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  • Nouvelle Zélande : Les origines du fert de phosphate sous les projecteurs

    Les origines du fert de phosphate sous les projecteurs

    Les expéditions de roches phosphatées en Nouvelle-Zélande sont critiquées parce qu’elles proviennent du territoire contesté du Sahara Occidental en Afrique du Nord.

    Ballance Agri-Nutrients, basé à Mount Maunganui, s’approvisionne dans la région depuis 1989. Leur première expédition pour cette année transportait environ 56.000 mégatonnes de roche de phosphate extraites dans la région, avec une quantité annuelle attendue entre 150.000 et 200.000 tonnes métriques.

    Le Sahara Occidental est un territoire contesté en Afrique du Nord. Le Maroc gouverne le territoire depuis 1975, date à laquelle l’Espagne a abandonné sa domination coloniale.

    Le Front Polisario, un mouvement de libération nationale représentant le peuple indigène sahraoui, cherche à obtenir son indépendance et considère la domination marocaine comme une invasion de son territoire.

    Les Nations unies ont établi une mission en vue d’un référendum sur l’indépendance en 1991, mais celui-ci ne s’est toujours pas concrétisé. Un cessez-le-feu entre le Maroc et le Front Polisario qui existait depuis 1991 a pris fin en novembre.

    Ce conflit et la souveraineté contestée de la zone dans laquelle le phosphate a été exploité ont conduit à la popularisation du terme « phosphate de sang ».

    Crucial pour l’agriculture kiwi

    Ballance s’oppose fermement à cette expression, qu’il qualifie de très émotive et d’irrespectueuse. Ils insistent sur le fait que cette terminologie simplifie à l’extrême un sujet complexe.

    Cependant, Mike Barton, de la Campagne pour le Sahara Occidental en Nouvelle-Zélande, soutient le terme.

    « Nous avons dit pillage et butin de guerre – c’est la réalité », dit Mike.

    « Je pense que les entreprises impliquées ont toujours eu un peu de culpabilité à propos de ces choses. Je pense qu’elles savent qu’elles sont sur un terrain instable ».

    Ballance suggère que la production agricole serait réduite de moitié sans lui. En raison de ses propriétés physiques et chimiques, aucune autre alternative n’est censée offrir les mêmes performances que la roche du Sahara Occidental.

    « Elle a une forte teneur en phosphore, ce qui est souhaité », dit Charlie Bourne, directeur des opérations du site de Mount Maunganui.

    « Le superphosphate, que nous produisons, est le meilleur pour la Nouvelle-Zélande. Il est également très faible en cadmium. Il existe d’autres sources de phosphate, mais elles ont une teneur élevée en cadmium.

    « Nous pourrions nous approvisionner auprès d’autres sources, mais ce qui se passerait, c’est que nous empoisonnerions le sol.

    Nous ne verrions pas d’impact immédiat aujourd’hui, mais dans 300 ans, nous aurons pratiquement tué tous nos enfants et petits-enfants. »

    Empêcher l’entrée du cadmium

    Kamal Fadel est le représentant du Front Polisario en Australie et en Nouvelle-Zélande. Il suggère que l’affirmation selon laquelle la Nouvelle-Zélande ne peut pas s’approvisionner ailleurs est sans fondement, citant l’exemple de trois entreprises australiennes qui se sont retirées de la roche de phosphate provenant de la région du Sahara occidental.

    « Ils ont été vraiment intransigeants et déterminés », dit Kamal.

    « Ces entreprises ne regardent que du point de vue du profit et n’ont pas pris en considération les aspects juridiques ou les aspects moraux, éthiques de ce commerce. »

    C’est une affirmation contestée par Charlie.

    « Nous payons une prime pour la roche de Boucra en raison de son faible taux de cadmium. Nous pourrions donc faire venir un produit à forte teneur en phosphate, mais il aurait cette hausse de cadmium. »

    La conseillère en communication de Ballance, Megan Clarkin, réaffirme que les problèmes de cadmium restent une raison essentielle de leur utilisation continue de la roche provenant du Sahara Occidental.

    « C’est la différence – le cadmium s’accumule avec le temps. Il ne disparaît pas. C’est ce qui est unique en Nouvelle-Zélande », dit Megan.

    « C’est une chose difficile à faire comprendre parce que d’autres endroits n’ont pas le problème du cadmium que la Nouvelle-Zélande a, donc pour eux ils peuvent changer de source. Nous cherchons toujours d’autres sources et d’autres moyens dans le monde entier, mais la teneur en cadmium est un problème. »

    A la recherche d’une solution

    Ballance assure qu’ils travaillent en conjonction avec un cadre des Nations Unies pour l’exploitation des activités économiques de ressources naturelles dans un territoire non autonome, comme le Sahara Occidental.

    Le cadre insiste sur le fait que les opérations doivent fournir des avantages directs et indirects aux habitants dudit territoire, y compris le développement économique.

    Ballance tient à souligner qu’il y a des milliers de Sahraouis qui vivent et travaillent dans le Sahara Occidental administré par le Maroc.

    « Alors que toutes les parties cherchent une solution, les manifestants ne semblent pas considérer le risque de l’arrêt du commerce pour les moyens de subsistance des Sahraouis qui sont employés par OCP », dit Aimee Driscoll, responsable de la communication de Ballance.

    « Il n’est pas clair comment la perte d’emplois dans une partie volatile du monde ferait progresser la question du statut politique du Sahara Occidental. »

    Ballance s’approvisionne actuellement en roche phosphatée auprès de la compagnie minière Phosboucraa, une filiale de la compagnie marocaine de fertilisants OCP.

    OCP affirme que tous les profits de l’opération fournissant le phosphate de la Nouvelle-Zélande sont réinvestis dans la région.

    Mais M. Kamal conteste cette affirmation, suggérant que l’argent ira au trésor marocain et ne profitera pas à la population locale.

    « Si vous parlez aux gens à l’intérieur du Sahara Occidental lui-même, ils vous diront qu’ils n’ont aucun bénéfice – ils vivent dans la pauvreté », dit Kamal.

    « Notre peuple a beaucoup souffert de l’oppression, de l’occupation et ils vivent dans des camps de réfugiés dans des conditions désastreuses alors que vous profitez de nos ressources. »

    Coast & Country, 29 mars 2021

    Etiquettes : Nouvelle Zélande, phosphates, fertilisants, Maroc, Sahara Occidental, OCP,

  • Algérie, Maroc et Tunisie : Date de la nuit du doute du Ramadan 2021 fixée

    Maghreb – Le Centre international d’astronomie (CIA) annonce que la date de la nuit du doute pour le Ramadan 2021 coïncide avec le lundi 12 avril prochain, dans plusieurs pays musulmans, dont l’Algérie, le Maroc et la Tunisie.

    Sachant que le mois de Chaabane a débuté le 15 mars dernier dans la majorité des pays musulmans, notamment en Algérie, le Centre international d’astronomie a annoncé, à travers un communiqué rendu public ce mardi 30 mars 2021, la date de la nuit du doute du Ramadan 2021, pour le lundi 12 avril prochain. Et ce, pour l’ensemble de ces États, rapporte le quotidien Echorouk.

    Il s’agit du Maroc, l’Algérie, la Syrie, la Libye, l’Indonésie et la Malaisie. Mais aussi l’Arabie Saoudite, le Brunei, l’Iran, le sultanat d’Oman, les Émirats et bien d’autres pays musulmans non arabes de l’Afrique vont avoir leur nuit du doute le lundi 12 avril. Lors de celle-ci, on apprendra si le premier jour du Ramadan sera pour le lendemain ou pas.

    Cependant, il se trouve que d’autres pays ont débuté le mois de Chaabane le 14 mars dernier, contrairement à ceux déjà cités. Il s’agit de l’Egypte, la Turquie, l’Iraq et la Tunisie. Par conséquent, l’observation du croissant lunaire annonçant le premier jour du mois sacré aura lieu le dimanche 11 avril 2021.

    Néanmoins, selon le même communiqué, le centre a indiqué qu’il serait difficile dans ces pays d’observer l’apparition du croissant, durant la soirée du dimanche. Du coup, il serait fort probable qu’ils annoncent le début du Ramadan 2021 pour le mardi 13 avril.

    Pour ce qui est des autres pays, dont l’Algérie, d’un point de vue scientifique, il serait très difficile d’apercevoir le fin croissant lunaire à l’œil nu. De ce fait, l’utilisation du télescope est plus que nécessaire dans la majorité des pays musulmans du continent africain. N’empêche que l’organisme a déclaré que le premier jour du Ramadan serait probablement annoncé pour le 13 avril 2021.

    Cela dit, des pays exigent l’observation de la lune à l’œil nu ou une vision locale, qui ne peuvent pas se fier à l’avis d’autres pays. Ces régions se trouvant à l’est ou au centre de l’ensemble des nations musulmanes, devront fixer la date du commencement du mois béni pour le 14 avril prochain.

    Dzair Daily, 30 mars 2021

    Etiquettes : Algérie, Maroc, Tunisie, nuit du doute, Ramadhan,

  • Guerre médiatique : le Maroc s’en prend-il à l’Algérie ?

    Alors que le statut quo est maintenu pour le dossier du Sahara Occidental , le torchon brûle encore entre l’Algérie et le Maroc. La guerre médiatique entre les voisins est à son apogée. Chronique de Mounira ELBOUTI.

    Malgré les changements politiques internes dans les deux pays, le conflit perdure depuis les années 70. Et si la région n’est plus ce qu’elle était avant, il reste difficile de comprendre comment ce dossier est géré et surtout quelle en sera l’issue.

    Seulement ce qui change, c’est le degré de propagande atteint autour de l’affaire, les deux pays voisins se transforment en ennemis et campent chacun sur sa position. Cependant, les temps aussi changent.

    Propagande digitale et guerre médiatique

    L’ère des réseaux sociaux facilite l’accès à l’information et la rapidité de celle-ci, par conséquent, on peut voir désromais ce qui se dit et se trame dans les deux pays, en temps réel.

    Et le constat étant tel que la quantité de haine déferlée sur l’Algérie du côté marocain est spectaculaire : des forums, aux réseaux sociaux, aux vidéos. Tous les formats et tous les supports sont bons pour lyncher son voisin.

    Ce qui est surtout regrettable c’est l’armée digitale sollicitée par le royaume pour déformer l’histoire et coller à l’Algérie des faits d’histoire avec lesquels, en vérité, elle n’a rien à voir. Cela ne concerne pas uniquement des personnes anonymes mais des intellectuels et des personnages de renom.

    La guerre médiatique à laquelle se livre le royaume chérifien contre l’Algérie est sans merci, le voisin joue la carte de la propagande et de la division face au silence de l’Algérie qui préfère, quant à elle, jouer la carte de l’ignorance de cette provocation ciblée.

    Sur les réseaux, on refait l’histoire, on redessine les cartes géographiques, on fait dans l’intox et les fake news pour accabler l’Algérie, qui reste fidèle à sa démarche et à ses principes ; le dernier exemple en date est celui d’une vidéo de la chaîne de télévision sionniste i24 accusant l’Algérie d’importer des vaccins anti covid 19 depuis l’Etat sionniste. La blague de l’année.

    Normalisation avec l’Etat sionniste

    C’est pourtant le voisin marocain qui a normalisé ses relations avec l’entité sionniste et qui devra sûrement en assumer les conséquences. L’élection de Joe Biden semble pourtant désservir la cause marocaine dans le dossier Sahara qui, rappelons le, n’a pas bougé d’un cran. On se demande alors si la politique du royaume n’avait pas surestimé l’attente ?

    Car comme beaucoup le savent, la contre partie de la normalisation était d’avantager le Maroc dans le dossier du Sahara mais pour l’heure, il n’est rien. L’Algérie garde le contrôle. Et les cartes géopolitiques ne sembent pas prêtes d’être redessinées, tant la combinaison actuelle arangent les puissances mondiales.

    Stratégie de com à deux axes

    La stratégie de cette guerre médiatique se base sur deux grands axes : la désinformation et le vol intellectuel. La premier repose sur les fakes news mouillant l’Algérie dans des dossiers pour le moins, inconfortables et le second repose sur l’appropriation de tout le patrimoine maghrébin pour grandir sa réputation.

    En effet, cela fait quelques années maintenant que le marketing, garde fou de la stratégie marocaine, veut faire reluire l’image culturelle du royaume dans le monde et vanter ses traditions et son patrimoine ce qui semble, de prime à bord, légitime et astucieux, sauf que le royaume ne se contente par de son patrimoine mais vient piocher dans celui de ses voisins.

    Il s’attribue la gastronomie, la culture, la musique, le habits tranditionnels qui appartiennent à autrui. Et cela a un nom : vol de propriété intectuelle.

    Car manifestement, en plus de piétiner les territoires au sens propre, il le fait aussi au sens figuré.

    Une grande partie de l’histoire du continent est ignorée et celle du Maroc est glorifiée ; bien sûr on ne vend que les belles histoires qui font rêver, sans montrer le côté osbcur : les droits de l’Homme.

    Vol de propriété intellectuelle

    On ne parle pas du taux de pauverté, de la prostitution, de la répression des journalistes et des intellectuels , des affaires internes mais on pointe du doigt ce qui concerne les autres. Voici un sous axe de la stratégie mentionnée ci-dessus.

    Et la Tunisie n’a pas échappé à la règle : nous étions surpris de voir tout un projet de marketing digital s’en prendre à des influenceusess tunisiennes qui essaient de faire découvrir la culture de leur pays…

    Aux dernières nouvelles , le couscous c’est marocain ! Et le malouf aussi .

    Chanceux sont ceux qui savent, qui lisent, qui savent que la première université marocaine a été construite par des Tunisiens, que le Caftan existe aussi en Algérie et en Tunisie ( caftan carthaginois), que le couscous est un plat berbère et que le thé est chinois !

    Chanceux ceux qui ont compris aussi, le pourquoi du comment de la normalisation et qui ont suivi comment celle-ci a servi les intérêts personnels de Nathanyaho qui a été réellu.

    M.E.B

    Etiquettes : Algérie, Maroc, conflit, guerre médiatique, couscous, normalisation, Israël,

  • La violation des résolutions de l’ONU n’est pas inhabituel

    (MENAFN – NewsIn.Asia) Par PKBalachandran / Ceylon aujourd’hui

    Colombo, 29 mars: Dès 2002, la correspondante onusienne du Los Angeles Times, Maggie Farley, a noté que plus d’une centaine de résolutions onusiennes étaient violées et que dans de nombreux cas, l’application des résolutions était bloquée par les États-Unis ou leurs alliés.

    Elle a fait cette observation sur la base d’un examen sur 15 ans du respect des résolutions de l’ONU effectué par le professeur Stephen Zunes de l’Université de San Francisco. Zunes avait conclu que la conformité dépendait de l’influence de chaque État et de ses soutiens. Plus le soutien est puissant, moins il y a de chances de se conformer, a-t-il déclaré. Les pays qui se sont conformés l’ont été par un pays puissant ou un ensemble de pays puissants par pure coercition, économique ou militaire, ou les deux.

    Pour commencer, les résolutions de l’ONU ne sont pas contraignantes, et si elles le sont, comme dans le cas de certaines résolutions du Conseil de sécurité, les pouvoirs en place pourraient ne pas les appliquer pour des raisons économiques, politiques ou géopolitiques. Entre 1967 et 2002, Israël a violé 31 résolutions. Douze violations liées à la «Quatrième Convention de Genève pour les puissances occupantes», concernant les expulsions, les démolitions de maisons et la saisie de biens.

    Parmi les résolutions violées figurait la n ° 487 de 1981 qui avait demandé à Israël de placer ses installations nucléaires sous la sauvegarde de l’Agence internationale de l’énergie atomique de l’ONU. Alors que les États-Unis sont entrés en guerre contre l’Irak pour avoir violé les résolutions de l’ONU, ils n’envisagent pas la guerre contre Israël pour appliquer une résolution de l’ONU. En fait, les États-Unis avaient utilisé le veto à plusieurs reprises pour bloquer des résolutions sur Israël. En 2018, les États-Unis ont quitté le CDH en se plaignant de ses préjugés contre Israël.

    Lorsque la Turquie était un allié des États-Unis, elle a pu défier les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU sur le déploiement de ses troupes à Chypre. Le Maroc a bafoué les résolutions demandant le retrait de ses forces du Sahara occidental et y autorisant un référendum d’autodétermination. Les États-Unis ont envahi l’Irak conformément à un mandat de l’ONU parce que cela convenait à leurs intérêts.

    Action militaire

    La Charte des Nations Unies autorise une action militaire pour l’application des résolutions du chapitre 7. Mais les interventions militaires se sont avérées difficiles en raison d’un engagement insuffisant des États membres. L’action de l’ONU en Bosnie-Herzégovine s’est avérée désastreuse à cause de cela.

    L’hégémonie des Big Power est un facteur majeur. Les États-Unis ne permettraient pas à leurs forces d’être commandées par des citoyens non américains. Bien que l’ONU soit essentiellement une institution américaine, aucun gouvernement à Washington n’a voulu qu’elle soit puissante, comme l’a déclaré Daniel Moynihan, ancien ambassadeur américain à l’ONU.

    «Le Département d’État a souhaité que l’Organisation des Nations Unies se révèle totalement inefficace dans les mesures qu’elle prend. La tâche m’a été confiée et je l’ai poursuivie avec un succès non négligeable », écrit-il dans ses mémoires.

    L’ONU a également montré son incompétence dans la mise en œuvre des résolutions sur la Corée du Nord. Dans leur article dans le journal de l’Institute for Science and International Security en 2018, David Albright, Sarah Burkhard, Allison Lach et Andrea Stricker affirment que 52 pays ont été impliqués dans la violation des résolutions du CSNU sur la Corée du Nord pendant la majeure partie de 2017.

    Le président américain Donald Trump a menacé de retenir des «milliards» de dollars d’aide américaine aux pays votant en faveur d’une résolution de l’ONU rejetant sa reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël. Mais malgré l’avertissement, 128 membres ont voté pour maintenir le consensus international de longue date selon lequel le statut de Jérusalem (revendiqué comme capitale par Israël et la Palestine) ne peut être réglé que comme une question finale convenue dans un accord de paix, a écrit. Néanmoins, malgré la résolution de l’ONU, en mai 2018, les États-Unis sont allés de l’avant et ont reclassé leur consulat de Jérusalem en tant qu’ambassade des États-Unis à Jérusalem.

    Les États-Unis ont également opposé leur veto à une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU qui condamnait l’utilisation de la force par Israël contre les civils palestiniens. Au moins 116 Palestiniens ont été tués par les forces israéliennes lors des manifestations à la frontière de Gaza depuis la fin du mois de mars 2018.

    Résolutions de l’ONU

    Tout organe des Nations Unies peut adopter une résolution. Mais ils ne sont généralement pas contraignants. Mais même ceux qui attendent sont soit imparfaitement mis en œuvre, soit pas du tout mis en œuvre. Le Conseil de sécurité est chargé du maintien de la paix et de la sécurité internationales. Le CSNU comprend 15 membres, cinq permanents (Russie, Royaume-Uni, France, Chine et États-Unis) et dix membres non permanents, élus sur une base régionale pour un mandat de deux ans. Les membres permanents peuvent opposer leur veto à toute résolution de fond du CSNU.

    La résolution 1373 du Conseil de sécurité, qui a été adoptée à l’unanimité le 28 septembre 2001, était une mesure antiterroriste adoptée à la suite des attentats terroristes du 11 septembre contre les tours jumelles à New York. La résolution a été adoptée en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies et est donc contraignante pour tous les États membres de l’ONU. Si les États-Unis se sont conformés à cela, c’est parce qu’ils sont directement touchés par le terrorisme depuis l’attaque du 11 septembre.

    Cour pénale internationale

    La Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) a tenté en vain d’étendre la compétence de la Cour pénale internationale (CPI) au Sri Lanka. Sri Lanka n’est pas signataire du Statut de Rome, qui permet à la CPI d’exercer sa juridiction sur la nation insulaire. Cependant, une affaire de violation des droits humains au Sri Lanka peut être portée devant la CPI si le Conseil de sécurité de l’ONU décide de le faire. Mais au CSNU, le Sri Lanka est soutenu par deux puissances de veto, la Chine et la Russie.

    Il est souligné qu’à la suite de la récente résolution du HRC contre le Sri Lanka, tout État membre peut déposer une plainte contre un ressortissant sri-lankais pour des motifs de droits de l’homme ou de crimes de guerre. Mais là encore, on soutient que les intérêts politiques des nations joueront un rôle déterminant.

    Il convient de noter que la plupart des affaires portées devant la CPI concernent des pays pauvres et arriérés qui n’ont aucune influence politique dans le monde. À ce jour, 45 personnes ont été inculpées devant la CPI. La liste comprend le chef rebelle ougandais Joseph Kony, l’ancien président soudanais Omar al-Bashir, le président kenyan Uhuru Kenyatta, le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, le président ivoirien Laurent Gbagbo et le vice-président de la RD Congo Jean-Pierre Bemba. La surreprésentation de l’Afrique et l’absence totale des pays développés dans les affaires de la CPI méritent d’être signalées.

    Lois occidentales pour protéger les soldats

    Alors que d’un côté, les pays occidentaux ont hâte de poursuivre les soldats des pays en développement pour crimes de guerre, ils promulguent eux-mêmes des lois pour empêcher la poursuite de leurs soldats pour des crimes de guerre commis à l’étranger.

    La Chambre des communes britannique a récemment adopté un projet de loi visant à empêcher les poursuites «vexatoires» contre le personnel militaire et les anciens combattants britanniques pour des allégations de crimes de guerre. La poursuite des soldats britanniques pour des crimes passés présumés en Irlande du Nord, et des conflits plus récents en Irak et en Afghanistan, a harcelé l’armée et le gouvernement du pays pendant des années.

    La nouvelle législation propose des mesures pour «réduire l’incertitude découlant d’allégations historiques et créer un meilleur cadre juridique pour traiter les réclamations liées à de futurs conflits à l’étranger», a déclaré le ministère britannique de la Défense. Le secrétaire à la Défense, Ben Wallace, a déclaré à la Chambre des communes que le projet de loi respecterait la promesse électorale du gouvernement conservateur de 2019 de protéger le personnel militaire et les anciens combattants contre «  des revendications vexatoires et des enquêtes sans fin  ».

    Le ministre des Vétérans Johnny Mercer, un ancien officier de l’armée qui a servi en Afghanistan, a insisté sur le fait que la législation «ne dépénalise pas la torture» mais établit «un équilibre approprié entre les droits des victimes et l’accès à la justice».

    Le Sri Lanka envisage une loi protectrice similaire en vue de la tentative du HRC de poursuivre ses soldats, a récemment déclaré aux médias le ministre de l’Éducation et porte-parole du Sri Lanka Podujana Peramuna (SLPP), le professeur GLPeries.

    MENAFN, 29 mars 2021

    Etiquettes : ONU, Conseil de Sécurité, Sri Lanka, Etats-Unis, Stephen Zunes, Corée du Nord, Israel, Palestine, Gaza, CPI, Maroc, Sahara Occidental, France,

  • La longue ombre du colonialisme – Escalade au Sahara occidental

    Dans la première partie de cet article, notre auteur Jakob Reimann décrit le conflit au Sahara occidental occupé par le Maroc. L’auteur replace la situation actuelle dans son contexte historique pour expliquer la résurgence du conflit en novembre 2020 après 29 ans de cessez-le-feu. Ce faisant, il cite Nadjat Hamdi, le représentant du mouvement de libération socialiste Frente Polisario en Allemagne qu’il a interviewé. La partie 2 analyse ensuite le rôle de l’UE et des entreprises allemandes dans le conflit du Sahara Occidental. (Editorial)

    À la mi-novembre, le conflit entre l’armée marocaine et le mouvement de libération socialiste Front Polisario dans le Sahara occidental occupé par le Maroc a repris pour la première fois après 29 ans de cessez-le-feu. Un référendum sur l’indépendance promis par l’ONU mais qui n’a jamais eu lieu, plus de 50 ans de misère et d’absence de perspectives dans les camps de réfugiés sahraouis en Algérie, et une UE néocoloniale qui exploite illégalement les trésors du Sahara occidental en complicité avec la puissance occupante marocaine – un mélange explosif qui pourrait transformer le conflit latent en guerre ouverte.
    Le Sahara occidental est un État non reconnu du nord-ouest de l’Afrique. Avec un peu moins de 600 000 habitants, cet État désertique de la taille de la Nouvelle-Zélande est l’un des endroits les moins peuplés du monde. Le Maroc a occupé le Sahara occidental en 1975. Sur la liste de l’ONU des 17 dernières colonies du monde, le Sahara occidental est de loin la plus grande et la plus peuplée. C’est la dernière colonie d’Afrique. Le Maroc occupe toujours les deux tiers de l’ouest du pays où vivent quelque 95 % de la population – dont une grande partie sont des Marocains réinstallés, en violation des conventions de Genève, dont l’article 49 interdit à une puissance occupante de réinstaller « des parties de sa propre population civile dans le territoire qu’elle occupe ». Le mouvement de libération socialiste Front Polisario contrôle le tiers presque inhabité à l’est depuis les camps de réfugiés de Tinduf, en Algérie. Pour comprendre l’embrasement actuel du conflit du Sahara occidental, il est d’abord nécessaire de jeter un coup d’œil à l’histoire.
    Le jouet des impérialistes
    Avec le début des campagnes de conquête au 15e siècle, les conquistadors de l’empire espagnol ont jeté leur dévolu sur le Sahara occidental, situé à proximité, à partir des îles Canaries conquises, qui devaient plus tard servir de plaque tournante pour le commerce d’esclaves outre-mer. Au XVIIIe siècle, l’intérêt des Espagnols s’est ensuite déplacé principalement vers l’exploitation des riches zones de pêche au large de la côte sahraouie. À la fin du XIXe siècle, lorsque l’impérialisme européen s’est partagé l’ensemble du continent africain – à l’exception de l’Éthiopie et du Liberia – la Couronne espagnole a pu annexer deux zones au nord et au sud du Maroc ainsi que l’ensemble du Sahara occidental lors de la conférence de Berlin (« conférence du Congo ») en 1884/85. Dès le début, les colonialistes ont rencontré une résistance farouche de la part des tribus indigènes sahraouies. Une multitude de soulèvements s’ensuivent, qui sont tous réprimés dans le sang par l’Espagne, en partie en collaboration avec la France. En 1924, le Sahara occidental est devenu officiellement la colonie du Sahara espagnol, qui a été à son tour uni à la petite colonie d’Ifni, située au Maroc, pour former l’Afrique occidentale espagnole en 1946.
    Après des siècles d’occupation et d’influence européennes et partiellement ottomanes, le Maroc a été officiellement divisé en un protectorat français et un protectorat espagnol bipartite en 1912. En 1956, en raison de la tendance croissante à la décolonisation dans le monde, les deux puissances ont été contraintes de « libérer » le Maroc de son indépendance, tandis que le Sahara occidental restait sous occupation espagnole. En 1973, d’anciens étudiants pour la plupart ont fondé le Front Polisario socialiste, un mouvement populaire qui a toujours cherché à obtenir l’indépendance du Sahara occidental. À la fin de l’année 1975, le roi du Maroc Hassan II a organisé la Marche verte, à laquelle 350 000 personnes – suivies et en partie déjà infiltrées par des militaires marocains – ont pénétré pacifiquement dans les zones septentrionales du Sahara occidental et, peu après la mort du dictateur Franco, ont finalement chassé les troupes espagnoles du Sahara occidental : Le retrait du « Sahara espagnol » peut donc être considéré comme le dernier clou du cercueil de l’empire espagnol, vieux de 500 ans.
    Les Sahraouis, quant à eux, ont été chassés d’une occupation à l’autre. Après des accords antérieurs entre Madrid, Rabat et Nouakchott, les deux tiers nord du Sahara occidental ont été occupés par le Maroc et le tiers sud par la Mauritanie en vertu de l’accord de Madrid avant même le retrait des Espagnols. Soutenu par l’Algérie, le mouvement de libération sahraoui, le Front Polisario, lance une guérilla contre les deux puissances occupantes et proclame la République arabe sahraouie démocratique (RASD) en 1976. Le DARS a été officiellement reconnu par 86 pays, aujourd’hui il y a encore 36 états – parmi eux pas un seul pays du Nord Global, mais en plus de l’Algérie d’autres poids lourds africains comme l’Ethiopie, le Nigeria et l’Afrique du Sud, ainsi que des états qui ont tendance à être en aversion de l’impérialisme occidental, comme l’Iran, Cuba, le Mexique, la Corée du Nord, la Syrie et le Venezuela [1] L’Union Africaine (UA) reconnaît également le DARS à ce jour comme la seule représentation légitime du peuple du Sahara Occidental. En 1984, le DARS est devenu membre de l’UA, après quoi le Maroc a quitté l’organisation en signe de protestation et a été le seul pays du continent à ne pas être membre de l’organisation panafricaine pendant 33 ans, jusqu’à sa réintégration en 2017.
    Napalm et phosphore blanc – le vol vers l’Algérie
    En 1979, après trois ans de guerre, le gouvernement mauritanien a été contraint de se retirer du sud du Sahara occidental en raison de la résistance sahraouie et des attaques de guérilla du Polisario au cœur de la Mauritanie. Les parties libérées sont immédiatement réoccupées par le Maroc. La guerre du Polisario contre le Maroc occupant s’est prolongée jusqu’au cessez-le-feu négocié par l’ONU en 1991. Dans les années 1980, les militaires marocains ont successivement encerclé les territoires conquis au moyen d’un mur d’environ 2 700 kilomètres de long, le long duquel des postes de garde ou des bases militaires ont été installés à quelques kilomètres d’intervalle, ce qui en fait la plus longue zone minée en continu au monde. Les Sahraouis l’appellent le « Mur de la honte ». La barrière sépare les territoires occupés par le Maroc – les deux tiers de la superficie du Sahara occidental, où vivent environ 95 % des Sahraouis – des zones peu peuplées, voire non peuplées, sous le contrôle du gouvernement du DARS. Dans cette zone dite libre, 30 000 personnes seulement vivent sur un territoire grand comme le Portugal[2].
    À la suite de la guerre, les Sahraouis ont fui vers des camps de réfugiés dans l’est du Sahara occidental à partir de 1976. Lorsque l’armée de l’air marocaine a bombardé ces camps au napalm et au phosphore blanc dans le cadre d’opérations de nettoyage, la population a fui vers l’Algérie voisine. Les camps de la province de Tinduf abritent toujours les sièges du Front Polisario et du gouvernement en exil du DARS. Aujourd’hui, environ 174 000 Sahraouis vivent dans les camps algériens – la troisième génération grandit ici en tant que réfugiés dans les conditions les plus dures[3]. Dans le cadre du cessez-le-feu, la mission de l’ONU MINURSO a été mise en place il y a presque 30 ans, en avril 1991, pour organiser un référendum sur l’indépendance du Sahara occidental (plus tard également pour contrôler le cessez-le-feu et la démilitarisation du territoire). Le référendum est censé donner aux Sahraouis le choix entre l’intégration dans l’État marocain, l’autonomie ou l’indépendance, mais il n’a pas eu lieu à ce jour parce que le Maroc construit des conflits autour de sa mise en œuvre, l’empêchant ainsi en permanence.
    La combustion spontanée comme ultime protestation
    À l’extrémité sud-ouest du Sahara occidental occupé par le Maroc se trouve le village de Guerguerat, qui se trouve à cinq kilomètres de l’océan Atlantique et à onze de la Mauritanie et qui revêt une grande importance stratégique. Pour le Maroc, c’est le seul transit vers la Mauritanie : « Le Maroc veut maintenant s’orienter davantage vers l’Afrique de l’Ouest pour y vendre ses marchandises, et a donc ouvert le mur de séparation à Guerguerat et construit une route commerciale », explique Nadjat Hamdi, le représentant du Front Polisario en Allemagne, dans une interview accordée à Grassroots Revolution (GWR)[4]. Cette route, déjà planifiée depuis le début des années 2000, doit être développée pour devenir l’artère commerciale marocaine vers l’Afrique subsaharienne. En 2019, le chiffre d’affaires des marchandises passant par Guerguerat a déjà triplé par rapport à l’année précédente. Pour le Polisario, ce talon d’Achille stratégique du Maroc – le blocage de la traversée, en d’autres termes – est à son tour l’un des rares moyens de pouvoir exercer une pression sur Rabat. Le mur de séparation du Maroc délimite une bande de quelques kilomètres de large le long de la frontière mauritanienne, qui fait office de zone tampon dans laquelle toute présence militaire est interdite en vertu de l’accord de paix de 1991, tout comme en vertu de l’accord militaire n° 1 de 1997/98. Mais en août 2016, les forces de sécurité marocaines sont entrées dans la zone démilitarisée pour surveiller la construction de la route, rompant ainsi les deux accords. Le Polisario est alors intervenu pour arrêter les militaires marocains[5].
    Pour protester contre cette violation de l’accord par le Maroc, la route commerciale a été bloquée à plusieurs reprises depuis 2017 par des civils sahraouis, qui sont autorisés à accéder à la zone tampon en vertu du droit international. La police marocaine a répondu aux manifestants, parfois par la violence et les enlèvements, tandis que l’ONU a toujours laissé le Maroc libre de réprimer les Sahraouis. Du côté de l’ONU et de son envoyé spécial, l’ancien directeur du FMI et président allemand Horst Köhler, qui a occupé le poste d’août 2017 à mai 2019, aucune objection à cette violation du droit international par le Maroc n’était audible. Le 27 janvier 2019, Ahmed Salem Ould Ahmed Lemgheimadh, commerçant sahraoui de 24 ans, a bloqué la circulation des marchandises près de Guerguerat et s’est immolé par le feu pour protester contre l’arbitraire de la police et l’occupation marocaine. Trois jours plus tard, le jeune Sahraui a succombé à ses blessures[6].
    30 ans de non-violence, non concluants
    Fin septembre 2020, des dizaines de civils non armés des camps algériens ont fait le voyage de 1 500 kilomètres vers Guerguerat le long du mur de séparation miné, s’installant initialement dans la zone tampon près de Guerguerat à partir de la mi-octobre. En parallèle, les Sahraouis ont organisé des sit-in et des manifestations initiales devant la barrière, à la vue des militaires marocains et des troupes de la MINURSO. À partir de la fin octobre, une soixantaine de militants ont occupé l’importante route commerciale vers la Mauritanie pendant plus de trois semaines, avec pour résultat d’empêcher quelque 200 camions marocains, principalement chargés de nourriture, de poursuivre leur route vers le nord par la Mauritanie [7]. « Il y avait surtout des femmes et des jeunes hommes. Il n’y avait pas de militaires sahraouis là-bas. Il s’agissait de civils provenant des camps de réfugiés et des zones libérées », a déclaré à GWR Nadjat Hamdi, représentant du Polisario. Cependant, début novembre, les troupes marocaines se sont positionnées dans la zone d’accès restreint et ont fini par pénétrer dans la zone tampon le 13 novembre, à nouveau en violation du droit international et sous les yeux des unités de la MINURSO. Le blocus devait être levé et la libre circulation des marchandises rétablie.
    Les troupes marocaines ont mené « une attaque brutale contre des civils sahraouis non armés qui manifestaient pacifiquement à Guerguerat », selon une lettre du président sahraoui Brahim Ghali au secrétaire général des Nations unies António Guterres. Les troupes du Polisario sont intervenues pour mettre les militants en sécurité, affrontant les forces de sécurité marocaines ; le ministre sahraoui des Affaires étrangères, Mohamed Salem Ould Salek, a qualifié cette intervention de « légitime défense »[9]. Hamdi poursuit : « Ils n’ont pas seulement déplacé les civils, mais ont également occupé une nouvelle partie du pays et étendu le mur marocain. Et ils n’ont pu faire ça que parce qu’ils savent que l’ONU ne ferait rien. » Elli Lorz, un photojournaliste actif au Sahara occidental, a également signalé l’extension du mur et l’exploitation minière immédiate de la zone environnante, ce qui signifie que l’accès sahraoui à l’océan Atlantique est maintenant essentiellement coupé complètement[10]. Un jour plus tard, le Polisario a déclaré la guerre au Royaume du Maroc le 14 novembre, mettant fin au cessez-le-feu après 29 ans. Dans les jours qui ont suivi, le Polisario a déclaré avoir attaqué les positions marocaines à plusieurs endroits le long de la barrière de 2700 kilomètres, et avoir riposté.[11] Il n’y a aucune information officielle sur les personnes tuées ou blessées. Nadjat Hamdi a confirmé à GWR les attaques du Polisario à travers le mur de séparation, déclarant qu’il n’y avait pas de victimes du côté sahraoui lors de la récente vague de violence. Il a ajouté que les combats n’étaient pas terminés mais se poursuivaient, « ils vont s’intensifier. […] J’en suis sûr, ce n’est que le début. »
    Dans l’interview, Nadjat Hamdi décrit comment, il y a 30 ans, le Front Polisario a délibérément choisi la non-violence afin de mener à bien la lutte de libération sahraouie par des moyens pacifiques. Par exemple, le Polisario a choisi la voie du droit et a poursuivi avec succès l’UE, affirmant que son accord de libre-échange avec le Maroc ne devait pas inclure les territoires sahraouis occupés[12]. Mais qu’est-ce que Siemens, Continental ou HeidelbergCement ont à faire d’un arrêt de la Cour de justice européenne ? L’UE, et surtout les entreprises allemandes, continuent d’exploiter illégalement les matières premières du Sahara occidental, les zones de pêche, le phosphate, les minerais, les pastèques, le sable, le vent ou les tomates. « Tout le monde se comporte comme des voleurs », accuse Nadjat Hamdi. Le Polisario a dû douloureusement se rendre compte que le droit européen n’est pas en mesure d’établir la justice, mais que l’UE, en tant qu’acteur néocolonial, ne sert que les intérêts des sociétés européennes. Trente ans de lutte non-violente ont échoué. Nadjat Hamdi :
    « Attendre patiemment pendant 30 ans signifie beaucoup. C’est toute une génération qui a grandi dans des camps de réfugiés dans des conditions difficiles. Trente ans d’exploitation, trente ans de fuite, trente ans de misère. Nous avons bien sûr continué à nous battre, par d’autres moyens, politiquement, diplomatiquement, juridiquement, mais pas militairement. Mais tout cela n’a servi à rien. Et maintenant, nous utiliserons également la lutte armée comme un moyen légitime pour défendre et libérer notre pays. Nous ne glorifions pas la guerre, car nous l’avons vécue et nous savons ce qu’elle signifie. Nous ne voulons pas la guerre, et pourtant, pour la deuxième fois, on nous y force. »
    La deuxième partie de cet article analyse le rôle de l’UE et des entreprises allemandes dans le conflit du Sahara occidental.
    Cet article de notre auteur Jakob Reimann a été publié dans le numéro de février du mensuel Graswurzelrevolution.
    Die Freiheitsliebe, 29 mars 2021
    Etiquettes : Sahara Occidental, front Polisario, Maroc, ONU, MINURSO,
  • Les terroristes, tous originaires du Maroc, les barons de la drogue aussi

    Le terrorisme et le trafic de drogue en Europe partage la caractéristique d’avoir la même origine : Le Maroc. La raison, c’est le fait qu’ils ont le même commanditeur : Le Makhzen. Ce dernier tire profit des profils financiers et politiques : d’une parte, les milliards d’euros du cannabis et de la cocaïne provenant d’Amérique Latine et dans la base de transit se trouve à Dakhla, au Sahara Occidental; et d’autre part, il s’impose comme partenaire incontournable dans la prétendue lutte contre le terrorisme.

    L’OBS apporte une liste détaillée des plus grands barons de la drogue. Voici le texte intégral de l’article:

    Voici la liste des dix plus gros trafiquants de drogues français

    Ils sont en fuite ou derrière les barreaux. Ils ont chacun leur particularité. Mais ils ont tous un point commun : celui de figurer sur la liste des barons de la drogue les plus puissants de France.

    Depuis 2019, l’office des stups dresse un classement de ses cibles prioritaires, surnommé en interne le « top 25 » des trafiquants de drogue français. Sans doute pour ne pas lui donner un caractère trop prestigieux, ce tableau, classé confidentiel, a été, cette année, sobrement rebaptisé « liste nationale ». Pour intégrer ce cercle restreint des principaux narcos français, les prétendants doivent remplir un certain nombre de critères témoignant de leur puissance et de leur dangerosité : implications dans des règlements de comptes, capacité à se projeter à l’étranger, à corrompre des agents publics, des policiers, des douaniers, moyens logistiques, usage des technologies de dissimulation… Voici les dix plus gros trafiquants de cette liste (1) .

    Moufide Bouchibi

    Surnoms : « Poto », « Mouf », « Karim », « le Parisien ».

    Age : 41 ans.

    Originaire de l’Essonne.

    Particularités : Ex-associé puis rival de Sophiane Hambli – l’ancien trafiquant numéro 1 devenu le principal informateur de l’office des stups –, il a dû quitter le Maroc après une série de règlements de comptes en 2013. En contact direct avec les producteurs, il est considéré comme le principal exportateur de résine de cannabis en France (il enverrait 50 tonnes par mois selon les estimations des policiers).

    Situation : Condamné à vingt ans de prison par le tribunal de Bordeaux en 2015, il vient d’être arrêté à Dubaï.

    Reda Abakrim

    Surnoms : « Turbo », « Mourad de Poissy ».

    Age : 38 ans.

    Originaire de Poissy.

    Particularité : En juin 2020, défendu par Eric Dupond-Moretti, il a été condamné à vingt ans de prison en son absence dans une affaire d’enlèvement et de meurtre.

    Situation : En cavale depuis 2007, il a été arrêté le 22 décembre à l’aéroport de Casablanca alors qu’il descendait, sous une fausse identité, d’un avion en provenance de Dubaï.

    Nordine D.

    Surnoms : « Mac Do », « Monsieur N. ».

    Particularité : Jamais condamné pour trafic de stupéfiants, il ne ferait actuellement l’objet d’aucune mise en examen. Selon des sources policières, il aurait récupéré une partie de la clientèle de Djamel Talhi, dit « James Dean », un ancien associé d’Hambli devenu le numéro 2 du trafic derrière Moufide Bouchibi avant d’être arrêté en 2014. Selon le dossier judiciaire, une partie de la marchandise retrouvée lors de la fameuse saisie des Douanes effectuée boulevard Exelmans, Paris 16e, en octobre 2015, lui appartiendrait.

    Situation : Il naviguerait entre l’Espagne, le Maroc, l’Algérie et Dubaï.

    « Ben de Trappes »

    Originaire de Trappes.

    Particularité : Selon une anecdote racontée par Claire Andrieux dans son livre « la Guerre de l’ombre », ce trafiquant de haut vol aurait réussi à importer de grandes quantités de cannabis au Danemark via des camping-cars.

    Situation : Il a été arrêté en France en 2018 dans une affaire d’usurpation d’identité. Il a, depuis lors, pris la fuite et serait possiblement au Maroc.

    Bouchaïb El Kacimi

    Surnoms : « Bouch de Dreux », « R8 ».

    Originaire de Dreux.

    Particularité : En 2014, ce Franco-Marocain a été considéré comme le responsable d’un vaste réseau d’importation de résine de cannabis et condamné à vingt ans de prison. La drogue était stockée dans une ferme d’Eure-et-Loir. D’après un cahier de comptes retrouvé sur place, son équipe avait organisé pas moins de 45 go-fasts depuis l’Espagne en quatorze mois pour importer 50 tonnes de cannabis.

    Situation : En fuite, possiblement au Maroc.

    Kevin Doure

    Surnoms : « El Negro », « Cali », « le Pablo Escobar français »

    Age : 36 ans

    Originaire de Martinique

    Particularité : Lors d’un premier séjour en prison, il noue des relations avec des « Vénez », surnom donné en Martinique aux Vénézuéliens installés sur l’île, représentants des plus gros narcos sud-américains. Au faîte de sa gloire, on estime qu’il expédiait une tonne de cocaïne par mois. Incarcéré depuis 2013, son réseau continuerait ses affaires malgré son incarcération.

    Situation : En prison

    Rachid El M.

    Surnoms : « Le Chinois »

    Age : 45 ans

    Originaire de Strasbourg.

    Particularité : Proche de Moufide Bouchibi depuis de longues années, il serait l’un des principaux fournisseurs de cannabis de l’Est de la France. Il disposerait de contacts privilégiés chez les producteurs marocains. Il a été condamné à une peine de sept ans de prison en 2017.

    Situation : En fuite.

    Nasserdine et Abdelrani T.

    Surnoms : « Tic et Tac » , « les Jumeaux ».

    Age : 43 ans.

    Originaires de Marseille.

    Particularité : Ces deux frères, condamnés par le passé pour des affaires de vols, approvisionneraient la région de Marseille en résine de cannabis.

    Situation : Ils ne feraient actuellement pas l’objet de mandats de recherche et seraient installés depuis de longues années dans la région de Malaga, dans le sud de l’Espagne.

    Younès L.

    Surnoms : « le Nantais », « le Grand ».

    Age : 40 ans.

    Originaire de Nantes.

    Particularité : Appartenant à une famille bien connue de la PJ nantaise, ce Franco-Marocain né à Meknès est considéré comme le principal pourvoyeur en résine de cannabis du Grand Ouest. Connu pour des faits de vol commis dès l’âge de 15 ans, il n’a jamais été condamné pour trafic de stupéfiants à ce jour.

    Situation : Possiblement au Maroc.

    Ali et Messaoud Bouchareb

    Surnoms : « Ryan » pour Ali

    Age : 50 ans et 41 ans

    Originaires de Saint-Etienne

    Particularité : Ancien braqueur, Ali est considéré comme le cerveau de l’affaire « Air Cocaïne ». En 2014, il est arrêté en Espagne lors du déchargement de 400 kg de poudre blanche, cachée dans une cargaison de poissons surgelés. Il sera mystérieusement relâché avant d’être de nouveau interpellé deux ans plus tard sur une autoroute française.

    Situation : En prison pour Ali, condamné en 2018 à une peine de dix-huit ans de détention dans l’affaire « Air Cocaïne ». Son frère, Messaoud,, a été arrêté en décembre dernier après plus de dix ans de cavale alors qu’il remontait d’Espagne vers la France pour voir sa famille.

    (1) Liste reconstituée à partir de sources policières, judiciaires et documentaires : « La guerre de l’ombre, le livre noir du trafic de drogue en France », de Claire Andrieux (Denoël)

    L’OBS, 28 mars 2021

    Etiquettes : Maroc, Makhzen, trafic de drogue, cannabis, cocaïne, terrorisme, lutte antiterroriste,

  • Sahara Occidental-Maroc : « La Mauritanie ne s’embourbera pas dans les manœuvres marocaines » (expert)

    L’EXPERT MAURITANIEN SOULEIMAN EL-CHIKH HAMDI : « La Mauritanie ne s’embourbera pas dans les manœuvres marocaines »

    Le Maroc a tout fait pour entraver le plan de règlement du conflit du Sahara occidental avant de procéder à son acte « imprudent » à El-Guerguerat, a déclaré l’expert mauritanien des affaires sahelo-sahariennes, Souleiman El-Cheïkh Hamdi, qui assure, que « la Mauritanie ne s’embourbera sûrement pas dans les manœuvres politiques marocaines », si la guerre venait à s’intensifier dans la région.
    Dans un entretien au site « SH24H », paru samedi, Souleiman El Chikh Hamdi, a soutenu que « le Maroc est resté coincé dans le conflit du Sahara occidental, et cette question (sahraouie) sera la cause de la fin de son régime », concluant que les Mauritaniens « sont convaincus » que le parachèvement du processus de décolonisation du Sahara occidental, « va former une barrière impénétrable contre les ambitions expansionnistes marocaines » dans la région. Cette conviction, d’après lui, « bénéficie du soutien de la majorité des tendances, populaires et officielles, en Mauritanie ». 
    Tout en montrant comment le Maroc nourrissait ses idées expansionnistes depuis les revendications du Parti Istiqlal, et les sorties de certains hommes politiques marocains à cet égard, M. Hamdi, a déclaré que « la Mauritanie est exposée de temps en temps à des campagnes hostiles de la part du Maroc ». S’exprimant sur les derniers développements dans la région, M. Hamdi a expliqué que « la situation actuelle nous a ramenés à la case départ, c’est-à-dire à la guerre, la transgression du plan de règlement qui a stagné depuis ses premiers instants, à commencer par l’opération de recensement, l’identification, le cessez-le-feu, la détérioration des droits de l’Homme et l’échec à créer les conditions nécessaires à l’organisation d’un référendum d’autodétermination (au Sahara occidental) ». 
    Pour lui, le Maroc a tout fait pour entraver le travail des Nations unies en raison notamment du soutien français, en violation flagrante des résolutions de l’ONU jusqu’à ce qu’il procède, le 13 novembre 2020, à son acte « imprudent », celui de l’agression militaire contre des civils sahraouis dans la zone tampon d’El-Guerguerat (Sud-ouest du Sahara occidental). Cela dit, est le résultat de sa (du Maroc) « stupidité politique » qui s’était traduite par la violation du cessez-le-feu de l’ONU, vieux de 30 ans. 
    En revanche, le chercheur mauritanien a souligné que « la position mauritanienne concernant la question sahraouie est restée constante, car les relations mauritano-sahraouies sont ancrées dans l’histoire, sur le plan social, économique et politique, car, dit-il, « les deux peuples en font un mais dans deux États ». Notant à cet égard, que la fin de la guerre entre les deux peuples frères en 1978 et le retrait de la Mauritanie de cet épisode « injuste », était « une position saine », mais la plus solide des positions (de la Mauritanie) a été, selon lui, la reconnaissance de la République arabe sahraouie démocratique en 1984 (RASD). 
    Il a en outre, mentionné que « le Maroc sait pertinemment que la Mauritanie a beaucoup enduré en raison des circonstances et des positions difficiles que le pays a dû adopter afin de maintenir une position de neutralité positive ». Il a estimé, par ailleurs, que malgré l’emploi par le Maroc, du trafic de drogues comme moyen pour attenter aux relations entre les deux peuples, « les relations sahraoui-mauritaniennes ne sont pas affectées, bien au contraire, elles sont devenues plus solides ». Dans ce sillage, il a prévenu que si la guerre venait à s’intensifier dans la région, « la Mauritanie ne s’embourbera sûrement pas dans les manœuvres politiques marocaines ».
    Etiquettes : Sahara Occidental, Maroc, Mauritanie,
  • Sahara Occidental : « Le Maroc cache ses pertes militaires » (Bachir Mustapha sayed)

    LE RESPONSABLE SAHRAOUI, BACHIR MUSTAPHA SAYED : « Le Maroc cache ses pertes militaires »

    Suite à sa rencontre mercredi dernier, avec le président de la République mauritanienne, Mohamed Ould Cheïkh Al-Ghazwani, lequel a été destinataire d’une lettre de son homologue, de la république arabe Sahraouie démocratique, Brahim Ghali, le membre du secrétariat national du Front Polisario, Bachir Mustapha Sayed, a indiqué, dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, que le président mauritanien est au courant de tout ce qui a trait à la situation et à ses développements, dans la région d’EL-Guerguerat, et de la réalité de la répression marocaine, dans les territoires sahraouis occupés. 
    Depuis le 13 novembre dernier, suite à l’agression militaire marocaine, contre des civils sahraouis, à El-Guerguerat, en violation du cessez-le-feu onusien conclu entre le Front Polisario et le Maroc, l’Armée de libération du peuple sahraoui a riposté et depuis la guerre a repris au Sahara occidental, territoire soumis à un processus de décolonisation à l’ONU, auquel s’opposent le Maroc et ses soutiens, dont la France, faisant perdurer ainsi le dernier, système colonial en Afrique. 
    Poursuivant son intervention dans la vidéo précitée, le ministre-conseiller en charge des affaires politiques à la présidence sahraouie, a affirmé que Rabat persiste à vouloir résoudre le conflit qui l’oppose au Front Polisario, par la force des armes et le fait accompli, en torpillant toute solution basée sur le droit international, lequel consacre le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination.
    Poursuivant, le membre du secrétariat national du Front Polisario est revenu sur le black-out médiatique marocain sur la guerre de libération que mène contre lui l’Armée de libération du peuple sahraoui (ALPS), depuis le 13 novembre dernier , ciblant les positions militaires du royaume chérifien, stationnées tout au long du mur de la honte séparant les territoires du Sahara occidental, affirmant que Rabat persiste « à cacher ses pertes ». Après avoir des années durant, depuis la date du cessez-le-feu sous les auspices des Nations unies, et la création de la mission de l’ONU pour l’organisation du référendum au Sahara occidental (Minurso), la partie marocaine, souligne le responsable sahraoui, « œuvre à perturber et torpiller la voie de la solution par le référendum » jusqu’ à violer, a-t-il déclaré « le cessez-le-feu, novembre dernier, à El-Guerguerat ». 
    Rapportant l’audience qui lui a été accordée par le président mauritanien, Ould Cheïkh Al-Ghazwani, l’agence de presse mauritanienne a indiqué que, le responsable sahraoui, Bachir Mustapha Sayed, « a remis la lettre du président sahraoui Brahim Ghali » au chef de l’État de la Mauritanie, message portant sur « l’évolution de la question sahraouie et des relations bilatérales » entre les deux pays voisins, la Mauritanie et le Sahara occidental.
    Karima B.
    Etiquettes : Sahara Occidental, Maroc, Front Polisario, ONU, MINURSO, 
  • Le conflit du Sahara occidental et l'ONU

    Comment le conflit a-t-il surgi ? – Lignes de conflit et acteurs impliqués – Le rôle de la communauté internationale : Selon la population locale, « la dernière colonie d’Afrique », selon le Maroc, une partie de son territoire national : La souveraineté sur le Sahara occidental n’a pas été résolue depuis le retrait de la puissance coloniale espagnole en 1975. Des récits totalement contradictoires sur la cause du conflit, ainsi que le désaccord de la communauté internationale, bloquent toute solution. Pendant ce temps, les réfugiés du conflit vivent dans des camps depuis 45 ans, tandis que les matières premières de la région sont exportées dans le monde entier au profit du Maroc.

    Comment le conflit a-t-il surgi ?
    Lorsque l’Espagne s’est retirée du Sahara occidental en tant que puissance coloniale en 1975, elle a transféré le contrôle administratif de la moitié nord au Maroc, et celui du sud à la Mauritanie, comme stipulé dans l’accord de Madrid. Les Sahraouis, la population locale représentée par leur mouvement indépendantiste Polisario (Frente Popular de Liberación de Saguía el Hamra y Río de Oro), n’ont pas été inclus dans les négociations. En 1976, ils ont déclaré la République arabe saharienne démocratique (RASD) comme un État indépendant sur l’ensemble du territoire contesté.
    La Mauritanie retire rapidement ses revendications territoriales, laissant le conflit de souveraineté au Maroc et au Polisario, qui s’engagent dans une guérilla indécise qui dure 15 ans sans vainqueur. En 1984, le Maroc construit un mur de sable de 2 700 km de long pour séparer les fronts, ce qui permet de contenir en grande partie les combats. Depuis lors, le tiers oriental du territoire est contrôlé par le Polisario, les deux tiers occidentaux par le Maroc.
    Dans le conflit contre le royaume, les Sahraouis ont pu se maintenir grâce au soutien de l’Algérie : Façonnée par sa propre expérience de la colonisation, elle soutient les mouvements d’indépendance dans le monde et donc la revendication sahraouie. En outre, elle est en concurrence avec le Maroc pour la démarcation des frontières et la suprématie régionale. L’Algérie ouvre sa frontière aux réfugiés civils sahraouis ainsi qu’aux unités militaires du Polisario, qui trouvent refuge au-delà. Le Maroc n’a aucun intérêt à entamer une confrontation militaire directe avec l’Algérie.
    En 1991, l’ONU a négocié un accord de cessez-le-feu entre le Maroc et le Polisario. Dans cet accord, les deux parties conviennent d’un référendum pour décider entre l’indépendance du Sahara Occidental et son affiliation au Maroc. Pour ce faire, la mission des Nations unies MINURSO (Mission des Nations unies pour le référendum au Sahara occidental) est fondée. Mais les deux parties ne parviennent pas à se mettre d’accord : Les Sahraouis demandent que l’ethnicité soit déterminante pour le droit de vote et donc que seuls ceux qui ont vécu dans la région jusqu’à la fin de la période coloniale espagnole en 1975, ainsi que leurs descendants, soient autorisés à voter. Le Royaume du Maroc, quant à lui, insiste sur l’appartenance territoriale comme facteur décisif, c’est-à-dire que toutes les personnes vivant aujourd’hui sur le territoire doivent être incluses. Il y a maintenant environ 100.000 migrants du territoire marocain qui vivent au Sahara Occidental. Cette différence de voix serait significative pour l’issue du référendum.
    Ce désaccord fondamental n’a pu être surmonté malgré de nombreux cycles de négociations, et le conflit n’a donc pas abouti. L’accord de cessez-le-feu de 1991 est resté en vigueur et le conflit a été de plus en plus oublié – jusqu’en novembre 2020, lorsque Brahim Ghali, le chef du Polisario, a déclaré l’accord invalide, rejetant la faute sur le Maroc, et que de nouveaux affrontements militaires ont commencé.
    La majorité de la population civile sahraouie vit depuis 1975 dans des camps de réfugiés dans le sud-ouest de l’Algérie, près de la ville de Tindouf. Les camps, qui dépendent entièrement de l’aide humanitaire, comptent une population de 170 000 personnes, selon les estimations du HCR. Ici, le Polisario organise la vie politique comme une « république en exil » : il s’est doté d’un parlement, d’une constitution et de représentations internationales. La jeune génération, en particulier, ne voit aucune perspective d’avenir et est de plus en plus frustrée par l’impasse dans laquelle se trouve le conflit. La reprise des armes en 2020 n’est donc pas une surprise.
    Lignes de conflit et acteurs impliqués
    Les récits des deux parties sur le conflit sont irréconciliables, ce qui rend la conversation sur le sujet presque impossible. Le Maroc argumente pour protéger son propre territoire et sa population – y compris les Sahraouis. Les Sahraouis, quant à eux, se considèrent comme « la dernière colonie d’Afrique » et parlent de « décolonisation inachevée » car leur territoire est occupé par le Maroc. L’ONU classe le Sahara Occidental comme un « territoire sans gouvernement autonome ».
    Outre le nationalisme, des intérêts économiques sont également en jeu : Les territoires du Maroc et du Sahara occidental ont un quasi-monopole sur les gisements de phosphate dans le monde, une matière première nécessaire pour fabriquer des engrais et donc centrale pour la production alimentaire moderne. 70 % d’entre elles se trouvent dans les territoires du Sahara occidental contrôlés par le Maroc. Enfin, de riches zones de pêche se trouvent au large de la côte, dont l’UE, entre autres, importe par le biais d’accords commerciaux avec le Maroc. En outre, des gisements de pétrole et de gaz sont soupçonnés dans les eaux appartenant au Sahara occidental, qui n’ont pas encore été explorés. La résolution 1803 de l’ONU de 1962 accorde aux peuples le droit « de disposer des ressources naturelles de leur territoire et de les utiliser pour leur développement et leur bien-être ». Sur cette base, les Sahraouis soutiennent que les matières premières du pays ne peuvent être siphonnées sans leur consentement. Le Maroc rétorque que les bénéfices réalisés seraient investis dans le bien-être de la population locale. Cependant, les investissements sont réalisés dans la partie du Sahara occidental contrôlée par le Maroc, où les Sahraouis ne représentent qu’entre 10 et 30 % de la population.
    Les deux parties s’accusent mutuellement de violations des droits de l’homme : Le Maroc affirme que l’Algérie opprime et maltraite les Sahraouis vivant dans les camps autour de Tindouf. Si les conditions de vie y sont incontestablement difficiles, cette accusation ne bénéficie d’aucun soutien international. D’autre part, avec l’aide de la documentation d’Amnesty International et Human Rights Watch, les Sahraouis rapportent être limités dans leurs droits civils et politiques. L’activisme critique contre la famille royale marocaine est considéré comme illégal, de même que tout ce qui peut être lié à l’indépendance du Sahara occidental. Les violations sont sanctionnées par des intimidations, des arrestations, des tortures, des disparitions forcées et des tirs sur les manifestants.
    La MINURSO est accusée à plusieurs reprises de son inaction face à la brutalité marocaine contre les manifestants et les activistes. Cependant, ses mains sont liées : Il s’agit de la seule mission de l’ONU dans le monde sans mandat de surveillance des droits de l’homme. Les États-Unis et la France, dans l’intérêt du Maroc, s’y opposent au sein du Conseil de sécurité des Nations unies.
    Le rôle de la communauté internationale
    Au sein de l’ONU, il n’y a pas d’accord sur le statut du Sahara Occidental : 84 états dans le monde reconnaissent l’indépendance du DARS. Ce dernier est membre à part entière de l’Union africaine – dont le Maroc s’est temporairement retiré en signe de protestation – depuis 1981. En décembre 2020, l’administration américaine de Donald Trump est devenue la première à reconnaître officiellement la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental.
    La confiance du Polisario dans le processus de paix international n’a cessé de diminuer au cours des 30 dernières années d’impasse. Sous la direction du dernier envoyé spécial de l’ONU au Sahara occidental, l’ancien président allemand Horst Köhler, des pourparlers ont eu lieu en 2018-2019 sur un accord d’autonomie présenté par le Maroc et rejeté par le Polisario. Depuis que Köhler a démissionné de son poste en mai 2019 pour des raisons de santé, le poste est resté vacant. Ainsi, le processus politique a été complètement paralysé. Depuis que le cessez-le-feu a été rompu en 2020, l’ONU n’a pas été en mesure de le rétablir. Pendant ce temps, des voix internationales demandent qu’il est temps pour l’ONU de changer d’orientation : l’accord de 1991 ne doit plus être l’objectif. De nouvelles approches devraient être introduites par la communauté internationale. (Société allemande pour les Nations unies)
    Africa Live, 27 mars 2021
  • Sahara Occidental: L'ONG DHSF gèle ses activités, un camouflet pour le Maroc

    L’annonce du gel des activités de l’ONG Droits de l’Homme sans frontières (DHSF), de droit argentin, dans les pays d’Amérique Latine et d’Afrique du Nord, constitue un véritable camouflet pour le régime marocain, qui utilise souvent cette organisation pour s’attaquer au Front Polisario. Le DHSF a dans un communiqué publié le 20 mars sur son site web, annoncé « suspendre la publication au nom de l’institution de rapports, déclarations et avis en lien avec la situation des droits de l’Homme dans les pays d’Amérique Latine et d’Afrique du Nord » sur fond de scission dans ses rangs. Le communiqué en question, outre qu’il prévoit la révision des statuts de DHSF sur la base de propositions attendues dans 30 jours d’un panel de juristes désignés à cet effet, annonce la décision du Conseil d’administration de l’ONG de « ne pas apporter sa caution aux déclarations émises par les membres du Conseil, en particulier par son directeur par intérim, le Chilien Juan Carlos Moraga Duque ».

    Et de préciser dans ce sens, que les opinions de Juan Carlos Moraga Duque « n’engagent que sa personne », mettant ainsi un terme à l’instrumentalisation par ce dernier de DHSF à des fins de propagande pour servir les intérêts du Maroc et de ses alliés latino-américains notamment en ce qui concerne la question du Sahara occidental. Comme de coutume, les médias proches du makhzen au Chili et en Argentine, tout en regrettant la teneur du communiqué, ont imputé ce revirement d’une partie du Conseil d’administration de DHSF aux pressions exercées par le Venezuela (gouvernement et opposition) ainsi que par des éléments présentés comme « sympathisants du Front Polisario ». 
    Notant que lorsque cette proposition d’ »élargissement » a été soulevée, une discussion s’est engagée au sein du DHSF, et des dénonciations sont également exprimées sur « l’intention cachée de Moraga d’utiliser cette organisation au profit de l’une des parties en question: le Maroc, au détriment du Front Polisario ». C’est ainsi que DHSF a tenu à préciser également dans son communiqué que « les déclarations de Moraga contre le Front Polisario sont pratiquement désavouées », l’accusant d’utiliser sa position et le nom de DHSF en faveur du Maroc. 
    Par ailleurs, un article publié récemment sur le site d’information portalnoticioso.net depuis l’Argentine, a rapporté que, depuis un an, une véritable lutte idéologique s’est engagée à l’intérieur de DHSF où, des secteurs liés à l’ultra-gauche qui défend le Front Polisario, ont coïncidé avec l’ultra-droite qui attaque le gouvernement de Nicolas Maduro, dirigé par Maria Corina Machado, pour critiquer les rapports, tant en ce qui concerne le Venezuela que le Sahara occidental. 
    Pour rappel, le Comité Argentin d’Amitié avec le Peuple Sahraoui avait dénoncé en octobre dernier un rapport mensonger de DHSF sur le Sahara occidental. « Loin de lutter pour la défense des droits humains, l’organisation DHSF, applaudit ceux qui les piétinent et les violent au quotidien, à l’instar du Maroc, pays usurpateur qui occupe illégalement les territoires sahraouis depuis près d’un demi-siècle », avait réagi le Comité argentin qui dit être dans « l’obligation » de répondre aux allégations colportées par cette ONG, relayées par certains médias. 
    Pour sa part, l’analyste politique chilien, Esteban Silva Cadra, avait dénoncé récemment DHSF comme une organisation de « façade » pour diffuser la position des porte-paroles de la monarchie marocaine en Amérique latine, qui utilisent politiquement la question des droits de l’Homme pour discréditer le Front Polisario et ses partisans auprès des gouvernements et des mouvements sociaux et politiques solidaires avec la cause du peuple du Sahara occidental », occupé par le Maroc depuis 1975. Esteban Silva Cadra, sociologue et président du groupe chilien d’amitié avec la République Arabe Sahraouie Démocratique (RASD), avait déclaré à ce propos: « Lorsque nous avons enquêté sur l’origine de cette entité (DHSF), nous avons découvert qu’il s’agissait d’une +créature virtuelle+ totalement inconnue des institutions et des mouvements des droits de l’Homme en Argentine comme au Chili et dans d’autres pays d’Amérique du Sud.
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