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  • Libye: des marocains détenus dans des « conditions inhumaines »(ONG)

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    Dans les prisons libyennes, les migrants marocains sont détenus dans des « conditions inhumaines », alerte une ONG

    L’Observatoire euro-méditerranéen des droits de l’homme accuse les autorités libyennes de maintenir en détention des migrants marocains « sans justification légale », dans des endroits insalubres où tout manque. L’ONG exhorte le Maroc à réagir.

    Cela fait déjà six mois que Muhammad Al-Aweni n’a pas vu son fils. Mustafa, 23 ans, a quitté le foyer familial le 26 mars 2021, direction Oujda, puis la Libye. Son but ? Prendre la mer pour rejoindre l’Europe. Mais le 22 avril, le jeune homme est arrêté à un poste de contrôle des garde-frontières libyens dans la région de Ghadamès, à l’ouest du pays. « Il nous a appelés pour nous informer qu’il était détenu au centre de détention d’al-Daraj avec de nombreux autres migrants marocains », raconte Al-Aweni Muhammad à l’Observatoire euro-méditerranéen des droits de l’homme.

    Au téléphone, Mustafa décrit des conditions de détention très difficiles. Lui et ses codétenus manquent cruellement d’eau et de nourriture. Et l’hygiène, dans la prison, est déplorable. Dans un communiqué publié le 15 septembre, l’ONG confirme que « l’insalubrité et la promiscuité favorisent la propagation rapide des maladies infectieuses parmi les migrants ». Particulièrement dans la prison d’al-Daraj, où « de nombreux détenus ont contracté le Covid-19 ».

    Si les 80 familles de migrants marocains interrogées par l’Observatoire racontent chacune des histoires distinctes, elles s’accordent toutes sur un point : les « conditions inhumaines » dans lesquelles sont incarcérées leur enfant, leur cousin, ou un membre de la fratrie. D’après le communiqué, « les autorités libyennes détiennent depuis des mois des centaines de migrants marocains » dans plusieurs centres de détention de l’ouest du pays, « dont le centre de détention d’Al-Daraj près de la zone de Ghadamès, et les prisons d’Ain Zara et de Ghout al-Shaal dans les régions ouest de Tripoli ».

    Des « décharges électriques sur le corps »

    La plupart ont atteint la Libye par voie terrestre et ont quitté le Maroc « sans papiers d’identité, pensant que cela les aider[ait] à obtenir l’asile à leur arrivée sur les côtes italiennes », indique l’Observatoire. Certains ont été arrêtés par les autorités libyennes après avoir traversé la frontière algérienne, d’autres ont été ramenés à terre par les garde-côtes du pays lors de leur tentative de traversée en mer Méditerranée. Tous ont ensuite été transférés dans les centres de détention libyens, où près de 6 000 personnes au total seraient déjà enfermées, selon Safa Msheli, porte-parole de l’ONU et ex-représentante de l’OIM en Libye.

    Depuis 2011 et la chute de Mouammar Kadhafi, le pays est devenu une voie privilégiée pour des dizaines de milliers de migrants cherchant à rejoindre l’Europe. Mais beaucoup s’y retrouvent bloqués, dans des prisons décrites par les exilés comme un « véritable « enfer ».

    De nombreux témoignages attestent du sort épouvantable qui leur est réservé. En 2017, un Camerounais prénommé Issa expliquait à InfoMigrants qu’il fallait « prier Dieu pour de pas être vendu dans un ghetto de Bani Walid », un centre de détention située à une centaine de kilomètres au sud de Tripoli. Plus récemment, en janvier 2020, Ibrahim, un Sénégalais, racontait que « Bani Walid [était] le pire endroit sur terre ». « Chaque jour on te torture : on te frappe avec des tuyaux ou on te met des décharges électriques sur le corps », avait-il décrit. « Plusieurs personnes ont été battues à mort sous mes yeux. Les corps sont ensuite enterrés dans le désert. J’ai moi-même été obligé de le faire, sous la menace d’armes. Si tu ne fais pas ce qu’ils disent, ils te tuent ».

    Et d’après Ibrahim, « c’est très difficile pour nous les hommes, mais pour les femmes c’est encore pire ». Elles « disparaissent de la prison de 19h à 7h du matin, elles sont violées toutes les nuits à l’extérieur ».

    Une procédure illégale

    À l’horreur des conditions de détention s’ajoute le caractère arbitraire du procédé appliqué par les autorités libyennes. Pour l’Observatoire, les migrants sont jetés en prison « sans justification légale ». De plus, « en vertu des conventions et normes internationales, le gouvernement libyen a l’obligation de traiter ces détenus avec dignité, de leur fournir un abri adéquat et de leur permettre de jouir de leurs droits fondamentaux », soutient Youssef Salam, chercheur juridique au sein de l’ONG. L’organisation appelle les autorités marocaines à « coopérer activement avec les autorités libyennes pour mettre fin aux souffrances de centaines de familles qui s’inquiètent toujours du sort de leurs enfants ».

    À des milliers de kilomètres de là, à Rabat, les familles de migrants marocains détenus en Libye ont organisé, en août, cinq veillées devant le siège du ministère des Affaires étrangères. Elles exigent une intervention de l’État pour libérer leurs enfants. D’après une source au ministère marocain des Affaires étrangères contactée par l’ONG, les autorités marocaines – qui ont promis aux familles de « résoudre le problème » – travaillent « en coordination avec leurs homologues libyens pour renvoyer 195 Marocains détenus en Libye au pays ». Al-Aweni Muhammad, lui, attend toujours son fils.

    Info Migrants, 17/09/2021

  • Libye : des centaines de migrants marocains détenus dans des conditions inhumaines

    Libye : des centaines de migrants marocains détenus dans des conditions inhumaines

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    Genève – Les autorités libyennes détiennent depuis des mois des centaines de migrants marocains dans des conditions de détention inhumaines sans justification légale, a déclaré aujourd’hui l’Observatoire Euro-Méditerranéen des Droits de l’Homme dans un communiqué.

    Des centaines de migrants marocains détenus dans plusieurs centres de détention de l’ouest du pays, dont le centre de détention d’Al-Daraj près de la zone de Ghadamès, et les prisons d’Ain Zara et de Ghout al-Shaal dans les régions ouest de Tripoli souffrent de conditions humanitaires difficiles, notamment dans le centre de détention d’Al-Daraj, où beaucoup ont été infectés par le coronavirus, en raison du manque de soins de santé.

    L’administration des prisons et des centres de détention ne fournit pas aux détenus des soins de santé (en particulier ceux atteints de COVID-19), des quantités suffisantes de nourriture ou de l’eau potable. De plus, les maladies infectieuses se sont propagées à grande échelle parmi les détenus en raison de l’environnement insalubre.

    Euro-Med Monitor a recueilli les témoignages de plus de 80 familles de ces migrants.

    Al-Aweni Muhammad a déclaré à Euro-Med Monitor que son fils Mustafa, 23 ans, « a quitté le Maroc le 26 mars pour la ville d’Oujda, puis pour la Libye, où il a été arrêté le 22 avril à un poste de contrôle des gardes-frontières libyens dans la région de Ghadamès, à l’ouest du pays.

    « Il nous a appelés pour nous informer qu’il était détenu au centre de détention d’Al-Daraj avec de nombreux autres migrants marocains. Il a décrit les conditions comme très difficiles en termes de manque de nourriture, d’eau et d’hygiène, ainsi que l’épidémie du Coronavirus parmi les détenus.

    « Mon fils n’a pas été soumis à un procès ou à une procédure légale régulière. Nous avons reçu des informations selon lesquelles les autorités libyennes ont l’intention de les expulser, mais elles attendent une réelle initiative du ministère marocain des Affaires étrangères pour transférer les détenus de Libye vers le Maroc.

    La plupart des migrants détenus traversent la frontière marocaine, atteignent la Libye par voie terrestre, puis le voyage migratoire commence à travers la Méditerranée vers les côtes italiennes, avec la coordination et l’assistance de passeurs à l’intérieur de la Libye.

    Les migrants quittent le Maroc sans papiers d’identité, pensant que cela les aidera à obtenir l’asile à leur arrivée sur les côtes italiennes.

    Certains de ces migrants marocains sont détenus par les gardes-frontières libyens après leur entrée dans le pays depuis l’Algérie, tandis que les autres sont détenus par les forces des garde-côtes libyens en mer lorsqu’ils tentent de migrer vers l’Italie. Tous sont transférés dans les centres de détention mentionnés dans l’ouest du pays.

    Euro-Med Monitor a contacté un certain nombre d’autorités officielles libyennes concernant les conditions des migrants marocains détenus en Libye, mais les autorités n’ont pas répondu.

    Les familles de migrants marocains détenus en Libye ont organisé cinq veillées devant le siège du ministère des Affaires étrangères dans la capitale Rabat, exigeant une intervention pour libérer leurs enfants. Les responsables marocains ont promis aux familles de résoudre le problème, mais les mouvements à cet égard sont encore limités et ne reflètent pas des intentions sérieuses de résoudre la crise une fois pour toutes.

    Le 6 septembre, une source au ministère marocain des Affaires étrangères a déclaré que « les autorités marocaines travaillent en coordination avec leurs homologues libyens pour renvoyer 195 Marocains détenus en Libye, notant qu’il existe une coordination au plus haut niveau pour assurer le retour des Marocains détenus en Libye. Libye. »

    Dans un autre témoignage, Lamouri Radwan a déclaré à Euro-Med Monitor que son fils, Hamza, avait quitté le Maroc le 7 juin en direction de la ville d’Oujda pour traverser de là vers la Libye. Il a déclaré que son fils l’avait informé par téléphone le 6 juillet qu’il partirait des côtes libyennes vers l’Italie sur un bateau de passeurs.

    « Le 7 juillet, j’ai reçu le pire appel de ma vie. Mon fils, Hamza, m’a dit que le bateau sur lequel il se trouvait avec 19 autres migrants a chaviré en mer, et personne n’a pu retourner à terre à part Hamza et une autre personne, « Lamouri a déclaré. « Puis le contact avec lui a été perdu jusqu’au 13 juillet, quand il nous a dit qu’il était dans la prison de Melita dans la ville libyenne de Zuwara. Nous avons été choqués lors de l’appel avec la nouvelle de la mort de deux de ses amis, Hamza Kershan et Hamza Ait Majnid. Il l’a appris lorsque les autorités libyennes lui ont demandé d’identifier les corps de ses amis.

    Il a ajouté : « Mardi dernier, les autorités libyennes ont libéré mon fils, et il séjourne maintenant dans une famille amie en Libye, mais nous ne connaissons aucun moyen pour lui de retourner au Maroc car il n’a ni passeport ni papiers d’identité. . « 

    Pour sa part, le chercheur juridique à Euro-Med Monitor, Youssef Salem, a déclaré : « La responsabilité de préserver la vie de ces détenus incombe à la fois aux gouvernements libyen et marocain. « 

    « Le gouvernement libyen est tenu, conformément aux conventions et normes internationales pertinentes, de traiter ces détenus avec dignité, de leur fournir un abri adéquat et de leur permettre d’exercer leurs droits fondamentaux . Quant au gouvernement marocain, il devrait travailler pour protéger ses ressortissants en Libye, et pour assurer leurs conditions humanitaires et juridiques », a-t-il déclaré.

    Le gouvernement libyen devrait libérer les migrants marocains sous sa garde, cesser de violer leurs droits dans les centres de détention officiels, fournir des soins de santé à ceux qui en ont le plus besoin, en particulier les patients atteints de COVID-19, et fournir des mesures de prévention et de sécurité dans toutes les prisons et centres de détention.

    Le gouvernement marocain devrait déployer des efforts plus importants et plus sérieux vis-à-vis des migrants marocains détenus en Libye, et coopérer activement avec les autorités libyennes pour mettre fin aux souffrances de centaines de familles toujours inquiètes pour le sort de leurs enfants.

    Observatoire Euro-Méditerranéen des Droits de l’Homme, 15/09/2021

  • La Tunisie et la Libye vont rouvrir leurs frontières

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    La Tunisie et la Libye parviennent à un accord de principe sur la réouverture de leurs frontières

    TUNIS, 9 septembre (Xinhua) — Le président tunisien Kaïs Saïed et le chef du gouvernement d’union nationale libyen Abdel Hamid Dbeibah sont parvenus jeudi à un accord de principe sur la mise en place d’un protocole commun pour reprendre le trafic terrestre et aérien aussi rapidement que possible, a déclaré jeudi la présidence tunisienne dans un communiqué.

    Accompagné des ministres de la Santé, de l’Intérieur et d’autres membres de haut niveau de son gouvernement, M. Dbeibah, qui est arrivé jeudi à Tunis, a été reçu par M. Saïed au palais présidentiel de Carthage.

    Les deux parties sont convenues de renforcer la coordination bilatérale entre les ministères de la Santé et de l’Intérieur des deux pays afin de mettre en place d’un protocole commun pour reprendre le trafic terrestre et aérien aussi rapidement que possible, a indiqué la présidence tunisienne dans le communiqué.

    Selon le communiqué, cette rencontre a été l’occasion de « passer en revue les liens forts de fraternité et les relations fructueuses de coopération entre la Tunisie et la Libye dans divers domaines », et de « réaffirmer l’unité de destin et la cohérence du développement, de la stabilité et de la sécurité dans les deux pays ».

    Le chef de l’Etat tunisien a également évoqué avec le Premier ministre libyen les efforts consentis par les autorités tunisiennes pour mieux contribuer à la reconstruction de la Libye, ainsi que la nécessité d’intensifier la coordination et les échanges d’informations pour sécuriser les frontières et lutter contre le terrorisme et la criminalité organisée.

  • Cette semaine au Conseil de Sécurité

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    13-17 septembre 2021

    Cher Eguebeila,

    Cette semaine, toutes les réunions du Conseil de sécurité et des organes subsidiaires devraient avoir lieu en personne.

    Mardi 14 septembre, les membres du Conseil devraient voter sur un projet de résolution renouvelant le mandat de la Mission d’appui des Nations Unies à la Libye (MANUL).

    Mardi également, le président du Comité des sanctions pour le Soudan 1591, l’Ambassadeur Sven Jürgenson (Estonie), devrait fournir le briefing trimestriel sur les travaux du comité.

    Il y aura mardi une séance d’information ouverte, suivie de consultations à huis clos, sur la Mission intégrée d’assistance à la transition des Nations Unies au Soudan (UNITAMS). Le Représentant spécial pour le Soudan et chef de l’UNITAMS, Volker Perthes, présentera le rapport de 90 jours du Secrétaire général sur la mission, qui a été publié le 1er septembre. Un représentant de la société civile peut également faire un briefing.

    Mercredi (15 septembre), le Conseil se réunira pour une séance d’information publique, suivie de consultations à huis clos, sur la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS). Les briefers attendus sont le Représentant spécial et chef de la MINUSS Nicholas Haysom et la Directrice des opérations et de la Division du plaidoyer d’OCHA, Reena Ghelani. Un représentant de la société civile fera également un briefing.

    Mercredi, il y aura un briefing ouvert, suivi de consultations à huis clos, sur la situation humanitaire en Syrie. Le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, Martin Griffiths, et un représentant de la société civile sont les rapporteurs attendus.

    Le vendredi (17 septembre), les membres du Conseil devraient voter sur deux projets de résolution : l’un renouvelant le mandat de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) et un autre renouvelant le mandat de l’Équipe d’enquête des Nations Unies pour promouvoir la responsabilité pour les crimes commis par Da ‘esh/ISIL (UNITAD).

    Cette semaine, les membres du Conseil devraient poursuivre les négociations sur un projet de résolution sur la protection de l’éducation en période de conflit, initié par le Niger et la Norvège.

    Les membres continueront également de négocier un projet de déclaration présidentielle concernant les mesures de sanctions contre le Darfour, conformément à la résolution 2562 du 11 février, dans laquelle le Conseil a exprimé son intention d’« établir des repères clés clairs et bien identifiés au plus tard le 15 septembre 2021 ».

    Au niveau des organes subsidiaires, le Comité des sanctions 1718 de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) se réunira jeudi 16 septembre pour discuter du dernier rapport de son groupe d’experts.

    Vendredi (17 septembre), le Comité d’état-major tiendra une réunion formelle.

    Vendredi également, il y aura une réunion du Groupe de travail informel sur la documentation et les autres questions de procédure (IWG).

    Une réunion de formule Arria sur « La menace pour la paix et la sécurité internationales posée par le commerce illicite des armes légères et de petit calibre » initiée par le Mexique se tiendra par vidéoconférence (VTC) jeudi 16 septembre.

    Security Council Report, 12/09/2021

  • Algérie-Maroc: du Maghreb des dupes au Maghreb des peuples

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    L’annonce mardi 24 août 2021 par Ramtane Lamamra, ministre algérien des Affaires étrangères, de la rupture des relations diplomatiques avec le royaume du Maroc n’est certainement pas un coup de tonnerre dans un ciel d’été. Quelques jours auparavant, le communiqué publié par la présidence algérienne lors de la dernière réunion du Haut Conseil de sécurité le 18 août laissait entrevoir une escalade dans le durcissement de la position d’Alger vis-à-vis du Palais royal. S’il faut prendre avec réserve les déclarations souvent théâtrales par lesquelles les deux despotismes voisins stimulent de très utiles – pour leur survie – réflexes nationalistes, il s’agit incontestablement d’une évolution préoccupante des rapports entre les deux capitales. Même si dans sa déclaration publique le ministre des Affaires étrangères algérien a cherché à en relativiser la portée, la rupture des relations diplomatiques est un acte particulièrement grave qui, selon les usages de politique internationale, précède souvent l’ouverture d’hostilités.

    Méfiance, hostilité et… connivence

    Les tensions, anciennes et récurrentes, entre Alger et Rabat procèdent largement d’un jeu convenu, très balisé, entre deux régimes adverses mais également solidaires lorsqu’il s’agit de leur préservation. Il est peu probable, sauf dérapage majeur, que la dégradation, continue depuis des mois, aille jusqu’au conflit ouvert. Aucune des deux parties n’a intérêt à laisser les événements échapper à tout contrôle. La guerre des sables de 1963 et les batailles d’Amgala I et II en 1976 ont démontré la coûteuse – et dangereuse – inutilité des confrontations directes.

    L’Algérie et le Maroc ont le plus souvent entretenus des liens plutôt lâches et empreints de méfiance. Si la mémoire de la période de guerre de libération en Tunisie est marquée par la reconnaissance et la gratitude pour l’accueil populaire et officiel, ce n’est pas le cas pour le Maroc. Certes, le FLN/ALN a bénéficié d’un soutien franc, généreux et massif du peuple marocain, mais les autorités ont joué un rôle ambigu, parfois même carrément hostile vis-à-vis des contingents de l’ALN, en raison notamment de revendications territoriales. La prétention marocaine à la reconfiguration des frontières aboutira d’ailleurs à la brève mais sanglante guerre « des sables » en octobre 1963…

    La période de rapports apaisés qui a suivi le traité d’Ifrane en 1969 dure jusqu’en 1975 et la trahison par l’Espagne de ses engagements vis-à-vis des populations du Sahara occidental par l’accord secret de cession du territoire au Maroc et à la Mauritanie. Le fait accompli d’une occupation de type colonial, bafouant le droit international et les résolutions de l’ONU, n’est pas accepté par les Sahraouis, soutenus par l’Algérie au nom du principe essentiel du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Depuis lors, les relations bilatérales sont au plus bas, en particulier après la fermeture des frontières terrestres en 1994. La situation de tension permanente créée depuis la Marche verte en 1975 est une aubaine pour la monarchie qui peut déployer son armée loin du centre du pouvoir et pour le régime d’Alger qui légitime le rôle politique des militaires par la menace sur les frontières ouest. Les dessous de table et commissions illicites prélevés lors de très importants contrats d’armement enrichissent les clientèles des deux régimes.

    Makhzen et stratégie de la tension

    Si un accord de modus vivendi semble accepté de part et d’autre, il n’en demeure pas moins qu’Alger et Rabat demeurent en compétition en termes d’influence régionale et continentale. Les politiques, pro-occidentale pour le Maroc, non-alignée pour l’Algérie, sont concurrentes et contradictoires, nourrissant une authentique animosité entre le Makhzen moyenâgeux et la dictature militaire algérienne. Malgré leur différence de nature, les deux régimes policiers et antidémocratiques représentent les faces différentes d’un semblable autoritarisme.

    Les rapports très distendus entre les deux capitales depuis l’annexion illégale du Sahara occidental par le roi Hassan II, qui avaient déjà débouché sur une rupture des relations diplomatiques en 1976 (à l’initiative de Rabat), se sont particulièrement dégradés depuis quelques mois au fil d’initiatives hostiles du Makhzen. Conforté par le soutien américain traduit par la reconnaissance, au mépris du droit international, de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental en échange de la normalisation avec Israël, le roi Mohamed VI semble avoir opté pour une approche politico-diplomatique offensive. Le mémorandum soutenant les revendications du MAK1, mouvement autonomiste kabyle sans ancrage social significatif, diffusé le 14 juillet dernier par le représentant du Makhzen aux Nations unies, constitue une provocation, certes sans grand impact mais qui met en exergue le double langage monarchique en direction des Algériens – puisque le roi a invité peu après, lors de son discours de la fête du Trône du 4 août, « le Président algérien à œuvrer à l’unisson au développement des rapports fraternels tissés par nos deux peuples durant des années de lutte commune – et constitue une provocation avérée.

    La stratégie de la tension menée par Rabat et soutenue par les principautés du Golfe persique, les Américains et les Israéliens, est avant tout fondée sur une évaluation de la situation politique et économique de l’Algérie. Selon les stratèges du palais, la fragilisation sans précédent des équilibres algériens depuis le Hirak et la chute d’Abdelaziz Bouteflika ouvre une fenêtre d’opportunité pour sceller définitivement l’emprise sur le Sahara en contribuant activement à l’affaiblissement durable de son voisin.

    Sionisme et wahhabisme : les ennemis aux portes

    Cette appréciation semble partagée par les alliés du Makhzen, notamment les pétromonarchies inquiètes devant la puissance du courant démocratique très pacifiquement exprimé par la société algérienne. Les émirs qui redoutent la contagion démocratique, souhaitaient une répression rapide du Hirak et n’apprécient guère la stratégie de strangulation graduelle du mouvement mise en œuvre par les polices du régime. Le refus d’Alger de s’aligner sur la ligne wahhabite en Libye et le développement d’une coopération politique avec la Turquie a fini par créer une certaine exaspération à Abu-Dhabi et Riyad. L’ouverture il y a plusieurs mois de consulats des Émirats arabes unis et du Bahreïn à Laâyoune, capitale administrative du Sahara occidental occupé, est un signal on ne peut plus clair du feu vert golfique aux options de Rabat, qui a pesé sans doute dans la reconnaissance officielle d’Israël par le royaume chérifien.

    Si elle a choqué l’opinion publique au Maroc, ou la cause palestinienne bénéficie d’un profond soutien populaire, la normalisation n’est en réalité que l’officialisation d’une relation très ancienne du Makhzen avec Israël. Le royaume, cheval de Troie impérialiste dans la région, collabore étroitement avec l’« entité sioniste » depuis fort longtemps et bénéficie notoirement du savoir-faire israélien en matière de renseignement et de guerre électronique. L’armée marocaine reçoit des équipements offensifs fabriqués par Tel Aviv, notamment des drones, et bénéficie d’une assistance opérationnelle d’experts israéliens. Le scandale Pegasus a jeté une lumière brutale sur la nature subversive et déstabilisatrice de la coopération entre deux systèmes coloniaux. Ce climat de familiarité avec le cœur du système makhzénien explique l’étonnante sortie, à partir de la capitale du Maroc, du ministre sioniste des Affaires étrangères le 12 août 2021 associant l’Algérie à l’Iran dans un « axe négatif » très connoté. L’intention est limpide, il s’agit pour ces protégés de l’impérialisme de diaboliser Alger en réanimant l’« axe du mal » inventé par les néoconservateurs autour de George W. Bush…

    Mais c’est incontestablement le soutien américain, diplomatique et militaire qui pèse décisivement dans la balance. L’administration Biden a confirmé la reconnaissance de la « marocanité » du Sahara occidental concédée par Donald Trump et n’a pas cherché à nuancer l’orientation anti-algérienne d’exercices militaires avec l’armée du Makhzen. Des manœuvres aériennes entre les deux armées de l’air américaine et marocaine, en 2019 et 2020 avaient déjà impliqué des bombardiers stratégiques dont on imagine mal le déploiement contre des groupes terroristes. Pour enfoncer le clou, les manœuvres conjointes entre les Forces armées royales et l’armée américaine, baptisées African Lion, du 7 au 18 juin 2021 simulaient quasi-explicitement une confrontation avec l’Armée nationale populaire…

    Ce soutien international dans un contexte régional marqué par la crise politique algérienne ouverte en février 2019 (et qui s’inscrit dans la durée) donne des ailes à un régime médiéval, corrompu et extrêmement inégalitaire, disposé à tous les reniements. Le soutien extérieur étant acquis, il ne reste plus au Makhzen que de tenter de mobiliser son opinion interne au prix d’audacieuses contorsions propagandistes. En effet, si le discours officiel est surtout centré sur la « cause nationale », l’annexion du Sahara occidental, il reste résolument mutique sur les enclaves espagnoles sur son territoire. Tandis que les mobilisations populaires pour les libertés, qui se multiplient depuis les années 2010, sont brutalement réprimées : un durcissement qui joue également un rôle important dans celui de la posture marocaine anti-algérienne.

    « Main étrangère » et « citadelle assiégée »

    L’hystérisation de cette posture convient parfaitement aux décideurs d’Alger, confrontés quant à eux à une crise pluridimensionnelle et à des perspectives socio-économiques plutôt inquiétantes. Le spectre de la menace extérieure régulièrement convoqué pour provoquer un sursaut « patriotique » autour du régime est réactivé par les provocations de Rabat. L’instrumentalisation du nationalisme vise principalement à éteindre la contestation politique et à susciter le ralliement autour du régime. Ce stratagème, usé jusqu’à la corde, ne rencontre toutefois qu’un écho relatif. Tout comme les agissements et le discours du Makhzen. L’opinion publique algérienne, informée et politique, sait parfaitement à quoi s’en tenir vis-à-vis des deux despotismes maghrébins.

    Les Algériennes et les Algériens dans leur vaste majorité sont loin d’ignorer que la menace effective sur la stabilité, la prospérité et la sécurité du pays procède précisément du sommet de la hiérarchie militaro-sécuritaire. La « main étrangère » responsable de la déstabilisation du pays se trouve au faîte des appareils de pouvoir.

    C’est bien sous l’égide de la coupole militaro-sécuritaire que les fondements productifs de l’économie algérienne ont été démantelés à la suite des accords de stand-by avec le FMI en janvier 1994. C’est sous la conduite des décideurs en uniforme que s’est formée, dans la prédation et la prévarication, une caste compradore qui a sapé méthodiquement les capacités productives nationales en altérant gravement l’image du pays. Les luttes féroces des groupes d’intérêts concurrents au sommet de la hiérarchie militaire depuis l’avènement du Hirak en février 2019 ont permis de donner une idée de l’ahurissant niveau de corruption du système. Trente généraux sont emprisonnés ou en fuite à l’étranger, tout comme des dizaines de ministres (dont deux Premiers ministres…). Il ne s’agit là que d’un reflet parcellaire ou sélectif d’une organisation de la prédation ostensiblement instaurée comme mode de gouvernement sous l’égide des appareils sécuritaires. Le système né du coup d’État de janvier 1992 a détruit l’administration du pays pour faciliter un processus d’accaparement criminel du patrimoine public et de détournement massif des produits de la rente des hydrocarbures.

    Dans la frénésie affairiste délinquante des années Bouteflika, l’Algérie des putschistes a perdu l’essentiel de la grammaire sociopolitique forgée durant la guerre de libération. L’effondrement interne, moral et politique, a accompagné l’effacement progressif du pays de la scène internationale et l’évaporation d’une part importante de son crédit diplomatique. La marginalisation politique d’Alger a culminé dans le mépris ostensible de l’Otan à l’égard des intérêts nationaux lors de la destruction de l’État frère de Libye en 2011.

    L’appareil diplomatique algérien mis entre parenthèses après le coup d’État contre la démocratie du 11 janvier 1992 a été méthodiquement déconstruit par l’entourage du président Bouteflika avec l’assentiment des généraux qui l’ont porté au pouvoir. L’objectif assigné au président par les militaires en 1999 était clair et très circonscrit : renouer les liens du régime avec l’Occident de plus en plus réticent à couvrir les exactions monstrueuses du régime dans sa « sale guerre » contre les civils. Abdelaziz Bouteflika et ses proches ont utilisé à cette fin leurs relais, au premier chef les potentats du Golfe, avec des conséquences préjudiciables sur la sécurité nationale. Au cours de cet interminable règne de près de vingt ans, la voix de l’Algérie est donc progressivement devenue inaudible sur le plan international et particulièrement au sud du Sahara.

    La quasi-disparition de l’Algérie de la scène africaine, conjuguée aux ratonnades contre les migrants sub-sahariens, a très visiblement affaibli l’influence continentale du pays, ce qui a permis aux alliés du régime sioniste d’apartheid de conquérir des positions en Afrique, jusqu’à permettre l’intégration de Tel Aviv en tant qu’observateur dans l’Union africaine.

    Un changement de paradigme contrarié

    Il reste que l’indignation officielle devant la « normalisation » marocaine prête à sourire. Sans même évoquer les visites et rencontres secrètes, le régime a ouvert des canaux de communication depuis la rencontre cordiale d’Abdelaziz Bouteflika avec Ehud Barak à Rabat en juin 1999 lors des funérailles de Hassan II. Le même Bouteflika a rencontré Shimon Peres et d’autres dignitaires sionistes lors d’un séminaire aux Baléares en octobre de la même année sans que cela ne provoque d’émotion dans les cercles du pouvoir. Le régime a multiplié les gestes positifs en direction d’Israël, des journalistes et universitaires, proches de la police politique, se sont par exemple rendus à Tel Aviv en 2009, subissant quelques critiques de pure forme. Des critiques épargnées au général Ahmed Gaïd-Salah et à d’autres officiers de haut rang qui se sont affichés la même année dans des réunions de l’OTAN aux côtés de hauts gradés israéliens. Après tout, une propagandiste de l’éradication, aujourd’hui sous les verrous pour corruption, a bien été ministre pendant douze ans malgré une visite très médiatisée à Tel Aviv en 19962….

    Le régime algérien n’a pas exprimé la moindre réserve à l’endroit du processus de normalisation engagé par les principautés du Golfe, notamment les Émirats arabes unis, qui n’ont jamais bénéficié auparavant d’une aussi grande influence en Algérie, jusqu’aux centres décisionnels de l’armée. En sus d’une ouverture économique au détriment de l’intérêt national, les Émirats arabes unis, qui contrôlent les principaux ports algériens, sont associés à l’ANP dans d’étranges opérations d’achat de matériel militaire (deux frégates en Allemagne) et de joint-ventures (unités de montage de camions et de blindés légers) dans des environnements financiers opaques. La proximité émiratie avec l’armée algérienne est illustrée par les fréquents déplacements des sommets de la hiérarchie militaire vers un pays qui a été la destination du premier voyage à l’étranger du général Saïd Chengriha, chef d’état-major qui a succédé, en décembre 2019, au général Ahmed Gaïd-Salah, brusquement décédé dans des circonstances peu claires. Il n’est pas anodin de rappeler que le chef de la DGSI, police politique militaire, depuis avril 2020, le général Abdelghani Rachedi, était auparavant attaché militaire à Abu Dhabi.

    De fait, l’interdiction de porter le drapeau palestinien lors des manifestations du Hirak n’est pas une décision neutre. Au prétexte du bannissement de tous les drapeaux à l’exception de l’emblème national, il s’agit bien, tous l’ont compris, d’une indication de réorientations contre-révolutionnaires torpillées par la seule volonté du peuple algérien, qui s’identifie naturellement au peuple de Palestine dans sa lutte de libération. Le soutien à la Palestine et la détestation du colonialisme sont au cœur de l’identité politique de la société algérienne. Aucun régime ne peut aller à l’encontre de cette orientation fondatrice sans risquer des ruptures majeures.

    Autonomie vs hégémonie, entre Est et Ouest

    La réorientation vers l’Occident de la diplomatie algérienne se heurte également à un obstacle militaire particulièrement difficile à contourner. En effet, la plus grande part de l’armement de l’ANP est traditionnellement issue des usines russes. L’adossement de l’armée aux arsenaux russes est ancien, datant d’avant même l’indépendance du pays. L’Union soviétique a toujours mis à disposition ses armes, y compris les plus modernes, à des prix particulièrement compétitifs3. À la suite de l’URSS, la Fédération de Russie4 fournit des équipements militaires de haute technologie que les Occidentaux, les Américains en particulier, pourtant sollicités avec insistance, refusent de vendre à l’Algérie.

    Le soutien à la cause palestinienne et le non-alignement tenace de l’Algérie expliquent largement les fins successives de non-recevoir de Washington pour l’acquisition de matériels sensibles. Les militaires, qui disposent des ressources financières nationales et ne dépendent pas de l’aide étrangère, ne peuvent se résoudre à réduire le seuil qualitatif ouvert par Moscou. Cette orientation a été actée par le partenariat stratégique conclu lors de la visite de Vladimir Poutine en mars 2006 qui scelle durablement la relation militaire bilatérale. L’ouverture à des fournisseurs tiers est donc opérée ponctuellement et à la marge des besoins d’équipement stratégique de l’ANP. Très concrètement, la méfiance des Occidentaux vis-à-vis d’un pays jugé « irrédentiste » malgré tous les reculs du régime et leur réticence à livrer les systèmes d’armes dotés du niveau de performances attendu par l’armée algérienne contribuent à maintenir celle-ci hors du champ de coopération « de confiance » en confortant la position russe dans le pays.

    L’ancrage russe (et, dans une mesure moindre, chinois) de l’ANP est donc consolidé paradoxalement par la persistance de la méfiance occidentale vis-à-vis de l’Algérie. L’ANP a pourtant effectué de nombreux gestes en direction des États-Unis et de leur sphère d’influence. Outre la participation à des réunions et manœuvres de l’Otan, la coopération extrêmement étroite en matière de renseignement et de lutte antiterroriste s’est accompagnée par des facilités de présence en Algérie, l’autorisation de survol du territoire par les aviations militaires d’États extracontinentaux et le soutien logistique aux forces expéditionnaires dans la région. Ces dispositions visant à l’équilibre diplomatique ne semblent pas influer sur la perception américaine notamment, comme l’illustre le renforcement des dispositifs autour du pays5 et les cibles trop identifiables des exercices militaires conjoints avec les pays de la région.

    Le Makhzen : contre le régime ou contre l’Algérie ?

    Les deux pays les plus peuplés du Maghreb, bien que se situant plus que jamais dans des camps idéologiquement distincts et géopolitiquement concurrents, font face néanmoins à des contestations politiques aux formes très voisines. Appelés Hirak dans les deux pays, ces mouvements, dans la province du Rif au Maroc et sur tout le territoire en Algérie, sont l’objet dans les deux pays d’une répression très brutale. Les animateurs politiques ou des figures de ces Hiraks pacifiques sont arrêtés, torturés et lourdement condamnés par une justice aussi servile au Maroc qu’en Algérie. Des dizaines de militants des droits de l’homme, des journalistes sont violentés et emprisonnés arbitrairement. Si les deux systèmes politiques ne se ressemblent pas effectivement, ils ont recours aux mêmes méthodes et partagent la même aversion pour le droit et la démocratie.

    Ainsi, en dépit d’un bilan désastreux en termes de respect des droits de l’homme et du droit international, la monarchie marocaine est encore plus fermement insérée dans le dispositif stratégique de l’Occident. Le Makhzen, organisation féodale moyenâgeuse, est considérée comme un partenaire tout à fait acceptable par les parangons européens et américains de la modernité démocratique. L’Algérie, malgré la réduction de sa marge de manœuvre et la difficile redéfinition du non-alignement dans une multipolarité globale encore en gestation, maintient un cap minimal décolonial, anti-hégémonique et rejette la normalisation avec Israël. Mais les deux systèmes, et c’est là sans doute l’essentiel, bénéficient l’un et l’autre du soutien du G7 au nom de la stabilité régionale, menacée par l’effondrement des États corrompus du Sahel et la multiplication des groupes « djihadistes », et des intérêts bien compris des « grandes puissances ».

    Les crispations des dernières semaines relèvent-elles pour autant du psychodrame bilatéral auquel sont habituées les deux capitales ? La présence active d’Israël sur les frontières ouest, notamment sur le mur de défense érigé au Sahara occidental, modifie l’équilibre des forces dans la région. La mort d’Addah Al-Bendir, chef de la gendarmerie sahraouie, tué par un missile probablement tiré à partir d’un drone en avril 2021, pourrait bien représenter l’élément déclencheur d’une élévation du niveau de conflictualité au Sahara occidental par l’introduction d’armements nouveaux…

    Même s’il est à peu près avéré que ni Rabat ni Alger ne souhaitent s’engager dans une guerre ouverte, l’hypothèse d’une confrontation à la suite de dérapages ou de provocations n’est pas à exclure. On a peine cependant à imaginer les satrapes du Makhzen ou la gérontocratie militaire algérienne se fourvoyer dans une aventure incertaine dont aucun des protagonistes ne sortira indemne.

    A moins que, fort du soutien américano-israélien, le roi du Maroc et son entourage pourraient estimer que l’heure serait venue d’asseoir définitivement leur souveraineté sur le Sahara face à une Algérie fragilisée, et ne tente un coup de force. Au-delà d’une pure gesticulation, la diffusion du tract soutenant les revendications sécessionnistes du MAK par l’ambassadeur marocain aux Nations unies va dans le sens d’une surenchère belliqueuse. Les parrains de Rabat autoriseront-ils une telle évolution ? L’Algérie, dernier pays du Front du refus6 encore debout, reste sourd au chant des sirènes normalisatrices et abrite une société politique populaire consensuellement attachée à l’indépendance du pays et à la solidarité avec les peuples en lutte, tant en Palestine qu’au Sahara occidental. L’encouragement du séparatisme identitaire pour casser le front social et le consensus politique national tel que proclamé le 1er novembre 1954 n’a donc pas grande chance de porter ses fruits. La cohésion nationale, ainsi que l’a démontré le Hirak depuis le premier jour, ne peut être remise en cause par des mouvements marginaux et sans relais majeur dans la société, quelle que soit l’ampleur du soutien étranger dont ils bénéficient.

    Vers un Maghreb démocratique ?

    Les stratégies de déstabilisation et les actes de provocation du Makhzen sont d’autant plus inacceptables qu’ils sont dirigés contre le voisin le plus proche à tous points de vue. Mais ils illustrent bien l’immoralité et l’irresponsabilité d’une monarchie qui écrase les libertés, méprise le droit international et disposée aux plus indignes trahisons. L’opinion publique en Algérie sait faire la différence entre le peuple marocain frère et les félons qui dirigent leur pays. Tout comme l’opinion au Maroc sait ce qui sépare le peuple algérien d’une dictature sans scrupules.

    À contrecourant de l’histoire, les absolutismes royaux d’un autre temps et les autoritarismes militaro-policiers caducs sont voués à disparaître, et il faut espérer que cette évolution inévitable se fasse au moindre coût humain et politique. Il s’agit là de l’ultime responsabilité de castes de pouvoir à Alger et Rabat qui auront, chacune dans ses propres dérives et ses trahisons respectives, démontré leur impéritie et portent tout le poids des vicissitudes qui empêchent la constitution du Grand Maghreb. Les crises de ces régimes ne sont pas celles des peuples.

    Dans tout le Maghreb, les nouvelles générations ne sont dupes d’aucune manœuvre et ne mettront pas en jeu leur évidente communauté de destin pour permettre à des organisations de pouvoir illégitimes et illégales, qui n’offrent à leur jeunesse que le désespoir et l’immigration clandestine, de se maintenir dans le mensonge et la violence. La modernisation politique est impérative, tant les défis qui attendent les sociétés maghrébines dans les années à venir sont immenses, complexes et nécessitent la mise en commun de tous les moyens et la mobilisation de toutes les compétences disponibles. L’avenir du Maghreb est entièrement dans la démocratie, le respect du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et la constitution, enfin, d’États de droit pour les libertés et de justice. Les peuples du Maghreb rejettent toute hégémonie ou mise sous tutelle et sont indéfectiblement solidaires du peuple palestinien dans sa lutte de libération décoloniale. La fraternité de tous les peuples du Maghreb est inaltérable.

    Notes

    1 Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie. Organisation groupusculaire, surtout présente en France et au Canada, dirigée par Ferhat Mehenni, un ancien chanteur, qui revendique l’indépendance de la Kabylie.

    2 Khalida Messaoudi-Toumi s’est rendue à Tel Aviv en compagnie de la journaliste française Elisabeth Schemla en mars 1996.

    3 Voir général Rachid Benyellés, Dans les arcanes du pouvoir. Mémoires 1962-1999, Barzakh, Alger, 2017.

    4 Sur la relation Algérie-Russie, voir Mansouria Mokhefi, « Alger-Moscou : évolution et limites d’une relation privilégiée », Politique étrangère, n° 3, 2015.

    5 Comme le renforcement de la base aérienne de Moron de la Frontera en Andalousie.

    6 Le « Front du refus », ou « Front du refus et de la fermeté », face à une normalisation avec Israël, réunissant l’Algérie, la Libye, la Syrie, le Yémen du Sud et OLP, a été créé lors du Sommet de Tripoli du 1er au 5 décembre 1977. Il a été ainsi dénommé par opposition au « Front du silence » réunissant les pays du Golfe persique et le « Front de la capitulation » mené par l’Égypte et le Soudan avec l’appui du Maroc (voir Paul Balta, « Les aléas des relations avec le monde arabe », Le Monde diplomatique, novembre 1982).

    Omar Benderra, Algeria-Watch, 31 août 2021

    Hoggar, 05/09/2021

  • Maroc: Des proches d’émigrés détenus en Libye manifestent à Rabat

    Maroc: Des proches d’émigrés détenus en Libye manifestent à Rabat

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    Rabat, 6 sept (EFE) .- Des dizaines de proches de migrants marocains en situation irrégulière détenus en Libye ont organisé aujourd’hui un sit-in à Rabat pour demander l’intervention du gouvernement marocain pour rapatrier leurs enfants.

    Les participants à la manifestation, qui s’est déroulée devant le siège du ministère des Affaires étrangères, portaient des drapeaux marocains, des photos du roi Mohamed VI, ainsi que des images de leurs proches, qui ont été arrêtés après avoir tenté de rejoindre l’Italie via la Libye.

    Les pères, mères et frères et sœurs de ces détenus ont également scandé des slogans tels que « nos enfants sont des victimes, où est le gouvernement ? ».

    « Nous exigeons que nos enfants détenus en Libye nous soient rendus », a déclaré à Efe Abdellatif el Ouadni, l’un des participants.

    Les Ouadni se sont rendus aujourd’hui depuis la ville de Beni Mellal, à 230 kilomètres au sud de Rabat, pour assister à la manifestation et demander l’aide du gouvernement pour rapatrier leur fils Redouane, 25 ans, détenu en Libye depuis trois mois.

    « C’est un jeune homme qui rêvait d’arriver en Europe pour régulariser sa situation, mais ils l’ont arrêté en Libye. Je demande au Gouvernement et à Sa Majesté de nous rendre ces garçons », a-t-il ajouté.

    Les organisateurs de la manifestation ont annoncé qu’ils entameraient, à partir d’aujourd’hui, une grève de la faim de trois jours et un voyage de camping de sept jours devant le ministère des Affaires étrangères pour faire pression sur l’exécutif marocain.

    En 2017 et 2018, le Maroc a rapatrié un total de 773 migrants qui avaient été piégés ou détenus en Libye alors qu’ils tentaient de traverser une route migratoire vers l’Europe au milieu de l’instabilité politique et sécuritaire dont souffrait le pays. EFE

    Swissinfo, 06/09/2021

  • L’Europe et la peur d’ouvrir la porte au terrorisme islamiste

    L’Europe et la peur d’ouvrir la porte au terrorisme islamiste

    Europe, Union Européenne, terrorisme, islamisme, Maroc, Algérie, Tunisie, Mauritanie, Libye, Afghanistan,

    Le Vieux Continent est entouré par l’instabilité de certains pays et l’infiltration de djihadistes parmi les réfugiés.

    La Libye, la Tunisie, l’Algérie, le Maroc, le Sahara occidental, la Mauritanie, l’ouest géographique du monde arabe, le Maghreb – « le lieu où le soleil se couche » en langue arabe – sont en première ligne de l’instabilité islamiste après la chute de l’Afghanistan, projetant sur l’Espagne et toute l’Europe méditerranéenne l’ombre de menaces inquiétantes, de l’immigration indésirable au terrorisme.

    Iyad Ag Ghaly, le leader du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, une coalition de gangs et d’organisations islamistes liés à Al-Qaïda dans la vaste zone désertique du Sahel, a été l’un des premiers à réagir à la chute de Kaboul : ‘ Rendons hommage et tirons les leçons du nouvel « émirat » islamique d’Afghanistan, après le retrait des troupes d’invasion américaines, fruit final de nombreuses années de combat. La réaction d’Ag Ghaly est hautement symbolique à plus d’un titre : le personnage, malien de naissance, a consacré toute sa vie à la lutte armée contre la France (grande puissance tutélaire dans l’ouest du Sahel, où il a déployé plus de 5 000 soldats depuis 2014). Il est en contact avec toutes les familles de l’islamisme subversif depuis de nombreuses années, en Afrique, au Moyen-Orient et en Afghanistan, transitant, du Mali au Liban, en passant par la Libye, le pion le plus fragile et le plus instable de tout le Maghreb.

    Libye : infiltrée par les affiliés de Daech

    En Libye, la mise en place d’un régime islamiste en Afghanistan a été perçue comme un « indicateur de tendance » par un gouvernement qui se trouve dans une situation précaire et instable. Entre 2014 et 2020, le pays a connu une guerre civile partiellement inachevée, le gouvernement étant harcelé de toutes parts et, en particulier, par des gangs islamistes dans l’est du pays, où en 2014 l’État islamique autoproclamé de Libye a été créé avec l’objectif spécifique d’établir un « califat » islamique dans tout le Maghreb. Ce groupe libyen fait partie de l’archipel subversif de Daech.

    Dans la ville libyenne de Zliten se trouve la légendaire mosquée Al-Asmariya, officiellement présentée comme l’Université des sciences islamiques, l’un des grands centres de l’islam soufi, comparable à la mosquée Al Azahar, au Caire, ou à la Grande mosquée d’Oujda au Maroc. .

    La Libye est à la fois un drain pour les immigrés et les islamistes africains et une base d’opérations djihadistes. Bien avant la chute de l’Afghanistan, le chercheur Jesús A. Núñez Villaverde, commentait pour le Royal Elcano Institute la situation libyenne en ces termes : « L’idée que la Libye continue de s’enfoncer dans un abîme s’impose. La Libye est aujourd’hui un territoire atomisé dans lequel personne ne représente vraiment personne et dans lequel la grande majorité des acteurs en jeu ne cherchent qu’à lutter avec ce qui est à tout moment à leur portée ». Depuis des semaines, les chefs de guerre des organisations et gangs islamistes harcèlent le fragile gouvernement libyen, dans une situation très précaire.

    Tunisie : Corruption et instabilité

    Le président par intérim de la Tunisie en juillet dernier a donné quelque chose de très similaire à un coup d’État, pour prendre tous les pouvoirs et contrôler Ennahdha, le premier parti d’opposition islamiste. La corruption, l’instabilité et l’incertitude favorisent les bouleversements islamistes.

    Ennahdha est un parti islamiste conservateur, créé à l’image et à la ressemblance des Frères musulmans égyptiens, avec une présence historique exceptionnelle dans la société tunisienne, en conflit et tension permanente avec tous les gouvernements officiels. Assumant tous les pouvoirs, Kaïs Saied, chef de l’Etat tunisien, sépare les islamistes des centres de pouvoir. Les optimistes espèrent qu’un nouvel homme fort réussira à préserver la stabilité tunisienne.

    Marek Halter, écrivain, essayiste, connaissant bien les conflits au Moyen-Orient et au Maghreb, commente après une récente visite en Tunisie : « La corruption et l’islamisation forcée ont fait des ravages, elles ont sapé la vie politique tunisienne. Moncef Marzouki, qui fut le premier président de la République démocratique tunisienne, ajoute : « La révolution tunisienne qui promettait la liberté et le progrès a échoué parce que les islamistes ont soutenu la contre-révolution. L’actuel président a effectué un coup d’État. Personne ne sait ce qui se passera demain.

    Algérie : les échos de la guerre civile résonnent

    En Algérie, les islamistes ont annoncé leur triomphe aux élections de juin dernier. Le gouvernement n’a pas clarifié les résultats finaux avec précision. Les islamistes avaient déjà remporté une élection en 1990/91. Le gouvernement n’a pas accepté ce triomphe. Une guerre civile a éclaté qui a duré jusqu’en 2002, faisant plus de 200 000 morts. La corruption et la misère continuent d’être le terreau où l’islamisme reste une menace forte.

    Il y a tout juste dix jours, le ministère algérien de la Défense publiait ce bref communiqué : « Dans le cadre de notre lutte contre le terrorisme, les forces de l’Armée nationale populaire ont capturé un dangereux terroriste, Laouar Fahim, connu de Naïm, qui travaillait pour le groupes terroristes depuis 1994′. L’islamiste détenu avait en sa possession des armes, des munitions et quelque 5 000 euros, une somme exceptionnelle dans les déserts algériens, qui servent de pont entre le Sahel et la Méditerranée. Au cours des six premiers mois de cette année, l’armée algérienne a abattu une dizaine de terroristes islamistes. La guerre civile, religieuse, islamiste de la fin du 20e siècle a fait plus de 200 000 morts. Le nouvel « émirat » afghan nourrit de sanglants espoirs islamistes.

    « L’islamisme le plus radical a conquis un pays, l’Afghanistan, et cette victoire résonne dans tout le monde musulman »
    Kamel Daoud, essayiste d’origine algérienne, commente ainsi l’évolution des crises : « L’islamisme le plus radical a conquis un pays, l’Afghanistan, et cette victoire résonne dans tout le monde musulman. En Algérie, la deuxième chute de Kaboul aux mains des barbares n’est pas très excitante. Depuis la guerre civile entre les islamistes et le régime, l’héritage des « pères » djihadistes, les « Afghans » algériens, rentrés de l’école de guerre en Afghanistan, n’est pas oublié. De nombreuses élites algériennes sont tentées de fuir, de s’exiler, craignant les crises à venir, victimes d’attaques de désespoir contenu ».

    Maroc : en attendant les élections

    Le Parti marocain de la justice et du développement (PJDM) est officiellement un « parti islamiste non-révolutionnaire ». Il fait partie de la coalition gouvernementale et il reste à voir comment il évoluera après les élections de mercredi. Pendant des années, les dirigeants marocains ont déclaré que Rabat partage avec Paris la peur de la croissance et des menaces de l’islamisme radical.

    Youssef Chiheb, politologue marocain, insiste sur ce point : « L’islamisme radical est un ennemi commun, pour la France, pour le Maroc, pour tout le Maghreb. D’où la nécessité de coopérer dans les domaines les plus sensibles. Il n’échappe pas à Chiheb, en même temps, que le PJDM, le parti islamiste marocain, a une vision de la « démocratie islamique » plus ou moins similaire à celle de Recep Tayyip Erdogan, président de la Turquie. Une nuance qui n’est pas forcément rassurante. La crise récente à Ceuta donne une première idée des proportions inflammables que pourrait avoir une croissance incontrôlée de l’islamisme conservateur marocain.

    Mauritanie : Installée dans l’opposition

    En Mauritanie, le premier parti d’opposition est un parti islamiste et le gouvernement s’enflamme contre ceux qui osent critiquer l’islam, justifiant la colère de ceux qui ont tué pour défendre leur religion contre les auteurs des caricatures de Mahomet.

    La Mauritanie est un État islamique fragile, un bouchon et un drain pour les gangs djihadistes de l’immense bande saharienne du Sahel, où opèrent de nombreux gangs et organisations terroristes, proches des différents affiliés de Daech et d’Al Qaida.

    L’installation d’un « émirat » islamiste, les talibans, en Afghanistan, d’où opèrent d’autres familles de l’islam subversif et terroriste, peut être une menace universelle.

    La croissance et la propagation de l’islamisme, entre le Sahel et l’ensemble du Grand Maghreb, de la Libye à la Mauritanie, menacent bien plus étroitement toute l’Europe méditerranéenne, à commencer par l’Espagne bien sûr.

    Juan Pedro Quiñonero

    ABC, 05/09/2021

  • Retour gagnant de la diplomatie algérienne

    Retour gagnant de la diplomatie algérienne

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    Après s’être débarrassé des «gamineries » du palais royal en coupant les ponts avec un narco-royaume totalement sous emprise du sionisme international, l’Algérie, à travers sa diplomatie, est partie à l’assaut de la paix dans la région. Il eut récemment la première véritable réunion autour de la Libye à Alger. Le dossier connaît une autre dynamique.

    Les dossiers du barrage éthiopien et de la crise malienne sont désormais les prochaines priorités. Il demeure néanmoins évident qu’il ne suffit pas de souhaiter une fin de conflit pour que cela devienne une réalité du jour au lendemain. Sur ces deux questions, comme sur d’autres, la diplomatie algérienne se doit de faire montre d’un véritable sens de persuasion.

    Cela dit, les signaux de l’efficacité de l’Algérie à l’échelle du continent ne manquent pas. Et pour cause, il n’y a qu’à voir la manière dont a été gérée la crise malienne. Au plus fort des troubles qui ont secoué ce pays, la perspicacité et la détermination de la diplomatie algérienne a bel et bien été démontrée. En effet, amener une majorité de membres de l’Onu à considérer qu’une action armée dans ce pays n’était pas la solution idoine constituait à l’époque des faits une grande victoire pour l’Algérie.

    Rappelons que cette thèse avait contré celle défendue par la France et ses anciennes colonies en Afrique de l’Ouest qui militaient pour une intervention militaire au nord Mali. Pour avoir bien appris la leçon afghane, l’Etat français avait exclu le déploiement de ses troupes, mais avait promis une aide matérielle conséquente.

    Cette approche va-t-en-guerre qui a montré ses limites, à travers l’échec de l’opération Barkhan, n’arrangeait, bien entendu, pas les affaires des pays du Champ qui ont en commun la région du Sahel. Même soutenue par un membre permanent du Conseil de sécurité de l’Onu, la solution du tout militaire n’avait pas trouvé le chemin de sa réalisation sur le terrain. Au final et après beaucoup de tergiversations et deux coups d’Etat, c’est l’option politique qui continue à se faire valoir. D’ailleurs un fait majeur s’est produit très récemment et qui vient appuyer la thèse algérienne d’une issue malienne au problème créé par les Occidentaux en attaquant la Libye.

    Le fait majeur en question est la rencontre entre le ministre des Affaires étrangères et l’ensemble des chefs des mouvements maliens signataires de l’accord d’Alger pour le Mali.

    Cela constitue une forte garantie de la possibilité d’une solution pacifique de la crise dans ce pays.

    Par Nabil G.

    Ouest Tribune, 05/09/2021

  • L’Algérie veut être associée au processus du retrait des mercenaires de la Libye

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    L’Algérie veut être partie prenante du processus visant à assurer le retrait des mercenaires et des forces étrangères de Libye, a déclaré avant-hier, le ministre des Affaires étrangères et de la communauté nationale à l’étranger, Ramtane Lamamra précisant que l’Algérie souhaitait être associée aux travaux du comité militaire mixte libyen 5+5 chargé de cette question.
    « Nous entendons être partie prenante en tant que pays voisin de ce processus (de retrait des mercenaires). Normalement c’est le comité militaire 5+5 qui a la charge de déterminer les modalités de ce retrait, mais nous avons marqué de l’intérêt en tant que pays voisin pour être associé, d’une manière ou d’une autre, aux travaux de ce comité 5+5 comme d’ailleurs au forum politique », a déclaré Ramtane Lamamra lors d’une conférence de presse co-animée avec son homologue libyenne, Najla Al Manqoush, au terme de la réunion des pays voisins de la Libye. 
    « Nous ne cherchons pas à faire de l’intrusion dans les institutions qui se réunissent aujourd’hui pour mettre en oeuvre les conclusions de Berlin (conférences de Berlin 1 et 2 consacrées à la question libyenne), mais nous cherchons à être sûrs que notre point de vue soit entendu et que nos propositions, que nous considérons comme justes, réalistes et rationnelles, soient dument prises en considération », a-t-il dit en réponse à une question de l’APS. 
    Le Chef de la diplomatie algérienne a tenu à préciser que « la question du retrait des mercenaires, des terroristes et des forces irrégulières est une question fondamentale qui conditionne le succès des élections » présidentie les et législatives prévues en décembre prochain en Libye. « Le retrait des troupes ne relève pas de la responsabilité du gouvernement libyen mais de la re ponsabilité de la communauté internationale. Ceci doit être particulièrement clair », a-t-il assuré.
    « La Libye est la première victime de ces éléments irréguliers et le risque est réel que d’autres pays voisins soient également victimes si le retrait (des mercenaires) ne s’effectue pas d’une manière transparente, organisée et sous le contrôle et la responsabilité de la communauté internationale », a-t-il ajouté. 
    D’un autre côté, Ramtane Lamamra a exprimé la disponibilité de l’Algérie à « mettre son expertise à la disposition de nos frères libyens lors de la tenue des prochaines élections » « Il est attendu que la Libye accepte et accueille des observateurs pour les élections. L’Algérie sera intéressée par une présence (à l’opération électorale) à travers l’envoi d’un groupe d’observateurs, » a-t-il dit « La stabilité de la Libye est importante pour l’Algérie » 
    L’Algérie abrite depuis hier lundi une rencontre ministérielle des pays voisins de la Libye ayant regroupé les ministres des Affaires étrangères de la Libye, de la Tunisie, de l’Égypte, du Soudan, du Niger, du Tchad et du Congo, en plus de l’Envoyé spécial du SG de l’ONU pour la Libye, du SG de la Ligue arabe et du Commissaire de l’Union africaine aux affaires politiques, à la paix et à la sécurité.
    Le Président Abdelmadjid Tebboune a reçu, avant-hier au Centre international des conférences (CIC) à Alger, les délégations participant à la rencontre ministérielle des pays voisins de la Libye Lors de cette audience, le chef de l’État a affirmé que « les pays voisins de la Libye sont les plus soucieux de la stabilit dans ce pays, car l’instabilité les impacterait de manière directe . « Nous voulons que la Libye retrouve la place qui lui sied parmi les pays maghrébins, africains et arabes (…) 
    Grâce à sa position géographique et au vu de tous les moyens humains et économiques qu’elle recèle, la Libye peut s’ériger en pays influent dans le bassin méditerranéen, mais aussi au Maghreb arabe », a déclaré le Président Tebboune. -« Le peuple libyen frère passe une période très difficile » Après avoir remercié les délégations ayant pris part à cette rencontre, le chef de l’État a souligné que « cet acquis est d’autant plus important que tous les pays voisins de la Libye se sont réunis pour la première fois ». 
    « Cette réunion sera un nouveau départ pour le règlement de la cause libyenne complexe, en réponse aux aspirations du peuple libyen frère qui passe par des circonstances très difficiles », a ajouté le Président Tebboune. Un premier groupe d’observateurs du cessez-le-feu attendudans les semaines à venir De son coté l’envoyé spécial des Nations Unies pour la Libye, Jan Kubis, a annoncé un prochain déploiement du premier groupe d’observateurs du cessez-le-feu en Libye. « 
    Le déploiement d’un premier groupe d’observateurs onusiens du cessez-le-feu est en cours. Des installations temporaires à Syrte ont été identifiées, le premier groupe se déploiera, si les conditions le permettent, dans les semaines à venir pour soutenir le mécanisme de surveillance du cessez-le-feu (signé par les parties libyennes en octobre 2020) », a affirmé M.Kubis au cours de la réunion des pays du voisinage libyen, tenue à Alger. 
    Dans l’objectif d’une pleine mise en oeuvre de l’accord de cessez-le-feu, la commission militaire cojointe 5+5 a l’intention d’ « élaborer u plan d’action pour un retrait séquencé et échelonné et vérifiable des mercenaires et des combattants étrangers », a ajouté l’émissaire onusien. « Les voisins de la Libye doivent également être engagés dans ce processus, celui lié au retrait des combattants et des mercenaires étrangers », a-t-il souligné. 
    À ce sujet, il dira que  » le retrait (…) doit s’accompagner d’efforts intensifiés dans toute la Libye et dans l’ensemble de la région pour s’attaquer aux causes profondes de l’instabilité, notamment par le biais de programmes de réconciliation, de consolidation de la paix et de développement inclusifs axés sur les jeunes et l’autonomisation des femmes ». « Des mesures et programmes coordonnés et complémentaires soutenus et cofinancés par la communauté internationale, associés à une action internationale résolue contre le crime et les trafics en tout genre et des mesures de coopération visant à renforcer le contrôle dans les zones frontalières (…)
    doivent être une partie de la solution si elle doi être durable », a suggéré M. Kubis. L’envoyé spécial a, en outre, assuré que l’ONU était prête à « soutenir le processus de désarmement, de démobilisation et de réintégration et celui de la réforme du secteur de la sécurité, dirigé par la Libye pour la stabilisation du pays et de la région au sens large ». L’Italie et l’Algérie partagent « la même position » L’Italie et l’Algérie partagent « la même position » sur la crise libyenne notamment en ce qui concerne le départ des mercenaires et la non-ingérence étrangère dans les affaires internes, a déclaré l’ambassadeur d’Italie àAlger, Giovanni Pugliese, reçu au siège du quotidien l’Expression. 
    Saluant le rôle « positif » de l’Algérie dans le règlement de la crise libyenne, l’ambassadeur d’Italie a déclaré que son pays « accorde une grande importance à ce qui sortira » de la réunion des pays voisins de la Libye qui a pris fin mardi à Alger après deux jours de travaux. « Sur le dossier libyen, nous partageons avec l’Algérie les mêmes positions, notamment en ce qui concerne le départ des mercenaires et la non-ingérence étrangère dans les affaires internes ainsi que le règlement de la crise libyenne », a réaffirmé Giovanni Pugliese.
    Pour rappel, les travaux de la réunion ministérielle des pays voisins de la Libye ont débuté lundi passé, à Alger, avec pour objectif d’aider les Libyens à parachever le processus de réconciliation nationale à travers, notamment la tenue, dans les délais, des élections générales prévues le 24 décembre 2021. Les ministres des Affaires étrangères de Libye, de Tunisie, d’Égypte, du Niger, du Tchad, du Soudan et de la République du Congo ont pris part à cette réunion, présidée par le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ramtane Lamamra. 
    M.Lamamra et son homologue libyenne Najla Al Manqoush ont souligné, lors d’une conférence de presse au terme de la réunion, la nécessité de l’implication des pays voisins de la Libye pour régler la crise que traverse ce pays. Et le Chef de la diplomatie algérienne a estimé aussi que « le retrait des mercenaires, des terroristes et des forces irrégulières est une question fondamentale qui conditionne le succès des élections présidentielles et législatives » prévues en décembre prochain. 
    Outre la crise libyenne, l’ambassadeur d’Italie en Algérie, a par ailleurs évoqué la coopération bilatérale entreAlger et Rome en particulier sur le plan économique. « Nous avons beaucoup d’espoirs dans les réformes économiques en cours en Algérie et surtout dans l’amélioration du climat des affaires ainsi que des réformes bancaires », a-t-il affirmé dans ce sens, souhaitant qu’ « une place de choix soit réservée à l’Italie dans le cadre de ces réformes ».
    Séduit par le marché algérien qui offre de nombreux avantages dont une main-d’oeuvre jeune et qualifiée, le coût faible de l’énergie, le diplomate italien a soutenu: « Nous voulons aller très loin avec l’Algérie ». À ce titre, l’ambassadeur d’Italie a annoncé un grand business forum Alger qui sera exclusivement dédié aux micro entreprises. Dans le sillage de ce nouvel élan des relations algéro-italiennes, d’autres événements sont attendus dans les tout prochains mois dont des visites à un très haut niveau, selon le journal.
    Par : KAHINA HAMMOUDI
    Le Midi Libre, 02/09/2021
  • Les trois grandes batailles de la diplomatie algérienne

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    Dans sa conférence de presse, M. Lamamra a évoqué la Libye, la Palestine et l’Afrique

    Le ministre des Affaires étrangères a affirmé que «la solidarité avec le peuple palestinien est le ciment de la solidarité entre les pays du monde arabe et de l’action arabe commune». Une allusion frontale à la mère des batailles diplomatiques de l’Algérie indépendante.

    La réussite de la Conférence ministérielle des pays voisins de la Libye a définitivement replacé l’Algérie dans les sphères diplomatiques majeures de la sous-région et du continent africain. Plus qu’une impression, la dimension prise par la voix algérienne lors de la conférence et à l’occasion de la conférence de presse animée par le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, démontre le poids du pays dans les choix stratégiques du continent.

    Et comme dit l’adage, l’appétit vient en mangeant, le ministre ne cache pas l’intention de l’Algérie de faire du prochain sommet de la Ligue arabe qui se tiendra à Alger, celui de la réunification. En mettant en exergue l’attachement de l’Algérie «à l’initiative arabe de paix», M.Lamamra a souligné le fait que «le Sommet arabe devrait se tenir à la date prévue». «L’Algérie est prête à l’abriter et des efforts sont en cours pour en assurer le succès», a-t-il ajouté.

    Le ministre des Affaires étrangères a également affirmé que «la solidarité avec le peuple palestinien est le ciment de la solidarité entre les pays du monde arabe et de l’action arabe commune». Une allusion frontale à la mère des batailles diplomatiques de l’Algérie indépendante.

    A ce propos, le refus d’admettre la présence d’Israël comme pays observateur de l’Union africaine fait des vagues parmi les pays membre de l’UA, au moment où l’entité sioniste pensait que les jeux étaient faits. Sur le sujet précisément, M. Lamamra a indiqué que «c’est là une décision qui porte préjudice à l’unité de l’organisation et à l’action africaine commune».

    Cette simple déclaration a été ressentie comme un séisme à Rabat et à Tel-Aviv. La raison en est la cinglante déclaration du ministre qui qualifie l’accord de la présidence de la commission de l’UA, comme une atteinte à la crédibilité de l’UA. Pareil organisation «ne peut être construite dans les fora internationaux en déclarant un principe et en faisant le contraire».

    La voix de l’Algérie a été entendue et les choses se clarifient. Le ministre en veut pour preuve la dernière position des pays de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), qui se sont opposés à cette décision. «Nous souhaitons vivement que les esprits et les consciences s’éveillent et que des décisions soient prises afin de préserver la crédibilité de l’Afrique et l’unité de l’UA», d’autant que des pays amis qui ont un poids politique considérable soutiennent entièrement la position algérienne.

    Toujours en Afrique, l’Algérie a été sollicitée pour jouer la médiation entre l’Egypte, le Soudans et l’Ethiopie sur la question du barrage de la Renaissance qui a généré un conflit sur le partage de l’eau du fleuve du Nil.

    M. Lamamra a précisé que les déclarations du Premier ministre soudanais, Abdalla Hamdok, étaient «très positives» puisqu’il a salué les efforts de l’Algérie dans ce dossier. Cela encourage l’Algérie à poursuivre ses efforts dans ce sens jusqu’au règlement du différend, a-t-il ajouté.

    De son côté, l’Algérie a lancé récemment une initiative pour la tenue d’une rencontre entre l’Egypte, le Soudan et l’Ethiopie en vue de régler leurs différends autour de ce dossier. Cette démarche a été favorablement accueillie par ces derniers.

    Le 8 août, le Président Tebboune s’était dit «optimiste» quant au succès de l’initiative algérienne concernant ce dossier, appelant les pays concernés à «coopérer» et à faire prévaloir la raison pour un règlement pacifique de la crise. M. Lamamra a affirmé récemment que «l’Algérie est disposée à aider l’Egypte, le Soudan et l’Ethiopie à revenir à une situation normale dans les négociations sur le barrage de la Renaissance», afin de parvenir à une entente qui permettra aux trois peuples de bénéficier de cette ressource précieuse de manière organisée, transparente et équitable.»

    Sur la question libyenne, le ministre des Affaires étrangères a estimé que le succès des élections libyennes, prévues en décembre, «créera un climat favorable» à la réussite du Sommet arabe. Animant une conférence de presse avec son homologue libyenne, Najla El Manqoush, au terme de la réunion des pays voisins de la Libye, tenue à Alger, M. Lamamra a précisé que «le succès des élections libyennes, prévues avant la fin de l’année, créera un climat favorable à la réussite du Sommet arabe».

    Pour le chef de la diplomatie algérienne, «si le défi est relevé et qu’un retour à la normale est possible en Libye avec sa participation au Sommet arabe et à l’action arabe commune, la solidarité entre les peuples arabes concourra à la réussite du Sommet arabe».

    Nadera Belkacemi

    Ouest Tribune, 04/09/2021