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  • Les propos de Macron sont « provocants »

    Les propos de Macron sont « provocants »

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    L’Algérie, touchée dans son amour-propre, a dénoncé fermement les dernières déclarations de Macron à son encontre, les considérant comme étant une atteinte inacceptable à la mémoire de plus de 5 millions de résistants tués par la France coloniale…

    La polémique suite aux propos d’Emmanuel Macron un certain mercredi 15 février 2017 à l’occasion de son déplacement en Algérie, a changé de camp. Le candidat à l’élection présidentielle, se souvienton, y qualifie en effet la colonisation de « crime contre l’humanité ». C’est un « crime, c’est un crime contre l’humanité, c’est une vraie barbarie. Et ça fait partie de ce passé que nous devons regarder en face, en présentant nos excuses à l’égard de celles et ceux envers lesquels nous avons commis ces gestes. » Des propos qui ont immédiatement déclenché une volée de réactions de la droite et de l’extrême droite, les jugeant indignes d’un candidat à la présidence de la République.

    Aujourd’hui, comme par « hasard », à la veille de la présidentielle en France, le vent semble en sens inverse suite à de nouveaux propos du même acteur, accusant les autorités algériennes d’alimenter une « rancune » contre la France. Il a également contesté l’existence d’une nation algérienne avant l’arrivée de la colonisation française en 1830, s’interrogeant « est-ce qu’il y avait une nation algérienne avant la colonisation française ? » Macron a prétendu qu’il « y avait une colonisation avant la colonisation française » de l’Algérie, allusion faite à la présence ottomane dans le pays entre 1514 et 1830.

    Etle Président français de poursuivre ses allégations : « Moi, je suis fasciné de voir la capacité qu’a la Turquie à faire totalement oublier le rôle qu’elle a joué en Algérie et la domination qu’elle y a exercée. Et d’expliquer qu’on est les seuls colonisateurs, c’est génial. Les Algériens y croient. » L’Algérie, touchée dans son amour-propre, a dénoncé, ces « déclarations, à son encontre, les considérant comme étant une atteinte inacceptable à la mémoire de plus de 5 millions de résistants tués par la France coloniale ».

    C’est ce qui ressort d’ailleurs des positions des partis politiques, en l’occurence le Front El Moustakbal, le RND, le FLN, El Bina et Hamas par le biais de leurs chefs de groupes parlementaires, invités au forum de Beur tv, en présence du secrétaire général par intérim de l’Organisation nationale des moudjahidines, en réaction aux déclarations de Macron, qualifiées « d’offensantes », au sujet de l’époque coloniale et de la situation intérieure en Algérie.

    Les invités du forum de Beur tv ont déclaré unanimement que « les déclarations de Macron constituent une atteinte inacceptable à la mémoire de 5 millions 630 mille martyrs ayant consenti le sacrifice suprême, à travers une résistance courageuse contre la colonisation française, entre les années 1830 et 1962 ».

    Les innombrables « crimes de la France coloniale et le génocide contre le peuple algérien, qui n’est pas reconnu par la France, ne peuvent faire l’objet de manoeuvres offensantes », poursuivent-ils. Et d’ajouter que « l’Algérie rejette catégoriquement toute ingérence dans ses affaires intérieures ». Ils qualifient une fois encore les déclarations de Macron de « provocantes », indiquant qu’elles « remettent les relations algéro-françaises à la case départ et dévoilent l’ampleur de la fragilité des relations bilatérales émaillées de plusieurs dossiers empoisonnés ».

    Depuis un certain temps, les relations politiques et diplomatiques entre l’Algérie et la France traversent une étape alternant tension et froid, et marquées par une hémorragie économique des entreprises françaises qui ont quitté le pays après le refus des autorités algériennes de renouveler leurs contrats.

    Par : IDIR AMMOUR

    Le Midi Libre, 07/10/2021

  • Lamamra à Macron : La France a besoin de décoloniser son histoire

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    En visite officielle à Bamako mardi soir, le ministre des Affaires étrangères Ramtan Lamamra est revenu sur les propos d’Emmanuel Macron sur l’Algérie en les qualifiant de “faillite mémorielle” appelant la France officielle à décoloniser son histoire.

    « Nos partenaires étrangers ont besoin de décoloniser leur propre histoire », a déclaré le chef de la diplomatie algérienne. « Ils ont besoin de se libérer de certaines attitudes, de certains comportements, de certaines visions qui sont intrinsèquement liées à la logique incohérente portée par la prétendue mission civilisatrice de l’Occident, qui a été la couverture idéologique utilisée pour essayer de faire passer le crime contre l’humanité qu’a été la colonisation de l’Algérie, la colonisation du Mali et la colonisation de tant de peuples africains », a-t-il poursuivi.

    Cette « prétendue mission civilisatrice » a été la « couverture idéologique pour essayer de faire passer le crime contre l’humanité qui a été la colonisation de l’Algérie, du Mali et de tant de peuples africains », a encore rappelé Lamamra.

    Le ministre des Affaires étrangères a jugé « prioritaire » cette décolonisation qui « doit s’opérer aujourd’hui ». Les propos de Macron « trahissent » une « faillite mémorielle », a-t-il dit. « Cette faillite mémorielle est malheureusement intergénérationnelle chez un certain nombre d’acteurs de la vie politique française, parfois aux niveaux les plus élevés », a regretté le chef de la diplomatie algérienne.

    Cette « faillite mémorielle » pousse les relations de la « France officielle avec certains de nos pays dans des situations de crise malencontreuses », a regretté encore Lamamra qui donne sa vision de la relation franco-algérienne, et au-delà des rapports que la France doit entretenir avec ses ex-colonies africaines.

    Ramtane Lamamra a estimé que « l’assainissement » des relations avec la France passe par un « respect mutuel inconditionnel, un respect de notre souveraineté, de notre indépendance de décision », de « l’acceptation d’un partenariat sur une base de stricte égalité ».

    Le ministre des Affaires étrangères a souligné la base sur laquelle les relations franco-algériennes doivent être construites. « Nous savons que dans les relations avec le partenaire français, il y a une logique de donner et de recevoir, il n’y a pas de cadeaux, il n’y a pas d’offrandes à sens unique, ce qu’il y a, ce sont des intérêts stratégiques et économiques qui ne peuvent durer et être promus que dans le respect mutuel et l’équilibre des intérêts », a fait observert Ramtane Lamamra.

    Le chef de la diplomatie algérienne a rappelé au président français et à ceux qui veulent « entendre la voix de la raison », que l’Afrique est non seulement le berceau de l’humanité, mais elle est « également le tombeau du colonialisme et du racisme. »

    « La lutte de libération nationale du peuple algérien a contribué à l’accélération de cette histoire, et nous sommes très fiers de cette contribution à l’émancipation des peuples africains. Le destin de l’Algérie et le destin du Mali sont étroitement liés », a encore souligné Lamamra, qui a appelé la France à « décoloniser » sa « propre histoire ».

    Mardi, le président de la République française, Emmanuel Macron, a souhaité « un apaisement » sur le sujet mémoriel entre la France et l’Algérie, et dit avoir des relations « vraiment cordiales » avec le président Abdelmadjid Tebboune, faisant ainsi marche arrière par rapport à ses propos tenus le 30 septembre contre les institutions algériennes.

    « Mon souhait, c’est qu’il y ait un apaisement parce que je pense que c’est mieux de se parler, d’avancer », déclare-t-il dans un entretien ce mardi 5 octobre à la radio France Inter, appelant à « reconnaître toutes ces mémoires » et leur « permettre de cohabiter ». « Ce n’est pas un problème diplomatique, c’est d’abord un problème franco-français », a-t-il aussi estimé.

    Emmanuel Macron a également dit avoir « confiance » en son homologue algérien, Abdelmadjid Tebboune. « J’ai le plus grand respect pour le peuple algérien et j’entretiens des relations vraiment cordiales avec le président Tebboune », a-t-il déclaré, liant les tensions actuelles au travail de mémoire fait en France sur la guerre d’Algérie.

    « Quand la question m’a été posée sur l’accueil du rapport de Benjamin Stora en Algérie, j’ai été obligé de dire la vérité au président Tebboune, on en a parlé et c’est quelqu’un en qui j’ai confiance. Il a eu des mots amicaux et proportionnés. » Mais en Algérie, « beaucoup de gens ont insulté, parfois menacé, Benjamin Stora suite à ce rapport. On ne va pas faire comme si cela n’était rien », a-t-il poursuivi.

    Il estime toutefois que ce travail mémoriel, « c’est d’abord un problème franco-français. On doit continuer à faire ce travail avec beaucoup d’humilité, avec beaucoup de respect ».

    Nassim Mecheri

    Le Jeune indépendant, 07/10/2021

  • France-Algérie. Macron l’historien

    France-Algérie. Macron l’historien

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    Peut-être s’en trouverait-il pour objecter que bien loin d’avoir renoncé aux voix des Algériens de France, au deuxième tour de la présidentielle de 2022, comme cela a été dit hier péremptoirement dans cette chronique, Emmanuel Macron s’assurait d’elles au contraire, en montrant clairement qu’il était pour le hirak et du même coup contempteur du régime algérien. Ce qui aurait été une grande erreur de sa part, c’était de dire du bien des dirigeants algériens, eux tellement affaiblis par le hirak. Il y aurait une sorte de dualité en Algérie, un dipôle politique en quelque sorte, avec d’un côté le pouvoir et de l’autre le hirak, celui-ci étant pour l’heure seulement à l’arrêt, dans l’attente de circonstances favorables pour resurgir plus fort que jamais. Lui-même un révolutionnaire, Macron ne peut être que du côté de ses homologues algériens.

    Cette façon de voir pourrait à la rigueur se défendre s’il s’était contenté de se mêler de nos affaires internes sans jouer en même temps à l’historien. Or il a fait bien plus : il a nié l’existence de la nation algérienne au moment de la conquête française. Il n’est pas évident que cette remise en cause plaise aux hirakistes de France, après tout des Algériens comme les autres. La pire des insultes qu’il est possible de faire à une communauté nationale, c’est de dire qu’elle est la pure création d’une autre

    Pour Macron, en cela d’accord avec le Mak, soit dit en passant, c’est la France qui par ses crimes innombrables contre l’humanité algérienne a créé ex-nihilo la nation algérienne. Un crime contre l’humanité accoucheur d’une nation. Un nazi, s’il s’en trouve, pourrait dire la même chose aujourd’hui aux Israéliens : ce sont nos persécutions, notre solution finale qui vous a donné un pays. Nous sommes vos véritables bienfaiteurs, et vos faiseurs. Vos devriez chanter nos louanges au lieu de nous vilipender sans arrêt.

    L’histoire n’avance-t-elle par ses mauvais côtés ? Le crime est créateur. Il n’y avait pas de nation algérienne, et puis les Français sont venus, qui par le moyen de toutes sortes d’abominations sont parvenus à faire de peuplades diverses une nation. C’est cela la véritable œuvre du colonialisme français. Mais si Macron doute que l’Algérie fût une nation avant 1830, il ne doute pas qu’elle fût déjà un Etat.

    Ou alors il faudrait qu’il doute aussi du coup de l’éventail. L’Algérie était un Etat, mais pas une nation, c’est en tout cas ce qu’il semble penser. Un Algérien un peu au fait de l’histoire moderne pourrait lui dire que si son pays était une nation en 1940, en revanche il avait cessé d’être un Etat. Il y a deux France sous la forme Etat, celle depuis son origine supposée, la conversion de Clovis, jusqu’à 1940, et l’autre, depuis la fin de la collaboration avec les nazis jusqu’à aujourd’hui. La deuxième n’est pas une création française, mais britannique. Elle doit tout à Winston Churchill. Rien à Franklin Roosevelt, il faut le préciser.

    Sans Churchill, elle aurait été occupée par les Américains, tout comme l’Allemagne. On aurait vu alors clairement que la France d’aujourd’hui n’est pas la même que celle d’avant 1940. Celle-ci n’est pas morte du fait de la défaite militaire mais de la collaboration avec les nazis. Le régime de Vichy a tué la première France, celle des origines. Il revient aujourd’hui sous une autre forme, menaçant de tuer la deuxième, la France britannique d’aujourd’hui. A la différence de son premier avatar, l’extrême droite d’aujourd’hui n’a pas besoin de s’emparer du pouvoir pour arriver à ses fins. Il lui suffit de s’en approcher d’assez près pour que la classe dirigeante française se mette à se convertir à ses idées.

    Mohamed Habili

    Le Jour d’Algérie, 05/10/2021

  • 17 octobre 1961 à Paris : « Fleuve de sang »

    17 octobre 1961 à Paris : « Fleuve de sang »

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    Ils furent précipités dans la Seine sans aucun ménagement, comme dans un guetapens prémédité par un préfet préposé aux hautes trahisons et que sa propre patrie découvrira comme un collabo qui a donné des résistants à la Gestapo. Les nôtres de résistants étaient sortis de leurs ghettos ce soir d’octobre pour répondre à l’appel du FLN et manifester pacifiquement pour l’Algérie indépendante. Nous sommes en 1961 et la situation avait alors évolué , la cause algérienne étant entendue par toutes les chancelleries étrangères. La guerre perdurait et le combat fut déplacé même chez l’oppresseur avec ce pied de nez que lui faisaient ces ouvriers aux mains calleuses qui ne voulaient plus baisser les bras. Et ce fut la répression sanglante, inhumaine et empreinte d’une rare haine. Le fleuve comme tombeau où des flics zélés mirent du coeur à l’ouvrage en poursuivant les manifestants jusque dans les ruelles obscures du Quartier latin pour les jeter dans la Seine. Une sauvagerie sans pareil. Près d’un demi siècle plus tard, le président français a eu cette formule que ne retiendra pas l’histoire, habituée à immortaliser les sentences qui lui conviennent le mieux,, comme cette réponse cinglante de Larbi Ben M’hidi à ses bourreaux « donnez nos vos chars et on vous donnera nous couffins » : celle de Sarkozy à toutes les horreurs fut un modèle de reniement : « je ne suis pas venu pour m’excuser », déclara-t-il à Alger. Rien que pour cette funeste soirée d’octobre, il eut fallu qu’il se repentît. Au nom d’une France prompte à reconnaître ses exactions quand il s’agit de l’autre. Prête à se recueillir à Auschwitz en mémoire des petits juifs livrés au nazisme par un certain Papon, celui-là qui ordonna qu’on jetât dans la Seine les manifestants Algériens. Comme dit le poète « Sous le pont Mirabeau coule la Seine et ses horreurs »…la mémoire est bien sélective.

    Le Courrier d’Algérie

    Les discours glorifiant le colonialisme ne contribuent pas à rendre justice à l’Algérie

    Encore un épisode regrettable inscrit au front de la France officielle. Indélébile, tatoué d’une encre permanente, éternelle tant qu’elle persiste à l’ignorer comme elle continue à ignorer toutes les exactions commises depuis des lustres. La Seine en témoigne. Les rues et ruelles de Paris en parlent toutes les nuits. Les jours, les spectres maléfiques s’effacent comme des vampires craignant la lumière. La vérité est l’éclat qui aveugle l’obscurantisme. La France est victime du coté sombre de son histoire. Paradoxes intemporelles ou gloires et déboires qui la nanisent face à la nostalgique grandeur de cette nation des droits de l’homme. Serait-elle en phase de perdre ses vraies valeurs et ses idéaux au point de refuser de faire son mea culpa. Reconnaître ses crimes s’est se repentir et s’en excuser c’est grandir. Notre religion nous exige de pardonner à ceux qui s’excusent et non à ceux qui s’entêtent à reconduire l’erreur et persistent à cacher la vérité.

    Le 17 octobre 1961, faute d’être une date mémorable, elle attire aujourd’hui regrettablement plus de guêpes que d’abeilles. La loi de la jungle continue d’instaurer ses mœurs enrobées d’amnésies généralisées et, comme leitmotiv, elle préside au rappel. Juste pour le rappel !, même s’il constitue un bien fait pour les croyants. Cependant, à y bien méditer sur le sort de ceux précipités injustement vers les bords de la Seine, noyés, incarcérés et torturés, par une horde sauvage déchainée, il y a lieu de s’indigner devant le mutisme ambiant et, pire encore, face au verbiage infécond, plus dangereux que l’insolence d’un ignorant. Des espaces sont envahis pour célébrer cette date. Elle est commémorée sur des tribunes envahies par les épigones d’une société civile désabusée, en mal de notoriété politique. Juste pour se refaire une virginité sur le dos des victimes. Arrêtant ce second massacre. Celui de Papon et ses sbires suffit pour être déjà une plaie saillante qui témoigne de la déchéance d’un Etat incapable de restituer le droit des concitoyens victimes de la barbarie. D’intenter ne serait-ce qu’un procès posthume contre les criminels qui ont enfreint toutes les règles des droits de l’homme en massacrant à leur guise des citoyens franco-musulmans. C’est ce suffixe qui les dérangeait. Cette arabité, cet islam et cette amazighité qu’il ne cesse de manipuler pour envenimer l’atmosphère d’une nation indépendante. Sans pour autant ignorer l’appel du peuple au droit à son autodétermination et à sa liberté. Le 17 octobre conclu en réalité la série macabre des massacres coloniaux perpétrés contre des populations civiles désarmées depuis l’invasion des territoires algériens. Des enfumages aux razzias, de l’éventrement des femmes et aux tueries des enfants, des massacres massifs aux exterminations des tribus, du génocide de mai aux déportés de la Nouvelle-Calédonie, des guillotinés aux veuves et orphelins de novembre, sans pour autant occulter les spoliations des biens, l’expropriation des terres, le vol des trésors de la Casbah et de Tlemcen, la destruction des monuments, le déracinement, l’acculturation et l’ethnocide absout par l’étendard du positivisme coloniale, la religion des missionnaires, celle des moines de Tibhirine et des bienfaiteurs de la Kabylie et des monts de chenoua.

    Le réveil occasionnel…

    En berne toute l’année des voix s’élèvent occasionnellement pour exhiber leurs chétifs bicéphales tentant de remémorer ou commémorer à la manière locale une date qui reste dans les annales de l’histoire franco-algérienne une honte inscrite à l’encre indélébile. Un crime contre l’humanité qui clôture en faite le chapelet macabre des exactions commises tous le long de la tragique nuit colonial. Mais cette fois-ci les événements se sont transposés sur le sol français. L’intelligentsia algérienne, pour la plus part absente, ne trouve en fait aucune démarche probante à cette réverbération désolante et répétitive sur un sujet qui mérite plus d’engagement et de conviction. Même les « politiques », et en particulier les apprentis sorciers, excellant dans l’art de la reculade à main levée et à la révérence majestueusement exécutée à leur dame « la doulce France ». Ils n’hésitent nullement à se dressant en objecteurs de conscience, s’ils ont en une, pour la ménager tout en essayant ardemment de lui miroiter leur docilité et leur adhésion aux principes imposés et déjà annoncés par la président de la république français, Nicolas Sarkozy, lors de son passage en Algérie. Tourner la page et regarder vers l’avenir. Lui qui se déclare incompétent quant conduite de ses aïeux, alors qu’il a été un des artisans de la loi du 23 février 2005. Les notre, affaiblis par leur instinct de conservation, s’évertuent à chercher des subterfuges et coller faussement au concept cher au défunt Houari Boumediene : « Tournant la page et ne la déchirons pas ». Une trouvaille instrumentalisée à des fins indignes. Trouvez mieux, messieurs les repentis, pour nous convaincre de vos fausses manouvres. La jeunesse algérienne est attentive à vos sarcasmes. Elle n’a nullement l’intention de céder un neurone de sa mémoire, un iota de ses revendications pour faire fléchir la France coloniale. Car, il ne s’agit pas de faire la démonstration du réel ou du vari ou faux virtuel. On a beau raconter inlassablement les événements. Corriger peut-être, certains détails nécessaires. L’essentiel est de confirmer et affirmer le crime, aboutir à son jugement et châtier les criminels quelques soit leurs statuts. Les bourreaux ont déjà fait le boulot et ils en sont fiers. Ils l’ont à mantes reprises déclaré au vu et au su de tous. Qui ignore aujourd’hui que Mitterrand a été un des donneurs d’ordre. Qui des généraux auxquels on a accordé des stèles, des monuments et des honneurs, se déclare n’avoir exécuté que les ordres et obéir en gentilshommes désabusés ses supérieurs.

    Dans les faits…

    Fort d’une population de 135 000 adhérents sur un total de 300 000 résidents en France, soit un taux de 45 %, le FLN pouvait compter sur l’apport conséquent de cette masse pour porter la guerre sur le territoire français. C’est au cœur de l’Europe où la revendication algérienne avait déjà gagné l’écho international, que tout dérapage français ne pouvait que nuire à sa réputation. Il fallait une démonstration de choc à la mesure de la répression permanente dont il était victime sur l’ensemble du territoire coloniale. D’autant plus qu’affaibli dans les maquis algériens suite aux opérations jumelles, le FLN devait consolider sa position à un moment ou les pourparlers s’engager dans une impasse. La question de la souveraineté sur le Sahara, qui constituait le frein momentané à toutes formes de rapprochement pacifique, étant tranchée, le FLN répondra favorablement à la reprise des négociations. Bien structurée, notamment à Paris avec plus de 90 000 adhérents, la Fédération de France qui avait servi un moment comme la principale trésorerie de la cause, devait, selon l’esprit des dirigeants, apporter son soutien pratique à la guerre d’indépendance. Une contribution qui s’est soldée par un massacre collectif commis par la France coloniale et un bilan d’affrontement regrettable entre les frères ennemis (FLN-MNA). Car, il est utile de rappeler que le FLN faisait à ce moment précis face à un double front. Ce qui ne pouvait être qu’a l’avantage de l’armée coloniale qui souffler ardemment sur la braise pour capoter les engagements politiques de part et d’autre. Neuf mois séparaient ces crimes des suffrages en faveur de l’indépendance. Quant à l’entrée de Papon en scène des opérations, elles les précédaient de presque quatre ans. Préfet bigame, il avait été sélectionné en 1958 par ses supérieurs pour son savoir faire dans l’art de la répression, ayant pour principale mission de nettoyer Paris de ses perturbateurs. Etant un potentat du pouvoir, on lui colla la sale besogne et on en fera un parfait bouc émissaire pour s’amender à leur tour de toutes formes d’accusations criminelles. Le FLN multipliait ses actions contre la police, incendiant les raffineries de Marseille et la banque, la riposte ne devait être que plus féroce. Des restrictions sont imposées à la population musulmane. Un couvre feu sélectif paralysait les actions nocturnes et guerrières du FLN. Le 17 octobre sera ainsi le théâtre de cette tension exacerbée. On voulant briser l’embargo, imprudemment le FLN mettre dans la gueule du loup ces militants en particulier les civiles. Ouvriers, femmes et enfants, manifestant certes pacifiquement, subirent le même sort que leurs frères de 1945. Un autre crime contre l’humanité venait enrichir le tableau positif de la colonisation.

    De l’affaire au procès Papon…

    Au passé pétainiste et pour des raisons purement électoralistes Mitterrand n’hésita à aucun moment s’allier les juifs. Soutenu par le canard enchainé, il ouvrît le bal et déclencha vers 1981 une affaire dite Papon. Ce dernier avait également servi sous le régime de Vichy jusqu’en 1942. Responsable des déportations, il devient ainsi objet de marchandage pour gagner les cœurs et les voix de la communauté juives en France qui comptait 1% d’électeurs. Sans rentrer dans les détails, l’affaire Papon dénudait en fait les scandales de l’Etat français dans toute sa grandeur depuis la deuxième guerre mondiale. Il mettait en lumière les malveillances des hommes du pouvoir, qui agissaient à l’encontre des principes fondateurs de la commune. Une attitude qui persiste jusqu’à l’heure. François Mitterrand, Valérie Giscard d’Estaing, Jacques Chirac, trois concurrents au poste de Président de la république, dans les années 80/90, se disputaient le personnage principal. Ce scandale politique entrouvrira les multiples dérapages relatifs aux injustices commises contre les communautés qualifiées autrefois d’indigènes. Il servira à noyer le poisson dans l’eau. D’une affaire préfabriquée les vérités feront progressivement surface. Il reviendra à l’honneur de Jacques Chirac d’avoir exceller dans la démesure. L’affaire Papon deviendra le Procès. Des déportations de juifs aux massacres du 17 octobre 1961, en passant par d’autres scandales aussi terrifiants que désolants. La persévérance et la capacité de nuisance du peuple juif feront en sorte que Papon sera jugé et condamné à 10 ans de prison ferme. En fuite, il refusa de reconnaitre la justice française pour sa tendance politique. Il sera capturé par la police suisse en 1999, Interné à la santé, il se considéra prisonnier politique jusqu’à sa mort. De nombreux ouvrages ont été consacrés aux évènements dés les premières années des massacres. Elles seront enrichies par d’autres textes relatifs aux procès intentés contre ce tortionnaire, traitant notamment des questions relatives à la responsabilité directe de l’Etat français.

    En Algérie…c’est l’amnésie totale

    En Algérie rien ne semble faire la différence depuis l’indépendance. Silence et inertie totale sur tous les fronts. Les ardeurs se réveillent occasionnellement pour marquer l’événement comme si par un instinct presque naturel nous sommes prédisposés à accepter notre sort d’indigène. Un diagnostic psychopathologique s’impose pour tirer au clair l’état de santé mentale de l’algérien type. Et en particulier, les recalés des classes pour regagner la classe politique et des pseudo-intellectuelles. Les événements du 17 octobre ont été mille fois narrés. Du moins, il semblerait selon certains analystes de salons qu’une certaine prise de conscience a bourgeonné dés les années quatre vingt. Depuis, nous avons eu droit, chaque année commémorative, aux mêmes configurations. Figures et témoins incontournables, les mêmes scènes autour de la seine, un timing à point à la télévision algérienne, des sonorités radiophonique en chaine, reliant depuis peu les locales. Seule la presse écrite a le mérite, de nous livrer souvent des analyses probantes. Des contributions inédites œuvres d’auteurs méconnues. Sommes-nous arrivés par tout ce tintamarre inutile injustement. Surement pas. Nous sommes encore pétrifié à méditer sur le bienfondé de notre cause. Certains ont déjà tranché, ils s’autorisent même le droit de décider à la place du peuple. La dernière sortie du RND qui n’est surement pas une surprise en témoigne. Son secrétaire général, en chef d’orchestre chevronné, a déjà composé le refrain. Quand on n’a pas de suite dans les idées vaut mieux se taire et laisser place à ceux qui disposent de capacité de synthèse. La France doit reconnaitre ses crimes et s’en absoudre. Comme, elle doit s’en excuser pour avoir elle-même demandé à l’Allemagne de le faire pour si peu. La proportion est taille, 132 ans pour 5, la sentence n’en sera que plus lourde. On ne peut être plus royaliste que le Roi. Si les français, du moins les officiels, accordent leur violent avant de se prononcer sur des sujets aussi sensibles que la mémoire, pour la simple raison que l’électorat est à cheval sur le moindre détail, veillant scrupuleusement sur les exploits comme sur les erreurs de chaque formation dans la perspective d’améliorer les conditions de coexistence communautaire d’une nation et la préservation de sa notoriété et sa mémoire. Les notre pensent que les jeux sont fait. Grâce à l’administration, ils peuvent s’assurer une pérennité dorée en espérant ne plus avoir besoin d’électeurs. Les fausses ambitions sont illusoires et l’avenir nous donnera raison… La presse a été éloquente cette semaine. Le maire de paris s’est prononcé sur le crime. Il le dénonce et considère que : « les massacres du 17 octobre sont un acte de barbarie et que l’Etat français doit reconnaitre ». Voici un homme qui bouscule la demeure et chamboule le décor et l’ambiance intérieure. Du coté de chez nous, un mutisme total, une peur bleu, un recul tragique. Hors du temps et des stratégies gagnantes, ils se bousculent devant le portillon pour offrir les meilleures garanties à l’ex-colonisateur pour lui permettre de nous livrer ses ordures technico-économiques. Cela s’appel le dégel des relations bilatérales. Cependant, si de ce coté on tente de dégeler, la France profite des circonstances pour installer ses nouvelles mines anti-personnelles. Elle floue le traitement de la question du sahel et s’entête à nous imposer son projet de l’UPM. Elle glorifie le colonialisme en inaugurant la fondation relative à « l’écriture de l’histoire de la guerre d’Algérie et les batailles de la Tunisie et du Maroc », sans gène, ni complexe ou entrave et encore moins d’égard à la sensibilité bilatérale, ni à la diplomatie moderne. Elle persiste dans son obstination à refuser même de reconnaitre les faits. C’est ce que nous méritons peut-être ?

    Il y a eu crime contre l’humanité et puis

    On peut s’évertuer d’avoir porté la guerre sur le territoire français. Un acte de bravoure, même s’il comporte ses imperfections et ses dérapages, qui ont couté la vie à de nombreux innocents, (seule l’histoire nous éclairera un jour à ce sujet), a été possible au temps où il y avait hommes et des vrais. Abnégation, sacrifice et nationalisme pure et dur pour l’honneur de la partie. La dégringolade visiblement regrettable sur les valeurs d’antan, nécessaires pourtant en ces temps de réconciliation, nous entraine vers un avenir incertain. La rente, la corruption, les passes-doits, la ségrégation régionaliste, la centralisation à outrance, les lapidations des biens de la communauté chèrement acquis et bien d’autres nouvelles mœurs qui s’imposent actuellement comme valeurs d’échanges et mode de production nous font craindre le pire. Sommes-nous comptable de cette régression béante qu’affichent nos apprentis boulitique sur la scène nationale ? Ils se donnent des airs de spécialistes en historiographie. Et pire encore, à peine élus sur des sièges éjectables, ils se donnent le droit de décider à la place du peuple des suites à donner quant à la qualité de nos relations avec la France. Il faudrait du moins dévoiler ses références pour s’autoriser un tel statut. Etre algérien, c’est avant tous être un bon musulman et défendre les principes fondamentaux de notre religion. A défaut, avoir un esprit démocratique, épris de respect à autrui est salutaire. Car, il ne faut pas oublier que nous vivons en communauté. Un lourd contentieux nous impose la promiscuité, bon gré malgré nous avec la France. Sans aucun esprit revanchard ni chauvin, on distingue le bon grain de l’ivraie. Cependant, des crimes ont été commis. Des crimes contre l’humanité, selon le concept propre et cher à la France (). Celui du 17 a été reconnu par tous. Il doit être jugeait et les criminels condamnés. D’autant plus que nulle entrave ne nous empêche d’intenter un vrai procès. L’expérience de la Fondation est méritoire et enrichissante, mais elle ne suffit pas pour faire justice. Le crime n’est pas amnistié, il est imprescriptible. Aujourd’hui nous sommes face à un double affront. Le refus de la France de reconnaitre ses crimes, une justice raciste et sélective, une attitude déloyale positivant le colonialisme. Et une totale inertie, recule et mystère et boules de gomme de la part de notre junte politique. Dieu en est témoin et l’histoire jugera les actes de chacun. « Allah ne vous défend pas d’être bienfaisants et équitables envers ceux qui ne vous ont pas combattus pour la religion et ne vous ont pas chassés de vos demeures. Car Allah aime les équitables. Allah vous défend seulement de prendre pour alliés ceux qui vous ont combattus pour la religion, chassés de vos demeures et ont aidé à votre expulsion. »(). A méditer….

    M.Boukherissa Kheiredine Président de la Fondation du 8 mai 45

    PATRICK JARRY, MAIRE DE NANTERRE, ET LES MASSACRES DU 17 OCTOBRE 1961
    « La France doit reconnaître sa responsabilité »

    Il est temps que le nombre de morts lors des événements du 17 Octobre 1961 soit véritablement avoué et qu’il ne fasse plus l’objet d’une quelconque polémique.

    De plus en plus de voix s’élèvent en France pour dénoncer les massacres du 17 Octobre 1961 et exiger une reconnaissance des faits. Le dernier en date est Patrick Jarry, maire socialiste de Nanterre qui a affirmé qu’«il est temps que les plus hautes autorités de l’Etat, 50 ans après, reconnaissent enfin officiellement leur responsabilité dans ces massacres à travers un acte qui engage la République».

    S’exprimant en marge de la commémoration dimanche, à Paris, des massacres du 17 Octobre 1961, présidée par le secrétaire d’Etat chargé de la Communauté nationale à l’étranger, Halim Benatallah, le maire de Nanterre a annoncé la future commémoration par sa municipalité, en 2011, du cinquantenaire de ces massacres par la dénomination d’un boulevard du 17 octobre qui se situera entre la place de la Croisée et le boulevard des Provinces Françaises.

    Une première en France pour évoquer le souvenir de ces événements. Nanterre a connu une forte présence d’Algériens qui s’y sont établis en s’intégrant très vite dans les luttes syndicales et politiques, comme en témoigne la création du Parti du peuple algérien (PPA) de Messali Hadj dans un café de Nanterre en 1937. Une séance de travail avait auparavant réuni Benatallah et Jarry à l’issue de laquelle, le secrétaire d’Etat a salué la «leçon d’amitié et de fraternité» qui se distingue dans la perpétuation de la mémoire de ceux qui se sont sacrifiés.

    «Nous sommes en train de jeter des passerelles afin que l’histoire soit rétablie dans toute sa vérité», a déclaré Halim Benatallah, qui a salué les acteurs qui oeuvrent «avec courage et ténacité» pour que la société civile en France s’assume et rétablisse «la vérité historique» sur les massacres perpétrés le 17 octobre 1961 contre des Algériens qui manifestaient pacifiquement pour leur droit à la dignité et la liberté.

    Se recueillant à Nanterre, devant une plaque commémorative, Halim Benatallah, s’adressant au maire socialiste de Nanterre, Patrick Jarry, sur la place des droits de l’homme, en face de la préfecture de police, dira: «Nous sommes ici pour accomplir un devoir de mémoire grâce à vous M.le Maire et d’autres hommes de conviction.» Sur cette place, construite sur le site du bidonville «La folie», le plus grand de France où s’entassaient plusieurs centaines d’émigrés algériens, le maire de Nanterre, a déclaré que «se souvenir aujourd’hui, c’est aussi faire oeuvre de mémoire et de vérité». Il a rappelé que «Nanterre a pris la responsabilité, en 2003, de poser cette plaque, car de nombreuse victimes de ce crime d’Etat venaient de cette ville». Après l’étape de Nanterre, Benatallah s’est rendu sur le pont de Clichy à la mairie de Clichy-La Garenne où il a été accueilli par le maire, Gilles Gatoire, également conseiller municipal des Hauts-de-Seine, sur fond d’exécution des hymnes nationaux de l’Algérie et de la France. Le secrétaire d’Etat a remercié au nom du gouvernement algérien l’acte ainsi posé qui contribue à la réhabilitation de l’histoire. Il a également adressé, au nom du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, à la communauté nationale établie en France, «les sentiments les plus profonds de compassion et de solidarité» en ce jour commémoratif. M.Gatoire a loué les perspectives d’établissement d’un «climat de confiance bilatérale» et évoqué «la coopération pour la construction d’un avenir qui s’appuiera sur cette histoire partagée». Une rencontre a réuni Benatallah et des diplomates algériens avec le maire. Le secrétaire d’Etat a ensuite rencontré les membres de l’ancienne Fédération de France du FLN, qui ont appelé à un devoir de «reconnaissance» pour tous les sacrifices consentis durant la guerre de Libération nationale par la communauté émigrée.

    Abdelkrim AMARNI

    Alors que l’Algérie a mis sous le coude la loi criminalisant le colonialisme : Les partisans de la loi du 23 février persistent et signent

    Les anciens de “l’Algérie française” et du courant xénophobe s’apprêtent à installer, demain, la fondation pour la mémoire, prévue par l’article 3 de la loi du 23 février 2005 qui considère le colonialisme comme “une entreprise civilisatrice”.

    La récente annonce faite par le président de l’APN, au sujet de la décision des autorités politiques algériennes de mettre sous le coude le projet de loi portant criminalisation du colonialisme, ne semble pas être mesurée à sa juste portée du côté français. Du moins de la part des anciens de l’Algérie française et du courant xénophobe de l’extrême, qui n’ont visiblement rien perdu de leurs ardeurs nostalgiques pour l’empire perdu. Et pour cause, ils s’apprêtent à installer, demain mardi, la fondation pour la mémoire. Cette fondation est prévue par l’article 3 de la loi scélérate du 23 février 2005 qui considère le colonialisme comme “une entreprise civilisatrice”. Cette fondation qui jouit certainement de la bénédiction du pouvoir élyséen, soucieux de ménager l’électorat lepéniste, suscite néanmoins un tollé auprès d’organisations de la société civile française et d’universitaires qui la dénoncent. C’est le cas de l’historien Gilles Manceron, historien et vice-président de la Ligue des droits de l’Homme, pour qui la mise en place de cette fondation montre que la société française est “à la croisée des chemins”. Cet historien souligne “le paradoxe entre une grande partie de la population française, souvent jeune, qui veut que la vérité soit dite sur la colonisation et une autre fraction de celle-ci, plus âgée, surtout implantée dans le Midi de la France, qui ne veut rien reconnaître ni regarder en face, et reste attachée aux dénégations et aux anciens mensonges”. C’est cette tranche de l’opinion qui a mené à l’occasion du dernier Festival de Cannes une croisade hystérique contre le film de Rachid Bouchareb Hors-la-loi. C’est encore elle qui avait soutenu l’érection de plusieurs monuments à la gloire de l’Algérie française et des tueurs de l’OAS, insiste cet historien qui rappelle à juste titre que “c’est cette fraction de l’opinion qui a poussé à l’adoption de la loi du 23 février 2005 qui prétendait présenter la colonisation comme positive”. Gilles Maceron déplore aussi le fait que cette fondation, dont le but est de “légitimer les crimes coloniaux” soit contrôlée par “des institutions à la tête desquelles se trouvent des généraux qui persistent dans la justification de l’emploi de la torture par l’armée française en Algérie et dans la négation du mouvement nationaliste algérien”. Cette fondation est en porte-à-faux avec la proposition du président Sarkozy d’avoir un regard apaisé sur le passé colonial, mais elle constitue surtout une torpille au travail conduit par de nombreux universitaires français en collaboration avec leurs collègues algériens pour une réécriture “honnête” de l’Histoire, s’insurge cet historien. Un autre historien, Olivier Le Cour Grandmaison, lui aussi partisan de “laisser l’Histoire aux historiens”, voit dans cette fondation en ce moment précis des desseins électoralistes. “L’offensive de la majorité actuelle (la droite UMP, ndlr) se poursuit sous des formes diverses et se poursuivra sans doute jusqu’en 2012” pour des raisons électoralistes, argumente-t-il. Mettant en relief la “singularité” de la France dans son rapport avec son passé colonial, il explique que la loi “scandaleuse” du 23 février 2005 qui “sanctionnait une interprétation positive, officielle et mensongère de la colonisation française”, n’a “aucun équivalent européen, sinistre exception française” et n’est pas l’épilogue d’une offensive idéologique menée, il y a cinq ans, mais bien le prologue d’un combat en réhabilitation qui n’a jamais cessé depuis. C’est la raison pour laquelle Olivier Le Cour Grandmaison juge “essentiel” que les candidats des gauches parlementaires et radicales présents au premier tour de l’élection présidentielle de 2012 “prennent clairement position pour l’abrogation de cette législation”. Et ce n’est certainement pas une coïncidence fortuite que la mise en place de cette fondation intervienne aussi deux jours après la commémoration des massacres d’Algériens par la police du préfet Maurice Papon, le 17 octobre 1961 à Paris. D’ailleurs de nombreux chercheurs et des scientifiques ont refusé d’entrer dans son conseil scientifique, estimant qu’au lieu d’être un outil au service de la recherche historique, “elle risque de capter des archives privées dans des conditions difficiles à contrôler, relevant son caractère partial quant au travail sur la mémoire” de la guerre de Libération nationale.

    La lame tranquille

    On découvre, dans les limbes des archives exhumées par les deux auteurs, un Mitterrand, garde des Sceaux, qui, pendant 16 mois, refuse 80% des demandes de grâce des militants algériens et se faisant un sinistre devoir de signer les billets d’exécutions sans broncher.

    La France a mis 53 ans pour découvrir que François Mitterrand était un boucher. Le livre choc de François Malye et de Benjamin Stora déconstruit le mythe d’un Mitterrand qui se révèle sous son véritable visage d’ordonnateur de la guillotine.

    Quarante-cinq martyrs algériens sont passés à l’échafaud par la seule volonté d’un homme qui fut président de la France. On savait Mitterrand pétainiste, machiavélique et ardent défenseur d’une guerre totale contre les Algériens et leur représentant l’ALN. Mais on découvre, dans les limbes des archives exhumées par les deux auteurs, un Mitterrand, garde des Sceaux, qui, pendant 16 mois, refuse 80% des demandes de grâce des militants algériens et se faisant un sinistre devoir de signer les billets d’exécutions sans broncher. Une réalité bien lointaine du Mitterrand qui abolit la peine de mort dès son investiture en 1980 et qui fut, pour cela, célébré comme un chantre des droits de l’homme par les socialistes et le peuple de gauche.

    Si Mitterrand a fait aussi fort que Robespierre, ce livre n’est que le début d’une histoire qui transparaît au compte-gouttes. Pas un mot sur la responsabilité connue de Mitterrand dans l’exécution de Larbi Ben M’hidi, malgré le témoignage accablant d’un Aussaresses renvoyé dans ses foyers sans la légion d’honneur. Enseveli dans la fosse commune de l’histoire le témoignage du juge Bérar qui avait servi de courroie de transmission à l’ordre d’exécution que Mitterrand a signé.

    Cela va sortir. Ce pan de l’histoire doit sortir. À l’horizon 2012, alors que l’Algérie fêtera les 60 ans de son indépendance, Paris prépare également son inventaire de mémoire en fêtant “la colonisation positive”. Celle souhaitée par le duo Sarkozy-Guaino et célébrée par les hordes nostalgiques de l’extrême droite et des harkis. Le mot repentance va refaire surface, au grand dam de Nicolas Sarkozy, et les deux nations vont s’emparer de leurs symboles comme des étendards. Et c’est à celle qui écrira le mieux l’histoire la plus vraisemblable de ses héros. La mémoire de Mitterrand a pris un coup. Son mythe a été écorché, mais Paris ne laissera jamais dire que c’était un assassin de sang-froid. Comme Alger ne pourrait jamais brader le culte d’un Ben M’hidi, un héros d’une flamboyance jamais égalée. La guerre de la mémoire est loin d’être terminée.

    Liberté, 21/10/2010

  • Macron garde les yeux braqués sur les sondages

    Macron garde les yeux braqués sur les sondages

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    Le président français, Emmanuel Macron s’est encore exprimé, lundi soir, sur les relations algéro-françaises. En face de la journaliste de France-inter, le président français est apparu, plutôt tendu.

    A la question sur s’il maintenait ses récentes déclarations sur l’Algérie, ce dernier a choisi une réponse qui se voulait réconciliante envers l’Algérie tout en gardant les yeux braqués sur les sondages. Il est clair que sa réélection est plus importante, pour lui, que de solliciter la bonne grâce d’Alger

    Pour lui, demander pardon aux Algériens signifierait prendre le risque de perdre des points devant les candidats de l’extrême droite.

    Il aura le temps, une fois élu, de changer le fusil d’épaule et de bricoler un autre son discours, comme il a toujours fait.

    Le mot que le président candidat a trouvé est « l’apaisement ». Après les tensions suscitées par les propos insultants qu’il a tenu le 3 octobre dernier, Emmanuel Macron a prôné un «apaisement» sur le sujet mémoriel entre la France et l’Algérie, appelant à «cheminer ensemble ».

    « Mon souhait, c’est qu’il y ait un apaisement parce que je pense que c’est mieux de se parler, d’avancer. Il y a sans doute des désaccords mais la vie, c’est fait pour parler des désaccords et aussi les partager. Je pense que simplement nous avons trop de nos compatriotes, dont l’histoire est mêlée à l’Algérie pour faire comme si de rien n’était. Donc il y aura immanquablement d’autres tensions, mais je pense que mon devoir, c’est d’essayer de faire cheminer ce travail», a-t-il déclaré.

    Les déclarations du président français Emmanuel Macron sur l’Algérie sur fond de campagne électorale en France provoquent une grave crise dans les relations entre les deux pays.

    Le 29 septembre, le ministère algérien des Affaires étrangères a annoncé avoir convoqué l’ambassadeur de France à Alger après la décision de Paris de réduire de moitié le nombre de visas octroyés aux ressortissants algériens. Paris a alors justifié cette mesure appliquée également au Maroc et à la Tunisie par le fait que ces trois pays rechignent à délivrer les laissez-passer consulaires nécessaires pour l’expulsion d’immigrés clandestins.

    Jugeant les propos du chef d’Etat français, Emmanuel Macron, insultant pour les martyrs algériens, Alger a décidé de rappeler son ambassadeur à Paris pour consultations.

    La Présidence algérienne a dénoncé, dans le texte faisant part de sa décision, «une atteinte intolérable » à la mémoire des martyrs.

    Le lendemain l’espace aérien algérien était interdit aux avions militaires français qui bénéficient de ce privilège depuis 2013.

    Selon des informations non confirmées, des mesures encore plus dures vont être prises par les autorités algériennes touchant les intérêts économiques de la France en Algérie. Parmi elles, des gels de contrats avec des entreprises françaises et l’annulation de plusieurs contrats en cours d’exécution ou à venir.

    Faut-il rappeler que l’Algérie reste parmi les rares marchés encore florissant pour le commerce français. L’Algérie a, plus d’une fois, aidé des entreprises françaises à éviter, purement et simplement, le dépôt de bilan.

    Abir. N.

    La Nation, 06/10/2021

  • Dérapage du président français : L’enlisement électoral

    Dérapage du président français : L’enlisement électoral

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    L’Algérie est ciblée. Sa stabilité politique et économique dérange plus d’un. Et pour preuve, les attaques se multiplient contre elle. Et cette fois-ci, c’est la France, l’ancien colonisateur, qui s’en prend à la nation et l’Etat algériens à travers des «puérilités» assumées publiquement par son président Emmanuel Macron, en pleine effervescence électorale.

    Le dirigeant français qualifié unanimement «d’adolescent politique» est allé loin, très loin dans ses propos. Ce que le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, n’a pas du tout toléré. Riposte immédiate. Il rappelle l’ambassadeur algérien pour consultations. Pis, il décide de fermer l’espace aérien aux avions militaires français, jouissant de ce privilège depuis l’ère de l’ancien Président dans le cadre de l’opération Barkhane. Cet acte, à la fois irresponsable et inattendu, a suscité un tollé au sein de notre société. L’élite surtout s’est empressée de dénoncer cette dérive d’une extrême gravité afin de faire comprendre à «l’ennemi d’hier et d’aujourd’hui» que la glorieuse histoire de l’Algérie, nul ne peut la travestir car elle a été écrite par le sang de nos valeureux martyrs.

    Le politologue Rabah Lounici explique les enjeux et les motivations de ce dévoiement diplomatique qui n’a rien, selon lui, de «fortuit». Macron, en compétition électorale, a voulu «draguer» l’extrême droite en utilisant la cause algérienne, mais les objectifs réels dépassent de loin cette ambition aveugle, affirme Lounici. Il tient à rappeler à ce titre que tout le monde s’attendait à ce que ce Président soit différent des autres, y compris le chef de l’Etat, compte tenu de ses anciennes déclarations marquées par un ton d’apaisement, notamment en ce qui concerne le dossier mémoriel entravé, d’après lui, par des lobbies gangrénant le régime français.

    Contre toute attente, il nous surprend par des déclarations qui contredisent totalement ses précédentes convictions. Pis, Macron a nié totalement la nation algérienne. Ce qu’aucun président français n’a osé dire par le passé à l’encontre de l’Algérie à l’exception du colonialisme sanguinaire. Le politologue précise, à qui veut l’entendre, que la nation algérienne existe depuis plus de 3000 ans et qu’elle a affronté vaillamment toutes les incursions. Elle n’est pas née en 1962, comme tente de le faire croire le président français «maladroitement».

    Lounici ne s’arrête pas là. Il va jusqu’à établir une comparaison entre les propos tenus par Macron et ceux de Ferhat Mehenni qui avance sottement que l’Algérie est une pure création de la France. Ce sont aussi des paroles dites par l’élite du Makhzen. En somme, conclut notre interlocuteur, il existe un plan bien ficelé qui vise la déstabilisation de l’Algérie. La France, devenue aujourd’hui une puissance «moyenne», a compris que l’aide algérienne n’est plus disponible. Tebboune a fermé les «vannes» et a exigé la réciprocité dans le cadre d’un partenariat «gagnant-gagnant». Macrona compris qu’il n’aura pas le soutien de l’Algérie dans la prochaine présidentielle. D’où son comportement «gamin» qui confirme, d’après Lounici, qu’«il a tout perdu».

    Echec

    Le politologue Idriss Attia abonde dans le même sens en disant que la dernière sortie du président Macron confirme bel et bien la régression populaire de la France dans le concert de ses anciennes colonies. Confirmant que «l’Algérie ne sera jamais un objet entre les mains de la France opportuniste et elle fera tout pour que son avenir soit différent de ce que souhaite Paris. De son point de vue, «l’élève du palais de l’Elysée n’ayant réalisé aucune prouesse depuis son investiture, ne glanera rien avec des mensonges qu’il veut imputer à l’Algérie». C’est pour lui «une fuite en avant», prouvant son échec et son immaturité politique.

    Ce jeu morbide et provocateur confirme, selon Attia, «la grandeur de l’Algérie, adoptant aujourd’hui, sous la direction du chef de l’Etat, une fermeté inégalée sur le plan régional, surtout quand il s’agit de défendre sa souveraineté, son histoire et sa nation. L’ancien diplomate Abdelaziz Rahabi affirme, à travers un post, que l’Algérie n’a pas construit son identité autour de la souffrance ou sur les traumatismes post-coloniaux pour rester l’otage d’un passé colonial permanent, mais sur une histoire millénaire. Il confirme que la nation algérienne ne peut être un sous-produit du fait colonial.

    Criminalisation du colonialisme : Passer à l’acte

    La dérive de Macron a remis au goût du jour le vieux dossier relatif au projet de loi criminalisant le colonialisme. Des voix se sont élevées pour revendiquer la relance de ce dossier, resté des années dans les tiroirs. Le politologue Rabah Lounici se dit favorable à ce projet de loi, carte que l’Algérie n’a pas voulu jouer jusque-là, dans le cadre d’une approche politique visant à arracher intelligemment, coûte que coûte, la repentance de la France. Il pense que le moment est venu de franchir le pas car cette dérive de trop a dépassé tout entendement. Lounici estime que les anciennes colonies devraient peser de tout leur poids en présentant une initiative commune auprès des Nations unies afin d’exiger des réparations économiques et politiques. Il pense que la riposte de l’Etat algérien, fort et souverain, sera à la hauteur des attentes et des défis.

    Karima Alloun

    Horizons, 06/10/2021

  • France-Algérie: Macron aggrave son cas

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    Emmanuel Macron s’est à nouveau exprimé, hier mardi 5 octobre, sur la relation entre la France et l’Algérie qui connait une crise d’une ampleur inédite, après ses propos sur le système algérien et la colonisation.

    Enfilant sa tenue de pompier après avoir tenu le rôle de pyromane, mettant le feu au bûcher des relations entre la France et l’Algérie, dans un entretien à France Inter, il s’est astreint à faire amende honorable, prônant « l’apaisement dans les relations entre Paris et Alger ». Mon souhait, « c’est qu’il y ait un apaisement parce que je pense que c’est mieux se parler, d’avancer. Il y a sans doute des désaccords mais la vie, c’est fait pour parler des désaccords et aussi les partager » a avancé le pensionnaire de l’Elysée, avant de prévenir qu’ »il y aura immanquablement d’autres tensions, mais je pense que mon devoir, c’est d’essayer de faire cheminer ce travail de mémoire. Il mettra en avant « des relations vraiment cordiales » avec le Président Abdelmadjid Tebboune.

    Mais à la question de savoir s’il maintenait ses propos sur l’Algérie, Emmanuel Macron botte en touche : « Ce qui se passe aujourd’hui est une crispation ». Manière d’essayer d’atténuer de l’ampleur de la crise diplomatique provoquée par ses propos. « J’ai le plus grand respect pour le peuple algérien et j’entretiens des relations cordiales avec le Président Tebboune. Après, nous, nous avons enclenché un travail avec le rapport demandé à Benjamin Stora, la commission que nous allons lancer sur la base de ce travail, travaille en profondeur avec la jeunesse française et franco-algérienne », a soutenu Macron en essayant de minimiser la réaction des autorités algériennes.

    Logique électoraliste

    Dans son interview à France Inter, Macron évoque « les désaccords » qui peuvent exister dans la vie alors qu’il s’agit de faits historiques, établis et documentés, qu’il faut reconnaître. Macron a demandé pardon aux harkis, supplétifs algériens de l’armée coloniale française, mais n’a pas répondu aux demandes sur la reconnaissance des crimes coloniaux, pourtant formulées depuis des années. Aucun mot d’excuse. Macron, candidat non encore déclaré à l’élection présidentielle de 2022, entend clairement gérer le dossier de la mémoire selon une logique électoraliste. Il a parlé de Français « enfants, petits-enfants de harkis, de pieds-noirs, d’appelés et de militaires » ayant un lien avec l’Algérie.

    Qu’en est-il des victimes algériennes de l’occupation française de l’Algérie ? De la réparation pour les personnes exposées aux radiations nucléaires après les explosions du Sahara ? Des proches des disparus de la guerre de Libération nationale ? Macron veut reconnaître « toutes les mémoires et leur permettre de cohabiter », mais celles liées à l’Histoire de France. « Il y aura immanquablement d’autres tensions », a-t-il dit par rapport à l’Algérie, au Continent africain. Il n’y a donc aucune « reculade » par rapport à ses déclarations publiées par le Monde. Le travail sur la mémoire est, selon lui, un problème franco-français. « Il ne s’agit pas d’un problème diplomatique », a-t-il noté aggravant de surcroît son cas.

    Des annonces pour le 17 octobre ?

    L’entourage du Président français, en fin de mandat, fait circuler l’information sur des annonces qualifiées d’importantes que fera Macron le 17 octobre prochain, à l’occasion du 60e anniversaire de la répression sanglante de la manifestation d’Algériens à Paris organisée par la Fédération de France du FLN pour réclamer l’indépendance de l’Algérie.

    Plus de 200 personnes ont trouvé la mort, certaines jetées dans la Seine par les policiers menés par le préfet Maurice Papon. Maurice Papon n’a jamais été jugé pour ces crimes à l’égard des Algériens. Il est resté tranquillement à son poste jusqu’en 1967. A Maurice Grimaud, qui le remplaçait à la préfecture de police de Paris, le général de Gaulle avait dit : « vous avez là un poste très important et exposé. vous succédez à un homme qui l’a occupé de façon considérable ».

    Par : LAKHDARI BRAHIM

    Le Midi Libre, 06/10/2021

  • Non ! L’Algérie n’est pas une république sucrière !

    Algérie, France, Emmanuel Macron, #Algérie, #France, #Mémoire, #Colonisation,

    Que viendrait faire Cuba dans le développement qui suit ? L’objectif visé ici n’est ni de comparer les cheminements politiques des deux pays, comme les choix idéologiques de leurs dirigeants respectifs, ni de présenter une défense et illustration de feu Fidel Castro et du régime qu’il a mis en place, et qui se maintient contre vents et marées depuis quelque soixante années.

    Ce sur quoi il a été choisi d’attirer l’attention dans ce rapprochement établi entre l’Algérie et Cuba, c’est la signification des statistiques spécifiques à un produit déterminé, dont les autorités algériennes se plaisent à affirmer qu’il constituerait une des richesses naturelles du pays, et contribuerait à sa prospérité et à la diversification de ses exportations. Il s’agit plus précisément du sucre, présenté comme une exportation essentielle «hors hydrocarbures» typiquement algérienne.

    Cuba a une industrie sucrière verticalement intégrée

    Comme de bien entendu, Cuba compile ses statistiques sur le sucre. Mais, contrairement à l’Algérie, elle produit réellement du sucre. Le tonnage de sucre produit et exporté par ce pays n’a pas du tout le même sens et le même poids économique que le tonnage de sucre «algérien produit et exporté» suivant la terminologie algérienne, officialisée très récemment par une déclaration d’une autorité au poids incontestable.

    La canne à sucre qui est traitée dans les moulins cubains a été plantée, récoltée, transportée, stockée et traitée de la phase initiale de broyage à la phase de finissage, à l’intérieur de Cuba, et par des mains exclusivement cubaines.
    Ce sont des dizaines de milliers de Cubains qui exploitent la production sucrière et vivent d’elle et de ses innombrables sous-produits. Cette production de sucre cubain avait atteint, dans les années 80 du siècle dernier, 8 millions de tonnes par an en moyenne, faisant alors de Cuba le premier producteur de sucre du monde ; du fait des bouleversements géostratégiques intervenus au cours de ces vingt-cinq dernières années, elle a été actuellement réduite à 2 millions de tonnes par an.

    Pas un mètre carré de betterave sucrière ou de canne à sucre sur tout le territoire algérien

    L’Algérie, quant à elle, ne produit pas un seul gramme de matière première servant à la production sucrière ; il n’y a ni champs de betterave sucrière ni exploitations de canne à sucre, et nul travailleur algérien n’est impliqué donc dans la culture et la récolte de ces deux végétaux d’où est extrait le sucre.

    Pas un hectare de l’un de ces végétaux n’est planté à travers le territoire national. Il fut, certes, dans l’histoire, maintenant lointaine de notre pays, des époques où notre pays produisait du sucre de canne, puis du sucre de betterave, respectivement au Sud et au Nord. Cette époque est révolue depuis d’innombrables décennies. Et on ne fait pas de l’économie avec des productions qui ont disparu du pays. Le sucre en Algérie ne constitue donc pas une filière indépendante et complète de production nationale, ayant sa place dans la génération de richesses nationales et la création d’emplois, donc distributrice de revenus à une large couche de travailleurs, commençant dans les champs de la betterave ou de la canne à sucre, et remontant jusqu’au raffinage du produit final qui serait mis en vente tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays, et permettant la conversion d’une partie des dinars payés aux salariés de la filière en bonnes et fortes devises convertibles.

    L’industrie sucrière, une industrie financée par la rente pétrolière

    Le raffinage est la seule partie de l’industrie sucrière qui existe en Algérie, et qui, apparemment, est florissant ; il attire beaucoup de convoitises, car le bénéfice brut par tonne raffinée va de 30 à 50% en moyenne du coût de la matière première importée, en plus, le chiffre d’affaires est entièrement payé en devises. Le produit semi-fini est importé et obtenu contre devises. L’existence de ce processus final entièrement automatisé n’a pu voir le jour et ne se maintient que grâce à son financement par les pétro-dollars chèrement gagnés et de plus en plus difficiles à obtenir.

    Sans ces pétro-dollars, cette activité n’existerait simplement pas. De plus, au lieu de rapporter des devises en transformant en dollars les dinars payés à ceux qui y interviennent, cette activité maintient des emplois entièrement payés en dollars, convertis en dinars pour répondre aux exigences des lois internes du pays.
    Les postes de travail permanents liés à cette activité, exclusivement d’amont, ne peuvent se maintenir que par la mobilisation des devises, non seulement pour payer les équipements, mais également pour acheter la matière première utilisée.

    Plus grave encore, ce fameux processus de transfert de technologie, dont on avait fait, à un moment de l’histoire économique de ce pays, une condition sine qua non de la coopération «Nord-Sud», est réduit à sa plus simple expression ; les équipements sont entièrement importés et mis en place «clefs en main», le processus de fabrication et d’ensachage, comme de chargement sur camions et sur navires, est entièrement automatisé, et n’exige que le contrôle des différents appareils de mesure, tandis que le reste des activités ressort de la manutention, de l’entretien et du transport sur des appareils roulants ou flottants eux-mêmes importés ou affrétés de l’étranger.

    1 800 000 dollars, le coût de la création d’un emploi dans l’industrie du raffinage du sucre, plus 800 000 dollars par an pour le maintenir !

    Au vu des investissements, des volumes de matière première traités, comme du chiffre d’affaires engendré par cette activité, le nombre de postes de travail est ridiculement bas. On se retrouve à créer et à entretenir des postes d’emploi (100 emplois permanents au maximum pour une unité de 300 000 tonnes/an coûtant 180 000 000 de dollars, soit un investissement en devises de 1 800 000 dollars par poste de travail permanent, et environ 90 millions de dollars par an de matière première, mais fluctuant selon le prix mondial du sucre roux, soit 900 000 dollars par travailleur !) à coups de devises tirées des réserves de change officielles, pour des bénéfices qui ne peuvent être générés que tant que les devises pour les payer existent, c’est-à-dire tant que les réserves de change approvisionnées par les ventes d’hydrocarbures sont disponibles.

    Ni création massive d’emplois ni transfert valide de technologie dans l’industrie du raffinage du sucre

    La rationalité économique de ces unités est impossible à justifier, tant le coût de leur fonctionnement continu, payé exclusivement en devises, est élevé, la création de main-d’œuvre permanente peu ou non qualifiée est faible, et le transfert de technologie est tout simplement nul. Au vu de ces constatations, comme le commerce du sucre est régi à l’échelle internationale par des règles de marché tellement bien huilées, il est nettement moins coûteux et autrement plus transparent pour le pays de l’importer semi-raffiné, de le raffiner sous contrôle fiscal public direct et de l’ensacher pour la distribution au consommateur final à l’intérieur du pays, et suivant les quantités consommables en moyenne par tête d’habitant, tenant compte de la constitution de stocks de sécurité correspondant au rythme de consommation et des fluctuations saisonnières de cette consommation, que de construire et de faire fonctionner des unités de raffinage final dont le produit serait réexporté pour des motifs de spéculation boursière, et donc non consommé sur place, et les gros profits tirés grâce aux exonérations fiscales de tout type consenties aux investisseurs, et aux subventions visibles et invisibles portant sur les salaires comme sur l’énergie utilisée, entièrement privatisés au profit de ces investisseurs, et en devises. La façon dont l’activité fonctionne actuellement se fait exclusivement au profit de ces investisseurs, alors que les coûts de production (subvention de soutien, fiscalité directe et indirecte, main-d’œuvre, énergie et carburant) sont en grande partie supportés directement ou indirectement par le budget de l’État. Donc l’État subventionne les bénéfices de ces milliardaires, ce qui est le comble de l’absurdité économique.

    Une industrie sucrière parasitaire, économiquement marginale et financièrement nuisible parce que canal de fuite massive de capitaux

    On en arrive logiquement à la conviction irrémédiable que cette industrie, qui n’a rien d’algérien, si ce n’est qu’elle est payée par des devises en provenance de l’exportation d’hydrocarbures algériens, qui fournit un nombre ridiculement bas d’emplois, a une contribution marginale aux grands équilibres économiques algériens, a un impact technologique nul et n’a d’autre but que de justifier une fuite massive de capitaux, légale et officialisée, au profit de quelques «nababs cachés» du système de gouvernance.

    Le prix du sucre est fixé sur les places boursières internationales, et il n’y a rien de plus transparent que ces marchés, soutenus par les statistiques sur les projections de production des pays producteurs principaux, dont Cuba fait partie. Installer des unités de raffinage dans le pays n’ajoute rien ni à la transparence du marché ni à la maîtrise des prix du sucre au niveau national algérien.

    Au contraire, cela introduit un élément de spéculation tant interne qu’extérieur : on a pu constater qu’à l’intérieur, les prix intérieurs du sucre – pourtant produit subventionné sur le budget algérien à raison de 10% de son prix et exonéré de tous droits et taxes à l’importation — n’ont pas été influencés, en période de baisse, par les prix du sucre sur les marchés internationaux, et qu’en période de hausse sur ces marchés, ces mêmes prix nationaux ont augmenté plus que les prix internationaux. Preuve supplémentaire que l’instauration de ces unités de raffinage n’a pas de justification dans la régulation du marché intérieur du sucre.

    En conclusion

    Tout d’abord les statistiques sont trompeuses, malgré leur forme mathématique, et lorsqu’on compare les statistiques sur la production et le commerce du sucre entre Cuba et l’Algérie, on a une idée de ce que peuvent cacher des chiffres utilisant les mêmes unités de mesure et prétendant représenter des situations économiques similaires. Cuba produit du sucre.

    L’Algérie ne fait qu’importer le sucre, le consommer ou le retraiter et le réexporter en vue d’opérations spéculatives sur les marchés internationaux, et en finançant ces opérations sur les réserves de change produites par les exportations d’hydrocarbures. Le sucre «algérien» totalement importé est devenu la matière première destinée à la «milliardisation» accélérée de quelques nababs bien branchés.

    Plus important encore : existe-t-il une politique globale de la «filière» sucrière en Algérie, pays importateur d’un produit de forte et routinière consommation, donc source facile d’enrichissement rapide et sans cause ? Ou ce marché est-il livré aux «gros poids lourds» du système qui le gèreraient en fonction exclusive de leurs intérêts financiers, avec une aide officielle évidente ?

    Car comment peut-on expliquer que dans un pays où les transferts de capitaux sont encore soumis à des règles strictes de rationnement au coup-à-coup, des personnes aient un accès automatique à des centaines de millions de dollars annuellement pour une activité de spéculation boursière qui ne peut même pas se justifier économiquement ou financièrement, au vu des investissements et des fonds de roulement en devises qu’elle exige ? Par une création massive d’emplois directs ? Le niveau des emplois dans ce secteur est ridiculement faible et ce sont des emplois quasi exclusifs.

    Par un transfert conséquent de technologie ? Les équipements sont importés et montés par des techniciens étrangers, et les emplois créés ne demandent aucune expertise professionnelle spéciale et complexe.
    D’ailleurs, on peut reprendre les mêmes remarques pour tous ces projets «industriels» lancés dans la précipitation, pour ne pas dire dans l’affolement et l’improvisation, et dans lesquels «les transferts de technologie» se limitent au maniement du tournevis, de la clef à mollette manuelle ou électrique et du banc à souder, manuel ou automatique, et, plus sérieux encore et cas extrême, aux emplois «commerciaux» générés par les importations faites à partir d’investissements à l’étranger dans des entreprises en faillite, donc produisant des appareils trop obsolètes pour les consommateurs des pays où ces entreprises sont implantées, et qu’on «liquide» sur le territoire algérien, moins regardant sur la qualité et la sophistication. On pousse même la mauvaise foi jusqu’à présenter ces reprises d’entreprises obsolètes comme la clef à la future réindustrialisation du pays !

    Et ce sont des activités qui sont présentées aux badauds comme des opérations effectuées dans l’intérêt de l’Algérie, alors qu’elles n’ont pour autre objectif que de générer encore plus d’occasions de puiser dans les réserves de change du pays et d’accélérer la fuite de capitaux vers l’étranger. On fait semblant de vouloir contribuer à la relance de l’industrialisation du pays.

    En fait, on bloque cette industrialisation, on transforme l’Algérie en un assemblage hétéroclite d’ateliers de montage proches des fameux jeux de «Meccano» et de points de revente tenus par de gentilles «réceptionnistes» fraîchement diplômées des universités algériennes, le tout réparti, selon les règles de «l’équilibre régional», sur différents points du territoire national, et on se remplit les poches à la pelle, en dinars comme en devises, pour augmenter, sans doute, le rang dans le classement Forbes des hommes les plus riches du monde !

    Quand l’Algérie aura-t-elle une politique de réindustrialisation transparente, cohérente et compréhensive, facile à expliquer et à assimiler, et qui soit autre chose que la simple addition de décisions plus ou moins improvisées en fonction des appétits des groupes de pression occultes, opportunistes, prédateurs, aux profils obscurs, couverts et appuyés, sans doute, par des personnages bien «branchés» au système politique, ces fameux moulat achkara dont tout le monde ne veut pas entendre parler, mais qui, de toute évidence, sont devenus les vrais maîtres du pays et les vrais décideurs de la politique économique du pays ?

    Faut-il, pour casser ce système prédateur occulte, redéfinir les critères d’investissements industriels nationaux, pour les intégrer dans une véritable politique de réindustrialisation, et, en urgence, renationaliser les importations et la distribution en gros de certains produits de grande consommation, pour arrêter la saignée sur les réserves en devises, les fraudes sur les quantités importées et réexportées, sur les poids des sachets et autres récipients destinés aux consommateurs finaux, sur la facturation, sur les ventes en gros sans facturation ou avec facturations réduites ou grossies suivant le sens de la transaction, sur la qualité des produits, sur les déclarations douanières et fiscales, etc.? Fraudes que certains ont surexploitées et systématisées, pour ramasser ces immenses fortunes que les règles les plus acceptées de l’économie du marché n’expliquent pas et ne justifient pas.

    Finalement, et à ce compte, à quoi serviront les joutes électorales, si bien contrôlées et si transparentes soient-elles, si l’essentiel des décisions du domaine des autorités publiques et, plus spécifiquement, les prises de décisions économiques et financières déterminantes pour l’avenir du pays se font loin des regards des «représentants légitimes du peuple» par des groupes occultes sans position définie dans l’organigramme officiel de distribution des rôles, des fonctions et des responsabilités institutionnelles étatiques fixées par la Constitution nationale, et au profit exclusif de quelques «gros bonnets» dont certains «richards» pourraient n’être que les vitrines ?

    Hélas ! La crédibilité de ces joutes, où des torrents de paroles sont déversés sur une population dubitative, ne dépend ni des électeurs, ni des élus, ni, évidemment, de tous ces «ex-hautes et toutes-puissantes personnalités» dont les noms attirent les foules et remplissent les salles et qui en profitent pour plaider leur innocence et leur irresponsabilité dans ce tohu-bohu où est plongé le secteur économique, car si cela avait été le cas, l’économie algérienne aurait présenté un visage plus vigoureux.

    Et les «chkaristes» et autres «faux entrepreneurs prédateurs» continueront, sans aucun doute, à tenir le haut du pavé — après comme avant — dans le domaine, au grand dam des intérêts économiques du pays.

    Par Mourad Benachenhou

    Le Soir d’Algérie, 05/10/2021

  • Algérie : La fierté d’un peuple

    Algérie : La fierté d’un peuple

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    En ces temps de tensions avec le voisin de l’ouest et l’ancienne puissance coloniale, il est important de mesurer le poids de la nation algérienne. Retenons que, contrairement à ce que certains veulent faire créditer, l’Algérie a une Histoire plusieurs fois millénaires. Les Algériens qui se sont appropriés toutes les dimensions de leur identité savent que leurs aïeux ont contribué à la civilisation antique. Ils ont tenu tête à Rome. Ils ont échangé avec l’empire s’en sont inspiré et l’ont inspiré. Ils ont aussi négocié puis guerroyé avec les Byzantins et d’autres hommes de contrées innombrables qui sont entrés sur leur territoire.

    Les Algériens ont adopté plusieurs religions et conservé l’islam, pour en faire un ciment identitaire. Ils ont enrichi la civilisation islamique à tout point de vue. Ils lui ont donné tant de savants et porté haut son étendard, dont ils en ont fait le leur. Ils ont compris l’importance de cette dimension et adopté la langue et la religion, sans se départir de leurs origines amazighes.

    Cela, ce sont les Algériens. Lorsque le colonisateur est venu les réduire à la condition de sous-hommes, ils ont fait nation. du nord au sud et d’est en ouest. Cette nation s’est battue contre l’envahisseur et donné 5 360 000 martyrs à la cause de l’indépendance.

    Une lutte qui a duré 132 ans où le colonisateur a tenté d’acculturer le peuple, le réduire à l’esclavage, le diviser, le faire disparaître. Mais un peuple qui résiste à tant de haine et de barbarie, ne peut pas être réduit à un ensemble de tribus. Non. L’Algérie était une nation et l’a été durant des millénaires. Le colonialisme ne l’a pas créé, comme croit l’attester quelques écrits bidons. La sauvagerie du colonialisme lui a donné un surplus d’énergie et d’esprit de sacrifice. Il a été vaincu.

    Cela pour la nation. Après l’indépendance, l’oeuvre était d’édifié un État social. En 59 ans d’efforts, le pays a l’indice de développement humain le plus fort parmi les pays en développement, une espérance de vie de plus de 76 ans, 100% de taux d’électrification, de scolarisation et de vaccination, les Algériens sont les seuls à ne pas souffrir de problème de malnutrition comparativement à tous les pays en développement.

    L’État existe bel et bien. Il est social et totalement souverain. Il tient cette souveraineté du peuple.

    C’est tout cela l’Algérie. Une histoire millénaire, une nation très enracinée dans son Histoire, un peuple uni et fière de son amazighité, son arabité et son islamité et un Etat qui sait dire non en face à n’importe qui.

    Par Nabil G.

    Ouest Tribune, 06/10/2021

  • Algérie: L’Alliance des députés dénonce la provocation de Macron

    Algérie: L’Alliance des députés dénonce la provocation de Macron

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    Le groupe parlementaire Alliance des députés a dénoncé les récentes déclarations du président français ciblant l’Algérie, les qualifiant «d’ingérence flagrante» dans les affaires du pays et de «provocatrices», voire attentatoires «à la souveraineté de l’Etat».

    Dans un communiqué publié ce mardi, le groupe parlementaire Alliance des députés a indiqué «avoir fermement désapprouvé les déclarations hostiles du président français à l’égard de l’Algérie», précisant qu’elles (déclarations) constituaient «une ingérence flagrante» dans les affaires intérieures de l’Algérie et «une provocation attentatoire à l’Etat, à ses symboles et à son peuple».

    Le groupe parlementaire a condamné vigoureusement cette campagne «haineuse et préméditée» aux visées électoralistes, exprimant sa désapprobation de ce genre d’«agissements irresponsables enregistrés à chaque rendez-vous électoral, marqués par la falsification de l’histoire de l’Algérie».

    L’Alliance des députés s’est félicitée, en outre, du rôle de la diplomatie algérienne et des efforts consentis à tous les niveaux. Elle a également saisi l’occasion pour rappeler au président français qu’il devrait «s’occuper des problèmes de son pays au lieu de s’immiscer dans nos affaires internes que nous savons très bien gérer, comme l’avaient fait nos chouhada et moudjahidine dans un passé récent».

    La société civile réagit

    Les déclarations «hostiles et irresponsables» du président français, Emmanuel Macron, contre l’Algérie et son histoire ont été dénoncées, lundi dernier à Alger, par des juristes et des journalistes algériens, lors d’un sit-in organisé par le Collectif des journalistes algériens solidaires avec le peuple sahraoui (CJASPS), en coordination avec l’association MachaâlEchahid.

    En marge de cette manifestation organisée à l’occasion de la tenue de la commission des questions politiques spéciales et de la décolonisation (quatrième commission) de l’Assemblée générale des Nations unies, le président du Conseil national des droits de l’homme (CNDH), Bouzid Lazhari, a dénoncé dans une déclaration à l’APS des propos «inacceptables et attentatoires» à l’Algérie, fustigeant «la façon dont s’est exprimé le président français au sujet des institutions d’un Etat indépendant, reconnu et qui entretient des relations officielles avec son pays».
    Cette reconnaissance «ne procède pas du néant, mais elle est le fruit d’une lutte armée de longue haleine et d’énormes sacrifices», a-t-il soutenu avant d’ajouter : «Nous condamnons ces propos qui vont à contrecourant des us diplomatiques, de l’éthique, du droit et des règles de bon voisinage.»

    Pour sa part, le président de l’association Machaâl Echahid, Mohamed Abad, a évoqué des déclarations «irresponsables d’un candidat à la présidentielle d’un Etat colonialiste, dont les positions à l’égard du peuple algérien sont connues». La société civile «saura répondre sur le terrain à cette attaque haineuse» à l’occasion de la commémoration du 60e anniversaire des massacres du 17 Octobre, a-t-il ajouté, saluant la réaction des autorités algériennes à ces déclarations «scandaleuses».

    Pour sa part, le président du CJASPS, Mustapha Aït Mouhoub, a affirmé que la France était la principale force de blocage du processus d’émancipation en Afrique du Nord, en œuvrant à la déstabilisation de ses anciennes colonies, dont l’Algérie. Fustigeant «une campagne de révisionnisme de l’histoire et de la mémoire, lancée par la plus haute autorité de la France contre l’Algérie, Aït Mouhoub a évoqué le rôle négatif de Paris dans la question du Sahara occidental, à travers une démarche colonialiste visant à imposer sa logique dans le Maghreb, le Sahel et le Sahara occidental.

    De son côté, l’avocat et ancien sénateur Boudjemaâ Souileh s’est dit fier des positions souveraines des autorités algériennes, affirmant que «nul ne peut imposer à l’Algérie son diktat», car le peuple algérien, pilier de son Etat et de ses institutions, a-t-il ajouté, ne renoncera jamais à la souveraineté de son pays, quel que soit le prix à payer.

    Ligue Rahmania des zaouïas scientifiques : «Une violation flagrante de la souveraineté nationale»

    La Ligue Rahmania des zaouïas scientifiques a qualifié, ce mardi, les déclarations du président français, Emmanuel Macron, de «violation flagrante» de la souveraineté de l’Algérie et d’atteinte aux sacrifices des chouhada, appelant les Algériens à l’adhésion autour des constantes et des valeurs du 1er Novembre 1954.

    Dans un communiqué signé par son président, Cheikh Mohamed El Mamoun El Qacimi, la Ligue Rahmania des zaouïas scientifiques a fustigé «une violation flagrante de notre souveraineté et une atteinte à notre nation et aux sacrifices de nos chouhada», rappelant à Macron les crimes coloniaux «ignobles» commis contre le peuple algérien par son pays, «qui persiste à considérer l’Algérie comme son prolongement et à œuvrer, sans relâche, à maintenir sa dépendance culturelle et linguistique, mais aussi économique et politique».

    Pour la Ligue Rahmania des zaouïas scientifiques, «la France s’acharne à pérenniser cette dépendance à travers ses relais et valets qui œuvrent à mettre en échec les efforts déployés pour le renforcement de la souveraineté et de l’indépendance nationales». Les derniers développements dans les relations algéro-françaises «constituent une opportunité historique de revoir ces relations et prendre des mesures décisives à même de nous affranchir de la dépendance à notre occupant d’hier, dans les différents domaines», a ajouté la Ligue dans son document.

    Dans ce cadre, la Ligue a préconisé «l’activation, en urgence, de la loi portant généralisation de la langue arabe pour mettre fin à la domination de la langue française et la promulgation de la loi portant criminalisation du colonialisme, un projet qui demeure gelé en dépit des appels récurrents des hommes libres de ce pays».

    Rappelant la commémoration prochaine de l’anniversaire des manifestations du 17 Octobre 1961 et de la fête du 1er Novembre, la Ligue Rahmania des zaouïas scientifiques a exhorté le peuple algérien à «l’adhésion autour de ses constantes et valeurs, à la fidélité aux principes novembristes et au serment fait aux chouhada et au placement de sa religion et sa patrie au-dessus de toute autre considération».

    APS