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  • Conflit algéro-marocain: il y a bien anguille sous roche

    Tags: Algérie, Maroc, Sahara Occidental, Front Polisario, Israël – Conflit algéro-marocain: il y a bien anguille sous roche

    L’Algérie remontée contre la France, et plus encore contre le Maroc ? Rien de nouveau ni au Nord ni à l’Ouest. Après tout, entre la France et l’Angleterre, le ciel n’est pas non plus serein, encore moins la mer ! Sauf que… Entre l’Algérie et la France, c’est de bonne guerre, pour ainsi dire.

    Une stratégie d’occupant
    Mais l’enjeu est absolument autre, entre l’Algérie et le Maroc. Ou plus exactement entre le Maroc et l’Algérie. D’aucuns nous rappellent la guerre des Sables. La donne a changé, comme l’enjeu, j’insiste.
    Gare ! Gare à cet « incident » de toute évidence programmé (la mort de trois citoyens algériens), qui, sans doute, sera suivi d’un autre. Le Maroc semble s’y diriger posément, avec des calculs étrangers à la stratégie du Makhzen comme à sa tactique, d’ailleurs. La « Marche verte », c’était une tactique d’un autre âge, populisme en prime.
    Quand je dis « nouvelle donne », je pense à celle échafaudée hors du Maghreb, hors du continent même. Et pas sur la rive nord de la Méditerranée, non : plutôt à l’Est, tout au bout, plus près du Jourdain que du Nil.

    Disons-le, tout net : Israël doit être bel et bien à la manœuvre. Et l’on sait combien cet État est orfèvre en la matière ! Que le gouvernement israélien veuille enseigner au Maroc la politique du harcèlement que lui-même applique en Palestine, et qu’il aurait même promis une précieuse aide technologique, cela relève d’un secret de Polichinelle. Jamais, au grand jamais, Israël ne foule un sol si ce n’est pas pour pousser à la confrontation.

    Toute allégeance géopolitique a son prix !
    En somme, fondée sur l’occupation d’un autre pays, l’État d’Israël voudrait enseigner au Maroc son savoir-faire… Quant aux réactions de mes compatriotes, je lis ici et là que l’Algérie est dans la visée des va-t-en-guerre qui ont mis à feu et à sang la Libye, l’Irak, et ont tenté de le faire en Syrie. Auquel cas le pays doit se préparer. Certes. Mais je lis aussi d’autres va-t-en-guerre qui jouent aux « Che » sur les réseaux sociaux et disent leur certitude que notre pays a l’armée qu’il faut pour parer à toute velléité guerrière, et alors, gare au « petit roi » s’il s’aventurait à tenter le coup de force ! Non ! Ce n’est de l’intérêt d’aucun des deux peuples d’en arriver là.

    Ce serait juste faire le jeu de leurs ennemis qui sont communs, qu’à l’Histoire ne plaise, si j’ose dire : Israël n’est pas le genre à intervenir si ce n’est dans son propre intérêt ! Et si de l’allégeance à Israël, pays où l’apartheid fait loi, le roi du Maroc espère tirer des bénéfices, comme récupérer le Sahara Occidental avec l’aide des stratèges de Tel-Aviv, c’est qu’il est loin de mesurer le prix de cette allégeance. Autant dire qu’il n’aura décidément hérité de son père que la couronne, et rien de sa finesse d’analyse, si l’on oublie la « Marche verte », ni la conscience qu’il avait du danger que couvent les alliances fortuites.
    Salah Guemriche(*)

    (*) Auteur du Dictionnaire des mots français d’origine arabe. Préface d’Assia Djebar de l’Académie française (Seuil 2007) ; Abd er-Rahman contre Charles Martel – la véritable histoire de la Bataille de Poitiers (Éd. Perrin 2010).
    Dernier ouvrage : La Reconquête – Texte et photos sur les 6 premiers mois du Hirak (Orients-Editions, Paris 2019).

    Le Soir d’Algérie, 11/11/2021

    #Algérie #Maroc #Sahara_Occidental #Front_Polisario #Israël

  • Edy Cohen prie l’Algérie de laisser Macias visiter Constantine

    Tags : Algérie, France, Edy Cohen, Enrico Macias, Israël – Edy Cohen prie l’Algérie de laisser Macias visiter Constantine

    Le chercheur et universitaire israélien Edy Cohen a exprimé son étonnement face à ce qu’il a qualifié de « montant de haine » que le peuple algérien éprouve envers l’état de l’entité sioniste et des sionistes et a exprimé son espoir que les Algériens réduisent leur hostilité envers le peuple juif, comme il l’a dit dans une vidéo publiée sur son Twitter.

    « Ce serait bien que les Algériens et leurs médias atténuent cette attaque haineuse contre les Israéliens », a déclaré Cohen.

    Il a parlé d’une campagne à travers les réseaux sociaux, menée par des Algériens contre l’État de l’entité sioniste, qui, selon lui, le dérange beaucoup.

    L’Algérie a toujours souligné, à travers plus d’un responsable, qu’elle n’est pas hostile au peuple juif, mais s’oppose plutôt à l’idéologie sioniste et aux pratiques du gouvernement israélien contre le peuple palestinien sans défense, et a appelé Israël à donner aux Palestiniens leurs droits légitimes, qui sont légalement garantis par les lois et normes internationales et les résolutions des Nations Unies.

    Edy Cohen est un chercheur israélien d’origine libanaise, et il se présente généralement comme un chercheur, un conseiller gouvernemental et un analyste spécialisé dans les affaires arabes, le conflit israélo-arabe et le phénomène du terrorisme et des communautés juives dans le monde arabe également. Aujourd’hui, il est considéré comme l’un des écrivains israéliens les plus en vue sur les affaires arabes et est l’auteur du livre « L’Holocauste aux yeux de Mahmoud Abbas ».

    À travers son tweet vidéo, Cohen supplie les autorités algériennes d’autoriser le chanteur franco-juif d’origine algérienne, Enrico Macias, à visiter sa ville natale.

    « Je lance un appel aux autorités algériennes pour qu’elles autorisent le chanteur Enrico Macias à visiter sa ville natale en Algérie (Constantine) pendant une semaine ou deux pour des considérations humanitaires, un rêve que Macias a toujours exprimé depuis qu’il a quitté l’Algérie avant l’indépendance », a-t-il ajouté.

    Eddie Cohen est considéré comme l’un des rares politiciens israéliens à avoir fait connaître au public les déclarations anti-algériennes sionistes, et il s’est habitué à de telles « déclarations » en critiquant l’Algérie pour son rejet de la normalisation et son soutien inconditionnel à la cause palestinienne, et il se positionne comme un ardent défenseur du régime marocain dans son différend avec l’Algérie. Il a dit qu’il était prêt à se sacrifier pour le bien du voisin occidental.

    Le chanteur français d’origine juive était sur le point de visiter l’Algérie au début du troisième millénaire, lorsqu’il s’est rapproché de l’ancien président Abdelaziz Bouteflika, lors de sa visite en France, où il l’a supplié d’être autorisé à visiter sa ville natale à Constantine. , ce que Bouteflika a accepté à l’époque, mais la mobilisation de la société civile en Algérie contre cette visite a laissé tomber la visite dans l’eau.

    À ce jour, bien que Macias ait dépassé sa huitième décennie, le chanteur français d’origine juive rêve toujours de visiter sa ville natale, et il l’a exprimé directement et l’a révélé dans certaines de ses chansons dans lesquelles il a pleuré de bon cœur de ne pas pouvoir visiter la capitale. de la Constantine orientale algérienne.

    Ceux qui connaissent le fait qu’Enrico a été empêché de se rendre en Algérie, ont confirmé que cette décision est liée à la position de ce dernier sur la révolution de libération, puisqu’il a choisi de se tenir aux côtés de l’armée d’occupation, et en raison de sa position de soutien aux pratiques sionistes contre le peuple palestinien.

    Mohamed Muslim

    Echourouk online, 14/11/2021

    #Algérie #France #Israël #Edu_Cohen #Enrico_Macias #Constantine

  • Normalisation avec Israël: Hamas salue la position de l’Algérie

    Normalisation avec Israël: Hamas salue la position de l’Algérie

    Tags : Algérie, Israël, Palestine, Hamas, normalisation – Normalisation avec Israël: Hamas salue la position de l’Algérie

    « Nous, au Hamas, sommes fiers de ces remarques algériennes et nous les soutenons », a déclaré samedi un haut responsable du Hamas, Sami Abu Zuhri.
    Agence de presse AhlulBayt (ABNA) : Le mouvement Hamas a applaudi le ministère algérien des affaires étrangères pour avoir réitéré le refus du pays d’avoir des relations avec l’ennemi de l’occupation israélienne et sa condamnation des démarches de normalisation arabes.

    « Nous, au Hamas, sommes fiers de ces remarques algériennes et nous les soutenons », a déclaré samedi Sami Abu Zuhri, haut responsable du Hamas.

    Abu Zuhri a décrit la position algérienne, qui a été exprimée dans des remarques récentes du ministre des affaires étrangères Ramtane Lamamra, comme un rempart contre la tentative israélienne d’empiéter davantage sur le monde arabe et le continent africain.

    ABNA, 14/11/2021

    #Algérie #Israël #Normalisation #Hamas #Palestine

  • Les « accords d’Abraham »: Une « royale mésaventure »

    Tags: Maroc, Israël, EAU, Emirats, Soudan, Bahrein, normalisation, accords d’Abraham-Les « accords d’Abraham »: Une « royale mésaventure »

    Le contexte. Alors que la Chine, la Russie et l’Iran croient l’heure venue de liquider l’hégémonie occidentale, les Etats-Unis et leurs alliés européens n’ont guère d’autre option stratégique que de soutenir l’axe entre Israël et les Etats arabes signataires des accords d’Abraham, souligne dans une tribune au « Monde », Jean-Sylvestre Mongrenier, chercheur associé à l’Institut Thomas More.

    Le 15 septembre 2020, les Emirats arabes unis, Bahreïn et Israël signaient à Washington les accords d’Abraham. En clair, il s’agissait d’instaurer des relations officielles entre les deux émirats du golfe arabo-persique et l’Etat hébreu, un triangle diplomatique consacré par un accord trilatéral. Non sans lucidité, les Emirats arabes unis initient ce processus.

    Dans leur sillage, le Soudan et le Maroc ont depuis normalisé leurs relations avec Israël. Malgré les inclinations du prince héritier, l’Arabie saoudite n’a pas encore rallié cette initiative. « Protecteur des lieux saints de l’Islam », le roi Salman se montre prudent. Il entend aussi conserver cette carte pour négocier avec l’administration Biden.

    Cela dit, les convergences israélo-saoudiennes sont effectives, avec de discrètes coopérations dans le renseignement et la sécurité. Voilà plusieurs années qu’un axe géostratégique entre Israël et les Etats du Golfe a pris forme. Il a pour objectif de contenir les ambitions irano-chiites au Moyen-Orient, du golfe Arabo-Persique au bassin Levantin, avec des implications en mer Rouge et jusqu’en Méditerranée occidentale.

    Dans un premier temps, les accords de normalisation avec l’entité sioniste n’ont ramené aucun bénéfice aux pays arabes, loin s’en faut. Ces accords ont été fait sur le dos des Palestiniens et des Sahraouis. Alger a refusé la combine, dès le début de ce processus secret de normalisation, dont seulement quelques bribes ont été divulguées au grand public.

    Le Maroc « bombe le torse »
    Comme l’exprime si bien le politologue espagnol Ignacio Combrero, les accords d’Abraham ont fait croire au Maroc qu’il possédait désormais une puissance parmi les nations du monde. Cette illusion politique l’avait poussé à surmultiplié les actes belliqueux, notamment envers son voisin algérien. El Guerguerat, Pagasus, les actions diplomatiques hostiles, les liens avec le Mak, etc. ont été autant de motifs qui ont fait grincer Alger des dents.

    Quelques mois après l’adhésion du Maroc à l’accord de Trump, la diplomatie marocaine commence déjà à déchanter face à un recalibrage de la politique étrangère de la part de Biden et une diplomatie disruptive menée par Tel Aviv.

    Les problèmes internes qui se forment au Maroc, l’hostilité sociale envers l’entité sioniste, les limites politiques et économiques de la normalisation, etc. vont, au court terme, contraindre le roi Mohammed VI que les « accords d’Abraham, dits « accords du siècle » ont été une mésaventure royale et méprise magistrale sur les conséquences qu’il encourrait.

    Genèse des accords secrets
    Les accords d’Abraham sont deux traités de paix entre Israël et les Émirats arabes unis d’une part et entre Israël et Bahreïn d’autre part. Le premier, entre Israël et les Émirats arabes unis, est annoncé le 13 août 2020 par le président des États-Unis Donald Trump. Ils sont signés le 15 septembre 2020 à la Maison-Blanche à Washington, accompagnés d’une déclaration tripartite signée aussi par le président américain en tant que témoin.

    Ces accords témoignent d’une évolution stratégique des États du Golfe accentuant, dans le contexte géopolitique global du Moyen-Orient, la césure entre les États sunnites et l’Iran chiite, et traduisant la faiblesse des Palestiniens pour obtenir que se concrétise la solution à deux États — un État israélien et un État palestinien comprenant une partie de la Cisjordanie, la bande de Gaza et Jérusalem-Est — soutenue par la plus grande partie de la communauté internationale.

    Contexte et chronologie
    Le 13 août 2020, le président américain, Donald Trump, annonce qu’Israël et les Émirats arabes unis normaliseront pleinement leurs relations diplomatiques et commenceront une coopération dans un large éventail de domaines, notamment le tourisme, l’éducation, la santé, le commerce et la sécurité. Le ministre d’État des Affaires étrangères des Émirats arabes unis, Anwar Gargash confirme l’accord des Émirats arabes unis pour normaliser leurs relations avec Israël, affirmant que son pays voulait faire face aux menaces qui pèsent sur la solution à deux États, en particulier l’annexion des territoires palestiniens, et exhorter les Palestiniens et les Israéliens à revenir à la table des négociations. Il indique aussi qu’il ne pensait pas qu’il y aurait une ambassade à Jérusalem avant qu’il y ait un accord final entre les Palestiniens et les Israéliens. De son côté, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou déclare que l’annexion des territoires palestiniens est simplement en pause.

    Le 31 août, un « premier vol commercial El Al direct » entre Tel Aviv et Abou Dhabi permet à une délégation officielle américano-israélienne dirigée par Jared Kushner et dont fait partie le conseiller israélien à la sécurité nationale Meir Ben Shabbat, de rejoindre les Emirats arabes unis pour continuer les négociations. Leur objectif est de chercher des moyens de renforcer la coopération dans plusieurs domaines (aviation, tourisme, commerce, santé, énergie, sécurité). Jamal al-Musharakh, directeur du département de planification des politiques du ministère des Affaires étrangères émirati déclare que son gouvernement avait reçu « l’assurance » qu’Israël ne progresserait pas dans son plan d’annexion de larges zones de la Cisjordanie6.

    Le 11 septembre, le président américain Donald Trump annonce l’instauration de relations diplomatiques entre Israël et Bahreïn.

    Le 15 septembre est organisée à Washington la cérémonie formelle de signature à laquelle se joint Bahreïn. Lors de cette cérémonie, le ministre des Affaires étrangères des Émirats arabes unis remercie Netanyahou d’avoir « arrêté » les plans d’annexion de la Cisjordanie dans le cadre de l’accord8 alors que le Premier ministre israélien déclare par ailleurs que l’annexion est simplement « reportée » et qu’Israël n’y a « pas renoncé ».

    Les accords ont été rédigés par Jared Kushner, gendre de Donald Trump et organisateur de la cérémonie10. Dans le contexte de la tenue de l’élection présidentielle américaine dans moins de deux mois, la Maison-Blanche publie le 15 septembre une déclaration qui affirme que ces accords sont le résultat des efforts diplomatiques du président Trump la normalisation des relations d’Israël avec ses voisins va se poursuivre

    Par ces accords, les Émirats arabes unis et Bahreïn sont les troisième et quatrième pays arabes, après l’Égypte en 1979 et la Jordanie en 1994, à normaliser leurs relations avec Israël, et les premiers pays du golfe persique à le faire. D’un enjeu géopolitique important, cet accord acte notamment la suspension des plans d’annexion de territoires occupés en Cisjordanie/Judée-Samarie. Cet accord fut établi grâce à d’intenses mais néanmoins discrètes tractations diplomatiques entre plusieurs États.

    Parallèlement à ces accords, les États-Unis se sont engagés à vendre des avions de chasse furtifs F35 aux Émirats arabes unis, malgré l’opposition israélienne finalement levée en octobre 2020. Cela montrerait que ces accords sont aussi l’aboutissement d’une coalition anti-iranienne10. Toutefois, l’administration Biden suspend temporairement la vente des F35 aux Émirats en janvier 2021.

    Contenu des accords
    Les accords d’Abraham — du nom du patriarche des trois religions monothéistes — regroupent :

    Une déclaration trilatérale entre Israël, les Émirats arabes unis et Bahreïn, nommée « Déclaration des Accords d’Abraham (Abraham Accords Declaration) » à laquelle le président américain Donald Trump appose sa signature en tant que témoin.

    -Un « traité de paix » bilatéral entre Israël et les Émirats arabes unis.

    -Une « déclaration de paix » bilatérale entre Israël et Bahreïn.

    -Ces accords ont été imprimés en trois langues : anglais, arabe et hébreu.

    -La « Déclaration des Accords d’Abraham » promeut le dialogue interreligieux et interculturel entre les trois religions abrahamiques et toute l’humanité. Elle proclame la liberté de religion.

    Traité de paix entre les Émirats arabes unis et Israël
    Le préambule du traité de paix fait état du conflit israélo-palestinien, rappelle les traités de paix israélo-égyptien de 1979 et israélo-jordanien de 1994, affirme que les deux parties au traité reconnaissent « que les peuples arabe et juif sont les descendants d’un ancêtre commun, Abraham, et aspirent à favoriser une vision réaliste d’un Moyen-Orient où vivent musulmans, juifs, chrétiens et peuples de toutes confessions, dénominations, croyances et nationalités dans un esprit de coexistence, de compréhension mutuelle et de respect mutuel ».

    Dans cet esprit, les deux parties « s’engagent à poursuivre leurs efforts pour parvenir à une solution juste, globale, réaliste et durable du conflit israélo-palestinien », et à travailler ensemble « pour parvenir à une solution négociée au conflit israélo-palestinien qui réponde aux besoins et aux aspirations légitimes des deux peuples, et pour faire progresser la paix, la stabilité et la prospérité globales au Moyen-Orient ».

    Le traité ne fait pas mention explicitement d’axes de solution au conflit israélo-palestinien que les deux parties partageraient. L’article 7 dispose simplement que « suite aux accords d’Abraham, les parties sont prêtes à se joindre aux États-Unis pour développer et lancer un « Agenda stratégique pour le Moyen-Orient » afin d’étendre la coopération régionale diplomatique [et] commerciale ».

    Le traité de paix établit des relations diplomatiques entre les Émirats et Israël et prévoit l’échange d’ambassadeurs, sans que le lieu d’installation des futures ambassades ne soit précisé.

    Le traité dispose que les deux États établiront des accords bilatéraux de coopération dans de nombreux domaines, parmi lesquels : finance et investissement, aviation civile, relations commerciales et économiques, santé, science, technologie et utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique, énergie, arrangements maritimes, agriculture et eau.

    Le traité mentionne que les deux parties « s’engagent à prendre les mesures nécessaires pour empêcher toute activité terroriste ou hostile l’un contre l’autre sur ou depuis leurs territoires respectifs, ainsi qu’à refuser tout soutien à de telles activités à l’étranger ou à autoriser un tel soutien sur ou depuis leurs territoires respectifs ». À ce stade, ce traité ne constitue pas un pacte complet d’assistance et de sécurité mutuelle.

    Déclaration de paix entre Bahreïn et Israël
    Outre l’établissement des relations diplomatiques, commerciales, économiques et culturelles, la déclaration entre Israël et Bahreïn mentionne l’engagement des deux parties à « une solution juste, complète, et durable au conflit israélo-palestinien ». Les relations diplomatiques entre les deux pays sont formalisées le 18 octobre 2020.

    Réactions internationales et suites
    Après l’annonce de l’accord israélo-émirati, le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou remercie le président égyptien al-Sissi et les gouvernements d’Oman et de Bahreïn pour leur soutien à l’accord de paix historique.

    L’Autorité palestinienne dénonce pour sa part une « trahison méprisable » car il montre que le retrait d’Israël de toute la Cisjordanie n’est plus un préalable à la reconnaissance d’Israël par les pays arabes.

    L’Europe et les États-Unis (le président Trump comme son opposant Joe Biden) saluent en général cet accord que condamnent, outre l’Autorité palestinienne et le Hamas, l’Iran et la Turquie.

    Ces accords sont suivis en octobre 2020 de l’annonce par Donald Trump d’un accord de normalisation des relations diplomatiques entre Israël et le Soudan puis en décembre de l’annonce d’un accord de normalisation des relations diplomatiques entre Israël et le Maroc. L’accord entre Israël et le Soudan est signé le 6 janvier 2021 à Khartoum tandis qu’une déclaration conjointe entre Israël, le Maroc et les États-Unis, prévoyant l’établissement de relations diplomatiques entre le Maroc et Israël et la réouverture des bureaux de liaison à Rabat et à Tel-Aviv, est signée le 22 décembre 2020 à Rabat.

    Mise en œuvre
    L’accord entre Israël et les Émirats arabes unis se concrétise dès la fin 2020 par une collaboration dans de multiples domaines tels la technologie, les médias, le football, les services financiers, le tourisme, la recherche, l’énergie, la cyber sécurité et le transport aérien.

    En novembre 2021, la compagnie aérienne Emirates annonce que le 6 décembre 2021 sera lancée la première liaison aérienne directe entre les Émirats arabes unis et Israël, « alors que les Emirats et Israël continuent de développer une plus grande coopération économique» et pour «encourager les flux commerciaux entre les deux pays ».

    Israël : un an après les accords d’Abraham, « la question palestinienne reste présente »
    Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a réuni virtuellement, vendredi 17 septembre, ses homologues d’Israël, des Émirats arabes unis, de Bahreïn et du Maroc. Dans la réalité, peu de choses ont changé un an après les accords de normalisation, malgré les craintes d’un effacement de la cause palestinienne, explique le chercheur au Middle East Institute de Singapour, Jean-Loup Samaan.

    Pour Jean-Loup Samaan : Les accords d’Abraham, c’est avant tout un grand pas en avant pour la diplomatie d’Israël. Le pays a toujours aspiré à normaliser ses relations avec son voisinage. Le dernier accord de normalisation datait de 1994 avec la Jordanie. En 2020, ce sont deux nouveaux pays arabes – les Émirats arabes unis et Bahreïn – qui reconnaissent l’État israélien. Le pays n’est plus isolé. Le Soudan et le Maroc ont suivi quelques mois après. Cela a permis d’enclencher une véritable dynamique vers d’autres pays, mais qui s’est vite arrêtée dès l’année suivante.

    « Israël partage avec les Émirats arabes unis et Bahreïn les mêmes dossiers sécuritaires dans la région : la perception de la menace iranienne, ainsi que de celle de l’islam politique du salafisme et des Frères musulmans. Il y a également une dimension économique à ces accords, avec d’énormes retombées possibles en termes de coopération technologique, d’armement comme touristiques. Mais celles-ci sont encore difficile à mesurer en raison du covid.

    Quels changements ont-il entraîné au Moyen-Orient ?

    « Cela n’a pas été une révolution géopolitique pour autant : ces accords n’ont fait que rendre public ce qui était déjà en gestation. Cela faisait déjà près d’une décennie qu’existaient des échanges officieux entre Israël et les pays du Golfe. L’accord a été publiquement présenté comme historique, pour ne pas dire révolutionnaire, mais les Émirats arabes unis et Bahreïn se sont montrés très prudents dès le début.

    Sur la photo de la signature à Washington figurent Donald Trump, Benyamin Netanyahou (alors premier ministre israélien) et seulement les ministres des affaires étrangères émirien et barheïni : pas le roi du Bahreïn ni le prince héritier d’Abou Dhabi, Mohammed Ben Zayed. D’ailleurs les deux pays n’ont joué aucun rôle dans la résolution du conflit avec Gaza, quelques mois plus tard ; ce sont le Qatar et l’Égypte qui ont fait office de médiateurs.

    « Certaines rumeurs parlent de rapprochements avec l’Arabie saoudite, mais je ne pense pas non plus que ce soit à l’ordre du jour, du moins pas de manière ostentatoire comme pour le cas marocain. Le conflit avec Gaza, en mai, a eu un impact très important sur les populations du Golfe et les expatriés arabes dans cette région. Les hostilités ont commencé en plein mois de ramadan. Et le Hamas, qui dirige la bande de Gaza, a été assez fort pour mobiliser les opinions autour de la question de Jérusalem et de la mosquée Al-Aqsa, troisième lieu saint de l’islam.

    Quelles conséquences pour le conflit israélo-palestinien ?
    « Le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a condamné les accords lors de leur signature. Pareil pour les Palestiniens, qui l’ont vécu comme une trahison. Ces accords imprimaient l’idée que la question palestinienne était reléguée au second rang, qu’il ne fallait plus considérer le processus de résolution du conflit israélo-palestinien comme seule porte d’entrée pour régler le problème dans la région, comme cela avait été pensé avec les accords d’Oslo en 1995.

    Les accords d’Abraham sont moins des accords de paix que des accords stratégiques. Le silence d’Abou Dhabi et de Manama pendant le conflit avec Gaza l’a bien montré. La question palestinienne reste présente, d’une façon ou d’une autre.

    L’Express, 12/11/2021

    #Maroc #Israël #Emirats_arabes_unis #EAU #Bahrein #Soudan #Accords_Abraham

  • Algérie-Maroc: conflit (in)évitable

    Tags: Algérie, Maroc, Sahara Occidental, Mauritanie, Sahel, Mali – Algérie-Maroc: conflit (in)évitable

    Lundi 1er novembre vers 13 h, journée fortement symbolique, deux camions algériens de retour de Mauritanie après une opération routinière d’export entre Ouargla et Zouérat (Mauritanie) sont bombardés. L’attaque, brutale, tue trois civils algériens, à quelques encablures de la ville de Bir Lahlou au Sahara occidental. Hmida Boumediene, Brahim Arbaoui et Achtam Ahmed, originaires d’Ouargla et Laghouat, meurent sur le champ. Les victimes ont été prises pour cible au moment où leurs véhicules étaient à l’arrêt en territoire sahraoui, entre Aïn Ben Tili (Mauritanie) et Bir Lahlou.

    Les deux camions étaient à plus de 70 kilomètres au sud-est du « Mur de sable » qui sépare à l’Est la partie contrôlés par le Polisario de l’Ouest sous contrôle marocain. La distance indique que les deux véhicules n’étaient pas proches de la zone tampon du Mur. Ils n’étaient pas une « menace » et circulaient dans une zone autorisée.

    Selon le site spécialisé dans les questions sécuritaires MenaDefense, qui a été le premier à avoir diffusé l’information, l’attaque est l’œuvre de l’armée marocaine. Les images des camions calcinées et la précision du tir suggèrent un tir de drone de combat. Cette information a été confirmée par un membre des renseignements espagnols au journal El Pais.

    Le ministère de la défense mauritanien a démenti après quelques heures de la diffusion de l’information que l’attaque de camions algériens ait eu lieu sur son propre territoire, tandis que les autorités algériennes ont attendu au mercredi 3 novembre pour réagir. Le communiqué algérien, laconique dans certaines de ses formulations et léger face à la gravité de la situation, accuse le Maroc et qualifie l’acte de « terrorisme d’État » qui ne « restera pas impuni », laissant certains Algériens dubitatifs face à la situation.

    Le Maroc ignore les accusations de l’Algérie
    L’Algérie a opté pour une réponse diplomatique face à ce tragique évènement. Dès le 4 novembre, le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ramtane Lamamra, a adressé des messages à plusieurs organisations internationales, dont le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, le Président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, le Secrétaire général de la Ligue des États arabes, Ahmed Aboul Gheit, et le Secrétaire général de l’Organisation de la coopération islamique, Youssef Ben Ahmed Al-Othaimeen.

    Une délégation d’enquêteurs de la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO) s’est rendue sur le lieu du bombardement. Celle-ci a pris en main des preuves pour l’enquête sans toutefois l’annoncer de manière officielle dans un communiqué. La question des violations des droits humains au Sahara occidental demeure peu couverte par les rapports de la MINURSO.

    Selon le droit international, la mort des routiers algériens peut être considérée comme un « acte d’agression » comme stipulé dans l’article 8 du Statut de Rome. Les routiers algériens ont été assassinés dans un territoire non automne, inscrit depuis 1963 sur la liste des territoires non automnes de l’Organisation des Nations unies. Cet acte devrait pousser la MINURSO, dont le mandat vient tout juste d’être prorogé par une résolution favorable au Maroc (S/RES/2602), à enquêter de manière plus approfondie sur les violations de droits humains en territoire sahraoui.

    Depuis la fin du cessez-le-feu entre le Maroc et le Front Polisario en novembre 2020 suite à l’occupation de la zone tampon de Guerguerat et les violences contre les civils, plusieurs attaques menées par l’armée marocaine ont été signalées en territoires sahraouis. Il y a à peine quelques mois, la remorque d’un camion d’un autre routier algérien faisant le trajet entre Tindouf et la Mauritanie avait reçu un projectile. Le camionneur est miraculeusement sain et sauf.

    Le 7 avril 2021, un raid aérien, mené par un drone de combat marocain, cible un convoi militaire sahraoui, causant la mort d’Addah Al-Bendir, chef de la Gendarmerie nationale sahraouie, à Rouss Irni dans la zone de Tifariti. Al-Bandir était en déplacement au sein d’une colonne de véhicules repérée par un drone d’observation Harfang des forces marocaines selon des sources locales.

    S’ajoute à ces tirs, les escarmouches régulières entre l’armée marocaine et l’armée sahraoui de part et d’autre du « Mur de sable » . Si le Polisario revendique souvent des attaques visant les positions des forces marocaines le long du Mur, Rabat demeure très souvent silencieuse.

    Le Maroc n’a pas communiqué au sujet de l’assassinat des trois camionneurs algériens. Mais une source sécuritaire marocaine a parlé de l’attentat par l’intermédiaire de l’AFP : « La piste utilisée par les trois camionneurs est empruntée exclusivement par des véhicules militaires des milices armées », a-t-elle précisé en soulignant que « Le Maroc n’a jamais ciblé et ne ciblera jamais des citoyens algériens, quelles que soient les circonstances et les provocations ». Mohammed VI a complètement ignoré cet évènement lors de son discours prononcé le 6 novembre dans ce contexte d’escalade.

    La route impériale

    La piste prise par les routiers algériens est-elle réellement une zone de conflit armé ? Cette route qui lie la wilaya de Tindouf (limitrophe avec la Mauritanie) à celle du Tiris Zemmour en Mauritanie se nomme la « route impériale » (car elle était aussi celle du trafic d’esclaves). C’est un chemin plus court et moins pénible que celui passant par la zone la plus septentrionale du Tiris Zemour, une piste damée du désert et empruntée régulièrement par des camionneurs et des marchands sahraouis, mauritaniens et algériens.

    À une centaine de kilomètres à l’Est de cette route, l’Erg Iguidi de Tindouf qui arrive au nord de la Mauritanie est quasiment infranchissable, et le tronçon mauritanien jusqu’à Zouérat est souvent bien ensablé, d’où la nécessité de passer par les pistes des territoires libérés du Sahara occidental qui vont jusqu’à Aïn Ben Tili.

    En août 2018, l’Algérie a ouvert son premier post-frontalier depuis l’indépendance avec la Mauritanie. Dénommé « Chahid Mustapha Benboulaid », l’inauguration de ce poste a été célébrée comme un évènement qui marque l’intensification des relations diplomatiques et économiques entre les deux pays. Le post-frontalier temporaire a été construit en préfabriqué, mais depuis la reprise des échanges commerciaux après le pic de la pandémie de la Covid-19, les besoins sont plus importants.

    L’État algérien décide alors d’investir dans de vraies infrastructures. Le 6 octobre, les travaux de réalisation de deux postes frontaliers terrestres fixes algéro-mauritaniens commencent au niveau du point PK-75 sur le territoire de la wilaya de Tindouf. Le post-frontalier inclut 10 pavillons pour les structures et les délais de livraison sont estimés à 24 mois.

    Selon le wali de Tindouf, les échanges commerciaux entre l’Algérie et la Mauritanie via ce poste ont atteint depuis le début de l’année (2021) un volume de près de trois 3 millions d’euros. Trop peu pour l’instant, même si ce chiffre peut augmenter rapidement.

    Mais la sécurisation des convois algériens marchands vers le Sahel devient, de plus en plus, une source d’inquiétude. Que ce soit au nord du Niger ou à Tiris Zemmour, les routiers font face à des dangers réels (banditisme, manque de soutien logistique), et ces contraintes effraient les entreprises exportatrices par les routes du Sud. L’assassinat des trois camionneurs complique davantage la situation.

    Concurrence économique et tentatives de médiation
    C’est dans ce contexte que se sont déroulé les travaux de la première session du Comité bilatéral frontalier algéro-mauritanien, lundi 8 novembre à Alger. Ce Comité, attendu depuis avril 2021, a pour mission « le renforcement des opportunités d’investissement, la réalisation des projets de partenariat communs dans les secteurs prioritaires au niveau des zones frontalières communes, la promotion et l’intensification des échanges économiques, commerciaux, culturels et sportifs, en sus du désenclavement des populations de ces zones frontalières ». Les walis des wilayas d’Adrar, de Tindouf et de Tiris Zemour ainsi que des représentants des départements ministériels et des services de sécurité des deux pays y ont participé.

    Les travaux ont abouti à des recommandations opérationnelles : création d’une zone de libre-échange au niveau de la zone frontalière, organisation de foires économiques régulières à Nouakchott et en Algérie, réactivation de la convention relative à la pêche dans les eaux territoriales mauritaniennes, étude d’un partenariat avec la Sonatrach dans les domaines de la prospection, de l’exploration et de la production des hydrocarbures en Mauritanie. Le ministre de l’Intérieur algérien a également fait part de la possibilité de relancer le projet de co-construction du tronçon routier vers Zouérat.

    Le Maroc suit de près le développement de ces postes frontaliers, des échanges, des exportations et de l’implication de l’Algérie dans les marchés sahéliens. Les entreprises algériennes demeurent les concurrentes directes des entreprises marocaines dans la région. Même si les entreprises marocaines font beaucoup mieux que les entreprises algériennes en matière d’échanges commerciaux avec le Sahel et l’Afrique de l’Ouest par la Mauritanie, le Maroc ne veut pas que la zone stratégique qui lie Guergaret à Nouadhibou, d’où passe une importante partie de ses échanges économiques, lui échappe.

    Rabat estime que Nouakchott doit rester dans son giron et le développement d’une proximité économique avec l’Algérie dérange, surtout qu’Alger a commencé aussi à exporter par voie maritime, notamment les matériaux de construction vers Nouadhibou. Le 12 avril dernier, la première traversée sur la ligne maritime régulière, destinée exclusivement à l’exportation, entre Alger et la capitale mauritanienne, Nouakchott, a démarré du port d’Alger. Elle est gérée par la société Anisfer Line. Avec l’arrivée des produits algériens à Nouakchott par voie maritime, les délais d’acheminement des marchandises ont été réduits à 5 jours. Par la suite, les exportateurs algériens peuvent utiliser des routes terrestres pour livrer les marchandises vers d’autres pays africains.

    Il est difficile de ne pas faire de lien entre les récentes décisions prises par les autorités algériennes de mettre fin à l’usage du gazoduc GME (Gaz Maghreb Europe) alimentant l’Espagne par le Maroc et les répercussions sur le conflit –désormais ouvert– entre l’Algérie et le Maroc.

    Le GME alimente les besoins en gaz du Maroc dont une partie est achetée à prix préférentiel et l’autre payée par les revenus de droits de passage. L’Algérie exportait environ 10 milliards de mètres cubes de gaz naturel par an via le GME vers la péninsule ibérique, ce qui fait d’elle le premier fournisseur de gaz pour l’Espagne. La fermeture du gazoduc a été suivie par la cessation des relations commerciales entre Sonatrach et l’Office marocain de l’électricité et de l’eau potable (ONEE).

    Les livraisons de gaz algérien à l’Espagne se feront désormais exclusivement via le gazoduc Medgaz qui opère 8 milliards de mètres cubes par an. L’Algérie a donné des garanties à l’Espagne pour accroitre ses exportations de gaz naturel liquéfié par voie maritime et engager à terme une extension du pipeline.

    À ces enjeux géostratégiques s’ajoutent des développements politiques anciens et récents : la non-organisation du référendum d’autodétermination du peuple sahraoui, la course à l’armement entre l’Algérie et le Maroc depuis une décennie, l’affaire Pegasus et l’espionnage, la rhétorique marocaine du soutien à « l’indépendance du peuple kabyle », et les accusations algériennes d’implication du Maroc dans le financement des mouvements RACHAD et le MAK ainsi que les incendies de forêt qui ont endeuillé récemment le pays.

    L’accord du 22 décembre 2020 officialisant la normalisation des relations diplomatiques entre le Maroc et Israël, en contrepartie de la reconnaissance des États-Unis de sa « souveraineté » sur le Sahara occidental, a fait craindre à Alger des dérives possibles à ses frontières par l’axe « Tel Aviv-Rabat ». La visite de Yaïr Lapid, ministre israélien des Affaires étrangères, à Rabat le 13 août, en a ajouté une couche. Durant ce passage, le ministre israélien s’est déclaré « inquiet du rôle joué par l’Algérie dans la région, du rapprochement d’Alger avec l’Iran et de la campagne menée par Alger contre l’admission d’Israël en tant que membre observateur de l’UA ».

    Tout cela a mené le 24 août dernier à la rupture des relations diplomatiques, ultime épisode d’une longue crise de confiance, ponctuée de conflits ouverts, entre les deux pays. Autant à Alger qu’à Rabat, beaucoup de cartes diplomatiques ont été consommées et l’esprit diplomatique qui régnait jusque-là en vue d’un apaisement laisse la place à une « surenchère guerrière » qui menace désormais la sécurité de toute la région. La construction de l’ennemi extérieur au Maroc et en Algérie reste un moyen puisant pour raviver un nationalisme très utile aux pouvoirs en place, surtout en temps de crises. Sans amoindrir la gravité de la crise actuelle, inédite depuis la fameuse Guerre des sables de 1963, il est incontestable que les deux pouvoirs s’y nourrissent mutuellement.

    Bien qu’aucun acteur de la région, y compris l’Union européenne, ne souhaite voir un conflit armé entre les deux pays, peu se sont exprimés sur ce nouvel épisode de la crise. Si l’Arabie Saoudite a tenté d’approcher les deux diplomaties, l’Espagne est certainement le pays le plus actif en matière de médiation. Madrid a déjà engagé des pourparlers indirects avec Alger et Rabat pour tenter une médiation avant la tenue du Sommet de l’Union pour la Méditerranée (UPM), le 29 novembre à Barcelone.

    Raouf Farrah

    Le Quotidien d’Algérie, 12/11/2021

    #Algérie #Maroc #Sahara_Occidental #Front_Polisario #Camionneurs_algériens #Israël #Mauritanie #Sahel

  • Les liens avec Israël sont « naturels » (ambassadeur du Maroc)

    Tags: Maroc, Israël, normalisation – Les liens avec Israël sont « naturels » (ambassadeur du Maroc)

    L’ambassadeur Karim Medrek, ambassadeur du Royaume du Maroc en Australie, a rejoint l’AIJAC Live Online pour discuter du Maroc, d’Israël et du monde juif.

    Le rétablissement des relations diplomatiques du Maroc avec Israël en décembre dernier ne doit pas être considéré comme une surprise, mais plutôt comme une décision « naturelle, claire et convaincante », a déclaré la semaine dernière l’ambassadeur du Maroc en Australie, Karim Medrek.

    S’exprimant lors d’un séminaire en ligne organisé par l’Australia/Israel & Jewish Affairs Council (AIJAC), M. Medrek a déclaré que si le principal « visionnaire et architecte » du rétablissement des liens était le roi Mohammed VI, c’est l’adhésion de longue date du Maroc à la valorisation de la diversité et de la coexistence, combinée à l’acceptation chaleureuse de plus de 2000 ans de son propre héritage juif, qui a fourni la base.

    « Ne soyons pas surpris … car le fort sentiment d’attachement de la communauté marocaine de confession juive, avec son pays d’origine … et nos liens de peuple à peuple … n’avaient jamais été rompus, et nous sommes si fiers de cette partie de notre identité. »

    Il a souligné que le Maroc occupe une place unique dans le monde arabe et musulman pour avoir reconnu dans sa constitution « l’influence abrahamique dans l’identité du Maroc », pour avoir introduit un cours obligatoire dans l’enseignement secondaire sur l’histoire juive marocaine et pour avoir fourni des fonds gouvernementaux pour restaurer des centaines de synagogues, de cimetières et de musées juifs.

    Medrek a déclaré qu’il espérait que les relations restaurées de son pays avec Israël « donneront une impulsion parmi d’autres pour favoriser le dialogue et le respect », ajoutant qu’à son avis « la coopération entre les communautés juive et musulmane au Maroc devrait être rendue plus visible ».

    En ce qui concerne les perspectives économiques, Medrek a révélé que quatre accords bilatéraux ont déjà été signés par les deux nations sur des sujets allant des vols directs à la gestion de l’eau, et que les entreprises israéliennes ont exporté pour environ 26,5 millions de dollars d’articles au Maroc au cours des neuf premiers mois de cette année.

    Le Maroc étant un important producteur de voitures, de textiles et d’engrais, Medrek estime que ces secteurs « ont un fort potentiel d’exportation vers Israël, ou à travers Israël, vers d’autres régions du monde, comme l’Australie et la Nouvelle-Zélande ».

    « Et le secteur privé israélien devrait considérer le Maroc comme une porte d’entrée sur le continent africain et bénéficier du savoir-faire marocain dans la région. »

    Notant comment le Maroc et l’Australie célèbrent 45 ans de relations diplomatiques l’un avec l’autre, Medrek a déclaré que malgré la tyrannie de la distance géographique, « nous partageons de nombreuses valeurs communes qui nous aident à travailler très étroitement dans de nombreux forums internationaux ».

    Concernant l’Iran, M. Medrek a déploré que la perspective actuelle de Téhéran pour le Moyen-Orient « ne réponde pas à l’esprit de compromis ».

    « La région a besoin d’un nouveau paradigme (…) et les États devraient être plus responsables et éviter toute initiative qui nuit à la paix. »

    Australian Jewish news, 12/11/2021

    #Maroc #Israël #Normalisation

  • Coopération scientifique entre Israéliens et Marocains

    Tags: Maroc, Israël, coopération scientifique – Coopération scientifique entre Israéliens et Marocains

    Des scientifiques d’Israël et du Maroc acceptent de coopérer dans leurs travaux de recherche. L’envoyé marocain en Israël attribue une grande importance à la conférence pour les relations entre les deux pays.
    RAMAT GAN (auberge) – Des représentants d’Israël et du Maroc ont signé lundi une « coopération de grande envergure » dans le domaine de la recherche. Le Dahan Centre for Culture, Society and Education in Sephardic Heritage de l’université Bar Ilan à Ramat Gan est impliqué du côté israélien et le Centre d’études et de recherches sur le droit hébraïque d’Essaouira du côté marocain. Selon un communiqué de presse, les universitaires ont l’intention de coopérer en matière de recherche, de publications et de programmes universitaires. Des conférences conjointes sur la culture et la loi juive au Maroc sont également prévues.

    L’accord a été signé lors d’une conférence de deux jours sur la loi et la culture juives en Israël. Le chef de la légation marocaine en Israël, Abderrahim Beyyoud, a déclaré que cet événement était « d’une grande importance pour les relations maroco-israéliennes ». Il a déclaré qu’il s’agissait de la première conférence de ce type depuis la reprise des relations entre les deux pays. « Cet événement a été organisé pour souligner le besoin urgent de préserver le patrimoine culturel judéo-marocain », a déclaré l’envoyé. Il servira de mécanisme pour renforcer les relations entre les nations, a-t-il ajouté.

    « Relations chaleureuses »

    Beyyoud a également souligné que la loi hébraïque-marocaine était l’un des aspects qui mettait en évidence la politique de modération et de coexistence du Maroc. Il a salué « la sage vision de Sa Majesté le Roi Mohammed VI ». Le Maroc est connu pour ses relations particulières avec le judaïsme, notamment par rapport à d’autres États islamiques. Avant la fondation de l’État d’Israël, environ 270 000 Juifs vivaient ici ; aujourd’hui, ils sont encore environ 3 000. Un musée du judaïsme marocain existe à Casablanca depuis 1997. Depuis 2011, la constitution stipule que la communauté juive fait également partie de l’identité nationale dans l’ »État musulman » du Maroc. En décembre 2020, le Maroc et Israël ont signé un accord de normalisation de leurs relations.

    Le quotidien israélien Israel Hajom cite le chef du Centre Dahan, Shimon Ochajon, qui a déclaré à la veille de l’accord scientifique : « Contrairement aux accords de paix froids entre nous et l’Égypte et la Jordanie, où le citoyen moyen est hostile à Israël, dans le cas du Maroc, les relations sont chaleureuses. » Hassan Oulhaj, de l’Université internationale de Rabat, participant à la conférence en Israël, a souligné : « Le judaïsme et les Juifs ont une longue histoire au Maroc. » Les relations entre musulmans, berbères et juifs sont « très importantes pour le caractère du Maroc ».

    De : ser

    Israel Netz, 09/11/2021

    #Israël #Maroc #Coopération_scientifique

  • Maroc: Annahj Addimoqrati appelle à dénoncer la normalisation

    Tags: Maroc, Annahj Addimoqrati, normalisation, Israël – Maroc: Annahj Addimoqrati appelle à dénoncer la normalisation

    Le parti Voie démocratique au Maroc critique la politique de suppression du droit de manifestation et de protestation contre la normalisation.

    Mercredi soir, le parti Voie Démocratique au Maroc a critiqué la poursuite de la suppression du droit de manifester, de protester et d’exercer la liberté d’expression, appelant à un effort accru pour faire face à toutes les formes de normalisation.

    Dans une déclaration, le parti a affirmé que les protestations populaires sont réprimées et que des arrestations sont ordonnées contre les militants, les activistes des médias sociaux et les journalistes qui s’opposent à la normalisation. Le parti a dénoncé la persistance de la normalisation des liens avec « Israël » et l’accélération de l’effort dans divers domaines.

    La déclaration appelle à poursuivre les efforts afin de faire face à toutes les formes de normalisation et de soutenir le peuple palestinien, notamment de la part du Front marocain de soutien à la Palestine.

    Il convient de noter que la compagnie nationale marocaine Royal Air Maroc (RAM) a annoncé mardi le début de vols directs vers « Israël », un an après la normalisation des liens.

    Plus tôt, le mouvement des Marocains contre la normalisation a exprimé sa ferme condamnation de la normalisation du Forum Salam pour les arts contemporains dans la ville de Sidi Belkacem, qui coïncide avec le 104e anniversaire de la « sinistre » Déclaration Balfour.

    Dans une déclaration publiée sur Facebook, le mouvement a déclaré que le suspect Forum Salam est un intrus pour les résidents de la ville « qui n’ont jamais et ne manqueront jamais de soutenir la cause palestinienne. »

    Almayadeen, 11/11/2021

    #Maroc #Israël #Normalisation #Annahj_addimoqrati #La_Voie_Démocratique

  • Israël-UA: Lamamra condamne la campagne menée par le Maroc

    Tags: Israël, Maroc, Union Africaine, Algérie – Israël-UA: Lamamra condamne la campagne menée par le Maroc

    Le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale a l’étranger, Ramtane Lamamra, a condamné mercredi la campagne menée par le Maroc en faveur de l’octroi a l’Entité sioniste du statut d’observateur a l’Union africaine (UA).

    “Tous les pays arabes et africains membres de la Ligue arabe et de l’UA, de la Mauritanie jusqu’a l’Egypte, ont été contre l’octroi du statut d’observateur a Israël a l’exception du Royaume du Maroc qui a mené campagne en faveur de ce statut”, a déploré le chef de la diplomatie algérienne en marge de la troisième et dernière journée de la Conférence des chefs des missions diplomatiques et consulaires, qui s’est tenue a Alger sous le thème “La diplomatie algérienne et les défis internationaux de l’Algérie nouvelle”.

    Critiquant la décision du président de la Commission de l’Union africaine Moussa Faki Mahamat d’accorder ce statut a Israël, le ministre a indiqué que ce dernier “n’avait pas le droit de mettre en péril l’unité de son organisation sur une question politiquement sensible sans le bénéfice de consultations préalables”.

    “C’est la mécanique institutionnelle qui est un facteur important, il s’agit d’Israël dont le comportement n’est pas conforme aux buts et principes de l’Union africaine”, a-t-il soutenu.

    Le ministre assure, en outre, que “même l’argument factice selon lequel un certain nombre de pays africains ont des relations diplomatiques avec Israël est faux”.

    A cet égard, il rappelle que parmi les critères d’acceptation du statut d’observateur, “il faut que le postulant ait un comportement compatible avec les buts et principes de l’acte constitutif de l’UA comme le droit a l’autodétermination, la non occupation de territoires par la force et l’obligation de régler pacifiquement les différends”, relevant que l’entité sioniste “occupe les territoires palestiniens et syriens”.

    Le chef de la diplomatie algérienne a salué l’attitude des pays africains comme l’Afrique du Sud, le Nigeria, la Tanzanie et la Namibie qui se sont tous opposés a l’octroi du statut d’observateur a Israël.

    “Lorsqu’on regarde les choses objectivement, on se réjouit qu’au sein de l’Union africaine il y est un tel niveau de maturité, une telle réceptivité au bon sens commun et politique qui fait que nous défendons notre organisation continentale parce que nous voulons qu’elle soit indépendante”, a-t-il déclaré.

    Ramtane Lamamra a invité ces pays a continuer “a faire tout ce qui est possible pour promouvoir les intérêts légitimes des peuples africains”.

    “Les intérêts légitimes ne peuvent être promus de manière efficace que dans l’unité du continent”, a-t-il signalé, notant que le reproche qui est fait a Moussa Faki est d’avoir perdu de vue le fait que l’intérêt suprême de l’organisation et son unité ont été mis a rude épreuve.

    S’agissant, par ailleurs, du prochain sommet des chefs d’Etat africains en février prochain qui devra revenir sur la question de l’octroi du statut d’observateur a Israël, Lamamra dit compter “sur leur sagesse collective pour trouver la voie qui va permettre de protéger et préserver l’unité de notre continent et l’efficacité de notre organisation”.

    Echouroukonline, 11/11/2021

    #Union_Africaine #Israël #Maroc #Algérie

  • Les USA et Israël ne sont plus sur la même longueur d’onde

    Tags: Etats-Unis, Israël, Palestine, Iran, Maroc, EAU – Les USA et Israël ne sont plus sur la même longueur d’onde

    Selon un vieil adage géopolitique, les nations n’ont pas d’amis, elles ont des intérêts. Mais la relation très étroite entre les États-Unis et Israël semble être l’exception à la règle.

    Cependant, alors que la géopolitique du Moyen-Orient évolue, il en va de même pour les facteurs qui ont maintenu les États-Unis et Israël si proches pendant des décennies. L’alliance entre les États-Unis et Israël est née pendant la guerre froide, alors que les principaux ennemis d’Israël dans le monde arabe tombaient dans l’orbite soviétique.

    Mais avec la chute de l’Union soviétique, les traités avec l’Égypte et la Jordanie, et la guerre civile en Syrie, seul l’Iran reste aujourd’hui une menace mutuelle pour les États-Unis et Israël.

    Et même dans ce cas, les États-Unis et Israël ne sont plus sur la même longueur d’onde : alors que les États-Unis souhaitent négocier un nouvel accord nucléaire avec l’Iran afin de réduire les tensions dans la région et de recentrer l’attention de l’Amérique sur la Chine, Israël s’oppose catégoriquement à un accord nucléaire qui n’écarte pas d’une manière ou d’une autre les nombreuses autres menaces que l’Iran fait peser sur Israël, comme ses milices régionales et ses missiles balistiques à longue portée.

    Mais ce n’est pas seulement l’Iran qui crée des divergences d’opinion. Israël est loin de reprendre les pourparlers de paix avec les Palestiniens et semble plutôt dériver vers un Israël élargi, car ses politiciens comptent sur le soutien d’un électorat de plus en plus à droite.

    Pourtant, aux États-Unis, et en particulier au sein du parti démocrate actuellement au pouvoir, les opinions commencent à changer à l’égard du conflit israélo-palestinien. De plus en plus de politiciens et de citoyens considèrent que les politiques d’Israël nuisent à la stabilité régionale et sont plus disposés à briser les vieux tabous pour critiquer Israël.

    Parallèlement, Israël se fait de nouveaux amis dans le monde musulman : les Émirats arabes unis, Bahreïn, le Maroc et le Soudan. Ces nouvelles alliances libèrent Israël de sa dépendance à l’égard des États-Unis, car il trouve de nouveaux marchés de capitaux, des partenaires en matière de sécurité et des alliés anti-iraniens qui peuvent servir d’appuis utiles si l’attention portée par les États-Unis à l’Iran venait à diminuer.

    La relation américano-israélienne a encore de beaux jours devant elle.

    Mais plus de critiques sur les politiques de l’autre, et plus d’indépendance vis-à-vis des objectifs de l’autre, semblent être un pari sûr au cours des années 2020.

    Ryan Bohl, analyste de Stratfor pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à RANE. Il se concentre sur les questions stratégiques, démographiques, sociales, diplomatiques et politiques dans la grande région MENA. Son domaine d’expertise porte en particulier sur le comportement des États membres du Conseil de coopération du Golfe, le Levant, la Syrie, la Turquie, Israël, le Yémen et les aspects de la politique américaine au Moyen-Orient. M. Bohl est titulaire d’une licence et d’une maîtrise de l’Arizona State University. Il a vécu et travaillé aux Émirats arabes unis et au Qatar, et a été cité comme expert régional dans de nombreuses publications, notamment l’Associated Press, Bloomberg et Time Magazine. Vous pouvez le suivre sur Twitter à l’adresse @Ryan_Bohl.

    Source: Stratfor Worldview

    #EtatsUnis #Israel #Maroc #Iran #Palestine