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  • Maroc: L’ambassadeur d’Israël et les récits anti-israéliens

    Maroc: L’ambassadeur d’Israël et les récits anti-israéliens

    Maroc: L’ambassadeur d’Israël et les récits anti-israéliens – normalisation, Palestine, Jérusalem, Al Qods, Al Aqsa, David Govrin, médias,

    Les relations entre Rabat et Jérusalem sont « très vite revenues à la normale » après l’opération Gardien des murs l’an dernier.

    RABAT – L’un des défis d’être ambassadeur d’Israël à peu près n’importe où est de lutter contre les récits anti-israéliens dans les médias. Le défi est encore plus grand dans le monde arabe.

    L’ambassadeur d’Israël au Maroc, David Govrin, a travaillé dur sur ce front ces dernières semaines.

    Les relations entre Rabat et Jérusalem sont « très vite revenues à la normale » après l’opération Gardien des murs l’an dernier. Govrin s’attend à la même chose après les récentes émeutes de Palestiniens à la mosquée al-Aqsa sur le mont du Temple et l’assassinat de la journaliste palestinienne Shireen Abu Akleh la veille de son interview avec le Jerusalem Post jeudi, cependant, ils « rendent encore plus le développement des liens ». difficile. »

    « Le public au Maroc obtient la plupart de ses informations en français et en arabe, et beaucoup de rapports, en particulier en arabe, sont des mensonges qui incitent et provoquent », a déploré Govrin. « Une grande partie des reportages des médias étaient de fausses nouvelles, ce qui rend difficile d’expliquer la situation. »

    L’ambassadeur a pointé du doigt les « théories du complot », comme celle selon laquelle Israël prévoit de changer le statu quo sur le mont du Temple.

    « Nous avons totalement nié cela et souligné que le Premier ministre et le ministre des Affaires étrangères n’avaient aucune intention de changer cela, car nous sommes très sensibles aux circonstances et ne voulons pas d’escalade », a-t-il déclaré. « Nous avons souligné qu’un groupe d’extrémistes terroristes s’est fait justice en profanant [al-Aqsa] par des actes de violence et a tenté d’empêcher la plupart des musulmans arrivant d’exercer leur droit de prier sur le mont du Temple. En fin de compte, ils devraient se rappeler qu’environ 100 000 fidèles musulmans sont montés sur le mont et ont prié.

    Govrin est en contact permanent avec les autorités marocaines et les journalistes, en plus des membres du public via les réseaux sociaux. Il a dit que la chose la plus importante à faire est de relayer des informations fiables et d’instaurer la confiance. Pour ce faire, il utilise notamment son compte Twitter actif. En outre, la mission israélienne au Maroc travaille à la construction d’un nouveau site Web, qui sera lancé dans les semaines à venir.

    « Le public marocain s’identifie profondément aux Palestiniens. C’est une question sensible, et le roi Mohammed VI est à la tête du Comité de Jérusalem de l’Organisation de la coopération islamique. Cela s’exprime dans la position officielle du Maroc qui veut un État palestinien indépendant aux frontières de 1967, y compris Jérusalem-Est, aux côtés de l’État d’Israël », a expliqué Govrin.

    Dans le même temps, les Palestiniens n’éclipsent pas les relations israélo-marocaines, mais plutôt le sujet « revient occasionnellement, surtout en temps de crise ».

    « La question palestinienne n’est pas au centre de l’agenda public au Maroc », a déclaré Govrin. « En politique intérieure, les questions centrales sont la santé, l’éducation et le développement économique, et en politique étrangère, la question la plus importante est le Sahara. »

    Un militant politique marocain et défenseur des droits de l’homme, qui s’est exprimé sous couvert d’anonymat en raison des tensions qui ont suivi le meurtre d’Abou Akleh, a déclaré que les récents affrontements entre Israël et les Palestiniens « ont plus d’influence au niveau des médias, car beaucoup de médias au Maroc est pro-palestinien et les Marocains ont beaucoup de sympathie pour la cause palestinienne ».

    « Le niveau officiel du gouvernement est séparé », a-t-elle déclaré. « Les accords d’Abraham sont là, ils sont une réalité, la collaboration gouvernementale se poursuit et les relations diplomatiques officielles sont toujours en cours. »

    Les liens renouvelés entre son pays et Israël « se sont améliorés très rapidement, en mettant de côté les différences géopolitiques et les conflits passés et en se concentrant sur ce qu’Israël et le Maroc peuvent faire », a-t-elle déclaré.

    Israël et le Maroc ont rétabli des relations diplomatiques en décembre 2020. Les pays ont entretenu des relations diplomatiques secrètes pendant des décennies et avaient précédemment échangé des bureaux de liaison en 1995, à la suite des accords d’Oslo. Rabat a rompu ses liens avec Jérusalem en 2000, au milieu de la deuxième Intifada.

    Les liens culturels et familiaux profonds entre le Maroc et les quelque millions d’Israéliens ayant des racines dans l’État nord-africain se sont poursuivis tout au long, et même avant la normalisation renouvelée, des dizaines de milliers d’Israéliens ont visité le Maroc au cours des dernières décennies.

    Govrin est un diplomate expérimenté avec des décennies d’expérience dans les relations d’Israël avec l’Égypte et la Jordanie, entre autres pays, mais être en poste au Maroc est une expérience unique, a-t-il déclaré jeudi.

    « C’est très spécial d’être au Maroc, et je ne suis pas biaisé. Je n’ai pas de racines marocaines », a plaisanté Govrin. « Le sentiment est qu’ils nous veulent ici, ils nous aiment et ils nous embrassent… L’hospitalité marocaine est extraordinaire et c’est agréable d’être dans un endroit où la tolérance et la coexistence sont des valeurs très profondes. »

    De plus, l’ouverture d’une nouvelle ambassade dans le monde arabe n’est pas quelque chose qui arrive tous les jours. Le bureau israélien à Rabat n’est pas encore une ambassade officielle, mais Govrin a déclaré que le changement de statut était en cours.

    Sur le front de la sécurité, Govrin a déclaré que « le Maroc, Israël et les États-Unis sont d’accord sur la menace régionale que représente l’Iran et coopèrent donc ».

    Le Maroc a rompu ses relations diplomatiques avec l’Iran en raison de son soutien au Front Polisario, qui conteste la souveraineté de Rabat au Sahara occidental.

    Govrin a cité le ministre des Affaires étrangères Yair Lapid qui a évoqué « une nouvelle architecture de sécurité régionale » entre Israël, les Émirats arabes unis, Bahreïn, le Maroc, la Jordanie et l’Égypte.

    « Les États de la région, y compris Israël, reconnaissent de plus en plus que la meilleure façon de faire face à la menace iranienne est de travailler ensemble », a-t-il déclaré. « Il est entendu que nous devons unir nos forces pour empêcher les actions destructrices de l’Iran. »

    La reconnaissance par les États-Unis de la revendication du Maroc sur le Sahara Occidental était une « incitation significative », mais les relations entre Israël et le Maroc ne se sont pas uniquement construites là-dessus, a déclaré l’ambassadeur. Il a cité le ministre marocain des Affaires étrangères Nasser Bourita, qui a déclaré lors du sommet du Néguev le mois dernier que les liens entre les pays sont des liens de conviction et non d’intérêts.

    Govrin a salué l’approche du Maroc et du roi Mohammed VI en matière de coexistence judéo-musulmane, soulignant que la constitution du pays de 2011 reconnaissait le judaïsme comme l’une des cultures historiques du Maroc.

    « Dans la plupart des pays du Moyen-Orient, quand ils parlent de tolérance et de coexistence, c’est abstrait. Ici, c’est très démontrable. La coexistence entre Juifs et Arabes est très claire… les enfants jouent ensemble et les familles prennent leurs repas ensemble », a-t-il dit.

    Israël et le Maroc ont signé environ 20 protocoles d’accord différents dans des domaines tels que le commerce, l’économie, la sécurité et autres.

    Deux domaines pour lesquels il y a de l’enthousiasme au Maroc sont la haute technologie et la culture israéliennes. Govrin s’est entretenu avec le Post dans le cadre d’une délégation israélienne sur ces deux sujets, via l’ONG Sharaka, qui cherche à établir des liens interpersonnels entre les Israéliens et les États de l’Accord d’Abraham.

    « Il y a un grand intérêt pour la technologie israélienne », a déclaré Govrin. « Ils ne veulent pas seulement acheter un produit sur une étagère ; ils veulent apprendre à développer leurs capacités. Ils recherchent une coopération et une formation à long terme.

    En matière de culture, il existe des collaborations entre institutions de culture partagée, comme un concert de l’Orchestre andalou d’Ashdod à Rabat le mois dernier, auquel ont assisté 1 500 personnes, mais Govrin dit qu’il y a aussi une curiosité pour la culture israélienne plus largement.

    « Les Marocains veulent comprendre la diversité d’Israël, pas seulement se connecter avec ceux qui sont du Maroc », a déclaré l’ambassadeur. « Nous sommes en contact avec le ministère de la Culture pour voir comment nous pouvons produire ensemble des films, traduire de la littérature et faire venir des pièces israéliennes à Rabat… Le seul obstacle est le budget. »

    The Jerusalem Post, 12 mai 2022

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    #Maroc #Israël #Normalisation #Accords _Abraham #Médias #Palestine #Alqods #AlAqsa #DavidGovrin

  • Ralph Boussier: avocat et lobbiste du Maroc payé par la DGED

    Ralph Boussier: avocat et lobbiste du Maroc payé par la DGED

    Ralph Boussier: avocat et lobbiste du Maroc payé par la DGED – Joseph Tual, Ben Barka, services secrets, Israël, Mossad,

    Un avocat français au service de l’espionnage marocain

    Le hacker Chris_Coleman24 qui distille depuis octobre dernier via son compte Twitter des documents confidentiels sur la diplomatie marocaine, diffuse aujourd’hui une série de documents concernant Ralph Boussier, un avocat français travaillant pour le compte de la Direction générale des études et de documentation  (DGED), le service marocain du renseignement extérieur dirigé par Yassine Mansouri.

    Dans un mail datant du 23 novembre 2009, Chris_Coleman24 révèle que l’avocat français Ralph Boussier du Cabinet Normand et Associés demande à son officier traitant marocain de transférer « un compte rendu d’audience » à « Monsieur Le directeur Général », qui n’est autre que le patron de la DGED, Yassine Mansouri.

    Le compte rendu concerne une affaire de faux billets bahreinis  imprimés en Argentine et échangés en France pour une valeur de 300 millions d’euros disséminés au Niger, au Tchad, au Liban, en Belgique, en Suisse et en France ! Le mail fait référence à Hicham Mandari, un marocain abattu par balles au sud de l’Espagne en aout 2004 . Selon le mail signé par Aurore Francelle, avocate associée de Ralph Boussier, Mandari aurait effectué la première opération de change d’envergure de ces faux billets à Paris. La présence du nom d’un marocain dans cette affaire aurait-elle à elle seule justifié que la DGED soit mise au parfum?

    Dans un autre document datant du 13 avril 2010, l’avocat rend compte de deux réunions tenues respectivement avec l’ancien ambassadeur de France au Maroc, Bruno Joubert et l’ancien secrétaire marocain d’Etat à l’Intérieur, Saad Hassar où il est question d’organiser les visites au Maroc de Jean François Copé, alors président du groupe UMP à l’Assemblée Nationale et le Ministre de la Culture de l’époque Fréderic Mitterrand. On apprend dans ce document que Ralph Boussier suggère au patron de la DGED de transformer la « Maison de Lyautey » en musée après l’avoir rénovée, ce qui ressemble à une proposition d’affaire immobilière juteuse qui profiterait évidemment au premier à en avoir  eu l’idée !Dans un autre document datant du 12 août 2010, on apprend qu’une réunion de travail est prévue entre l’avocat et le patron de la DGED. Celle-ci avait été précédée d’autres rencontres avec l’ancien conseiller royal et actuel patron de la Société nationale de radiodiffusion et de télévision (SNRT), Fayçal Laraichi et des juristes américains pour tenter de rallier Barbara Lee, congresswoman démocrate de Californie et Keith Ellison, congressman musulman à la cause nationale de la marocanité du Sahara. Dans sa lettre, Ralph Boussier exprime également ses prétentions salariales sur la base « d’un règlement mensuel au temps passé» dans cette mission!
    Le marrant dans l’histoire, c’est que les mails confidentiels sur l’affaire des faux billets bahreinis qu’il recevait de sa collègue avocate comportaient la mention suivante: « ce courrier électronique est envoyé par un cabinet d’avocats et peut contenir des informations personnelles et confidentielles. Si vous n’en êtes pas le destinataire, veuillez en informer l’expéditeur et effacer ce message de votre système ». En violant les règles de confidentialité et en transférant ces courriers à de tierces parties, l’homme de loi ne pensait pas être pris dans son propre jeu quelques années plus tard en voyant son histoire éclater au grand jour par un simple clic !

    Source : Blog de Reda Ben Othman, 6 déc 2014

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    Selon quelques correspondances avec la DGED, les renseignements extérieurs du Maroc, Maître Ralph Boussier a été envoyé aux Etats-Unis en vue

    De : hakim sayah hakim.sa@gmail.com
    À : amine aminee aaamine145@yahoo.fr
    Envoyé le : Sam 18 décembre 2010, 5h 31min 30s
    Objet : Re: Tr : TR: DSCC Swearing-In Breakfast on January 5

    La mobilisation d’une délégation marocaine pour prendre part au petit déjeuner qu’organisent les sénateurs Harry Reid et  Patty Murray ne semble pas constituer une initiative probante.  
     Il s’agit en effet d’un événement considéré comme mineur sur le plan politique et dont le principal objectif est de collecter des fonds. Les sénateurs du Caucus démocrate ne seront d’ailleurs représentés dans leur quasi majorité que par leurs staffeurs.

    Les principaux concernés par cette initiative restent des acteurs locaux (investisseurs, groupes de pression , hommes d’affaires américains …)  qui tablent sur le  Caucus démocrate pour servir leurs propres intérêts et qui suivent dans ce cadre assidument les activités de cette institution.
    La présence d’une délégation étrangère sans projet concret susceptible de capter l’intérêt de leurs convives  pourrait  ainsi paraitre insolite. Le temps pour engager  un début de discutions fructueuses risque en outre d’être trop limité,  la rencontre devant durer moins d’une heure.

    La présence de M l’Ambassadeur et ses diplomates en charge des relations avec le sénat pourrait toutefois être justifiée.  Elle s’inscrit en effet dans la continuité d’un travail de sensibilisation récemment entrepris par son équipe auprès  des sénateurs Herber Kohl, Sherrod Brown, Jesse Francis “Jeff” Bingaman Jr  et Thomas Stewart Udall, tous membres dudit Caucus. Ces derniers qui subissaient l’influence néfaste du sénateur  pro-polisario Patrick Leahy tendent depuis à prendre une position plus équilibrée concernant l’affaire du Sahara. 

    Quant à l’implication de maitre Boussier, la  contribution du consultant Tobby Moffet semble plus appropriée. Il s’agit en effet d’un produit du terroir qui en tant qu’ancien congressman, connait le langage à tenir devant ses comparses politiques du sénat. En outre, la notoriété et l’estime que lui vouent plusieurs représentants démocrates font de lui une source d’intérêt crédible et appréciée des sénateurs et staffeurs.

    A la lumière de ce qui précède , en termes de rentabilité tant sur le plan financier qu’opérationnel , la présence d’une délégation composée de  M l’Ambassadeur, son équipe de diplomates en charge des relations parlementaires,  du  lobbyiste Tobby Moffet et de son Vice Président for International Business auprès du groupe Moffett,  Talal Belghiti, suffirait amplement pour effecteur le travail de promotion nécessaire auprès des staffeurs et autres personnalités  qui assisteront à cet évènement.

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    De : « rboussier@galilex.com » rboussier@galilex.com
    À : Aminee AMINE aaamine145@yahoo.fr
    Envoyé le : Mer 2 mars 2011, 19h 26min 34s
    Objet : Tr: U.S. Under Sec. of State Says U.S.-Morocco Partnership ‘More Important’ Than Ever, Reiterates… — WASHINGTON, March 1, 2011 /PRNewswire-USNewswire/ —

    Pour information.
    Cordialement.
    ——Message d’origine——
    De: M. Thomas M. WOLF
    À: M. Ralph BOUSSIER
    Objet: U.S. Under Sec. of State Says U.S.-Morocco Partnership ‘More Important’ Than Ever, Reiterates… — WASHINGTON, March 1, 2011 /PRNewswire-USNewswire/ —
    Envoyé: 2 mar 2011 16:57

    http://www.prnewswire.com/news-releases/us-under-sec-of-state-says-us-morocco-partnership-more-important-than-ever-reiterates-support-for-western-sahara-autonomy-plan-cites-moroccan-reforms-117190463.html

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    RALPH BOUSSIER
    Avocat à la Cour
    SCP Normand & Associés
    7, place de Valois-75001 PARIS

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    BEN BARKA : UN JOURNALISTE DE FRANCE 3 DANS LE VISEUR DU RENSEIGNEMENT MAROCAIN ?
    Wikileaks marocain : de nouveaux documents fuitent

    49 ans après l’enlèvement du principal opposant au roi Hassan II à Paris, en 1965, l’affaire Ben Barka continue d’occuper la justice française et les services de renseignement marocains. Ce mardi 16 décembre 2014, le tribunal correctionnel de Paris examinait la plainte déposée par un journaliste de France 3 à l’encontre du magazine Maroc Hebdo. L’affaire remonte à 2007 : au lendemain d’un reportage de France 3 à propos d’un nouveau rebondissement judiciaire dans l’affaire Ben Barka, l’auteur du reportage, Joseph Tual, a fait l’objet de nombreuses attaques de la presse marocaine. Des tentatives de déstabilisation de la part du Maroc ? Une thèse validée par la publication de nouveaux documents de la part de @chris_coleman24, à l’origine du Wikileaks marocain.
    Ce mardi 16 décembre 2014, au tribunal correctionnel de Paris, il était question d’une affaire qui remonte à sept ans, en marge d’une affaire qui date… de 1965. Cette année-là, Mehdi Ben Barka, principal opposant au roi du Maroc, Hassan II, est enlevé en plein Paris. Par qui ? Où se trouve son corps ? C’est tout l’enjeu de l’enquête judiciaire, toujours en cours en France.

    Les 22 et 23 octobre 2007, alors que Nicolas Sarkozy est en voyage officiel au Maroc, France 3 fait le point sur l’enquête Ben Barka. Et révèle que le juge d’instruction français en charge du dossier, Patrick Ramaël, a délivré des mandats d’arrêt à l’encontre de cinq dignitaires marocains, dont le général Benslimane, chef de la gendarmerie royale, et un certain Miloud Tounzi, identifié comme étant le fameux Larbi Chtouki, le principal organisateur de l’enlèvement de Ben Barka, condamné par contumace à la réclusion criminelle à perpétuité en 1966 lors d’un procès à Paris.

    Le journaliste de France 3, Joseph Tual, qui enquête sur l’affaire Ben Barka depuis plus de vinqt ans, rappelle dans les deux sujets l’existence d’une ancienne prison secrète à Rabat, baptisée PF3. Ce serait là que Ben Barka pourrait être enterré, ainsi que près de 250 opposants au régime, notamment des étudiants de grandes familles marocaines. Selon nos informations, la justice française aurait même demandé une surveillance satellitaire afin de s’assurer que le terrain vague d’aujourd’hui, propriété de la gendarmerie royale marocaine, reste en l’état, à défaut pour la justice française de pouvoir se rendre sur place pour faire des fouilles. Un sujet très sensible. La preuve ? Pour avoir filmé ce centre de détention secret, Tual est désormais indésirable sur le sol marocain.

    « La prison PF3, c’est le tabou absolu, assure Tual, contacté par Arrêt sur images. Tous mes ennuis partent de là ». Des ennuis ? Au lendemain de la diffusion de ses deux reportages, le journaliste fait l’objet de nombreuses attaques de la presse marocaine, comme l’a rappelé Le Point. Le quotidien Assabah le qualifie d’ »agent des services secrets algériens ». Tual le fera condamner pour diffamation. Maroc Hebdo International va plus loin et publie un article intitulé « profession fouille-merde », dans lequel on peut lire des retranscriptions d’une conversation entre Tual et l’un des cinq Marocains sous mandat d’arrêt, Miloud Tounzi. D’après les retranscriptions de cette conversation téléphonique qui s’est tenue le 19 octobre 2007, Tual prévient Tounzi qu’il va faire l’objet d’un mandat d’arrêt dans quelques jours et il lui suggère de quitter le territoire marocain car sa vie serait en danger. Un extrait de la conversation pour le moins gênant pour le journaliste de France 3 : cela sous-entend qu’il est de mèche avec le juge d’instruction français.

    A la suite de la publication de cet article, Tual dépose plusieurs plaintes. En 2008, le directeur de la publication de Maroc Hebdo, Mohamed Selhami, est condamné pour injure publique. En 2009, Tual porte également plainte pour « atteinte au secret des correspondances » et « atteinte à l’intimité de la vie privée », la conversation n’ayant pas vocation être rendue publique. A l’époque, Tual assure à l’AFP que cette conversation a été « tronquée » et que ses propos ont été « dénaturés afin de manipuler l’opinion ». C’est ce volet de l’affaire qui vient d’être examiné par le tribunal correctionnel de Paris.

    Une nouvelle étape judiciaire qui s’inscrit dans une longue liste de procès opposant Tual et Tounzi, lequel a lui aussi porté plainte contre le journaliste, notamment pour atteinte à la présomption d’innocence et injure publique. Jusqu’à présent, Tual a gagné tous ces procès.

    L’AVOCAT DE MAROC HEBDO, PAYÉ PAR LES RENSEIGNEMENTS MAROCAINS ?
    Ces procès auraient un objectif bien précis : « Le but du jeu est de me déstabiliser, de me mettre la pression », nous assure Tual. Qui précisément ? Des documents diffusés dans le cadre du Wikileaks marocain, dont Arrêt sur images a déjà parlé, apportent peut-être un début de réponse. Celui qui se fait appeler Chris Coleman a publié des documents attestant que l’avocat de Maroc Hebdo est payé par… les services de renseignement marocains, visiblement bien décidés à mener la vie dure au journaliste de France 3.

    Parmi ces documents figure notamment une note de frais d’avocat en date du 27 décembre 2011, adressée par le cabinet d’avocats Normand & Associés à Yassine Mansouri, directeur de la DGED, les services secrets marocains. Ces frais d’avocat s’élèvent à 3 900 euros et mentionnent une « facture de Me Bosselut ». Bosselut ? C’est précisément l’avocat de Maroc Hebdo dans l’affaire contre Tual, déjà en cours d’instruction en 2011.

    Le document est-il authentique ? Après vérification des données du fichier PDF, il semble que ce document n’ait pas été trafiqué. En revanche, plusieurs interrogations demeurent : pourquoi le cabinet d’avocat Normand & Associés aurait-il édité une telle facture alors qu’aucun de ses avocats n’a travaillé pour Maroc Hebdo dans les multiples affaires judiciaires qui opposent Tual, Maroc Hebdo et Tounzi ? Pourquoi Me Bosselut apparaît-il sur ses factures alors qu’il ne travaille pas pour le compte de Normand & Associés ? Le cabinet Normand & Associés sert-il ici de paravent pour brouiller les pistes afin de masquer les liens entre Bosselut et les renseignements marocains ?

    Détail supplémentaire : l’avocat Ralph Boussier, dont la signature figure au bas de la note d’honoraires de Normand & Associé, est « l’un des membres du collectif d’avocats franco-marocains qui représentent le royaume chérifien », dixit RFI. C’est lui qui est monté au créneau en début d’année, au nom du patron de la Direction générale de la surveillance du territoire marocain (DGST), Abdellatif Hammouchi. Accusé de tortures, notamment par un militant sahraoui qui a reçu le soutien d’une ONG française, Hammouchi a mandaté Boussier pour porter plainte pour dénonciation calomnieuse en France. Voilà pour la connexion Boussier-Maroc. De là à considérer que le document Normand & Associés est crédible et n’est pas un faux…

    Contacté par ASI pour savoir si ce document était authentique, le cabinet Normand & Associés a vérifié le numéro de dossier (20071097) figurant sur la note d’honoraires. « A priori, ça ne vient pas de chez nous », nous a-t-on dit au bout de quelques minutes. L’avocat Ralph Boussier, dont la signature figure au bas de cette note d’honoraires, n’était pas disponible à l’heure où nous publions cet article. Tout comme Me Rodolphe Bosselut, l’avocat de Maroc Hebdo.

    Arrêt sur image, 18/12/2014

    #Maroc #RalphBoussier #DGED #Lobbying #BenBarka #Joseph_Tual

  • Affaire Ben Barka: Documents révélés par le hacker Coleman

    Affaire Ben Barka: Documents révélés par le hacker Coleman – Maroc, Israël, Mossad, Hassan II, Miloud Tounzi, services secrets,

    Courrier de Maître Ralph Boussier du 08 décembre 2010:

    —– Message transféré —-
    De : Ralph BOUSSIER <RBOUSSIER@galilex.com>
    À : aaamine145@yahoo.fr
    Envoyé le : Mer 8 décembre 2010, 16h 59min 24s
    Objet : 20071097 – TOUNZI – CONSULTATION

    Cher monsieur,

    Conformément à la stratégie arrêtée lors de notre dernier rendez vous général voici la déclaration d’appel qui fut régularisé par maitre Clément.

    J’ajoute que le greffe de la Cour d’appel lui a indiqué que depuis 34 ans que dure cette instruction et en dépit des 11 juges d’instructions qui se sont succédés dans ce dossier , jamais la Cour n’avait connu de ce dossier.

    Décidément c’est curieux.

    Cordialement.

    Ralph BOUSSIER

    S.C.P. NORMAND &  Associés

    www.normand-associes.fr

    Tel : 00.33.1.47.20.30.01

    Membre de :

    www.ialawfirms.com

    Pièce jointe en PDF :

    ————————————————————–

    RALPH BOUSSIER
    Avocat à la Cour
    SCP Normand & Associés
    7, place de Valois-75001 PARIS

    De : Ralph BOUSSIER <RBOUSSIER@galilex.com>
    À : aaamine145@yahoo.fr
    Envoyé le : Ven 24 décembre 2010, 15h 00min 07s
    Objet : note de lecture livre de me Buttin

    cher monsieur,
    merci de transmettre cette note à monsieur le Directeur général.
    bien entendu e suis à son entière disposition pour lui commenter de vive voix à sa convenance.
    cordialement

    RALPH BOUSSIER
    AVOCAT A LA COUR
    SCP NORMAND
    FRANCE
    +33 1 47 20 30 01
    +33 1 47 20 06 01
    +33 6 76 86 91 50

    NOTE DE LECTURE DU LIVRE DE MONSIEUR MAURICE BUTTIN

    1. sur cette publication :

    il convient de souligner d’ores et déjà et en introduction que cet ouvrage est édité chez KARTHALA qui est une société d’édition très confidentielle qui ne produit que des ouvrages très particuliers à audience restreinte.

    Pour preuve s’agissant de celui-ci, il n’est pas encore à ce jour diffusé chez les libraires ou les grandes enseignes de diffusion d’ouvrage et il convient d’aller l’acquérir chez l’éditeur lui-même.

    1. présentation générale de l’ouvrage :

    Ce livre est en réalité un prétexte pour son auteur de réaliser une biographie en se dissimulant derrière un titre particulièrement accrocheur puisqu’il utilise le nom de trois personnalités à très forte notoriété que sont feu sa majesté HASSAN II, le Général DE GAULLE et BEN BARKA.

    Le titre et la première de couverture indiquent clairement que l’essentiel du livre concerne le dossier qui aura occupé presque toute la vie professionnelle de cet avocat à savoir l’affaire BEN BARKA ;

    Au travers de 479 pages, dont 430 sont consacrés à Mehdi BEN BARKA, il est retracé les premières années de l’Indépendance jusqu’à la disparition de Mehdi BEN BARKA en ce mois d’octobre 1965.

    L’aspect témoignage politique n’est pas l’objet de la présente et j’en fais l’économie. C’est pourquoi je vais directement à ce qui est intitulé « l’affaire BEN BARKA » et qui est la troisième partie du livre qui comprend trois sous-parties que sont :

    • la première plainte (1965-1975)
    • la deuxième plainte (1975-2010)
    • « les responsables ».
    1. l’analyse de la troisième partie :
    1. la première plainte et sa gestion de 1965 à 1975 :

    Au travers de cette première sous-partie, il est essentiellement décrit tout d’abord l’influence supposée de Mehdi BEN BARKA, puis les éléments politiques qui auraient conduit à sa disparition et enfin l’impact de sa disparition au sein du Royaume du Maroc.

    Cette partie se termine bien entendu par les éléments fondamentaux que sont les procès de 1966 et 1967 et il faut d’ores et déjà souligner que de façon très contrastée l’auteur relève que si l’instruction de cette affaire n’a pas été bâclée par le Juge ZOLLINGER, en revanche elle aurait été réalisée dans un délai beaucoup trop court pour, comme cela est indiqué : « (…) dégagées toutes les mailles du filet (…) » (Cf. page 297).

    Afin de fonder son propos, Maître BUTTIN reprend l’interview qu’avait donnée le Juge d’instruction le 21 mars 1990 dans une émission d’enquête de Charles VILLENEUVE où ce magistrat à la retraite avait répondu :

    « je ne pouvais plus rien ajouter. Toutes les portes étaient fermées, tous les verrous poussés (…) ».

    Pour achever l’illustration de cette première thèse, il est cité un extrait du journal suisse La Liberté Fribourg du 4 avril 1966 qui aurait affirmé que le dossier du juge fut d’autant plus rapidement clos qu’il était visible que le pouvoir avait hâte d’en finir avec un dossier plus volumineux que lumineux.

    C’est sur ces appréciations donc que s’ouvre la relation du procès de 1966 qui, et il n’est pas neutre de la souligner, s’appelle pour le commun des mortels « l’affaire BEN BARKA », nom de la victime, et non du nom des accusés, ce qui est plus habituel en matière criminelle.

    Dans cette première affaire l’audience durera 17 semaines, six accusés sont présents dans le box. Ils sont accusés d’arrestation illégale et de séquestration et pour le Roy Finville de non dénonciation de crime.

    Bien entendu, cette première partie de procès sera interrompue par l’arrivée de Monsieur DLIMI, ce qui renverra le procès et conduira à une deuxième session d’assises.

    Pour synthétiser l’essentiel du procès, en tout cas de cette première partie du procès, il faut reprendre la citation qui est faite par Maître BUTTIN s’agissant de la plaidoirie de l’un de ses confrères qui relève qu’ « il est regrettable que beaucoup de gens n’ait connu l’existence de BEN BARKA, ce leader du Maroc et du Tiers-Monde, qu’à propos de son enlèvement (…) » (Cf. page 299) nous sommes manifestement dans une tribune politique et non dans une enceinte de justice.

    Il faut relever qu’avec une certaine franchise, Maître BUTTIN note que cette première série de journées d’audience est très décousue, que les témoignages sont contradictoires et qu’il est tellement impliqué dans le dossier que le Président va même jusqu’à s’interroger, s’adressant à lui, en lui disant :

    « (…) êtes-vous témoin ou avocat ? (…) »ceci est intéressant pour la situation actuelle de ce dossier et des agissements du juge Ramael.

    La réflexion du Président de la Cour d’Assises de Paris résulte de l’interrogatoire de EL MAHAI qui est pris à partie par Maître BUTTIN lorsqu’il déclare qu’il est étudiant, alors qu’il l’aurait reçu précédemment au Ministère de l’Intérieur à Rabat en lieu et place du Général OUFKIR.

    D’ores et déjà, on s’aperçoit que Maître BUTTIN est arc-bouté sur le fait de savoir qui est Monsieur CHTOUKI.

    En effet, il explique au Président que pour sa cliente Madame BEN BARKA, il a besoin de savoir qui est ce personnage, qui est selon lui la charnière du dossier et que personne n’a pu retrouver.

    Le Président en bon magistrat lui coupe la parole et lui dit :

    « (…) se sont des appréciations je voudrai que vous posiez votre question (…) » (Cf. page 301)

    Il n’est pas neutre non plus de relever avec quelle insistance LOPEZ est interrogé afin d’identifier CHTOUKI et la seule information qui ait pu avoir la Cour d’Assises est que cette personne existait puisque Monsieur EL MAHAI le connaissait.

    Monsieur EL MAHAI va jusqu’à dire qu’il l’a connu comme Commissaire de police et que son prénom était Miloud.

    Monsieur EL MAHAI va être très disert puisqu’il va définir le rôle de DLIMI auprès d’OUFKIR et il identifie le cabinet 1 puis fait référence à la Villa MOKRI. (page 303)

    Manifestement, les débats se tendent et le Président menant de façon ferme et respectueuse du Code de procédure criminelle ceux-ci, va jusqu’à suspendre l’audience compte-tenu de la volonté qu’ont certains avocats des parties civiles de transformer en tribune politique l’audience.

    Ces incidents d’audience vont aller jusqu’à ce que le Président interdise à Maître BUTTIN d’intervenir à tout bout de champ et il ne se retirera pas de ce procès à la demande de Abderrhaman YOUSSOUFI qui lui demande de se maintenir pour pouvoir plaider.

    Pour illustrer la tension qui existait, il est fait référence à un article paru le 30 septembre 1966 dans le journal Combat qui relevait que :

    « Lorsque le 30 septembre, le Président PEREZ a osé censurer le témoignage du Bâtonnier YOUSSOUFI, la partie civile a menacé de se retirer, (…), il ne s’agissait pas d’un chantage. Et c’est pourquoi soudain apeuré le Président, après une courte suspension d’audience a platement battu en retraite, (…), mais je crois comprendre que la partie civile a désormais perdu toute illusion, le pouvoir de Matignon a prévalu sur celui de l’Elysées, (…), la partie civile est revenue pour la forme à la barre. Moralement elle s’est retirée. Le procès des assassins de BEN BARKA peut se poursuivre maintenant sur un autre plan que le judiciaire. L’affaire ne fait que commencer. Le mort aura la vie dure. Le mort aura le dernier mot (…). »

    Cette position et cette relation des faits, en un mot ce témoignage, sont particulièrement importantes dans la situation actuelle puisqu’on s’aperçoit qu’en réalité les parties civiles n’auront de cesse à partir de ce moment là que « ..d’affirmer que cette tragique et ténébreuse affaire à la double responsabilité marocaine et française, ne peut avoir de conclusion puisque les verrous mis par les complices français à une instruction complète et le silence obstiné des accusés et des autres personnes vraisemblablement au courant, empêche que le sort réservé à la victime ne soit connu… » (Cf. page 308)

    La position deviendra éminemment politique, à tel point que les journaux retiennent que Maître BUTTIN fait œuvre de militant en faisant plaidoirie essentiellement centrée sur la politique marocaine pour aboutir à la théorie du complot.

    De façon curieuse, Maître BUTTIN règle le réquisitoire de l’Avocat général TOUBAS en deux lignes en indiquant qu’il est implacable mais qu’il se garde bien de mettre en cause le souverain marocain.

    C’est donc au terme de 37 jours d’audience que le verdict doit être rendu mais un coup de théâtre intervient le 19 octobre, puisque le Directeur général de la Sûreté Nationale Ahmed DLIMI se présent au Palais de justice et se constitue prisonnier.

    Cette arrivée, certes spectaculaire, permet à Maître BUTTIN de retenir que « … le pouvoir marocain en joueur avisé s’sacrifia une pièce importante de son jeu, ce qu’il qualifie être le troisième pilier du régime selon ce qu’aurait écrit le Bâtonnier YOUSSOUFI dans son ouvrage intitulé L’Evènement paru en novembre 1966 page 22. … »(page 311).

    Bien entendu le procès est ajourné et après avoir rappelé la tragique série de décès des confrères de la partie civile, Pierre STIBBE, le Bâtonnier THORP et Michel BRUGUIER Maître BUTTIN une nouvelle fois va extrapoler et à indiquer que tous trois seraient décédés épuisés par les semaines de travail, de présence aux audiences, de tension et de passion lors du procès BEN BARKA.

    Certains seraient même allés jusqu’à parler de la malédiction qui s’abattait sur les avocats de la partie civile.

    Ceci renvoie au 17 avril 1967 où le même Président, à savoir le Président PEREZ ouvre la nouvelle session d’Assises qui est l’objet d’entrée de jeu d’un incident des parties civiles qui souhaiteraient qu’elle soit tenue plus tard.

    Les parties civiles savent que cette demande de renvoi du procès à un mois n’est bien entendu pas acceptable pour le Président.

    Ceci conduit Maître BUTTIN à affirmer qu’à compter de ce jour, Madame BEN BARKA a décidé de consacrer désormais sa vie et ses moyens à la recherche de la vérité, et c’est face au refus de cette demande de renvoi que la partie civile quitte l’audience et deviendra un spectateur silencieux. (Cf. page 315).!

    Faisant manifestement l’objet d’une orchestration et d’une organisation particulière qui avaient pour seul but, dès cette époque là, de montrer que dans cette affaire l’instruction dans un premier temps puis le procès dans un second ne sont pas normalement menés, la partie civile va avoir le beau rôle de quitter les débats et sera soutenue par une partie de la presse française comme par exemple le Canard Enchaîné qui écrit le 19 avril 1967 :

    « Dieu merci, la mort, puis le Président PEREZ ont finalement réussi à écarter cette inconvenante partie civile du prétoire, où elle jetait le trouble. Désormais, le linge sale de l’affaire BEN BARKA se lavera, comme il se doit, en famille. Tous les espoirs sont permis (…) Quant à Monsieur le Président PEREZ, le voici réduit au silence. Son rôle principal consistait, en effet, à dire « la question ne sera pas posée » et l’on saura enfin la vérité, comme toute la vérité, comme l’a promis DE GAULLE à la mère de BEN BARKA ».

    Fort de cette position de témoin silencieux, Maître BUTTIN va ensuite dans son ouvrage faire sa plaidoirie, en disant « si j’avais pu plaider les débats auraient été différents ».

    Comme vous le savez le verdict est rendu le 5 juin 1967. Monsieur SOUCHON est condamné à six ans, LOPEZ à huit ans de réclusion criminelle. Maître BUTTIN rappelle que l’Avocat Général avait requis 20 ans contre le premier et 15 ans contre le second. Tous les autres accusés sont acquittés et c’est ainsi que seront clôturés 70 journées d’audience.

    L’auteur nous livre également une citation parue dans la revue L’Evènement sous la plume de K. Archibald qui écrivit que :

    « en rendant leur verdict, les jurés n’ont fait que rendre au Tribunal la monnaie de sa pièce. Les faiblesses du dossier, les références sempiternelles au secret professionnel et à l’acte de gouvernement, leur ont fait comprendre qu’ils n’avaient pas droit à la vérité mais aux quelques parcelles que la raison d’état jugeait bon de leur livrer. Dans ces conditions, ils ont estimé qu’ils n’avaient pas à juger (…) ».

    Mais la Cour rendit également le même jour un deuxième arrêt pour condamner par contumace OUFKIR, CHOUKI et les quatre truands français dans cet arrêt Ahmed DLIMI est acquitté, OUFKIR condamné par contumace. Ainsi se clôture la première partie de cette affaire.

    Maître BUTTIN renvoie à des appréciations politiques en faisant référence notamment au livre « Les officiers de sa Majesté » mais ce n’est pas particulièrement dirimant.

    1. deuxième plainte de 1975 à 2010 :

    Comme nous le savons, Maître BUTTIN a régularisé une plainte contre X le 21 octobre 1975 pour assassinat, complicité d’assassinat et toute autre infraction que l’instruction révèlerait.

    Cette plainte est motivée par le fait que les arrêts du 5 juin 1967 n’ont pas fait justice. (Cf. page 339)

    Il ne me semble pas très pertinent de faire des développements sur l’introduction afférente à cette deuxième plainte puisqu’il s’agit essentiellement d’appréciation de Monsieur BUTTIN et le premier élément intéressant développé visé les mandats d’arrêt en page 352.

    Ce qui ne sera pas pour nous surprendre, il retient que le Juge RAMAEL a incontestablement adopté une attitude plus offensive que ces prédécesseurs et cette offensive bien entendu prend la forme des cinq mandats d’arrêt d’octobre 2007 qui sont motivés uniquement pour entendre les survivants de l’époque « et non à priori pour les mettre en examen comme certains médias l’ont soutenu » (page 352).

    Il rend également hommage au courage du journaliste Joseph TUAL et relève que cette décision du Juge RAMAEL est une première depuis le dépôt de la nouvelle plainte.

    Ensuite, il est rappelé que manifestement les mandats d’arrêt internationaux n’ont pas gêné dans ses déplacements le Général BENSLIMANE et qu’en juin 2009 lorsque Michèle ALLIOT-MARIE devient Ministre de la justice et des libertés, après qu’elle ait été saisie par lettre, s’étonnant de la non exécution par le Maroc des commissions rogatoires internationales, il aura reçu une réponse le 28 août, lui indiquant qu’elle saisissait immédiatement le Directeur des affaires criminelles et des grâces et à mi-septembre, la décision est prise de diffuser les mandats d’arrêt.

    Il est relevé que moins de 24 heures après, une décision contraire intervient.

    Fort de cela, et de ces errements quant à l’exécution des mandats d’arrêts ou des commissions rogatoires internationales, Maître BUTTIN rappelle que le 2 octobre 2008 il avait été reçu au quai d’Orsay par trois représentants du Président de la République française et qu’on lui aurait proposé un marché, à savoir d’échanger l’exécution des commissions rogatoires internationales contre la mise à néant des mandats d’arrêts internationaux. Marchandage auquel il se serait refusé.

    Il termine ce chapitre en apothéose en citant in extenso la lettre écrite le 7 octobre 2009 par le Juge RAMAEL au Procureur de la République en lui indiquant :

    « (…) Interpol revendique le blocage des diffusions sollicitées selon des procédures internes confidentielles qui tiennent compte des intérêts politiques et diplomatiques. En conséquence, j’estime inutile et hypocrite de fournir de plus amples éléments afin de permettre d’apprécier s’il s’agit d’une affaire mettant en cause des responsabilités étatiques. Manifestement l’affaire BEN BARKA continue de déranger 44 ans après, (…) ».

    L’auteur ajoute que le Juge renouvelle alors les quatre mandats d’arrêt et ajoute un cinquième visant Monsieur EL ASSOUNI puisque semble-t-il il vient d’obtenir l’identité complète de celui-ci.

    L’auteur s’exclame en conclusion que le Maroc refuse d’exécuter les commissions rogatoires internationales et que la France s’oppose à l’exécution des mandats d’arrêt. Une fois de plus la raison d’état et des Etats l’a emporté sur l’exigence de justice. (page 354)

    A partir des pages suivants, il s’agit plus d’un travail d’enquête qui est mené par l’auteur, qui a reconstitué certains éléments à partir soit des pièces pénales soit d’auditions récentes de personnes qui subitement se présentent chez le Juge RAMAEL, tel un agent d’Orly Monsieur Daniel TROUBLE qui, le 18 juin 2009, va déclarer au Juge d’instruction :

    « Lorsque je suis arrivé comme jeune agent des services commerciaux aux frets d’Orly, en 1969, j’ai entendu parler les anciens et je suis venu vous livrer mon témoignage (…). Il se disait qu’un dimanche, me semble-t-il, vers 5 heures du matin, l’employé de permanence pour la taxation des colis avait vu arriver en personne Maurice PLAGIAS, chef du centre de fret, et deux autres personnes. La présence de ces deux responsables ce jour là et à cette heure là, était totalement inhabituelle.

    Ils étaient venus faire taxer un colis parallélépipédique, identique à ceux servant à transporter les cercueils, d’un poids de 125 à 140 kg, supposé contenir des pièces détachées à destination de Casablanca.

    Ce colis a été embarqué dans un DC3 qui n’aurait embarqué rien d’autre (…). Le lendemain, deux gendarmes sont venus récupérer la souche de la LTA, qui est le titre de transport d’une marchandise et l’ont emportée. Là aussi c’est étrange (…), quelques semaines plus tard PLAGIAS et FOSSATI ont été muté tous les deux. Il faut dire que les rumeurs de leur appartenance au SDECE allaient bon train (…) ».

    Tout à l’avenant jusqu’à la fin de l’ouvrage et sur le dernier chapitre afférent aux responsabilités de façon paradoxale et peut-être consensualiste, on peut relever que quatre pays semblent avoir une responsabilité aux yeux de Maître BUTTIN, à savoir le Maroc, la France, Israël et les Etats-Unis.

    Dans le cadre de cet ouvrage et au regard de ce qui nous intéresse plus particulièrement, je souhaite relever l’attention du lecteur sur la page 251.

    Je reviens sur celle-ci car elle me semble essentielle sur la relation des faits et l’analyse qui en est faite par Maître BUTTIN au regard du mandat d’arrêt international visant Monsieur Miloud TOUNZI.

    Bien entendu, de façon lapidaire et sans que ceci soit nullement fondé, bien au contraire tout permet de contester cette affirmation, l’auteur fait un amalgame entre Miloud TOUNZI et Miloud CHTOUKI.

    Je rappelle que le mandat d’arrêt international vise un homicide volontaire à l’encontre de Monsieur Miloud TOUNZI et donc suppose que celui-ci ait à tout le moins rencontré l’hypothétique victime dans le cadre de sa présence à Paris le 30 octobre 1965.

    Or, ce samedi 30 octobre 1965, Maître BUTTIN a semble-t-il collationner dans le premier dossier généré par la première plainte des informations chronologiques très précises qui conduisent à pouvoir affirmer que Monsieur CHTOUKI n’a jamais rencontré Mehdi BEN BARKA à Paris à cette date là.

    Par voie de conséquence, juridiquement le mandat d’arrêt, bien entendu passée la difficulté première de faire un amalgame et une parfaite superposition de personne, succomberait à l’analyse juridique puisque Maître BUTTIN affirme :

    « (…) OUFKIR arrive à son tour à Orly à 17 heures. Accueilli par CHTOUKI, EL MAHI et LOPEZ. Il se fait conduire par celui-ci à Fontenay le Vicomte où DLIMI l’accueille vers 18 heures. Le Général a confié sa valise à EL MAHAI et lui a demandé de lui prendre une chambre à l’hôtel ROYAL ALMA et de l’y attendre avec CHTOUKI. Tous deux patienteront une partie de la nuit en vain. OUFKIR n’occupera à aucun moment la chambre, mais fera chercher sa valise. EL MAHI passe plusieurs coups de fils chez BOUCHESEICHE et chez LOPEZ sans réponse (…) ».

    Donc cette reconstitution, si on la retient comme étant juste, et il n’y a aucune raison de ne pas le faire, atteste incontestablement d’une impossibilité physique de rencontre entre Mehdi BEN BARKA et le sieur CHTOUKI.

    Bien entendu, cet ouvrage peut donner lieu à d’autres réflexions mais j’ai volontairement cantonné mon analyse à cette partie du dossier afférente à Monsieur Tounzi.

    ***

    En conclusion, il faut retenir que cet ouvrage n’aura sans doute pas beaucoup de lecteurs. Toutefois il est une note de synthèse très intéressante même si elle est à charge puisqu’elle dissimule certainement des éléments à décharges contenus dans le premier dossier pénal qui nous sont inconnus, tout comme des éléments contenus dans le deuxième dossier pénal et qui viendraient les uns comme les autres asseoir incontestablement la position selon laquelle les mandats d’arrêt internationaux qui ont été relancés en octobre 2007 à l’encontre des quatre personnes susnommés, n’ont aucun fondement et ne sont, comme Maître BUTTIN le dit lui-même dans son ouvrage, que des ballons sondes qui ont uniquement comme ambitions d’obtenir des informations qu’ils ignorent encore aujourd’hui après plus de 35 ans d’instruction et 11 juges d’instruction.!

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    LA DISPARITION DE BEN BARKA DANS LA PRESSE FRANÇAISE

    Le Monde : Révélations en Israël sur l’implication du Mossad dans l’affaire Ben Barka
    Deux journalistes viennent de publier une enquête sur le rôle des services de renseignements israéliens dans la disparition de l’opposant marocain, cinquante ans après son enlèvement à Paris.

    Entretien. Quel rôle a joué le Mossad dans l’affaire Ben Barka ?

    L’enlèvement de l’opposant marocain en plein Paris, le 29 octobre 1965, puis son assassinat, ont fait l’objet d’innombrables thèses, rumeurs et conclusions plus ou moins fiables. Le corps de Mehdi Ben Barka n’a jamais été retrouvé, mais l’implication de plusieurs parties a été établie. En 1966, deux journalistes israéliens avaient été arrêtés pour avoir publié dans l’hebdomadaire Bul un article laissant entendre que les Israéliens auraient été mêlés à l’enlèvement, devant la brasserie Lipp. L’hebdomadaire, aussitôt retiré de la circulation par les autorités, mettait en cause le général Meïr Amit, chef du Mossad à l’époque. En 1987, le Haaretz écrivait que le gouvernement israélien (dirigé alors par Lévi Eshkol) avait été tenu dans l’ignorance de cette opération.

    Le 20 mars, deux journalistes du quotidien Yediot Aharonot, Ronen Bergman et Shlomo Nakdimon, ont publié une enquête fleuve dévoilant les coulisses de l’implication logistique du Mossad, en

    soutien des assassins marocains de l’opposant. Une enquête qui a été soumise, comme l’exige la loi en Israël, à la relecture de la censure militaire. Les journalistes ont mis au jour les détails de l’incroyable conflit politique survenu en Israël, entre le chef du Mossad, le premier ministre et celui qui fut chargé d’enquêter sur cette affaire d’État, Isser Harel. Mort en 2003, Harel fut une figure mythique des services israéliens, d’abord fondateur du Shin Bet (renseignement intérieur) après l’établissement de l’Etat en 1948, puis directeur du Mossad entre 1952 et 1963. L’enquête s’appuie sur les minutes des rencontres entre ces trois hommes, ainsi que sur des témoignages de certains des acteurs.

    Ronen Bergman, célèbre journaliste d’investigation en Israël, spécialisé dans les questions militaires et les services de renseignement, revient sur les coulisses d’une opération du Mossad à

    l’issue non préméditée, qui s’est fini en désastre. Ronen Bergman met actuellement la dernière main à un livre sur l’histoire du Mossad.

    Pouvez-vous revenir sur les circonstances dans lesquelles le Mossad s’est retrouvé impliqué dans l’affaire Ben Barka ?

    Le Mossad ne souhaitait pas être impliqué. Cela apparaît clairement dans les documents et les rencontres entre les dirigeants de l’époque.

    Le service voulait parvenir à l’impossible : ne pas être partie prenante, tout en parvenant à satisfaire leurs homologues marocains, en leur fournissant ce qu’ils souhaitaient. Les relations secrètes avec les Marocains étaient considérées comme stratégiques, de la plus haute importance. Elles relevaient de ce que le Mossad appelait la théorie de la périphérie, consistant à développer des relations avec des pays entourant Israël et les ennemis d’Israël, comme l’Iran, l’Ethiopie, la Turquie, et donc le Maroc. Le Maroc représentait un grand défi car c’est un pays arabe, aux très fortes relations avec la Ligue arabe, et n’entretenant pas de conflit avec une partie du monde arabe, comme l’Iran. Le Mossad a réussi à créer des intérêts communs avec le roi Hassan II et ses services. Cela a commencé en convainquant le roi de laisser les juifs de son pays émigrer vers Israël. Puis Israël a fourni une aide militaire et en matière de renseignement. En échange, on a obtenu un accès à des informations par le Maroc.

    Un mois et demi avant l’enlèvement de Ben Barka, il y a un sommet crucial de la Ligue arabe à Casablanca…

    Effectivement, il y a eu un sommet arabe en septembre 1965, lors duquel le Mossad a obtenu la possibilité d’observer. Les Marocains ont fourni au Mossad des documents décrivant les délibérations. Je en peux m’appesantir sur le détail de ces activités car elles sont en partie

    couvertes par le secret militaire. Mais le contenu des discussions a été qualifié comme étant le plus grand succès en matière de renseignement de notre histoire. L’un des sujets du sommet était de

    savoir si les pays présents étaient prêts à une nouvelle guerre contre Israël. Les informations obtenues ont été une des bases de la confiance en eux des chefs militaires israéliens, au moment de la guerre des Six jours, en 1967. Pourtant, à l’époque, beaucoup pensaient que le pays serait rayé de la carte.

    Mais cet accès privilégié a eu un prix…

    Oui. Trois jours après le sommet, les Marocains ont réclamé le paiement pour ces informations : il s’agissait d’aider à localiser et à tuer Ben Barka. Il y a eu des versions divergentes sur ce sujet. Selon le professeur Yigal Bin-Nun, que nous citons dans l’article, qui a beaucoup travaillé sur l’affaire et recueilli de nombreux témoignages auprès des services marocains et israéliens, le plan initial était d’enlever Ben Barka, de l’amener au Maroc et de lui faire une proposition qu’il ne pouvait refuser : accepter un poste de ministre sous peine d’être poursuivi pour haute trahison.

    Je ne suis pas sûr que ce soit vrai. Les documents rapportant les entretiens entre le directeur du Mossad, Meïr Amit, et le premier ministre, Lévi Eshkol, suggèrent clairement qu’Amit avait appris des Marocains qu’ils voulaient le tuer. Par ailleurs, dans le cadre de leur aide logistique, le Mossad s’est vu demander à deux reprises de fournir aux Marocains des poisons différents. Pourquoi demander du poison si on ne veut pas le tuer ?

    Quelle est la nature des documents que vous citez, concernant les rencontres officielles ?

    Ce sont les minutes, rédigées par l’un des plus proches conseillers du premier ministre, au moment de ces rencontres. Ils sont très secrets. On nous les a montrés. Ils ne sont pas publics. Ce genre de document était scellé, selon la loi, pour cinquante ans. Il y a cinq ans, je me suis adressé à la Cour suprême pour obtenir la publication de toutes les archives confidentielles antérieures à cinquante ans. Le gouvernement a fait savoir à la Cour que le délai était dorénavant porté de cinquante à soixante-dix ans.

    Vous citez une rencontre, le 4 octobre 1965, entre le premier ministre et Meïr Amit, le directeur du Mossad, qui dit : « Le roi Hassan a donné l’ordre de tuer Ben Barka ».

    Amit comprend qu’ils veulent le tuer. Mais ça laisse une question en suspens : pourquoi ne pas assassiner Ben Barka en pleine rue à Paris ?

    Ça serait bien plus simple que de le conduire dans un appartement, de le torturer, si ce n’est pour leur plaisir personnel. Les Marocains avaient donc peut-être d’autres objectifs, même s’ils envisageaient de le tuer à la fin.

    Amit et peut-être le premier ministre avaient l’impression que l’opération n’aurait pas lieu, que les Marocains laisseraient les choses en l’état. Amit pensait pouvoir recueillir le bénéfice de la coopération, en apparaissant comme un bon partenaire, sans être impliqué dans un assassinat. Il ne ment pas quand il rapporte au premier ministre que le Mossad n’est pas impliqué directement dans l’assassinat de Ben Barka. Ce ne sont pas des mains israéliennes qui ont serré le cou, le Mossad n’était pas présent au moment des faits et n’a pas autorisé sa mise à mort. Mais il minimise le rôle joué par le service.

    Quelle a été l’implication logistique du Mossad ? On sait que, dans la phase initiale, ils avaient aidé à repérer Ben Barka en Suisse, à Genève…

    Ils ont ensuite aidé en fournissant de faux documents pour louer des voitures et ils ont donné des passeports aux Marocains et aux mercenaires français pour pouvoir prendre rapidement la fuite après les faits. Il est clair aussi que le Mossad a fourni un appartement, une cache aux Marocains, mais on’est pas certain que ce fut celui où Ben Barka a été conduit.

    Et le corps de Ben Barka ?

    Quelques minutes après le drame, Ahmed Dlimi [adjoint du ministre de l’intérieur, Mohammed Oufkir] a appelé le Mossad de l’appartement en disant : « Je ne voulais pas, il est mort. » Selon

    certains témoignages de premier ordre dont nous disposons, le Mossad s’est chargé d’évacuer le corps de l’appartement, puis de s’en débarrasser. Les agents connaissaient une forêt près de Paris, très prisée pour les pique-niques familiaux. Le service a eu l’idée de dissoudre le corps avant de l’enterrer avec de l’acide, à base de produits chimiques achetés dans plusieurs pharmacies. Cette nuit-là, il a plu. La pluie a accéléré le processus. C’est l’aspect le plus visuel, le plus dramatique de l’implication du Mossad. Le service était très réticent à l’idée d’être impliqué dans l’opération. Au début des années 1960, Ben Barka avait été en contact avec les Israéliens, notamment les services, qui n’avaient aucune hostilité contre lui. Mais ils avaient une énorme dette envers les Marocains.

    Quel a été le rôle d’Issa Harel, figure mythique de la communauté du renseignement israélienne, dans la crise politique qui s’est nouée après l’assassinat, en Israël même ?

    Il faut rappeler le contexte. Harel avait dû démissionner comme directeur du Mossad deux ans plus tôt. Il y avait eu une dispute très sévère entre lui et David Ben Gourion [alors premier ministre]. Il

    pensait que Ben Gourion ne pourrait gérer le Mossad sans lui. Mais Ben Gourion a accepté sa démission et a nommé le chef du renseignement militaire, Meïr Amit, à la tête du service. Harel était convaincu que le Mossad, c’était lui, et qu’Israël, c’était le Mossad.

    Par la suite, il y a eu un clash interne au sein du camp travailliste, pour capter l’héritage de Ben Gourion, entre Eshkol, Golda Meir et d’autres. Harel, lui, voulait se venger et prouver que son successeur était incompétent. Il a alors entendu parler de l’affaire Ben Berka.

    Nommé conseiller du premier ministre Eshkol, il lui a dit qu’il devait virer Amit. Eshkol a refusé. Harel lui a dit alors : vous devez démissionner vous-même ! Il menaçait, dans le cas contraire, de tout dire en public et de causer un énorme tourbillon.

    Est-il possible d’imaginer que le premier ministre n’ait pas été au courant de l’opération Ben Barka ?

    Je ne suis pas sûr qu’il était courant de tout. Quand on compare ce que savaient les acteurs sur le terrain et ce que Amit rapportait à Eshkol, il y a une grande différence. Cela concerne le degré d’implication du Mossad, ses contacts directs avec les Marocains avant et après l’assassinat de Ben Barka, les informations fournies aux Marocains pour pouvoir localiser Ben Barka, le fait que le Mossad était derrière le piège destiné à attirer Ben Barka à Paris (un projet de documentaire sur lui). Je n’ai trouvé aucun rapport d’Amit au premier ministre détaillant le niveau d’implication du Mossad. Eshkol a fini par demander l’ouverture d’une enquête sur cette affaire, une enquête extrêmement superficielle. Deux feuilles manuscrites, après un travail de trois jours.

    Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant)

    Le Monde, 23 mars 2015 via Academia

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    El Watan : Français et Israéliens derrière la disparition de Ben Barka

    Un nouveau témoignage, cette fois d’un homme du «système» marocain, accable de nouveau les services de renseignement français (DGSE) et israéliens (Mossad) de l’enlèvement et l’assassinat du célèbre opposant marocain, Mehdi Ben Berka, à Paris en 1965, sur demande des services secrets marocains. Le voile sera-t-il un jour levé sur l’affaire Mehdi Ben Barka, grand opposant au régime marocain et un des leaders du mouvement tiers-mondiste et panafricaniste ? Avec le temps, les langues se délient.

    Des révélations sont attendues sur l’affaire liée à l’assassinat, en France, de l’opposant marocain, Mehdi Ben Barka, à l’occasion de la présentation, hier à Rabat, par l’ancien Premier ministre marocain, Abderrahmane Youssoufi, de ses Mémoires, dans lesquels il atteste de l’implication des services secrets marocains, français et israéliens dans ce crime politique.

    Dans son ouvrage intitulé Récits du passé, l’ancien Premier ministre du gouvernement de l’Alternance marocain (1998-2002), a décidé, au crépuscule de sa vie (94 ans), de donner sa version des événements vécus par le Maroc le long de la deuxième moitié du siècle passé. Chacune des trois parties, le Maroc, la France et Israël, avait «un intérêt particulier à faire taire Ben Barka», selon l’homme politique marocain. Abderrahmane Youssoufi, ancien militant du parti Istiqlal, avait été chargé de suivre le dossier de l’assassinat de Mehdi Ben Barka auprès de la justice française.

    Depuis sa disparition à Paris, le 29 novembre 1965, le corps de l’opposant de Hassan II n’a jamais été retrouvé et l’affaire n’a jamais été élucidée. Il fut l’un des principaux opposants socialistes au roi Hassan II et le chef de file du mouvement tiers-mondiste et panafricaniste. De son vivant, il avait initié de nombreuses mobilisations populaires au Maroc.

    L’ex-président français, François Hollande, avait décidé, en mai 2017, quelques jours avant de quitter ses fonctions, de lever le secret défense sur 89 documents relatifs à l’affaire de l’assassinat, en France, de la figure de la gauche marocaine, dont le corps n’a jamais été retrouvé. Ces documents englobent les rapports, notes de synthèse, bulletins de renseignement, procès-verbaux, auditions, questionnaires, fiches, biographies, des photos et lettres détenus. Mais un document est resté bloqué dans cette déclassification et la CSDN a refusé de lever le secret-défense.

    Selon les médias français, il s’agit d’un document qui se trouvait, en 2010, dans les locaux de la Direction générale de la sécurité extérieure et dont on ignore le contenu. L’auteur de Récits du passé, qui a tenu à faire coïncider la parution de ses Mémoires avec son 94e anniversaire, Abderrahmane Youssoufi en l’occurrence, regrette à ce titre que son pays «n’ait pas pu amorcer un virage démocratique pour plusieurs raisons». Parmi ces causes, «l’incapacité» de l’élite politique marocaine elle-même à opérer cette transformation. A cela s’ajoutent une «mauvaise gouvernance» et «une administration archaïque».

    Ont été évoqués notamment, outre son enfance, les dessous de son retrait de la vie politique en 2003, des épisodes du mouvement national marocain, des premières heures de l’aube de l’indépendance, ses liens avec feu Mehdi Ben Barka, son opposition au régime, sa prise de commande de l’Union socialiste des forces populaires (USFP) et sa pratique politique au sein du gouvernement de l’Alternance marocain.

    Divisés en trois parties, les Mémoires, rédigés par son compagnon de route M’barek Boudarqa, seront présentés au théâtre Mohammed V de Rabat, qui coïncide avec son 94e anniversaire.

    Alhadith fi ma jara (Récits du passé) est une compilation en trois tomes d’éléments biographiques, d’entretiens et de discours de l’ancien opposant et chef du gouvernement. L’ouvrage sortira en librairie le lendemain de sa présentation au public au théâtre Mohammed V à Rabat, une présentation à laquelle prendra part Abderrahmane Youssoufi, en compagnie de nombreuses personnalités marocaines et internationales de la politique.

    El Watan, 09 mars 2018

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    Europe1 : Comment le Mossad a aidé les services secrets marocains à éliminer l’opposant Mehdi Ben Barka ?

    Au micro de Patrick Cohen sur Europe 1, Ronen Bergman, qui publie « Lève-toi et tue le premier : l’histoire secrète des assassinats ciblés commandités par Israël », revient sur l’assassinat de l’opposant marocain Mehdi Ben Barka, auquel les services secrets israéliens auraient participé.
    INTERVIEW
    Près de 1.000 pages et de multiples révélations. Ronen Bergman, journaliste au New York Times et investigateur israélien, publie aux éditions Grasset Lève-toi et tue le premier : l’histoire secrète des assassinats ciblés commandités par Israël, un livre événement qui revient sur les nombreuses exécutions réalisées par le Mossad, l’agence de renseignements de l’État hébreu. Dans « C’est arrivé demain », le journaliste raconte sur Europe 1 comment les services secrets israéliens ont aidé le gouvernement marocain à éliminer Mehdi Ben Barka, l’un des principaux opposants au Roi Hassan II dans les années 1950.

    « Dans le monde du renseignement, il n’y a rien de gratuit »
    « Ce n’est pas simplement que le Mossad a œuvré, c’est beaucoup plus que cela », explique Ronen Bergman. « Le service de renseignements du Maroc a rendu service énorme aux Israéliens en donnant au Mossad la capacité d’écouter les conversations les plus secrètes des dirigeants arabes », affirme le journaliste du New-York Times. « Mais ils voulaient quelque chose en échange, car dans le monde du renseignement, il n’y a rien de gratuit. »

    Si des Français étaient déjà impliqués dans l’élimination de l’anticolonialiste Mehdi Ben Barka, le Maroc demande aussi au Mossad de l’aider, raconte Ronen Bergman. Le 29 octobre 1965, le leader panafricain se rend à un rendez-vous à la brasserie Lipp à Paris, mais les services secrets israéliens l’ont traqué afin que les Marocains l’enlèvent. L’opposant socialiste au roi Hassan II est alors torturé et tué par les services secrets marocains. « Le Mossad aide les assassins à se débarrasser du corps et à l’enterrer sous ce qui est aujourd’hui le musée Louis Vuitton, dans le bois de Boulogne », poursuit Ronen Bergman.

    « L’utilisation quasi systématique des éliminations a changé de nombreuses fois l’histoire en bien »
    Interrogé par Patrick Cohen sur les conséquences des éliminations commanditées par le Mossad, Ronen Bergman se veut nuancé. « Ça change l’histoire, parfois du bon, parfois du mauvais côté », affirme-il. « Mais après huit ans de recherches, je peux affirmer que l’utilisation quasi systématique des éliminations a changé de nombreuses fois l’histoire en bien », explique Ronen Bergman, prenant en exemple les éliminations qui ont suivi les attentats de Munich.

    Europe1, 09 fév 2020

    #Maroc #Mossad #Israël #BenBarka #Services_secrets #HassanII

  • Algérie-Maroc: 60 ans de relation conflictuelle -3 et fin-

    Algérie-Maroc: 60 ans de relation conflictuelle -3 et fin-

    Algérie-Maroc: 60 ans de relation conflictuelle -3 et fin- – Sahara Occidental, Israël, Etats-Unis, Maghreb,

    Par Khadija Mohsen-Finan*

    L’axe Washington-Tel-Aviv-Rabat rebat les cartes

    En décembre 2020, le Maroc et les États-Unis signent un accord qui stipule que Rabat normalise ses relations avec Israël en contrepartie de la reconnaissance par Washington de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental. L’appui franc de Washington à Rabat sur un dossier aussi sensible que celui du Sahara occidental déséquilibre la relation entre le Maroc et l’Algérie. Il introduit aussi un acteur nouveau sur la scène politique maghrébine : Israël

    Ce double parrainage, américain et israélien, reconfigure la scène régionale et donne à Rabat une longueur d’avance sur Alger. Désormais, leur rivalité n’a plus pour théâtre le Maghreb, mais l’Afrique, un terrain ancien pour une Algérie qui s’était distinguée par sa diplomatie et son rôle d’intermédiaire sur la scène africaine. Mais ce pays a connu une longue léthargie, notamment due à la maladie du président Abdelaziz Bouteflika à partir de 2013. Une perte d’influence qui a profité au Maroc qui a réintégré l’Union africaine (UA) en 2017, qui a investi massivement dans le secteur économique, et qui a développé une diplomatie religieuse. L’influence acquise ces dernières années par le Maroc en Afrique lui a permis de compter de nombreux Etats africains qui se sont ralliés à sa position sur le Sahara occidental. Elle a aussi permis au Maroc de venir en aide à Israël qui voulait retrouver son statut d’observateur au sein de l’UA, perdu en 2002. L’Algérie avait pourtant essayé de s’opposer à la réintégration d’Israël, rappelant aux membres de l’UA que cette instance a toujours appuyé la cause palestinienne.

    Pour Israël, son statut au sein de cette instance africaine constitue une première étape pour un déploiement géostratégique en Afrique de l’Ouest. En contrepartie de son aide, et plus largement de la normalisation de sa relation avec l’Etat hébreu, le Maroc entend bénéficier d’investissements importants. Rabat souhaite intensifier sa coopération sécuritaire qui existait déjà avant les accords d’Abraham. Les révélations faites sur l’utilisation massive du logiciel espion Pegasus par le Maroc en atteste : 6.000 numéros de téléphone algériens ont été espionnés, dont ceux des acteurs de la classe politique.

    Cette proximité affichée entre Rabat et Tel-Aviv irrite le pouvoir algérien, d’autant que les acteurs politiques israéliens n’hésitent pas à stigmatiser l’ennemi traditionnel de leur allié marocain. En août 2021, et alors qu’il était en visite à Rabat, Yaïr Lapid, le ministre israélien des Affaires étrangères, déclarait, en présence de son homologue marocain Nasser Bourita qu’il était « inquiet du rôle joué par l’Algérie dans la région, du rapprochement d’Alger avec l’Iran et de la campagne menée par Alger contre l’admission d’Israël en tant que membre observateur de l’UA ». RamtaneLaamamra, le ministre algérien des Affaires étrangères, n’a pas manqué de répondre à ces accusations, déclarant que « jamais, depuis 1948, on n’a entendu un membre du gouvernement israélien proférer des menaces contre un pays arabe à partir du territoire d’un autre pays arabe ».

    Il est vrai que les propos de Yaïr Lapid succédaient à ceux de Omar Hilale, ambassadeur du Maroc à l’ONU. Les 13 et 14 juillet 2011, lors d’une réunion des Non-alignés à New York, il avait en effet distribué une note disant que le « vaillant peuple kabyle mérite, plus que tout autre, de jouir pleinement de son droit à l’autodétermination ». La tension est à son comble, d’autant que pour Alger, le Maroc qui soutient ouvertement, voire cautionne le Mouvement pour l’autonomie en Kabylie (MAK), est également impliqué dans les incendies de l’été 2021 en Kabylie.

    Le 17 août, le Haut Conseil de sécurité dirigé par le chef de l’Etat algérien décidait de « revoir » les relations de son pays avec le Maroc, et le 24 août, Alger annonçait la rupture de ses relations diplomatiques avec le Maroc.

    Le gaz algérien comme moyen de pression sur le Maroc

    Alger tente de réagir aux succès diplomatiques de son voisin et rival marocain en usant de l’une des dernières cartes à sa disposition, celle du gaz.

    Depuis 1996, le Maroc est un pays de transit pour le gaz algérien exporté en Espagne et au Portugal, transportant ainsi 10 milliards de mètres cubes de gaz chaque année. Le Maroc couvrait ainsi 97% de ses besoins en prélevant directement du gaz transitant sur son territoire comme droit de passage et en l’achetant à un tarif préférentiel à l’entreprise d’Etat Sonatrach. Le contrat entre Sonatrach et l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (Onee) qui arrivait à échéance le 31 octobre 2021 n’a pas été renouvelé.

    Selon Alger, cette rupture avait pour objet de protester contre des « pratiques à caractère hostile qui portent atteinte à l’unité nationale ». Pour mieux nourrir le conflit qui oppose les deux Etats, le 31 octobre, l’Onee publiait un communiqué pour dire que l’impact de cette décision sur le système politique marocain est « insignifiant » car le pays a pris ses dispositions, et même si les deux centrales électriques qui fonctionnent grâce au gaz algérien venaient à s’arrêter, le consommateur ne s’en rendrait pas compte.

    En dépit de cette affirmation, le Premier ministre marocain Aziz Akhannouch s’est empressé d’entamer des discussions avec Madrid pour envisager les modalités d’approvisionnement du Maroc en gaz naturel. La négociation n’est pas facile car la crise diplomatique du printemps 2021 n’est pas totalement oubliée par les Espagnols. Elle avait été causée par l’accueil par l’Espagne du chef du Front Polisario qui venait pour des soins. La sanction marocaine à cet accueil intervenait un mois plus tard, à la mi-mai, lorsque plus de 10.000 migrants arrivaient à Ceuta, à la faveur d’un relâchement des contrôles par les autorités marocaines. Mais l’Espagne, qui est le premier partenaire économique du Maroc, a dit vouloir « faire un geste pour garantir la sécurité énergétique du Maroc ».

    Le 3 février 2022, le gouvernement espagnol annonçait que le Maroc pourra acheter du gaz naturel liquéfié sur les marchés internationaux, le faire livrer dans une usine de regazéifaction de l’Espagne et utiliser le gazoduc du Maghreb (GEM) pour l’acheminer sur son territoire.

    Pour autant, cette « stratégie du gaz » n’a pas réussi à affaiblir le rival marocain. Le 18 mars 2022, Pedro Sanchez, le chef du gouvernement espagnol, annonçait le rapprochement de son pays avec le Maroc. Il reconnaissait en effet que le plan d’autonomie proposé par Rabat en 2007 pour clore le conflit saharien représentait « la base la plus sérieuse, réaliste et crédible pour la résolution du différend ». Pedro Sanchez cédait ainsi à l’intense pression exercée par le Maroc, menaçant notamment l’Espagne de ne plus contrôler les flux de migrants qui débarquent sur son territoire. La menace est réelle puisque depuis le début de l’année 2022, le nombre de migrants arrivés aux Canaries à partir du Sahara occidental contrôlé par le Maroc a augmenté de 115% par rapport à la même période en 2021.

    Ce rapprochement entre Madrid et Rabat, qui a pris les Algériens par surprise, isole un peu plus l’Algérie au plan régional. Désormais, le Maroc souhaite bénéficier de la reconnaissance de sa « marocanité » du Sahara occidental par plus grand nombre de capitales occidentales. Une manière de contourner le droit international et l’ONU, en affaiblissant considérablement l’Algérie, déjà en perte de vitesse au plan régional et international.

    Cette stratégie des alliances mise en place par le Maroc pour venir à bout de ce conflit du Sahara, et inaugurée à Washington en décembre 2021, se développe aujourd’hui dans un contexte différent. En effet, l’invasion russe en Ukraine a dicté un nouvel ordre international et une nouvelle définition de la notion d’alliance.

    Repenser le conflit entre Alger et Rabat dans le nouveau contexte international

    L’invasion de l’Ukraine par la Russie a mis en exergue l’anachronisme du contentieux entre l’Algérie et le Maroc pour le leadership régional. La guerre en Ukraine montre en effet que les classes politiques algérienne et marocaine partagent les vues de Vladimir Poutine sur de nombreux aspects. Comme lui, elles pensent que la puissance est encore territoriale. Elles pensent aussi que la guerre concerne deux Etats, abstraction faite de leurs sociétés. Elles pensent enfin que les alliances sont durables, or, elles sont désormais ponctuelles et portent sur des dossiers précis.

    Le 2 mars 2022, le vote de la résolution de l’Assemblée générale des Nations unies exigeant de la Russie un arrêt immédiat de la guerre a révélé à quel point les Etats votaient en fonction de leurs intérêts nationaux et régionaux. Au Maghreb, seule la Tunisie, soucieuse de relancer les négociations avec le FMI pour un emprunt, a voté en faveur de cette résolution. L’Algérie, alliée de longues date de la Russie, s’est abstenue. Car si la Russie continue de lui fournir pratiquement tout son armement, l’Ukraine représente également un allié stratégique pour Alger. Kiev lui fournit des équipements de son complexe militaro-industriel qui est hérité de l’Urss. Mais l’Algérie, qui entend ménager son ami russe qui lui fournit près de 70% de son armement, exprime aussi sa capacité à approvisionner le marché européen en gaz naturel. Toufic Hakkar, le PDG de la Sonatrach, déclarait que « la Sonatrach est et restera un partenaire et un fournisseur fiable du gaz pour le marché européen et est constamment disponible à soutenir ses partenaires de long terme en cas de situation difficile ». En s’abstenant de voter la résolution onusienne, l’Algérie tente de conserver sa fidélité et sa loyauté à la Russie tout en montrant qu’elle pourrait être disposée à répondre aux sollicitations des pays occidentaux. Une manière d’affirmer qu’elle est susceptible de jouer un rôle au plan international, qui viendrait contredire la thèse de son isolement.

    Quant au Maroc, il était absent le jour du vote. Une absence qui traduit un embarras certain. En effet, Rabat souhaite amener la Russie, membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies, à une neutralité positive sur le Sahara occidental. D’où une prudence dans la formulation, le Maroc parlant « d’escalade militaire » et non d’invasion et exprimant des regrets pour les « morts et les souffrances des deux côtés ».

    Mais ce jeu d’équilibrisme a des limites, et c’est finalement l’Ukraine qui a tranché en rappelant son ambassadeur à Rabat.

    Ces quelques exemples montrent à quel point les alliances sont dictées par les intérêts nationaux immédiats, sans qu’il y ait partage de valeurs qui obéissent à la théorie des blocs.

    Alger et Rabat, qui se préoccupent des Etats pouvant leur être utiles dans leur lutte au plan régional, sont encore dans une logique de guerre, et s’arment de manière disproportionnée par rapport à une menace difficile à identifier ou à mesurer.

    Selon le Stockholm International Peaceesearch Institute (Sipri), après l’Egypte, l’Algérie et le Maroc sont les plus importants acheteurs d’armes en Afrique. Entre 2010 et 2020 l’Algérie a consacré 90 milliards de dollars en achat d’armement, tandis que le Maroc en aurait dépensé trois fois moins pour la même période. Mais pour 2022 les budgets militaires des deux Etats ont augmenté. Le Maroc a acheté des drones armés turcs de types Bayraktar TB-2, et l’Algérie négociait encore dernièrement avec Moscou l’achat de missiles aériens S500 et la quatrième génération de l’avion de combat SU-57. Maroc et Algérie achètent du matériel de guerre à la Chine, que ce soit des missiles de défense anti-aérienne pour le Maroc, ou encore un système de guerre électronique pour l’Algérie. Dans un climat de grande tension et de rupture diplomatique entre les deux Etats, l’importance d’un tel armement de guerre fait craindre une guerre sur le terrain.

    Recommandations

    • Il est nécessaire de réfléchir à un nouvel ordre régional. Celui qui a été imposé au Maghreb après les indépendances, opposant Alger à Rabat et se focalisant sur le conflit du Sahara occidental, est aujourd’hui anachronique. Que signifie, dans le contexte actuel, la rivalité entre deux régimes politiques opposés, alors que la guerre froide est terminée et que la théorie des blocs n’existe plus ?

    • La guerre en Ukraine montre que la guerre ne se fait plus uniquement entre Etats. Les sociétés sont concernées et participent à l’élan de guerre et à la résistance. Elles doivent être consultées.

    • La puissance des Etats ne se mesure plus en termes de territoire ou d’arsenal militaire. Alger et Rabat gagneraient à cesser de s’armer de manière inutile et coûteuse. Leur comportement belliqueux pèse sur le développement du Maghreb et sur la coopération en son sein.

    • Il est difficile d’imaginer une victoire totale dans cette guerre qui empoisonne la région. Les classes politiques gagneraient à dépasser ce contentieux et à envisager sérieusement des échanges au plan horizontal.

    • Enfin, l’ONU devrait trouver un règlement au conflit du Sahara occidental, le dernier conflit de décolonisation en Afrique. Seule une solution politique serait acceptable entre les parties, aucune d’entre elles n’ayant perdu le combat. Cette situation de ni paix ni guerre est insupportable pour les Sahraouis. Mais elle est également préjudiciable pour tout le Maghreb.

    (*) Docteure en sciences politiques, historienne et spécialiste du Maghreb et des questions méditerranéennes

    Lapresse.tn, 28/04/2022

    #Algérie #Maroc #SaharaOccidental #FrontPolisario #EtatsUnis #Israël #Maghreb

  • Israël offre son soutien au Maroc sur le Sahara occidental

    Israël offre son soutien au Maroc sur le Sahara occidental

    Israël offre son soutien au Maroc sur le Sahara occidental – Bahreïn, EAU, Emirats Arabes Unis, Egypte, normalisation, Etats-Unis, Anthony Blinken,

    Le 27 mars, Israël a accueilli un sommet historique au cours duquel les ministres des Affaires étrangères du Maroc, de Bahreïn, d’Égypte, des Émirats arabes unis et des États-Unis se sont rencontrés pour discuter d’une myriade de questions internationales. Ils se sont également rencontrés pour illustrer les étapes réussies vers la normalisation des relations entre Israël et les pays arabes du Moyen-Orient. Au cours de cette retraite de deux jours à Sde Boker, le Maroc a abordé le sujet de la région longtemps disputée du Sahara occidental, où Israël a ensuite exprimé son soutien à la proposition d’autonomie du pays pour le désert situé sur la côte nord-ouest de l’Afrique.

    En fin de compte, le Maroc considère le Sahara occidental comme le sien, tandis que le Front Polisario exige qu’il soit un État souverain. Ainsi, le Sahara occidental a fait l’objet d’un conflit territorial prolongé entre le Maroc et son peuple autochtone sahraoui, dirigé par le Front Polisario, qui est un groupe indépendant soutenu par l’Algérie rivale du royaume. Ancienne colonie espagnole, le territoire du Sahara occidental a été illégalement annexé par l’invasion et l’occupation par les militaires marocain et mauritanien en 1975 après le retrait de l’Espagne.

    Aujourd’hui, comme le détaillent les Nations Unies, le Sahara Occidental est le seul territoire africain encore sous occupation coloniale. De plus, par cet événement, le Maroc et la Mauritanie ont violé la déclaration de la CIJ de 1975 selon laquelle aucune nation n’a de souveraineté territoriale sur le Sahara occidental. Un an plus tard, le Front Polisario, reconnu par l’ONU comme « le seul représentant légitime du peuple sahraoui », annonce la création de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) en tant qu’Etat indépendant. Suite à cela, une lutte armée de 16 ans entre le royaume et le mouvement indépendant a duré jusqu’à ce qu’un cessez-le-feu soit conclu en 1991. Cependant, le Polisario a déclaré le cessez-le-feu nul en 2020 et a depuis lancé de nouvelles attaques contre les forces marocaines.

    Dans cette proposition, soumise pour la première fois en 2006 à l’ONU, le Maroc accorderait l’autonomie au peuple du Sahara occidental, et les sahraouis dirigeraient leur gouvernement sous souveraineté marocaine. En outre, il est à noter que le Maroc contrôlerait la défense et les affaires étrangères du territoire. Bien que les États-Unis et Israël aient annoncé un ferme soutien au plan d’autonomie du Maroc afin de régler le conflit de longue date, ainsi que le soutien signalé de l’Espagne, de nombreuses organisations internationales, y compris l’ONU, ne reconnaissent pas le contrôle marocain, appelant plutôt l’Occident à Le Sahara un « territoire non autonome ». En outre, en vertu du droit international, le Sahara occidental n’est pas une partie légale du Maroc, et il reste sous le droit international de l’occupation militaire.

    Avec l’aide de l’administration Trump, Israël a réussi à nouer des relations diplomatiques et à nouer de nouveaux liens pacifiques avec quatre pays de la Ligue arabe, dont Bahreïn, les Émirats arabes unis, le Soudan et le Maroc depuis 2020 . note qu’il est supposé que ces accords de normalisation étaient motivés par des intérêts personnels, tels que des faveurs et une proximité plus étroite avec les États-Unis. Ainsi, on peut supposer que le récent soutien d’Israël aux plans du Maroc pour le Sahara occidental sert de contrepartie. En outre, le sommet a principalement abordé les préoccupations concernant l’accord nucléaire iranien. Par conséquent, il est dans l’intérêt d’Israël et du Maroc de renforcer leurs relations, par des moyens tels que la proposition, afin de faciliter un front unifié contre la menace iranienne. En outre, le Maroc a officiellement rompu ses relations diplomatiques avec l’Iran en 2018 parce que ce dernier pays a financé le Front Polisario, a déclaré Al Jazeera.

    Le Maroc et le Front Polisario sont toujours incapables de parvenir à un accord, les référendums et les compromis n’ayant pas abouti grâce à la médiation des organisations internationales. La désintégration du cessez-le-feu de 30 ans organisé par l’ONU et la récente escalade violente se sont produites principalement lorsque l’ONU n’a pas mis en œuvre le référendum, créant ainsi une stagnation politique de longue durée de la situation ; où la frustration et les perspectives négatives concernant le Sahara occidental ont maintenant éclaté au-dessus de la surface. Comme l’a annoncé Antonio Guterres, le conflit s’est « considérablement détérioré » et la « reprise des hostilités entre le Maroc et le Front Polisario est un revers majeur vers la réalisation d’une solution politique ». C’est une situation assez décevante, où en cas de succès.

    À présent, il est crucial que les organisations internationales s’attèlent à la tâche de trouver une solution pacifique qui fonctionne pour toutes les parties concernées. L’UE, Amnesty International, l’ONU, l’Union africaine et les principales nations qui ont été historiquement et actuellement engagées dans le conflit doivent mettre de côté leurs divergences passées et collaborer pour parvenir à un plan solide. Cela réduira la violence observée sur le territoire et créera un espace pour un changement positif. Il est important de se rappeler que bien que cette question puisse apparaître comme un différend isolé, elle a des conséquences considérables : pour les pays directement touchés, la région en général et la communauté internationale au sens large.

    De plus, le conflit a des impacts humains, politiques et économiques en raison de la violence et de l’instabilité à l’intérieur et autour du territoire, faisant de nombreuses victimes. De plus, l’actuelle mission de maintien de la paix de l’ONU, la MINURSO, doit mener le référendum au Sahara occidental avec plus de pression, car cela a exacerbé l’inaction diplomatique. Supposons que l’ONU et les organisations et nations similaires soient véritablement passionnées par la résolution du conflit du Sahara occidental et la fin de la violence, de la douleur et des déplacements que les civils ont dû endurer. Dans ce cas, il doit y avoir un dévouement à mettre plus de ressources dans ce conflit. Alors que la crise ne fait qu’empirer et que de plus en plus de nations brisent la diplomatie pour former des camps directs, des mesures réelles doivent être prises pour investir davantage de ressources dans les pourparlers de paix entre le Maroc et le Front Polisario.

    Grace O’Neill, stagiaire correspondante à l’Organisation pour la paix mondiale. Elle est actuellement étudiante de premier cycle à l’Université de Georgetown, étudiant la politique internationale avec une concentration en droit international et une mineure en italien. Grace concentre ses intérêts sur des sujets concernant les violations des droits de l’homme, la défense des réfugiés, la politique environnementale et la région du Moyen-Orient.

    The Organization of world peace, 30/04/2022

    #Maroc #SaharaOccidental #FrontPolisario #Israël #EtatsUnis #EAU #Bahreïn #Normalisation



  • El Qods, ciment du monde arabe

    El Qods, ciment du monde arabe

    El Qods, ciment du monde arabe – Palestine, ONU, Israël, Jérusalem,

    La journée mondiale d’El Qods, célébrée annuellement chaque dernier vendredi du mois béni de Ramadhan, a été l’occasion pour les musulmans de manifester leur soutien aux Palestiniens en général et au Maqdessis en particulier. Cette année, la journée intervient dans un contexte particulier fait d’attaques et de violations répétées par les forces d’occupations et les colons contre la mosquée El Aqsa. Un contexte qui rappelle la nécessité de remettre la cause palestinienne au cœur des priorités de la nation arabo-musulmane. Aujourd’hui, plus que jamais soutenir, El Qods, ses habitants et tous les Palestiniens est un devoir moral et humain auquel nul pays arabe et musulman ne peut se dérober.

    La résistance opposée par les Palestiniens et les habitants d’El Qods depuis un mois interpelle les consciences. Car si elle met la communauté internationale, ONU en tête, face à ses responsabilités de répondre avec force à l’appel du peuple palestinien et à son droit à la vie et à la justice, comme rappelé par l’Algérie lundi devant le Conseil de sécurité, il n’en reste pas moins que le reste et les dirigeants arabes ne sont pas exemptés de leur obligation à l’égard de la Palestine.

    Les Palestiniens, au prix de lourds sacrifices, ont systématiquement déjoué les plans des sionistes qui pensaient, sur la base de la mise en œuvre de projets , tels «l’accord du siècle» et la normalisation de leurs relations avec certains pays arabes, qu’ils pouvaient reléguer la question palestinienne et la cause d’El Qods en second plan. 

    En effet, alors que l’occupant tente de pousser à l’exode les principaux habitants d’El Qods et les contraindre à quitter la Palestine, en tuant et en opprimant afin d’atteindre l’objectif de changer l’histoire et le tissu démographique de la ville sainte de Qods occupée et procéder à une division temporelle et spatiale de la mosquée Al Aqsa , il fait face à une résistance héroïque. Mais elle ne suffit pas. Les Palestiniens ont besoin du soutien inconditionnel de tous les pays arabes et musulmans sans exception. Des pays qui doivent parler d’une seule voix pour défendre la cause palestinienne. Des pays qui doivent œuvrer aussi à la réunification des rangs et encourager les factions palestiniennes à mettre un terme à leurs divisions préjudiciables à la cause commune.

    La Palestine ne doit être ni un fonds de commerce ni un champ de bataille pour les pays arabes et musulmans. C’est la cause de toute la Nation arabo-musulmane qui doit faire bloc pour restaurer le droit du peuple palestinien à établir son État indépendant avec Al-Qods Al-Sharif comme capitale, conformément à la légalité internationale.

    El Moudjahid, 29/04/2022

    #Palestine #Alqods #Jérusalem #AlAqsa

  • EL Qods et la loyauté de certains « pays frères »

    EL Qods et la loyauté de certains « pays frères »

    EL Qods et la loyauté de certains « pays frères » – Palestine, Israël, Jérusalem, Maroc, Algérie, normalisation, Mohammed VI, Comité Al Qods,

    Les félonies répétitives, les retournements de veste périodiques, la duplicité mielleuse, la politique de l’autruche de nombreux pays arabes sont en grande partie à l’origine des malheurs de la Palestine et des violations actuelles commises par l’occupant sioniste sur et autour de la mosquée Al Aqsa à El Qods.

    L’attitude blâmable de certains pays de la ligue arabe, qui ont foulé au pied les préceptes de l’Islam et le droit international en normalisant leurs relations avec l’Etat hébreux alors que la question palestinienne n’est pas encore résolue, a permis aux sionistes de redoubler de férocité et de faire étalage en toute impunité de leur expansionnisme sanglant. C’est admis par tous, le repli effectué par certains pays arabes et musulmans par rapport à la cause palestinienne et leur soutien hypocrite à la résistance des Palestiniens a fortement encouragé les mesures d’oppression et de terrorisme sioniste et les visées du Premier ministre israélien Naftali Bennett à légitimer la division temporelle et spatiale de la mosquée Al-Aqsa.

    Les sionistes assurés de la neutralité sinon du soutien de certains pays arabes musulmans, se montrent ces jours-ci de plus en plus conquérants. Leurs incursions provocatrices sur l’esplanade de la moquée d’Al Aqsa, en ce mois sacré, prouvent qu’ils ont les coudées franches et que leur prétention à récupérer une partie ou la totalité de ce qu’ils appellent le Mont du Temple trouvera tôt ou tard écho chez les pays arabes et musulmans « normalisés ». Rien qu’à voir les réactions hypocrites de ces pays « normalisés » face aux agressions menées actuellement par les forces israéliennes d’occupation et les colons juifs à El Qods, on sait que des jours douloureux attendent les Palestiniens. La réaction du Makhzen marocain est un échantillon significatif de cette hypocrisie et de cet opportunisme puants de ces pays « normalisés ». Le Makhzen marocain, dont le roi Mohamed VI est pourtant le président du comité El-Qods, vient de montrer par une gymnastique diplomatique dont il a le secret, toute sa bassesse en affectant une position des plus incongrues.

    Tout en condamnant les dernières attaques israéliennes contre la mosquée d’Al-Aqsa et ses fidèles, il bloque une déclaration acceptée par l’ensemble des ambassadeurs arabes qui dénonce les graves violations par les forces d’occupation sionistes de la sacralité des lieux saints à El-Qods et la répression sauvage qui s’est abattue sur les fidèles innocents. Comme quoi, la cause palestinienne n’était en réalité pour certains pays, qu’un fonds de commerce pour réaliser des dividendes immérités.

    L’Express, 20/04/2022

    #Palestine #Alqods #Jérusalem #ComitéQlqods #Maroc #MohammedVI #Israël #Normalisation

  • L’affaire Pegasus de retour au Parlement Européen

    L’affaire Pegasus de retour au Parlement Européen

    L’affaire Pegasus de retour au Parlement Européen – Diana Riba Giner, espionnage, NSO Group, Israël,

    Selon la députée catalane Diana Riba Giner, une victime du programme Pegasus, « malgré l’opposition des Progressistes, du Groupe PPE et de Renouveau Europe, les Verts ALE ont réussi à obtenir un débat sur Pegasus lors de la plénière de la semaine prochaine.
    « L’espionnage massif dans l’UE, typique des pays non démocratiques, doit avoir des conséquences. Il est urgent de réparer les dommages causés à la démocratie européenne », souligne-t-elle tout en se demandant « Qui a peur de donner des explications à l’UE ? »


    ———————–
    A ce sujet, EU Observer a publié lundi l’article suivant:
    Pegasus : Sommes-nous en train de devenir une Europe d’espions ?
    Il y a une semaine, l’influent magazine The New Yorker a publié une étude approfondie menée par le laboratoire interdisciplinaire Citizen Lab de l’Université de Toronto, qui a montré qu’au moins 65 dirigeants politiques et sociaux catalans avaient été espionnés à l’aide du désormais notoire logiciel espion Pegasus.

    Il s’agit sans aucun doute de la plus grande affaire d’espionnage politique jamais découverte – une affaire qui implique l’Espagne aux côtés d’autres pays confrontés à des scandales similaires, comme la Pologne et la Hongrie.

    Cela montre que l’utilisation de ce type de logiciels espions est de plus en plus répandue dans l’Union européenne.

    Cela se produit dans des États qui s’appellent des démocraties, mais qui ne protègent pas les droits fondamentaux de leurs citoyens.

    Nous constatons avec inquiétude que l’espace démocratique se restreint dans de nombreuses parties de l’Europe, et c’est pourquoi ceux d’entre nous qui représentent les citoyens européens et qui défendent les valeurs fondamentales de l’Union doivent faire preuve d’une certaine autocritique.

    En faisons-nous assez pour empêcher le retour en arrière autoritaire de certains États membres ?

    La réponse est que les institutions de l’UE n’ont certainement pas fourni une réponse suffisamment claire, énergique et efficace aux violations de nos droits et libertés dont nous sommes témoins à l’intérieur de nos frontières européennes.

    Cela contraste avec les dénonciations véhémentes que l’on entend parfois lorsque de tels abus se produisent en dehors de l’UE.

    Et c’est ainsi que, petit à petit, le projet européen et sa crédibilité s’érodent.

    Nous ne pouvons pas nous permettre de voir notre Europe s’égarer dans une société de surveillance et de contrôle dans laquelle les États ont accès à toutes nos informations et communications, pour les utiliser contre nous quand cela les arrange.

    Il existe des exemples vénéneux de ce type de comportement en Russie et en Chine en particulier – ce sont précisément les exemples que nous ne voulons pas que nos propres gouvernements suivent.

    Cui bono ?


    Cette fois, l’espionnage semble avoir été perpétré par l’État espagnol – après tout, qui d’autre dépenserait des millions d’euros pour espionner le mouvement indépendantiste catalan, si ce n’est l’Espagne ?

    Et il a frappé au cœur même de la démocratie européenne — le Parlement européen (PE).

    J’ai moi-même été espionné pendant mon mandat de député européen. Mes communications avec d’autres députés, conseillers, assistants et membres du personnel parlementaire ont été totalement exposées.

    Cela signifie que je suis une victime directe, mais cela signifie également que tous mes autres collègues du PE sont des victimes collatérales.

    N’oublions pas que nous, députés européens, représentons la volonté démocratique des Européens, la volonté de 450 millions de citoyens, qui a été violée par l’espionnage du gouvernement d’un seul État membre.

    Le scandale du #CatalanGate est massif et doit être condamné, comme le réclamait un éditorial du Washington Post la semaine dernière.

    Ce n’est pas seulement parce que nous, les victimes, avons le droit de connaître la vérité et de savoir qui nous espionne, pourquoi ils nous espionnent et où se trouvent nos informations, mais aussi parce que nous devons réparer les dommages causés à la démocratie européenne.

    Dans l’UE, de tels actes, qui appartiennent normalement aux pays les plus illibéraux, doivent avoir des conséquences.

    Le lendemain de la découverte du scandale, le PE a mis en place une commission d’enquête sur Pegasus.

    Cette initiative bénéficie heureusement d’un large consensus parmi les principaux groupes politiques du Parlement européen.

    Ce nouvel instrument devrait nous orienter vers une clarification des nombreux cas dévoilés dans toute l’Union européenne, mais aussi vers un cadre juridique européen qui contribuera à éviter qu’il n’y ait de nouvelles victimes.

    Il devrait également déterminer comment l’espionnage illégal, qui coûte des millions, est payé. Eh bien, nous savons déjà qui paie probablement : le contribuable européen.

    LIRE AUSSI: L’entreprise à l’origine de Pegasus se déclare « sans valeur »

    LIRE AUSSI : Tel Aviv reconnaît l’achat par le Maroc du logiciel Pegasus

    LIRE AUSSI: Pegasus vs Predator, l’autre logiciel espion

    #UE #UnionEuropéenne #ParlementEuropéen #PE #LesVerts #Pegasus #Espionnage #Israël #NSOGroup


  • Comité Al-Qods : Le Maroc fait tomber le masque

    Comité Al-Qods : Le Maroc fait tomber le masque

    Comité Al-Qods : Le Maroc fait tomber le masque – Palestine, Jérusalem, Israël,

    Le Maroc a refusé la tenue de la réunion du Comité Al-Qods que le roi Mohammed VI préside, à la suite de la proposition formulée par l’Algérie d’inviter le Comité à se réunir sans délai afin d’assumer ses responsabilités et faire face aux graves violations commises par les forces d’occupation sionistes à l’encontre des Palestiniens.
    Le masque tombe : le Maroc, à travers son représentant permanent à New York, a fait dans l’ opposition au sein des groupes de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) et des Pays non alignés, pour la tenue de la réunion du Comité Al-Qods. Le Maroc a montré qu’il n’était même pas capable de s’assumer dignement, puisqu’il s’est opposé, avec ses amis les Comores, Djibouti, la Côte d’Ivoire et le Gabon, à l’inclusion dans la mouture finale d’un paragraphe appelant le Comité Al-Qods à assumer pleinement ses responsabilités.

    Le Maroc a puisé dans son manuel de fourberie pour dévoyer et dévitaliser l’initiative de la partie palestinienne, en collaboration avec le Bureau de coordination du Mouvement des Pays non-alignés à New York, la mission permanente de l’Azerbaïdjan, président du Mouvement des Pays non-alignés, par le biais de laquelle il a été circulé un projet de déclaration, devant être prononcé au nom des pays du Mouvement au cours du débat ouvert du Conseil de sécurité des Nations unies sur «la situation au Moyen-Orient, y compris la question palestinienne», qui se tiendra demain.

    Pour embellir son image ternie depuis la normalisation avec l’entité sioniste, le représentant du Maroc a sollicité l’inclusion d’un paragraphe faisant l’éloge de son roi dans la défense des lieux saints. Un rôle que visiblement seul le représentant reconnaît , puisque le projet initial élaboré par la présidence azerbaïdjanaise en collaboration avec la partie palestinienne, n’en faisait aucunement référence. Ces piètres manœuvres ne sauraient rester sans réaction de la partie algérienne qui a, une fois de plus, exprimé ses réserves quant aux flatteries au président du Comité Al-Qods, pour qui la ville-sainte est la dernière de ses préoccupations.

    La mission de l’Algérie à New York n’a pas manqué de confirmer que cette proposition ne correspondait en rien à la réalité, étant donné que le Comité Al-Qods, créé par l’Organisation de la coopération islamique en 1975, ne s’est réuni que deux fois au cours des vingt dernières années, dont la dernière remonte à 2014.

    El moudjahid, 23/04/2022

    #algérie #Maroc #Israël #Jérusalem #AlQods #Palestine

  • Al Qods: Le vrai visage hideux du Maroc

    Al Qods: Le vrai visage hideux du Maroc

    Al Qods: Le vrai visage hideux du Maroc – Palestine, Jérusalem, Israël, Mosquée Al Aqsa, normalisation,

    Le Maroc a refusé la tenue de la réunion du Comité Al- Qods que le roi Mohammed VI préside, à la suite de la proposition formulée par l’Algérie d’inviter le comité à se réunir sans délai afin d’assumer ses responsabilités face aux graves violations commises par les forces d’occupation sionistes à l’encontre des Palestiniens.

    Voilà que le masque tombe et le vrai visage hideux du Maroc se découvre, urbi et orbi, dans toute sa splendeur crasseuse à l’opinion publique internationale. En effet, le Maroc vient de marquer officiellement à travers son représentant permanent à New York son opposition au sein des groupes de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) et des Pays non alignés, pour la tenue de la réunion du Comité Al-Qods que le roi Mohammed VI préside et ce, à la suite de la proposition formulée par la mission algérienne d’inviter le comité à se réunir sans délai afin d’assumer ses responsabilités et faire face aux graves violations commises par les forces d’occupation sionistes à l’encontre des Palestiniens, en particulier, dans la mosquée d’Al-Aqsa. L’opposition marocaine à la réunion du Comité Al-Qods a mis doublement à nu le régime du Makhzen, qui continue à prendre en otage le Comité au profit de ses calculs étriqués, et a dévoilé, également, sa manipulation de la cause palestinienne et des lieux saints.

    Comble de l’ignominie, le Maroc a montré aussi qu’il n’était même pas capable de s’assumer dignement, puisqu’il s’est opposé, en meute avec ses amis les Comores, Djibouti, la Côte d’Ivoire et le Gabon, à l’inclusion dans la mouture finale d’un paragraphe appelant le Comité Al-Qods à assumer pleinement ses responsabilités et les tâches qui lui sont dévolues dans la défense de la ville d’Al-Qods et des lieux saints, confirmant ainsi qu’il s’est, non seulement, dérobé de ses responsabilités de président du Comité Al-Qods, dans ce contexte difficile, mais aussi, qu’il est habité d’une impotence caractérisée l’empêchant de regarder ses adversaires en face et de défendre chevaleresquement ses vues et ses positions. Le Maroc a, cette fois-ci, puisé dans son manuel de fourberie pour le seul but de dévoyer et, in fine, dévitaliser l’initiative de la partie palestinienne, en collaboration avec le Bureau de coordination du Mouvement des Pays non-alignés à New York, la Mission permanente de l’Azerbaïdjan, président du Mouvement des Pays non-alignés, par le biais de laquelle il a circulé un projet de déclaration, devant être prononcé au nom des pays du Mouvement au cours du débat ouvert du Conseil de sécurité des Nations unies sur « La situation au Moyen-Orient, y compris la question palestinienne », qui se tiendra le 25 avril.

    Piètres manœuvres

    Comme à l’accoutumée, et désireux de saisir toute opportunité pour embellir l’image ternie, et c’est un pléonasme, de son pays, notamment depuis la normalisation de ses relations avec l’entité sioniste, le représentant du Maroc a sollicité l’inclusion d’un paragraphe faisant l’éloge des efforts chimériques de son roi, en sa qualité de président du Comité Al-Qods, dans la défense de la ville et des lieux saints. Ce rôle, que visiblement seul le représentant du Maroc reconnaît dans ses hallucinations puisque le projet initial élaboré par la présidence azerbaïdjanaise en collaboration avec la partie palestinienne, ne faisait aucunement référence aux efforts du président du comité, confirmant ainsi que même les premiers concernés, les Palestiniens, ne reconnaissent plus les efforts du président de ce Comité qui n’hésite pas à l’instrumentaliser à des fins politiciennes mesquines et conjoncturelles.

    Ces piètres manœuvres ne sauraient rester sans réaction de la partie algérienne qui a, une fois de plus, exprimé ses réserves quant aux flatteries et aux indues louanges dithyrambiques que le Maroc voulait attribuer au président du Comité Al-Qods, pour qui la Ville-Sainte est la dernière de ses préoccupations qui, au passage, ne sont pas vraiment nombreuses dans le domaine des combats nobles. Par conséquent, la mission de l’Algérie à New York n’a pas manqué de confirmer que cette proposition ne correspond en rien à la réalité, étant donné que le comité Al-Qods, créé par l’Organisation de la coopération islamique en 1975, ne s’est réuni que 2 fois au cours des 20 dernières années, dont la dernière remonte à 2014.

    Manifestations de soutien à Al-Aqsa dans plusieurs villes marocaines

    Des milliers de Marocains ont manifesté vendredi devant plusieurs mosquées du pays, en soutien à la mosquée Al-Aqsa en Palestine et pour dénoncer les agressions de l’occupant sioniste commises contre les Palestiniens. Ces rassemblements ont eu lieu à l’appel de l’Autorité marocaine de soutien aux causes de la nation sous le slogan « Colère pour Al- Aqsa », à se réunir après la prière du vendredi pour condamner les attaques menées par les forces d’occupation sionistes contre la mosquée Al-Aqsa et les agressions dont sont victimes les fidèles palestiniens. Des centaines de personnes ont manifesté devant les mosquées des villes d’El-Jadida, Casablanca, Fès, Meknès, Marrakech, Mohammadia, Tétouan, M’diq, Berkane, Taza et Khouribga. Les manifestants ont scandé des slogans condamnant l’agression de l’entité sioniste contre la mosquée Al-Aqsa et les violences commises par ses forces et ses colons contre les fidèles palestiniens qui s’y trouvent. Ils ont dénoncé lors de ces manifestations, dont des vidéos et photos ont circulé sur les réseaux sociaux, la normalisation du régime du Makhzen avec l’entité sioniste et exigé son renversement et son incrimination. Mercredi, le Front marocain de soutien à la Palestine et contre la normalisation avait condamné les crimes de l’entité occupante contre la mosquée Al-Aqsa et les Palestiniens qui la défendent, mais aussi « la trahison » de certains pays arabes envers le peuple palestinien, surtout l’état marocain qui de surcroît préside le comité Al-Qods. Le Front a annoncé qu’il a décidé de maintenir ouverte la réunion de son secrétariat national pour traiter avec la « vigilance requise » l’évolution de la situation en Palestine, au milieu des attaques de l’armée d’occupation et des colons sionistes contre le peuple palestinien afin de prendre les initiatives de lutte nécessaire.

    Par : LAKHDARI BRAHIM

    Le Midi Libre, 24/04/2022