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  • Des opérateurs algériens gèlent leur partenariat avec la France

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    L’onde de choc provoquée par les dernières déclarations du président Français, Emmanuel Macron, lesquelles ont été très mal perçues dans le sud de la Méditerranée, n’a pas laissé indifférents les habitants de la région des Aurès, berceau des révolutionnaires du 1er novembre 1954 notamment les opérateurs privés.

    Une vingtaine d’opérateurs économiques de la région de Batna ont annoncé, jeudi dernier, leur volonté de geler des projets de partenariat avec des entreprises françaises. L’initiative a été lancée par le propriétaire du Groupe BenBellat, spécialisé dans la fabrication de matériaux de construction, produits agricoles et équipements hydrauliques. La réunion de concertation tenue à Batna a réuni une vingtaine d’opérateurs de la région, et ce dans le but d’une réaction unifiée des hommes d’affaire batnéens à la suite des déclarations «inappropriées» du président français, qualifiées aussi de «calomnieuses à l’encontre de la mémoire collective du peuple algérien».

    Les récents développements dans les relations bilatérales entre l’Algérie et la France, du moins dans leur volet politique, semblent prendre une autre tournure, loin de la capitale, bastion du pouvoir. Un signal fort est donc venu du pays profond, et les initiateurs semblent vouloir envoyer un message franc à l’auteur de ce qui a été qualifié de «dérapage d’un chef d’Etat et d’immixtion dans les affaires intérieures algériennes».

    Versés dans les secteurs de la pharmacie, de l’agroalimentaire, de l’hydraulique, de l’habitat et autres équipements industriels, les opérateurs de la région des Aurès se sont ainsi réunis pour se concerter sur les voies à emprunter afin de donner «une réplique à la position intransigeante des hautes autorités du pays» quant au refus de toute forme d’ingérence étrangère dans les affaires algériennes.

    Interrogé par le Jeune Indépendant sur l’inopportunité d’une telle décision, laquelle pourrait nuire aux multiples coopérations avec les opérateurs étrangers de manière générale, l’un des opérateurs a expliqué que «les projets visés n’ont pas encore été entamés et que, par conséquent, aucun d’eux n’a encore été concrétisé». Il a ajouté que la décision se limite aux projets de partenariat non encore réalisés et que ceux entamés ne font l’objet d’aucune remise en cause, d’autant que des cahiers des charges liant sous contrat les parties concernées ne peuvent, en aucun cas, être remis en question.

    «La dignité passe avant le pain»

    Le président directeur général et principal actionnaire du Groupe BenBellat a expliqué, pour sa part, que la décision n’a aucune visée politique puisque «personnellement», il n’est nullement intéressé par un poste politique. Selon lui, la décision des industriels aurésiens obéit au seul principe «La dignité passe avant le pain».

    Il a précisé, en outre, avoir gelé quatre conventions en voie de finalisation avec des entreprises françaises versées dans l’équipement agricole, projets qu’il évalue à quelques millions d’euros. Le patron du groupe a ajouté que la valeur globale de la coopération entre les opérateurs économiques de la région et des entreprises françaises avoisinerait le milliard d’euros. Ces partenariats touchent essentiellement des produits et équipements industriels, agricoles, les travaux publics et l’hydraulique.

    Par ailleurs, les initiateurs de ce boycott n’écartent pas le fait que leur initiative puisse s’étendre à d’autres régions du pays. Cependant, certains écartent cette éventualité du fait que pareille décision pourrait aussi nuire à l’image, à l’attractivité et, surtout, à la crédibilité de l’Algérie en tant que terre d’accueil des investissements étranger futurs, d’autant qu’en haut lieu, l’on tente de définir de nouvelles mesures du plan de relance économique.

    Le Jeune Indépendant, 09/10/2021

  • Un mot des maux à Monsieur Macron

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    par El Yazid Dib
    Je vous écris ces quelques lignes en un mot tiré de plusieurs maux qu’il est préférable de les faire taire pour le moment. Un mot ; ni en complainte ni en lamentation. Une légitime défense.
    C’est avec un honneur d’algérien indépendant d’un pays libre et souverain que je tente d’élever ma voix pour la porter au jeune président que vous êtes encore pour quelques mois d’une France complexe. Je suis un adulte entièrement algérien, affranchi de toute subordination territoriale. Je ne suis plus cet enfant colonisé. J’ai appris à connaitre pour le subir, ce statut, lorsque p’tit écolier primaire je ne recevais jamais de livres comme cadeaux de fin d’année, mais des billes et des trompettes contrairement à mes camarades qui portaient une autre connotation phonétique et graphique en noms et prénoms que les miens. J’ai appris l’histoire dans le livre «histoire de France et d’Algérie» par Bonnefin et M.Marchand que «mes ancêtres étaient des gaulois». J’ai vu des images de Jugurtha dans une cage, prisonnier des romains. Mais pas le combat de l’Emir Abdelkader ou de Lalla N’soumer. Pour moi donc, l’histoire que vous dénoncez et voulez réécrire est une partie de ma vie. Celle-là je ne l’ai pas uniquement lue, mais vécue.
    Vous vous interpelez s’il «y avait une nation algérienne avant la colonisation française ?» Que répondre ? La diplomatie est un ensemble de proclamations, la vérité est un acte. Si l’Algérie n’existait qu’à l’arrivée de la France, quel pays aurait-elle alors envahi ? Quels étaient son nom, ses habitants, ses douars, ses dechras…? Sans avoir la prétention d’un quelconque brio ou expertise d’historien je sais que mon pays passant par plusieurs appellations s’est dénommé finalement «Djazaier» en 960 c’est à dire 870 ans avant le débarquement des troupes françaises. Mon présent mot n’est pas une plaidoirie, juste un «apaisement» de ma mémoire. Un rappel de faits. De ces mots, de ces lettres, de ces vomis ; il va y en avoir de chaque algérien que vos propos vulnérables et instables n’ont fait qu’exaspérer une liaison déjà malade de ce que vous qualifiez de «rente mémorielle» adoubée d’une ingérence à la volte-face et selon le baromètre de votre opinion publique. La nôtre n’étant qu’un surplus factice et coutumier à vos yeux. Certains diront, à peine perdue devant l’ignominie qu’il vaudrait mieux surpasser une haine que subir sournoisement une hypocrisie. C’est cette position différentielle qui trace la frontière entre les discours de divers bords. Zemmour et vous.
    Lui, est direct dans sa grasse répulsion de l’autre, vous , vous la maquillez. De l’exaspération à l’exacerbation. Vous auriez pu exprimer autrement tous les revers à l’égard de mon pays. Notamment sur son identité. Un déni d’être et d’existence ; c’est du piment fort. L’histoire est un fait têtu et non pas un libre commentaire d’homme politique, de surcroit président d’une république. On ne joue pas avec. « C’est un produit dangereux ». Dans ce sillage de déclarations, tous vos successeurs ont eu à faire autant, selon l’altimètre électoral du moment. La réconciliation des mémoires que vous sembliez chercher ne peut prendre une telle allure trop cavalière. Ce n’est pas un jeu de mots ou une simple embrassade ou des coups de fil répétitifs entre deux présidents mortels. Le chemin est donc long, très long autant, que béantes sont encore les déchirures. Le temps est encore court pour tenter de s’introduire dans ce qui s’apparente à un gros combat non seulement de mémoire mais aussi de moral. Ce dernier n’est pas disponible du tout à invoquer ce qui ne lui permet pas d’être au bon fixe. On ne peut tourner la page si facilement quand le sombre livre toujours ouvert nous renseigne d’un passé pas trop brillant. Plutôt funèbre et criminel. Vous avez votre histoire, permettez nous d’en avoir la nôtre. Selon nos souffrances et non pas conformément à vos vœux de vouloir la clore vite.
    «Je ne parle pas de la société algérienne dans ses profondeurs…», Aviez-vous spécifié la catégorie d’algériens visés par le sésame du visa. Connaissez-vous bien les profondeurs de cette société ? Savez-vous qu’elle n’habite pas à Hydra et sa progéniture n’est pas installée dans les grands boulevards parisiens, ni sur les bords de la Seine ? Elle crèche toujours dans les monts et piedmonts des Aurès, du Djurdjura, d’Arris, de Djorf, de Sebdou, de Mechria et de bien d’autres contrées qui divinisent toujours le sacrifice en gardant les stigmates d’une colonisation meurtrière. Cette Algérie profonde a totalement perdu le verbe français pour s’inscrire aux miracles d’obtention du visa. Elle ne déchiffre maintenant les lettres latines qu’à travers une langue internationale. L’anglais. Moi et ma génération, sommes les derniers à utiliser cette syntaxe. Le français n’est plus debout sur le terrain d’ici, dans cette Algérie profonde. Le français n’a pas, pour plus de véracité, à s’évaluer juste dans le centre d’Alger où il est pris comme un panache d’ouverture, alors qu’il ne s’agit que d’une mesquine frime citadine.
    Pour ce qui de la réduction des visas, c’est votre droit absolu. Une question de souveraineté sans ambages. Néanmoins consentez à le dire et vous le pensez, que si ce visa est parfois la clef d’un rêve pour toute cette nouvelle génération éprise d’évasion et de liberté ou son accès vers un cauchemar insoupçonnable , il est surtout un enjeu diplomatique obscur dans un enjeu politique versatile. Un moyen de pression. Une menace aux lèvres de votre ministre de l’intérieur. Que de remous n’ont eu à assombrir ce sensible et frileux dossier qui en finalité ne touche que des liens familiaux. A moindre degré ce «monde d’étudiants et économique. Quant au «milieu dirigeant» que vous dites cibler ; il ne circule pas via visas, dans sa majorité. Si ce n’est la bi-nationalité, c’est au tour du droit de séjour et de son autorisation de faire œuvre de faire-valoir.
    Et ce «milieu dirigeant» n’est-il pas le même qui circule sous l’étiquette du «monde économique» ? Que de gros avoirs illégaux ne se sont constitués sur votre terre aux dépends de cette «société algérienne profonde». Alors visa ou pas, cela n’influe pas trop sur la population, voyez ailleurs. Quant aux jeunes à désir ardent de fuir le pays , les vagues scélérates auront leur salut hypothétique vers les côtes espagnoles ou celles de Lampedusa. C’est vous dire aussi, que ce visa a été exploité et l’est encore pour frustrer par une procédure kafkaïenne au nom du fait du prince, les nombreuses illusions portées sur un pays beau, l’âtre des droits de l’homme, le creuset d’une révolution bouleversante. Ce visa si déifié par certains aurait été une passerelle entre deux pays partagés par la convoitise de l’un et l’instinct de survie de l’autre s’il n’était pas devenu une manette de manœuvre politico-sécuritaire. Ça ressemble un peu à politico-militaire non ? En fait ,Il est de principe naturel qu’aucune frontière n’est infranchissable. Les flux migratoire ont certes brouillé la géopolitique universelle. Les droits de l’homme ont été mystifiés le long de cette transhumance humaine. La France ne restera-t-elle cependant une terre d’asile et d’accueil qu’avec un marqueur ethnique, racial et religieux ? Le sélectif, l‘immigration choisie.
    Si l’on vous dit excellent dans l’art financier, vous vous coincez, mêlant les pinceaux dans les nuances hasardeuses de la politique. Celle-là Monsieur Macron n’est pas seulement un guichet de banque ou un ratio à rajouter à un autre. Elle n’a aucune morphologie ni fiduciaire ni scripturale, elle se drape toutefois de l’intérêt. Ce qui est tout à fait adroit car celui-ci n’est que réciproque. Tout comme la diplomatie qui ne se marie pas seulement avec un marché ou un capital à part unilatérale.
    En l’état, veuillez Monsieur Macron, excuser l’intrusion du vieil algérien grincheux et parfois ringard que je suis, dans ce «désaccord que la vie nous permet d’en parler et de le partager».
  • Algérie : le hashtag « Boycottez les produits français » devient viral

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    Selon PressTV, les Algériens se sont tournés vers Twitter et d’autres plateformes de médias sociaux pour refléter l’étendue du ressentiment populaire du pays face aux propos offensants récemment tenus par le président français Emmanuel Macron sur l’histoire ancienne de l’Algérie.

    Macron a accusé l’élite dirigeante en Algérie d’ »entretenir une rancune contre la France » et a remis en question l’existence d’une nation algérienne avant l’entrée du colonialisme français dans le pays en 1830.

    Les militants algériens ont qualifié le président français d’ »ignorant » et ont appelé à une réponse décisive à « l’empiétement » de Macron sur l’histoire du pays en faisant la promotion des hashtags « Boycott de la France » et « Boycott des produits français » ainsi que l’ »Expulsion de l’ambassadeur de France ».

    Le hashtag « Boycottez les produits français » a été largement diffusé en arabe, en français et en anglais, les militants partageant des tableaux classant les produits français et introduisant les produits algériens comme substitut.

    IQNA, 08/10/2021

  • Propos de Macron sur l’Algérie: «Une grave erreur», affirme Lamamra

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    Le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ramtane Lamamra, est revenu, encore une fois, sur les propos du président français, Emmanuel Macron, sur l’Algérie, les qualifiant de «grave erreur».
    Interrogé ce jeudi en marge de la troisième réunion Afrique-Italie, par l’agence de presse turque Anadolu, sur les déclarations d’ Emmanuel Macron à propos de la question mémorielle et sur l’histoire de la nation algérienne, Ramtane Lamamra a déclaré : «Nous avons répondu comme nous devrions répondre, très fortement et très fermement.» Il a affirmé, dans ce contexte, que l’Algérie rejette toute ingérence dans ses affaires internes.
    Il s’agit d’une question qui concerne le peuple algérien, seul qualifié à s’élever contre ces propos hostiles et «défendre collectivement notre indépendance et notre souveraineté face à ce que nous considérons comme une grave erreur de la part des autorités françaises», a précisé le chef de la diplomatie algérienne..
    «Nous faisons comprendre à tous les partenaires, et en particulier la France, que l’Algérie ne peut pas compromettre sa dignité pour la coopération et l’Algérie ne peut accepter aucune interférence dans ses affaires internes», a souligné M. Lamamra, reconnaissant que l’histoire de l’Algérie avec la France est «complexe et difficile».
    Le ministre a estimé , par ailleurs, que «quelle que soit la crise que traversent les relations algéro-françaises, elle n’aura pas d’impact sur les relations de l’Algérie avec des pays frères comme la Turquie».
    Pour rappel, M. Lamamra avait dénoncé mardi dernier, en des termes clairs, ces déclarations, lors de sa courte visite officielle à Bamako, au Mali, en les qualifiant de «faillite mémorielle», appelant la France officielle à décoloniser son histoire.
    «Nos partenaires étrangers ont besoin de décoloniser leur propre histoire», a déclaré le chef de la diplomatie algérienne». «Ils ont besoin de se libérer de certaines attitudes, de certains comportements, de certaines visions qui sont intrinsèquement liées à la logique incohérente portée par la prétendue mission civilisatrice de l’Occident», a-t-il poursuivi.
    Cette «prétendue mission civilisatrice» a été la «couverture idéologique pour essayer de faire passer le crime contre l’humanité qu’a été la colonisation de l’Algérie, du Mali et de tant de peuples africains», a encore rappelé M. Lamamra.
    Le ministre des Affaires étrangères a jugé «prioritaire» cette décolonisation qui «doit s’opérer aujourd’hui». Les propos d’Emmanuel Macron «trahissent une faillite mémorielle», a-t-il dit. «Cette faillite mémorielle est malheureusement intergénérationnelle chez un certain nombre d’acteurs de la vie politique française, parfois aux niveaux les plus élevés», a regretté le chef de la diplomatie algérienne.
    Cette «faillite mémorielle» pousse les relations de la «France officielle avec certains de nos pays dans des situations de crise malencontreuses», a regretté encore M. Lamamra, qui a donné sa vision de la relation franco-algérienne, et au-delà des rapports que la France doit entretenir avec ses ex-colonies africaines. M. Lamamra a estimé que «l’assainissement» des relations avec la France passe par un «respect mutuel inconditionnel, un respect de notre souveraineté, de notre indépendance de décision», par «l’acceptation d’un partenariat sur une base de stricte égalité».
    Mardi dernier, le président français, Emmanuel Macron a joué à l’apaisement, faisant machine arrière par rapport à ses propos tenus le 30 septembre contre les institutions algériennes.
  • Algérie: La colonisation française de 1830 au 5 juillet 1962

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    L’Algérie va célébrer le 1er novembre 2021, la fête du déclenchement de la Guerre de libération nationale. L’histoire ne se découpe pas en morceaux. Celle de l’Algérie remonte à la période des Numides, IVe siècle avant J.-C., à la période romaine, de la période du Kharidjisme à la dynastie des Almohades, l’occupation espagnole et ottomane à la période de la colonisation française de 1830 à la guerre de libération nationale -1954-1962 – jusqu’à la proclamation de l’indépendance de l’Algérie le 5 juillet 1962. Il faut éviter tant l’autosatisfaction que la sinistrose gratuite. Mais nous ne pouvons pas ne pas reconnaître en ce mois d’octobre 2021, le décalage qui existe entre les potentialités que recèle l’Algérie, et elles sont énormes, et le niveau de développement limité que le pays a atteint. L’entrave principale au développement en Algérie trouve son explication dans l’entropie et le vrai défi des années à venir qui dépasse largement l’aspect monétaire, et de relancer, par une gouvernance renouvelée, la sphère réelle afin de créer des emplois créateurs de valeur ajoutée et de diminuer les tensions sociales que voile une aisance financière grâce aux hydrocarbures.

    La moralité de tous les acteurs de la société devient un facteur déterminant en relation avec une lutte contre la corruption qui porte atteinte à la sécurité nationale. Pourtant, l’Algérie riche de son histoire millénaire, devant tenir compte de son anthropologie culturelle, a toutes les potentialités surtout grâce à la richesse pérenne que sont ses ressources humaines, dont sa jeunesse, inquiètes vis-à-vis de son avenir, qui doit être l’Algérie n’ayant pas de patrie de rechange, par plus d’espaces de libertés, de dialogues productifs, peut devenir un acteur actif au niveau de l’espace méditerranéen et l’Afrique continent d’avenir et enjeu du XXIe siècle.

    1.- La colonisation française

    La conquête de l’Algérie de 1830 à 1871 par la France marque la fin de la domination ottomane et le début de la domination française. Il semblerait, peut être un prétexte, que tout aurait commencé par la fameuse affaire de l’éventail. Le 30 avril 1827 à Alger, le Dey soufflette avec son éventail le Consul de France, Deval. L’épisode entraîne la rupture diplomatique avec la France. Le Conseil des ministres français décide d’organiser une expédition punitive en Algérie le 31 janvier 1830. D’abord nommés «possessions françaises dans le Nord de l’Afrique», ces territoires prendront officiellement le nom d’Algérie, le 14 octobre 1839.

    La population algérienne est estimée à 3 millions d’habitants avant la conquête française de 1830. Selon l’ouvrage «Coloniser, exterminer» de l’historien Olivier Le Cour Grandmaison, je cite : «Le bilan de la guerre, presque ininterrompue entre1830/1872 souligne son extrême violence ; il permet de prendre la mesure des massacres et des ravages commis par l’armée d’Afrique. En l’espace de quarante-deux ans, la population globale de l’Algérie est en effet passée de 3 millions d’habitants environ à 2 125 000 selon certaines estimations, soit une perte de 875 000 personnes, civiles pour l’essentiel. Le déclin démographique de l’élément arabe était considéré comme bénéfique sur le plan social et politique, car il réduisait avantageusement le déséquilibre numérique entre les indigènes et les colons». Plusieurs observateurs s’accordent à dire que la conquête de l’Algérie a causé la disparition de presque un tiers de la population algérienne. Guy de Maupassant écrivait dans «Au Soleil en 1884», je le cite : «Il est certain aussi que la population primitive disparaîtra peu à peu ; il est indubitable que cette disparition sera fort utile à l’Algérie, mais il est révoltant qu’elle ait lieu dans les conditions où elle s’accomplit».

    Nous pouvons scinder cette période historique en plusieurs phases. Sous Louis Philippe 1er de 1830 à 1848, l’Emir Abdelkader figure charismatique, fondateur de l’Etat algérien selon certains historiens, résista pendant de longues années à l’occupation coloniale. Il attaque des tribus alliées de la France et bat le général Trézel dans les marais de la Makta près de son fief de Mascara dans l’Ouest algérien. Il encercle la ville voisine d’Oran pendant 40 jours. Arrivé en renfort de métropole, le général Bugeaud inflige une défaite à Abdelkader. Le traité de Tafna est signé, le 30 mai 1837 entre le général Bugeaud et l’Emir qui reconnaît la souveraineté de la France. En échange de pouvoirs étendus sur les provinces de Koléa, Médéa et Tlemcen, il peut conserver 59 000 hommes en armes. L’armée française passe, en septembre 1839, les Portes de fer dans la chaîne des Bibans territoire que l’émir comptait annexer.

    L’Emir Abdelkader, considérant qu’il s’agit d’une rupture du traité de Tafna, reprend la guerre contre la France le 16 mai 1843. Le 14 août 1844 le général Bugeaud écrase l’armée du sultan marocain à la bataille d’Isly. L’armée marocaine se replie en direction de Taza. Le sultan s’engage alors à interdire son territoire à Abdelkader, en traitant avec la France. Le 23 septembre, les troupes d’Abdelkader sortent victorieuses lors de la bataille de Sidi Brahim, engagée par le colonel Montagnac. En décembre 1847 Abdelkader se rend aux spahis (nomades des régions steppiques de l’Algérie). Placé en résidence surveillée pendant quatre ans en France, l’émir fut libéré par Napoléon III, visita plusieurs villes de la métropole avant de rejoindre Damas et résida le restant de sa vie en Syrie.

    Le 11 décembre 1848, la Constitution de 1848 proclame l’Algérie partie intégrante du territoire français. Bône, (Annaba actuellement) Oran, Alger deviennent les préfectures de trois départements français. Les musulmans et juifs d’Algérie deviennent «sujets français» sous le régime de l’indigénat. Le territoire de l’ex-Régence d’Alger est donc officiellement annexé par la France, mais la région de la Kabylie qui ne reconnaît pas l’autorité française résiste encore. L’armée française d’Afrique contrôle alors tout le nord-ouest de l’Algérie. Les succès remportés par l’armée française sur la résistance d’Abd el-Kader, renforcent la confiance française, et permettent de décréter, après débats, la conquête de la Kabylie qui devait intervenir à l’issue de la guerre de Crimée (1853-1856) et qui a mobilisé une partie des troupes françaises. C’est à cette époque que Fatma N’soumer la femme rebelle marqua une grande résistance. Née en 1830, l’année même de l’occupation française d’Algérie, en 1853, elle avait 23 ans dans son Djurjura natal. Elle est arrêtée le 27 juillet 1857 dans le village de Takhliit Ath Atsou près de Tirourda.

    Placée, ensuite, en résidence surveillée à Béni Slimane, elle y meurt en 1863, à l’âge de trente-trois ans, éprouvée par son incarcération. En mars 1871, profitant de l’affaiblissement du pouvoir colonial à la suite de la défaite française lors de la guerre franco-prussienne (1870-1871), une partie de la Kabylie se soulève, favorisée par plusieurs années de sécheresse et de fléaux. Elle débute au mois de janvier avec l’affaire des Spahis et en mars avec l’entrée en dissidence de Mohamed El Mokrani qui fait appel au Cheikh El Haddad, le grand maître de la confrérie des Rahmaniya. La révolte échoue et une répression est organisée par les Français pour «pacifier» la Kabylie, avec des déportations. À la suite d’un ordre qui a été donné par l’armée de les envoyer en France, les Spahis se soulèvent fin janvier 1871 à Moudjebeur et à Ain-Guettar dans l’Est algérien à la frontière avec la Tunisie. Le mouvement est rapidement réprimé. Dès lors, le seul moyen de prévenir les révoltes, c’est d’introduire une population européenne nombreuse, de la grouper sur les routes et les lignes stratégiques de façon à morceler le territoire en zones qui ne pourront pas, à un moment donné, se rejoindre. La loi du 21 juin 1871 (révisée par les décrets des 15 juillet 1874 et 30 septembre 1878) attribue 100 000 hectares de terres en Algérie aux immigrants d’Alsace-Lorraine. De 1871 à 1898 les colons acquièrent 1 000 000 d’hectares, alors que de 1830 à 1870 ils en avaient acquis 481 000. Le 26 juillet 1873 est promulguée la loi Warnier, visant à franciser les terres algériennes et à délivrer aux indigènes des titres de propriété. Cette loi donne lieu à divers abus et une nouvelle loi la complétera en 1887. Son application sera suspendue en 1890.

    Le Code de l’Indigénat est adopté le 28 juin 1881 distinguant deux catégories de citoyens : les citoyens français (de souche métropolitaine) et les sujets français, c’est-à-dire les Africains noirs, les Malgaches, les Algériens, les Antillais, les Mélanésiens. Le Code était assorti de toutes sortes d’interdictions dont les délits étaient passibles d’emprisonnement ou de déportation. Après la loi du 7 mai 1946 abolissant le Code de l’indigénat, les autochtones sont autorisés à circuler librement, de jour comme de nuit, et récupérer le droit de résider où ils voulaient et de travailler librement. Cependant, les autorités françaises réussirent à faire perdurer le Code de l’indigénat en Algérie jusqu’à l’indépendance en maintenant le statut musulman et en appliquant par exemple le principe de responsabilité collective qui consistait à punir tout un village pour l’infraction d’un seul de ses membres. L’Algérie possède un nouveau statut en 1900 : elle bénéficie d’un budget spécial, d’un gouverneur général qui détient tous les pouvoirs civils et militaires.

    2.- Le nationalisme algérien à la révolution du 1er novembre 1954

    Si l’Emir Abdelkader est considéré comme le précurseur de la fondation de l’Etat algérien, Messali Hadj est considéré comme un des fondateurs du nationalisme algérien. Ainsi Messali Hadj, dès 1927 réclame l’indépendance de l’Algérie ayant été le fondateur du parti du peuple algérien (PPA), du Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques et du Mouvement national algérien(MNA). Cependant, bien que la résistance ait toujours existé depuis toutes les invasions, ce sont les guerres mondiales qui permirent une prise de conscience plus forte de l’injustice qui frappait la majorité des Algériens, souvent analphabètes et travaillant à des salaires de misère. Pour faire face aux pertes humaines de la Grande Guerre, la France mobilisa les habitants des départements français d’Algérie : musulmans, Juifs et Européens. 249.000 Algériens furent mobilisés (73.000 mobilisés dans la population française, et 176. 000 dans la population « indigène ») avec 38.000 à 48.000 des leurs sur les champs de bataille d’Orient et d’Occident durant la Première Guerre mondiale. ,Durant la seconde guerre mondiale, en Algérie, la conscription engagea 123. 000 musulmans Algériens et 93. 000 Européens d’Algérie (Pieds-Noirs) dans l’armée française ; 2.600 des premiers, et 2.700 des seconds furent tués dans les combats de 1940. En 1942, (Appel du général de Gaulle le 8 novembre 1942) et dans le cadre de l’opération Torch (débarquement des Anglo-Américains à Oran, Alger, Annaba) de nombreux Algériens furent engagés dans les forces alliées au sein de l’armée française de la Libération et engagés sur les fronts italiens et français.

    Entre 1942/1943, les effectifs mobilisés en Algérie s’élèvent sur la période à 304.000 Algériens (dont 134.000 « musulmans », et 170.000  » européens »). Ils sont engagés en Tunisie de novembre 1942 à mai 1943, en Italie de novembre 1943 à juillet 1944, et enfin en France et en Allemagne d’août 1944 à juin 1945.Nous trouvons Ahmed Ben Bella, Mohammed Boudiaf, Mostefa Ben Boulaid, Krim Belkacem. La guerre d’Indochine (1946-1954) absorbe les cadres militaires et fait combattre les volontaires et soldats de métiers, légionnaires et les troupes coloniales dont 35 000 maghrébins (Marocains et Algériens) qui comptent pour 1/4 de l’effectif du corps expéditionnaire. Le 8 mai 1945, alors que la seconde guerre mondiale prend fin en Europe, en Algérie, des manifestations nationalistes algériennes sont réprimées par l’armée française à Sétif et Guelma. On dénombre 103 Européens tués, selon la source officielle française 10. 000 algériens et selon la source algérienne 45.OOO. Suite au  » Manifeste du peuple algérien « de Ferhat Abbas en 1943, les élections législatives de 1946 sont un succès pour l’Union démocratique du Manifeste algérien (UDMA). Son parti remporte onze des treize sièges réservés à l’Algérie à l’Assemblée nationale. La loi sur le statut de l’Algérie est promulguée en septembre 1947 : l’Algérie reste composée de trois départements et le pouvoir est représenté par un gouverneur général nommé par le gouvernement français. Une Assemblée algérienne est créée, composée de deux collèges de 60 représentants chacun. Le premier sera élu par les Européens et une élite algérienne (diplômés, fonctionnaires) et le second par le reste de la population algérienne. Enfin l’article 2 précise : « L’égalité effective est proclamée entre tous les citoyens français ». En octobre 1947, le MTLD de Messali Hadj obtient une large victoire lors des élections municipales entraînant la répression des autorités françaises.

    En 1948, trente-six des 59 candidats du MLTD sont arrêtés. Il est utile de préciser qu’au début du XX siècle plusieurs leaders algériens revendiquent le droit à l’égalité ou à l’indépendance. Plusieurs partis vont être créés et plusieurs pamphlets seront écrits pour défendre les droits des Algériens. Plusieurs penseurs algériens vont vilipender les plus importantes personnalités du régime colonial français. La plupart des figures du mouvement algérien vont être surveillées de près par les services policiers français, d’autres seront exilées vers d’autres pays comme l’a été l’émir Khaled El Hassani Ben El Hachemi en Egypte puis en Syrie. Nous avons des figures, et sans être exhaustif, comme Messali Hadj, Malek Bennabi, Mohamed Hamouda Bensai, Ben Badis, Mohamed Bachir El Brahimi, Larbi Tebessi, Ferhat Abbas, Omar Ouezggane. La question algérienne est posée, encore qu’existe des divergences d’approche, avec la création d’organisations comme le Parti de la réforme ou mouvement pour l’égalité, l’Association des oulémas musulmans algériens, association de l’Etoile nord-africaine, le Parti du peuple algérien, les amis du Manifeste des Libertés et le parti communiste algérien. ¿ la suite de la mort d’Abdelhamid Ben Badis en 1940 et à l’emprisonnement de Messali Hadj, en 1948, le Mouvement pour le triomphe des libertés revendique le statut de l’égalité ou de l’indépendance des Algériens. Les arrestations et les interdictions se multiplièrent.

    3.- De la révolution du 1er novembre 1954 à l’indépendance de l’Algérie

    Le CRUA est fondé en mars 1954 et organise la lutte armée. Le parti du Mouvement national algérien est fondé en juillet 1954 par les messalistes. Le Front de Libération Nationale FLN lui succède en octobre 1954 par la branche du CRUA (Comité révolutionnaire d’unité et d’action). Par la suite, existera une divergence entre la tendance de Messali Hadj et celle du FLN, suite à l’échec de la médiation de Ben Boulaid, ce qui entrainera par la suite des luttes fratricides. Le déclenchement de la révolution algérienne a été décidé dans la Casbah d’Alger et à Batna sous la présidence de Mostefa Ben Boulaid dans la réunion des 22 cadres du Comité révolutionnaire d’unité et d’action CRUA). Il s’agit de Badji Mokhtar Belouizdad, Athmane Benboulaid, Mustapha Benabdelmalek, Ramdane Benaouada, Amar- Ben M’idi Larbi – Bentobbal Lakhdar- Bitat Rabah- Bouadjadj ZoubirBouali Said- Bouchaib Ahmed Boudiaf- Mohamed- Boussouf Abdelhafid- Derriche Elias-Didouche Mourad- Habachi Abdesslam- Lamoudi Abdelkader- Mechati Mohamed-Mellah Rachid- Merzougui Mohamed- Souidani Boudjema-Zighoud Youcef. L’une des décisions stratégiques du groupe est la mise en place d’un découpage territorial du pays en cinq zones coiffées par Mostefa BenboulaÔd pour la zone 1, Didouche Mourad pour la 2, Krim Belkacem pour la 3 – Rabah Bitat pour la 4 et Larbi Ben M’hidi pour la 5, Mohamed Boudiaf assurant la coordination et les relations avec l’extérieur.

    A. M. (A suivre…)

    Lemaghreb.dz & LNR

  • Se sentir humilié après les déclarations de Macron

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    Après les déclarations de Macron sur l’Algérie, la mémoire et l’avenir, je me suis senti personnellement humilié. De ce qu’il a dit ? Non. Ce qui humilie, c’est l’ampleur vide, futile, de la réaction des miens, des Algériens. Autant de rage, de colère et d’exagérations humilient en ce qu’elles révèlent le vide d’un projet national, algérien, collectif pour ce pays. Si nous nous sommes autant pressés de refaire la guerre à la France, c’est que nous avons perdu celle au présent contre nos misères et nos pauvretés. Voir autant d’esprits, pourtant lucides, de vieux vétérans, de tuteurs féodaux et de militants à vide réagir avec autant de force, se surpassant dans la “condamnation”, interpelle, mais surtout déçoit profondément, avilit.

    Qu’avons-nous nous-mêmes fait de ce pays pour aujourd’hui chercher ailleurs ce qui le définit ? À quand une indépendance affective qui puisse nous permettre de fonder une souveraineté de la confiance en soi, de l’identité imperturbable et définie par les siens et par l’ailleurs ? Pourquoi refaire la bataille d’Alger au lieu de reconstruire Alger, l’Algérie ? Est-il important de chercher si l’Algérie avait existé avant la colonisation française ou de s’interroger, avec inquiétude et courage, si elle va encore exister dans dix ans ? Pourquoi c’est la France qui nous unit dans la réaction et c’est l’Algérie qui nous divise dans l’action ?

    Autant de questions que le courage aurait dû nous imposer, mais que la lâcheté face au présent nous fait fuir. Car, qu’importe ce que dit Macron si nous étions confiants en nous-mêmes et que nos certitudes n’étaient pas que de rageurs enthousiasmes ? C’est justement ce qui humilie : voir l’islamiste user des mêmes postures que le laïc, le démocrate, l’opposant, l’homme du “Régime”, pour croire trouver une union sacrée, du sens dans un remake lassant de la guerre de libération imaginaire. Voilà où nous en sommes au final, à dépendre de l’autre pour trouver du sens à ce que nous sommes. Voilà ce qui blesse et rabaisse les yeux vers la terre mal peuplée. Quand allons-nous accepter de cesser de croire à un monopole exclusif sur le récit de cette guerre qui a tant tué et séparé ? Quand allons-nous admettre que l’Autre pays, la France, a ce droit d’en faire le récit selon ses besoins, ses honnêtetés, ses courages et ses reculades ? Macron a discuté avec des Français et selon les besoins de la France au présent, qu’avons-nous à faire de ce qu’il croit ou va croire un autre jour ?

    Si nous étions si indépendants, si libres, pourquoi même les plus brillants d’entre nous cèdent si facilement, si souvent, à cette guerre congelée ? Quand allons-nous enfin nous occuper du présent, sans déni du passé, mais du passé sans lui donner le monopole total sur nos présents ? Quand aurons-nous des enfants qui ne naissent pas vieux, perclus de blessures de guerre, mais vantards comme des survivants et âgés comme des vétérans et que seules la chaloupe et la mer rajeunissent ? Quand allons-nous prendre des chemins d’audace et d’enrichissement comme Taïwan après la colonisation japonaise, le Vietnam après deux guerres horribles, la Corée du Sud, etc. ? Ces défilés, routiniers, de faux blessés, d’archivistes des faux chiffres, de rescapés imaginaires d’une guerre depuis longtemps finie, ces médaillés et ces chefs en selfies, tout cela, mon Dieu, blesse et humilie !

    La haine de la France, nous l’avons, et c’est une vérité. Mais elle n’est pas due uniquement aux meurtres du passé. Elle est due au vide, au présent, à l’oisiveté, elle se partage entre rentiers du victimaire et prêcheurs de nouvelles croisades, entre islamistes et dé-coloniaux chômeurs, elle nous soude et nous piège, nous empêche de dormir et de nous réveiller, de travailler et d’avoir un rêve autre que celui de détruire la France ou d’y aller vivre. C’est une réalité. La France est le miroir que nous n’aimons pas. Il suffit pour un ministre incompétent de crier que “la France est notre ennemi éternel” pour faire oublier son incompétence, se faire applaudir et saluer les foules comme un libérateur. Il a suffi d’un mot du président de France pour qu’enfin nous ayons un pays bref et uni, sacré et hérissé. Mais dès sa phrase finie, nous voilà sans but et sans ennemi qui nous soudent à l’éternité et à la gloire. Nous allons alors le chercher encore ailleurs : à l’Est, à l’Ouest, au Sud, dans les eaux avec un délire sur un sous-marin, etc.

    Où es-tu Grand Émir Abdelkader pour nous réapprendre à gagner dans la magnanimité, perdre dans l’élégance, croire en préservant le mystère du monde, se battre sans aveuglements ? Où es-tu pour nous rappeler que la terre d’un pays est ce que nous avons entre les mains et pas sous les pieds ?

    Par : Kamel daoud
    Écrivain

    Liberté, 07/10/2021

  • Macron et la maîtresse d’école Leïla Salamé

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    Avec Macron on aura tout vu : savoir recevoir une gifle en public, avaler des couleuvres lors de son entretien avec Joe Biden sur l’affaire des sous-marins australiens et maintenant faire l’idiot devant la maîtresse d’école Leila Salamé quand on lui demande de préciser sa pensée sur les propos inacceptables tenues sur la nation et le peuple Algérien.

    La tète inclinée, ballotante, Macron s’exprime sur ces dernières déclarations avec une argumentation qui caractérise le discours de l‘idiot qui se veut innocent avec une rhétorique des plus insidieuses.

    Ce discours qui se veut naïf et neutre en reprenant ce que pense les autres, Benjamin Stora and Co, lui évite de préciser sa pensée en espérant qu‘on va lui pardonner ses écarts et les mots blessants envers une nation trois fois millénaire.

    Non, Monsieur Macron quand on est le produit de la Finance, que votre prédécesseur voulait, disait-il , combattre et qui a fini par l’engloutir, n’est pas Charles De Gaulle qui veut car il vous manque la profondeur et la puissance de l’esprit la marque des chefs d‘État.

    En pré-campagne électorale „faire l’idiot „n‘augure pas un horizon des plus sereins pour une réélection.

    Par Abdel Boudemagh

    Algérie54, 05/10/2021

  • De Bamako, le Mali et l’Algérie narguent la France

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    Aux propos provocateurs du président Macron contre l’Algérie, le chef de la diplomatie nationale, Ramtane Lamamra, en visite symbolique comme stratégique au Mali, a répondu à la France officielle qu’il appelle à revoir sa propre histoire qu’il nomme « faillite mémorielle », au lieu de se mêler des affaires intérieures de l’Algérie.

    Ainsi, les propos du président français sur le système algérien, la colonisation et la Nation algérienne continuent à susciter des réactions en haut lieu en Algérie. Après la présidence de la République et le Premier ministre, c’est au tour du chef de la diplomatie de dénoncer, depuis Bamako, l’ingérence manifeste de la France officielle dans les affaires de l’Algérie.
    Lors de sa visite officielle mardi à Bamako, pour « témoigner la solidarité agissante » de l’Algérie à l’égard du peuple et du gouvernement maliens, Lamamra a appelé la France officielle à décoloniser sa propre histoire. « La France officielle a besoin de décoloniser sa propre histoire, afin de réparer en urgence la faillite mémorielle qui est malheureusement intergénérationnelle chez un certain nombre d’acteurs de la vie politique française parfois aux niveaux les plus élevés », a-t-il indiqué.

    Ajoutant « nos partenaires étrangers ont besoin de décoloniser leurs propres histoires. Ils ont besoin de se libérer de certaines attitudes, de certains comportements, de certaines visions qui sont intrinsèquement liées à la logique incohérente portée par la prétendue mission civilisatrice de l’occident qui a été la couverture idéologique, utilisée pour essayer de faire passer le crime contre l’humanité qui a été la colonisation de l’Algérie, la colonisation du Mali, la colonisation de tant de peuples africains », a déclaré le chef de la diplomatie algérienne.

    « La décolonisation qui doit s’opérer aujourd’hui est une décolonisation qui s’annonce comme une priorité » pour remédier à la « faillite mémorielle que trahissent les propos tenus récemment sur l’Algérie et le Mali » par la France officielle. Pour le chef de la diplomatie algérienne « cette faillite mémorielle est malheureusement intergénérationnelle chez un certain nombre d’acteurs de la vie politique française parfois aux niveaux les plus élevés ». « Cette faillite mémorielle, qui pousse les relations de la France officielle avec certains de nos pays dans des situations de crises malencontreuses, devrait pouvoir s’assainir par le respect mutuel inconditionnel, respect de nos souverainetés, respect de notre indépendance, et par des décisions et acceptation de partenariat sur une base de stricte égalité », affirme Lamamra.

    À propos des relations qu’entretiennent l’Algérie et le Mali avec la France, le chef de la diplomatie nationale relève que désormais, « il n’y a pas de cadeau, mais une logique de donner et de recevoir ». Précisant que dans les relations avec le partenaire français « il y a une logique de donner et de recevoir, il n y a pas de cadeau, il n y a pas de front à sens unique », enchaîne Lamamra.

    Mais, « ce qu’il y a c’est des intérêts stratégiques, des intérêts économiques, des intérêts bien compris qui ne peuvent durer, qui ne peuvent être promus, qui ne peuvent se consolider et subir l’épreuve de la durée que dans le respect mutuel et l’équilibre des intérêts », précise le chef de la diplomatie nationale.

    Et à Lamamra de peser ses mots en conclusion: « c’est pourquoi en tant que pays africains fortement attachés à notre indépendance nationale nous nous tenons aux côtés du Mali frère et nous rappelons à qui veut bien nous entendre et entendre la voix de la raison que l’Afrique qui est le berceau de l’humanité, est également le tombeau du colonialisme et du racisme et la lutte de libération nationale du peuple algérien a contribué à l’accélération de cette histoire et nous en sommes très fiers ».

    Sarah Oubraham

    Le Courrier d’Algérie, 07/10/2021

  • Réactions aux propos d’Emmanuel Macron sur l’Algérie

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    Une salve d’indignations! – Députés, représentants de la société civile…ont haussé le ton pour dénoncer les déclarations du président français.

    Les propos tenus par le locataire de l’Elysée ont fait mal. Des voix continuent de s’élever pour afficher leur désapprobation totale à ces paroles inamicales, ces «agressions verbales». Députés, représentants de la société civile, analystes…ont haussé le ton pour dénoncer les déclarations du président français, dire leur colère, leur indignation. Le chef de l’État est à nouveau épinglé sur des règles de bienséance qu’il semble avoir volontairement ignoré. Et lorsque qu’il est question d’un pays (ex-colonie de surcroît), de son peuple, de son histoire, de sa mémoire, de son identité, il faut s’attendre à ce que la riposte soit plus que vigoureuse. Les déclarations du président français, Emmanuel Macron, sur l’Algérie, sont extrêmement belliqueuses et relèvent d’une méconnaissance des règles de la diplomatie et de la géopolitique, a affirmé le chercheur et analyste politique aux multiples casquettes, Ahmed Bensaada.

    «Les propos, non démentis, que plusieurs sources françaises ont attribué nommément au président Emmanuel Macron, sont extrêmement belliqueuses et gratuites», a déclaré, mardi dernier, depuis Montréal, l’ex-enseignant de l’université d’Oran sur les ondes de la Radio nationale, estimant que les déclarations du président français ne sont pas innocentes. Un constat qui se justifie à travers sa toute récente sortie médiatique où il a prôné l’apaisement. «Il ne s’est pas excusé, il a tourné en rond pour justifier ses déclarations», a relevé le chercheur à l’École polytechnique de Montréal, qui a qualifié d’«insensées» les déclarations d’Emmanuel Macron sur l’Algérie. Elles «épousent les idées d’organisations classées par l’Algérie comme terroristes et aident le Makhzen» a-t-il asséné.

    Le discours du chef de l’État français avait-il des visées? Les propos tenus par Macron sur l’Algérie ont plusieurs buts, assure Ahmed Bensaada. Quels sont-ils? Le premier objectif est d’ordre politique avec l’approche de la présidentielle française. Il cherche à glaner des voix à l’extrême droite française, a-t-il expliqué. Le deuxième but a trait à la perte de vitesse de l’armée française au Mali, alors que le troisième but ne peut s’expliquer que par «une collusion avec le Maroc», dans un contexte régional de tension avec l’Algérie qui avait décidé, le 24 août dernier, de rompre ses relations diplomatiques avec ce pays voisin, protégé par la France, note l’auteur d’Arabesques, une enquête sur le rôle des Etats-Unis dans les révoltes arabes.

    Le quatrième but a trait au revers essuyé par la France dans l’affaire de vente de sous-marins à l’Australie, concluera l’analyste. Les organisations et les associations de la société civile ont, de leur côté, réagi aux déclarations hostiles du président français Emmanuel Macron contre l’Algérie par le biais d’un communiqué.

    Qualifiant ses déclarations d’irresponsables, elles affirment que la sortie médiatique du locataire de l’Elysée représente un «outrage à la société algérienne, à son histoire et à sa nation et d’ingérence flagrante dans les affaires internes du pays dans le but d’attenter à la souveraineté nationale».

    Ces graves dépassements ne sont qu’«une preuve tangible d’une haine viscérale et d’une nostalgie du passé colonial qui demeurera une tache noire pour la France», notent les rédacteurs du document qui soulignent que «l’Algérie nouvelle, forte de ses institutions souveraines, issues du Hirak populaire authentique et de son Armée nationale populaire, autour de laquelle adhère le peuple, ne se pliera jamais et n’acceptera pas non plus ces harcèlements».

    Le groupe parlementaire Alliance des députés, a indiqué, pour sa part, avoir fermement désapprouvé les déclarations hostiles du président français à l’égard de l’Algérie qui constituent une ingérence flagrante dans les affaires intérieures du pays et une provocation attentatoire à l’État, à ses symboles et à son peuple. Une véritable salve verbale dont aurait bien pu se passer le président français.

    Mohamed TOUATI

    L’Expression, 07/10/2021

  • Lamamra appelle à la « décolonisation des esprits en France »

    Algérie, France, Emmanuel Macron, colonisation, #Algérie, #France, #Macron, #Mémoire, #Colonisation,

    Les propos d’Emmanuel Macron sur l’Algérie et la colonisation continuent de susciter des réactions de la part des autorités algériennes.

    Après la présidence de la République samedi et le Premier ministre Aïmene Benabderrahmane lundi, en attendant une éventuelle réaction du Président Abdelmadjid Tebboune, c’est au tour de Ramtane Lamamra de répondre au Président français. En visite officielle mardi à Bamako pour « témoigner la solidarité agissante de l’Algérie à l’égard du peuple et du gouvernement maliens », le chef de la diplomatie algérienne s’est longuement exprimé sur le sujet. Il a appelé à la « décolonisation des esprits en France » et pointé la « faillite mémorielle » que représenten les propos de Macron sur l’Algérie, le Mali et la colonisation. « Nos partenaires étrangers ont besoin de décoloniser leur propre histoire », a estimé Lamamra. Et d’ajouter : « Ils ont besoin de se libérer de certaines attitudes, comportements et visions qui sont intrinsèquement liés à la logique incohérente portée par la prétendue mission civilisatrice de l’Occident ».

    Cette « prétendue mission civilisatrice a été la couverture idéologique pour essayer de faire passer le crime contre l’humanité qui a été la colonisation de l’Algérie, du Mali et de tant de peuples africains », a encore rappelé Lamamra. Le ministre des Affaires étrangères a jugé « prioritaire cette décolonisation qui doit s’opérer aujourd’hui ». Les propos de Macron « trahissent une faillite mémorielle », a-t-il dit. « Cette faillite mémorielle est malheureusement intergénérationnelle chez un certain nombre d’acteurs de la vie politique française, parfois aux niveaux les plus élevés », a regretté le chef de la diplomatie algérienne.

    « Faillite mémorielle intergénérationnelle »

    Cette « faillite mémorielle pousse les relations de la France officielle avec certains de nos pays dans des situations de crise malencontreuses », a regretté encore Lamamra qui donne sa vision de la relation franco-algérienne, et au-delà des rapports que la France doit entretenir avec ses ex-colonies africaines. Ramtane Lamamra a estimé que « l’assainissement des relations avec la France passe par un respect mutuel inconditionnel, un respect de notre souveraineté, de notre indépendance de décision, de l’acceptation d’un partenariat sur une base de stricte égalité ».

    Le ministre des Affaires étrangères a souligné la base sur laquelle les relations franco-algériennes doivent être construites. « Nous savons que dans les relations avec le partenaire français, il y a une logique de donner et de recevoir, il n’y a pas de cadeaux, il n’y a pas d’offrandes à sens unique, ce qu’il y a, ce sont des intérêts stratégiques et économiques qui ne peuvent durer et être promus que dans le respect mutuel et l’équilibre des intérêts », a développé Ramtane Lamamra. Le chef de la diplomatie algérienne a rappelé au Président français et à ceux qui veulent « entendre la voix de la raison », que l’Afrique est non seulement le berceau de l’humanité, mais elle est « également le tombeau du colonialisme et du racisme. » La « lutte de Libération nationale du peuple algérien a contribué à l’accélération de cette histoire, et nous sommes très fiers de cette contribution à l’émancipation des peuples africains.

    Le destin de l’Algérie et le destin du Mali sont étroitement liés », a encore souligné Lamamra, qui a appelé la France à « décoloniser sa propre histoire ». Le chef de la diplomatie algérienne a rappelé la contribution du Mali à l’indépendance de l’Algérie, et souligné le « destin commun des peuples algérien et malien ». Les « Algériens lisent dans leurs livres d’histoire la contribution inestimable du Mali à l’indépendance de l’Algérie, à travers la décision du Président Modibo Keita en 1960, d’ouvrir sa frontière à l’ALN pour lancer un front contre le colonialisme, pour que la libération de l’Algérie qui était inévitable en 1960, se fasse dans le respect de son intégrité territoriale », a rappelé M. Lamamra pour rappeler que les « deux pays voisins partagent une lutte commune contre le colonialisme français ».

    Par : KAHINA HAMMOUDI

    Le Midi Libre, 07/10/2021