures de la frontière algérienne, sans concertation avec les autorités du pays. Parmi les calculs de ces agissements, c’est de contrer le crédit grandissant de l’Algérie pour qui la seule alternative est la paix par le dialogue pacifique. C’est cela surtout qui ne rentre pas dans les plans de Paris qui cherche à mettre en place une politique de « containment » et faire pression sur Alger à partir de là.

    À ce jeu, la rupture avec le Maroc arrange bien ses affaires, à supposer que le conflit ait été soufflé au Makhzen par des officines occultes. Suivez mon regard !

    Brahim Taouchichet

    Le Soir d’Algérie, 17/10/2021

  • Le Soir d’Algérie: Un 17 Octobre bien particulier

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    L’Algérie commémore, demain, le 60e anniversaire des évènements tragiques du 17 Octobre 1961. L’anniversaire de cette année intervient dans un contexte de crise sans précédent entre la France et l’Algérie qui a rappelé son ambassadeur à Paris depuis plusieurs jours.

    Karim Aimeur – Alger (Le Soir) – Le 17 Octobre 1961, soit moins d’une année avant la proclamation de l’indépendance du pays et de la fin de la colonisation, des Algériens venus manifester pacifiquement à Paris contre un couvre-feu qui visait les Maghrébins, ont été réprimés dans le sang par la police française. Des historiens affirment qu’il s’agit de la plus violente répression enregistrée à Paris depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

    Des centaines de manifestants ont été blessés et des dizaines de morts ont été déplorés, dont plusieurs ont été jetés à la Seine. Pendant longtemps, l’État français a entretenu le mensonge et le déni autour de ce massacre.

    En 2012, à l’occasion de la célébration de l’anniversaire des massacres, l’ancien Président François Hollande a reconnu «avec lucidité» la «sanglante répression» au cours de laquelle ont été tués «des Algériens qui manifestaient pour le droit à l’indépendance».
    60 ans plus tard, l’évènement et la question mémorielle continuent de nourrir la tension entre les deux pays.

    Cette année, la commémoration des massacres du 17 Octobre 1961 intervient dans un contexte inédit où couve une crise sans précédent entre l’Algérie et la France suite à des déclarations du Président français faites le 30 septembre où il a qualifié le système algérien de «politico-militaire», accusant les dirigeants du pays de vivre de la «rente mémorielle» et affirmant que la réduction du nombre des visas visait la classe dirigeante.

    La réaction de l’Algérie ne s’est pas fait attendre. Après avoir dénoncé sans détour des «déclarations irresponsables» et «une grave erreur», l’ambassadeur algérien à Paris a été rappelé pour consultations alors que l’espace aérien a été fermé aux avions militaires français qui l’utilisaient dans le cadre des opérations au Mali.

    Les gestes d’apaisement et les déclarations rassurantes du Président de la France et de son ministre des Affaires étrangères n’ont pas suffi pour calmer la colère d’Alger qui exige de l’ancien colonisateur d’oublier que l’Algérie est une ancienne colonie et que désormais la souveraineté du pays doit être respectée.

    Jusqu’à aujourd’hui, l’ambassadeur algérien en France est toujours à Alger. Le président de la République Abdelmadjid Tebboune a conditionné son retour à Paris par «le respect total de l’État algérien» par la France.

    La commémoration de cette date historique marquera certainement un autre tournant dans les relations entre les deux pays. Aussi bien du côté français que du côté algérien, des discours officiels et peut-être des annonces sont attendus.
    Emmanuel Macron, qui a multiplié les gestes à l’égard des harkis ayant choisi la voie de la France durant la Révolution algérienne (1954-1962), est attendu, selon certaines sources, à nouveau sur la question de la mémoire ce 17 octobre à l’occasion de la commémoration de l’anniversaire des massacres.

    Après la tension qu’il a provoquée, Macron a tempéré ses propos, exprimant son souhait à ce qu’il y ait un apaisement parce que, a-t-il expliqué, dans un entretien à France Inter, « je pense que c’est mieux de se parler et d’avancer ». Son ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a exprimé, de son côté, le respect des autorités de son pays au peuple algérien, ajoutant que c’est à eux « de décider de leurs choix et de leur débat politique».

    Des observateurs s’attendent à des gestes forts de Macron à cette occasion. Macron va-t-il revenir sur ses propos face à la gravité de la crise provoquée ? Va-t-il franchir un nouveau pas en reconnaissant officiellement la responsabilité de l’État français dans les massacres du 17 Octobre 1961 ?

    Dans son éditorial d’hier, le journal Le Monde a écrit qu’un acte manque encore pour dépasser les traumatismes vécus par les survivants du massacre et transmis à leurs descendants : «La reconnaissance officielle par l’État de sa responsabilité, de celle des hauts dirigeants et de la police de l’époque.»

    Karim Aimeur

    Le Soir d’Algérie, 17/10/2021