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  • Le Maroc, Israël et la France complotent contre l’Algérie

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    Manoeuvres géostratégiques au Maghreb – La volonté d’Alger de changer de partenaire stratégique s’est affirmée avec le développement d’un partenariat dense et fructueux avec Ankara.

    Un recentrage géopolitique majeur est en train de s’opérer dans la région du Maghreb. Des signes probants annonçant la région aux portes d’une nouvelle ère avec se multiplient. La normalisation maroco-israélienne, l’intensification de la guerre de 4e génération menée contre l’Algérie, le soutien plus qu’évident apporté par le Maroc aux mouvements intégriste et séparatiste animé par des intentions terroristes, constituent autant d’indices, voire de preuves tangibles de manoeuvres quasi militaires sous couvert diplomatiques. Le décor planté par le couple israélo-marocain a été complété par l’attitude hostile du président français Emmanuel Macron. Les pseudos démonstrations de force du Makhzen, à travers les sorties de ses diplomates et du roi Mohammed VI, avaient pour objectif d’impressionner Africains et européens, histoire de les amener à reconsidérer la géostratégie de la région et se ranger derrière un Maroc «puissamment» soutenu par les USA et Israël. La clé de voûte de la stratégie devait être la reconnaissance de la «marocanité du Sahara occidental».

    Cette opération, où l’ancien président américain Donald Trump était une pièce maîtresse, a échoué avec sa disqualification électorale. Mais pas seulement, il y a eu l’attitude énergétique, souveraine et proportionnée de l’Algérie. La rupture des relations diplomatiques avec le Maroc, l’interdiction du ciel algérien aux avions du royaume, le non- renouvellement du contrat gazier, auront été autant de coups durs adressés par Alger. La diplomatie algérienne ne s’est pas contentée de ces mesures. Elle a organisé la contre-attaque et remis Rabat à sa place. Au final, la question sahraouie est revenue au-devant de la scène, comme un cas de décolonisation et les Etats-Unis ont agi dans ce sens.

    Dans cette guerre d’influence, l’Algérie a fait jouer ses atouts et l’on s’attend à ce que le strapontin de pays observateur à l’UA, offert à Israël par quelques amis africains du Maroc, lui sera retiré, sur recommandation de l’Algérie, à la prochaine réunion de l’organisation panafricaine. C’est dire que l’axe géostratégique n’a pas bougé et le travail de chahutage mis en branle par le Maroc a lamentablement échoué. Il reste que l’opération franco-maroco-israélienne a laissé des séquelles sur l’équilibre fragile de la région. Et pour cause, qualifié de zone d’influence de la France, le Maghreb est en passe d’échapper à Paris. En tout cas, beaucoup d’indices plaident pour une volonté algérienne de larguer les amarres qui la retiennent dans ladite zone.

    Le non-renouvellement de la quasi-totalité des contrats de service, dans la gestion de l’eau, du métro d’Alger, de l’aéroport, ainsi que la fin proche de l’approvisionnement en blé français, réduisent la présence économique de l’ancienne puissance coloniale en Algérie à sa plus simple expression. La volonté manifestée par Alger de changer de partenaire stratégique s’est clairement affirmée à travers le développement d’un partenariat dense et fructueux avec Ankara. Cela explique les propos insensés de Macron à l’endroit de la Turquie.

    Ainsi, l’Algérie affiche ses ambitions en apportant au Maghreb un partenaire de taille, mais multiplie les contacts avec l’Espagne, l’Italie et l’Allemagne, histoire de les affranchir de l’idée qu’ils ont de passer par Paris pour traiter avec Alger. Ainsi, le glissement géostratégique est en mouvement, renforçant le poids d’Alger, réduisant celui du Maroc et faisant perdre toute influence de la France dans la région.

    Saïd BOUCETTA

    L’Expression, 11/10/2021

  • Maroc: voici pourquoi Bourita garde son poste ministériel

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    Aziz Ghali, président de l’Association marocaine des droits de l’Homme (AMDH) a affirmé que le renouvellement de la confiance a Nasser Bourita, ministre marocain des affaires étrangères se veut un message a Tel Aviv selon lequel le régime marocain est attaché a l’accord de normalisation, exprimant sa stupéfaction quant a la reconduction de celui qui fut a l’origine des crises avec plusieurs pays.

    Dans un entretien accordé a la presse, Ghali s’est demandé pourquoi l’on a tendance a associer le vote sanction des Marocains uniquement lorsqu’il s’agit du parti du Front de la justice et du développement tandis qu’on épargne le chef de la diplomatie marocaine Nasser Bourita qui est pourtant a l’origine des crises ayant opposé son pays a plusieurs autres Etats. “Il (Bourita) a impliqué le Maroc dans des crises avec bon nombre de pays européens dont l’Allemagne et l’Espagne et actuellement avec la Russie y compris avec l’Algérie, et malgré cela il est maintenu en poste.

    Il y a aussi la question de la normalisation, et je pense que sa reconduction a la tête du ministère des affaires étrangères se veut un message pour l’entité sioniste quant au maintien de leurs relations malgré la volonté du peuple car le rétablissement des relations avec cette dernière est l’une des principales causes de la défaite du FJD aux législatives”, a expliqué le président de l’Association marocaine des droits de l’Homme.

    Echourouk online, 10/10/2021

  • Analyse: L’alliance Maroc-Israël et les pays d’Afrique du Nord

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    Ce n’est un secret pour personne que la plupart des pays d’Afrique du Nord n’aiment pas Israël. Lorsque l’État juif a été créé en 1948, aucun pays d’Afrique du Nord ne l’a reconnu. Par conséquent, les Juifs vivant en Afrique du Nord – Algérie, Égypte, Libye, Maroc et Tunisie – ont été contraints de fuir ou sont partis de leur plein gré car ils ne se sentaient plus en sécurité. Entre 1948 et le début des années 1970, on estime que quelque huit cent mille Juifs ont été expulsés ou ont quitté leur patrie arabe.

    L’année 2020 a marqué un tournant pour ce triste chapitre de l’histoire. Le 13 août 2020, les Émirats arabes unis (EAU) et Bahreïn ont signé les accords d’Abraham, reconnaissant officiellement l’État d’Israël. D’autres pays à majorité arabe et musulmane ont rapidement suivi le mouvement. Quelques mois plus tard, le 10 décembre 2020, le Maroc a signé un accord de normalisation avec Israël, devenant ainsi le deuxième pays d’Afrique du Nord – après l’Égypte en 1978 avec les accords de Camp David – à reconnaître l’État juif. Israël a également signé un accord avec le Soudan le 23 octobre 2020 dans le cadre de ces accords.

    Si les accords d’Abraham ont rapproché certains pays arabes de l’Occident et d’Israël, ils ont sans aucun doute créé des gouffres avec d’autres. L’accord entre Israël et le Maroc a déclenché une série d’événements en chaîne dans les pays voisins d’Afrique du Nord, qui auront probablement des conséquences durables sur les relations économiques, sécuritaires et sociopolitiques dans la région.

    Israël et le Maroc : plus qu’une relation cordiale

    Les relations entre le Maroc et Israël ont toujours été plus que cordiales. Bien que le Maroc n’ait pas reconnu officiellement Israël avant les accords d’Abraham, il a maintenu des liens informels avec l’État juif et, contrairement à de nombreux autres pays arabes, a autorisé les Israéliens à visiter le pays. Rien qu’en 2020, environ soixante-dix mille Israéliens ont visité le Maroc.

    Le Maroc est l’un des quatre pays de la Ligue arabe à avoir normalisé ses relations avec Israël dans le cadre des accords d’Abraham. Rabat l’aurait fait en partant du principe que les États-Unis reconnaîtraient les revendications du pays sur le Sahara occidental, un territoire contesté que le Maroc et le Front Polisario soutenu par l’Algérie prétendent leur appartenir depuis 1975, date à laquelle l’Espagne s’est retirée du territoire.

    La relation entre le Maroc et Israël a de fortes racines historiques. Le Maroc a abrité la plus grande communauté juive du monde arabe, dont la plupart sont venus d’Espagne après l’expulsion de 1491 par la monarchie catholique espagnole. Après la création de l’État d’Israël en 1948, de nombreux Juifs marocains ont été contraints d’émigrer vers le pays en raison de la montée de l’antisémitisme dans les villes locales du Maroc. Aujourd’hui, Israël abrite environ un million de Juifs marocains et entretient des liens étroits avec le Royaume.

    Comme mentionné précédemment, Israël et le Maroc ont officialisé leur amitié de longue date – bien que cachée – en décembre 2020, lorsqu’ils ont signé un accord de normalisation garantissant « des relations diplomatiques, pacifiques et amicales complètes » sous le patronage des États-Unis. Alors que le Maroc a tenté de minimiser les accords dans son pays, en affirmant qu’une normalisation complète avec Israël n’était pas envisageable, la communauté internationale a perçu la signature des accords autrement. Il était clair dès le départ que les deux pays avaient opéré un rapprochement diplomatique, renforçant les liens bilatéraux et la coopération dans les domaines du commerce, du tourisme et de la défense. Des vols officiels directs entre Tel Aviv et Marrakech ont même débuté. En juillet, les deux pays ont signé un accord officiel sur la cybersécurité afin de partager les informations, la recherche et le développement en matière de cyberguerre. Le 11 août, le ministre israélien des affaires étrangères, Yair Lapid, s’est rendu au Maroc, signalant que son gouvernement place ses relations avec le Maroc en tête de ses priorités.

    Les liens maroco-israéliens et ce qu’ils signifient pour l’Afrique du Nord

    Les réactions à la normalisation du Maroc avec Israël ont été mitigées parmi les autres pays d’Afrique du Nord. L’Algérie n’a pas perdu de temps pour instrumentaliser les accords d’Abraham en utilisant une rhétorique agressive et anti-israélienne pour justifier ses différends avec le Maroc. En décembre 2020, le Premier ministre algérien Abdelaziz Djera a décrié l’accord comme une démarche visant à rapprocher « l’entité sioniste » de la frontière algérienne. Alger a également utilisé l’accord comme bouc émissaire pour expliquer les récents incendies de forêt qui ont dévasté le pays, insistant sur le fait qu’Israël en est à l’origine. Le 25 août, l’Algérie a annoncé sa décision de couper tous les liens diplomatiques avec le Maroc dans le but d’ »éradiquer totalement » le Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie, qui est un mouvement terroriste qui « reçoit le soutien et l’aide de parties étrangères… le Maroc et l’entité sioniste », selon Alger.

    En conséquence, l’Algérie a également renforcé son alignement sur la Chine et la Russie. L’Algérie partage des relations bilatérales étroites avec la Russie, notamment en matière de coopération dans le domaine de la défense, et les deux pays se rencontrent régulièrement dans le cadre d’une commission économique conjointe pour discuter des options de partenariat. L’Algérie et la Chine partagent également des liens étroits, comme en témoignent les plans de développement nationaux qu’elle a signés avec la Chine dans le cadre de l’initiative « Belt and Road » pour stimuler l’industrialisation du pays, entre autres. Il n’est pas surprenant qu’ils aient été signés six mois seulement après que le Maroc a officialisé les accords avec Israël. Dans les années à venir, l’Algérie cherchera probablement à resserrer ses liens bilatéraux avec Pékin et Moscou pour contrer ce qu’elle perçoit comme un complot pro-marocain dirigé par l’Occident sur le Sahara occidental via les accords d’Abraham.

    L’Égypte a, sans surprise, répondu positivement à la normalisation des liens entre le Maroc et Israël, ayant déjà une relation tiède avec l’État juif. Cependant, il est difficile de prévoir vers qui le Caire se tournera ensuite. L’Égypte et l’Algérie entretiennent traditionnellement de bonnes relations qui remontent au soutien de l’Égypte au Front de libération nationale algérien pendant sa guerre d’indépendance contre la France entre 1954 et 1962. L’Égypte s’intéresse de près aux événements qui se déroulent dans le pays voisin, la Libye, car elle espère voir l’Armée nationale libyenne du général Khalifa Haftar l’emporter dans le conflit. Elle a récemment trouvé un terrain d’entente avec l’Algérie sur la crise libyenne afin de parvenir à une plus grande « stabilité et sécurité » dans le pays. L’accord du Caire avec Alger au sujet de la Libye pourrait inciter l’Égypte à s’opposer au Maroc dans le but de montrer son soutien à l’Algérie, renforçant ainsi leur alliance, étant donné que l’Égypte a déjà soutenu le Front Polisario au sujet du Sahara occidental contesté. L’empressement du Caire à s’intéresser à l’avenir de la Libye pourrait amener l’Égypte à prendre ses distances par rapport à la reconnaissance par les États-Unis des revendications marocaines sur le Sahara occidental.

    La Tunisie, comme la Libye, est trop occupée à gérer ses problèmes intérieurs pour porter son attention sur les Accords d’Abraham. La Tunisie est confrontée à une crise constitutionnelle potentielle après que le président Kais Saied a annoncé le gel indéfini du parlement fin août et tente de centraliser les pouvoirs entre ses mains. En août, le président égyptien Abdel Fattah al-Sisi a soutenu les actions de Saied, signalant un alignement entre les deux nations d’Afrique du Nord. Il convient de noter que la Tunisie n’a jamais caché sa désapprobation des accords. Par conséquent, un front anti-Maroc composé de l’Algérie, de la Tunisie et de l’Égypte n’est pas à exclure.

    Les liens Maroc-Israël : Quelle sera la suite ?

    Le renforcement actuel des liens entre Israël et le Maroc met en lumière, une fois de plus, à quel point l’équilibre en Afrique du Nord est vraiment tendu. Si la reconnaissance d’Israël s’inscrit dans une stratégie plus large menée par les États-Unis, susceptible d’unir plusieurs pays arabes sous un front commun, la réalité est bien plus complexe. Le Maroc est prêt à renforcer ses liens avec Israël, comme en témoigne l’annonce faite en août de l’ouverture d’une ambassade en Israël, mais il devra également faire face à la tâche ardue d’expliquer aux Palestiniens que le Maroc soutient toujours leur cause. Quoi qu’il en soit, il est clair que le Maroc a l’intention d’accroître son importance stratégique sur la scène mondiale, en particulier en Afrique du Nord, et les accords d’Abraham sont le point de départ idéal.
    Par Karim Mezran et Alissa Pavia

    Karim Mezran est directeur de l’Initiative pour l’Afrique du Nord et membre senior résident du Centre Rafik Hariri et des programmes pour le Moyen-Orient au Conseil de l’Atlantique.

    Alissa Pavia est directrice adjointe de l’Initiative pour l’Afrique du Nord au sein du Centre Rafik Hariri et des Programmes pour le Moyen-Orient du Conseil Atlantique.

    Atlantic Council, 07/10/2021

  • Maroc: Les étudiants contre la normalisation avec Israël

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    L’Union nationale des étudiants marocains (UNEM) a exprimé son opposition aux accords de coopération entre les universités marocaines et israéliennes, appelant la communauté universitaire à condamner et rejeter les pactes, et les autorités universitaires à les rétracter.

    Dans un communiqué du 23 septembre, l’UNEM a déclaré : « Nous exprimons notre rejet absolu des accords honteux conclus entre l’Université Mohammed VI Polytechnique [UM6P – université privée] au Maroc et l’Université Ben Gourion [BGU] en Israël, et ceux qui lient le National École de commerce et de gestion de l’Université Hassan II de Casablanca [UH2C – université publique] et la Faculté de gestion de l’Université de Tel Aviv.

    « Nous appelons les autorités marocaines concernées à se rétracter et à retirer les signatures, et nous appelons tous les étudiants à exprimer leur rejet et leur condamnation.

    « Nous appelons toutes les composantes de la communauté universitaire, y compris les professeurs, les administrateurs et les étudiants, à se tenir côte à côte pour défendre l’université marocaine contre… les schémas de normalisation avec Israël visant à réaliser une percée éducative, culturelle et sécuritaire sans précédent dans l’histoire. de notre bien-aimé Maroc », a déclaré l’UNEM.

    Israël et le Maroc ont normalisé leurs relations diplomatiques l’année dernière, établissant des relations diplomatiques culturelles et commerciales en décembre 2020 dans le cadre des accords d’Abraham négociés par l’administration de l’ancien président américain Donald Trump.

    Boycott académique

    La Campagne palestinienne pour le boycott académique et culturel d’Israël (PACBI) a publié une déclaration le 24 août qui a déclaré que les universités israéliennes faisaient « partie intégrante du système de colonialisme et de discrimination raciale, et sont impliquées dans ses crimes en cours contre le peuple palestinien et les peuples de la région arabe, car ils jouent un rôle clé dans le développement des connaissances et des techniques de répression militaires et sécuritaires israéliennes.

    Le PACBI a appelé la communauté universitaire et la société civile marocaine à intensifier la pression locale sur l’université afin d’« annuler définitivement » les accords.

    Une autre organisation, le Front marocain pour le soutien à la Palestine et contre la normalisation (MFPSAN), a publié une déclaration le 1er octobreappelant les Marocains à résister aux « projets de normalisation avec Israël par le biais des établissements d’enseignement » et à faire connaître la cause palestinienne et la lutte du peuple palestinien.

    « Nous nous engageons à poursuivre la lutte jusqu’à ce que la décision de normalisation soit renversée et qu’une loi soit adoptée la criminalisant », a déclaré le communiqué du MFPSAN.

    Réponse de l’université

    Dans un communiqué publié sur le site institutionnel, le président de l’UM6P Hicham El Habti a déclaré que l’université estimait que la mise en commun des compétences des institutions scientifiques et technologiques des deux pays aurait un « impact majeur sur les populations aux niveaux local et régional ».

    Il a déclaré que l’UM6P et le BGU considèrent la recherche scientifique comme un « élément clé du développement, notamment en termes de durabilité ».

    D’ici la mi-octobre, BGU et UM6P devraient signer un protocole d’accord pour définir leur collaboration sur des projets de recherche scientifique et des échanges d’étudiants et de professeurs dans les domaines de l’agriculture, de l’eau, de l’énergie et de la restauration écologique.

    Le partenariat de recherche sur le développement durable sera soutenu par les sociétés mondiales ICL (Israël) et OCP (Maroc).

    D’autres collaborations

    Le 13 septembre, BGU a signé un accord académiqueavec l’Université internationale de Rabat (UIR), une université semi-publique au Maroc visant à collaborer sur des programmes communs de recherche, d’enseignement, de mobilité des étudiants et du personnel, ainsi que des études sur le patrimoine culturel des juifs marocains.

    L’UM6P a également signé un accord avec l’Université hébraïque de Jérusalem (HUJI) d’Israël pour promouvoir la coopération universitaire et technologique, selon un communiqué publié sur le site Internet HUJI.

    El Habti l’a décrit comme « l’un des premiers partenariats formels entre des universités du Maroc et d’Israël ».

    Selon le président de HUJI, le professeur Asher Cohen, la collaboration entre les institutions comprendra des recherches conjointes et des diplômes collaboratifs, l’innovation à l’échelle mondiale et l’échange de publications et de matériel académique.

    « Nous sommes fiers d’être l’une des premières universités israéliennes à officialiser une relation avec notre estimé homologue marocain. Nous attendons avec impatience les nombreuses façons dont cette collaboration profitera à nos deux pays et à la région dans son ensemble », a déclaré Cohen.

    University World News s’est efforcé de contacter l’UM6P, l’UH2C et l’UIR pour obtenir leur point de vue sur la manière dont ils mettront en œuvre les programmes de coopération académique avec les universités israéliennes, y compris l’Université de Tel Aviv, BGU et HUJI, au milieu de l’opposition de la communauté universitaire marocaine, mais n’a reçu aucune réponse. .

    Wagdy Sawahel

    University World News, 05 octobre 2021

  • Maroc-Israël: Les choses avancent plus difficilement que prévu

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    L’indice le plus probant de la coopération Maroc-Israël en matière de sécurité militaire était la visite que devait faire à Rabat le ministre israélien de la Défense Benny Gantz pour finaliser des contrats de coopération en matière de défense ; or selon des sources israéliennes, cette visite n’est pas possible avant plusieurs mois.

    Plusieurs sources israéliennes, dont « I24News », avancent que le ministre israélien de la Défense Benny Gantz se rendra au Maroc dans les prochains mois, dans le contexte de reprise des relations entre les deux pays annoncée en décembre dernier.

    Plusieurs grains de sable font que la machine qui s’est emballé au début, avance plus lentement. L’hostilité grandissante au sein de la société marocaine, témoin en est l’assassinat d’un juif au Maroc. En effet, la Société de radiodiffusion publique israélienne (Israël Broadcasting Corporation ou KAN) avait rapporté qu’un ressortissant israélien a été poignardé à mort à Tanger. La presse a vite fait d’affirmer que l’acte était le fait d’un jeune qui souffrait de troubles psychologiques, mais au Maroc, tout le monde sait qu’il n’en est rien, la presse étant majoritairement entre les mains des pro-sionistes, et que l’hégémonie grandissante du juif commence à faire désordre.

    Aussi, les retombées économiques ne suivent pas ; il va falloir acheter plus de gaz, mais finalement pour le vendre à un prix plus cher que celui que le Maroc prélevait en vertu de son « droit de passage » du pipe-line algérien, et cela risquerait fort d’affecter les populations les plus fragiles du royaume et de créer, de ce fait, des zones de turbulences ; lui aussi, le Rif est ébullition, pour peu que les jeunes retrouvent leurs repères, et attendant, à Chefchaoune, Tetouan, Taza et El Hoceima, les agriculteurs de cannabis peuvent produire en abondance que cela ne les fera pas sortir de la misère, tant que les gros revendeurs et les barons de l’exportation de la résine vers les pays voisins ne lâchent pas prise et trouvent une « aide intéressée » tant chez les services de sécurité locaux qu’au sein des gardes-côtes le long du littoral rifain.

    Pour en revenir à la coopération stratégique entre Rabat et Tel Aviv, il est attendu, si l’on se fie aux médias comme « Defence News » et « Africa Intelligence », que le ministre devrait y signer un certain nombre d’accords de coopération en matière de défense, visant notamment à développer une industrie nationale de production de drones censés renforcer la puissance aérienne du Maroc.

    Le rapport d’Africa Intelligence indique que BlueBird Aerosystems, filiale du géant de la défense Israel Aerospace Industries (IAI), négocie depuis plusieurs mois avec des équipes marocaines pour développer une pépinière d’entreprises capables de fabriquer de tels appareils.

    Rabat, note le rapport, s’est intéressé à l’utilisation de drones après que l’IAI a « mis en évidence » dans un argumentaire de vente l’utilisation intensive des drones suicides Harop de sa fabrication par l’Azerbaïdjan, durant la guerre de deux mois qui l’a opposé à l’Arménie l’année dernière.

    Assez petit pour contourner les systèmes de détection des avions ennemis, le Harop – qui a un explosif embarqué de 23 kilos – recherche puis identifie ses cibles avant de les attaquer et de les détruire. Israël est considéré comme l’un des principaux exportateurs de drones et IAI compte plus de 50 clients opérationnels dans le monde.

    Selon un rapport de Haaretz, les relations militaires entre Israël et le Maroc impliquent principalement à ce jour une coopération en matière de renseignement et de commerce d’armes.

    En janvier de l’année dernière, l’armée marocaine a accusé réception de trois drones de reconnaissance israéliens dans le cadre d’un contrat d’une valeur d’environ 48 millions de dollars (41 millions d’euros) signé en 2014 et clôturé via la société française Dassault.

    Ces appareils devraient être déployés pour contrer la rébellion au Sahara occidental et réprimer les Sahraouis.

    L’Etat hébreu aurait également vendu au Maroc d’autres systèmes militaires, y compris des systèmes de communication et de contrôle (tels que des systèmes radar pour les avions de combat) via un tiers.

    Rappelons que le ministre israélien des Affaires étrangères Yaïr Lapid s’est rendu au Maroc en août et a inauguré la mission du pays à Rabat. Au cours de sa visite de deux jours, le chef de la diplomatie israélienne a rencontré son homologue Nasser Bourita et lui a remis une invitation du président Isaac Herzog à l’intention du roi Mohammed VI l’enjoignant à se rendre en Israël.

    L’Express, 06/10/2021

  • Belhimer: « Le Maroc œuvre ouvertement à déstabiliser l’Algérie »

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    Le ministre de la Communication, Ammar Belhimer, a pointé du doigt les attaques menées contre l’Algérie par ses ennemis de l’extérieur, notamment les offenses médiatiques sur l’espace cybernétique initiées par le Makhzen marocain qui « œuvre ouvertement à déstabiliser l’Algérie ».

    Il a salué, à cet égard, le rôle des médias algériens qui « ont prouvé leur haut sens de professionnalisme dans la défense du pays » et qui constituent désormais « un rempart face aux attaques répétées. Ils permettent d’éclairer l’opinion publique en la mettant au fait des intentions hostiles du Maroc et de son allié sioniste à l’égard de l’Algérie ».

    En battant en brèche les allégations marocaines suite à la décision souveraine prise par l’Algérie de rompre ses relations diplomatiques avec le Maroc, les médias algériens sont devenus « une source d’informations fiable pour les différents médias internationaux, tant les médias audiovisuels et électroniques que la presse écrite ».

    Pour ce qui est de la position de l’Algérie à l’égard de la question palestinienne, le ministre a tenu à réitérer la position « constante » de l’Algérie à l’égard de cette question, affirmant que cette position « est en parfaite cohérence entre l’Etat algérien et son peuple et émane de ses valeurs tirées de la Glorieuse Révolution du 1er Novembre ».

    « La plus forte position exprimée par l’Algérie a été l’allocution prononcée par le Président de la République devant l’Assemblée générale de l’ONU, dans un contexte arabe tendant vers une normalisation qui a eu pour dernier épisode, la décision du Maroc de normaliser les relations avec l’entité sioniste », a-t-il dit.

    APS

    #Algérie #Maroc #Israël

  • Maroc: Un père crapuleux et un fils indigne

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    «Le Sahara occidental est une question de décolonisation qui ne peut être résolue qu’à travers l’application du droit international» est la position officielle de l’Algérie, indique le communiqué des AE publié ce samedi par l’APS. 
    “Le conflit du Sahara occidental est une question de décolonisation qui ne peut être résolue qu’à travers l’application du droit international et de la doctrine bien établie des Nations Unies et de l’Union Africaine en la matière, c’est-à-dire l’exercice authentique par le peuple sahraoui de son droit inaliénable à l’autodétermination et à l’indépendance, conformément aux dispositions de la résolution 1514 (XV) portant octroi de l’indépendance aux pays et peuples coloniaux, dont la communauté internationale célèbre, cette année, le 60ème anniversaire”, précise le communiqué.
    Le communiqué en question intervient suite au Tweet du Président américain sortant, Donald Trump, reconnaissant la souveraineté marocaine sur les territoires sahraouis suscitant des réactions aussi bien nationales qu’internationales. «L’odieux marchandage entre Trump et Mohamed VI», titre notre confrère El Watan dans un article qui parle d’un «deal ignominieux.
    En contrepartie de la normalisation par Rabat de ses relations diplomatiques avec Israël, les Etats-Unis ont accepté de faire fi du droit international et de reconnaître la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental occupé. «Le Maroc a reconnu les Etats-Unis en 1777. » 
    Le front Polisario, quant à lui, dénonce «cette décision, en rappelant qu’elle allait à l’encontre de la position de la communauté internationale.» Et de poursuivre : «Cette constitue une violation flagrante de la charte des Nations unies (…) et des textes fondateurs de l’Union africaine (UA), et freine les efforts de la communauté internationale visant à trouver une solution pacifique au conflit entre la République sahraouie et le royaume du Maroc».
    Sur les réseaux sociaux, la colère est plus marquée, note l’hebdo français Le Point. Des centaines de posts et de tweets se sont déclenchés, condamnant la trahison marocaine. 
    « Le prix des Arabes pour vendre la Palestine : des avions F-35, être retiré de la liste du terrorisme, la terre qui ne t’appartient pas [le Sahara occidental]… chacun a son prix », écrit-on.
    « Le prix de la trahison. Le Maroc normalise avec Israël. La marche verte du père [Hassan II] était crapuleuse, celle du fils indigne », commente l’écrivaine Wassyla Tamzali. 
    « En attendant la normalisation prochaine avec l’Arabie saoudite… je me demande quelle en sera la contrepartie », souligne Nabil, étudiant, alors que l’écrivain Bachir Mefti préfère citer le révolutionnaire marocain Abdelkrim el-Khattabi : « La victoire du colonialisme, même aux confins du monde, est une défaite pour nous ; et la victoire de la liberté, dans n’importe quel endroit du monde, est une victoire pour nous. » 
    « Nous avons toujours soutenu les Palestiniens et les Sahraouis, mais nous avions les moyens de notre politique, nous ne les avons plus, clairement ! Et non ! Nous ne pouvons pas vivre de grandes causes, de guerre et d’eau fraîche. Certains appellent ça du pragmatisme, d’autres de la lâcheté, je dirai que c’est de la résignation », se désole un autre commentateur. 
    À SUIVRE
    A. B.
    Crésus, 12/12/2020
  • Il y a 48 ans, la guerre d’Octobre …

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    – 6 octobre 1973, l’Egypte et la Syrie attaquèrent par surprise Israël, déclenchant la quatrième guerre israélo-arabe. Huit ans plus tard, El Sadate, le héros de la guerre et de la paix sera assassiné lors d’une parade militaire commémorant la guerre

    AA/ Mohamed Badine El Yattioui*

    Dès le début de sa présidence en 1970, Anouar El Sadate se rend compte de l’urgence de faire évoluer la situation stratégique régionale, catastrophique pour les pays arabes après l’humiliation de 1967. L’Égypte considère alors qu’une nouvelle guerre avec Israël pourrait redistribuer les cartes. Pour cela, il s’allie au Président syrien Hafez al Assad. Leurs armées ont été rééquipées en matériel par l’URSS. En ce qui concerne l’attaque surprise de 1973, selon Claude Franc, spécialiste d’histoire militaire, « trois phases peuvent être identifiées : l’offensive égypto-syrienne du 6 au 13 octobre, la réaction offensive israélienne du 13 au 16 octobre, l’exploitation israélienne du 16 au 25 octobre. » Le 17 octobre, l’impact devient international lorsque les membres arabes de l’OPEP annoncent une baisse de production et un embargo contre les pays occidentaux qui soutiennent Israël.

    Notons que ce conflit, dans un contexte de Guerre Froide a provoqué une fois de plus une réaction des deux Grands. Ils ont à la fois tenté de soutenir militairement leurs alliés et de mettre en place un cessez-le-feu sous les auspices des Nations Unies. Ses conséquences sont très importantes d’un point de vue géopolitique. Claude Franc va jusqu’à dire que « le processus de paix israélo-égyptien de 1978 est l’enfant naturel de la guerre du Kippour (guerre d’Octobre, NDLR) ».

    Mais cette guerre a surtout façonné les relations entre l’Egypte et Israël et ouvert une nouvelle page dans les relations du Caire avec l’Occident.

    Rupture avec l’époque nassérienne

    Selon Marc Lavergne, géopolitologue et directeur de recherche émérite au CNRS en France, “depuis le milieu des années 1970, l’Égypte est entrée dans une voie nouvelle, entre libéralisation économique et alignement diplomatique sur l’Occident”.

    Durant la présidence d’Anouar El Sadate (1970-1981), l´Egypte a signé la paix avec Israël, devenant le premier pays arabe à le faire. Sur le plan économique, son action a été marquée par l’infitah (ouverture économique). Selon ce spécialiste de l´Egypte, elle a eu comme conséquence l’urbanisation rapide du pays et l’émigration massive de la jeunesse vers les pays du Golfe et vers la Libye.

    Durant les années 1950-1960, l´Egypte exerce une véritable “hégémonie” diplomatique, selon Gérard Claude. Cela correspond à l’époque nassérienne. Le leader du nationalisme arabe se rapproche de l’Union soviétique qui le soutient contre les Etats-Unis et Israël. Les décisions de son successeur à partir de 1977 marquent une rupture majeure en entreprenant un “renversement spectaculaire des alliances” lors de son rapprochement avec Washington et Tel Aviv selon ce professeur à Sciences Po Aix-en-Provence, en France.

    L’historien libanais, Georges Corm, estime que la guerre de 1973, qui débute le 6 octobre, est une décision personnelle du Président Anouar El Sadate. Il ajoute que c´est “une décision courageuse, car elle est prise contre l’avis de beaucoup d’officiers de l’état-major égyptien, qui ne croient guère possible une aventure militaire visant à traverser le canal”.

    A la suite de la guerre de 1967, la prise du Golan au Nord, du Sinaï, de la Cisjordanie et de la Bande de Gaza, a multiplié par quatre la taille du territoire israélien. En 1973, en décidant d’intervenir en même temps, l’Égypte et la Syrie veulent jouer l’effet de surprise au nord et au sud afin de récupérer leurs territoires perdus.

    Les accords de Camp David, une arme à double tranchant

    Les accords de Camp David, signés en 1978 et suivis une année après par la signature du traité de paix israélo-égyptien, constituent une arme à double tranchant pour la diplomatie égyptienne. Parmi les avantages de la reconnaissance de l´Etat d´Israël, une aide financière et technologique américaine conséquente. Malgré tout, son principal problème est que ce pas l’isole du monde arabe qui critique vivement cette décision unilatérale et l´exclut de la Ligue Arabe.

    Après la guerre d’octobre 1973, le Président égyptien tente d´utiliser l’Organisation de l’Unité africaine pour dénoncer la politique israélienne. Lors du sommet de Mogadiscio, en juin

    1974, « les États africains qui entretenaient des relations diplomatiques et économiques avec Israël rompent ces relations » en pleine crise économique, conséquence de la crise pétrolière (à l´exception du Malawi, du Lesotho et du Swaziland).

    Henri Kissinger, le puissant Secrétaire d’État et conseiller à la sécurité nationale durant les présidences de Richard Nixon et Gérald Ford, souhaite un rapprochement entre Israël et l’Égypte. L’Égypte cède et Sadate rétablit les relations de son pays avec les Etats-Unis.

    L’accord du 4 septembre 1975 sur le Sinaï est signé à Genève. Il fait suite à la résolution no 338 du Conseil de sécurité des Nations unies et affirme que le conflit entre l’Égypte et Israël ne peut être résolu que par un processus de paix et propose la création d´une zone tampon gérée par les Nations Unies. L’Égypte va jusqu´à autoriser le passage par le canal de Suez des produits non militaires en provenance ou à destination d’Israël.

    Renversement des alliances

    Le président démocrate Jimmy Carter (1977-1981) poursuit les négociations entre Anouar El Sadate et le Premier ministre israélien Menahem Begin. En décembre 1977, une première conférence se déroule entre Égyptiens, Américains et Israéliens. Israël accepte de démilitariser le Sinaï mais en ce qui concerne l’occupation de la Cisjordanie et de la Bande de Gaza, et le droit au retour des Palestiniens, aucune avancée ne se fait sentir. En septembre 1978, les Accords de Camp David, divisés en deux accords-cadres, sont ratifiés par les deux leaders. Le second accord-cadre signé en mars 1979, prévoit l’évacuation du Sinaï par l’armée israélienne. D’après Henry Kissinger, c´est parce que le Président Sadate ne considérait plus l’URSS comme un allié fiable qu´il a choisi un renversement des alliances : « l’Union soviétique pouvait apporter des armes, mais pas le progrès diplomatique pour récupérer la péninsule du Sinaï en la libérant de l’occupation israélienne, par conséquent le Président Anouar el-Sadate a changé de camp ».

    Anouar El Sadate a été assassiné le 6 octobre 1981 par six soldats égyptiens, appartenant à l’organisation du Djihad islamique égyptien, lors d’une parade en commémoration de la guerre d’octobre 1973. Ils ont attaqué à coups de grenades et de mitrailleuses la tribune présidentielle. Anouar El Sadate décède quelques heures plus tard. Hosni Moubarak, alors vice-président, lui succède. Il renforcera la nouvelle relation de son pays avec les Etats-Unis et Israël.

    * Les opinions exprimées dans cette analyse n’engagent que leur auteur et ne reflètent pas forcément la ligne éditoriale de l’Agence Anadolu.

    * Dr. Mohamed Badine El Yattioui, Professeur de Relations Internationales à l´Université des Amériques de Puebla (Mexique).

    Anadolou

  • Mettre l’Algérie sous la loupe : un souhait ancien du renseignement israélien

    Algérie, Maroc, Israël, #Algérie, #Maroc, #Israël, 

    Une des curiosités géopolitiques du Maghreb et du Grand Sahara est de vivre aujourd’hui un contexte de mutation, changeant, comme si les articulations sociales, politiques, militaires et économiques étaient en pleine déconstruction-reconstruction pour s’agglutiner à de nouveaux paradigmes.
    Dans ce contexte trouble, caractérisé par la mise sur rails du « big reset », une sorte de programme occidental mondialiste qui cherche à faire table rase « de ce qui a été » pour mettre en place « ce qui doit être » et garantir la relance économique (qui sera profitable principalement et presque exclusivement aux puissances occidentales), l’information est devenue une marchandise décisive. La « guerre de basse intensité » que vit l’Algérie est essentiellement une guerre de l’information. Il est certain qu’elle persistera encore, avec les mêmes procédés, et que la guerre de plus haute intensité n’aura pas lieu, les données du contexte actuel ne le permettant pas.
    Les portes sud de l’Algérie étaient déjà bonnes à surveiller comme le lait sur le feu, mais avec la présence des agents du Mossad aux portes sud de l’Algérie, il y a un souci supplémentaire à se faire. Car il faut garder une chose essentielle à l’esprit : les « enfants de Gédéon », comme aiment à se qualifier les agents de renseignement israéliens, font de la collecte de l’information puis de la diffusion de la désinformation une arme décisive.
    Big reset en arrière-fond
    Les attaques d’El Guerguarat, la reconnaissance par Washington de la pseudo-marocanité du Sahara occidental, l’ouverture d’un consulat émirati à Dakhla, l’assassinat de Déby, le coup de force contre Alpha Condé, la surenchère médiatico-diplomatique du Maroc et de ses alliés, le couloir tracé depuis le Machrek vers le Maghreb-Sahel pour faciliter le parcours des djihadistes, etc. tout cela, et d’autres signaux encore, avaient annoncé des tentatives de faire démarrer le « big reset », la grande réinitialisation, une des conséquences collatérales essentielles étant de « compartimenter » l’Algérie.
    Un grand ami de l’État algérien, le ministre des Affaires étrangères de la Russie Sergueï Lavrov, avait à plusieurs reprises, et depuis plusieurs années, averti sur l’imminence de la mise en marche d’un plan pareil. « Un vaste complot se dessine contre l’Algérie », avait averti Sergueï Lavrov ; pour les renseignements russes, les djihadistes vont être évacués de Syrie, non seulement, pour ne pas y être exterminés, mais aussi, pour les concentrer en Tunisie, et en Libye, et accessoirement au Nord du Mali, pour les lancer sur le front algérien.
    Il est certain que l’ordre traditionnel a été un moment donné bouleversé au profit des États émergents de la région. Même le Mali, peuple et pouvoir, on l’a vu, s’est tourné résolument, absolument et ostensiblement vers l’émancipation des puissances occidentales traditionnelles qui dominaient au cœur même de Koulouba. Le Niger, considéré comme le pays le plus pauvre de la planète, redresse la tête et réclame des rallonges subsidiaires à la France pour l’exploitation des minerais d’uranium d’Arlit. Le Tchad, après Déby, n’est plus aussi dépendante de l’Elysée, de même que la Mauritanie a cessé d’être le vassal docile qu’elle fut dans un passé récent.
    Mettre l’Algérie, un souhait ancien…
    L’ordre sécuritaire et informationnelle a été de ce fait revu et corrigé, avec une plus rigoureuse mise sous la loupe de tout ce qui se passe dans la région, d’autant que la guerre des tranchés entre, d’un côté, États Unis et France, et, d’un autre, Chine et Russie, a fait prendre conscience aux États de la région qu’ils avaient, et pouvaient avoir, un rôle important à jouer entre les puissances du moment.
    Aussi épier, surveiller, espionner, prendre possession de l’information, diffuser la désinformation, etc. sont devenus des objectifs pressants pour Israël, qui a toujours cherché, après avoir mené à leur tombe les ex-puissances orientales du Front du Refus, à poser pied au Maghreb-Sahel. En normalisant sa présence (qui date en fait de 1963 déjà, à l’époque du patron du Mossad Meir Amit) au Maroc, le Mossad s’est aussi intéressé au Sahara, et s’est subrepticement installé au Nord-Mali, c’est-à-dire aux portes sud de l’Algérie, par le biais d’Israel Aerospace Industries, la société qui équipe les Casques Bleus de la Minusma. Aerospaciale industries, pour les profanes, est une entreprise israélienne de haute technologie spécialisé dans les équipements militaires et de protection. Son staff dirigeant est constitué d’anciens dirigeants et cadres du Mossad.
    La « marchandisation » stratégique de l’information
    Pegasus a certainement constitué l’alerte la plus sérieuse contre la menace israélienne et son obsession de l’information en priorité. Ce logiciel espion conçu et commercialisé dès 2013 par l’entreprise israélienne NSO Group est destiné à attaquer les téléphones intelligents sous iOS et Android. Installé sur l’appareil, il accède aux fichiers, messages, photos et mots de passe, écoute les appels, et peut déclencher l’enregistrement audio, la caméra ou encore le suivi de la géolocalisation.
    C’est ainsi qu’Israel a contaminé toute la région, principalement le voisin marocain, qui, pour contrer l’hégémonie de l’Algérie, est prêt à s’embarquer dans toutes les compromissions. Les centaines d’agents de l’Unité 8-200, ses « geeks », ses armées de hackers, ses sayanim et ses agents hautement qualifiés dans le pillage et la collecte de l’information ont « marchandisé » l’information, n’importe quelle information, qui est devenu un produit vendable, exportable et hautement stratégique pour « stériliser », neutraliser ou désarticuler Etats et individus ; les fake news les deep fakes ne sont qu’un petit aperçu du carnage provoqué dans l’univers informationnel d’aujourd’hui.
    Gédéon demeure le référent du Mossad, et tous ses agents s’en réclament. Gédéon est un personnage biblique de l’Ancien Testament (« Livre des Juges ») ; il renvoi, dans la Tora, à la victoire d’un petit groupe de juifs sur les Madianites, grâce à la perspicacité et au sens de l’information de Gédéon, qui a pu s’infiltrer nuitamment jusqu’au camp de ses adversaires, prendre possession d’informations capitales, pour, le lendemain, réussir à les vaincre sur le terrain.
    L’Express, 07/10/2021
  • Maroc et Algérie: une confrontation militaire imminente ?

    Maroc et Algérie: une confrontation militaire imminente ?

    Maroc, Algérie, Israël, Sahara Occidental, #Maroc, #Algérie, #SaharaOccidental,

    Depuis la rupture des relations diplomatiques avec Rabat le 24 août, les relations de l’ Algérie avec le Maroc voisin sont devenues de plus en plus tendues.

    Tout d’abord, l’annonce du ministre algérien de l’énergie que le contrat du gazoduc Maghreb-Europe , qui distribue du gaz naturel à l’Espagne, ne serait pas renouvelé, interrompant à toutes fins pratiques l’approvisionnement en gaz du Maroc.

    Ensuite, le Haut Conseil de sécurité algérien a annoncé qu’il fermait son espace aérien à tous les aéronefs civils et militaires marocains ainsi qu’à ceux immatriculés au Maroc.

    Plus récemment, le 28 septembre, le chef d’état-major algérien, le lieutenant-général Saïd Chengriha, a accusé le royaume marocain d’avoir fomenté un « complot » contre son pays « pour saper l’unité du peuple algérien, en semant la discorde et la division entre eux ».

    « L’attachement de l’Algérie à ses principes et sa détermination à ne pas s’en écarter sont une source d’irritation pour le makhzen [institution gouvernementale marocaine] et un frein aux projets régionaux douteux du régime », aurait déclaré le lieutenant général.

    Compte tenu de la tournure récente des événements, il est impossible de croire que le roi du Maroc Mohammed VI se contentera d’exercer à nouveau le soft power du consensus et de la coopération régionale.

    Oubliez les discours de décembre 2019, où le monarque marocain a lancé un appel au président algérien nouvellement élu, Abdelmadjid Tebboune, l’exhortant à « ouvrir un nouveau chapitre dans les relations entre les deux pays voisins, fondés sur la confiance mutuelle et le dialogue constructif », et d’août 2021, lorsque Mohammed VI a exhorté « son excellence le président algérien à travailler à l’unisson pour le développement des relations fraternelles ».

    Sahara occidental
    La politique marocaine de soi-disant  » tendre la main  » n’est peut-être qu’un simple écran de fumée visant à cacher les véritables intentions du régime – de forcer les généraux algériens à déclencher les hostilités.

    Bref, Mohammed VI, commandant suprême et chef d’état-major des Forces armées royales (FAR), semble déterminé à utiliser la force militaire pour défendre les prétentions du royaume sur ce qu’il considère comme ses « provinces du sud », terme utilisé par le gouvernement marocain pour la partie du Sahara occidental qu’il occupe.

    Dans un geste soigneusement calculé visant à neutraliser la portée de l’armée marocaine – qui avait autrefois tenté un coup d’État sous le règne du roi Hassan II – Mohammed VI a placé la sécurité du palais royal et de l’enceinte entre les mains des forces armées du pays.

    La sécurité du palais était jusqu’alors supervisée par la Gendarmerie royale marocaine et la Direction générale de la sûreté nationale. Ensuite, le monarque a accéléré la modernisation des forces armées du royaume, en réponse notamment aux soulèvements du printemps arabe qui ont vu le renversement de plusieurs régimes autoritaires de la région.

    Concrètement, la défense nationale du Maroc a été réorganisée sous la direction du général de corps d’armée Abdelfattah Louarak, nommé inspecteur général des FAR par le roi en janvier 2017. Le monarque n’a pas remplacé son prédécesseur, le général Bouchaib Arroub, alors à la tête de l’armée du pays. provinces du sud.

    La mission principale de l’officier supérieur nouvellement nommé était de superviser les opérations de développement et de modernisation de l’industrie militaire marocaine – avec un budget colossal représentant environ 4,5% du PIB du pays en 2020.

    Les chiffres publiés en 2018 par le Stockholm International Peace Research Institute (Sipri) montrent que d’autres pays impliqués dans des zones de conflit dépensent moins pour la défense nationale, notamment Israël (4,3 %), les États-Unis (3,2 %) et la Turquie (2,5 %).

    A l’issue de cette première phase, le monarque marocain semble désormais exercer la force de la pression militaire et économique, dans une tentative de jeu stratégique de Rabat pour faire plier la volonté d’Alger.

    C’est un geste que connaissent bien les diplomates algériens, l’ayant longtemps utilisé eux-mêmes pour contenir les manœuvres du ministère marocain des Affaires étrangères – en témoignent les innombrables opérations militaires de grande envergure organisées par l’armée algérienne dans chacune de ses régions militarisées, et notamment sur le frontière marocaine. Une telle démonstration de force militaire a été menée en janvier 2021 , avec le soutien de la Russie.

    Message sans équivoque

    Selon le rapport annuel du Sipri de 2021, le Maroc est désormais le troisième importateur d’armes en Afrique, juste derrière l’Égypte et l’Algérie.

    Le régime marocain semble déterminé à répondre aux actes d’hostilité diplomatique de l’Algérie par une action militaire, comme le montre la récente nomination par Mohammed VI du lieutenant-général Belkhir el-Farouk comme inspecteur général des FAR.

    Lauréat de l’Académie royale militaire, Farouk a débuté dans l’infanterie, avant d’occuper plusieurs postes militaires clés, dont celui de commandant des provinces du sud, poste qu’il a occupé pendant près de 40 ans et qui est quasi vacant depuis 2017.

    La nomination d’un officier supérieur dont les références incluent plusieurs campagnes militaires au Sahara occidental est un message sans équivoque pour Alger : Rabat est prêt à riposter par la force militaire si les généraux algériens continuent de faire pression sur le Maroc et finissent par déclencher les hostilités.

    Les rapports suggèrent également que le commandant nouvellement nommé des forces armées marocaines est un favori des Américains. Farouk s’est distingué en commandant « African Lion 21 », exercices conjoints maroco-américains organisés par le Maroc en juin.

    Jockey diplomatique

    Sur la scène diplomatique, le ministre algérien des Affaires étrangères Ramtane Lamamra et son homologue marocain, Nasser Bourita, ont échangé des propos acerbes sur le Sahara occidental lors de l’assemblée générale de l’ONU lundi.

    « L’organisation d’un référendum libre et équitable pour permettre au peuple sahraoui de déterminer son destin et de décider de son avenir politique ne peut rester à jamais l’otage de l’intransigeance d’un Etat occupant qui a manqué à plusieurs reprises à ses obligations internationales », a déclaré le ministre algérien.

    Mais dans une vidéo préenregistrée diffusée à l’Assemblée des Nations Unies, le ministre marocain des Affaires étrangères a déclaré que l’Algérie devait « assumer sa responsabilité de perpétuer un conflit régional inventé », exigeant qu’Alger cesse de protéger « un groupe de séparatistes armés en violation flagrante du droit international humanitaire. ”.

    L’Algérie a ouvertement soutenu le mouvement séparatiste du Front Polisario, qui défend le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination.

    Le Maroc revendique quant à lui la souveraineté sur le Sahara occidental et voit sa « proposition d’autonomie étendue » comme une solution au conflit.

    Leur échange médiatisé intempestif arrivait justement après l’African Lion 21, mais aussi juste après le renforcement de la coopération militaire entre Rabat et Washington.

    Le royaume marocain continue donc de bénéficier du soutien des Américains, notamment suite à la reconnaissance par l’ancien président américain Donald Trump des revendications du Maroc sur le Sahara occidental, en échange de la normalisation des relations entre le Maroc et Israël.

    Démons de guerre

    Le régime de Mohammed VI semble convaincu d’être suffisamment « couvert » par deux puissances mondiales – les Etats-Unis et Israël – pour tenter de tenir tête aux généraux algériens soutenant le mouvement Polisario.

    Mais les souvenirs du conflit frontalier de la guerre des sables de 1963 entre l’Algérie et le Maroc ne s’est pas encore estompé.

    Et ainsi, le conflit du Sahara occidental continue de perturber les relations diplomatiques entre le Maroc et l’Algérie, façonnant à ce jour les politiques et les tactiques des deux nations, et éveillant potentiellement les vieux démons de la guerre.

    C’est particulièrement vrai à l’approche de la nomination du nouvel envoyé spécial de l’ONU pour le Sahara occidental, le diplomate italo-suédois Staffan de Mistura , avec les négociations en cours entre le Maroc et le Front Polisario au point mort, et les voix qui prêchent l’apaisement. et la conciliation étant systématiquement ignorée.

    Aziz Chahir

    Middle East Eye, 05/10/2021