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  • La France perd la main au Maghreb et au Sahel

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    La crise entre la France et l’Algérie dépasse largement le cadre électoral français. Elle révèle l’émergence d’un ordre nouveau au Maghreb et en Afrique, un ordre qui échappe largement au contrôle de la France

    Il y a cinq ans, Emmanuel Macron débarquait dans la compétition électorale française avec une fraîcheur étonnante. Non arrimé à un parti traditionnel, non tenu par le discours politique classique, l’homme semblait avoir un regard différent sur les crises, et prônait des solutions innovantes. Il sortait des clous et il osait.

    Sur l’Algérie, il osait une formule retentissante, qu’aucun président, même de gauche, n’avait utilisée : il qualifia la colonisation de crime contre l’humanité.

    Cinq ans plus tard, le même Macron tient, sur l’Algérie, des propos totalement différents, teintés d’une incroyable arrogance.

    Il aborde un terrain miné, l’histoire, le premier sur lequel l’intransigeance algérienne est sans limites.

    Mais la réaction violente de la partie algérienne à ses déclarations ne relève pas d’une simple attitude caractérielle. Il s’agit d’une divergence de fond sur un sujet hautement sensible : nier l’existence d’une nation algérienne avant la période coloniale, c’est, implicitement, justifier le fait colonial.

    Comment Emmanuel Macron a-t-il ainsi basculé en cinq ans ? Comment cet homme qui avait un regard atypique sur la situation économique et politique de son pays, sur le monde, sur l’Afrique, en est-il arrivé à être gagné par ce type de discours, jusqu’à mettre en doute l’existence d’une Algérie avant la colonisation, ou pour tenter d’établir un clivage entre le président Abdelmadjid Tebboune et l’armée algérienne ?

    Erreur d’appréciation ? Arrivée de nouveaux spin doctors qui auraient imposé leur propre lecture de l’histoire ? Suffisance, voire arrogance ?

    Désorienté

    Macron a-t-il été intoxiqué par des courants et groupes politiques, tant algériens que français, qui affirment qu’en Algérie, le pouvoir a été sérieusement fragilisé après le hirak ?

    Les biographes d’Emmanuel Maron le diront un jour. En tout état de cause, la thèse électoraliste ne tient pas la route. En matière d’électorat, Emmanuel Macron perd plus qu’il ne gagne en tenant ces propos sur l’Algérie.

    En attendant, le nouveau Macron semble désorienté. Le premier chef de l’État français qui affichait initialement une volonté de prendre ses distances avec la Françafrique, à défaut de s’en défaire, tente aujourd’hui de recoller les morceaux, pour préserver des positions visiblement intenables à terme.

    Car la France n’a plus les moyens de tenir son rang. Elle n’a plus l’envergure économique et militaire pour mener, en Afrique, une politique disproportionnée par rapport à ses moyens.

    Et au lieu d’amorcer une politique nouvelle à l’égard de l’Afrique, conforme à ses promesses et aux espoirs qu’il avait suscités, Macron s’est laissé entraîner dans l’engrenage de la Françafrique, pour se contenter de colmater les brèches, dans une spirale infinie.

    Sur le plan économique, la France ne fait plus le poids devant la Chine. Les investissements chinois en Afrique ont non seulement écrasé ceux de la France, mais ils dépassent désormais ceux de tous les pays occidentaux réunis.

    Plus dur encore pour la France, ses exportations vers l’Afrique, qui plafonnent à 30 milliards de dollars par an, sont désormais inférieures à celles de l’Allemagne, pour qui l’Afrique n’était pourtant pas un marché prioritaire.

    Ces exportations françaises vers l’Afrique atteignent à peine le quart des exportations de la Chine, un pays pourtant nouvellement arrivé sur le continent africain.

    Sur le plan militaire, la France a constaté les limites de ses opérations lancées dans le Sahel, Serval puis Barkhane, insuffisantes pour éliminer les groupes islamistes armés qui pullulent dans la région.

    Elle a tenté d’impliquer des pays africains et européens dans ses déploiements, mais les premiers n’ont pas les moyens de suivre, et les seconds n’ont pas la volonté de le faire, redoutant d’être pris dans des engrenages qu’ils ne contrôlent pas.

    Mais pour la France, le plus dur est survenu en ce début d’automne, lorsqu’elle s’est retrouvée exclue des grands arrangements que les États-Unis préparent pour l’ensemble de la planète.

    En se retirant d’Afghanistan, après l’Irak, Washington veut se consacrer à ce qui lui paraît être le principal enjeu du nouveau siècle, la bataille économique autour du Pacifique.

    Entraînant la Grande-Bretagne et l’Australie, avant d’enrôler l’Inde et les autres pays du sud-est asiatique, les États-Unis ont provoqué une crise avec la France, en faisant littéralement annuler un contrat gigantesque de 57 milliards de dollars, contrat aux termes duquel la France devait fournir des sous-marins à l’Australie.

    Le marché a été confisqué au profit d’entreprises américaines, et la France traitée de manière méprisante.

    Inapte à régler la crise malienne

    Cette France négligée par ses anciens alliés occidentaux pensait imposer sa présence en affirmant sa maîtrise de certains dossiers et territoires.

    Las : au Mali, une nouvelle équipe au pouvoir, dont de nombreux militaires formés en Russie, réagit de manière inattendue.

    Les nouveaux dirigeants maliens ne font plus preuve de la docilité traditionnelle des élites maliennes, et un de leurs représentants, le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga, a répondu du tac au tac, déplorant que la France ait « abandonné le Mali en plein vol ».

    Les dirigeants maliens n’ont pas admis que la France les mette devant le fait accompli, en décidant de revoir son dispositif Barkhane à la baisse sans les consulter.

    Là encore, la réponse française a été d’une grande maladresse, affichant une arrogance devenue insupportable pour ses partenaires. Florence Parly, ministre française des Armées, a jugé ces propos « indécents » et « inacceptables ».

    Estimant être toujours en position de force, la France développe encore une analyse selon laquelle le pouvoir en place au Mali ne survivra pas sans la présence militaire française.

    C’est ignorer que, d’une part, la présence française s’est révélée inapte à régler la crise malienne, même si elle a pu contenir les groupes extrémistes armés ; et que, d’autre part, de nouvelles alternatives sont désormais possibles.

    La Russie est disposée à pallier un départ éventuel des troupes françaises, même si, pour le moment, la seule présence russe présentée comme envisageable est celle des mercenaires du groupe controversé Wagner.

    Déjà présente en Libye, la Russie veut étendre son influence au Sahel, un espace que les Américains sous-traitent traditionnellement à la France, et dont ils sont physiquement absents.

    Et si les États-Unis délaissent des terrains aussi symboliques que l’Afghanistan et l’Irak, et qu’ils ne s’impliquent pas directement au Yémen, ils ne vont pas s’encombrer du Sahel, au moment précis où ils veulent concentrer toute leur énergie pour, d’abord, maîtriser le terrain stratégique que constitue désormais le Pacifique.

    Résultat : le Sahel est devenu un terrain abandonné, ouvert à la Russie, une Russie dont l’Algérie est un partenaire de longue date.

    C’est cet agacement, doublé d’impuissance, qu’expriment les dirigeants français. Ils ne peuvent être compétitifs face aux Chinois sur le plan économique, ni face aux Russes sur le plan militaire.

    Plus grave encore, les dirigeants français n’ont pas pris la mesure de ce qui se passe en Algérie comme au Mali, où de nouveaux dirigeants s’installent, moins liés à la France aussi bien sur le plan personnel qu’économique.

    Et quand Emmanuel Macron menace de rendre la vie difficile à des dirigeants algériens qui ont l’habitude d’obtenir facilement des visas, il se trompe de cible. Dans les cercles de décision, ce profil dont parle Emmanuel Macron n’est plus maître à bord.

    À terme, le schéma général en Afrique du Nord et de l’Ouest va complètement changer. La France n’a plus les moyens d’y régner en maître, et les États-Unis ont d’autres priorités. Chine et Russie, l’un sur le plan économique, l’autre sur le plan militaire, vont forcément supplanter les anciens réseaux et les anciens intérêts, avec une Turquie qui commence à affirmer sa présence.

    Réplique cinglante

    Dans cet ensemble en pleine mutation, où les équilibres sont précaires, l’Algérie a une carte à jouer. Elle veut s’imposer comme partenaire, non comme sous-traitant. Forte, précisément, de ses relations économiques avec la Chine, de son partenariat militaire avec la Russie, elle est bien placée pour devenir un élément central, voire le pivot de l’ensemble régional qui se dessine.

    Emmanuel Macron n’a visiblement pas envisagé la relation avec l’Algérie sous cet angle. Dans une France où la diplomatie traditionnelle considère les pays d’Afrique comme des alliés naturels, voire des vassaux, il est difficile d’imaginer qu’un pays pourrait rappeler son ambassadeur à Paris, fermer son espace aérien aux avions militaires français, et envisager éventuellement d’autres mesures plus radicales.

    La diplomatie française traditionnelle regarde les pouvoirs africains sous un prisme particulier, celui de sentinelles tenant des positions avancées au service de la France, avec laquelle leurs intérêts se confondent. C’était valable pour beaucoup de pays, et ça l’est encore pour un certain nombre d’entre eux, qui se cantonnent dans un rôle de second plan, sous-traitant ou vassal.

    Même le très moderne Emmanuel Macron n’a pas pu se départir de cette attitude. Il reçoit aujourd’hui, de plein fouet, une réplique cinglante de la part de pays qui aspirent à un autre rôle : celui de partenaire reconnu et respecté.

    Même le très fragile Mali a choisi cette voie. Après tout, quand on est l’un des pays les plus pauvres du monde, sans aucune perspective sérieuse, quel intérêt y a-t-il à se maintenir dans cette étouffante Françafrique, qui n’a rien apporté en un demi-siècle d’indépendance ?

    Quant à l’avenir de l’Algérie, dont le poids démographique dépassera probablement celui de l’Italie et de l’Espagne vers la moitié du siècle, il ne peut s’écrire que dans un autre registre : celui d’un partenaire en mesure d’imposer sa présence. Même si, pour l’heure, c’est un pays qui demeure fragile, à cause de la faiblesse de ses institutions et de son économie.

    Abed Charef

    Middle East Eye, 10/10/2021

  • Macron implique la Turquie dans sa querelle avec l’Algérie

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    La Turquie a critiqué le président français Emmanuel Macron pour ses propos décrivant les 300 ans de règne de l’Empire ottoman comme du colonialisme, affirmant que cette « approche bon marché » ne fonctionnerait pas pour lui lors des prochaines élections.

    “Nous avons vu dans le passé et nous voyons maintenant que ces approches bon marché n’apportent aucun avantage aux élections”, a déclaré le ministre des Affaires étrangères Mevlüt Çavuşoğlu lors d’une conférence de presse avec le ministre ukrainien des Affaires étrangères Kuleba Dmytro en Ukraine le 7 octobre. Çavuşoğlu paie un visite en Ukraine pour s’entretenir avec son homologue ukrainien.

    La réaction de Çavuşoğlu est intervenue après que Macron a tenté d’entraîner la Turquie dans sa querelle avec l’Algérie au sujet de la tristement célèbre domination française dans le pays d’Afrique du Nord qui a duré entre 1830 et 1962 et a coûté la vie à des dizaines de milliers d’Algériens.

    Selon les médias français, Macron, dans un effort pour pallier le passé colonial atroce de la France, a affirmé qu’« il y avait eu une colonisation avant la domination coloniale française » en Algérie, faisant allusion à la présence ottomane dans le pays entre 1514 et 1830.

    « La construction de l’Algérie en tant que nation est un phénomène à surveiller. Y avait-il une nation algérienne avant la colonisation française ? Telle est la question », a déclaré Macron. « Il y a eu des colonisations antérieures. Je suis fasciné de voir la capacité de la Turquie à faire oublier totalement le rôle qu’elle a joué en Algérie et la domination qu’elle a exercée, et à expliquer que nous sommes les seuls colonisateurs. C’est bien. Les Algériens le croient », a-t-il déclaré.

    “C’est tellement mal pour lui d’entraîner la Turquie qui n’a pas de tache sombre de colonialisme dans son passé dans cette discussion”, a déclaré Çavuşoğlu, ajoutant que ceux qui ont quelque chose à dire sur la Turquie “devraient le dire directement en face, pas dans notre dos . Tout comme ce que fait notre président Recep Tayyip Erdoğan.

    Çavuşoğlu a déclaré que Macron devrait mieux essayer de prendre des mesures pour gagner la confiance de son peuple et éviter les mouvements populistes avant les élections présidentielles de mai 2022 en France.

    Les propos de Macron ont déclenché une profonde tension entre la France et l’Algérie, cette dernière ayant fermé son espace aérien aux avions militaires français.

    Aldjazair.org

  • Algérie: « Mes ancêtres ont croisé le fer avec la puissante Rome »

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    Pour rappeler aux Français et au monde la profondeur de l’histoire nationale, Lamamran s’est rendu à la prison romaine où fut détenu Jugurtha, l’un des héros de l’Algérie antique… Au Président français Emmanuel Macron qui demandait le week-end dernier « si la nation algérienne existait avant la colonisation française », le chef de la diplomatie algérienne, Ramtane Lamamra, a convié Macron à réviser ses classiques en Histoire en lui répliquant par cette subtilité qu’on peut résumer comme suit :

    « Au cas où vous l’ignoriez, mes ancêtres ont croisé le fer avec la puissante Rome. » En Italie, c’est en marge des travaux du sommet qu’il est revenu à la charge concernant les déclarations du Président français. Pour rappeler aux Français et au monde la profondeur de l’histoire nationale, il s’est rendu à la prison romaine où fut détenu Jugurtha, l’un des héros de l’Algérie antique. Une visite qu’il a partagée sur son compte Twitter. « Une séquence de l’histoire de l’Algérie, aux racines ancrées dans la profondeu de Rome. Le lieu où fut emprisonné et tué le roi de Numidie Jugurtha, fils de Cirta et petit-fils de Massinissa, en 104 avant Jesus-Christ, après une guerre féroce qui a duré 7 ans contre Rome », a écrit Ramtane Lamamra. Une manière de remettre les choses à leur place après l’interrogation d’Emmanuel Macron sur l’existence de la nation algérienne avant la colonisation française. Tous ceux qui, en France, partagent l’idée qui veut que l’Algérie n’ait aucune existence en tant que nation avant sa colonisation en 1830, peuvent lire entre les lignes ce message : vous ne pouvez pas remonter aussi loin pour parler de votre propre histoire. L’évocation de Jugurtha s’inscrit aussi en droite ligne des récentes déclarations du ministre des Affaires étrangères et de celles de toute l’Algérie officielle, concernant le colonialisme et sa prétendue « mission civilisatrice ».

    Jugurtha est pour les Algériens le symbole de la résistance de leurs ancêtres à la Rome antique et à ses velléités d’expansion et de domination. À Bamako, Lamamra a déclaré que « l’Afrique est le berceau de l’humanité » mais aussi le tombeau du colonialisme ». Les défaites infligées par l’armée de Jugurtha aux légions romaines sont l’illustration de cette affirmation. Aussi, le sort atroce qui lui a été réservé – il est mort de faim dans un cachot romain – est une séquence de la hideur du colonialisme, quel que soit son nom ou son époque. Ce n’est pas la première fois que le nom de Jugurtha est évoqué par l’Algérie pour porter la contradiction dans un litige diplomatique.

    En juillet dernier, un commentaire de la revue de l’ANP, El Djeich, rappelait au Maroc toutes ses trahisons envers l’Algérie à travers l’histoire, parmi lesquelles la livraison de Jugurtha à Rome par Bochus, roi de la Maurétanie césarienne, soit le Maroc actuel. L’Algérie peut s’en vouloir d’avoir elle-même occulté sa profondeur historique. Pendant au moins les 30 premières années de son indépendance, elle a presque complètement ignoré la dimension amazighe de son identité, et partant, les hommes et les faits antérieurs à la conquête musulmane au 7e siècle.

    Malgré les avancées enregistrées dans ce sens depuis les années 90, un personnage comme Jugurtha n’a toujours pas la place centrale qu’il devrait occuper dans le récit national. Les réactions en Algérie, du côté des officiels, de la société civile et même d’une partie de l’opposition, ont porté sur cette remise en cause. L’Algérie a décidé de rappeler son ambassadeur à Paris et fermé son espace aérien aux avions d l’armée française qui se rendent au Mali dans le cadre de l’opération Barkhane. Aux avant-lignes de cette riposte, le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra.

    Au cours d’une visite au Mali justement, mardi 6 octobre, il a dénoncé une « faillite mémorielle qui met les relations de la France officielle avec certains de nos pays dans des situations de crise malencontreuses », appelant les autorités françaises à « décoloniser leur propre histoire » Ils ont « besoin de se libérer de certaines attitudes et visions qui sont intrinsèquement liés à la logique incohérente portée par la prétendue mission civilisatrice de l’Occident », a-t-il dit à Bamako.

    Par : LAKHDARI BRAHIM

    Le Midi Libre, 10/10/2021

  • Sale temps pour la diplomatie française

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    Après les Etats-Unis, L’Australie et l’Angleterre qui ont formé sur le dos de Paris l’Aukus lui sucrant plus de 50 milliards de contrats d’armement. Les escarmouches avec les pays du Maghreb et le Mali n’en finissent pas pour culminer vers un froid diplomatique à prévoir avec la Turquie cet hier de nouveau.
    Avec en toile de fond une Europe un peu molle à soutenir Paris qui semble être parti en croisade contre la terre entière. Comme si un boycott des produits français ne suffisait pas, il faudrait compter maintenant avec une remise en cause de la fiabilité de son armement par les Anglo-saxons humiliant publiquement l’hexagone. Pendant ce temps, les Russes marchent dans le carré de Macron en Afrique noire en signant avec le Mali contrats bien après avoir fait tomber dans leur giron la République Centrafricaine.
    Faits étranges observait Mediapart cette semaine, même après le scandale Pegasus d’espionnage flagrant des plus hautes personnalités françaises par le Maroc et avec l’aide d’Israël, Paris n’a pas beaucoup insisté pour qu’on lui rende des comptes sur ce sujet pourtant si sensible.
    Toutefois, le Premier ministre Scott Morrison a salué la décision de la France de renvoyer son ambassadeur en Australie et a déclaré jeudi que la relation bilatérale était plus importante que le contrat de sous-marin annulé.
    Morrison a rejeté les suggestions selon lesquelles l’Australie avait besoin de reconstruire ses relations avec la France après avoir annulé un contrat de 50 milliards d”euros le mois dernier, un acte que le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a qualifié de “coup de poignard dans le dos”.
    « Nous avons déjà une coopération. Vous voyez, la relation Australie-France est plus grande qu’un contrat », a déclaré Morrison.
    « La présence, l’importance et l’influence de la France dans l’Indo-Pacifique ne sont pas un contrat. Il s’agit du fait qu’ils ont une présence réelle ici, dans l’Indo-Pacifique, qu’ils ont un engagement de longue date et qu’ils travaillent avec l’Australie sur toute une gamme de problèmes différents », a-t-il ajouté.
    La France a rappelé ses ambassadeurs de Washington et de Canberra après que l’Australie a abandonné le contrat avec Naval Group, détenue majoritairement par l’État français, pour la construction de 12 sous-marins diesel-électriques conventionnels.
    Dans le cadre d’une alliance qui inclut la Grande-Bretagne, l’Australie achètera à la place une flotte de huit sous-marins à propulsion nucléaire construits avec la technologie américaine.
    La France a rapidement renvoyé son ambassadeur aux États-Unis, partenaire de l’OTAN.
    Le Drian a déclaré à une commission parlementaire que l’ambassadeur Jean-Pierre Thebault retournerait à Canberra pour aider à “redéfinir les termes” de la relation bilatérale et défendre les intérêts français dans la liquidation du contrat.
    On ne sait pas encore combien la résiliation du contrat signé en 2016 coûtera à l’Australie. Il avait déjà dépensé 2,4 milliards de dollars australiens (1,8 milliard de dollars) pour le projet, a déclaré Morrison le mois dernier.
    Il n’a pas précisé les coûts lorsqu’on lui a demandé jeudi.
    « Nous avons une très bonne compréhension de la façon dont nous allons procéder avec cette question. Nous travaillerons dans le cadre du contrat tel qu’il est défini », a déclaré Morrison.
    Morrison a déclaré que le président français Emmanuel Macron ne prendrait pas ses appels.
    “J’attends avec impatience notre première réunion, notre premier appel téléphonique à nouveau”, a déclaré Morrison. “Je reconnais que c’est une période difficile, bien sûr que ça l’est. Il n’y avait aucun moyen que nous aurions pu prendre cette décision sans elle… causant une profonde déception et blessant la France.
    En quittant l’Australie, un Thebault en colère a décrit le contrat annulé comme une “situation incroyable, maladroite, inadéquate et non australienne”.
    “Cela a été une énorme erreur, une très, très mauvaise gestion du partenariat”, a déclaré Thebault.
    Cette semaine, le ministre du Commerce Dan Tehan a été snobé par des responsables français alors qu’il se trouvait à Paris.
    Les négociations sur un accord de libre-échange entre l’Australie et l’UE qui devaient avoir lieu ce mois-ci ont été reportées à novembre. Bernd Lange, législateur allemand et président de la commission du commerce international du Parlement européen, a déclaré que des questions avaient été soulevées quant à savoir si l’on pouvait faire confiance à l’Australie.
    Le ministre de l’Agriculture David Littleproud a vu le retour de l’ambassadeur comme un signe positif.
    “Nous comprenons leur déception, mais à un moment donné, nous devrons aller de l’avant et nous pensons qu’un accord de libre-échange avec l’UE serait un bon moment”, a déclaré Littleproud.
    Aldjazair.org, 07/10/2021
  • France-Algérie : «Ni marchandage, ni surenchère»

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    La France coloniale renaît de ses cendres et fait ses siennes quand il s’agit distinctement de remuer le couteau dans la «plaie» de l’histoire commune. Les derniers propos du président français, à l’encontre de l’Algérie, traduisent un certain sentiment néocolonialiste voulant imposer son agenda économique et politique sur des pays d’Afrique, ses anciennes colonies. La France de Macron, en sondage avancé sur la candidate de l’extrême droite Marine Le Pen, à une année des prochaines présidentielles, donne l’impression par ses propos pro racistes de prendre de vitesse sa rivale directe.

    Persuadée qu’elle remportera cette élection, la parlementaire du Pas-de-Calais avait avoué, non sans certitude, qu’elle ne raterait pas la future présidentielle qui lui échappe ainsi qu’à son père, le fondateur du parti extrémiste de droite. La France dont les troupes militaires, en présence sans cesse réduite au Mali, l’une de ces anciennes colonies, est en train de perdre sa vitesse de croisière et son champ de manœuvre dans ce pays où les efforts se poursuivent pour la paix et le gouvernement d’union nationale. Que faut-il alors retenir des propos de Macron? Une sorte de pression sur l’Algérie, un partenaire et allié stratégique du Mali. Pour le locataire de l’Elysée ainsi que les renseignements tant de la DST que de la DGSE, l’Algérie qui se repositionne sur le plan régional et international grâce à la politique de son président Abdelmajid Tebboune, son armée et sa diplomatie extérieure menée par son fer de lance Lamamra, représente une menace potentielle aux intérêts français en Afrique. Les spécialistes retiennent que ce sont des propos hostiles jamais rendus publics auparavant par un président français.

    Candidat à sa succession, Macron espère pouvoir tirer des dividendes électoraux par ses propos et recueillir les faveurs des partisans de Marine Le Pen. Mais ni marchandage ni surenchère. L’Algérie n’oublie pas de sitôt les crimes français perpétrés dans le pays dans les campagnes, dans les villages, dans le Sahara algérien, ni les essais nucléaires français à Reggane et Ain Iker, ni le dossier des mines antipersonnelles, encore moins son droit aux archives coloniales.

    Le ministre de la Communication, Ammar Belhimer, remet les pendules à l’heure. Il a estimé jeudi que les propos hostiles du président français à l’endroit de l’Algérie, prouvent que “la mentalité coloniale est présente à des niveaux officiels en France”. Il soutient que “la souveraineté nationale est une question existentielle qui ne tolère aucun marchandage ni aucune surenchère”. “Je n’aborderai pas la teneur des déclarations du président français mais je tiens à dire que la souveraineté nationale est une question existentielle pour l’Algérie qui ne tolère aucun marchandage ni aucune surenchère, que ce soit à des fins électoralistes ou politiciennes ou pour s’attirer les faveurs d’un électorat qui voue de la haine à l’Algérie”, a affirmé M. Belhimer dans un entretien au journal “Wassit Mag”.

    “Nous allons bientôt nous remémorer les crimes commis par la France coloniale, un 17 octobre, contre le peuple algérien qui réclamait pacifiquement la liberté et l’indépendance”, a enchaîné le ministre, estimant que les propos du président français “viennent nous rappeler que la mentalité coloniale en France n’est pas l’apanage du milieu partisan, mais est également présente à des niveaux officiels”.

    Il a réaffirmé, dans ce cadre, le principe de non-ingérence dans les affaires internes, consacré par l’Algérie dans ses relations étrangères. Le ministre de la Communication a rappelé une déclaration qu’il a faite le 15 juin dernier sur les ondes de Radio France internationale (RFI), où il a affirmé que “l’indépendance pour laquelle s’est sacrifiée l’Algérie, ne saurait être complète sans réunir trois axes principaux, à savoir: la reconnaissance par la France de ses crimes coloniaux, l’incrimination de l’acte colonial dans le droit algérien pour mettre fin définitivement à la dualité colonisateur/colonisé tel que conçu par le moudjahid +Frantz Fanon+ et la présentation solennelle des excuses ainsi que l’indemnisation de tous les dégâts humains, matériels et environnementaux commis par la France durant son occupation”.

    Par ailleurs, M. Belhimer a pointé du doigt les attaques menées contre l’Algérie par ses ennemis de l’extérieur, notamment les offenses médiatiques sur l’espace cybernétique initiées par le makhzen marocain qui “œuvre ouvertement à déstabiliser l’Algérie”.

    Il a salué, à cet égard, le rôle des médias algériens qui “ont prouvé leur haut sens de professionnalisme dans la défense du pays” et qui constituent désormais “un rempart face aux attaques répétées. Ils permettent d’éclairer l’opinion publique en la mettant au fait des intentions hostiles du Maroc et de son allié sioniste à l’égard de l’Algérie”.

    En battant en brèche les allégations marocaines suite à la décision souveraine prise par l’Algérie de rompre ses relations diplomatiques avec le Maroc, les médias algériens sont devenus “une source d’informations fiable pour les différents médias internationaux, tant les médias audiovisuels et électroniques que la presse écrite”.

    Le Carrefour d’Algérie, 10/10/2021

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  • L’échec de la France au Sahel profite aux autres puissances

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    Alors que les Américains se retiraient d’Afghanistan après plus de 20 ans d’une guerre qui ne mena nul part, c’était au tour de la France d’annoncer la fin de l’opération Barkhane qui n’a fait que propager encore plus la violence dans la région du Sahel. Aujourd’hui l’Algérie, la Russie, les Américains et les Chinois, dans d’autres mesures, reprennent là où Paris a échoué.
    Les discussions entre le Mali et la controversée société militaire privée russe, le groupe Wagner, suscitent une profonde inquiétude au niveau international. Le groupe a été identifié pour la première fois en 2014 alors qu’il soutenait les séparatistes pro-russes dans le conflit dans l’est de l’Ukraine. Depuis lors, il a été employé dans des pays tels que la Syrie, le Mozambique, le Soudan, la Libye et la République centrafricaine avec succès.
    Le président Emmanuel Macron a récemment déclaré que le contingent français de 5 000 hommes serait réduit de moitié, ce qui a incité le Premier ministre malien Choguel Maiga à accuser la France d’abandonner son pays.
    Cela a déclenché une réaction furieuse de la France, la ministre des Armées Florence Parly accusant le gouvernement malien de “s’essuyer les pieds avec le sang des soldats français”.
    Le président Macron s’est dit “choqué” par cette accusation, condamnant le gouvernement militaire du Mali, qui, selon lui, n’avait aucune “légitimité démocratique” après deux coups d’État en moins d’un an.
    Mais l’opinion publique malienne s’est incontestablement retournée contre la présence des troupes de l’ancienne puissance coloniale.
    Huit ans après l’arrivée des Français, la crise sécuritaire s’est propagée au Burkina Faso et au Niger, avec de nombreux groupes différents, certains liés à al-Qaïda ou au groupe État islamique, parcourant la région depuis leurs bases dans le désert du Sahara.
    Environ 55 militaires français et plusieurs centaines de Maliens ont été tués.
    Furieux de l’aggravation de l’insécurité, les Maliens manifestent régulièrement contre les militaires français et les accusent de ne rien faire dans la lutte contre les djihadistes. Ils appellent la présence des soldats français une occupation et exigent leur sortie rapide.
    La Russie est plus neutre
    Beaucoup sont heureux que les Russes les remplacent.
    Oumar Cissé, un éminent militant pour la paix dans la région agitée de Mopti, a déclaré que la Russie était un partenaire historique de l’armée malienne.
    “La Russie n’a aucun intérêt pour la politique malienne contrairement à la France, qui gère le conflit en fonction de ses intérêts économiques et politiques”, a-t-il déclaré à Aldjazair.org.
    Certains militants affirment que la présence des forces françaises elle-même a été un catalyseur de la violence djihadiste. La France s’est longtemps opposée aux négociations avec les djihadistes, une option privilégiée par certains Maliens.
    Il n’y a eu aucune protestation publique contre la Russie mais l’opinion publique envers l’intervention proposée de Wagner est divisée.
    Cependant, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a confirmé que le Mali s’était “tourné vers une entreprise militaire privée de Russie” pour aider à combattre les groupes djihadistes.
    Si l’accord avec le Mali se concrétise, cela signifierait une expansion majeure des intérêts militaires de la Russie en Afrique et un revers stratégique pour l’Occident. Le déploiement d’entrepreneurs militaires russes marquerait une rupture profonde avec la France et l’Occident.
    La ministre française Mme Parly a prévenu que “nous ne pourrons pas cohabiter avec des mercenaires”. Elle a ensuite accusé le Premier ministre malien d’”hypocrisie, de mauvaise foi et d’indécence” après avoir déclaré que son administration n’avait pas été consultée sur le retrait de la mission française, l’opération Barkhane.
    L’Allemagne et l’Estonie, dont les forces servent sous une force européenne basée au Mali appelée Takuba, ont également menacé de retirer leurs soldats.
    Le bloc régional ouest-africain Ecowas a fermement dénoncé le projet d’embaucher des sociétés de sécurité privées.
    En résumé, les tensions sont hautes dans la région et l’emprise occidentale en Afrique noire n’a pas fini de verser du sang. La Russie, premier fournisseur d’armement de l’Algérie et de bien des pays stabilisés semble paraître comme un choix plus équilibré et solide que la France. L’Algérie accomplie un difficile travail de convaincre ces pays africains de se désengager de la tutelle de la France qui ne fait que travailler à perpétuer leur dépendance vis-à-vis d’elle depuis des siècles pour mieux les exploiter.
    Aldjazair.org, 09/10/2021
  • France-Afrique: « Arrêtez cette pseudo-coopération paternaliste »

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    Invité à participer au sommet France-Afrique de Montpellier, le Président des Africtivistes, Cheikh Fall, a livré un discours musclé et émouvant qui a parfois laissé Emmanuel Macron pantois. Le Sénégalais réclame notamment une reconnaissance des crimes coloniaux et un vrai new deal dans la coopération entre la France et le continent. EMEDIA vous propose l’intégralité de son intervention.

    « Je m’appelle Cheikh Fall. Je suis africain d’origine sénégalaise et je suis à la tête d’une organisation panafricaine de jeunes acteurs de changements qui utilisent le numérique pour impacter leur communauté et pour favoriser de nouvelle dynamique.

    Monsieur le président, je suis de cette jeunesse africaine engagée et ouverte au monde. Je ne suis pas seul. Nous sommes des milliers, des millions à vouloir porter l’Afrique et être les leaders du monde dans un futur proche.

    Cette jeunesse est présente. Sa voix est audible. Elle est présente dans cette salle. Cette jeunesse engagée mais responsable. Cette jeunesse contestataire mais réfléchie. Cette jeunesse ouverte et connectée au monde : Paul-Joel Kamtchang du Cameroun, Maurice Thantan du Benin, Amina du Maroc, Adam Dicko du Mali, Adèle du Kenya. Elle est diverse et plurielle et est bien représentée dans cette salle. En venant ici, nous avons pris un grand risque que nous assumons. Certains d’entre nous se font en ce moment insultés et critiqués parce qu’ils ont répondu à votre invitation au dialogue. Ce sentiment anti-français est nourri par des vagues de contestations se justifient pour beaucoup d’entre nous.

    • Nos grands-parents nous ont racontés les douleurs et souffrances de la période coloniale.

    • Nos parents nous ont fait comprendre ce qu’a été la fameuse France Afrique de l’après indépendance.

    • Nous, nos frères et sœurs portons, supportons, subissons encore ce lourd passé commun que vous continuez de refuser de porter et d’assumer.

    Aujourd’hui, vous nous interrogez sur ce que devrait être les futurs souhaitables des relations France Afrique.

     » L’Afrique n’a pas besoin de parrains pour progresser »

    Monsieur le Président, moi j’ai envie de vous interroger d’abord sur votre part d’humain. Quelle est votre part d’humanité dans cette relation ? Vous, votre nation, avez fait du tort aux africains. Vous avez fait verser beaucoup de sang. Vous avez déchiré des familles. Vous avez pillé des économies par le capitalisme colonial et vous continuez de le faire par le néo colonialisme et aujourd’hui vous nous invitez à envisager avec vous un futur souhaitable.
    Ce futur commun souhaitable ne peut se construire que si les bourreaux d’hier acceptent leur responsabilité historique et demande symboliquement EXCUSE à cette Afrique.

    Ce serait une chimère que de vouloir envisager un futur souhaitable tout en conservant, nourries, les colères, tristesses et frustrations d’hier.

    Il est évident que l’Afrique n’a pas besoin de se replier sur elle-même quand le monde s’ouvre. Mais l’Afrique n’a pas besoin de parrains pour progresser.

    Certes nous n’avancerons pas au rythme des autres, mais nous avancerons dignement, sur nos valeurs d’abord et sur des principes éthiques de coopération et de partenariat. Nous ne sommes pas des passéistes, nous nous inscrivons dans une logique de se donner de meilleurs outils pour aborder « Un futur ensemble » s’il devait en avoir un et nous pensons que oui.

    Vous sentez certainement beaucoup d’émotions dans mon intervention. C’est normal et j’avoue être ému en parlant de ce passé si actuel et de vouloir envisager une relation future. De l’émotion, je ne suis pas certainement le seul à en avoir actuellement. J’espère seulement que vous vous laisseriez aussi gagné par cette émotion pour prendre des mesures fortes aujourd’hui.

    Vous nous avez invité pour nous écouter dans le but d’écrire ensemble le futur.
    Ecoutez-nous mais surtout entendez notre frustration, nos colères et notre appréciation sur la nature actuelle des relations France Afrique.

    Monsieur le président, je vous invite ce soir, ici chez vous, a un exercice d’humilité, de courage politique, de respect et de rendez-vous avec l’histoire.

    1. Demandez pardon a l’Afrique et aux africains.

    2. Arrêtez de renforcer le pouvoir des dictateurs africains.

    3. Arrêtez cette-pseudo coopération paternaliste.

    4. Programmez un dispositif de retrait progressif et défini de vos bases militaires en Afrique.

    5. Mettons ensemble un mécanisme de collaboration franche afin de renforcer les acquis démocratiques.

    6. Mettez en œuvre vos engagements d’Abidjan de 2019 sur la reforme du Franc CFA et transférez les réserves de fonds vers l’Afrique. »

    Emedia.sn, 08/10/2021

  • Macron perd le nord et… le sud

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    Mais quelle mouche a donc piqué le président français pour «asséner ses vérités» sur l’Algérie ?
    Si l’on excepte l’épisode Sarkozy, un anti-Algérien, qui s’assume, c’est la première fois dans l’histoire de la 5e République française que l’on assiste à de tels propos de la part d’un chef d’Etat français. Il est vrai que le général De Gaulle, en recevant Abdelaziz Bouteflika, alors jeune ministre de des Affaires étrangères algérien venu le sonder sur la nationalisation des biens vacants abandonnés par les anciens colons, avait évacué le sujet par un «vous ne vous imaginiez tout de même pas que j’allais réparer vos ascenseurs jusqu’à la fin des temps». Bernard Bajolet, l’ancien ambassadeur qui révèle cette anecdote dans un livre consacré à son expérience diplomatique, ne nous renseigne pas sur la réponse de l’ancien chef d’Etat algérien.
    Il faut peut-être attendre le règne de Mitterrand pour retrouver une salve aussi provocatrice dans la bouche d’un président français. Le premier président socialiste de la 5e République s’est présenté dans un premier temps comme «tiers-mondiste» convaincu qui voulait l’avènement d’un nouvel ordre mondial, cher aux dirigeants algériens. Il avait même fait cause commune avec le défunt Chadli lors de la rencontre Nord-Sud de Cancún, qui eut lieu au Mexique, du 22 au 23 octobre 1981, elle était destinée à sortir les pays d’Amérique latine du cercle vicieux de l’endettement. Cette nouvelle proximité entre un président français et son homologue algérien, avait peut-être encouragé Mitterrand à oser son fameux «il faut» après l’interruption du processus électoral en 1991. Cette déclaration du premier ministre de l’Intérieur de la guerre d’Algérie avait provoqué une crise sans précédent entre les deux rives. La France était même devenue un sanctuaire pour les terroristes algériens et leurs couvertures politiques.
    Des présidents avenants

    Depuis beaucoup d’eau a coulé sous les ponts mais les présidents français successifs se sont gardés de heurter frontalement la sensibilité des Algériens, surtout concernant les sujets qui touchent à la mémoire et à l’histoire. Ce n’est pas à l’habile Chirac qu’on va faire la leçon sur la bienveillance diplomatique, à part peut-être son incident avec le président Zeroual au siège des Nations-Unies et encore moins au très «Algérien» François Hollande qu’on va apprendre à garder son sang froid devant la complexité des relations algéro-françaises, assez chargées émotionnellement pour leur rajouter des élucubrations sur l’origine de la nation algérienne. Et c’est justement là que Macron a «excellé».
    Est-ce qu’il y avait une nation algérienne avant la colonisation française ? Cette interrogation de la part de Macron a fait ressurgir les vieux démons colonialistes pour nous sortir des thèses chères aux algérianistes et autres colonisateurs zélés qui ne voyaient en l’Algérie qu’un territoire rempli de populaces sans attache nationale ni histoire pour cristalliser l’imaginaire et le destin commun. Cette digression, venant de la part d’un chef d’Etat d’un pays, avec qui nous avons des relations officiellement bonnes, ne peut s’expliquer seulement par la montée de la fièvre électorale, même s’il est vrai que Macron est débordé actuellement sur son aile droite par le phénomène Zemmour. Elle vient compléter une série, en cours, de sorties médiatiques et de décisions qui dénotent une certaine fébrilité dans la prise de décision chez l’establishment politique français. On a l’impression que le président français s’essouffle dans sa dernière ligne droite n’arrivant plus à donner du tonus à la fin de son mandat. De l’Europe à l’Afrique, des Etats-Unis à la Russie, du Golfe à la Syrie, Emmanuel Macron a mené depuis avril 2017 une diplomatie hyperactive et volontariste, en chantre d’un multilatéralisme dont la France est la locomotive européenne.
    La bérézina du Pacifique

    Mais le début de l’automne n’a pas été de tout repos pour la diplomatie française. Victime collatérale d’un accord politique entre Canberra, Londres et Washington pour contrer la Chine, la France voit lui échapper un contrat à 56 milliards d’euros avec l’Australie et encaisse un revers diplomatique majeur dans la zone indo-pacifique. Cet événement qui fait voler en éclats le sacro-saint multilatéralisme prôné par la doctrine Macron et de son ministre des Affaires étrangères Le Drian, a donné lieu à une série de déclarations qui sont loin de figurer dans le manuel du parfait diplomate. La France a perdu son sang froid face à ses partenaires historiques, l’Angleterre, l’Australie et surtout les États-Unis qui avaient quelques mois auparavant pris la décision unilatérale de se retirer de l’Afghanistan.
    La France s’est aussi enlisée au Sahel. Annonçant d’abord un départ définitif du Mali, Macron s’est retrouvé à échanger des mots aigres-doux avec le premier ministre malien surtout depuis la décision de Bamako de faire appel à des mercenaires russes pour contrer les terroristes islamistes.
    Et c’est à ce moment précis que la France a choisi d’en découdre avec une autre région importante : le Maghreb. La France décide de diminuer drastiquement le nombre de visas accordés à trois pays du Maghreb, et ce quels que soient les motifs du voyage. Les visas octroyés à l’Algérie et au Maroc vont être divisés par deux, tandis que ceux délivrés à la Tunisie vont diminuer de 30%. La France dit ainsi répondre à l’immobilisme de ces pays qui refusent de reprendre leurs ressortissants vivant illégalement en France. Cette décision n’a pas laissé les gouvernements maghrébins de marbre. Le ministère des AE algérien a même convoqué l’ambassadeur de France à Alger pour des explications.
    Alors pourquoi cette sortie de route ?

    Et pour finir, le président français décide de s’attirer l’unanimité des Algériens contre lui après des propos non démentis tenus lors d’un échange avec une vingtaine de jeunes descendants de protagonistes de la Guerre d’Algérie (1954-1962). M. Macron y estime qu’après son indépendance, le pays s’est construit sur « une rente mémorielle », entretenue par le « système politico-militaire ». Et que la nation algérienne n’a jamais existé et serait une création de la colonisation française.
    Macron, qui a commencé sa compagne électorale par traiter la colonisation française de crime contre l’humanité, a dévié de sa trajectoire pour succomber sans doute aux sirènes des communicants et autres spin doctors à quelques mois des présidentielles.
    Cet automne fatal pour la diplomatie française ouvre plusieurs questions pour la France sur le plan international. Parmi elles, son positionnement dans cette nouvelle «guerre froide» qui se profile dans la zone indo-pacifique et dans le conflit larvé qui oppose les Etats-Unis à la Chine. Sa place en Afrique, sa vieille chasse gardée, ou elle est bousculée par la Russie et par d’autres forces émergeantes comme la Turquie. Et enfin ses relations avec les pays du Maghreb qui veulent s’émanciper définitivement de la tutelle française. Cette volonté est exprimée de plus en plus par les élites maghrébines qui se cherchent d’autres horizons loin de l’œil vigilant de Paris. A tous ces défis, Macron et Le Drian n’ont pas réussi à donner des réponses convaincantes.
    R. A.
  • La baguette (de pain) de «l’étranger»

    Algérie, France, Macron, #Algérie, #Macron, #Mémoire, #Colonisation, #EricZemmour,

    On se souvient (presque) tous de la fameuse histoire, racontée par Fernand Raynaud, sur le renvoi aveugle d’un village de France d’un immigré («parce qu’il mangeait le pain des Français») qui était, en fait, le boulanger du coin. On s’en était aperçu trop tard.

    Cela nous ramène à l’actuelle campagne présidentielle hexagonale durant laquelle candidats et supporteurs (dont certains animateurs, journalistes et autres «experts») font feu de tout bois, ratissant large, tirant dans tous les coins, utilisant tous les arguments, du plus sérieux au plus ridicule en passant par le plus provocateur et le plus irresponsable (cf. certains récents propos de E. Macron face à des «jeunes Français d’origine algérienne» et de l’arrière petit-fils de Salan, le chef OAS).

    Si à gauche et chez les Verts, les positions restent mesurées, cantonnées à l’essentiel, à droite (avec une bonne partie du pouvoir en place y compris), deux problèmes sont abordés, car devenus thèmes centraux des stratégies électorales: la sécurité publique et l’immigration. Avec un point focal, la faute aux immigrés (clandestins, cela va de soi, et légaux: «Il y en a trop»), aux Arabes et aux Musulmans (sous-entendre l’islam qui amènerait du séparatisme et la violence), les trois sujets se mélangeant pour aboutir à une accusation majeure : ils (surtout les musulmans avec une certaine insistance, parfois non exprimée mais suggérée, sur l’Algérie et le Maghreb) sont la cause unique de l’intolérance, de la violence et de l’insécurité (publique) et par glissement sémantique du «terrorisme». Tout cela accompagné de statistiques et de données qui montrent tout et cachent l’essentiel.

    Cette fois-ci, les attaques vont encore plus loin dans la critique et l’insulte avec, non plus Marine Le Pen (qui ne sous-estime pas (ou plus) l’électorat «franco-arabe»), mais un invité inattendu, un ex-«bien de chez nous», Eric Zemmour qui est arrivé, en peu de temps, à se transformer en possible présidentiable, tout en devenant un homme d’affaires avisé puisque ses ouvrages, grâce à son activisme, caracolent en tête des ventes. D’une pierre plusieurs coups !

    L’essentiel n’est pas là. Le risque est grand de le voir, connaissant la versatilité des peuples pris dans le maelstrom des crises et des peurs (souvent sans fondement mais accélérés par la pandémie de la Covid-19 et ses effets socioéconomiques et même psychologiques) font arriver au pouvoir des populos fascistes dont la première des actions est soit de renvoyer l’«étranger», soit de l’«exterminer». Adolf Hitler, dont on ne sait pas encore avec exactitude la parentèle, en tout cas pas aryenne pour un sou, a débuté avec un ouvrage de haine (haine trop longtemps «personnalisée» et intériorisée) devenu un best-seller et des discours extrémistes contre, tout particulièrement, les étrangers et surtout les Allemands de confession juive, ce qui lui avait permis d’accéder au pouvoir. On connaît la suite.

    Zemmour serait-il, sans peut-être le faire exprès (car il ne faut pas surestimer l’«intelligence» (sic !) de cet homme, «symptôme de la lâcheté des démocraties» selon Luc Ferry, par ailleurs bon polémiste), en train de suivre son cheminement, très bon «ami» depuis les années 80 de papy Le Pen et de mémé Ursula Painvin, fille de Joachim von Ribbentrop, le ministre des Affaires étrangères du IIIe Reich, pendu en 1946 à Nuremberg.

    Ursula, 88 ans, vénère Jean¬ Marie Le Pen («Il faudrait te cloner») et, de Berlin, elle encourage Eric Zemmour avec ses «pensées les plus admiratives et amicales»), en train de suivre le cheminement simili nazi, en oubliant que c’est un immigré tunisien, Makram Akrout, arrivé sans papier de Tunisie il y a 19 ans, boulanger de son état (à Paris) qui a récemment décroché le «Prix de la meilleure baguette -de pain- de Paris» et qui livrera, donc, l’Elysée durant toute une année. Arrivés à l’Elysée avec leur programme de «grand nettoyage», Eric Zemmour et ses amis mangeront-ils alors de ce pain-là ? Un scénario catastrophe pour les radicaux et les racistes : pour «éviter» la «honte», on est, déjà, en train de lui «chercher des poux dans la tête».

    Comme pour la fameuse jeune chanteuse d’origine algérienne, écartée d’un concours (TF1) qu’elle allait remporter, il aurait «écrit on ne sait quels messages anti-français sur les réseaux sociaux» ! Hitler avait alors accusé les juifs de détenir, de la faire et de la défaire, toute la fortune du pays.

    Belkacem Ahcene Djaballah

    Le Quotidien d’Oran, 09/10/2021

  • Faux parfums: Les bénéfices des escroqueries partaient au Maroc ou en Turquie

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    Onze personnes ont été interpellées mardi, suspectées d’avoir participé à des escroqueries en bande organisée, en vendant sur Internet des parfums contrefaits principalement. La tête du réseau, d’origine turque, est soupçonnée d’avoir tiré un bénéfice évalué à un million d’euros. Il était associé dans ces opérations illégales avec une famille d’Orléans, originaire du Maroc où elle investissait le fruit de ces larcins.

    Chanel n°5, J’adore de Dior, les ventes ne se faisaient pas à moins de 100 flacons achetés. Sur Facebook et Marketplace, les malfaiteurs avaient l’habitude de proposer, au moins depuis 2019, des parfums contrefaits. Avec une enquête débutée au printemps dernier, les policiers du GIR (Groupement interministériel de recherche), de la PJ d’Orléans et de la PJ de Clermont-Ferrand ont acquis la conviction que la tête du réseau était un individu basé en Seine-Saint-Denis, d’origine Turque, disposant pour ses petites affaires occultes d’entrepôts à Aubervilliers, à Saint-Ouen et Clichy. Agé de 27 ans, il est déjà connu de la justice pour des affaires similaires et se serait donc chargé, selon les enquêteurs, de faire venir la marchandise de Turquie, de Bulgarie et de Pologne. Il employait, sans les déclarer, une dizaine de Pakistanais pour préparer les commandes, et s’occuper de la manutention. Une fois les contrefaçons vendues sur Internet, des livreurs prenaient le relais pour les expédier dans toute la France.

    LE CHEF AURAIT MIS UN MILLION D’EUROS DE CÔTÉ

    Pour les policiers, le chef était de mèche avec une famille d’origine marocaine établie dans la région d’Orléans. Le père de 53 ans et le fils de 21 ans sont suspectés d’avoir pris part aux escroqueries, la fille était la fiancée de la tête de réseau. Ils sont suspectés d’avoir blanchi l’argent des ventes en investissant dans l’immobilier au Maroc, tandis que le chef aurait, selon les premières estimations des enquêteurs, mis de côté un million d’euros, en Turquie ou à Dubaï.

    Les différentes perquisitions ont mené à la saisie de plus de 100.000 produits contrefaits, majoritairement des parfums, mais aussi des vêtements de marque et des articles de maroquinerie, explique à CNEWS une source proche du dossier.

    Sur les 11 personnes interpellées arrêtées mardi, neuf ont été mises en examen notamment pour escroquerie en bande organisée et blanchiment aggravé. Cinq ont été placées en détention provisoire.

    CNews, 08/10/2021