Étiquette : gaz

  • UE-Russie. Sabordage

    UE-Russie. Sabordage

    Union Européenne, Russie, Ukraine, embargo, pétrole, gaz,

    Les menaces non voilées de l’Union européenne concernant un boycott du pétrole russe sont actées depuis lundi. L’UE se passera de cette énergie graduellement, avec un clap de fin de 90 % d’ici fin 2022. Un scénario qui se dessinait à mesure que gonflait la guerre en Ukraine. «Le rétablissement de l’ordre» qui ne devait pas excéder quelques semaines traine en longueur et oblige l’Union Européenne à rebattre ses cartes vis-à-vis de la Russie, toutes les tentatives de la mettre au pas ayant échoué.

    Ce boycott du pétrole russe a été le vœu de Washington qui a joué dès le début des hostilités russo-ukrainiennes au va-t-en-guerre économique, mais pas que. La Maison-Blanche n’a pas cessé d’exhorter ses «alliés» à plus de fermeté envers Poutine. Néanmoins, l’ostracisme envers les énergies fossiles russes promet d’être un sabordage des pays de l’UE, tant les décisions se déclinent avec une musique américaine qui ne jure que par le Dollar.

    Les Etats-Unis ont donc donné d’une main à l’Ukraine pour en reprendre davantage à la vieille Europe. Un nouveau plan Marshall en quelque sorte puisque, et comme toujours, Washington monnaye son «aide» en proposant «son» pétrole et son gaz à des prix prohibitifs, et l’affolement des cours de l’or noir n’en est pas la seule cause. Les cours mondiaux de pétrole qui s’affoleraient pour moins que ça reprennent leur tendance haussière en frôlant les 124 Dollars le baril. Les retombées sur l’Europe ne tarderont pas à se manifester à la pompe et dans la vie de tous les jours, les spécialistes envisageant même une crise plus importante que celle des années 70 et 80 et qu’elle prendrait plus d’ampleur temporelle. La crise de l’énergie s’annonce néanmoins avec beaucoup d’inconnus car si l’approvisionnement de l’Europe en pétrole peut se trouver des substituts, celui du gaz s’annonce problématique tant la quantité de gaz russe vers l’UE reste difficile, pour ne pas dire impossible, à mettre en œuvre. Des dissensions, que l’on espère aplanies du côté de Bruxelles, sont toujours présentes comme la livraison de gaz à l’Allemagne, la Hongrie, l’Autriche, ou le paiement en roubles comme exigé par Moscou.

    L’union de l’Occident «démocratique» annoncée en grande pompe face à l’autocratie du tsar russe ne promet pas une pérennité. Ce même Occident qui n’était pas assez courageux pour «avoir froid» en hiver en boycottant le gaz russe, le serait-il assez pour mettre ses moyens de locomotion au garage et de payer plus un blé qui ne sera pas russe ? Rien n’est moins sûr même si l’oncle Sam promet des compensations, à la sauce US, bien sûr.

    Par Hamid Bellagha

    Sanctions des pays de l’UE contre les hydrocarbures russes : Embargo progressif sur le pétrole, «pause» sur le gaz

    Les pays des Vingt-sept sont d’accord pour se passer progressivement du pétrole russe, optant pour un embargo en deux étapes. Les sanctions qu’ils prévoient contre le gaz s’avèrent «compliquées» et plus difficiles à appliquer sur le terrain…

    Les Vingt-Sept de l’Union européenne (UE) se sont accordés, dans la nuit du lundi 30 mai, sur le choix d’un embargo progressif sur le pétrole russe. Cette mesure comprise dans le «sixième paquet» de sanctions de Bruxelles contre Moscou va être appliquée en deux temps : d’abord un embargo sur les livraisons maritimes d’ici la fin de l’année, puis un autre «aussi vite que possible» sur le pétrole livré par oléoduc. Elle répond au souci de ménager la Hongrie et la Slovaquie, deux pays enclavés et fortement dépendants de la ressource fossile russe. Comme l’Allemagne et la Pologne se sont engagés à ne plus acheter de pétrole russe transporté par oléoduc d’ici la fin de l’année, «l’UE va donc tarir de 90 % les livraisons de pétrole russe d’ici la fin 2022», a déclaré Charles Michel, le président du Conseil européen, autour de minuit (heure algérienne). Pour acter cette décision, les ambassadeurs des Vingt-Sept auprès de l’UE se réunissent aujourd’hui. Ils doivent valider aussi le reste du «sixième paquet» de sanctions proposé par la Commission début mai : exclusion de trois nouvelles banques russes du système de messagerie financière Swift, et notamment de la Sberbank, première banque domestique avec 37 % du marché ; interdiction de diffusion dans l’UE de trois radiodiffuseurs russes ; allongement de la liste noire des personnalités sanctionnées ; interdiction des services de conseil ou de comptabilité à des entités russes. Ils devront déterminer également la façon de mettre fin aux importations de pétrole russe via les oléoducs. La Hongrie réclame des garanties de livraisons alternatives en cas de rupture de l’oléoduc Droujba, critique pour son approvisionnement en énergie. Elle exige aussi des aides financières pour adapter ses raffineries, qui à l’heure actuelle ne peuvent traiter que du brut russe et devront à terme pouvoir fonctionner avec le pétrole reçu via l’oléoduc Adria en provenance de Croatie. D’autres Etats membres demandent des clauses dérogatoires, notamment la Bulgarie et la Croatie. Ce traitement à la carte pourrait donner un avantage concurrentiel aux pays bénéficiaires, un facteur qui devra être pris en considération. Après l’accord sur un embargo sur le pétrole russe, quid du gaz ? «Le sixième paquet de sanctions est un grand pas en avant. Et je pense que nous devrions faire une pause maintenant», a déclaré hier le Premier ministre belge Alexander de Croo. «Ce paquet, mettons-le d’abord en pratique (…) Le gaz, c’est beaucoup plus compliqué. C’est donc une étape importante. Arrêtons-nous là pour le moment et voyons quel est l’impact», a-t-il expliqué. «Nous devrons parler d’un septième paquet de sanctions parce que la situation ne s’améliore pas en Ukraine. Mais le gaz est bien sûr beaucoup plus difficile que le pétrole», a souligné la Première ministre de l’Estonie Kaja Kallas. «Le gaz doit faire partie du septième paquet, mais je suis également réaliste, je ne pense pas qu’il y sera», a-t-elle estimé. «Il y a un problème technique qui a été résolu avec Viktor Orban. Avec le gaz, c’est tout à fait différent. Par conséquent, l’embargo sur le gaz ne sera pas dans le prochain train de sanctions», a renchéri le chancelier autrichien Karl Nehammer.

    L’UE, qui a déjà décidé de se passer de charbon russe à partir du mois d’août, a trouvé d’autres fournisseurs aux Etats-Unis pour un tiers de ses achats de gaz russe. En 2021, la Russie a fourni 30% du brut et 15% des produits pétroliers achetés par l’UE. Elle fournit annuellement 150 milliards de m3 de gaz, soit 40% des importations de l’UE.

    L’Union européenne refuse de payer les achats de gaz à la Russie en roubles, comme l’a exigé le Kremlin, estimant qu’il s’agit d’une violation des sanctions. Les compagnies énergétiques sont tenues de respecter les conditions de paiement des contrats conclus avec Gazprom (97% prévoient un règlement en dollars ou en euros), sous le contrôle des Etats membres. La Pologne et la Bulgarie, qui ont refusé d’ouvrir un second compte en roubles, ont cessé d’être livrées par Gazprom qui a considéré que le règlement n’avait pas été effectué. Mais tous les Etats membres ne respectent pas l’interdit. Le groupe autrichien «OMV a eu des discussions bonnes et constructives» avec la compagnie russe, a confirmé Karl Nehammer. Le chancelier allemand Olaf Scholz a annoncé que le sujet ne serait «pas discuté au cours du sommet». «Personne ne veut acheter de l’énergie à la Russie. La Russie, un pays barbare, un pays sur lequel on ne peut compter en aucune façon», a lancé mardi le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki.
    «C’est pourquoi nous discutons de la manière de nous éloigner rapidement non seulement des hydrocarbures russes comme le charbon ou le pétrole, mais aussi, à plus long terme, du gaz», a-t-il expliqué.

    Anis Remane

    Reporters.dz, 01 juin 2022

    #Russie #Ukraine #UE #Embargo #Pétrole #Gaz

  • Gazprom suspend les livraisons de gaz aux Pays-Bas

    Russie, Gazprom, Gaz, Pays Bas, Ukraine,

    Le gazier russe Gazprom a annoncé avoir suspendu, ce mardi, les livraisons de gaz au fournisseur néerlandais GasTerra face à son refus de payer en roubles, litige né de l’offensive militaire russe contre l’Ukraine. « Gazprom a cessé totalement ses livraisons de gaz à la société GasTerra B.V. (Pays-Bas) du fait du non-paiement en roubles », a annoncé le géant russe dans un communiqué sur sa messagerie Telegram.

    En réplique aux sanctions imposées par l’Union européenne à la suite de l’offensive russe en Ukraine, le président russe Vladimir Poutine a réclamé que les acheteurs de gaz russe de pays « inamicaux » payent en roubles depuis des comptes en Russie sous peine d’être privés d’approvisionnements, en dépit de contrats prévoyant des paiements en euros ou en dollars.

    Le groupe GasTerra avait refusé, réclamant le respect d’obligations contractuelles et notant que des versements tels que le réclame le Kremlin présentaient « un risque de violation des sanctions élaborées par l’UE ».

    Les Néerlandais dépendent de la Russie pour environ 15% de leurs approvisionnements en gaz, soit quelque six milliards de mètres cubes par an, selon le gouvernement. C’est moins que la moyenne européenne de 40%, mais comme d’autres pays européens, les Pays-Bas s’efforcent de réduire leur dépendance à l’énergie russe.

    La décision du géant russe de l’énergie signifie que deux milliards de mètres cubes de gaz ne seront pas fournis aux Pays-Bas d’ici octobre, avait prévenu GasTerra, ajoutant avoir « anticipé cela en achetant du gaz ailleurs ».

    La Russie avait déjà coupé le gaz pour la même raison à la Finlande, la Bulgarie et la Pologne.

    (Agences)

    #Russie #Gazprom #Gaz #PaysBas #Ukraine

  • L’Egypte et Israël vont exporter du gaz vers l’UE

    Israël, Egypte, UE, Liban, gaz, Russie,

    La ministre israélienne de l’Energie, Karine Elharrar, parle de la signature d’un accord avec l’Egypte et l’Union européenne pour exporter du gaz vers les pays du bloc.

    La ministre israélienne de l’Energie, Karine Elharrar, a annoncé lundi que Tel-Aviv allait signer un protocole d’accord avec l’Egypte et l’Union européenne dans les prochaines semaines pour exporter du gaz vers les pays du bloc.

    Elharrar a déclaré dans une conférence de presse, reprise par les médias israéliens, que Tel-Aviv et les Européens travaillent déjà sur une coopération dans le domaine du gaz, sans donner plus de détails.

    Il a évoqué le lancement d’un nouvel appel d’offres pour l’exploration gazière en vue de son exportation vers l’Europe et a révélé la décision de publier le nouvel appel d’offres à la lumière de la « demande de ressources israéliennes par l’Europe » suite à la guerre en Ukraine.

    Il a ajouté que « selon le plan, le gaz circulera par des pipelines d’ »Israël » vers l’Egypte, et de là, il circulera et sera transporté vers l’Europe. Toute cette procédure est financée par les exportateurs ».

    Le journal Israel Hayom a rapporté dimanche dernier que l’UE avait décidé d’acheter du gaz à « Israël » dans le cadre de sa stratégie de diversification des sources d’énergie suite aux opérations russes.

    Le journal a noté que le ministère israélien de l’Énergie « tente de parvenir à un accord avec l’Égypte qui garantisse le transfert du gaz israélien vers des installations de liquéfaction sur son territoire, puis de l’envoyer en Europe sur des navires via ses ports ».

    La Commission européenne devrait présenter un plan détaillé d’élimination progressive des combustibles fossiles russes d’ici 2027, étant donné que la Russie fournit 40 % des besoins en gaz de l’Union européenne.

    Des négociations vigoureuses se déroulent au sein de l’Union européenne pour approuver le sixième paquet de sanctions contre la Russie, qui comprend un embargo sur le pétrole russe.

    Il convient de noter qu’ »Israël » extrait son gaz des territoires maritimes qui sont en litige avec le Liban, en particulier le champ de Karish.

    Almayadeen, 30 mai 2022

    #Israël #UE #Egypte #Gaz #Russie #Liban

  • Algérie. Messages éloquents du président Tebboune à l’Espagne

    Algérie. Messages éloquents du président Tebboune à l’Espagne

    Algérie, Espagne, Sahara occidental, Maroc, gaz,

    Le discours du président Abdelmadjid Tebboune, lors de la visite d’Etat qui l’a conduit en Italie, n’a pas été sans messages éloquents adressés directement à l’Espagne, dont le gouvernement dirigé par Pedro Sanchez se trouve dans une situation peu enviable, puisqu’il a adopté la décision de soutenir le projet d’autonomie proposé par le Régime marocain du Makhzen concernant le Sahara Occidental.

    Le président Tebboune a déclaré lors d’une conférence de presse qu’il a tenue jeudi avec son homologue italien, Sergio Mattarella, que « l’Italie sera le distributeur du gaz algérien en Europe », une déclaration qui semble normale tant que Rome est le partenaire traditionnel de l’Algérie dans le domaine de l’énergie. et d’autres secteurs, mais c’est assez loin de là.

    L’Italie est le premier client de l’Algérie dans le domaine du gaz, et le gazoduc Trans-Med « Enrico Mattei », reliant le sol algérien et italien à travers la Tunisie, est le premier du genre dans l’histoire, bien que l’Algérie dispose de deux gazoducs la reliant à l’Espagne , à savoir « Medgaz » et le gazoduc Maghreb-Europe (MEG ; également connu sous le nom de gazoduc Pedro Duran Farell ou Gazoduc Maghreb Europe – GME) qui a été suspendu par décision de l’Algérie depuis début novembre dernier, le partenariat avec Madrid n’a pas pas à la hauteur du partenariat entre l’Algérie et Rome.

    Le discours du président Tebboune, s’il exprimait le niveau de confiance entre l’Algérie et l’Italie, était en passe d’envoyer un message au Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, qui a trahi le pacte et vendu la position de son pays à un « prix bon marché » à un régime qui ne mérite pas ce privilège, qui est le régime makhzen qui ne tient pas compte de l’amitié et des coutumes.

    Jusqu’à récemment, l’Espagne était sur le point de devenir un distributeur exclusif du gaz algérien vers les pays européens, et pour cela, elle a construit d’énormes infrastructures dans le domaine du stockage et du transfert de gaz et y a dépensé des milliards d’euros, et destiné à utiliser dans le stockage importé du gaz algérien par gazoducs. Pourtant, dans un moment de folie politique, Pedro Sanchez a commis une folie en s’opposant gratuitement à l’Algérie, lorsqu’il a abandonné la position historique de son pays sur la question du Sahara Occidental, et il est conscient de la sensibilité de ce dossier pour un partenaire comme l’Algérie.

    Malheureusement pour la partie espagnole, sa mauvaise décision est venue au mauvais moment, c’est-à-dire dans un contexte où le monde connaît une crise énergétique étouffante due à la guerre russo-ukrainienne, qui a fait monter ses prix à des niveaux record qui n’ont pas été enregistrés depuis près d’une décennie et a accru la pression interne sur le pays. Le Premier ministre de Madrid, dont le gouvernement était seul responsable de la crise diplomatique avec l’Algérie et de ses répercussions sur les affaires intérieures espagnoles, après que les autorités algériennes eurent décidé de revoir les prix du gaz exporté vers l’Espagne, à l’exclusion des autres pays importateurs Gaz algérien.

    Le message du président Tebboune de Rome à Madrid est également intervenu le jour où le Parlement espagnol discutait d’un changement de position du gouvernement Sanchez sur la question du Sahara occidental, ce qui a intensifié la pression sur le parti socialiste au pouvoir, plus menacé que jamais par la chute de son gouvernement. La coalition, à environ un an de la date des prochaines élections législatives, devrait être fatale aux socialistes espagnols, selon de nombreux observateurs.

    Le même jour, après d’intenses discussions, le Parlement espagnol a appelé pour la troisième fois en environ deux semaines, le Premier ministre Pedro Sanchez, à corriger la position de son pays sur la question sahraouie, et a exigé qu’il revienne soutenir le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination, qui est la position historique de Madrid en tant que puissance coloniale qui dirige les zones sahraouies occupées, alors qu’il n’est pas exclu que la pression sur le gouvernement Sanchez s’intensifie s’il ne répond pas aux demandes répétées du Parlement à cet égard.

    Ce qui est remarquable dans cette affaire, c’est que le parti de gauche Podemos, qui fait partie de la coalition gouvernementale, a continué à se tenir aux côtés des différentes composantes de la scène politique qui rejettent la position de Sanchez sur la question du Sahara occidental, ce qui l’a isolé chez lui au milieu de la propagation de doutes sur le fait de devenir un otage entre les mains du régime marocain du makhzen, qui a réussi à accéder à des secrets sur son téléphone portable qui a fait l’objet d’espionnage à travers le programme sioniste « Pegasus », alors qu’à l’extérieur, il reste rejeté par un partenaire avec la taille de l’Algérie, qui le faisait menacer de la chute de son gouvernement, à la lumière des multiples scandales qui ont accompagné la normalisation des relations de son pays avec le régime marocain du Makhzen.

    Mohamed Moslem

    Echouroukonline, 28 mai 2022

    #Algérie #Espagne #SaharaOccidental #Gaz #Maroc

  • Le Dr Mebtoul sur la visite de Tebboune en Italie

    Le Dr Mebtoul sur la visite de Tebboune en Italie

    Algérie, Italie, Abdelmadjid Tebboune, gaz, Méditerranée,

    Dans le cadre du respect mutuel, les relations politiques entre l’Algérie et l’Italie sont excellentes. Cette présente contribution s’appesantit sur la situation des économies de l’Italie et de l’Algérie et les perspectives de la coopération économique ( voir notre interview au site américain Maghreb Voices et Tv Ennahar 26/05/2022)

    1.-Le produit intérieur brut PIB de l’Italie est prévu pour 2022 à 2272 milliards de dollars, un accroissement de 4,2% par rapport à 2021 , dont le PIB a été de 2021 milliards de dollars , la classant la 8ème économie mondiale , pour une population d’ environ 60 millions d’habitants au 01 janvier 2022. Les réserves de change dépassent les 230 milliards de dollars dont 2451,8 tonnes d’or dont la valeur dépasse les 80 milliards de dollars. Les importations de biens en 2020 ont été de 422,87 milliards de dollars et de services 91,61 milliards de dollars soit au total 514,48 milliards de dollars. Quant aux exportations, elles ont été de 496,12 milliards de dollars et des services 86,53 milliards de dollars soit au total :582,65 milliards de dollars . Une reprise a été constatée en 2021 où l’excédent commercial de l’Italie a atteint 50,4 milliards d’euros bien qu’en , en baisse par rapport aux 63,17 milliards enregistrés en 2020 selon l’Institut national des statistiques (Istat) La dette publique de l’Italie s’est élevé à 153,5% du PIB en 2021, en légère baisse par rapport à 2020 (155,6%) mais nettement au-dessus de la limite de 60% prévue par les règles de Maastricht. D’ailleurs la majorité des pays de la zone euro, ont abandonné provisoirement la totale rigueur budgétaire, Rome misant sur une croissance importante en 2022 pour réduire le rapport entre son PIB et sa dette publique, au-dessus de 150 %.

    D’une manière générale, la crise covid-19 et récemment la crise ukrainienne a affecté l’économie italienne, comme toute l’économie mondiale. Dans la phase de reprise en 2022, la croissance devrait s’appuyer sur la mise en œuvre du plan national de relance et de résilience, adossé à des réformes structurelles, l’Italie ayant bénéficié de l’impact positif du plan de relance européen (209 Md€). Mais la reprise des exportations sera dépendante du rythme de celle du commerce mondial et du marché intérieur. Malgré les incertitudes, l’Italie dispose d’une solide industrie manufacturière spécialisée dans des niches à haute valeur ajoutée et intégrée aux chaînes de valeurs mondiales, la deuxième européenne après l’Allemagne. Structurée autour de PME dynamiques, elle est la source de l’excédent commercial. Mais comme impact de cette situation mondiale incertaine, les conséquences sociales où selon les statistiques de Bruxelles, le chômage a atteint environ 12% en 2021, affectant davantage les jeunes (taux de chômage à 29,3% en 2019) et creusant les écarts entre les régions riches et les régions pauvres , entre le nord et le sud (17,6%), un plan d’action étant en cours pour éviter l’accroissement des disparités régionales.

    2.-Qu’en est-il des relations commerciales Algérie –Italie où le PIB algérien est d’environ 160 milliards de dollars en 2021, des réserves de change fin 2021 à 44 milliards de dollars pour une population au 01 janvier 2022 d’environ 45 millions d’habitants Nous avons pour 2021 environ 37 milliards de dollars d’exportation devant préciser que 34,5 milliards de dollars d’exportation, avec les dérivées provenant des hydrocarbures et que sur les 4,5 milliards de dollars hors hydrocarbures, pour 2021, plus de 2,5 étant des dérivées d’hydrocarbures déjà inclus dans les recettes de Sonatrach de 34,5 milliards de dollars. L’on devra éviter de faire un double emploi entre les statistiques de Sonatrach et celles du Ministère du commerce. Quant aux importations, pour 2021, elles sont estimées par FMI à environ 46 milliards de dollars d’importation, y compris les services, environ 6 milliards de dollars.. C’est que l’Italie reste le premier client de l’Algérie, l’Italie achetant annuellement plus du tiers du gaz algérien exporté, tandis qu’elle occupe la deuxième place parmi les pays de l’Union européenne (UE) fournisseurs de l’Algérie.

    En 2020, le volume global des échanges commerciaux entre l’Algérie et l’Italie a atteint près de 6 milliards de dollars (USD), dont 3,5 milliards USD d’exportations algériennes vers l’Italie (notamment des hydrocarbures) et 2,42 milliards USD d’importations de ce pays (des équipements surtout). Pour 2021, elles ont connu un accroissement s’établissant à 8,5 milliards de dollars dont 6,6 milliards de dollars d’exportation de l’Algérie, donc un déficit commercial positif pour l’Algérie. Le secteur des hydrocarbures occupe une place importante dans la relation économique algéro-italienne, grâce notamment au partenariat entre le Groupe Sonatrach et le groupe énergétique italien Eni, présent depuis 1981 en Algérie. Les deux Groupes gèrent le Gazoduc TransMed, aussi appelé Enrico Mattei, reliant l’Algérie à l’Italie via la Tunisie, d’une capacité d’un volume allant jusqu’à 32 milliards de m3 de gaz algérien vers l’Italie, ayant exporté en 2021 environ 21 milliards de mètres cubes gazeux à travers cette canalisation ,. Espérons l’activation du projet Galsi gelé depuis 2012 qui devait approvisionner la Sardaigne et la Corse d’une capacité » de 8 milliards de mètres cubes gazeux ( voir conférence du Pr Mebtoul en 2012- www.google.com sur ce sujet lors d’une tournée en Italie) .

    Mais l’important de la visite du président de la république Abdelmadjid Tebboune en Italie est de diversifier la coopération économique certes dans l’énergie mais surtout d’impulser les segments hors hydrocarbures dont les infrastructures, les PME, l’innovation technologique, l’agro-industriel et les télécommunications et sur le plan politique de consolider davantage les réalisations bilatérales avec l’objectif commun de promouvoir une plus grande stabilité et prospérité dans la région méditerranéenne. C’est dans ce cadre que récemment l’ambassadeur d’Italie en Algérie , Mr Giovanni Pugliese, a exprimé son souhait de voir la coopération bilatérale entre Alger et Rome se diversifier, en particulier sur le plan économique, souhaitant « qu’une place de choix soit réservée à l’Italie dans le cadre de ces réformes je le cite « nous avons beaucoup d’espoir dans les réformes économiques en cours en Algérie et surtout dans l’amélioration du climat des affaires, ainsi que des réformes bancaires », même position que al récente visite du Medef français.

    3.-En attendant de nouveaux investissements en cours, à court terme, pouvant suppléer pour l’Italie environ 3 à 4 milliards de mètres cubes gazeux maximum à court terme Comme je l’ai rappelé dans plusieurs contributions nationales et internationales ( voir www.gogle.com février-mars 200[M1] ) sous réserve de sept conditions, l’Algérie horizon 2025/2027, pourrait doubler les capacités d’exportations de gaz environ 80 milliards de mètres cubes gazeux, actuellement entre 10/11% du marché européen , avec une part entre 20/25% de l’approvisionnement de l’Europe horizon 2025/2027.

    La première condition concerne l’amélioration de l’efficacité énergétique et une nouvelle politique des prix renvoyant au dossier de subventions.

    La deuxième condition est relative à l’investissement à l’amont pour de nouvelles découvertes d’hydrocarbures traditionnels, tant en Algérie que dans d’autres contrées du monde. « Sonatrach ayant une expérience internationale mais pouvant découvrir des gisements non rentables financièrement devant éviter les effets d’annonces avant de déterminer la réelle rentabilité .

    La troisième condition , est liée au développement des énergies renouvelables (actuellement dérisoire moins de 1% de la consommation globale) devant combiner le thermique et le photovoltaïque le coût de production mondial a diminué de plus de 50% et il le sera plus à l’avenir où , avec plus de 3 000 heures d’ensoleillement par an, l’Algérie a tout ce qu’il faut pour développer l’utilisation de l’énergie solaire.

    La quatrième condition , selon la déclaration de plusieurs ministres de l’Énergie entre 2013/2020, l’Algérie compte construire sa première centrale nucléaire en 2025 à des fins pacifiques, pour faire face à une demande d’électricité galopante.

    La cinquième condition, est le développement du pétrole/gaz de schiste, selon les études américaines , l’Algérie possédant le troisième réservoir mondial, d’environ 19 500 milliards de mètres cubes gazeux, mais qui nécessite, outre un consensus social interne, de lourds investissements, la maîtrise des nouvelles technologies qui protègent l’environnement et des partenariats avec des firmes de renom.

    La sixième condition, consiste en la redynamisation du projet GALSI, Gazoduc Algérie-Sardaigne-Italie, qui devait être mis en service en 2012 d’une capacité de /8 milliards de mètres cubes gazeux. Espérons que la visite du premier ministre italien relancera ce projet

    La septième condition est l’accélération de la réalisation du gazoduc Nigeria-Europe via l’Algérie d’une capacité de plus de 33 milliards de mètres cuves gazeux mais nécessitant selon les études européennes de 2019 environ 20 milliards de dollars et nécessitant l’accord de l’Europe principal client. Cependant l’avenir appartenant à l’hydrogène comme énergie du futur.

    4. Un des axes pour continuer à honorer les engagements internationaux , selon les prévisions du ministère de l’énergie sont le développement des énergies renouvelables et l’efficacité énergétique tout en attirant les IDE étrangers dont les différents contrats INIE /SONATRACH pour avoir 40% des énergies renouvelables pour couvrir la consommation intérieure, horizon 2028/2030 où actuellement malgré les discours cela représente à peine 1% en 2021. La différence d’environ 20 milliards de mètres cubes, utilisant ainsi le Transmed via Italie qui fonctionne en sous capacité, gazeux peut servir à l’exportation, étant souhaitable que l’annonce du câble électrique sous-marin reliant l’Algérie à la Sardaigne, un vieux projet mais stratégique, soit alimenté par les énergies renouvelables. C’est que nous avons assisté à une baisse des exportations du gaz en volume étant passé de plus de 65 milliards de mètres cubes gazeux vers les années 2007/2008 à 43 en 2021 dont 70% par canalisation et 30% par GNL, idem pour le pétrole plus de 1 millions de barils/j à 500.000 barils/j pour les exportations durant la même période , la consommation intérieure qui va à un rythme exponentiel étant presque identique aux exportations, risquant entre 2025/2030 de représenter presque 80% des exportations actuelles au même rythme de l’actuel modèle e consommation, posant d’ailleurs l’épineux dossier des subventions.( voir audit sous la direction du Pr Mebtoul, assisté des cadres Sonatrach d’experts et du bureau d ‘études américain Ernst & Young 2007/2008 le dossier des carburants). D’où l’importance d’un renouveau de la loi des hydrocarbures pour attirer les investisseurs . Mais surtout sous réserve d’avoir une vision stratégique de la transition énergétique , ( Mix énergétique), l’Algérie est un acteur stratégique de l’approvisionnement de l’Europe à moyen terme.

    En conclusion, la coopération entre l’Algérie et l’Italie ne concerne pas seulement le volet économique, mais les volets politiques, sécuritaires, et culturels. Sur le plan économique, l’Italie a une longue expérience d’intégration de la sphère informelle qui était dominante par le passé, au sein de la sphère réelle et également un vivier d’expériences pour la dynamisation des PMI/PME qui en fonction de l’adaptation aux situations sociales peut être bénéfique pour l’Algérie dans le cadre de ses réformes structurelles , déterminantes entre 2022/2025, devant concilier l’efficacité économique et la nécessaire cohésion sociale. En bref, puissent les relations algéro-italiennes s’intensifier afin de faire du bassin méditerranéen un lac de paix et de prospérité partagé.

    Professeur des  universités, expert international Dr Abderrahmane MEBTOUL,

    #Algérie #Italie #Gaz #Tebboune

  • Algérie: l’alternative au gaz russe?

    Algérie: l’alternative au gaz russe?

    Algérie, Gaz, Italie, Europe, Russie,

    Le président algérien Tebboune est à Rome, en Italie, pour parler des questions gazières. L’Algérie n’a jamais été aussi courtisée en ces temps de sanctions contre la Russie.

    Le gaz algérien comme substitut au gaz russe sur les marchés ? Totalement personne ne l’envisage, mais partiellement, certains pays font tout pour que cela devienne une réalité. C’est le cas de l’Italie, qui importait jusque-là 45 % de son gaz de Russie et qui est le premier acheteur européen de gaz algérien via le gazoduc Transmed. Le pays a multiplié les rencontres avec les autorités algériennes et a réussi en avril à conclure un accord pour des livraisons accrues de gaz. Mais au-delà de leur volonté d’aider ou non l’Europe, les Algériens ont-ils les capacités d’accroître rapidement leur production pour répondre à toutes les demandes à venir ?

    À court terme, la demande sera difficile à satisfaire
    D’ici quelques années, l’Algérie pourrait mettre à disposition quelques dizaines de milliards de m3 supplémentaires sur le marché, selon les déclarations d’Ali Hached, l’ancien vice-président de la Sonatrach, géant algérien du gaz et du pétrole, en février dernier.

    « Mais dans l’immédiat, les marges de négociations sont réduites au vu des faibles quantités additionnelles disponibles rapidement », confirme un expert algérien. Notre interlocuteur pointe un choix stratégique que le pays doit faire : une fraction du gaz algérien sert à maintenir la pression des gisements de pétrole.

    Puiser dans ces quantités disponibles, c’est courir le risque de réduire les capacités de production du pays en or noir demain. Sachant qu’aucun appel d’offre n’a par ailleurs été lancé ces dernières années et qu’entre une découverte et une mise en production, il faut compter en moyenne 5 ans, l’Algérie aura effectivement du mal à augmenter de manière significative ses capacités de production à très court terme.

    L’Algérie possède moins de 2 % des réserves mondiales de gaz conventionnel

    L’autre question est celle des réserves de gaz qui permettraient au pays d’assurer une durabilité d’approvisionnement. Le chiffre est a priori technique, mais en réalité très politique. Les données officielles sont rares sur le sujet. Selon l’édition 2021 du BP Statistical Review, rapport de référence dans le domaine de l’énergie, l’Algérie possédait, en 2020, 1,2 % des réserves mondiales connues de gaz naturel – soit 2 300 milliards de m3. La tendance est à une baisse graduelle de ces réserves. Il n’y a en effet pas eu de découverte majeure depuis des années, et en revanche la consommation interne ne fait qu’augmenter.

    L’Algérie possède cependant un autre atout : elle abrite les troisièmes réserves mondiales de gaz de schiste. Mais celles-ci ne sont pour l’heure pas du tout exploitées et demanderaient de gros moyens techniques et financiers pour l’être. Après une tentative d’exploration avortée dans le sud du pays, le président Tebboune a promis un débat national sur le sujet.

    RFI, 26 mai 2022

    #Algérie #Gaz #Europe #Italie #Russie

  • Combien de temps faudra-t-il à l’Italie pour se passer du gaz russe ?

    Combien de temps faudra-t-il à l’Italie pour se passer du gaz russe ?

    Italie, Ukraine, Russie, gaz, Union Européenne, UE, Algérie,

    Le gouvernement italien a déclaré à plusieurs reprises qu’il prévoyait de mettre fin à sa dépendance à l’égard de la Russie pour l’approvisionnement en gaz après l’invasion de l’Ukraine. Mais comme le calendrier ne cesse de changer, quand et comment cela pourrait-il se produire ?

    L’Italie est fortement dépendante du gaz russe, mais elle cherche de nouvelles sources depuis l’invasion de l’Ukraine par Moscou dans le cadre d’un effort visant à mettre fin à cette dépendance dans les années à venir.

    Mais on ne sait toujours pas si l’Italie peut vraiment mettre fin à sa dépendance à l’égard de la Russie pour son approvisionnement en gaz – ou quand cela pourrait être réalisable.

    Depuis l’invasion de l’Ukraine par Moscou, le gouvernement italien cherche de nouvelles sources d’approvisionnement, notamment par le biais d’un accord récent visant à augmenter les fournitures en provenance d’Algérie.


    Le Premier ministre Mario Draghi a déclaré la semaine dernière que le pays pourrait être indépendant du gaz russe d’ici la seconde moitié de 2024 – la dernière d’une série d’estimations changeantes.

    « Les estimations du gouvernement indiquent que nous pouvons nous rendre indépendants du gaz russe au second semestre 2024 », a déclaré M. Draghi au Sénat, tout en ajoutant que les « premiers effets » de ce plan se feraient sentir dès la fin de cette année.

    Il a ajouté que son gouvernement cherchait également à stimuler sa production d’énergies renouvelables, notamment en « détruisant les barrières bureaucratiques » aux investissements, affirmant que c’était la « seule façon » de libérer l’Italie de l’obligation d’importer des combustibles fossiles.

    En avril, le ministre italien de la transition écologique, Roberto Cingolani, a estimé que le pays n’aurait plus besoin de gaz russe dans les 18 mois, après avoir prédit que cela pourrait prendre jusqu’en 2025.

    L’Italie est l’un des plus grands utilisateurs et importateurs de gaz naturel d’Europe. Elle importe 90 % de son approvisionnement en gaz, dont 45 % en provenance de Russie, contre 27 % il y a dix ans.

    L’Italie importe aujourd’hui 29 milliards de mètres cubes de gaz russe par an, que M. Cingolani a déclaré en mars « devoir être remplacé », sans toutefois préciser par quoi.

    Les analystes ont déclaré qu’il y a « beaucoup de questions » sur l’utilité de l’accord gazier entre l’Italie et l’Algérie.

    Malgré ses vastes réserves de gaz naturel, l’Algérie exporte déjà à près de sa capacité maximale.

    La semaine dernière, M. Draghi a répété qu’il soutenait fermement les sanctions de l’UE à l’encontre de Moscou, notamment une proposition d’interdiction des importations de pétrole russe, bien que cette mesure soit actuellement bloquée par la Hongrie.

    « Nous devons continuer à maintenir la pression sur la Russie par le biais de sanctions, car nous devons amener Moscou à la table des négociations », a-t-il déclaré.

    Mais pour l’instant, le géant italien de l’énergie Eni a déclaré qu’il prévoyait de payer ses fournitures de gaz russe en roubles, répondant ainsi à une demande de Vladimir Poutine.

    Il n’était pas clair dans l’immédiat si ce plan pouvait tomber sous le coup des sanctions de l’Union européenne, bien qu’Eni ait déclaré qu’il n’était « pas incompatible ».

    La société a déclaré que sa décision d’ouvrir les comptes a été « prise en conformité avec le cadre actuel des sanctions internationales » et que les autorités italiennes avaient été informées.

    Thelocal.it, 25 mai 2022

    #Italie #Gaz #Russie #Union_européenne #UE #Ukraine #Algérie

  • Voici comment l’Europe a été poussée au suicide économique

    Voici comment l’Europe a été poussée au suicide économique

    Europe, Etats-Unis, Chine, Russie, Mackinder, OTAN, Allemagne, Nord Stream 2, gaz,

    Avec l’aide active des « dirigeants » européens, les États-Unis parviennent à ruiner l’Europe.

    Comme l’écrivait Michael Hudson, professeur et chercheur en économie à l’université du Missouri à Kansas City, début février, avant l’intervention de la Russie en Ukraine :

    L’Amérique n’a plus la puissance monétaire, l’excédent commercial et une balance des paiements toujours positive qui lui permettait d’élaborer les règles du commerce et de l’investissement dans le monde depuis 1944-45. La menace qui pèse sur la domination américaine est que la Chine, la Russie et le cœur de l’île-monde eurasienne de Mackinder offrent de meilleures opportunités de commerce et d’investissement que celles offertes par les États-Unis, qui demandent de plus en plus désespérément des sacrifices à leurs alliés de l’OTAN et autres.

    L’exemple le plus flagrant est la volonté des États-Unis d’empêcher l’Allemagne d’autoriser la construction du gazoduc Nord Stream 2 afin d’obtenir du gaz russe pour les prochains froids. Angela Merkel s’est mise d’accord avec Donald Trump pour dépenser un milliard de dollars dans la construction d’un nouveau port GNL afin de devenir plus dépendante du GNL américain, dont le prix est élevé. (Le plan a été annulé après que les élections américaines et allemandes ont changé les deux dirigeants). Mais l’Allemagne n’a pas d’autre moyen de chauffer un grand nombre de ses maisons et immeubles de bureaux (ou d’approvisionner ses entreprises d’engrais) que le gaz russe.

    Le seul moyen qui restait aux diplomates américains pour bloquer les achats européens était d’inciter la Russie à lancer une réponse militaire, puis de prétendre que la réplique à cette réponse doit l’emporter sur tout intérêt économique purement national. Comme l’a expliqué la sous-secrétaire d’État aux affaires politiques, Victoria Nuland, lors d’un point de presse du département d’État, le 27 janvier : « Si la Russie envahit l’Ukraine, d’une manière ou d’une autre, le Nord Stream 2 n’avancera plus ». Le problème est de créer un incident suffisamment offensif et de dépeindre la Russie comme l’agresseur.

    À la mi-février, un observateur de l’OSCE notait que les bombardements d’artillerie sur le Donbass par les Ukrainiens était passé d’une poignée à plus de 2 000 explosions par jour. La Russie a réagi à ces préparatifs d’attaque en reconnaissant les républiques du Donbass, en signant des accords de défense avec elles et en leur venant finalement en aide.

    Peu après le lancement de l’opération militaire russe, le professeur Hudson a approfondi ses réflexions :

    La récente provocation de la Russie par l’expansion de la violence ethnique anti-russe par le régime néo-nazi ukrainien de Maiden post-2014 vise à provoquer une épreuve de force. Elle répond à la crainte des intérêts américains de perdre leur emprise économique et politique sur leurs alliés de l’OTAN et d’autres satellites de la zone dollar, car ces pays ont vu leurs principales opportunités de gain dans l’augmentation de leur commerce et de leurs investissements avec la Chine et la Russie. …

    Comme l’a expliqué le président Biden, l’escalade militaire actuelle (« en agaçant l’ours ») ne concerne pas vraiment l’Ukraine. Biden a promis dès le départ qu’aucune troupe américaine ne serait impliquée. Mais il exige depuis plus d’un an que l’Allemagne empêche le gazoduc Nord Stream 2 d’approvisionner son industrie et ses logements en gaz à bas prix et se tourne vers les fournisseurs américains, dont les prix sont beaucoup plus élevés. …

    L’objectif stratégique américain le plus urgent de la confrontation entre l’OTAN et la Russie est la flambée des prix du pétrole et du gaz. En plus de créer des profits et des gains boursiers pour les entreprises américaines, les prix plus élevés de l’énergie vont faire perdre une grande partie de sa vapeur à l’économie allemande.

    Au début du mois d’avril, le professeur Hudson refaisait un point sur la situation :

    Il est maintenant clair que la nouvelle guerre froide a été planifiée il y a plus d’un an par les États-Unis, avec la stratégie de bloquer le Nord Stream 2 dans le cadre de son objectif d’empêcher l’Europe occidentale (« OTAN ») d’augmenter sa prospérité par le commerce et les investissements mutuels avec la Chine et la Russie. …

    Ainsi, les régions russophones de Donetsk et de Louhansk ont été bombardées avec une intensité croissante, et comme la Russie s’abstenait de répondre, des plans auraient été élaborés pour lancer une grande épreuve de force en février dernier ;- une attaque lourde de l’Ukraine occidentale organisée par des conseillers américains et armée par l’OTAN. …

    Avant la guerre des sanctions, le commerce et les investissements européens promettaient une prospérité mutuelle croissante grâce aux relations entre l’Allemagne, la France et d’autres pays de l’OTAN d’un côté et la Russie et de la Chine de l’autre. La Russie fournissait une énergie abondante à un prix compétitif, et cet approvisionnement énergétique devait faire un bond en avant avec Nord Stream 2.

    L’Europe devait gagner les devises étrangères nécessaires pour payer ce commerce d’importation croissant en exportant davantage de produits industriels vers la Russie et en investissant dans la reconstruction de l’économie russe, par exemple par des entreprises automobiles allemandes, des avions et des investissements financiers. Ce commerce et ces investissements bilatéraux sont désormais interrompus pour de très nombreuses années, étant donné la confiscation par l’OTAN des réserves étrangères de la Russie conservées en euros et en livres sterling.

    La réponse européenne à la guerre par procuration des États-Unis contre la Russie est basée sur une moralisation hystérique menée par les médias, ou alors une hystérie moralisatrice. Elle n’était et n’est toujours ni rationnelle ni réaliste.

    Les « dirigeants » européens ont décidé que le suicide économique de l’Europe était nécessaire pour montrer à la Russie que Bruxelles était sérieusement fâchée. Des gouvernements nationaux imbéciles, y compris celui de l’Allemagne, ont suivi ce programme. S’ils continuent sur leur lancée, le résultat sera une désindustrialisation complète de l’Europe occidentale.

    Pour reprendre les termes d’un observateur sérieux :

    Aujourd’hui, nous constatons que pour des raisons purement politiques, poussés par leurs propres ambitions, et sous la pression de leur suzerain américain, les pays européens imposent davantage de sanctions sur les marchés du pétrole et du gaz, ce qui entraînera davantage d’inflation. Au lieu d’admettre leurs erreurs, ils cherchent un coupable ailleurs. …

    On a l’impression que les politiciens et les économistes occidentaux oublient tout simplement les lois économiques de base ou choisissent simplement de les ignorer. …

    Dire non à l’énergie russe signifie que l’Europe deviendra systématiquement et durablement la région du monde la plus coûteuse en ressources énergétiques. Oui, les prix vont augmenter, et des ressources vont aller contrer ces hausses de prix, mais cela ne changera pas la situation de manière significative. Certains analystes affirment que cela portera gravement, voire irrévocablement, atteinte à la compétitivité d’une partie importante de l’industrie européenne, qui perd déjà du terrain au profit d’entreprises d’autres régions du monde.

    Maintenant, ces processus vont certainement s’accélérer. Il est clair que les possibilités d’activité économique, avec ses améliorations, quitteront l’Europe pour d’autres régions, tout comme les ressources énergétiques de la Russie.

    Cet autodafé économique… ce suicide est, bien sûr, l’affaire interne des pays européens. …

    Or, les actions erratiques de nos partenaires – c’est ce qu’elles sont – ont entraîné une croissance de facto des revenus du secteur pétrolier et gazier russe, en plus des dommages causés à l’économie européenne. …

    En comprenant les mesures que l’Occident prendra dans un avenir proche, nous devons tirer des conclusions à l’avance et être proactifs, en tournant les mesures chaotiques irréfléchies de certains de nos partenaires à notre avantage pour le bien de notre pays. Naturellement, nous ne devons pas espérer que leurs erreurs se répètent. Nous devons simplement, pratiquement, partir des réalités actuelles, comme je l’ai dit.

    Tiré du discours de Vladimir Poutine, lors d’une réunion sur le développement de l’industrie pétrolière, 17 mai 2020, Kremlin, Moscou

    Moon of Alabama

    Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone

  • Les bases de la transition énergétique

    Les bases de la transition énergétique

    Algérie, énergie renouvelable, Ukraine, Russie, gaz,

    Au moment où l’Algérie s’engage sur la voie des énergies renouvelable, des experts préviennent qu’il existe encore des problèmes en amont qui doivent trouver solutions en parallèle à cet emballement. Faute de quoi, tout ne serait qu’envoûtement par la dynamique en cours dans plusieurs pays, qui s’inscrit sur le registre de la préservation de la nature et est considéré, surtout, comme ressource énergétique renouvelable pour remplacer le plus rapidement possible des énergies fossiles dont ils manquent affreusement. Un manque qui a réduit leur liberté d’action dans leur soutien à l’Ukraine face à la Russie, qui approvisionne l’Europe en gaz à hauteur de 40%.

    Certes, comme le soulignent les spécialistes, grâce à un ensoleillement annuel moyen évalué à 3000 heures, avec un territoire composé de 86% de désert saharien et par son positionnement géographique, l’Algérie possède le champ solaire le plus important au monde, qui doit bien servir ses intérêts dans l’avenir, mais est-ce pour autant une raison d’y aller à la même vitesse que des pays importateurs d’énergie fossile, qui n’ont pas d’autres options que de chercher à s’affranchir de cette dépendance aux pays producteurs/exportateurs de pétrole et de gaz ?

    Les ENR sont l’avenir, mais dans le temps présent, il s’agit de veiller à mettre en place des bases solides pour assurer la transition énergétique carbonée vers le renouvelable, de la manière la plus sûre. Il s’agit de la sécurité énergétique du pays dans trente ans ou plus, le temps d’arriver à l’épuisement des énergies fossiles, et garantir la compétitivité de l’énergie solaire, sur laquelle mise le pays.

    Est-ce que l’Algérie possède les ressources humaines adaptées à la nouvelle vision énergétique ? Pas assez. L’ex-ministre de la Transition énergétique et des Energies renouvelables, le professeur Chems-Eddine Chitour, préconise dans ce sens la création dans le pays d’un institut de la transition énergétique rassemblant les compétences intellectuelles pour œuvrer ensemble à trouver des solutions et des alternatives pour passer des énergies fossiles aux énergies renouvelables dans les prochaines années. Il a souligné, à ce propos, lors d’une rencontre sur la sécurité énergétique, tenue lundi à l’Université Sétif-1, l’importance de former les ressources humaines dans ce domaine pour atteindre cet objectif.

    Il a également appelé à établir des partenariats de coopération avec des pays amis, dont l’Allemagne et l’Italie, pour construire une base dans ce domaine, estimant que l’Algérie «possède tous les moyens pour une transition énergétique véritable vers les énergies renouvelables mais a besoin de la faire méthodiquement». Sans l’énergie des ressources humaines, pas d’énergie naturelle.

    De son côté, l’expert dans le domaine énergétique, Pr. Abdelmadjid Attar, a souligné par la même occasion que la transition énergétique est «une solution qui reste insuffisante sans alternatives économiques», insistant sur «l’importance de créer des ressources nouvelles agricoles, minières, touristiques et de services». L’Algérie a bien commencé à parler des ENR depuis deux décennies, sans avoir mis en œuvre les moyens de cette politique énergétique. Il y a, donc, beaucoup à faire sur le chemin des ENR.

    par Abdelkrim Zerzouri

    Le Quotidien d’Oran, 19 mai 2022

    LIRE AUSSI : L’Algérie s’apprête à lancer un appel d’offres pour les IPP d’énergie renouvelable

    LIRE AUSSI : Algérie. Energie solaire : Lancement d’un mégaprojet

    LIRE AUSSI : Comment l’Algérie peut contribuer à la sécurité énergétique de l’UE

    #Algérie #Gaz #Energie_renouvelable #Hydrogène #Russie #Ukraine


  • Les deux perdants avec l’invasion de l’Ukraine

    Biden, États-Unis, gaz, OTAN, Pétrole, Poutine, Russie, Union européenne,

    Il peut être opportun d’analyser la guerre en d’autres termes et d’aller au-delà de la simple confrontation entre la Russie et l’OTAN. Ce qui est en jeu, c’est notre avenir et, sur ce plan, il y a des forces qui gagnent.

    Formulons la guerre en Ukraine en d’autres termes . Un pays dont la force réside dans les armes et les réserves d’énergie, et dont la cohésion nationale dépend d’un nationalisme qui atténue le sentiment d’humiliation, envahit un pays voisin qui, enle passé en faisait partie. La démonstration de force veut montrer au monde que la Russie est redevenue grande. Le principal ennemi dans cette guerre, du point de vue de Poutine , n’est pas le peuple ukrainien, pas même l’OTAN, mais les États-Unis, qui sont le pays qui a mené la réaction, dirigeant et encourageant ses partenaires de l’OTAN, insistant à plusieurs reprises sur la nécessité de découplage avec l’énergie russe, et prônant désormais une longue guerre qui épuise la Russie. Les États-Unis sont un pays qui a ses principaux atouts dans les armes et l’énergie, puisque grâce à la fracturation hydraulique , il a considérablement augmenté sa production de pétrole et de gaz, dans lequel le nationalisme est profondément ancré et dans lequel la moitié du pays estime que l’objectif principal devrait être de redonner sa grandeur à l’Amérique. Nous sommes donc face à des rivaux directs, car ils rivalisent sur le même plan , alors même que la puissance des États-Unis est bien supérieure à celle de la Russie, et ce d’autant plus que sa puissance dans le domaine financier est difficile à égaler.

    Et c’est significatif, car celui qui a remporté les élections, c’est Biden , dont les lignes d’action , claires dès le début de son mandat, semblaient très différentes : renforcement des capacités internes, reconstruction des infrastructures, grand développement des énergies renouvelables et une nouvelle pacte social. Biden représentait le triomphe d’un autre pays , d’un autre USA, qui voulait sortir de la guerre, des énergies fossiles, qui s’était engagé dans de bonnes relations avec l’Europe, et qui voulait tisser un ordre international loin de ce genre d’enfermement insulaire pour lequel Trump avait parié . L’ Union européenne s’est jointe avec joie à la victoire de Biden , en partie parce quecela signifiait un changement qui lui permettait de tisser de nouvelles affinités , en partie parce qu’il coïncidait avec nombre de ses objectifs. Sur certains points , Biden a même semblé plus audacieux que les dirigeants européens, notamment dans les domaines économiques, puisqu’il a mis sur la table une série d’options qui promettaient de réorienter, au moins en partie, les processus de tensions internes et d’inégalités en Occident. .

    Avec l’arrivée de la guerre, la carte a complètement changé . Rien de ce programme Biden ne décolle, les combustibles fossiles sont à nouveau au centre des priorités, tout comme l’industrie de l’armement, le nouvel accord est oublié et l’argent des investissements va aider l’Ukraine. Dans ce nouveau scénario, la rhétorique de l’establishment américain diffère peu de ce qu’il pouvait dominer à l’ ère Trump . Et la politique étrangère est à nouveau dominée par les positions néoconservatrices , par les armes, le carburant et l’argent.

    Le mépris de l’Europe

    Pour l’Union européenne, ce virage a des conséquences énormes. En premier lieu, parce que son approvisionnement énergétique va être beaucoup plus cher s’il se découple de la Russie, avec toutes les conséquences qui en découlent en termes de pénurie d’approvisionnement et de difficultés pour les familles et les entreprises (et, par extension, pour sa place dans les échanges internationaux ). Deuxièmement, parce qu’enraciner la guerre pour affaiblir la Russie. Cela ne peut se faire sans de grands dommages économiques au continent, ce que les Américains ne subiront pas. Les perspectives d’inflation et de hausse des taux d’intérêt constituent une menace sérieuse pour l’économie des pays et des citoyens européens, tandis que les États-Unis sont mieux préparés à résister à cet assaut. Et le boom définitif des énergies renouvelables en Europe devra être mis entre parenthèses, car peut-être qu’à moyen terme cette impulsion se poursuivra, mais à court terme la priorité sera au pétrole et au gaz, et à la sécurisation des approvisionnements, alors que l’avenir semble pour amener le retour du nucléaire. Nous verrons comment les événements se dérouleront, mais les prévisions pour notre continent sont assez sombres.

    Poutine ne veut pas de l’UE comme interlocuteur parce qu’il nous qualifie de simples serviteurs des États-Unis, et Biden veut un alignement transparent sur l’UE.

    La particularité est que, de plus, aucun des deux grands prétendants ne semble montrer une grande appréciation de l’Europe . Poutine ne veut pas de l’UE comme interlocuteur, car il nous traite de simples serviteurs des États-Unis et son attitude depuis un certain temps consiste à nous rabaisser. Le but du président russe est de négocier une sortie de guerre directement avec Biden , qui comprend qu’il est le seul interlocuteur valable. Et les États-Unis ont leur propre programme : leur engagement dans une guerre prolongée, dans laquelle la Russie s’épuise, est particulièrement mauvais pour l’Europe, qui souffrira d’autant plus que la guerre durera. Alors Poutine , dans son idée de négocier directement avec les États-Unisla sphère d’influence, met la pression sur une Europe qui, d’autre part, est poussée à faire siens les objectifs américains . Il n’est pas surprenant que les présidents français, Emmanuel Macron , et chinois, Xi Jinping , aient conjointement appelé à un cessez-le-feu urgent en Ukraine mardi dernier, car les deux pays sont très intéressés à arrêter la guerre rapidement.

    Bref, ce contexte pose deux problèmes importants pour l’Europe, l’un d’influence, l’autre de projet. Au sein de l’Union, les divergences se creusent autour de l’autonomie dite stratégique. Il y a des pro-européens qui croient que les pays devraient être entièrement alignés sur les États-Unis , et une autre partie, avec en tête la France et une partie de l’Allemagne, qui poussent dans le sens de limiter les ambitions atlantistes. Personne ne doute de l’alliance avec les États-Unis, mais ce qui est en jeu, ce sont les termes de ce partenariat. autonomie stratégique cela signifie la possibilité pour l’Europe de poursuivre ses propres intérêts en toute amitié avec les États-Unis, mais sans perdre de vue le fait qu’elle est une entité autonome. Il y a des pays européens qui pensent que c’est une mauvaise idée, que le lien avec les Etats-Unis doit être complet, et d’autres qui prônent l’établissement d’une marge d’action claire et précise. C’est une autre question européenne qui devra trouver une solution. Le sommet de l’OTAN à Madrid sera intéressant dans ce sens. Bien sûr, la façon dont cette tension sera résolue dictera une grande partie de notre avenir.

    Une vieille connaissance retrouvée

    Mais au-delà de cette politique d’alliances, il faut noter le virage idéologique qui s’est déjà opéré, et qui se traduit par un retour aux postulats néoconservateurs : l’union de l’armement, des énergies fossiles, de la défense et de l’expansion de la sphère financière semble avoir gommé les aspirations qui semblaient s’être installées avec Biden . Et puis il y a le retour des questions culturelles et religieuses au premier plan, avec la fuite de la décision de la Cour suprême des États-Unis sur l’avortement.

    La particularité est que ce retour des budgets néoconservateurs se produit avec un président démocrate à la tête de la Maison Blanche.

    Ce retour est curieux, car il évoque l’après 11 septembre 2001. A ce moment-là, les attentats ont servi aux néoconservateurs pour imposer leurs thèses et appliquer leur agenda. L’Europe a accepté ce virage sans problème, et il y a eu très peu de critiques sur la guerre en Afghanistan, mais au fil du temps, les différences sont devenues apparentes. La guerre en Irak a marqué une nette divergence entre l’axe franco-allemand et les États-Unis. Peut-être que la même chose va se passer maintenant, mais ce qui est étrange, c’est que tout cela se passe avec un président démocrate à la tête de la Maison Blanche.

    Les deux victimes

    Cette vision néoconservatrice, qui instaure clairement une nouvelle guerre froide, fait deux victimes : l’Europe et l’idéologie progressiste. Dans un monde de guerre, de lutte pour les énergies fossiles, de renforcement des dépenses de défense, l’UE est mal préparée, car elle a bâti ses dernières années sur le commerce, les exportations et les importations, les règles internationales et les investissements dans le financier. Elle a perdu beaucoup de ses capacités internes, même dans des domaines stratégiques, ce qui rend très difficile vous pouvez donc désormais compter sur l’autonomie que vous souhaitez. Reconstruire toute cette propre sphère nécessite un investissement et une façon de penser très différente de celle qui nous a amenés ici ; et il ne semble pas que les principaux pays de l’UE soient alignés pour mener les actions pertinentes avec l’intensité qui serait nécessaire.

    Et quant à l’idéologie progressiste, le problème avec l’invasion de l’Ukraine et avec le nouvel ordre du jour est qu’elle change complètement leur démarche. Sans aucun doute, le monde vert, numérique et inclusif auquel ils aspiraient , avec le changement climatique comme grande menace, pâlit devant les temps nouveaux. Beaucoup de ses propositions semblent secondaires à notre époque, où les balles, les guerres commerciales et l’inflation menacent une dépression économique. Aucun des grands pays ne considère le changement climatique comme l’objectif ultime , puisqu’il s’agit désormais d’assurer l’approvisionnement.

    On connaît déjà l’articulation interne des sociétés liées aux armes, aux finances et au nationalisme. L’autre est encore à venir.

    L’ère nouvelle a conduit à un terrain, celui du réalisme et de la géopolitique , celui des tensions entre pays et territoires et celui de l’aggravation des différences entre les classes, auquel la vision progressiste n’était pas préparée. Dans ce contexte, le pari vert et numérique est soumis à la géopolitique, et peut être développé, mais à condition qu’il convienne à cette dernière. C’est le cas européen, ou cela devrait l’être, mais pour parvenir à ce développement, il faudrait faire des investissements très importants, qui ne pourraient être mis en œuvre efficacement qu’en mutualisant les prêts, avec un rôle différent pour la BCE et avec la chute du interdiction des aides d’État, entre autres. Une vision qui est loin d’être dominante en Europe.

    Réinvention

    Cependant, maintenant que les États-Unis ont abandonné les projets que Biden avait en tête, l’ Europe pourrait jouer ses tours et promouvoir d’autres types de politiques. Il n’y a pas que l’énergie, la défense ou l’approvisionnement alimentaire qui sont en jeu, ce qui est suffisant. Il s’agit aussi du type de valeurs, d’économie et de société qu’il faut construire dans cette nouvelle époque qui émerge après la guerre. L’Europe prétendait jouer le rôle de pourvoyeuse de normes, source de règles, de lien international par les valeurs libérales, de paix construite par le commerce et la finance. Cependant, ce rêve a non seulement disparu avec l’invasion de l’Ukraine, mais c’est précisément la confiance aveugle dans cette perspective qui a affaibli la position européenne et l’a conduite à une situation dans laquelle elle n’est pas préparée à affronter les temps présents. L’Europe devrait se réinventer pour qu’en plus de l’armement, de l’énergie et de la finance, il y ait d’autres valeurs dans le monde déglobalisé, pour que cet élan éclairé prenne une nouvelle expression. Cependant, sa situation existentielle est compliquée : alors que la guerre s’éternise, que les hostilités s’intensifient et que le découplage énergétique russe est complet, lachoc en Europe peut être très grand. Soit une nouvelle Europe émerge, soit elle se rétrécit complètement.

    De la même manière, il reste à savoir quelles idéologies seront en jeu dans ces temps à venir. Nous avons déjà la proposition d’articulation interne des sociétés liée à la prééminence de l’armement, des finances et du nationalisme, l’autre reste à venir .

    Quelque chose de curieux est arrivé au progressisme : il parlait constamment du pouvoir, celui exercé par les hommes sur les femmes, celui de la race blanche sur les gens d’une autre couleur de peau, celui de la religion sur les coutumes sociales, celui des vieux sur les jeunes, mais il a oublié de penser au pouvoir des armes, de l’argent et de la géopolitique. Et, dans une certaine mesure, elle entend rester ancrée dans son cadre quand ce n’est plus possible : elle tord les crocs, refusant d’intégrer la nouvelle perspective au moment où elle est dominante.

    Cela arrive aux progressistes comme aux libéraux qui se soucient du maintien des équilibres de pouvoir institutionnels, mais qui ignorent tout ce qui les survole, et que c’est justement ce qui détermine la possibilité de ces équilibres. Il leur est arrivé la même chose à tous les deux : le pouvoir semblait désagréable, dépassé, intrinsèquement négatif : tous deux avaient pour fonction de réguler, d’ordonner et de normaliser. Mais ils ont oublié que seul ce que vous avez est réglementé ; sinon, le pouvoir vous régule. Et cette fois le montre douloureusement.

    Par conséquent, les idéologies dans lesquelles nous avons évolué sont en train de se réinventer. Mais pas parce que la guerre de Poutine a conduit à une époque où tout est nouveau. Au contraire, il signifie le triomphe d’une idéologie spécifique. L’autre, qui était représenté par une double expression, celle de progressisme et celle de libéralisme naïf, est celui qui a perdu et, donc, celui qui devra récupérer, s’il le peut, le terrain perdu par un processus de évolution.

    Esteban Hernández

    Source : El Confidencial, 15/05/2022

    LIRE AUSSI : Ukraine: la Russie a lancé une attaque « préventive »

    LIRE AUSSI : L’UE lance le Plan Marshall européen pour l’Ukraine

    LIRE AUSSI : Ukraine: Plus de 140 avions et 110 hélicoptères détruits -TASS-

    #Ukraine #Russie #France #Allemagne #OTAN #EtatsUnis