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  • Le conflit du Sahara occidental, le Maroc et l’Algérie

    Le conflit du Sahara occidental, le Maroc et l’Algérie – Front Polisario, Maghreb, Union Européenne, UE, Russie, Israël, migration,

    Comment le conflit du Sahara occidental alimente de nouvelles tensions entre le Maroc et l’Algérie.

    Résumé
    -Les tensions entre le Maroc et l’Algérie ont augmenté ces derniers temps, et le risque de conflit armé est désormais plus élevé.
    -Cette escalade trouve son origine dans le conflit sur le statut du Sahara occidental, où le Maroc semble estimer que sa revendication de souveraineté bénéficie d’un soutien international.
    -Le Maroc et l’Algérie entretiennent des relations importantes avec Israël et la Russie respectivement, mais ils ont également en commun des partenaires importants qui pourraient jouer un rôle dans la prévention de l’aggravation de l’impasse.
    -Le Maroc et l’Algérie ont des intérêts en Europe que l’UE et les États membres peuvent utiliser pour minimiser les tensions, et réduire le risque d’instabilité et d’augmentation des flux migratoires à travers la Méditerranée.
    -Pour y parvenir, les Européens devraient établir une relation plus équilibrée avec le Maroc, sans aliéner l’Algérie, tout en cherchant à consolider leur engagement avec l’Algérie.

    Introduction
    Le Maroc et l’Algérie, les pays dominants du Maghreb, sont enfermés dans une impasse diplomatique. Leur rivalité remonte à plusieurs décennies, mais elle a pris une tournure dramatique au cours de l’année dernière. Depuis août 2021, l’Algérie a rompu ses relations diplomatiques avec le Maroc, coupé les livraisons de gaz qui passaient auparavant par le Maroc pour atteindre l’Espagne, et accusé les forces marocaines d’avoir tué trois citoyens algériens dans le territoire contesté du Sahara occidental. Les tensions entre ces deux pays lourdement armés ont suscité des inquiétudes dans la région et en Europe, qui craignent que le Maroc et l’Algérie ne dérivent vers un conflit ouvert, risquant de déstabiliser massivement l’Afrique du Nord avec toutes les conséquences que cela impliquerait pour l’Union européenne.spa

    L’escalade est intervenue après que les relations déjà médiocres entre les deux pays ont été perturbées par une série de développements, notamment un changement de position des puissances extérieures. Un moment décisif a été la décision du président Donald Trump de reconnaître la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental en décembre 2020 en échange de la normalisation des relations du Maroc avec Israël. Elle a placé le pays le plus puissant du monde dans le camp du Maroc sur une question d’importance fondamentale pour le royaume, à un moment où les tensions sur le Sahara occidental s’étaient déjà ravivées après la rupture d’un cessez-le-feu de longue date entre le Maroc et le mouvement indépendantiste Front Polisario. Le réchauffement des liens entre le Maroc et Israël fait entrer pour la première fois cette puissance régionale polarisante dans le délicat équilibre des pouvoirs au Maghreb. De son côté, l’Algérie a récemment mené des exercices militaires conjoints en Ossétie du Sud avec la Russie, qui fournit depuis longtemps une grande partie des armes de l’Algérie.

    Il existe de nombreux cas dans l’histoire récente du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord dans lesquels l’implication de puissances extérieures a conduit à l’escalade du conflit. Cependant, il y a également des raisons de penser que l’impasse entre l’Algérie et le Maroc pourrait rester contenue. Les deux pays ont des raisons d’éviter un conflit ouvert, notamment le besoin urgent de se concentrer sur les préoccupations économiques nationales. Un autre facteur important est que de nombreux partenaires extérieurs importants ont des liens avec les deux pays et ont intérêt à atténuer les tensions plutôt que de les attiser.

    Les États européens et l’UE figurent en bonne place parmi ces partenaires. Ils jouent un rôle clé en Afrique du Nord en raison de leurs liens historiques, de leur proximité et de leurs liens économiques avec la région. L’UE et ses États membres pourraient contribuer à réduire les tensions entre le Maroc et l’Algérie – mais pour ce faire, ils doivent maintenir une position équilibrée dans leurs relations avec les deux pays. Au lieu de cela, les dirigeants européens semblent souvent peu disposés à s’opposer aux exigences du Maroc, encourageant ainsi ses politiques maximalistes et sapant leur crédibilité auprès de l’Algérie. Plus récemment, l’Espagne a changé de politique pour approuver le plan d’autonomie du Maroc pour le Sahara occidental, suite à une campagne de pression marocaine soutenue qui comprenait l’envoi de vagues de migrants sur le territoire espagnol.

    Laisser le Maroc définir les termes de ses relations avec l’UE risque d’encourager le pays à s’affirmer encore plus et de projeter une image de faiblesse stratégique qui va à l’encontre de l’objectif de l’UE de devenir une puissance géopolitique. Elle compromet également sa capacité à jouer un rôle modérateur en Afrique du Nord et menace ainsi de nuire aux intérêts européens plus larges dans la région. L’UE devrait recalibrer ses politiques afin de mieux réaliser ses ambitions à long terme dans ses relations avec le Maroc et l’Algérie, notamment en influençant la dynamique de l’escalade entre les deux rivaux.

    L’évolution des relations algéro-marocaines

    Les mouvements indépendantistes algériens et marocains ont entretenu des liens étroits, mais lorsque l’Algérie a rejoint le Maroc en tant qu’État indépendant en 1962, les relations entre les pays se sont rapidement détériorées[1]. La cause immédiate des frictions était un différend frontalier portant sur un morceau de territoire désertique que les administrateurs coloniaux français avaient attribué à l’Algérie et que le Maroc cherchait à récupérer après l’indépendance des deux pays. Les tentatives marocaines de s’emparer de ce territoire en 1963 ont entraîné une brève flambée de combats entre les deux pays, surnommée la « guerre des sables ». Après quelques semaines, alors que l’on craignait que l’implication de puissances extérieures ne conduise à une nouvelle escalade, les parties ont convenu d’un cessez-le-feu grâce à des négociations menées par l’Éthiopie et le Mali. Néanmoins, les tensions ont persisté. Cela s’explique en partie par les différences idéologiques entre la monarchie conservatrice du Maroc et le rôle prépondérant de l’Algérie en tant que soutien des mouvements révolutionnaires du tiers-monde, mais un facteur plus important était probablement leur rivalité géopolitique pour le rôle de leader dans la région. Selon l’historien britannique Michael Willis, les tensions persistantes entre le Maroc et l’Algérie sont « enracinées dans des différences sur des questions plus profondes que l’idéologie »[2].

    Depuis 1975, la question dominante entre les deux pays est le conflit du Sahara occidental. Après le retrait des forces de l’ancienne puissance coloniale espagnole et le transfert du contrôle du territoire au Maroc et à la Mauritanie, l’Algérie a apporté son soutien aux revendications d’autodétermination du peuple sahraoui et au mouvement Polisario qui lutte en son nom. L’Algérie avait été réticente à soutenir la position du Polisario avant le retrait de l’Espagne et semblait même disposée à accepter les revendications du Maroc en échange du règlement de son propre différend frontalier avec ce pays. Cependant, une fois que le Maroc s’est emparé de la majeure partie du Sahara occidental, l’Algérie a commencé à fournir un soutien militaire au Polisario et a permis à ses dirigeants (ainsi qu’à de nombreux réfugiés sahraouis) de s’établir sur le territoire algérien ; il y a même eu des escarmouches en 1976 entre les forces marocaines et algériennes sur le territoire. Comme Hugh Lovatt et Jacob Mundy l’ont écrit pour l’ECFR, l’Algérie était motivée en grande partie par « la menace stratégique qu’elle voyait de plus en plus dans un Maroc enhardi et expansionniste ». L’Algérie a également été l’un des principaux soutiens diplomatiques de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), l’État proclamé par le Polisario en 1976.

    Avec le soutien de l’Algérie, le Polisario a pu causer de sérieux problèmes aux forces marocaines au Sahara occidental, mais le conflit s’est stabilisé au milieu des années 1980 après la construction par le Maroc d’un énorme mur de sable, ou berme, le long de la frontière du territoire qu’il contrôle. Dans la dernière partie de la décennie, les tensions entre l’Algérie et le Maroc se sont apaisées. Les relations diplomatiques, que le Maroc avait rompues en 1976, ont été rétablies en 1988. Cette réconciliation partielle a à son tour rendu possible l’accord d’une nouvelle organisation régionale regroupant les cinq pays du Maghreb (Algérie, Libye, Mauritanie, Maroc et Tunisie), l’Union du Maghreb arabe (UMA), en 1989. En 1991, le Maroc et le Polisario ont convenu d’un plan de règlement pour le Sahara occidental sous les auspices de l’ONU, impliquant un cessez-le-feu sous surveillance de l’ONU et l’engagement d’organiser un référendum sur le statut du territoire dans les deux ans.

    Cependant, le référendum promis n’a jamais eu lieu, en partie à cause de différends sur les personnes autorisées à voter. L’incapacité à progresser sur la question du Sahara occidental et la réaffirmation du contrôle interne par les militaires algériens (traditionnellement hostiles au Maroc) à la suite de l’annulation des élections de 1992 et de l’assassinat du président algérien six mois plus tard, ont entraîné une détérioration progressive des relations entre l’Algérie et le Maroc. Après que le Maroc a accusé l’Algérie d’être impliquée dans une attaque terroriste à Marrakech en 1994 et a imposé une obligation de visa aux Algériens se rendant au Maroc, l’Algérie a fermé la frontière entre les deux pays. Elle n’a jamais été rouverte, malgré les appels périodiques du Maroc à rétablir des relations normales. Loin de fournir un forum pour un engagement plus profond, l’UMA a été largement paralysée par la rivalité entre l’Algérie et le Maroc.

    Comme il est devenu clair que le plan de règlement ne fournirait pas la base pour résoudre le statut du Sahara Occidental, les Nations Unies ont renouvelé leur recherche d’un accord négocié. Les envoyés successifs de l’ONU ont essayé de trouver un accord mutuellement acceptable – mais ont eu peu à montrer pour leurs efforts. Le Maroc et l’Algérie ont été en désaccord sur le format des négociations : Le Maroc, considérant le Polisario comme une création largement algérienne, a cherché à inclure l’Algérie ainsi que la Mauritanie dans les pourparlers, tandis que l’Algérie a insisté pour que des discussions bilatérales aient lieu entre le Maroc et le Polisario, ce dernier étant le représentant légitime du peuple sahraoui. En 2018 et 2019, grâce à une concession algérienne, des pourparlers ont eu lieu à Genève sous forme de table ronde, l’Algérie et la Mauritanie y participant avec le statut d’observateurs.

    Les causes de la rupture

    En 2017, le Maroc a réintégré l’Union africaine après une interruption de 33 ans, après avoir quitté son prédécesseur, l’Organisation de l’unité africaine, en 1984 pour protester contre l’admission de la RASD en tant que membre de l’organisation. Le retour du Maroc a été le signe d’une nouvelle énergie diplomatique et d’une confiance dans sa politique régionale, à un moment où la politique étrangère algérienne semblait stagner en raison de l’incapacité de son président malade, Abdelaziz Bouteflika. Le Maroc a également réussi à persuader une vague de plus de 20 pays arabes et africains d’ouvrir des consulats sur le territoire, indiquant ainsi leur acceptation de la revendication de souveraineté du Maroc.

    Ces démarches diplomatiques ont été suivies par une réouverture des hostilités entre le Maroc et le Polisario en novembre 2020. Le Polisario a annoncé la fin du cessez-le-feu après que les forces marocaines ont traversé la zone tampon de Guerguerat, patrouillée par l’ONU, pour déloger des manifestants sahraouis qui, selon le Maroc, bloquaient le trafic de marchandises sur la route principale reliant le Maroc à la Mauritanie en passant par le Sahara occidental. Malgré l’action du Polisario, la décision de Trump, le mois suivant, de reconnaître la souveraineté marocaine sur le territoire semblait confirmer que la nouvelle affirmation du Maroc portait ses fruits. Mais, pour l’Algérie, le rapprochement du Maroc avec Israël est apparu comme une menace directe : Le Premier ministre algérien, Abdelaziz Djerad, a déclaré que l’Algérie avait été « visée » par « l’arrivée à ses portes de l’entité sioniste ». Lorsque le ministre israélien des affaires étrangères Yaïr Lapid s’est rendu au Maroc, il a critiqué le rôle de l’Algérie dans la région et s’est inquiété de ses liens avec l’Iran.

    Dans ce contexte, deux autres actions marocaines ont semblé confirmer les affirmations algériennes selon lesquelles l’Algérie était confrontée à une plus grande menace de la part de son voisin. La publication d’une enquête journalistique détaillée sur l’utilisation mondiale du logiciel de piratage téléphonique Pegasus a montré que le Maroc avait espionné de manière extensive des cibles algériennes, ciblant plus de 6 000 personnes – une action particulièrement mal perçue car le logiciel a été développé par une société israélienne, NSO Group. Dans le même temps, le Maroc a lancé une campagne visant à renverser le soutien algérien au Polisario en promouvant la cause du mouvement séparatiste dans la région de Kabylie en Algérie. En juillet 2021, l’ambassadeur du Maroc auprès des Nations unies, Omar Hilale, a distribué une note affirmant que « le vaillant peuple kabyle mérite, plus que tout autre, de jouir pleinement de son droit à l’autodétermination. »

    Ce fut la goutte d’eau qui a conduit l’Algérie à rappeler son ambassadeur, puis à rompre ses relations diplomatiques. Un diplomate algérien aurait déclaré que le Maroc avait touché à deux des plus grands tabous de la politique algérienne : son souci de l’unité nationale et sa politique envers Israël. L’Algérie a également accusé le Maroc et Israël d’avoir collaboré avec le groupe séparatiste kabyle MAK pour déclencher une série d’incendies de forêt qui ont causé d’importants dégâts au cours de l’été 2021. L’Algérie a pris de nouvelles mesures contre le Maroc à l’automne 2021, en fermant son espace aérien aux avions marocains et en mettant fin aux livraisons de gaz par le gazoduc Maghreb-Europe qui relie l’Algérie, le Maroc et l’Espagne – et qui fournissait le gaz utilisé pour environ un dixième de l’approvisionnement en électricité du Maroc.

    Manœuvres militaires

    L’élément le plus alarmant de cette impasse est la reprise des combats au Sahara occidental et la possibilité que l’Algérie et le Maroc entrent en conflit direct. Le Polisario a mis fin au cessez-le-feu en réaction à l’incursion du Maroc dans la zone tampon, mais sa décision répondait également à une impatience à plus long terme parmi les jeunes combattants du Polisario, frustrés par l’incapacité de la diplomatie à obtenir des résultats. Depuis lors, le conflit est resté à un faible niveau d’intensité, selon l’ONU. Les combattants du Polisario ont déclaré aux journalistes qu’ils avaient attaqué à plusieurs reprises des bases marocaines le long du mur de sable, mais rien n’indique que leurs actions aient causé de graves problèmes au Maroc. De son côté, le Maroc aurait utilisé des drones fournis par la Turquie et la Chine pour attaquer les combattants du Polisario dans la zone qu’ils contrôlent, notamment le chef de la gendarmerie du Polisario, Addah Al-Bendir, tué en avril 2021.

    En novembre 2021, un convoi commercial de chauffeurs routiers algériens traversant la partie du Sahara occidental contrôlée par le Polisario a été touché par un attentat à la bombe apparent, tuant trois hommes. Dans une déclaration, l’Algérie a affirmé que l’attaque avait été menée par les forces marocaines à l’aide d’ »armes sophistiquées », laissant entendre qu’il s’agissait d’une attaque de drone. Le Maroc a nié toute responsabilité. Il s’agit d’un moment de danger dans l’impasse algéro-marocaine, et l’Algérie a averti que les meurtres « ne resteraient pas impunis ». Cependant, malgré sa rhétorique belliqueuse, l’Algérie n’a jamais fourni de preuve que le Maroc avait mené l’attaque, et elle ne semble pas avoir effectué d’acte de représailles. Rien n’indique non plus que l’Algérie ait intensifié de manière significative les livraisons d’armes au Polisario depuis la rupture du cessez-le-feu. Selon le Polisario, le soutien algérien se renforce, mais il y a peu de preuves de la livraison d’armes sophistiquées[3]. Les rapports sur les opérations du Polisario continuent de décrire une force de combat qui s’appuie sur un armement vieux de plusieurs décennies.

    Tout échange militaire direct entre l’Algérie et le Maroc mettrait en conflit deux des plus grandes forces militaires d’Afrique. Une course aux armements entre les deux rivaux est déjà en cours, et tous deux ont des liens avec des fabricants d’armes de pointe. L’Algérie est un géant militaire : son budget de défense en 2020 était de 9,7 milliards de dollars, le plus important d’Afrique. Un peu moins de 70 % du matériel militaire algérien provient de la Russie. Elle devait recevoir cette année une commande de 14 avions d’attaque Su-34 et aurait discuté de l’achat du chasseur furtif Su-57. Le budget du Maroc est plus modeste, avec 4,8 milliards de dollars en 2020, mais cela représentait déjà une augmentation de 54 % depuis 2011, et les dépenses de défense devraient passer à 5,5 milliards de dollars en 2022. En outre, le Maroc est en pleine mise à niveau de ses forces, y compris un accord de défense aérienne de 500 millions de dollars avec Israël. Le Maroc et Israël ont signé un accord de défense en novembre 2021 qui engage les deux pays à coopérer en matière d’échange d’informations, de projets communs et de ventes d’armes.

    Le jeu d’équilibre de l’Algérie

    Malgré ces tendances, il serait erroné de voir une dynamique inévitable d’accroissement des tensions entre l’Algérie et le Maroc, ou que celles-ci soient principalement alimentées par la Russie et Israël. Du côté algérien, l’attachement de longue date du pays au principe de souveraineté et sa tradition de résistance à toute obligation susceptible de contraindre sa liberté d’action limitent l’influence qu’il a permis à la Russie d’obtenir. L’Algérie a refusé une série de demandes russes visant à obtenir l’autorisation de construire une base navale dans la ville côtière algérienne d’Oran. Elle a également acheté des armes à l’Allemagne et à l’Italie. Lors du vote de l’Assemblée générale des Nations unies sur une résolution condamnant l’invasion de l’Ukraine par la Russie, l’Algérie a préféré s’abstenir plutôt que de soutenir la Russie. Le Maroc n’a pas voté du tout, espérant manifestement ne pas s’aliéner les membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU dont il pourrait avoir besoin pour le Sahara occidental. Cela signifie que les positions des rivaux nord-africains n’étaient pas très différentes.

    L’approche adoptée par l’Algérie en matière d’exportations de gaz à la suite de l’invasion de l’Ukraine par la Russie témoigne également d’une volonté d’équilibrer ses relations avec la Russie et d’autres partenaires, en plus de servir ses propres intérêts économiques. L’Algérie fournissait 11 % du gaz européen avant la guerre et, dès le début de celle-ci, elle a proposé d’augmenter ses livraisons via le gazoduc transméditerranéen reliant l’Algérie à l’Italie afin de compenser toute insuffisance des livraisons européennes en provenance de la Russie. Le directeur de la compagnie gazière publique algérienne Sonatrach, Toufik Hakkar, a déclaré dans une interview au journal algérien Liberté que l’Algérie était « un fournisseur de gaz fiable pour le marché européen et qu’elle était prête à soutenir ses partenaires à long terme au cas où la situation se détériorerait ». Toutefois, après que ses commentaires ont été largement rapportés, Sonatrach s’est plainte qu’ils avaient été déformés par le journal – un signe apparent que l’Algérie n’était pas prête à rompre trop publiquement avec la Russie.

    Depuis l’arrivée d’Abdelmadjid Tebboune à la présidence de l’Algérie en décembre 2019, le pays a tenté de revitaliser sa politique étrangère. Cela a impliqué une réponse plus forte aux mouvements marocains, mais aussi le renouvellement des liens avec des partenaires qui ne soutiendraient pas une nouvelle escalade. L’une des priorités de M. Tebboune a été de redonner à l’Algérie une place plus centrale dans la diplomatie arabe en organisant un sommet réussi de la Ligue arabe. Reporté de mars 2022, le sommet a maintenant été confirmé pour novembre 2022. Tebboune a intérêt à ce que de nombreux dirigeants arabes y assistent, ce qui l’incitera à éviter toute action provocatrice à l’encontre du Maroc.

    L’Algérie a également renforcé ses liens avec la Turquie et entretient des liens de longue date avec la Chine. Ces deux pays entretiennent de bonnes relations avec le Maroc et ne profiteraient pas d’une augmentation des tensions entre les deux rivaux nord-africains. L’Algérie a également une relation de sécurité bien développée avec les États-Unis, qui a persisté malgré la reconnaissance par Trump de la revendication du Maroc sur le Sahara occidental. Rien qu’en mars 2022, de hauts responsables américains du département de la défense et du département d’État se sont rendus en Algérie pour un dialogue militaire et un dialogue stratégique conjoints. Enfin, l’Algérie est fortement dépendante de l’Europe pour son commerce extérieur : l’UE est le premier partenaire commercial de l’Algérie et représente 46,7 % des exportations algériennes (principalement des hydrocarbures).

    Ainsi, la politique étrangère algérienne est marquée par une « géométrie variable », selon les termes de l’analyste franco-algérien Akram Belkaid. Le pays combine une position robuste par rapport au Maroc (ainsi que dans sa rhétorique envers l’ancienne puissance coloniale, la France) avec une approche plus pragmatique avec d’autres partenaires, tout en préservant toujours un certain degré d’autonomie. Le chercheur Adlene Mohammedi a récemment écrit que « malgré des discours parfois controversés, la politique étrangère de l’Algérie se caractérise essentiellement par la discrétion et la prudence. » Ce positionnement signifie qu’il est peu probable qu’elle pousse sa confrontation avec le Maroc à un niveau tel qu’elle met en péril d’autres relations de politique étrangère. De manière cruciale, il fournit également une ouverture pour les partenaires, y compris l’Europe et les États-Unis, pour promouvoir la désescalade.

    La politique étrangère algérienne ne peut être comprise indépendamment de la politique intérieure du pays. Le mouvement de protestation du Hirak qui a explosé en 2019 s’est calmé face à une répression ciblée contre les militants. Cependant, le soutien populaire au régime semble limité : une indication est que la participation aux élections législatives de juin 2021 n’a été que de 23 %. Traditionnellement, les élites dirigeantes algériennes considéraient la politique dure à l’égard du Maroc comme un moyen de rallier le soutien nationaliste au régime algérien, mais il n’est pas clair dans quelle mesure cela reste le cas. Si l’establishment politique et l’armée qui le soutient ont toujours eu des opinions fortement anti-marocaines, la méfiance de la population à l’égard des autorités et sa préoccupation pour les problèmes socio-économiques sont susceptibles de limiter les avantages politiques qu’une position agressive contre le Maroc peut apporter.

    D’après le politologue Zine Labidine Ghebouli, la politique étrangère algérienne et l’opinion publique sur le rôle du pays sont en pleine évolution[4]. Alors que les parties les plus conservatrices de la population restent attachées à une vision traditionnelle du rôle de l’Algérie axée sur le soutien à l’autodétermination, il existe également une partie croissante de l’opinion qui est plus sceptique à l’égard des récits officiels et plus sensible à la nécessité d’un soutien économique et d’un investissement accru. Alors que l’opposition algérienne à Israël reste très répandue, il n’est pas certain que le gouvernement considère une nouvelle confrontation avec le Maroc comme un atout politique incontestable.

    Il est certain que l’Algérie réagira à toute nouvelle mesure marocaine qui pourrait être considérée comme une provocation. Elle a continué à envoyer des convois commerciaux à travers le Sahara Occidental à la suite de la récente attaque, et il ne fait aucun doute qu’une nouvelle attaque contre des citoyens algériens recevrait une réponse forte. Mais en l’absence de toute nouvelle escalade du côté marocain, l’Algérie pourrait bien se contenter de maintenir ses initiatives contre le Maroc au niveau de la rhétorique.

    Le Maroc – une stratégie d’affirmation de soi

    Ces dernières années, et en particulier depuis la reconnaissance par Trump de sa souveraineté sur le Sahara occidental, le Maroc agit avec une affirmation de plus en plus marquée, non seulement à l’égard de l’Algérie mais aussi de l’Europe. En mars 2021, le Maroc a rompu sa coopération diplomatique avec l’Allemagne et a ensuite rappelé son ambassadeur en réponse à ce qu’il a décrit comme « l’attitude destructrice » de l’Allemagne sur le Sahara occidental, qui a notamment demandé une audience à huis clos du Conseil de sécurité de l’ONU après la décision de Trump. En avril 2021, le Maroc s’est également engagé dans une querelle diplomatique avec l’Espagne suite à la décision de Madrid de permettre au leader du Polisario Brahim Ghali d’entrer en Espagne pour être traité pour le covid-19. Dans le cadre de sa réponse, le Maroc a parfois facilité le passage de migrants en territoire espagnol sur la côte nord-africaine, notamment dans les villes de Ceuta et Mellila.

    En novembre 2021, le roi Mohammed VI a prononcé un discours dans lequel il a affirmé avec force que la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental ne ferait jamais l’objet de négociations, la décrivant comme « une vérité aussi pérenne qu’immuable ». Il a également averti que le Maroc n’accepterait jamais aucune initiative économique ou commerciale qui exclurait le Sahara Occidental. Ceci a des implications évidentes pour les relations du Maroc avec l’Europe. Deux mois plus tôt, la Cour de Justice de l’Union Européenne (CJEU) avait jugé que deux accords de commerce et de pêche entre l’UE et le Maroc étaient invalides parce qu’ils s’étendaient aux produits originaires du Sahara Occidental sans que le consentement du peuple sahraoui ait été demandé pour ces accords. Le Conseil de l’Union européenne a voté pour faire appel de la décision, mais il est probable que la décision sera confirmée. Il est difficile de voir comment les accords pourraient être révisés de manière à satisfaire à la fois les demandes du Maroc et les conditions de la cour.

    Néanmoins, les politiques énergiques du Maroc ont obtenu certains résultats. Plus particulièrement, il a été révélé en mars 2022 que le premier ministre espagnol avait écrit une lettre au Roi Mohammed VI disant que le plan d’autonomie du Maroc pour le Sahara Occidental était « la base la plus sérieuse, réaliste et crédible » pour résoudre le conflit. Cela a marqué un changement majeur dans la position de l’Espagne, puisqu’elle était auparavant restée neutre entre les propositions du Maroc et du Polisario et avait seulement appelé à une solution négociée sous les auspices de l’ONU. La démarche espagnole s’inscrit dans le cadre d’une réconciliation avec le Maroc, ouvrant ce que les autorités espagnoles ont appelé une « nouvelle étape » dans les relations entre les deux pays.

    On pourrait arguer que le changement de position de l’Espagne a peu d’impact sur le fond, puisqu’un accord devra encore être trouvé par le biais de négociations. Mais la décision de l’Espagne risque d’envoyer un signal au Maroc, lui indiquant qu’il bénéficie d’un soutien international croissant pour son approche intransigeante. L’Allemagne avait auparavant réglé son différend avec le Maroc en des termes plus neutres, avec une déclaration décrivant le plan d’autonomie du Maroc comme « une contribution importante ». Le président Joe Biden a également permis que la reconnaissance de la souveraineté marocaine par Trump soit maintenue, bien que son administration ait largement suivi une politique consistant à éviter le sujet et à soutenir la reprise des négociations sous l’égide de l’envoyé des Nations unies récemment nommé, Staffan de Mistura. Les États-Unis semblent avoir obtenu le soutien du Maroc pour la nomination de Mistura en partie en évitant de revenir sur la décision de Trump.

    Vers une approche européenne plus équilibrée

    Toute nouvelle détérioration des relations entre l’Algérie et le Maroc pourrait avoir des conséquences importantes pour l’Europe. Un conflit entre les deux pays entraînerait probablement une forte augmentation de la migration vers l’UE, et surtout vers l’Espagne. Il aurait un impact profondément déstabilisant dans l’ensemble des régions du Maghreb et du Sahel, faisant reculer les espoirs européens de développement économique en Afrique du Nord, qui pourrait jouer un rôle important dans la transition verte de l’Europe, entre autres intérêts. Un conflit pourrait également permettre à des groupes extrémistes de gagner du terrain.

    La récente montée des tensions entre le Maroc et l’Algérie découle d’une série de changements qui ont bouleversé le statu quo antérieur. Le meilleur espoir pour l’Europe d’aider à stabiliser leurs relations réside dans le maintien d’une approche équilibrée vis-à-vis des deux pays, afin d’éviter d’encourager davantage l’affirmation marocaine ou la défensive algérienne. Bien sûr, l’UE a des liens plus développés avec le Maroc qu’avec l’Algérie – et cela est particulièrement vrai pour la France et l’Espagne, qui ont des liens commerciaux forts et comptent sur la coopération marocaine en matière de migration et de contre-terrorisme. Cependant, il y a des raisons de se méfier d’une adhésion trop étroite à la position du Maroc. Pour l’Europe, faire des concessions face aux tactiques musclées du Maroc risque de récompenser une approche qui incorpore un élément de chantage par la militarisation de la migration. En outre, l’engagement européen avec le Maroc n’a pas réussi à obtenir le soutien marocain à la résolution de l’Assemblée générale des Nations Unies sur l’invasion russe de l’Ukraine – une question d’importance critique pour l’Europe.

    Le Maroc pourrait également être dans une position plus faible que sa position affirmée semble le suggérer. La guerre en Ukraine a déjà un impact sérieux sur l’économie du pays. Le Maroc est un grand importateur de céréales et d’hydrocarbures, dont le prix a fortement augmenté en raison du conflit. Le Maroc souffrait déjà de la pire sécheresse depuis des décennies, ce qui a eu un impact considérable sur la production agricole nationale. L’industrie touristique du pays est également encore en train de se remettre de l’impact du covid-19.

    Ces facteurs rendent le soutien européen et la poursuite des flux commerciaux du Maroc vers l’Europe particulièrement importants. Si la CJUE confirme le récent arrêt sur les accords commerciaux et de pêche, il serait coûteux pour le Maroc de perdre les avantages de son accord d’association avec l’UE, qui est la destination de 64 % des exportations marocaines. Le Maroc pourrait finalement être contraint de faire un compromis sur son insistance à ce que tout accord commercial inclue le Sahara Occidental ; dans tous les cas, le jugement de la cour impose une limite à ce que l’UE peut accepter. Cela pourrait fournir une occasion de réinitialiser les relations de l’Europe avec le Maroc, en s’éloignant d’une posture qui semble souvent excessivement déférente. Si l’Europe ne riposte pas à l’affirmation marocaine, le Maroc sera encouragé à redoubler ses exigences et ne sera pas incité à respecter les préoccupations européennes.

    L’UE et ses Etats membres devraient adopter une politique envers le Maroc qui soit basée sur une évaluation des intérêts à long terme de l’Europe envers le pays et le Maghreb plus largement. L’Europe peut reconnaître les avantages de la coopération et les contributions marocaines dans des domaines tels que la migration et la sécurité, mais dans le même temps, elle peut indiquer clairement qu’elle n’est pas prête à approuver la position du Maroc sur le Sahara occidental et qu’elle attend également une coopération sur d’autres préoccupations européennes. Dans le cadre de cette politique, l’Europe devrait encourager la retenue marocaine dans l’utilisation de la force contre les forces du Polisario et souligner l’importance d’éviter une nouvelle escalade dans les relations du Maroc avec l’Algérie. Elle devrait essayer d’atténuer le sentiment du Maroc qu’il peut atteindre ses objectifs au Sahara occidental en s’affirmant davantage, une perception qui sous-tend ses tensions avec son voisin.

    Les relations européennes avec l’Algérie sont beaucoup moins profondes que celles avec le Maroc. Le pays est à bien des égards un partenaire plus problématique et plus délicat : son gouvernement ne bénéficie pas d’un soutien populaire, son climat commercial décourage les investissements européens et il n’a pas respecté les engagements pris dans son accord d’association avec l’UE en 2002. Néanmoins, l’UE reste un partenaire important pour l’Algérie, et elle pourrait gagner encore en influence si le pays s’engage dans la transition économique et énergétique qui sera nécessaire pour assurer sa prospérité future.

    Il est dans l’intérêt de l’Europe de développer ses liens avec l’Algérie et d’éviter de pousser le pays à dépendre davantage de puissances extérieures telles que la Russie. L’UE et ses Etats membres seront les mieux placés pour le faire s’ils ne s’alignent pas davantage sur la position du Maroc sur le Sahara occidental. Le récent changement de position de l’Espagne a incité l’Algérie à rappeler son ambassadeur pour des consultations et à revoir le prix qu’elle facture à l’Espagne pour le gaz, bien qu’il ne soit pas encore clair dans quelle mesure une rupture des relations en résultera. Les pays européens devraient éviter toute nouvelle action qui semble prendre parti dans le conflit, ce qui perturberait davantage l’équilibre des pouvoirs perçu entre le Maroc et l’Algérie d’une manière potentiellement déstabilisante. Dans le même temps, l’UE devrait essayer de persuader l’Algérie de revenir au format quadripartite pour les pourparlers sur le Sahara Occidental, dans le cadre d’un effort pour soutenir la volonté de l’envoyé de l’ONU de relancer les négociations. Les responsables européens devraient également essayer de persuader l’Algérie de ne pas intensifier son soutien militaire au Polisario et d’éviter toute nouvelle rhétorique incendiaire à l’égard du Maroc.

    Il n’existe aucune perspective immédiate de pourparlers bilatéraux visant à désamorcer l’impasse entre le Maroc et l’Algérie, et il est peu probable que les pays européens soient acceptés par l’une ou l’autre des parties en tant que médiateurs. Mais l’UE et ses États membres pourraient jouer un rôle dans la réduction des tensions s’ils peuvent contribuer à encourager une approche plus modérée des deux côtés. Pour ce faire, ils doivent envisager leurs relations avec les deux pays dans un contexte régional et éviter toute action supplémentaire qui pourrait alimenter l’affirmation marocaine et amener l’Algérie à penser que l’Europe a pris parti contre elle. Une telle approche permettrait non seulement à l’Europe d’être la mieux placée pour désamorcer les tensions régionales, mais fournirait également la base la plus constructive pour les relations bilatérales avec le Maroc et l’Algérie dans les années à venir.

    A propos de l’auteur
    Anthony Dworkin est chargé de mission au Conseil européen des relations étrangères. Il dirige les travaux de l’organisation dans les domaines des droits de l’homme, de la démocratie et de l’ordre international. Entre autres sujets, Dworkin a mené des recherches et écrit sur le soutien de l’Union européenne au multilatéralisme, la transition politique en Afrique du Nord et les cadres européen et américain de lutte contre le terrorisme.

    Remerciements
    L’auteur tient à remercier Zine Labidine Ghebouli pour sa connaissance de la politique étrangère algérienne. Au sein de l’ECFR, il souhaite remercier Julien Barnes-Dacey, Hugh Lovatt et Tarek Megerisi pour leurs commentaires sur une version antérieure, ainsi qu’Adam Harrison pour l’édition.

    Cet article a été rendu possible grâce au soutien du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord de l’ECFR par la Fondazione Compagnia di San Paolo.

    [1] Pour un compte rendu des relations entre l’Algérie et le Maroc, voir Michael Willis, Politics and Power in the Maghreb : Algeria, Tunisia and Morocco from Independence to the Arab Spring (Hurst, 2012), pp. 265-292.

    [2] Willis, Politics and Power in the Maghreb, p. 292.

    [3] Entretien de l’ECFR avec un haut responsable du Polisario, capitale européenne, octobre 2021.

    [4] Entretien de l’ECFR avec Zine Labidine Ghebouli, 28 février 2022.

    The European Council on Foreign Relations, 08/04/2022

    #SaharaOccidental #Algérie #Maroc #UE #Migration


  • USA, Emirats, Bahreïn et le Maroc se rencontrent en Palestine

    USA, Emirats, Bahreïn et le Maroc se rencontrent en Palestine

    USA, Emirats, Bahreïn et le Maroc se rencontrent en Palestine – Antony Blinken, normalisation, Israël,

    L’entité sioniste a annoncé vendredi la tenue d’une rencontre « historique » à l’occasion de la visite prévue du secrétaire d’Etat américain Antony Blinken, avec les Emirats arabes unis, le Maroc et Bahreïn, trois pays arabes ayant récemment normalisé leurs relations avec l’Etat hébreu

    « A l’invitation du ministre des Affaires étrangères Yaïr Lapid, ce dimanche et lundi, un sommet diplomatique historique se tiendra en Israël », a indiqué son bureau dans un court communiqué. « Le secrétaire d’Etat américain et les ministres des Affaires étrangères des Emirats arabes unis, du Maroc et de Bahreïn arriveront en Palestine occupée pour une série de rencontres diplomatiques », est-il précisé.

    Les Emirats arabes unis et Bahreïn ont été les premiers pays arabes du Golfe à normaliser publiquement leurs relations avec l’entité sioniste en septembre 2020, sous l’impulsion de Donald Trump, alors président des Etats-Unis.

    Le Maroc et le Soudan ont ensuite établi des accords similaires.

    Wassim Benrabah

    Source

    #Palestine #USA #Israel #EAU #Bahrein #Maroc

  • Juifs marocains-le prix de l’exile

    Juifs marocains-le prix de l’exile

    Juifs marocains-le prix de l’exile – Maroc, Israël, Yigal Bin Nun, évacuation des juifs, Hassan II,

    Dans un récent article, l’historien Yigal Bin Nun révèle les dessous de la négociation entre l’Etat d’Israël et les autorités marocaines pour l’évacuation des juifs du Maroc.

    «L’histoire des juifs du Maroc après l’Indépendance est marquée par l’évacuation presque totale d’un quart de million de juifs en direction d’Israël ». Comment une population enracinée dans une terre depuis près de 2000 ans a-t-elle été amenée à la quitter en si peu de temps ? La question continue de préoccuper des chercheurs tels que Yigal Bin Nun, convaincus que des pans entiers de cette histoire restent à découvrir. Les raisons du départ massif des juifs ne sont pas simples à élucider. Seule une conjonction de facteurs – culturels, socio-économiques et historiques – permet de rendre compte de l’état d’esprit qui a poussé cette population au départ.

    Un avenir incertain. Dans son dernier article intitulé «La négociation de l’évacuation en masse des juifs du Maroc», ce professeur de l’Université Paris VIII dresse le catalogue des raisons de ce départ. Pour l’historien, «une des photos roger violet Le prix deJuifs mar■ La fin du judaïsme en terres d’islam, sous la direction de Shmuel Trigano. Ed. Denoël. raisons que l’on n’évoque jamais mais qui reste primordiale est le changement démographique» : un processus qui avait débuté bien avant le XXe siècle et qui avait conduit la population juive à migrer des campagnes vers les petites villes, ou des petites villes vers les grandes villes. Ces migrations intérieures expliquaient pourquoi, à l’indépendance, Casablanca concentrait plus de la moitié de la population juive du Maroc. Tout était prêt en quelque sorte pour faciliter une émigration de masse. «La grande majorité des juifs qui ont quitté le Maroc l’ont fait pour améliorer leurs conditions de vie et leur situation socio-économique», explique Bin Nun. Un autre facteur de taille qui a facilité le départ des juifs est l’occidentalisation rapide de la communauté. Celle-ci fréquente, en effet, depuis 1864, les écoles de l’Alliance universelle israélite où l’accès au savoir se fait par la langue française – devenue vecteur de la modernité. Imprégnés de la culture républicaine, les juifs aspirent désormais à l’assimilation avec les Français. Cependant, la nationalité ne leur sera jamais accordée comme en Algérie, et les lois antisémites de Vichy pendant la guerre finiront de décevoir les espérances françaises dont certains se berçaient. Cependant, l’éducation qu’ils ont reçue n’en a pas moins contribué à creuser un fossé entre eux et la majorité des musulmans.

    Sentiment d’asphyxie. Dès 1948, avec la création de l’Etat d’Israël, les exactions contre les juifs se multiplient au Maroc comme dans les autres pays arabes. En juin 1948, un mois seulement après la création d’Eretz Israël, ont lieu les événements sanglants de Jerada et d’Oujda qui feront 43 morts. Un autre incident, bien qu’il n’ait pas de lien direct avec le conflit israélo-arabe, est à déplorer le 3 août 1954 à Petit-Jean (Sidi Kacem) : six commerçants juifs sont tués. Quoi qu’il en soit, le panarabisme, en plein essor à cette époque, ajoute au malaise de la communauté. Vient alors l’époque de l’Indépendance et son lot d’espoirs. Une certaine euphorie s’empare de la communauté. Un juif, Léon Benzaquen, est nommé ministre. Mais cet enthousiasme ne durera guère. En cause, pour l’auteur, la politique du jeune Etat indépendant marocain. Même si, d’après lui, «le Maroc est le seul pays où les choses se sont passées différemment. Dans la plupart des pays arabes (Libye, Syrie, Liban), les juifs ont été expulsés». Cependant, certaines de ses premières décisions en tant nouvel Etat indépendant ne pouvaient pas rester sans conséquence. Plus particulièrement la promotion, dans les discours, de l’arabisation fera craindre aux juifs de perdre leurs avantages acquis grâce à leur maîtrise de la langue française sous le Protectorat (la connaissance de la langue française était un atout pour travailler dans l’administration). Mais surtout, le Maroc va commettre l’erreur stratégique de bloquer l’octroi de passeports à ses citoyens juifs. Jusqu’en 1956, l’émigration vers Israël s’organisait sous l’égide de Qadima (organisation créée par le Mossad), qui avait des bureaux dans plusieurs villes importantes du Royaume. Mais la politique de blocage de l’octroi des passeports va pousser les juifs candidats au départ à entrer dans la clandestinité. Pour l’ensemble de la communauté, cette atteinte à la liberté de circulation crée un sentiment d’asphyxie, aggravé par la rupture unilatérale des relations postales avec l’Etat d’Israël à l’occasion de l’adhésion à l’union postale arabe. Finalement, ce sont des facteurs d’ordre psychologique – la crainte d’une «catastrophe» – qui seront à l’origine de ces départs, plus que la réalité des événements eux-mêmes.

    Opération Yakhin. 1961 marquera un tournant. L’année commence avec le naufrage du Pisces – un bateau transportant des juifs qui émigraient clandestinement – le 11 janvier et qui fait 43 morts. A cette occasion, le Mossad organise une opération de communication comprenant la distribution de tracts dénonçant la politique de blocage des passeports. Quelques jours auparavant, la visite de Nasser, qui s’est accompagnée de nombreuses exactions commises par la police sur les juifs, a traumatisé la communauté (voir extrait). 1961, c’est aussi l’année de l’accession au trône de Moulay Hassan, plus pragmatique sur la question et assez ouvert à la possibilité d’une émigration «légale» dont il comprend qu’il peut tirer un bénéfice politique. Tous ces changements annoncent l’avènement d’une troisième étape dans l’histoire de l’émigration juive marocaine, celle de l’opération Yakhin (1961-1966) qui succède à celle de l’époque de Qadima (1948- 1956), et celle, clandestine, de la Misgeret (1956- 1961). C’est grâce à une longue série d’entretiens et de contacts entre agents israéliens et proches du Palais par l’intermédiaire de juifs marocains que tout cela a été rendu possible.

    Dès mai 1961, «commencèrent les premiers préparatifs pour contacter le ministre du Travail Abdelkader Benjelloun et le prince Moulay Ali Alaoui, tous deux proches du roi», écrit Bin Nun. Depuis le naufrage du Pisces, Israël est convaincu de l’intérêt de mener des négociations pour débloquer la situation. Le raisonnement de l’Etat juif est le suivant : puisque «le départ des juifs du pays porterait atteinte à son économie (…) par conséquent le Maroc devait être indemnisé». Deux personnalités de la communauté seront chargées d’établir des contacts avec les autorités marocaines : Sam Benazeraf et Isaac Cohen Olivar. Entre la mi-juin et fin juillet, une série de pourparlers ont lieu entre les protagonistes. Un accord de compromis est trouvé. Cet accord secret – conclu oralement – prévoyait le versement d’un montant variant entre 100 et 250 dollars par émigrant juif aux autorités marocaines. L’organisation logistique de l’évacuation est assurée par la HIAS, au moyen de passeports collectifs.

    Ainsi, entre novembre 1961 et la fin de 1966, ce sont 97005 juifs qui sont évacués. Selon Yigal Bin Nun, les autorités marocaines auraient reçu pour les 26 000 premiers migrants 100 dollars par personne puis ce montant serait passé à 200 dollars, puis 250 dollars. Plusieurs personnalités marocaines d’envergure auraient été impliquées dans cette transaction : des ministres – dont bien évidemment Benjelloun – mais aussi le cousin du roi Moulay Ali. L’article de Bin Nun évoque notamment les avantages qu’ont pu en tirer certains hauts fonctionnaires dont le directeur de cabinet d’Oufkir Abdelwahab Lahlali et des personnalités possédant des intérêts dans le secteur des transports. Au total, cette évacuation, qui a été menée en un temps record, aurait coûté à Israël entre 20 et 30 millions de dollars de l’époque. Une telle précipitation était-elle vraiment nécessaire ? Pour l’auteur, «les juifs marocains ne couraient aucun danger. Tôt ou tard, ils auraient quitté le Maroc mais cela aurait pu se faire plus doucement». Le contexte troublé de la seconde moitié du XXe siècle explique peut-être une telle frénésie.

    MAJDA FAHIM

    ———————————————–

    «Ce sont les juifs marocains eux-mêmes qui ont fait pression sur les émissaires pour partir» (Yigal Bin-Nun Auteur de «La négociation de l’évacuation en masse des juifs du Maroc». Historien, Professeur à l’Université Paris VIII)

    Vous parlez d’«évacuation» plutôt que de «départ» pour évoquer l’émigration des juifs marocains. Pourquoi ?

    A partir de novembre 1961, l’émigration juive est orchestrée et financée et elle bénéficie de l’organisation par une agence – en l’occurrence l’HIAS (Hebrew sheltering and Immigrant Aid Society). Il ne s’agit donc plus de départs – d’ailleurs les juifs vivant dans les petits villages du sud marocain ne pouvaient pas partir d’eux-mêmes.

    Qu’apporte de nouveau votre travail ?

    Je raconte ici toute l’histoire de l’accord de compromis, reconstituée à partir des archives de l’HIAS, du ministère israélien des Affaires étrangères, du Mossad et de l’Agence juive. Une indemnisation par tête de 100 à 250 dollars a été offerte à l’Etat marocain.

    Parmi les motivations des juifs à émigrer, vous évoquez la crainte de l’arabisation. Pourquoi ? Le bagage culturel arabomusulman était-il défavorable aux juifs ?

    J’ai relevé la récurrence dans la presse marocaine de propos antijuifs. Ils n’étaient pas extrêmement virulents mais il y en avait beaucoup. Des attaques, des insinuations. L’assimilation systématique des juifs et des israéliens. En 1962, le journal Akhbar Dounia publie la photo d’un homme présenté comme un officier israélien en promenade à Casablanca. Cet homme portait en fait l’habit officiel des croquemorts juifs… On a reproché au Grand rabbin de ne pas avoir assisté à la cérémonie de réception de Nasser en 1961.

    Mais il n’avait tout simplement pas été invité ! Plus que l’islam et le panarabisme en tant que tels, c’est la peur de l’avenir dans un pays non démocratique, sur fonds de guerres israéloarabes, qui a été déterminante.

    Est-ce à dire qu’il n’y avait pas d’acculturation des juifs à la société marocaine ? Vous évoquez à plusieurs reprises l’assimilation des juifs à la culture française sous le Protectorat…

    Il est vrai qu’avec les écoles de l’Alliance israélite, on a négligé la langue arabe. Sans doute les juifs marocains maîtrisaient toujours un arabe parlé. Mais le fait est que l’on a privilégié le français, ce qui n’a pas manqué de créer un clivage avec le reste de la population. Après la Seconde guerre mondiale, l’arabe devient même deuxième langue étrangère dans les écoles de l’Alliance ! Pourtant, il y avait encore beaucoup d’arabisants dans ces écoles, certains juifs étaient même professeurs d’arabe.

    Vous n’évoquez que très peu la part de l’idéologie sioniste dans les raisons du départ…

    C’est un mythe. Il est faux de croire qu’il y aurait eu une propagande sioniste et que les Israéliens auraient voulu convaincre les juifs du Maroc de partir. S’ils sont partis ce n’est pas pour des raisons idéologiques ni religieuses mais soit parce qu’ils nourrissaient une grande admiration pour Israël, soit, pour ceux qui sont allés au Canada ou en Europe, par souci de mettre en valeur leurs compétences. D’ailleurs, si des émissaires israéliens avaient été envoyés, ce n’était que pour la protection de la communauté, pour le cas où elle aurait couru certains dangers. Mais force a été pour eux de reconnaître qu’au Maroc, la communauté vivait, selon leurs dires, un «âge d’or». Ce sont les juifs marocains eux-mêmes qui ont fait pression sur les émissaires pour partir.

    Vous écrivez : «Bien que les Israéliens eussent établi des relations étroites avec le dirigeant de l’opposition Ben Barka (…) ils préférèrent en fin de compte négocier avec le jeune roi»…

    En effet, en Israël, tous étaient convaincus en 1959 que la gauche était sur le point de prendre le pouvoir. Les organismes juifs internationaux, qui entretenaient des contacts réguliers avec les partis politiques et le Palais, ont donc joué sur les deux tableaux. Ben Barka leur en a fait voir : il recevait un paiement mensuel du Mossad, et tous les jours il appelait l’ambassade d’Israël à Paris. Il avait besoin d’argent pour son action politique. Un jour, Israël s’est rendu compte que Ben Barka ne serait pas en mesure de tenir ses promesses. Ils ont alors changé de tactique et se sont tournés vers Moulay Hassan. Dès 1960, ont lieu les premiers échanges. Bensalem Guessous est envoyé comme émissaire auprès de Golda Meir pour initier une négociation. En août 1961, un accord de compromis pour l’émigration des juifs marocains est trouvé grâce à plusieurs personnalités dont Moulay Ali, cousin du roi Hassan II.

    Une transaction financière aurait été conclue, que vous évaluez à 20-30 millions de dollars. Avez-vous une idée de ce qu’il serait advenu de cet argent ?

    Je ne sais pas. Les Israéliens n’ont jamais dit que cet argent devait aller dans le compte personnel de Hassan II. Cela est d’ailleurs improbable car trop de personnes étaient impliquées. D’ailleurs, les Israéliens avaient exigé une certaine officialisation de la chose. Hassan II l’avait annoncé à son gouvernement, en présence de plusieurs de ses ministres.

    Vous semblez dire dans l’article que la transaction a aidé des juifs marocains à quitter le pays pour d’autres pays qu’Israël…

    Dans la communauté juive, il ne fallait pas parler d’Israël. Alors on disait qu’on partait au Canada. Tout cela facilitait les choses pour le Palais, qui craignait que Ben Barka ne l’accuse de mener une politique pro-israélienne parce qu’il assouplissait les conditions pour le départ des juifs. Il a d’ailleurs fallu qu’Israël verse des sommes importantes à Ben Barka pour qu’il n’y ait pas de résolution de son parti contre Hassan II dans le domaine de l’émigration juive.

    Vous affirmez que Ahmed Réda Guédira aurait reçu de l’argent de l’Etat juif pour le journal de son parti Les Phares…

    En tant que ministre de l’Intérieur, il pouvait avoir une influence sur les départs. Au lieu d’accepter directement l’argent d’Israël, il a préféré qu’il soit versé à son journal. Guédira n’est pas le seul à avoir récolté de l’argent à cette occasion. Oufkir, en revanche, avait la réputation d’être incorruptible aussi sans doute n’a-t-il jamais été approché.

    PROPOS RECUEILLIS PAR M. F.

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    El Fassi et les jeunes filles juives*

    Au début des années soixante, alors que l’émigration était déjà légale bien que discrète, un phénomène nouveau vint ébranler la vie de la classe moyenne juive au Maroc. Ce furent quelques cas de conversions de jeunes filles juives à l’Islam. Ces cas seraient passés inaperçus si le nouveau ministre des affaires islamiques, le chef du parti de l’Istiqlal Allal El Fassi, fervent partisan du panarabisme et défenseur de l’Islam, n’avait décidé d’en tirer politiquement profit. Dans l’organe arabe de son parti, Al Alam, il publia quotidiennement les noms et les photographies de jeunes juives qui se convertissaient à l’Islam. Il alla même jusqu’à consacrer le stand de son ministère à la Foire internationale de Casablanca à une exposition de ces photographies, incitant par cet acte d’autres jeunes à se convertir. Les dirigeants de la communauté ne tardèrent pas à réagir durement contre les méthodes de ce héros du Mouvement national marocain, dont certaines opinions inquiétaient déjà la rue juive. La Voix des communautés, rédigé par Victor Malka, consacra trois numéros à ce problème et en fit son cheval de bataille contre le ministre. David Amar ameuta l’opinion publique en publiant un supplément de l’organe des communautés en arabe, destiné aux dirigeants politiques arabisants. Il accusa le ministre de vouloir tirer profit sur ses adversaires politiques sur le compte de la communauté, au lieu de s’occuper des mosquées, des prêches et des pèlerinages. Il s’adressa au ministère de la Justice pour arrêter la publication de ces photographies dont quelques-unes, avec onze noms de jeunes juives, furent reproduites dans l’organe de la communauté.

    *extrait «La fin du judaïsme en terres d’islam», sous la direction de Shmuel Trigano.

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    Le test de la visite de Nasser à Casablanca*

    L a visite du président égyptien à Casablanca fut un événement traumatisant pour la communauté. Il était le symbole du réveil nationaliste panarabe et de l’effondrement de plusieurs régimes monarchiques. Cette tendance ne manqua pas d’inquiéter le régime marocain qui dut s’aligner, contre son gré, sur les tendances pro-nassériennes de son opinion publique. La politique anti-israélienne de Nasser rapprocha le conflit israélo-arabe du cœur des Marocains, ce qui renforça leur nationalisme arabe et suscita une certaine hostilité envers l’Occident, imperceptible auparavant. Les juifs, de leur côté, attendaient avec angoisse l’ennemi d’Israël, pour voir comment sa visite pouvait avoir une influence sur leurs relations avec les musulmans. Nasser atterrit au Maroc le 2 janvier 1961 mais, dès la veille, des témoignages avaient fait état d’exactions policières contre des passants juifs. Des policiers insultèrent des vieillards, des femmes et des enfants dans la rue parce qu’ils portaient des vêtements avec un mélange de couleurs bleue et blanche, rappelant, à leur avis, le drapeau israélien. On leur reprocha aussi de porter des vêtements noirs, comme signe de deuil envers l’ennemi d’Israël. Des policiers insultaient le Premier ministre israélien Ben Gourion. On entendit parallèlement des policiers glorifier Nasser, le dirigeant du monde arabe. Il est nécessaire de noter à ce sujet que cette atmosphère n’avait rien de spontané. Elle est la conséquence, au moins en partie, de la propagande panarabe diffusée dans la presse en langue arabe des partis politiques, à la veille de la visite.

    *extrait «La fin du judaïsme en terres d’islam», sous la direction de Shmuel Trigano

    Source : Le Journal Hebdomadaire du 04 au 10 avril 2009

    #Maroc #Israël #Juifs_marocains #Evacuation #Opération_Yakhin #HassanII

  • Blinken se rendra en Israël, en Cisjordanie, au Maroc et en Algérie

    Blinken se rendra en Israël, en Cisjordanie, au Maroc et en Algérie

    Blinken se rendra en Israël, en Cisjordanie, au Maroc et en Algérie – Palestine, Moyen-Orient, Sahara Occidental,

    Le secrétaire d’État Tony Blinken devrait se rendre au Moyen-Orient la semaine prochaine après avoir rejoint le voyage du président Biden à Bruxelles et en Pologne, me disent quatre responsables américains et israéliens.

    Pourquoi c’est important : Blinken est sur le point d’arriver à un moment où les relations des États-Unis avec nombre de ses partenaires et alliés dans la région sont tendues. Son itinéraire initial comprenait des arrêts en Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis, mais comme les dates du voyage changeaient plusieurs fois, ces visites ont été abandonnées.

    Blinken veut profiter de cette visite pour montrer que l’engagement américain dans la région se poursuit, ont déclaré les responsables américains.
    Au cœur de l’actualité : Blinken devrait arriver en Israël samedi soir et rencontrer des responsables israéliens à Jérusalem et des responsables palestiniens à Ramallah.

    Le roi Abdallah de Jordanie devrait se rendre à Ramallah dimanche pour rencontrer le président palestinien Mahmoud Abbas. On ne sait pas s’il rencontrera Blinken, qui devrait être à Ramallah le même jour.
    Blinken se rendra lundi d’Israël au Maroc et de là en Algérie, selon les quatre responsables.

    Entre les lignes : les dirigeants palestiniens sont frustrés que l’administration Biden n’ait pas tenu ses promesses, en particulier la réouverture du consulat à Jérusalem, qui servait de mission diplomatique américaine auprès de l’Autorité palestinienne.

    Ces derniers mois, il y a eu des tensions croissantes entre l’Algérie et le Maroc à propos du conflit au Sahara occidental contesté.
    État des lieux : Blinken arrivera en Israël et dans l’Autorité palestinienne avant une situation inhabituelle qui se produit une fois tous les 10 ans, lorsque la Pâque, le Ramadan et Pâques ont lieu en même temps , ce qui accroît le potentiel de violence à Jérusalem.

    La Cisjordanie et Gaza ont été relativement calmes ces dernières semaines, mais à Jérusalem-Est, il y a eu plusieurs attaques à l’arme blanche contre des Israéliens. Dans deux cas récents, la police israélienne a tiré sur les Palestiniens qui, selon eux, ont commis les attaques.

    Le dernier en date : mardi, un Arabe israélien ayant déjà été condamné pour avoir soutenu l’Etat islamique a assassiné quatre personnes à Beer Sheva , dans le sud d’Israël.

    AXIOS, 23/03/2022

    #Etats-Unis #Israël #Algérie #Maroc #SaharaOccidental #Palestine #Cisjordanie

  • Comment le Mossad a aidé Hassan II à éliminer Mehdi Ben Barka

    Comment le Mossad a aidé Hassan II à éliminer Mehdi Ben Barka – Maroc, Israël, services secrets marocains,

    Au micro de Patrick Cohen sur Europe 1, Ronen Bergman, qui publie « Lève-toi et tue le premier : l’histoire secrète des assassinats ciblés commandités par Israël », revient sur l’assassinat de l’opposant marocain Mehdi Ben Barka, auquel les services secrets israéliens auraient participé.

    Près de 1.000 pages et de multiples révélations

    Ronen Bergman, journaliste au New York Times et investigateur israélien, publie aux éditions Grasset Lève-toi et tue le premier : l’histoire secrète des assassinats ciblés commandités par Israël, un livre événement qui revient sur les nombreuses exécutions réalisées par le Mossad, l’agence de renseignements de l’État hébreu. Dans « C’est arrivé demain », le journaliste raconte sur Europe 1 comment les services secrets israéliens ont aidé le gouvernement marocain à éliminer Mehdi Ben Barka, l’un des principaux opposants au Roi Hassan II dans les années 1950.

    « Dans le monde du renseignement, il n’y a rien de gratuit »

    « Ce n’est pas simplement que le Mossad a œuvré, c’est beaucoup plus que cela », explique Ronen Bergman. « Le service de renseignements du Maroc a rendu service énorme aux Israéliens en donnant au Mossad la capacité d’écouter les conversations les plus secrètes des dirigeants arabes », affirme le journaliste du New-York Times. « Mais ils voulaient quelque chose en échange, car dans le monde du renseignement, il n’y a rien de gratuit. »

    Si des Français étaient déjà impliqués dans l’élimination de l’anticolonialiste Mehdi Ben Barka, le Maroc demande aussi au Mossad de l’aider, raconte Ronen Bergman. Le 29 octobre 1965, le leader panafricain se rend à un rendez-vous à la brasserie Lipp à Paris, mais les services secrets israéliens l’ont traqué afin que les Marocains l’enlèvent. L’opposant socialiste au roi Hassan II est alors torturé et tué par les services secrets marocains. « Le Mossad aide les assassins à se débarrasser du corps et à l’enterrer sous ce qui est aujourd’hui le musée Louis Vuitton, dans le bois de Boulogne », poursuit Ronen Bergman.

    « L’utilisation quasi systématique des éliminations a changé de nombreuses fois l’histoire en bien »
    Interrogé par Patrick Cohen sur les conséquences des éliminations commanditées par le Mossad, Ronen Bergman se veut nuancé. « Ça change l’histoire, parfois du bon, parfois du mauvais côté », affirme-il. « Mais après huit ans de recherches, je peux affirmer que l’utilisation quasi systématique des éliminations a changé de nombreuses fois l’histoire en bien », explique Ronen Bergman, prenant en exemple les éliminations qui ont suivi les attentats de Munich.

    Europe1, 09/02/2020

    #Maroc #Israël #Mossad #MehdiBenBarka

  • Libye: Le Maroc et Haftar s’engagent en Ukraine contre l’armée russe

    Libye: Le Maroc et Haftar s’engagent en Ukraine contre l’armée russe

    Libye: Le Maroc et Haftar s’engagent en Ukraine contre l’armée russe – Russie, France, Israël,

    Une rencontre secrète s’est tenue ces derniers jours en Libye, sous l’égide d’une équipe mixte américano- marocaine.

    Cette rencontre a été marquée par la présence des lieutenants du Maréchal Haftar, et des membres des services de renseignements français et sionistes.

    L’objectif de cette réunion, était l’organisation d’une opération d’acheminement de milices basées en Libye, vers l’Albanie, en vue de rejoindre l’Ukraine en vue d’exécuter des opérations spécifiques contre l’armée russe en Ukraine.

    Par ailleurs, il faut noter que cette opération en préparation bénéficie d’un financement américano-marocain.

    Algérie54, 16/03/2022

    #Maroc #Libye #Ukraine #Russie

  • Hypocrisie: L’USA soutient les annexions illégales d’Israël et du Maroc

    Hypocrisie: L’USA soutient les annexions illégales d’Israël et du Maroc

    Hypocrisie: L’USA soutient les annexions illégales d’Israël et du Maroc – Etats-Unis, Sahara Occidental, Joe Biden, Ukraine,

    L’Amérique doit être cohérente. Elle ne peut pas choisir quand elle veut suivre le droit international.

    En décembre dernier, alors que les forces russes encerclaient l’Ukraine, l’administration Biden et ses alliés ont adressé un avertissement sévère à Vladimir Poutine : « Tout recours à la force pour modifier les frontières est strictement interdit par le droit international. » En janvier, alors que les troupes russes se massaient encore plus nombreuses, le secrétaire d’État Antony Blinken a ajouté que « l’inviolabilité des frontières » faisait partie des « principes directeurs du comportement international. » Le mois dernier, après que le Parlement russe a reconnu l’indépendance de deux républiques autoproclamées que Moscou avait séparées de l’Ukraine orientale, M. Blinken a qualifié cette atteinte à « la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine » de « violation flagrante du droit international ».

    Tout cela est indiscutablement vrai. La modification des frontières par la force viole un principe fondamental du droit international. C’est pourquoi l’administration Biden doit faire plus que résister à l’agression de la Russie en Ukraine. Elle doit cesser de violer ce principe elle-même.

    En 2019, l’administration Trump a fait des États-Unis le seul pays étranger à reconnaître l’annexion par Israël du plateau du Golan, qu’Israël a saisi à la Syrie lors de la guerre de 1967. Le professeur de droit de l’université de Tel Aviv Eliav Lieblich a noté que cette décision – qui contredisait une résolution unanime du Conseil de sécurité des Nations unies soutenue par les États-Unis eux-mêmes – constituait un « écart important par rapport à l’interdiction juridique fondamentale de l’annexion unilatérale. » Oona Hathaway, de la faculté de droit de Yale, a qualifié cette décision de « scandaleuse et potentiellement déstabilisante pour l’ordre international d’après-guerre ». Le gouvernement russe l’a qualifiée d’ »indication du mépris que Washington affiche pour les normes du droit international ».

    Après la décision de Trump, le sénateur de l’Illinois Richard Durbin a demandé au secrétaire d’État Mike Pompeo d’expliquer la différence juridique entre l’annexion du Golan par Israël et l’annexion de la Crimée par Moscou en 2014, qui avait conduit les États-Unis à imposer des sanctions. Pompeo a répondu qu’ »il existe une doctrine de droit international sur ce point précis. Nous n’avons pas le temps de commencer à la parcourir aujourd’hui. Mais [je suis] heureux de demander à une équipe d’y aller et de vous guider à ce sujet. » Lorsque les journalistes ont fait un suivi, le Département d’Etat n’a cité aucune doctrine de droit international. Au contraire, une porte-parole du département a déclaré, de manière insensée, que « la politique américaine continue d’être qu’aucun pays ne peut changer les frontières d’un autre par la force. »

    Puis, en 2020, l’administration Trump a enchaîné en faisant des États-Unis le seul pays étranger à reconnaître l’annexion par le Maroc du Sahara occidental, un territoire que le Maroc a envahi en 1975 après le retrait des dirigeants coloniaux espagnols du territoire. L’ancien secrétaire d’État James Baker III a qualifié cette décision de « recul stupéfiant par rapport aux principes du droit international ». Une fois de plus, les États-Unis ont contredit les résolutions du Conseil de sécurité qu’ils avaient eux-mêmes soutenues. Une fois de plus, la Russie a reproché aux États-Unis de transgresser un principe de « droit international universellement reconnu ».

    Depuis son entrée en fonction, l’administration Biden n’est revenue sur aucune de ces décisions de Trump. Au contraire, les États-Unis continuent de fournir à Israël une aide militaire de près de 4 milliards de dollars par an, sans aucune condition relative aux droits de l’homme, alors même que Human Rights Watch et Amnesty International affirment que ce pays pratique l’apartheid. L’administration Biden a également augmenté les ventes d’armes au Maroc, même si l’organisme américain de surveillance de la démocratie Freedom House rapporte que les habitants du Sahara occidental jouissent de moins de libertés que les habitants de Chine ou d’Iran.

    L’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Russie donne à l’administration Biden une chance de reconsidérer cette voie dangereuse. Elle peut exploiter la répulsion mondiale actuelle contre l’agression de Poutine pour reconstruire le principe selon lequel aucun pays ne doit redessiner les frontières d’un autre par la force. Mais seulement si elle revient sur les décisions de Trump et prouve que les États-Unis sont prêts à vivre selon les normes qu’ils exigent de Moscou. Politiquement, ce ne sera pas facile, car Israël, qui bénéficie d’un fort soutien à Washington, a bénéficié des deux décisions de Trump – sa décision sur le plateau du Golan et sa décision sur le Sahara occidental, qui a contribué à convaincre le Maroc de normaliser ses relations diplomatiques avec l’État juif. Mais les normes internationales ne restent fortes que si les pays les respectent lorsqu’elles sont gênantes. Et si les États-Unis choisissent de continuer à faire preuve d’hypocrisie, ils rendront plus vulnérables l’Ukraine, Taïwan et toute autre nation plus faible bordée par un voisin rapace.

    Après que le secrétaire d’État Pompeo a défendu la reconnaissance par Trump de l’annexion du plateau du Golan par Israël, le sénateur Durbin a prévenu : « Je ne pense pas que l’administration pense clairement à la façon dont cela se termine bien. » Il avait raison. L’érosion continue de la norme contre l’agression internationale ne se terminera pas bien. L’attaque de la Russie contre l’Ukraine n’en est que le dernier signe. L’administration Biden peut endiguer cette érosion dès maintenant. Mais en plus de la bataille militaire à laquelle elle participe en Ukraine, elle doit mener une bataille politique au niveau national.

    Peter Beinart est professeur de journalisme et de sciences politiques à la Newmark School of Journalism de la City University of New York. Il est également rédacteur en chef de Jewish Currents et rédige The Beinart Notebook, une lettre d’information hebdomadaire.

    The Guardian, 10/03/2022

    #Maroc #SaharaOccidental #EtatsUnis #JoeBiden #Israël

  • Israël nomme un consul au Maroc

    Israël nomme un consul au Maroc

    Israël nomme un consul au Maroc – Dorit Avidani, bureau de liaison israélien au Maroc,

    Israël a nommé Dorit Avidani au poste de consul et chef de l’administration au bureau de liaison israélien au Maroc, selon un responsable israélien.

    La nouvelle est venue après que le chef adjoint de la mission israélienne à Rabat, Eyal David, ait félicité Avidani pour le poste.

    David a salué les 30 années d’expérience d’Avidani au ministère israélien des Affaires étrangères.

    Les autorités marocaines n’ont pas encore commenté cette annonce.

    Le 10 décembre 2020, les deux pays ont annoncé la reprise des relations diplomatiques après leur suspension en 2000 suite au déclenchement de la deuxième Intifada palestinienne.

    Le Maroc a été le quatrième pays arabe à accepter de normaliser ses relations avec Israël en 2020 après les Émirats arabes unis, Bahreïn et le Soudan.

    *Écrit par Ibrahim Mukhtar à Ankara

    Anadolou

  • Qui a peur des accords d’Abraham ?

    Qui a peur des accords d’Abraham ? – Seulement l’Iran et un assortiment hétéroclite de « progressistes », car Israël devient la cheville ouvrière d’une nouvelle alliance régionale qui fait progresser la paix et la sécurité.

    Il y a deux semaines, un assortiment d’organisations de défense soi-disant « progressistes » aux États-Unis a appelé le Congrès « à rejeter les dangereux accords d’Abraham » ; ces accords étant le cadre général qui a jusqu’à présent forgé des traités de paix entre Israël et les Émirats arabes unis, Bahreïn, le Soudan et le Maroc.

    L’Église presbytérienne des États-Unis, les Démocrates progressistes d’Amérique, le CAIR, la Voix juive pour la paix, IfNotNow, les Juifs pour la justice raciale et économique et d’autres groupes marginaux ont affirmé que « la paix durable vient de la justice, pas des accords d’armes ».

    « L’Amérique doit adopter une politique étrangère envers la Palestine/Israël qui soit enracinée dans les droits de l’homme, la justice et l’égalité, et rejeter catégoriquement toute tentative de faire avancer les » Accords d’Abraham « de l’administration Trump, y compris par le biais de lois telles que HR 2748/S. 1061, la Loi de normalisation des relations avec Israël de 2021. »

    « Tout en se faisant passer pour la » paix « et la » diplomatie « , les accords d’Abraham et cette législation sont en fait une approbation des ventes d’armes et des faveurs politiques entre les États-Unis et les régimes autoritaires – y compris les ventes d’armes aux Émirats arabes unis et la reconnaissance de l’annexion illégale par le Maroc de Sahara occidental – en échange de la mise à l’écart des droits des Palestiniens », indique le communiqué. « Nous devons mettre fin au soutien des violations par Israël des droits des Palestiniens et de son régime d’apartheid. »

    D’éminents groupes de défense musulmans ont également signé la déclaration, notamment MPower Change de Linda Sarsour, Arab Resource & Organizing Center (AROC) et le Council on American-Islamic Relations (CAIR).

    L’opposition à la paix au Moyen-Orient de ces groupes prétendument progressistes, leur opposition au dialogue et à la coopération avec Israël, et leur soutien à la poursuite des boycotts contre Israël – parce que les Palestiniens récalcitrants et violents ont été laissés pour compte – vous disent tout ce dont vous avez besoin pour connaître la méchanceté de ces groupes américains « réveillés ».

    Il est également instructif quant à la nouvelle architecture stratégique qui prend heureusement racine au Moyen-Orient.

    Cette semaine, le Premier ministre israélien Naftali Bennett a été reçu avec les honneurs royaux à Manama par le roi de Bahreïn, et la semaine dernière, Israël a signé un accord historique de coopération en matière de défense avec le royaume qui verra des responsables de la défense et du personnel naval israéliens stationnés en permanence à Bahreïn ; quelque chose qui donne littéralement à Israël une base avancée aux frontières de l’Iran.

    Le président Yitzhak Herzog, Bennett et le ministre des Affaires étrangères Yair Lapid ont également effectué de grandes visites aux Émirats arabes unis, et le ministre de la Défense Benny Gantz a signé des accords de défense lors d’une visite au Maroc.

    En bref, les accords d’Abraham ont transformé l’architecture stratégique de la région, Israël passant d’une position défensive contre l’Iran et ses mandataires à une position offensive renforcée par un réseau d’alliances avec des pays arabes clés.

    Vous pourriez même dire (comme Seth Frantzman l’a soutenu) qu’Israël est au centre d’un nouvel ordre de sécurité internationale, une structure d’alliance émergente qui s’étend des États-Unis à l’Inde en passant par l’Europe, visant à combattre les acteurs belligérants au Moyen-Orient.

    Les alliances des Accords d’Abraham sont aussi des amitiés chaleureuses, soutenues par un discours de tolérance authentique et de modération idéologique, et décorées de symboles de véritable acceptation – comme la diffusion de l’hymne national israélien, Hatikvah, dans les palais et sur les ondes officielles des États sunnites.

    En effet, l’Institut pour le suivi de la paix et de la tolérance dans l’éducation scolaire (IMPACT-se) a constaté qu’une grande partie de l’ancien matériel anti-israélien dans les manuels émiratis a été modéré. Les passages qui diabolisaient auparavant Israël, présentaient des conspirations antisémites et accusaient « l’ennemi sioniste » de chercher à « exterminer le peuple palestinien » ont été supprimés. Des passages axés sur la tolérance envers les Juifs ont été insérés à la place. Il convient tout particulièrement de noter la suppression de passages qui présentaient la question palestinienne comme « la base des conflits au Moyen-Orient ».

    « Les manuels émiratis reflètent l’évaluation faite par le prince héritier Mohamed ben Zayed il y a plus de dix ans selon laquelle l’Occident est un allié potentiel et non une menace coloniale, que le radicalisme est catégoriquement mauvais et contre-productif, et que la prospérité émiratie dans un monde concurrentiel marché sera bâti sur une main-d’œuvre tolérante et éprise de paix », déclare Marcus Sheff, PDG d’IMPACT-se. « Le programme enseigne également aux étudiants à valoriser le principe du respect des autres cultures, et encourage la curiosité et le dialogue, y compris avec Israël. »

    N’oublions pas les liens manifestes de peuple à peuple qui se développent entre les groupes sociaux israéliens et du Golfe, et l’explosion des liens commerciaux.

    Le Conseil des affaires EAU-Israël s’est développé en une communauté de plus de 5 000 entrepreneurs, professionnels, investisseurs, entreprises et représentants du gouvernement qui se rencontrent régulièrement à travers une gamme toujours croissante de conférences, de mixeurs, de webinaires, de délégations et d’événements en personne. Le Gulf-Israel Women’s Forum est la première association réunissant des femmes leaders de tout le Moyen-Orient. Le Forum politique Golfe-Israël rassemble des universitaires, des décideurs et des leaders culturels de toute la région.

    En 2022, le commerce bilatéral de biens et de services entre les Émirats arabes unis et Israël devrait atteindre 2 milliards de dollars, soit une augmentation de 50 % par rapport à 2021, avec une croissance significative du tourisme, de l’agriculture, des investissements, des technologies propres et des services professionnels. Près de 500 entreprises israéliennes ont des relations d’affaires aux EAU, dont 250 avec une présence permanente ou une collaboration avec un partenaire émirati.

    Le commerce entre Israël et les autres pays des accords d’Abraham devrait grimper cette année jusqu’à 1 milliard de dollars, avec une forte augmentation des échanges avec l’Égypte et la Jordanie, où la stigmatisation du commerce avec Israël s’estompe progressivement – grâce aux accords d’Abraham.

    Ainsi, en contradiction avec les remarques aigres et de rejet des groupes « progressistes » américains mentionnés ci-dessus, les accords d’Abraham ne sont pas un truc entaché de Trump ou une fin de course entachée de Netanyahu autour des Palestiniens. Il s’agit plutôt d’une percée authentique pour la paix et la sécurité au Moyen-Orient; une transformation qui fait preuve d’endurance et s’approfondit de jour en jour.

    Affirmer que seuls l’éclat et les accords d’armes trumpiens étaient à la base des accords d’Abraham, comme le font les grincheux partisans mentionnés ci-dessus, est une mauvaise interprétation complète des objectifs émiratis, bahreïnis et marocains dans la poursuite de la paix avec Israël. Les dirigeants des pays veulent redéfinir l’identité et l’image globale des musulmans arabes en mêlant tradition et lumière, ancrées dans un discours admirable de modération religieuse et d’ouverture d’esprit.

    L’affiliation à Israël s’inscrit parfaitement dans ce programme parce que c’est exactement ainsi qu’ils voient Israël aussi – en tant que nation qui réussit à synthétiser une identité ethnique et religieuse forte avec la modernité. Par conséquent, les accords d’Abraham sont profondément enracinés dans de véritables intentions idéologiques (ainsi que dans des réalités de sécurité urgentes) et sont enfermés à long terme.

    Hélas, pour la foule d’extrême gauche et anti-israélienne, il est difficile de se réjouir des accords d’Abraham. Cela signifie avaler le fait qu’Israël est manifestement une force pour le bien, la connaissance, la prospérité et la stabilité au Moyen-Orient. Après tout, c’est la raison pour laquelle les États du Golfe et le Maroc sont en train de suivre Israël !

    Il est encore plus difficile pour ces extrémistes d’accepter que, de facto, les Accords d’Abraham sont une réfutation brutale de la campagne palestinienne en cours pour nier et criminaliser les droits historiques du peuple juif en Israël.

    En faisant référence à l’héritage commun abrahamique des musulmans et des juifs dans le document fondateur des accords d’Abraham, et en jouant à plusieurs reprises « Hatikvah » dans leurs palais royaux, les pays arabes reconnaissent implicitement que les juifs sont un peuple biblique indigène de la Terre d’Israël. C’est une révolution joyeuse qui renverse des générations de délégitimation idéologique arabe et islamique d’Israël.

    Il est vraiment tragique que les Palestiniens intransigeants et leurs soutiens rétrogrades en Amérique soient incapables d’apprécier les opportunités gargantuesques rendues possibles par les Accords d’Abraham.

    David M. Weinberg est chercheur principal au Kohelet Forum et à Habithonistim : Forum de défense et de sécurité d’Israël. Ses articles sur la diplomatie, la défense, la politique et le monde juif au cours des 25 dernières années sont archivés sur www.davidmweinberg.com.

    Israel Hayom, 21/02/2022

  • Israël refuse de vendre les missiles « Dôme de fer » au Maroc et aux EAU

    Israël refuse de vendre les missiles « Dôme de fer » au Maroc et aux EAU

    Israël refuse de vendre les missiles « Dôme de fer » au Maroc – Iron Dome, Ben David, Emirats Arabes Unis, EAU, Arabie Saoudite,

    « Les agences de sécurité israéliennes ont rejeté la possibilité de vendre des technologies développées à leurs nouveaux partenaires, les pays arabes qui ont signé les accords d’Abraham », a-t-il déclaré au Maariv Alon Ben David, analyste militaire israélien. Il a également déclaré que le ministère israélien de la Défense est revenu sur sa décision de ne pas vendre de systèmes de défense aux Émirats arabes unis : « Il a vendu de la cybertechnologie, mais s’est abstenu de vendre des systèmes de défense aérienne ». Face à ce refus, Abu Dhabi a dû acheter des systèmes de défense nord-coréens équipés de technologies russes.

     » Israël craint que la vente de cette technologie aux Émirats arabes unis ne conduise à la transmission de secrets à un État tiers « , a déclaré pour sa part à Israël Hayom Yoav Limor, également analyste militaire. Selon Ben David, Israël a perdu 4,5 milliards de dollars après avoir rejeté les accords militaires avec les EAU, suggérant qu’Israël offre ses systèmes de défense aux EAU et à l’Arabie saoudite.

    New-in-24, 30/01/2022

    Israël rejette la vente du système de défense Iron Dome aux EAU

    Les agences de sécurité israéliennes ont rejeté la vente du système d’armes Iron Dome et David’s Sling aux Emirats Arabes Unis (EAU), ont rapporté vendredi des analystes militaires dans Israel Hayom et Maariv.

    Selon Maariv, l’analyste militaire Alon Ben David a déclaré que les agences de sécurité israéliennes ont rejeté la possibilité de vendre des technologies développées à ses nouveaux partenaires, en référence aux pays arabes qui ont signé les accords d’Abraham.

    Entre-temps, Yoav Limor a déclaré à Israel Hayom qu’Israël craint que la vente de cette technologie aux EAU ne signifie que des secrets pourraient être transmis à un État tiers.

    « Le Mossad, qui a ouvert la voie aux normalisations, a supplié les agences de sécurité de cesser de considérer ces pays comme des « Arabes » », a expliqué Ben David.

    Selon Ben David, le ministère israélien de la Défense est revenu sur sa décision de ne pas vendre de systèmes de défense aux EAU : « Il a vendu des technologies cybernétiques mais s’est abstenu de vendre des systèmes de défense aérienne ».

    Par conséquent, les EAU ont été obligés d’acheter des systèmes de défense nord-coréens avec des technologies russes.

    Ben David a estimé qu’Israël a perdu 4,5 milliards de dollars après avoir rejeté les accords militaires avec les EAU, suggérant qu’Israël propose ses systèmes de défense aux EAU et à l’Arabie saoudite.

    Middle East Monitor, 29/01/2022