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  • Le bilatéral Alger-Moscou et l’enjeu énergétique mondial

    Le bilatéral Alger-Moscou et l’enjeu énergétique mondial

    Le bilatéral Alger-Moscou et l’enjeu énergétique mondial – Russie, gaz, Union Européenne, Ukraine,

    Dans le cas présent, comment l’Algérie doit- elle opérer pour préserver à la fois sa part de marché et ses relations amicales avec Moscou ? Jusqu’à quel point pourrait-elle assurer un équilibre entre les deux ?

    Abderrahmane Mebtoul : L’Algérie dépend à peu près de 90% de ses ressources financières de l’Occident si on ajoute, bien entendu, la zone européenne de la Turquie car on exporte une fraction vers ce pays aussi. De l’autre côté, tout l’armement et les relations miliaires sont à 95% avec la Russie avec laquelle l’Algérie entretient de très bonnes relations sur ce plan, avec pas grand-chose sur le plan des échanges économiques. Et le plus grand concurrent pour la fourniture du gaz à l’Europe est la Russie. Donc on voit la situation paradoxale du pays. Il faut relever que l’Algérie est un pays non-aligné, et dans la dernière résolution des Nations unies, elle a adopté une position de neutralité, elle est connue pour ses positions internationales, constantes et a appelé au respect du droit international.

    Où se situe la place de l’Algérie dans le débat actuel par rapport au projet d’embargo européen sur les hydrocarbures russes et la recherche par l’UE de sources d’approvisionnement compensatoires ?

    L’Europe dépend entre 40-45% de son approvisionnement du gaz russe et à l’intérieur il y a des disparités, l’Allemagne en dépend à plus de 60% et la Finlande à 90%. La résolution de Versailles dit que l’Europe va se passer du pétrole et du gaz russe. Ce sera peut-être possible pour le pétrole mais pas pour le gaz à court terme, ce sera vraiment impossible. Pour le l’Algérie, on a exporté en 2021 un volume de 43 milliards de m3 de gaz, selon les chiffres officiels du gouvernement. Le constat est qu’il y a eu une décroissance en quelques années puisque en 2007-2008 on exportait environ 65 milliards de m3. Cette baisse s’explique par deux raisons. La première est qu’on n’a pas investi au niveau des hydrocarbures, ce qui explique l’action du président de la République de débloquer 40 milliards de dollars sur les 5 prochaines années dont 8 milliards de dollars pour 2022. La deuxième est la hausse de la consommation intérieure. L’Algérie produit environ 100 milliards de m3 gazeux par an, avec 43 milliards pour l’exportation, 42 à 43 milliards pour la consommation intérieure et 10 à 15% pour injection dans les puits pour pouvoir extraire le gaz. J’estime que ce serai déjà bien si on pouvait augmenter nos exportations gazières vers l’Europe via l’Italie de 3 à 4 milliards de m3 cette année. On a deux gazoducs vers l’Europe, le Medgaz qui a une capacité de 10,5 milliards de m3 depuis février 2022, mais nous sommes en train d’exporter vers l’Espagne 8,5 milliards de m3 car les accords d’additionnement n’ont pas encore été conclus. Et il y a le Transmed par lequel on exporte vers l’Italie 21 milliards de m3. Tout ceci explique que, finalement, l’Algérie ne peut pas, à court terme, suppléer le gaz russe, et dans le cas où il y a une capacité un peu plus élevée, elle serait de 3 à 4 milliards de m3. On pourrait doubler notre capacité dans quelques années en passant aux énergies renouvelables.

    La cheffe de la Commission européenne, Ursula Von Der Leyen, a déclaré que, pour s’affranchir du gaz russe, une interconnexion est nécessaire entre l’Espagne et la France. Quel sens donner à cette déclaration sachant que l’Espagne est un gros client de l’Algérie ?

    L’Espagne a une possibilité d’avoir 10,5 milliards de m3 gazeux, mais il y a un problème d’interconnexion au niveau des Pyrénées. Maintenant, il faut noter d’abord qu’il y a actuellement un conflit entre l’Algérie et l’Espagne. Ensuite, il faut dire que la France n’a pas donné son accord pour le passage des canalisations à travers les Pyrénées. Donc le gazoduc s’arrête en Espagne et la France bloque le projet des canalisations. C’est-à-dire qu’on ne peut pas accroître les exportations vers l’Europe via l’Espagne si la France ne donne pas son autorisation pour les canalisations à travers les Pyrénées. Mais au vu de la situation gazière actuelle de l’Europe, la France peut, peut-être, débloquer la situation.

    La relance du projet du gazoduc Midcat (Midi-Catalogne) souhaité par la responsable européenne est il envisageable alors que la relation entre Alger et Madrid est au plus mal ?

    Pour le projet en question, les problèmes qui le bloquent je viens de les citer. Par ailleurs, je rappelle que le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a dit que l’Algérie respectera ses engagements contractuels en matière de livraison de gaz à l’Espagne. Par la suite, l’Espagne a opéré un revirement politique sur sa position par rapport au Sahara Occidental et l’Algérie maintient sa position de l’application du droit international dans le cadre des résolutions des Nations unies. Mais sur le plan économique, M. Tebboune a été clair et a dit qu’il n’est pas question de rompre et il faut que l’Espagne respecte les clauses contractuelles gazières. Actuellement, selon les causes, il y a révision des prix du gaz tous les deux ans. Il est utile de rappeler qu’il y a deux ans, les Espagnols ont demandé à Sonatrach de baisser les prix du gaz car le prix avait baissé à l’international. Maintenant, les prix sont au plus haut et il est du droit de l’Algérie de demander, toujours dans le cadre des clauses contractuelles, de demander une révision à la hausse.

    Quel sera l’impact sur l’Algérie de l’embargo progressif sur hydrocarbures russes préconisé par l’UE et le G7 ?

    L’impact sera une hausse des prix de beaucoup de matières et une inflation, car l’Algérie importe environ 85% de ses matières et équipements, le taux d’intégration des entreprises publiques et privées ne dépassant pas 15%. Automatiquement, le pays sera touché par la hausse des prix à l’international. Si on ne regarde, par exemple, que le blé, le prix de la tonne a doublé, passant de 200 à près de 400 dollars. Ce qu’il faut comprendre, c’est que les recettes du pays pourraient atteindre 55 milliards de dollars en 2022 selon le Fonds monétaire international, mais à côté, il y a les factures d’importation qui vont peut-être doubler. En tous les cas, ce qui est sûr, c’est qu’elles vont augmenter. Donc les recettes du pays vont, certes, augmenter en raison des prix du pétrole et du gaz qui sont en train de culminer, mais d’un autre côté, ce qui est engrangé sera dépensé en importations.

    On parle de plus en plus de la recherche par le Maroc, qui est un partenaire clé de l’UE, des moyens de concrétiser le projet de gazoduc Nigeria-Maroc. Ce projet est-il réalisable à court terme ? Quels enjeux ou quels défis représente-t-il pour les intérêts énergétiques de de l’Algérie ?

    C’est un sujet très complexe car il y a de nombreuses contradictions qui le caractérisent. C’est un projet qui représente des enjeux futurs géostratégiques énormes pour les deux pays. L’année dernière, le ministre de l’Energie algérien a dit que le problème était résolu et que le gazoduc sera réalisé entre l’Algérie et le Nigeria. Il y a quatre jours, le ministre nigérian a donné une interview à l’AFP disant que son pays était à la recherche de moyens de financement avec le Maroc. Le projet du Maroc passe par 10 pays, ce qui veut dire que sa concrétisation va demander 7 à 8 ans, avec un coût d’environ 28 à 30 milliards de dollars selon les estimations de Bruxelles. Il va passer par le détroit de Gibraltar et là, il faudra que la France autorise le passage par les Pyrénées. Pour le gazoduc devant passer par l’Algérie, l’accord de principe date depuis 2008. Le gazoduc passe par un seul pays qui est le Niger. En 2020, Bruxelles a estimé son coût à 20 milliards de dollars pour une réalisation de 4 à 5 ans. En termes de rentabilité, le gazoduc algérien est donc plus rentable. A rappeler que la partie nigériane a parfois déclaré qu’elle réaliserait son gazoduc avec l’Algérie et parfois avec le Maroc. Il y a eu des propos contradictoires. Le gaz du Nigeria est destiné au marché européen et je pense que, finalement, que le dernier mot revient à l’Europe, principal client tant pour des raisons géostratégiques qu’économiques dont une partie du financement pour son approvisionnement pour moins dépendre du gaz russe, le seul moyen de se libérer d’une dépendance territoriale étant le GNL mais nécessitant d’importants investissements.

    Reporters, 10/05/2022
    NB PR Abderrahmane Mebtoul- L’opérationnalité du code d’investissement nécessite de revoir toutes les contraintes de l’éco-système

    #Algérie #Russie #Ukraine #Gaz #UnionEuropéenne

  • L’Ukraine remet le gazoduc Espagne-France au premier plan

    L’Ukraine remet le gazoduc Espagne-France au premier plan

    L’Ukraine remet le gazoduc Espagne-France au premier plan – MidCat, gaz, énergie, énergie renouvelable, Algérie, Medgaz, Maroc, gazoduc Maghreb-Europe, GME,

    Depuis que la guerre a éclaté en Ukraine, l’Espagne exige la reprise du projet de gazoduc MidCat avec la France, afin de réduire l’indépendance énergétique européenne vis-à-vis de la Russie, une idée ambitieuse mais pleine d’obstacles.

    Qu’est-ce que MidCat ?

    Lancé en 2003, le projet MidCat (régions française Midi et espagnole Catalogne) vise à relier les réseaux gaziers de France et d’Espagne par un gazoduc de 190 kilomètres entre Hostalric, au nord de Barcelone, et Barbaira, près de Carcassonne, en traversant les Pyrénées . Son objectif est d’acheminer le gaz algérien vers le reste de l’Europe et de mettre fin à l’isolement énergétique de la péninsule ibérique, qui n’est reliée à la France, et au reste de l’Union européenne, que par deux gazoducs de faible capacité. Après des années de travaux, le projet, rebaptisé STEP (Transit Sud Est Pyrénées), a finalement été abandonné début 2019 après l’avis défavorable des organismes de régulation français et espagnols. La cause ? Son impact environnemental, dénoncé par les écologistes, ainsi que son faible intérêt économique. Une étude commandée par la Commission européenne en 2018 a conclu qu’il ne pouvait pas être rentable.

    Pourquoi le reprendre ?

    Depuis la guerre en Ukraine, l’UE a choisi de mettre fin à sa dépendance au gaz russe, qui représente près de 40% de sa consommation, ce qui a relancé l’intérêt stratégique d’une interconnexion entre l’Espagne et la France. L’Espagne est reliée à l’Algérie par un gazoduc sous-marin de 750 kilomètres, le Medgaz, ainsi que par un second gazoduc, le GME, via le Maroc, mis hors service à l’automne par Alger dans le cadre d’une crise diplomatique avec Rabat, mais qui n’a pas été démantelé. L’Espagne dispose en outre de six terminaux de regazéification de GNL, plus que tout autre pays européen. Ce réseau, ainsi qu’un port gazier au Portugal, pourraient faire de la péninsule l’une des principales portes d’entrée du gaz dans l’UE. MidCat est « crucial » pour « se débarrasser des menaces russes » et du « chantage du Kremlin », a insisté vendredi à Barcelone la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.

    Des obstacles ?

    La réalisation du MidCat se heurte à plusieurs obstacles, à commencer par son coût -évalué en 2018 à 440 millions d’euros (464 millions de dollars)- et la durée des travaux, estimée à trois ou quatre ans. « Le Midcat ne peut pas être considéré comme une solution à court terme », rappelait mi-mars l’ambassadeur de France en Espagne, Jean-Michel Casa, dans le journal barcelonais La Vanguardia. A ce problème s’ajoute le manque de connexions entre la France et l’Allemagne, principal pays intéressé par le gaz qui pourrait venir d’Espagne, ce qui obligerait à davantage de travaux.Il est « plus facile d’amener le gaz directement par bateau en Allemagne » que de « construire un gazoduc entre l’Espagne et la France », a déclaré Thierry Bros, professeur à l’Institut d’études politiques de Paris (Sciences Po). « Bien sûr, cela impliquerait de construire des terminaux gaziers en Allemagne », mais son coût « ne serait pas plus élevé » que celui de Midcat, a-t-il assuré à l’AFP.

    De quels soutiens dispose-t-il ?

    Si le débat sur sa nécessité n’est pas tranché, le MidCat bénéficie d’importants soutiens, notamment en Espagne, où les autorités régionales catalanes et le gouvernement central font pression pour que Bruxelles déclare le projet d’ »intérêt communautaire ». La France s’est montrée plus réservée jusqu’à présent, mais, selon Madrid, cette position est en train de changer : « Les circonstances ont changé » et « la perception des risques et des opportunités » aussi, a déclaré mercredi la ministre espagnole de la Transition écologique, Teresa Ribera, qui estime qu’à Paris « ils comprennent qu’ils doivent le faire ». Toutefois, le projet pourrait buter sur le financement. Pour l’Espagne, le coût devrait être supporté par Bruxelles et non par les contribuables espagnols, puisque le projet bénéficierait à l’ensemble de l’UE, mais la Commission ne s’est pas encore engagée à le financer. Tout dépendra sans doute des contours exacts du projet : soucieuse de défendre sa viabilité, Madrid a plaidé ces dernières semaines pour un gazoduc compatible avec le transport d’hydrogène vert. Un changement pour convaincre Bruxelles, qui veut donner la priorité au financement des énergies renouvelables.

    Infobae, 10 mai 2022

    #Ukraine #Russie #Gaz #Gazoduc #MidCat #France #Espagne

  • Maroc : Les prix de l’énergie flambent

    Maroc : Les prix de l’énergie flambent

    Maroc : Les prix de l’énergie flambent – gouvernement Akhannouch, gaz, pétrole, inflation,

    La rue marocaine est en ébullition depuis plusieurs mois et les tensions ne cessent de croître au fur et à mesure que le pays s’enfonce dans la crise économique. De nouvelles manifestations ont secoué plusieurs villes marocaines où la protestation contre une flambée de prix jamais observée jusqu’ici provoque à la fois la colère et l’inquiétude des populations, une majorité de Marocains considérant que le gouvernement Akhannouch maintient une gestion catastrophique des affaires du pays. Nombreux sont ceux qui s’insurgent contre un discours officiel trompeur qui tend à falsifier les risques graves auxquels est réellement confronté le Maroc, dans le domaine énergétique entre autres.

    La question du gaz et du pétrole est, en effet, devenue la préoccupation majeure non seulement des ménages, mais également des organisations syndicales et corporatistes qui participent de plus en plus à la contestation dans les métropoles de Rabat et Casablanca notamment. Le fait est que le Maroc ploie sous le poids d’une inflation inédite, avec des hausses des prix vertigineuses, que grève une baisse de la croissance chiffrée d’ores et déjà à 0,7% pour l’année en cours.

    Le mécontentement populaire a fait tache d’huile puisque ce sont plus d’une trentaine de villes marocaines qui expriment désormais leur grogne et dénoncent avec force l’incapacité du gouvernement Akhannouch à juguler la crise dont souffrent une majorité de citoyens, au demeurant indignés par la corruption qui prévaut dans les sphères dirigeantes et principalement au Makhzen.

    Sous l’égide du Front social, un mouvement qui porte la revendication et annonce la tenue prochaine d’un rassemblement national à Casablanca, des réunions ont lieu au cours desquelles sont examinées «les caractéristiques les plus importantes de la situation actuelle qui combine des prix exorbitants et une oppression systématique des différents groupes sociaux en lutte» pour une vie décente. C’est ainsi que doit avoir lieu, également, un rassemblement d’envergure dans la ville de Mohammadia, devant le siège de la raffinerie Samir – unique raffinerie du Maroc dont l’activité a été suspendue, entraînant la perte de plus de 3 500 emplois – afin de condamner les mesures récemment intervenues comme la flambée du prix du carburant, multiplié par quatre !

    Les mouvements sociaux risquent de connaître une flambée au moins égale, car l’Union marocaine du travail entend saisir l’opportunité de la Journée internationale de lutte pour les droits des travailleurs, le 1er mai prochain. Sous le slogan «Arrêtez la série d’attaques contre la classe ouvrière», les organisations syndicales se veulent déterminées à affronter le chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, qui, disent-elles, ne cesse de «tromper tout un pays sur la question du gaz», un secteur dans lequel il a d’immenses intérêts.

    Mehdi O.

    Ebourse

  • Mebtoul: « l’Algérie est concurrencée même en Afrique »

    Mebtoul: « l’Algérie est concurrencée même en Afrique » – Gaz, gazoduc Nigeria-Europe, Maroc, GME,

    Les enjeux géostratégiques et énergétiques du gazoduc Nigeria-Europe

    Le Nigeria et le Maroc sont à la recherche de fonds pour financer le méga-projet de gazoduc visant à acheminer le gaz nigérian vers l’Europe qui prévoit de se libérer à terme du gaz russe dont la part est à plus de 40%. Le gazoduc Nigeria-Maroc dont le coût est estimé par l’IRIS entre 25 à 30 milliards de dollars, 5 à 10 milliards de dollars de plus que celui passant par l’Algérie, dont la durée de réalisation varierait entre 8 à 10 ans et dont la longueur serait d’environ 5660 kilomètres. Il longerait la côte ouest-africaine en traversant ainsi 14 pays : Nigeria, Bénin, Togo, Ghana, Côte d’Ivoire, Liberia, Sierra Leone, les trois Guinée, la Gambie, le Sénégal, la Mauritanie et le Maroc. Ce projet a été annoncé en décembre 2016, lors de la visite d’Etat du souverain marocain au Nigeria.

    Ce projet a pour but de connecter les ressources gazières nigérianes à différents pays africains, où il existe déjà deux gazoducs dans la zone Afrique du Nord-Ouest, le «West African Gas Pipeline», qui relie le Nigeria au Ghana, en passant par le Bénin et le Togo, et le gazoduc Maghreb-Europe (également nommé «Pedro Duran Farell») qui relie l’Algérie à l’Europe via l’Espagne (Cordoue) en passant par le Détroit de Gibraltar et le Maroc. Dans sa contribution intitulée «Les enjeux géostratégiques et énergétiques du gazoduc Nigeria/Europe», Abderrahmane Mebtoul, professeur des universités et expert international, a expliqué que pour «le gazoduc Nigeria-Algérie long de 4128 km, le coût est estimé par la Commission européenne à 19-20 milliards de dollars pour une durée de réalisation minimum de 5 à 7 années après son lancement et sera d’une capacité annuelle de trente milliards de mètres cubes.

    Il devrait partir de Warri au Nigeria pour aboutir à Hassi R’mel, en passant par le Niger dont l’idée a germé dans les années 1980, l’accord d‘entente ayant été signé le 3 juillet 2009». Le 21 septembre 2021, le ministre nigérian de l’Energie a déclaré dans une interview accordée à la chaîne de télévision CNBC Arabia, en marge de la conférence Gastech, que son pays a commencé à mettre en œuvre la construction d’un gazoduc pour transporter du gaz vers l’Algérie.

    Mebtoul a rappelé qu’actuellement, les exportations de l’Algérie se font grâce au GNL qui permet une souplesse dans les approvisionnements des marchés régionaux pour 30% et par canalisation pour 70%. L’Algérie possède trois canalisations. «Nous avons le MedGaz qui va directement vers l’Espagne à partir de Beni Saf au départ d’une capacité de 8 milliards de mètres cubes gazeux qui après extension prévue courant 2021, la capacité sera portée à 10 milliards de mètres cubes gazeux. Nous avons le GME via le Maroc que l’Algérie a décidé d’abandonner, dont le contrat s’est achevé le 31 octobre 2021, d’une longueur de 1300 km, 520 km de tronçon marocain, la capacité initiale étant de 8,5 milliards de mètres cubes ayant été porté en 2005 à 13,5 de milliards de mètres cubes gazeux», a-t-il souligné.

    Pour l’expert, «ce projet est stratégique pour l’Algérie selon différents rapports du ministère de l’Energie afin de pouvoir honorer ses engagements internationaux en matière d’exportation de gaz», ajoutant dans le même contexte que «l’Algérie est concurrencée même en Afrique, avec l’entrée en jeu de la Libye et ses réserves d’environ 1500 milliards de mètres cubes non exploitées, et plus de 42 milliards de barils de pétrole de réserve léger, comme l’Algérie est proche de l’Europe expliquant les tensions actuelles et les grands gisements au Mozambique (plus de 4500 milliards de mètres cubes gazeux)». Avec les tensions budgétaires que connaît l’Algérie, il y a lieu de ne pas renouveler l’expérience malheureuse du projet GALSI, Gazoduc Algérie-Sardaigne-Italie, qui devait être mis en service en 2012, d’un coût initial de 3 milliards de dollars et d’une capacité de 8 milliards de mètres cubes gazeux, devant approvisionner également la Corse. En effet, le gouvernement prévoit un nouveau code d’investissement en Algérie, après tant d’autres qui ont eu peu d’impact sur la production et les exportations hors hydrocarbures, ayant peu attiré les investisseurs étrangers.

    En conclusion, Mebtoul a souligné que «les autorités nigérianes et l’Europe, principal client, doivent avoir une position claire concernant le gazoduc vers l’Europe : soit l’Algérie, soit le Maroc, évitant des discours contradictoires et que certains experts organiques ou responsables de départements ministériels évitent d’induire en erreur tant l’opinion publique que les plus hautes autorités du pays. Le langage de vérité doit primer si l’on veut éviter les erreurs du passé. L’attrait de l’investissement à forte valeur ajoutée ne saurait résulter de lois, mais d’une réelle volonté politique allant vers de profondes réformes, une stabilité du cadre juridique et monétaire permettant la visibilité et que les pays qui attirent le plus les Investissements directs étrangers (IDE) n’ont pas de codes d’investissement». «Mon expérience et mes contacts internationaux au plus haut niveau montrent que le temps est terminé des relations personnalisées entre chefs d’Etat ou de ministres à ministres dans les relations internationales où dominent les réseaux décentralisés, que dans la pratique des affaires il n’existe pas de sentiments mais que des intérêts et que tout investisseur est attiré par le profit, qu’il soit américain, chinois, russe, turc ou européen. Il appartient à l’Etat régulateur, stratégique en économie de marché, comme un chef d’orchestre de concilier les coûts privés et les coûts sociaux», a-t-il souligné.

    Le monde s’oriente entre 2022/2030, inéluctablement, vers un nouveau modèle de consommation énergétique fondé sur la transition numérique et énergétique mondiale et notamment en Méditerranée, principal marché de l’Algérie, autant que l’eau qui est au cœur de la souveraineté des Etats et de leur politique de sécurité. Les nouvelles dynamiques économiques modifieront les rapports de force à l’échelle mondiale et affecteront également les recompositions politiques à l’intérieur des Etats comme à l’échelle des espaces régionaux.

    Maghreb Info, 08 mai 2022

    #Algérie #Maroc #Nigeria #Gaz #Gazoduc #Afrique #Pipeline

  • Comment l’Algérie peut contribuer à la sécurité énergétique de l’UE

    Comment l’Algérie peut contribuer à la sécurité énergétique de l’UE

    Comment l’Algérie peut contribuer à la sécurité énergétique de l’UE – Europe, gaz, Ukraine, Russie, Italie, Egypte,

    Alors que la Commission européenne vient de proposer de renoncer progressivement, d’ici la fin de l’année, au pétrole et aux produits raffinés russes, l’Union européenne envisage de plus en plus de renforcer ses liens avec l’Algérie qui, avec ses grandes réserves, pourrait renforcer la sécurité énergétique du bloc. Au moment où l’UE se diversifie en s’éloignant des ressources naturelles russes, notre pays émerge comme l’une des alternatives les plus importantes pour la sécurité énergétique de l’Europe. Environ 10% des importations de l’UE proviennent d’Algérie.

    Le mois dernier, la société pétrolière et gazière italienne ENI a utilisé ses liens et signé des accords pour importer du 9 milliards de mètres cubes supplémentaires de gaz canalisé par an depuis l’Algérie.

    L’Algérie et l’Égypte – l’autre pays avec qui ENI a signé des contrats –détiennent les plus importantes réserves prouvées de gaz de la zone Afrique de Nord, devant même la Libye. L’UE, bien consciente qu’elle ne peut dépendre que de quelques fournisseurs, comprend que les deux pays seront au cœur de sa sécurité énergétique. Cependant, les gisements d’hydrocarbures et les infrastructures mettent plus d’un an à se développer, alors que le moment le plus critique pour l’Europe devrait intervenir lors de la prochaine saison de chauffe. «La région est actuellement incapable de fournir un substitut complet aux volumes importés de Russie, du moins en ce qui concerne le pétrole et le gaz, mais peut apporter des contributions importantes si les producteurs exploitent pleinement les infrastructures existantes, comme les terminaux GNL en Algérie et en Égypte, les pipelines en l’Algérie et la Libye», a déclaré au médias allemand Deutsche Welle Nadim Abillama, responsable du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA) à l’Agence internationale de l’énergie (AIE).

    Le renouveau et le renforcement de liens anciens, qui dans le cas de l’Italie sont antérieurs à l’indépendance de l’Algérie, pourraient créer des tensions. Transmed, le premier gazoduc en eau profonde au monde, a relié l’Algérie et l’Italie en 1983. Hormis l’ère Berlusconi, les deux pays ont connu des relations solides. Pourtant, la récente décision de l’Algérie de signer un accord avec l’Italie a ébouriffé certaines plumes en Espagne. Les experts voient la révision des politiques espagnoles au Sahara Occidental comme une raison de cette décision. En novembre, l’Algérie a fermé l’un des deux gazoducs amenant du gaz vers la péninsule ibérique en raison des tensions avec le Maroc. D’autres ont senti beaucoup d’opportunisme du côté italien.

    Malgré les différentes interprétations, un aspect est indéniable : les pays exportateurs peuvent choisir leurs partenaires et offrir du gaz supplémentaire dans le cadre d’une collaboration plus large, qui inclura également des aspects politiques et technologiques. «Les entreprises espagnoles ne peuvent pas offrir le même niveau de savoir-faire technique dans l’exploration, la construction d’usines de GNL et la pose de pipelines sous-marins que leurs homologues italiens», a déclaré à DW Francis Ghiles, chercheur principal au Centre des affaires internationales de Barcelone. Ghiles, ancien correspondant du Financial Times pour l’Afrique du Nord, explique que la France, le Japon et les États-Unis ont également joué un rôle dans l’industrie pétrolière et gazière du pays et continueront de le faire.

    L’Allemagne, autre acteur-clé potentiel

    «L’Allemagne a la réputation d’être fiable en Algérie, remontant aux usines de tracteurs et de moteurs qu’elle a construites dans les années 1970», a noté Francis Ghiles. «Alors que les plaques tectoniques de l’énergie bougent, le moment est peut-être venu pour l’Allemagne et l’Algérie de relancer une conversation sur le gaz et les énergies renouvelables», a-t-il suggéré

    La fragmentation de la Méditerranée reste un problème dans le secteur régional de l’énergie. Néanmoins, une leçon peut être tirée : la proximité culturelle, les liens de longue date et la compréhension mutuelle sont des atouts diplomatiques précieux, qui contribueront à maximiser la contribution de la Méditerranée à la sécurité énergétique de l’UE, a estimé le média allemand DeutscheWelle.

    L’Algérie fait partie des 11 premiers pays en termes de réserves prouvées de gaz. Selon les données d’Energy Information Administration des États-Unis, l’Algérie se trouve sur la troisième plus grande ressource de gaz de schiste récupérable, après la Chine et l’Argentine. Les entreprises américaines voient des opportunités dans la coopération sur le gaz de schiste dans le pays, tandis que l’Allemagne envisage des projets dans l’énergie renouvelable.

    Dans le cadre du partenariat énergétique germano-algérien, l’agence de développement GIZ a été chargée d’étudier le potentiel d’hydrogène vert du pays. «En 2021, la GIZ a présenté une étude sur le potentiel des technologies Power to X (hydrogène vert) en Algérie d’ici 2050», a déclaré un porte-parole à DeutscheWelle. Selon l’étude, le pays peut produire beaucoup d’électricité à partir de l’énergie solaire qui est nécessaire à la production d’hydrogène vert.

    Power-to-X est un terme générique désignant un certain nombre de voies de conversion et de stockage d’énergie qui utilisent l’énergie électrique excédentaire provenant d’énergies renouvelables, généralement solaires et éoliennes. La GIZ explique que l’Algérie est également en bonne position pour exploiter son expertise pétrolière et gazière et ses gazoducs, qui pourraient transporter de l’hydrogène après quelques ajustements techniques. L’investissement de l’UE dans des projets verts dans la région pourrait également accroître l’électrification nationale, ce qui impliquerait une baisse de la consommation de gaz dans la région et une augmentation des bénéfices des exportations.

    Hamid Mecheri

    E-Bourse, 07 mai 2022

  • Algérie-Espagne : Le contrat gazier sur le fil du rasoir

    Algérie-Espagne : Le contrat gazier sur le fil du rasoir – Maroc, gazoduc Maghreb-Europe, Sahara Occidental,

    Les mises en garde de l’Algérie donnent à réfléchir à l’Espagne dans son projet d’acheminer du gaz vers le Maroc à travers le gazoduc Maghreb-Europe (GME). Après avoir assuré, le mercredi 27 avril, que «le gaz devant être acheminé vers le Maroc ne proviendra pas d’Algérie», les autorités espagnoles vont plus loin et préfèrent carrément temporiser avant de passer à l’action et provoquer un arrêt des livraisons de gaz algérien dont leur pays est fortement dépendant.

    Par Feriel Nourine
    Ceci d’autant que la presse espagnole rapporte que ces livraisons ont diminué durant la semaine dernière. Dans un article paru jeudi 05 mai, le quotidien El Economista indique que les entrées de gaz par le gozoduc Medgaz, reliant l’Algérie à l’Espagne, ont reculé de près de 25% durant cette période, comparativement à la mi-mars.
    Analysant les données de surveillance quotidiennes du système gazier fournies par Enagas, le journal explique que 234 GWh/jour sont entrés depuis le 1er mai par le gazoduc contre 312 GWh/jour le 14 mars, date à laquelle le président du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, avait annoncé son revirement surprise à l’égard de la question sahraoui, se rangeant du côté du Maroc et engendrant une crise diplomatique où le gaz a le rôle d’une arme politique lourde.

    Concernant le dossier de vente de gaz au Maroc, le ministère espagnol de la Transition écologique et du Défi démographique a ordonné à Enagas de «créer un système de garantie d’origine du gaz pour pouvoir exporter vers le Maroc sans déranger l’Algérie», rapporte de son côté le site espagnol spécialisé en énergie, El Periodico de la Energia.

    «Afin d’offrir cette transparence et d’assurer l’origine et la destination du GNL que le Maroc contracte sur les marchés internationaux, le gouvernement a ordonné à Enagas, en sa qualité de Société de distribution de gaz en Espagne, de travailler le plus rapidement possible sur ce système de garanties d’origine», a indiqué le même ministère, soulignant que «le responsable du système travaille depuis plusieurs jours sur la nouvelle procédure dont on espère que les Algériens seront satisfaits».
    L’information a été confirmée par Enagas, laquelle «indique travailler déjà sur la nouvelle procédure afin de garantir que le GNL acheté par le Maroc puisse être injecté dans le réseau gazier espagnol puis exporté vers le Maroc via le gazoduc Maghreb-Europe», poursuit la même source.

    Rassurer sur l’origine du gaz
    «C’est avec ce système de garanties que le Gouvernement veut satisfaire l’Algérie et lui donner ainsi la sécurité qu’aucune molécule de gaz que Sonatrach fournit à l’Espagne ne se retrouve au Maroc», insiste la partie espagnole dans une tentative visant à éviter que les menaces de l’Algérie soient exécutées, ce qui coûterait très cher à l’Espagne, en sa qualité de pays grandement dépendant de l’Algérie dans sa consommations gazière.

    Selon le média espagnol, on s’attend à ce que, dans les prochaines semaines, cette nouvelle procédure soit approuvée pour «satisfaire l’Algérie et ainsi pouvoir exporter du gaz vers le Maroc, un pays qui se retrouve sans approvisionnement en gaz depuis le 31 octobre dernier, où le contrat de fourniture de gaz n’a pas été renouvelé à travers le gazoduc Maghreb-Europe».

    Le déploiement de Madrid fait suite aux menaces de l’Algérie de rompre son contrat de fourniture de gaz à l’Espagne au cas où il y a «manquement aux engagements contractuels». Le 27 avril, la partie algérienne avait réagi par le biais du ministre de l’Energie et des Mines, Mohamed Arkab, à un message électronique de son homologue espagnole, Mme Teresa Ribera, l’informant de la décision de l’Espagne d’autoriser le fonctionnement, en flux inverse, du GME. Autrement dit, l’Espagne a informé l’Algérie qu’elle allait fournir du gaz au Maroc via ce lien. «Tout acheminement de quantités de gaz naturel algérien livrées à l’Espagne, dont la destination n’est autre que celle prévue dans les contrats, sera considéré comme un manquement aux engagements contractuels et, par conséquent, pourrait aboutir à la rupture du contrat liant la Sonatrach à ses clients espagnols», avait prévenu le ministère de tutelle. Immédiatement, les Espagnols ont répondu pour tenter de calmer les eaux.

    «L’engagement avec l’Algérie est que pas une seule molécule du gaz qui atteint le Maroc ne puisse être attribuée au gaz venant d’Algérie», a déclaré Teresa Ribera. «L’accord que nous mettons à disposition en termes commerciaux est l’infrastructure pour le Maroc, mais à la condition essentielle est que ce soit le Maroc qui contracte le gaz naturel liquéfié en volume par ce tuyau, dans le sens opposé, nord-sud, et qu’il soit transparent et l’origine de ce gaz et le lieu où ce gaz est déchargé afin que nous puissions être sûrs que le volume, l’origine et la destination sont conformes à cet engagement envers l’Algérie», a-t-elle expliqué.

    Les assurances de bonne foi espagnoles ne tiennent toutefois pas la route si l’on se fie aux explications livrées à Reporters (édition de jeudi) par l’expert en énergie Tewfik Hasni. Ce dernier affirme qu’il est «impossible» de tracer le gaz d’une source à une autre et que, par conséquent, on ne peut connaître l’origine du gaz que va transférer l’Espagne vers un autre pays. «L’Espagne importe, à la fois, du gaz sous forme de GNL (gaz naturel liquéfié) des Etats-Unis et du Qatar dans des méthaniers, et du gaz gazeux d’Algérie via un gazoduc», a-t-il commencé par indiquer. «Une fois que le GNL est converti en gaz à la sortie du terminal GNL espagnol, il ira dans le même réseau que le gaz algérien. Il n’y a donc pas de traçage de ce gaz, car tout est mélangé à la fin», a expliqué M. Hasni.

    A noter que Sonatrach a fourni en 2021 plus de 40 % du gaz naturel importé par l’Espagne, dont l’essentiel lui parvient à travers le gazoduc sous-marin Medgaz, d’une capacité de 10 milliards de mètres cubes par an. Une autre partie du gaz algérien arrivait jusqu’en octobre en Espagne à travers le GME passant par le Maroc. Mais Alger l’a fermé après la rupture en août de ses relations diplomatiques avec Rabat, privant ainsi le Maroc du gaz algérien qui transitait par son territoire.

    Reporters, 08 mai 2022

    #Algérie #Espagne #Maroc #SaharaOccidental #Gaz #GME

  • Touahria: L’Algérie fermera le robinet du gaz à l’Espagne si …

    Touahria: L’Algérie fermera le robinet du gaz à l’Espagne si …

    Touahria: L’Algérie fermera le robinet du gaz à l’Espagne si … Maroc, Sahara Occidental,

    Dans un entretien accordé à l’agence italienne Nova, l’ambassadeur d’Algérie à Rome Abdelkrim Touahria a souligné que l’Algérie est prête à fermer ses robinets gaziers à l’Espagne si cette dernière ne respecte pas ses accords avec notre pays.

    » Si l’Espagne décide de réexporter le gaz qu’elle achète de l’Algérie vers un pays tierce, Alger pourrait rompre ses approvisionnement à Madrid » notera l’ambassadeur d’Algérie en Italie.

    Selon le diplomate algérien, l’Algérie avait rendu public un communiqué annonçant qu’elle renoncera à ses accords avec Madrid, si ce dernier réexporte le gaz algérien vers d’autres pays.

    Algérie54, 07/06/2022

  • La tension monte entre Moscou et l’Europe

    La tension monte entre Moscou et l’Europe – gaz, rouble, Union Européenne, Russie, Ukraine, Gazprombank,

    La décision prise par Moscou de se faire payer ses livraisons de gaz à l’UE en rouble semble contribuer à détériorer les relations, déjà très tendues, entre la fédération de Russie et l’Europe.

    Bruxelles exige que cette mesure soit levée, alors que Moscou paraît déterminé à ne pas faire marche arrière sur cette question. Et à ce stade, personne ne peut prédire comment tout cela va se terminer. Que fera l’Union européenne pour surmonter ces difficultés ? Elle estime qu’elle peut, en serrant les rangs, réagir dans les délais les plus brefs face à la Russie.

    Les ministres de l’Énergie de l’Union ont tenu lundi, 2 mai, une réunion en urgence sur l’exigence de la Russie d’être payée en roubles pour ses livraisons de gaz. Elle s’est terminée par de vagues généralités.

    La semaine dernière, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a rappelé aux entreprises européennes qu’elles ne doivent pas céder aux menaces de la Russie. Les entreprises européennes acceptant de payer le gaz russe en roubles, comme l’exige Moscou, « violent les sanctions de l’UE et s’exposent à un risque juridique élevé », a-t-elle averti. Et d’ajouter : « Environ 97% des contrats (entre des groupes de l’UE et les fournisseurs de gaz russe) prévoient des paiement en euros ou dollars (…). Les entreprises avec de tels contrats ne doivent pas céder à l’exigence de la Russie, ce serait contrevenir aux sanctions imposées par les Vingt-Sept ».

    Selon la Commission européenne citée par Bloomberg, les entreprises peuvent « se contenter » d’ouvrir un compte à la Gazprombank pour y déposer leurs paiements en dollars ou euros. Charge à l’organisme bancaire ensuite de faire les conversions. Une solution sans tracas ? « Certains ont pu croire qu’exiger le paiement en roubles avait pour objectif de faire remonter son cours, mais l’effet serait exactement le même en contraignant les entreprises russes à convertir en roubles les sommes perçues, confirme Thierry Bros, professeur à Sciences Po et spécialiste de la géopolitique de l’énergie, cité par des médias européens.

    « Le plus embêté dans cette histoire est Gazprom, qui va sans doute devoir arrêter de constituer des réserves en euros et en dollars, et payer tout son personnel en roubles », a-t-il souligné.

    Par ailleurs, et selon une déclaration faite par Christophe Boucher, professeur d’Économie à l’Université de Paris Nanterre, à Radio France, un changement de monnaie revient en fait à une rupture de contrat, étant donné que les contrats sont libellés essentiellement en euros et en dollars, ce qui prend beaucoup de temps puisqu’il faut régler l’arbitrage au tribunal. La menace est selon lui assez peu crédible car, en attendant cet arbitrage, le gaz devra être livré.

    La Russie continue de fournir environ 40 % de la consommation de gaz européenne. A titre d’exemple, depuis le début du conflit en Ukraine, pétrole, gaz et charbon confondus, l’Europe a passé commande pour près de 17 milliards d’euros d’hydrocarbures russes. Cela montre qu’il serait difficile pour l’Europe de se passer de l’énergie fournie par les Russes.

    Il y a quelques jours, la Pologne et la Bulgarie ont réglé leurs achats dans la devise prévue dans leurs contrats avec Gazprom, et ont refusé d’ouvrir un second compte en roubles. La compagnie gazière russe a en rétorsion suspendu ses livraisons, considérant que le règlement n’avait pas été effectué.

    L’Express, 95/05/2022

    #Russie #Europe #UE #Ukraine #Gaz

  • Le Nigeria cherche financement pour un gazoduc vers le Maroc

    Le Nigeria cherche financement pour un gazoduc vers le Maroc – Timipre Sylva, Union Européenne, gaz, Russie, Algérie,

    Le Nigeria et le Maroc sont toujours à la recherche de financements pour un énorme projet de gazoduc qui transportera le gaz nigérian vers l’Afrique du Nord et vers les marchés européens, a déclaré le ministre d’Etat aux Ressources pétrolières, Timipre Sylva.

    Les approvisionnements en gaz de l’Afrique sont de plus en plus à l’honneur alors que l’Union européenne cherche à se sevrer de la production russe après l’invasion de l’Ukraine en février.

    Il y a quatre ans, le roi Mohammed VI du Maroc et le président nigérian Muhammadu Buhari se sont mis d’accord sur le méga-projet de transport de gaz le long de la côte atlantique dans le cadre d’un accord signé pour la première fois en 2016.

    Sylva a déclaré lundi que le gazoduc serait une extension d’une structure qui pompait du gaz du sud du Nigeria vers le Bénin, le Togo et le Ghana depuis 2010.

    Il a déclaré: «Nous voulons continuer ce même pipeline jusqu’au Maroc le long de la côte. Pour l’instant, nous en sommes encore au niveau des études, et bien sûr, nous en sommes au niveau de l’obtention du financement pour ce projet et beaucoup de personnes manifestent leur intérêt.

    « Les Russes étaient avec moi au bureau la semaine dernière, ils sont très désireux d’investir dans ce projet et il y a beaucoup d’autres personnes qui souhaitent également investir dans le projet. »

    Le ministre a déclaré qu’ils n’avaient conclu aucun arrangement financier pour le pipeline.

    Il a ajouté: « Il y a beaucoup d’intérêt international, d’intérêt des investisseurs, pour le projet, mais nous n’avons pas vraiment identifié d’investisseurs avec lesquels nous voulons aller. »

    Le projet d’un gazoduc acheminant les ressources gazières du Nigeria vers l’Afrique du Nord fait depuis longtemps l’objet de discussions et l’Algérie a également eu des pourparlers avec le Nigeria dès 2002 pour un gazoduc similaire traversant la région du Sahel.

    Le Nigeria, membre de l’OPEP, possède d’énormes ressources gazières – les plus grandes réserves prouvées d’Afrique et les septièmes au monde.

    Membre de l’OPEP, l’Algérie, le plus grand exportateur de gaz d’Afrique, a récemment déclaré qu’elle était prête à fournir plus de gaz à l’Europe.

    Le géant russe de l’énergie, Gazprom, a annoncé qu’il avait arrêté tous les approvisionnements en gaz de la Pologne et de la Bulgarie, très dépendante, faisant planer le spectre d’une pénurie dans la région – et en Europe dans son ensemble. (AFP)

    Par Josué Odeyemi

    Daily trust, 03/05/2022

    #Nigeria #Maroc #Gaz #Gazoduc #Pipeline #Algérie #Europe #Russie

  • L’Algérie peut-elle contribuer à la sécurité énergétique de l’UE ?

    L’Algérie peut-elle contribuer à la sécurité énergétique de l’UE ?

    L’Algérie peut-elle contribuer à la sécurité énergétique de l’UE ? – Méditerranée, Union Européenne, gaz, GNL, Libye, Russie,

    Des décisions opportunes, des engagements à long terme et une vision plus large pourraient aider l’Union européenne à renforcer ses liens avec la Méditerranée occidentale. L’Algérie, avec ses importantes réserves, pourrait renforcer la sécurité énergétique de l’Union.

    Alors que l’UE se détourne des ressources naturelles russes, la Méditerranée apparaît comme l’une des régions les plus importantes pour la sécurité énergétique de l’Union. Dans la partie sud de la Méditerranée, les réserves de pétrole et de gaz sont abondantes. Environ 10 % des importations de l’UE proviennent d’Algérie.

    Le mois dernier, la compagnie pétrolière et gazière italienne ENI a utilisé ses liens et signé des accords pour importer du GNL d’Égypte et 9 milliards de mètres cubes (mmc) supplémentaires de gaz par an en provenance d’Algérie. Les deux pays d’Afrique du Nord détiennent les plus grandes réserves prouvées de gaz de la région, devant même la Libye.

    L’Union européenne, qui sait qu’elle ne peut pas dépendre de deux fournisseurs seulement, comprend que ces deux pays joueront un rôle central dans sa sécurité énergétique, mais ne constitueront pas une solution miracle.

    Le choix du moment est crucial

    Les champs d’hydrocarbures et les infrastructures ont besoin de plus d’un an pour se développer, alors que le moment le plus critique pour l’Europe devrait survenir au cours de la prochaine saison de chauffage.

    « La région est actuellement incapable de fournir un substitut complet aux volumes importés de Russie, du moins en ce qui concerne le pétrole et le gaz, mais elle peut apporter des contributions importantes si les producteurs tirent pleinement parti des infrastructures existantes, comme les terminaux GNL en Algérie et en Égypte, les pipelines en Algérie et en Libye », a déclaré à la DW Nadim Abillama, responsable du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA) à l’Agence internationale de l’énergie (AIE).

    Spécificités régionales

    « Il y a une chance raisonnable que les besoins énergétiques de l’Europe puissent donner à l’Algérie un certain levier pour jouer les pays européens les uns contre les autres sur la base de leurs concessions et positions politiques et économiques sur la question du Sahara occidental, qui a récemment resurgi », a déclaré Marco Giuli, chercheur à la Brussels School of Governance, à DW.

    Le renouvellement et le renforcement de liens anciens, qui dans le cas de l’Italie sont antérieurs à l’indépendance de l’Algérie, pourraient créer des tensions. Transmed, le premier pipeline en eau profonde au monde, a relié l’Algérie et l’Italie en 1983. L’ère Berlusconi mise à part, les deux pays ont connu des relations solides.

    Pourtant, la récente décision de l’Algérie de signer un accord avec l’Italie a hérissé certaines plumes en Espagne. Les experts voient dans la révision des politiques espagnoles sur le Sahara occidental une raison de cette décision. En novembre, l’Algérie a fermé l’un des deux gazoducs acheminant le gaz vers la péninsule ibérique en raison des tensions avec le Maroc. D’autres ont perçu une bonne dose d’opportunisme du côté italien.

    Malgré les différentes interprétations, un aspect est indéniable : Les pays exportateurs peuvent choisir leurs partenaires et offrir du gaz supplémentaire dans le cadre d’une collaboration plus large, qui comprendra également des aspects politiques et technologiques.

    « Les entreprises espagnoles ne peuvent pas offrir le même niveau de savoir-faire technique en matière d’exploration, de construction d’usines de GNL et de pose de gazoducs sous-marins que leurs homologues italiennes », a déclaré à DW Francis Ghiles, chargé de recherche principal au Centre des affaires internationales de Barcelone.

    M. Ghiles, ancien correspondant du Financial Times pour l’Afrique du Nord, explique que la France, le Japon et les États-Unis ont également joué un rôle dans l’industrie pétrolière et gazière du pays et continueront à le faire. L’Allemagne est un autre acteur clé potentiel.

    « L’Allemagne a la réputation d’être fiable en Algérie, ce qui remonte aux usines de tracteurs et de moteurs qu’elle a construites dans les années 1970 », note M. Ghiles. « Alors que les plaques tectoniques de l’énergie se déplacent, le moment est peut-être venu pour l’Allemagne et l’Algérie de relancer une conversation sur le gaz et les énergies renouvelables », a-t-il suggéré.

    Des changements en cours

    Mais l’Algérie n’est pas le seul pays concerné. La région de la Méditerranée orientale connaît des changements importants – avec la réintégration de la Turquie dans le système énergétique régional, parrainée par les États-Unis ces derniers mois, et les découvertes capitales au large des côtes d’Israël, de Chypre et de l’Égypte au cours de la dernière décennie.

    « L’Égypte est redevenue un exportateur de gaz naturel », a déclaré M. Abillama de l’AIE, expliquant que les exportateurs de la Méditerranée orientale devront compter sur les terminaux GNL, contrairement aux exportateurs de la Méditerranée occidentale qui peuvent se rabattre sur les pipelines existants.

    La fragmentation de la Méditerranée reste un problème dans le secteur énergétique régional. Néanmoins, une leçon peut être tirée : La proximité culturelle, les liens de longue date et la compréhension mutuelle sont des atouts diplomatiques précieux, qui permettront de maximiser la contribution de la Méditerranée à la sécurité énergétique de l’UE.

    Le potentiel fossile et renouvelable de l’Algérie

    L’Algérie fait partie des 11 premiers pays en termes de réserves prouvées de gaz. Selon les données de l’Administration américaine d’information sur l’énergie, l’Algérie possède les troisièmes plus grandes ressources récupérables de gaz de schiste après la Chine et l’Argentine.

    Les entreprises américaines voient des opportunités dans la coopération en matière de gaz de schiste dans le pays, tandis que l’Allemagne s’intéresse aux projets de renouvelables.

    Dans le cadre du partenariat énergétique germano-algérien, l’agence de développement allemande GIZ a été chargée d’étudier le potentiel d’hydrogène vert du pays.

    « En 2021, la GIZ a présenté une étude sur le potentiel des technologies Power to X en Algérie d’ici 2050 », a déclaré un porte-parole à la DW. « Selon l’étude, le pays peut produire beaucoup d’électricité à partir de l’énergie solaire qui est nécessaire pour la production d’hydrogène vert. »

    Power-to-X est un terme générique pour un certain nombre de voies de conversion et de stockage de l’énergie qui utilisent le surplus d’énergie électrique provenant des énergies renouvelables, généralement le solaire et l’éolien.

    La GIZ explique que l’Algérie est également bien placée pour exploiter son expertise pétrolière et gazière et ses gazoducs, qui pourraient transporter l’hydrogène après quelques ajustements techniques.

    Les investissements de l’UE dans des projets verts dans la région pourraient également accroître l’électrification au niveau national, ce qui impliquerait une diminution de la consommation de gaz dans la région et une augmentation des bénéfices tirés des exportations.

    L’Agence internationale de l’énergie note que le développement des énergies renouvelables nécessite d’importants investissements du secteur privé, ce qui mettrait la pression sur l’Algérie pour qu’elle garantisse un environnement d’investissement attractif. Certains changements réglementaires ont été apportés, notamment des réformes visant à encourager la propriété étrangère des entreprises basées en Algérie.

    DW, 04/04/2022

    #Algérie #UE #UnionEuropéenne #Energie #Gas