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  • DanishBits : Les autorités extradent le « cerveau du piratage » du Maroc

    Après avoir été arrêté et emprisonné au Maroc en octobre dernier, le « cerveau » présumé du tracker torrent privé DanishBits a été extradé vers le Danemark. Après une audience au tribunal municipal de Copenhague la semaine dernière, l’homme a été placé en détention provisoire pendant 25 jours.

    danishbitsAprès s’être imposé comme l’un des principaux traqueurs privés de torrents sur le web avec des millions de visites par mois, ce n’était qu’une question de temps avant que DanishBits n’attire l’attention des autorités.

    En effet, le groupe anti-piratage danois Rights Alliance a discrètement signalé le site à la police locale dès 2016, mais bien que les rouages de l’application de la loi puissent avancer lentement, au cours du dernier trimestre de 2020, des progrès significatifs vers le démantèlement de l’opération ont été rendus publics.

    Arrestation du propriétaire de DanishBits

    Au cours du mois d’octobre 2020, DanishBits – qui était extrêmement populaire sur son territoire d’origine – est soudainement devenu inaccessible. Une source proche du site a informé TorrentFreak que l’un des propriétaires du site avait été arrêté plus tôt dans le mois, et que le temps d’arrêt était attribué à la situation difficile de cette personne.

    En décembre 2020, la situation de DanishBits est devenue plus claire. Le procureur d’État danois chargé des délits économiques graves (SØIK) a révélé qu’un Danois de 33 ans avait été arrêté au Maroc, à la suite d’une enquête déclenchée par une plainte officielle du groupe de piratage local Rights Alliance.

    L’individu, dont le nom n’a pas encore été révélé et qui a été désigné comme le chef de file présumé des DanishBits, a été temporairement emprisonné au Maroc, dans l’attente d’une procédure d’extradition visant à le renvoyer au Danemark pour y être jugé.

    Extradition vers le Danemark : une action rapide

    Les cas d’extradition impliquant des contrevenants présumés au droit d’auteur sont relativement rares.

    Kim Dotcom, par exemple, se bat toujours contre son extradition en Nouvelle-Zélande neuf ans après son arrestation initiale. George Bridi, qui serait un ancien acteur clé du groupe de diffusion SPARKS, serait toujours à Chypre en attente d’extradition vers les États-Unis après avoir été arrêté en août dernier. Pour l’opérateur présumé de DanishBits, cependant, les choses ont évolué beaucoup plus rapidement.

    Selon une nouvelle annonce du procureur spécial Dorte Frandsen du SØIK, le « chef de file » de DanishBits, âgé de 33 ans, est maintenant de retour sur le sol danois après une procédure d’extradition réussie. Lors d’une audience au tribunal municipal de Copenhague jeudi dernier, il a été placé en détention provisoire pendant 25 jours.

    SØIK : se cacher à l’étranger offre peu de protection

    « Nous considérons que cet homme de 33 ans est le cerveau d’un vaste réseau de partage de fichiers », déclare M. Frandsen.

    « L’affaire est toujours en cours d’investigation, et il ne faut pas croire que l’on peut se cacher à l’étranger et éviter ainsi d’être traduit en justice. La coopération internationale fonctionne, et il y a un risque d’être emprisonné pendant une longue période à l’étranger. »

    En réponse à ce développement, la directrice de Rights Alliance, Maria Fredenslund, se félicite de l’efficacité du groupe de travail sur les droits de propriété intellectuelle du SØIK, qui a renvoyé le défendeur au Danemark pour y être jugé.

    « Il est extrêmement satisfaisant pour les titulaires de droits de voir comment le SØIK frappe les suspects danois à l’intérieur et à l’extérieur de l’Europe. Cela envoie un signal clair que les criminels ne peuvent pas se cacher – pas même en dehors des frontières du Danemark », dit Fredenslund.

    « C’est vraiment un excellent effort de la part du SØIK, du Centre national de la cybercriminalité (NC3) de la police nationale, et des autorités policières des autres pays impliqués. »

    NordicBits : Pas d’extradition en raison de circonstances sombres.

    En 2018, Rights Alliance a également signalé un autre tracker privé aux autorités. Bien que comptant moins de membres, environ 5 000, NordicBits était toujours considéré comme un acteur dans la région et un homme de 69 ans a finalement été identifié par les autorités comme son opérateur. Suite à l’action de SØIK, il a été interrogé et inculpé par la police en Espagne en septembre dernier.

    « Il a admis être dans les coulisses et a ensuite aidé à fermer le service de partage de fichiers », ajoute SØIK, confirmant les rapports précédents.

    « Cela a mis un terme immédiat au partage illégal. L’accusé était gravement malade au moment de l’accusation et est décédé avant que l’affaire ne soit portée devant le tribunal. »

    Les deux sites étaient exploités de manière professionnelle

    Le SØIK indique que, selon son enquête, menée conjointement avec le Centre national de la cybercriminalité (NC3) de la police nationale et les autorités policières d’autres pays, DanishBits et NordicBits étaient tous deux exploités de manière professionnelle.

    « [L]es administrateurs et les utilisateurs ont fait de gros efforts et étaient très conscients de cacher leur véritable identité – par exemple, en payant avec des crypto-monnaies », note SØIK.

    Rights Alliance et SØIK : agir rapidement pour arrêter les pirates
    Mais si DanishBits et NordicBits sont déjà passés à la trappe, la guerre contre les sites de partage de fichiers au Danemark se poursuit.

    « L’enquête sur les affaires de partage de fichiers se poursuit par l’unité spéciale DPI (droits de propriété intellectuelle) du SØIK, qui est une unité nationale chargée d’enquêter et de poursuivre les violations de la loi sur les marques, de la loi sur le droit d’auteur, de la loi sur les dessins et modèles, de la loi sur les brevets et de la loi sur la radio et la télévision », conclut l’agence.

    Torrent freak, 23 mars 2021

    Tags : Maroc, Danemark, hacker, pirate, DanishBits, NordicBits,

  • Le roi du shit français présenté à la justice à Dubaï

    Principal importateur de cannabis en France, Moufide Bouchibi a été interpellé dimanche 21 mars au soir à Dubaï. Il est présenté ce mercredi à la justice locale en vue de son extradition vers la France.

    C’est la chute d’une légende et d’un fantôme. Depuis plus de dix ans, il échappait aux policiers spécialisés dans la lutte contre le trafic de stupéfiants. L’une des seules photos de lui en possession des autorités française date de plus de vingt ans.

    Moufide Bouchibi a été interpellé dimanche soir à Dubaï par la police locale. Le trafiquant était pisté depuis de long mois par les policiers de l’Office anti-stupéfiants (OFAST) qui poussaient pour obtenir son interpellation. En soirée ce mardi, le parquet de Dubaï a confirmé l’identité de « Mouf » aux autorités françaises. Le trafiquant a été formellement identifié grâce à une photo et des empreintes digitales contenues dans une notice rouge d’Interpol. Selon nos informations, le trafiquant de 41 ans, petit dealer de cité devenu le plus gros importateur de cannabis en France, est présenté ce mercredi matin à 9 heures aux autorités judiciaire de Dubaï en vue de son extradition réclamée par la France. Cette information ultra-sensible a pris 48 heures avant d’avoir une confirmation officielle.

    Alors que la plupart de ses lieutenants sont tombés au fil des ans, le caïd avait toujours réussi à passer entre les mailles du filet des enquêteurs de la police judiciaire. « En cavale, on le disait caché en Algérie, commente le journaliste et écrivain Jérôme Pierrat, spécialiste du grand banditisme (1). Il a démarré comme petit revendeur avant de monter marche par marche trous les échelons du grand banditisme. » Il a même atteint le sommet du narcotrafic en France : si les chiffres sont toujours à prendre avec des pincettes, on lui attribue l’importation de 50 à 60 tonnes de cannabis par an vers l’Europe. Un trafic qui lui aurait rapporté jusqu’à 70 millions d’euros par an.

    Un trafiquant de premier ordre

    Petit dealer de l’Essonne né à Orsay, Moufide Bouchibi connaît une ascension fulgurante au début des années 2000 lorsqu’il se greffe à l’organisation d’un poids lourd du trafic de stups : l’Alsacien Sophiane Hambli. Aux côtés de « La Chimère », Bouchibi se spécialise dans les go-fasts, ces convois de grosses cylindrés qui remontent le cannabis depuis le sud de l’Espagne. Petit à petit, sous l’aile d’Hambli, « Mouf » devient un trafiquant de premier ordre, un homme qui compte dans le business du cannabis. Quand il est interpellé en 2002 avec 240 kg de cannabis, ses complices rivalisent d’ingéniosité pour le sortir de détention. Un fourgon qui le transporte à l’hôpital de Mulhouse est notamment attaqué par deux hommes armés. L’évasion échoue et « Mouf » doit purger sa peine.

    En 2008, il retourne s’installer en Espagne et reprend le trafic aux côtés de Sophiane Hambli. Mais l’association ne va pas durer longtemps. « Bouchibi était convaincu qu’Hambli était responsable de l’arrestation de plusieurs de ses équipes, souligne un bon connaisseur du dossier. Cela a nourri une haine féroce entre eux. » Alors quand Hambli tombe, en 2009, « Mouf » prend la main sur le trafic. Hambli n’apprécie pas. Et comme dans ce milieu, les conflits ne se règlent pas par la discussion, le sang coule. En 2009, Bouchibi est enlevé au Maroc par des hommes armés. Torturé, il est libéré contre plusieurs centaines de milliers d’euros, expliqueront les exécutants après leur arrestation. Dans les mois qui suivent, plusieurs hommes suspectés d’avoir participé à cet enlèvement sont tués dans des règlements de compte.

    1,3 t de cannabis saisie dans la région lyonnaise

    Moufide Bouchibi devient alors une cible de premier ordre pour les policiers français. En 2011, le GIGN saisit 1,3 t de cannabis lui appartenant, mais cela n’est qu’une péripétie dans l’ascension du trafiquant qui est alors à la tête de plusieurs équipes spécialisées dans les go-fasts. Traqué par ses rivaux et les policiers, il échappe en 2012 à une arrestation au Maroc et se réfugie en Algérie d’où il dirige des affaires forissantes. Début 2013, l’OCRTIS le place tout en haut de sa liste. François Thierry, le patron des stups, est déterminé à faire tomber « Mouf ». Il parvient bien à saisir 1,3 t de cannabis appartenant au trafiquant dans la région lyonnaise, mais « Mouf », condamné à 20 ans de prison en septembre 2015 à Bordeaux, est un fantôme qui reste loin de la France.

    Pour parvenir à faire tomber « Mouf », François Thierry a une idée. Depuis plusieurs années, il collabore ainsi avec… Sophiane Hambli, l’ennemi juré de Bouchibi. Hambli ne se fait pas prier pour tenter de piéger son ancien rival : il sert d’intermédiaire entre des policiers infiltrés et des proches de Bouchibi, mais l’opération avorte. La relation incestueuse entre François Thierry et son indic coûtera finalement sa place au grand flic après la saisie, en octobre 2015 à Paris, de sept tonnes de cannabis par les Douanes. « Il se dit que les 7 t appartenaient à Bouchibi », souligne d’ailleurs un bon connaisseur du marché des stupéfiants. La provenance obscure de la drogue, entrée en France avec l’aval des stups, marque la fin de l’opération visant à faire tomber le réseau de « Mouf ». François Thierry est discrédité, Hambli interpellé. Dans l’histoire, Moufide Bouchibi a simplement perdu 7 t de cannabis. Presque une broutille : son trafic avait bien survécu à la saisie par les autorités espagnoles, en juillet 2015, de 48 t de cannabis dans le port de Cadix, selon l’Obs qui lui a consacré un long portrait.

    «Son réseau est tentaculaire»

    Depuis ce rocambolesque épisode, l’ampleur prise par Moufid Bouchibi est devenue plus grande encore. Proche de producteurs de cannabis marocains, il disposerait d’une flotte importante de bateaux destinés à transporter la drogue et serait aussi en lien avec des narcos sud-américain spécialisés dans le trafic de cocaïne. « Son réseau est tentaculaire », assure une source proche des investigations. Avant son extradition, attendue impatiemment par les policiers français, les enquêteurs vont tenter d’évaluer et de retracer son immense patrimoine. Le petit dealer de l’Essonne serait notamment propriétaire de plusieurs villas au Maroc ou en Algérie…

    Longtemps eldorado des trafiquants français, qui y trouvent un climat agréable et peuvent étaler leur richesse sans éveiller les soupçons, Dubaï a renforcé ces derniers mois sa coopération avec les autorités françaises. En quelques semaines plusieurs trafiquants de premier plan ont ainsi été interpellés aux Emirats. Le 18 février, c’est Hakim Berrebouh, alias « Marcassin » ou « La Baleine », âgé de 40 ans, qui est tombé aux mains des autorités dubaïotes. Reda Abakrim, dit Turbo, avait lui été interpellé fin décembre 2020 au Maroc après avoir fui Dubaï précipitamment.

    Le Parisien, 23 mars 2021

    Tags : France, Maroc, Dubaï, cannabis, haschich, Algérie, cocaïne, shit, Kif, Moufide Bouchibi, le roi du shit,

  • L’aéroport d’Orly teste la reconnaissance faciale à l’embarquement avec Transavia

    VU AILLEURS Repoussée d’un an à cause de la pandémie de Covid-19, l’expérimentation de la reconnaissance faciale à l’aéroport d’Orly vient d’être lancée sur les vols vers le Maroc avec la compagnie Transavia. Grâce à la captation de données biométriques, les voyageurs n’ont plus besoin de présenter leur titre de transport, ce qui fluidifie l’embarquement. D’ici deux mois, les voyageurs partant vers les DOM-TOM devraient être inclus dans le test.

    L’aéroport d’Orly teste depuis quelques jours la reconnaissance faciale pour fluidifier l’embarquement des voyageurs, d’après Le Parisien. L’expérimentation devait débuter il y a un an mais a été retardée par la pandémie de Covid-19, qui a cloué les avions au sol.

    PLUS BESOIN DE PRÉSENTER SON BILLET
    La technologie a été fournie par la société française Idemia, spécialisée dans les dispositifs biométriques. Au moment de déposer son bagage, une caméra va filmer et capturer le visage du passager. Le logiciel va établir un gabarit er comparer ses traits avec les données inscrites sur le passeport.

    Ainsi, à l’embarquement, il suffira au voyageur de scanner son visage sur une borne dédiée pour accéder à l’avion. En d’autres termes, plus besoin de présenter ses billets. Ce qui constitue un gain de temps considérable, d’après Paris Aéroport (anciennement ADP).

    LES VOLS À DESTINATION DU MAROC
    Actuellement, seuls les vols à destination du Maroc avec la compagnie Transavia, filiale du groupe Air France-KLM, sont concernés par ce test. N’étant pas encore complets, ces vols seraient un bon terrain d’expérimentation. Mais un déploiement à une plus large échelle est déjà envisagé : d’ici deux mois, seront inclus des vols de plus de 200 passagers d’Air Caraïbes vers les DOM-TOM.

    En application du Règlement général sur la protection des données (RGPD), les voyageurs ne sont pas forcés d’utiliser ce dispositif. D’ailleurs, certains auraient refusé craignant pour la protection de leurs données biométriques. Sur ce sujet, ADP affirme que « les données sont supprimées automatiquement dès que l’avion décolle ».

    UNE EXPÉRIMENTATION SIMILAIRE À LYON
    Orly n’est pas le premier aéroport à tester la reconnaissance faciale. En octobre 2020, l’aéroport de Lyon Saint-Exupéry a lancé « Mona », une solution pour fluidifier le parcours passager du domicile jusqu’à l’avion. Sont concernés les passagers des compagnies Transavia sur les vols vers Porti et TAP Air Portugal vers Lisbonne. C’est Idemia qui, encore une fois, supervise l’aspect technologique de la solution qui s’articule autour d’un système de reconnaissance faciale et d’une solution de marketing relationnel.

    Ces dispositifs restent encore au stade expérimental et leur généralisation semble compromise tant que la France ne se dotera pas d’un cadre autorisant par principe la reconnaissance faciale.

    L’Usine Digitale, 23 mars 2021

    Tags : Maroc, aéroport d’Orly, reconnaissance faciale, vols, voyages, sécurité,

  • RDC : qui est Honoré Ngbanda Nzambo Ko Atumba, décédé recemment au Maroc ?

    La mort de l’ancien conseiller spécial du Maréchal Mobutu Sese Seko, dimanche 21 mars au Maroc dans la matinée, a fait la Une de l’actualité de plusieurs organes de presse tant nationaux qu’internationaux. La personnalité de Honoré Ngbanda Nzambo Ko Atumba fait, depuis sa disparition, un thème d’enquête journalistique pour découvrir ce qu’était l’homme qui à l’unanimité reçoit des hommages redoutables ici et ailleurs.

    Qui est-il ?

    Né un certain le 5 mai 1946 à Lisala région de l’Equateur en RDC, Honoré Ngbanda Nzambo Ko Atumba fut un homme de confiance du président Joseph Désiré Mobutu qui a occupé des fonctions importantes dans le régime instauré par le MPR. Il fit ses études primaires et secondaires chez les Missionnaires catholiques, dans la province de l’Equateur avant d’être diplômé en philosophie à l’Université de Kinshasa en 1972.

    Faisant un bref passage à l’Université de Louvain, en Belgique, l’homme commence en 1972 sa carrière à la présidence de la République où il est chercheur au Centre national de documentation (CND), département de la Documentation extérieure (CND/DDE). Le CND est aujourd’hui l’Agence nationale de renseignements.

    Carrière politique

    En 1975, Il est administrateur (Directeur) en charge des opérations au CND/DDE. Grâce à ce poste, il va entamer des négociations pour faire rapatrier en RDC, des anciens rebelles zaïrois en Zambie, en Ouganda, en Tanzanie et au Kenya. C’est ainsi que bon nombre de rebelles regagnent le pays sous la protection de Honoré Ngbanda.

    Cet Homo Novus est en 1976, premier Conseiller à l’ambassade du Zaïre à Bruxelles et directeur du centre culturel. Ces nouvelles fonctions vont lui permettre de surveiller les opposants en Belgique. Il est nommé « numéro deux» du Service National d’Intelligence (S.I.N) qui remplace le CND. Donc un service des Renseignements après son retour en 1979.

    C’est dans cette institution qu’il va évoluer en alternance avec la diplomatie. Il est directeur du centre culturel du Congo en Europe et ambassadeur en Israël entre les années 83 et 85, avant d’être nommé à la tête des services d’intelligence.

    Poursuite de carrière des honneurs

    En 1982, il effectue une mission diplomatique pour le rétablissement des relations Israélo-Zaïroises et ce, quelques années après le discours du Président Mobutu du haut de la tribune des Nations Unies, conduisant ainsi à la fermeture de l’ambassade du Zaïre en Israël en 1973. Et de là, Honoré Ngbanda sera nommé Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Zaïre en Israël.

    Maître espion de l’ancien président Mobutu Sese Seko, Honoré Ngbanda Nzambo Ko Atumba a été un fidèle jusqu’au bout de l’ancien chef de l’Etat Zaïrois. Conseiller politique du président Mobutu au temps fort de la démocratisation en 1990, l’homme est par la suite, nommé ministre de la Défense dans les gouvernements d’Etienne Tshisekedi, Mungul Diala et Ngunz Karl I Bond.

    Dans ces fonctions, il se rend indélébile du massacre historique d’étudiants à Lubumbashi en 1990 et de la féroce répression des chrétiens en février 1992. C’est ainsi qu’on lui colla le surnom de «Terminator». Malgré ce surnom, Honoré Ngbanda a été pasteur dans une église de réveil.

    Le nouveau terminator va cette fois-ci mener des négociations avec l’Ouganda et le Rwanda lors de la rébellion contre Mobutu en 1996.

    Exil et la fin du terminator

    Honoré Ngbanda Nzambo Ko Atumba quitte la RDC en 1997 quelques jours avant la chute de son mentor, qui a dirigé en despote et d’une main de fer le pays de Lumumba de 1965 à 1997. Il part en exil en France et fonde l’Alliance des patriotes pour la refondation du Congo (Apareco), opposé au régime Kabila et dès lors, il dénonce une mainmise des Tutsis et de Paul Kagame sur le régime de Kinshasa.

    La mort, raison ultime

    L’homme vivait depuis quelques années au Maroc où il est mort à l’âge de 74 ans et devait fêter ses 75 ans d’âge dans deux mois. Il serait mort atteint d’un cancer.

    Gilbert Mulumba

    La Prospérité, 23 mars 2021

    Tags : Maroc, Honoré Ngbanda Nzambo Ko Atumba, Mobutu Sese Seko, RDC, Congo,

  • Le « tourisme sexuel » israélien est le fruit de la normalisation avec les EAU

    Le « tourisme sexuel » israélien est le fruit de la normalisation avec les EAU

    Dr Adnan Abu Amer

    Il est difficile de croire les témoignages de touristes israéliens revenant des EAU, dans lesquels ils décrivent Dubaï comme le Las Vegas du Moyen-Orient. Ceci est particulièrement vrai en ce qui concerne la propagation de la prostitution et du commerce du sexe qui ne sied pas à un pays arabo-musulman.

    Des rapports en provenance d’Israël suggèrent que 8 000 Israéliens se sont rendus à Dubaï pour célébrer le Nouvel An. Ils ont apparemment emporté du haschisch et de la marijuana dans les Émirats arabes unis, en dépit de la législation stricte de ce pays en matière de drogues, qui prévoit jusqu’à 20 ans d’emprisonnement et parfois l’exécution pour les trafiquants de drogues reconnus coupables.

    Un Israélien qui a admis avoir introduit clandestinement de la drogue à Dubaï a déclaré à la chaîne israélienne Channel 12 qu’il ne craignait pas d’être arrêté. « Tout ce que nous avons fait, c’est passer en contrebande du haschisch et de la marijuana pour fêter [le réveillon du Nouvel An] et se défoncer », a-t-il expliqué. « Ce n’est pas de la cocaïne, ce sont des drogues légères. Je ne pense pas que nous aurons des problèmes. Une condamnation à mort pour quelques centaines de grammes dans nos valises ? Nous ne fumons que dans notre chambre d’hôtel ».

    Selon un résident israélien à Dubaï, le nombre croissant de compatriotes israéliens qui visitent les EAU en général, et Dubaï en particulier, leur a fait croire qu’ils sont chez eux et peuvent faire ce qu’ils veulent. « La plupart des touristes israéliens à Dubaï ne portent pas de masques, ne gardent pas de distance sociale et risquent de recevoir des amendes très élevées. » Environ 50 000 Israéliens ont visité les EAU depuis la signature de l’accord de normalisation en septembre.

    Fait nouveau, les publicités et affiches touristiques sur Dubaï cachent une sombre réalité, représentée par des gangs d’hommes israéliens qui partent vers la nouvelle destination de vacances avec la prostitution en tête. Ils se remplissent les poches de milliers de dollars et passent leur temps aux Émirats sans état d’âme, passant d’une femme à l’autre.

    Il est devenu évident que n’importe quel touriste israélien à Dubaï peut se rendre dans une chambre d’hôtel pour assister à une fête, payer 1 000 dollars et sauter dans la piscine de l’iniquité. Tout cela se passe au grand jour, tandis que les autorités émiraties ferment les yeux sur les touristes qui passent une semaine à Dubaï à des fins sexuelles.

    Un autre individu impliqué dans ce commerce sordide à Dubaï a déclaré qu’il s’est rendu six fois à Bucarest, mais qu’il croit maintenant avec certitude que Dubaï est devenu le plus grand bordel du monde avec ses grands et luxueux hôtels de plage. Il a souligné qu’en début de soirée, des dizaines de femmes sont assises sur les chaises colorées à l’extérieur des restaurants et des bars des complexes.

    Les données disponibles auprès des touristes israéliens revenant des EAU indiquent qu’ils doivent payer entre 1800 et 2000 dirhams (600 dollars). Ils ont découvert un nouveau « marché de la viande » et opèrent sans entrave dans les Émirats, comme s’ils se promenaient à Bucarest, Burgas ou Bangkok.

    Un journaliste israélien qui a rencontré des jeunes hommes en partance pour Dubaï a révélé que ses conversations comprenaient des déclarations sexuelles honteuses, difficiles à avaler, mais qui reflètent ce qui se passe aujourd’hui dans les Émirats. Ils peuvent s’asseoir et manger à côté d’une piscine tout en regardant des scènes frénétiques d’activité sexuelle.

    « Cela implique un mélange d’alcool, de filles et de parties de jambes en l’air, et ils choisissent ce qu’ils veulent sur un iPad ou un téléphone portable », explique un Israélien. « Tout est ouvert, comme un menu avec des garnitures de pizza. Il existe également des cartes proposant des services de prostitution en voiture à Dubaï, notamment avec des filles d’origine est-européenne qui sont des travailleuses du sexe à Dubaï. Ces services coûtent 1 000 dirhams, soit environ 300 dollars. »

    Les Israéliens vont dans les boîtes de nuit de Dubaï, ajoute-t-il, et il y a des prostituées qui traînent avec tout le monde. « Elles ressemblent à des mannequins, à des filles d’Instagram en maillot de bain. Ils se retrouvent tous dans le hall d’un hôtel rempli de 100 à 150 filles qui travaillent sur le ‘marché de la viande’ à Dubaï, comme aux États-Unis. Chacune dépense 50 000 NIS, soit environ 15 000 $, pendant la semaine. C’est beaucoup d’argent. Chaque jour, j’emmène 5 filles avec moi dans le penthouse de l’hôtel ».

    Les touristes sexuels israéliens ont révélé que les hôtels de Dubaï accueillent des prostituées du monde entier, notamment du Brésil, de Russie, du Pérou et de Bolivie, et qu’elles coûtent plus de 700 dollars par nuit. « C’est un voyage coûteux et seuls les Israéliens qui ont de l’argent vont à Dubaï. Un voyage d’un week-end à Dubaï coûte 30 000 dollars. Tout est cher. L’entrée en club est de 1 000 NIS par personne, puis vous achetez les bouteilles, puis vous mangez, puis une fille vient à vous, et la nuit finit par coûter 5 000 à 6 000 dollars. »

    Il est difficile de croire que Dubaï est témoin des pires excès de l’industrie du sexe, mais c’est vrai. Les Israéliens vont à Dubaï comme ils iraient à Bucarest ou en Thaïlande, sauf qu’à Dubaï, le prix est beaucoup plus élevé et on trouve des prostituées partout. Selon un échantillon aléatoire de touristes sexuels israéliens, Dubaï est désormais une destination de choix pour eux, la ville numéro un pour le sexe, et il est plus facile pour eux de se rendre à Dubaï qu’en Roumanie, même si c’est plus cher.

    Ce qui se passe à Dubaï est une extension de l’industrie du sexe israélienne, avec des applications de prostitution qui annoncent des femmes opérant à Dubaï. Les Émirats arabes unis sont devenus la ville du péché du Golfe.

    Middle Esat Monitor, 5 jan 2021

    Tags : Israël, Maroc, Emirats Arabes Unis, EAU, Soudan, Jordan,

  • les Algériens moins heureux que les Libyens, selon un récent sondage commandé par l’ONU

    Comment mesurer le bonheur d’un individu ? Aucun psychologue, psychiatre ou philosophe ne pourra répondre à cette question. Toutefois, à l’échelle d’un pays, il existe une série de critères qui peuvent indiquer si une communauté, une société, un peuple, vivent bien ou non. Cette année, un rapport attribue à l’Algérie une place peu reluisante dans le concert des nations.

    L’Algérie occupe la 109e place dans le classement du Rapport mondial du bonheur, loin derrière la Libye qui y occupe le 80e rang, en dépit de 10 ans de guerre civile, le Maroc (97e) et devant la Tunisie (122e) ainsi que la Mauritanie (134e).

    Sans surprise, la Finlande, l’Islande, la Suisse et d’autres pays d’Europe occidentale forment le gratin des gens heureux alors que l’Afghanistan, terre de malheur par excellence, ferme le tableau.

    Qu’est-ce qui justifie cette posture de l’Algérie qui est le plus vaste territoire de son continent par la superficie, le dixième dans le monde ; l’un des plus grands producteurs d’hydrocarbures, dont la position géographique en fait un trait d’union entre l’Europe et l’Afrique ?

    L’enquête publiée périodiquement par le Réseau des solutions de développement durable des Nations Unies combine plusieurs critères pour établir son palmarès. Le sondage interroge ainsi le panel sélectionné sur la solidarité sociale dont bénéficient les individus en cas de problème, sur les libertés individuelles et sur les choix de vie, sur le degré de la corruption qui sévit dans la société ainsi que sur son état général de santé.

    Concernant ce dernier point « la santé mentale a été l’une des victimes à la fois de la pandémie et des confinements qui en ont résulté », indique le rapport. « Lorsque la pandémie a frappé, il y a eu un déclin important et immédiat de la santé mentale dans de nombreux pays du monde ».

    En Algérie, l’accès aux soins est gratuit mais la qualité du système de santé est souvent décriée par les usagers. D’ailleurs, les hauts responsables et leurs familles se soignent en règle générale à l’étranger puisque les établissements hospitaliers en Algérie ne répondent pas aux standards internationaux. Même les cliniques privées du pays dont les coûts de prise en charge ne sont pas à la portée du commun des mortels n’attirent pas les malades aisés. Ceux-ci préfèrent aller en Tunisie, en Turquie ou, pour les plus fortunés, en Europe.

    Un pays conservateur

    Pour ce qui est des libertés individuelles, l’Algérie demeure un pays très conservateur où les droits de la personne ne comptent pas s’ils contreviennent un tant soit peu aux valeurs dominantes dans la société. Que ce soit en matière de religion, de traditions ou de comportements en public, la société et parfois même l’Etat répriment les attitudes rebelles à l’ordre établi. Hormis l’ibadisme dont se réclame une infime minorité d’Algériens, l’uniformisation de la croyance spirituelle ne tolère pas non plus les autres rites de l’islam, tels que le chiisme ou certaines confréries qui ne cadrent pas avec le dogme malékite.

    La corruption comme frein au bonheur

    Sur un plan profane, les libertés politiques et d’expression sont sévèrement contrôlées. Critiquer publiquement un corps constitué, le président de la république ou certaines institutions de l’Etat est un acte qui peut mener son auteur en prison. En 2020, plusieurs activistes du Hirak ou des réseaux sociaux ont été embastillés, sous de lourdes charges pour leurs opinions politiques et parfois pour des traits d’humour postés sur Facebook.

    Le Rapport mondial du bonheur considère, par ailleurs, la propagation de la corruption dans un pays comme un frein au bonheur. Cette question remue justement en profondeur les entrailles des Algériens. Dès le début du mouvement populaire du 22 février 2019, le slogan « klitou leblad ya essarakine (vous avez dévoré le pays, espèce de voleurs) » était très mobilisateur. Quelques mois plus tard, deux chefs de gouvernement, plusieurs ministres et hauts fonctionnaires, des élus locaux ainsi que hauts gradés de l’armée ont été confondus de diverses forfaitures et malversations. Jusqu’à aujourd’hui, et en dépit d’une contestation de plus de deux ans dans tout le pays, la moralisation de la vie publique n’est pas encore clairement établie.

    L’autre malheur qui découle, en fait, de la situation précédente, c’est la bureaucratie décourageante, embolique et si monstrueuse qui règne dans l’administration. L’ogre avale d’un tenant l’enthousiasme des plus tenaces et réduit en cendres les volontés les plus déterminées. Si dans les pays sérieux, l’administration fonctionne sur la base de règlement, ici elle obéit aux humeurs, aux intérêts et, parfois, au diktat des préposés, du grand responsable, au planton en passant par le guichetier.

    Égoïsme, avarice, méfiance, indifférence

    En matière de solidarité et de soutien, il existe certes un filet social et quelques associations caritatives qui viennent en aide aux plus fragiles. On est cependant loin des mesures qui peuvent garder un minimum de dignité à ceux qui ne peuvent plus se prendre en charge par eux-mêmes. L’explosion du nombre de mendiants et celui des malades mentaux dans les rues, le recours aux psychotropes chez les jeunes, la hausse de la petite délinquance témoigne du relâchement du tissu social. Des familles entières dorment à la belle étoile, des femmes seules, souvent âgées, n’ont plus de toits sur la tête ni de soutien, sont livrées à elles-mêmes et ne vivent que d’expédients. Les effets de la crise sanitaire vont augmenter le nombre des nécessiteux sans que l’Etat ne puisse les prendre en charge à cause de la baisse de ses revenus.

    Même l’entraide qui était une des qualités de la société algérienne est en train de disparaître au profit d’un égoïsme exacerbé. Confrontés à la cherté galopante de la vie sans que les salaires ne soient adaptés à cette évolution, l’avarice, la méfiance et l’indifférence deviennent des valeurs répandues.

    En résumé, l’Algérie n’est certes pas un enfer qui détruit la chair et les os de ses habitants, mais elle mérite amplement sa 109e place du classement du rapport sur le bonheur récemment publié.

    Mohamed Badaoui

    La Nation, 21 mars 2021

    Tags : Algérie, Libye, Maroc, bonheur, classement,

  • Terrorisme : La raison du silence de Salah Abdeslam doit être recherché au Maroc

    A l’occasion du 5ème macabre anniversaire des attentats terroristes qui ont secoué le Belgique en 2016, la RTBF, télévision a diffusé un documentaire d’investigation sur la question.

    L’émission a dévoilé que le procès des accusés démarrera probablement en septembre 2022. « Un procès hors norme à plus d’un titre : Neuf mois d’audience sont prévus, 700 parties civiles sont déjà constitutés, 10 accusés sont sur le bond, parmi eux Salah Abdeslam et Mohamed Abrini, seul terroriste de l’aéroport encore en vie ». Les mêmes hommes seront d’abord jugés une première fois à Paris: Ce sera déjà en septembre prochain dans le cadre des attentats du 13 novembre puisque c’est le même groupe de terroristes qui a commis les deux attentats à Paris.
    Le documentaire s’est replongé sur le parcours de Salah Abdeslam qui est la figure la plus tristement connue de ces attentats. « Comment un petit délinquant est devenue terroriste? »; s’interroge l’émission. Elle est revenu aussi sur son silence depuis 5 ans, lui qui, au départ, collaborait avec les enquêteurs, répodant à leurs questions lors du premier interrogatoire. « Salah Abdeslam sortira-t-il de son silence pour livrer enfin les explications que les victimes attendent? » est la question que les enquêteurs n’ont pas pu répondre.
    Malgré que certains intervenant dans l’émission avancent l’hypothèse selon laquelle, Abdeslam aurait pu être influencé par son compagnon de cellule dans la prison de Bruges, l’assassin des juifs d’Anderlecht.
    Il est très probable que les services de sécurité soient infiltrés par les terroristes puisque la diffusion par la presse des noms des frères Bakraoui ont poussé ces derniers à commettre le massacre de l’aéroport de Zaventem. La deuxième erreur de la police belge était celle de transférer Salah Abdeslam vers la prison de Bruges.
    Il est très probable que le silence soit expliqué par la crainte par sa famille. C’est une pratique très courante au Maroc visant à neutraliser les opposants en s’en prenant à leurs familles au Maroc. Salah, a-t-il été menacé de représailles contre sa famille? En tout cas, l’implication des services secrets marocains dans les attentats terroristes commis en Europe n’est plus un secret pour personne. Du moins, au Maroc.
    Tags : Belgique, terrorisme, Daech, Etat Islamique, ISIS, Salah Abdeslam, Maroc, Frères Bakraoui, 
  • Que cache la révélation de l’Obs sur ‘‘Mouf, cet insaisissable roi du shit’’, qui se réfugierait en Algérie?

    L’affaire de « Mouf, l’insaisissable roi du shit », révélée par l’hebdomadaire français, L’Obs dans sa version électronique et reprise par des sites d’information algériens, a créé de l’agitation dans le milieu médiatique algérien, en attendant son impact sur les cercles officiels. L’homme qui « ferait entrer entre 40 et 50 tonnes de shit chaque année en France, sans parler de la Belgique et de l’Italie est en fuite en Algérie », selon la publication parisienne.

    « Ce que l’on connaît de sa vie est un roman noir : meurtres, enlèvements, trahisons et grosses cylindrées », détaille L’Obs en traçant les grandes lignes du portrait d’un narcotrafiquant de grosse pointure, qui fait circuler annuellement quelques 70 millions d’euros grâce à une « logistique d’envergure internationale », et qui se trouverait en Algérie, où parait-il, il a de la famille. Un itinéraire digne d’Escobar, à l’issue duquel, « Mouf » est passé du statut de simple trafiquant à celui de patron parmi les patrons de l’immense industrie du haschich, en toute sérénité, même si ça été entrecoupé par une incarcération de 4 ans.

    Condamné en 2004 à 8 ans de réclusion criminelle, il est libéré en 2008 et reprend son activité, en renforçant son réseau transméditerranéen sans le moindre problème ! Fut-elle un scoop, l’information ressemble ou a l’air d’une fuite organisée. Sauf si elle est destinée à influencer la scène maghrébine, marquée d’un côté par la légalisation au Maroc de l’usage thérapeutique du cannabis et une guerre sans merci déclarée aux barons des stupéfiants en Algérie. Le tout dans un contexte de ni guerre ni paix. Dans quel sens et pour quel objectif ?

    Donner une réponse est encore prématuré, mais les autorités à Alger possèdent assurément tous les éléments leur permettant de décoder le message. Que cache cette affaire, qui n’a pas du tout l’air d’un trafic sordide ? Pour qu’elle ait le privilège d’être mise en avant par le magazine français où ont collaboré de nombreuses personnalités politiques françaises, dont Jacques Delors, il faudrait qu’elle soit porteuse de prévisions.

    La médiatisation de « Mouf » n’est pas innocente, du moins sous l’angle «politico-politique ». Un puissant baron de la drogue, tel que présenté par L’Obs, n’aurait jamais existé, s’il n’agissait pas au sein d’une ramification hyper-protégée, en France, au Maroc et en Algérie principalement. On n’est pas devant une histoire de self made man, mais d’un « phénomène » monté de toutes pièces, que l’on s’apprête aujourd’hui à démanteler. Au profit de qui et dans le cadre de quelle stratégie ? Toute la question est là. Quels sont ses rapports avec les barons locaux ?

    Quoi qu’il en soit, l’affaire de « Mouf, l’insaisissable roi du shit », n’est pas anodine. L’écran est encore noir, mais quand il sera éclairé, on verra des pyramides s’affaisser comme de vulgaires châteaux de cartes. Un feuilleton en perspective, si tout fonctionne selon les prévisions des scénaristes.

    Mohamed M.

    L’Est Républicain, 22 mars 2021

    Tags : Algérie, France, Maroc, Mouf, roi du shit, cannabis, haschich, trafic de drogue, Moufide Bouchibi,

  • Dubaï, capitale du tourisme…sexuel

    Dubaï. Il suffit d’évoquer ce nom pour songer directement au shopping de luxe, à son architecture ultramoderne et sa vie nocturne animée.

    La Burj Khalifa, tour de 830 mètres de haut, domine le paysage urbain parsemé de gratte-ciel. À son pied, la fontaine de Dubaï présente des jets et des lumières synchronisées avec de la musique.

    Dans une ville où même les forces de police patrouillent en Lamborghini, il n’est pas rare de croiser les voitures les plus rutilantes jamais conçue jusque là. Le tout a offert à Dubaï, un cachet particulier. La normalisation des Emirats arabes unis de ses relations avec l’entité sioniste également.

    En effet, Dubaï, est contrairement à l’image paisible qu’elle offre à ses visiteurs, une capitale d’un autre genre : Le tourisme sexuel. Les Emirats arabes Unis, surclassent ainsi le Royaume du Maroc, où, selon les associations et les ONG sur place, le tourisme sexuel se serait considérablement développé dans le royaume chérifien ces dernières années.

    « L’émirat de Dubaï est devenu, avec des dizaines de milliers de prostituées, la principale destination de tourisme sexuel dans le Golfe », écrit à cet effet le journal français, le Monde dans sa livraison de ce 21 mars.

    Il a, dans le même contexte, relevé que le traité de paix signé entre Israël et les Emirats arabes unis, en septembre dernier, s’est très vite accompagné de l’ouverture de liaisons aériennes directes entre les deux pays.

    Plus de cent mille touristes israéliens ont d’ores et déjà visité Dubaï, où l’hospitalité démonstrative à leur égard contraste avec la « paix froide » réservée jusque-là aux visiteurs israéliens en Jordanie et en Egypte. Mais la presse israélienne a aussi consacré plusieurs reportages à scandale à des formes de tourisme sexuel.

    Le quotidien « Yedioth Aharonoth » a ainsi décrit de véritables catalogues de prostituées, avec les transactions qui peuvent en découler autour de la piscine d’un grand hôtel.

    Le site en ligne « Mako » s’est pour sa part intéressé à la reconversion de mafieux israéliens dans des « agences d’escorte » à Dubaï, tout en reproduisant, en captures d’écran, des échanges relevant du proxénétisme.

    Le quotidien « Haaretz » a même publié une tribune intitulée « Visiter Dubaï équivaut à se tenir au bord d’un viol collectif ».

    Les défenseurs de la normalisation israélo-émiratie ont protesté contre de telles outrances et relativisé l’importance des témoignages rapportés, sans représentativité à leurs yeux.

    Le pari de Dubaï sur son insertion spectaculaire dans la mondialisation a été particulièrement réussi, même après la crise financière de 2008 qui a contraint l’émirat à développer ses activités de service, au premier rang desquels le tourisme », lit-on en effet sur les colonnes du tabloïd.

    Aussi, à Dubaï, la consommation d’alcool est autorisée dans les hôtels, les bars, les restaurants et les night-clubs disposant d’une licence spécifique, même si elle reste interdite dans l’espace public.

    C’est généralement dans de tels lieux que des travailleuses sexuelles racolent le client potentiel, s’accordant avec lui sur le montant, la durée et la nature de la prestation. Il est ainsi possible de s’attacher le service d’une escort-girl durant tout ou partie de son séjour dans l’émirat.

    En chiffres, Le Monde fait état de quelque 45 000 prostituées actives à Dubaï, où le tourisme sexuel est, de manière générale, appelé à se développer encore à Dubaï.

    Cela fait plusieurs années que le rapport annuel du Département d’Etat américain sur les trafics d’êtres humains considère, malgré des remarques encourageantes, que « le gouvernement des Emirats arabes unis ne respecte pas pleinement les standards minimaux pour l’élimination des trafics ».

    La pandémie de coronavirus ne devrait pas affecter cette réalité, bien au contraire. En effet, la campagne menée de manière volontariste aux Emirats a déjà permis de vacciner plus d’un tiers de la population contre le Covid-19.

    Un argument supplémentaire pour les sites spécialisés qui vantent sur Internet les « sales petits secrets » de Dubaï et les charmes des « vacances sexuelles » dans cet émirat…

    La Patrie News, 21 mars 2021

    Tags : Dubaï, Maroc, Prostitution, tourisme sexuel,

  • Algérie : “La consolidation du front interne nous permettra de relever tous les défis et enjeux » (salah Goudjil)

    Dans un entretien exclusif accordé à la revue «El Djeich», le président du Conseil de la Nation, M. Salah Goudjil, a affirmé que la colonisation de l’Algérie par la France fut une colonisation de peuplement qui diffère de toutes les autres formes de colonisation dont ont été victimes d’autres peuples, tant elle eut pour visée l’extermination du peuple algérien qui, pour sa part, reste en permanence attaché aux sacrifices des Chouhada. Il a également estimé que, tout comme elle a libéré l’Algérie, notre Révolution libératrice a également libéré le peuple français. Le président du Conseil de la Nation a souligné avec force que la conjoncture actuelle exige le renforcement et la consolidation du front intérieur pour faire face aux complots ourdis contre notre pays.

    El Djeich : M. le Président, notre pays a célébré, il y’a quelques jours, la Journée du Chahid, coïncidant avec le 18 février de chaque année. En tant que Moudjahid de la première heure, que représente pour vous cette journée ?

    Le président du Conseil de la Nation : Je dois en premier lieu dire qu’en tant que moudjahid, je suis honoré d’avoir un entretien avec cette prestigieuse revue qui a vécu toutes les étapes franchies par l’Algérie, depuis l’indépendance à nos jours, et qui met toujours en exergue l’importance des missions dont s’acquitte l’Armée nationale populaire. En ce qui concerne votre question, et alors que nous commémorons la Journée nationale du Chahid, il est nécessaire de rappeler les sacrifices des glorieux Chouhada grâce auxquels l’Algérie jouit de l’indépendance. Aussi, nous avons en permanence à l’esprit leurs sacrifices, car peu sont les pays dont les fils ont consenti autant de sacrifices pour le recouvrement de la souveraineté nationale, comme l’ont fait les Algériens.

    J’atteste que tous les Chouhada, en particulier ceux dont j’ai eu l’occasion d’assister aux derniers instants avant leur martyre, ont prononcé une seule phrase avant la chahada, qui est : «Prenez soin de l’Algérie». Les Chouhada n’ont à aucun moment réclamé que l’on prenne soin de leurs enfants, de leurs familles ou de leurs biens, mais de préserver l’Algérie. C’est en réalité une recommandation qui ne peut quitter nos esprits ni notre mémoire, car elle constitue assurément le référent fondamental de toutes nos actions. Vous m’interrogez sur la place du Chahid, il n’y a pas une famille algérienne qui n’a pas un Chahid parmi ses membres, ce qui est un motif de fierté pour toutes ces familles. Personnellement, ma famille compte de nombreux Martyrs. Aussi, aujourd’hui, après toutes ces années, depuis le déclenchement de la glorieuse Révolution, il est d’une grande importance de préserver notre mémoire. A ce propos, il est nécessaire de rappeler que le mérite aujourd’hui revient au président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, d’avoir décrété la journée du 8 mai, Journée nationale de la mémoire, afin que les sacrifices des Chouhada ne sombrent pas dans l’oubli. En outre, M. le Président a ouvert le dossier de la mémoire auquel il a accordé toute l’importance nécessaire. Dans ce cadre, la récente création d’une chaîne de télévision consacrée essentiellement à la mémoire et au patrimoine historique permettra à tous ceux qui ont vécu la période de la Révolution libératrice d’apporter leurs témoignages ainsi qu’aux historiens et à tous ceux qui s’intéressent à l’histoire de la nation, afin que la mémoire nationale demeure vive dans le cœur et l’esprit des générations futures. Sur la base de tout ce qui précède, je dirais que la Journée nationale du Chahid aura toujours une grande importance et une haute portée symbolique dans la conscience collective du peuple algérien. Elle constitue une partie indissociable du patrimoine commun des Algériens de façon à ce que chaque année, elle nous rappelle les valeurs du sacrifice et du dévouement, ainsi que la barbarie de la colonisation et les crimes de l’armée française durant la Révolution. Pour toutes ces raisons, le Chahid doit de meurer éternellement vivant dans la mémoire collective des Algériennes et des Algériens. Sur un autre plan, il est nécessaire de rappeler que nous avons récemment célébré le 2e anniversaire du Hirak El Moubarak authentique, qui a été consacré par le président de la République, Monsieur Abdelmadjid Tebboune, Journée nationale de la fraternité et de la cohésion entre le peuple et son armée pour la démocratie. Concernant le Hirak El Moubarak du 22 février, je dirai que les Algériennes et les Algériens ont donné à l’ensemble des pays, même à ceux qui se targuent d’être démocratiques, un exemple sans précédent de pratique démocratique.

    Quelle lecture faites-vous des politiques des gouvernements français qui se sont succédés durant les 132 ans d’occupation et disposez-vous de chiffres sur la politique d’extermination organisée par l’occupant à travers les opérations de liquidation, de destruction, de déplacements et d’exil ?

    Initialement, il faut souligner que la colonisation de l’Algérie par la France est radicalement différente de toutes les formes de colonialisme vécues par les autres peuples. Il s’agissait d’une colonisation de peuplement et de destruction dans le sens propre du terme, dont l’objectif principal, depuis 1830, était l’effacement du peuple algérien et son remplacement par un autre peuple, dans le cadre d’une politique suivie par la France coloniale depuis qu’elle a mis les pieds sur le territoire algérien. J’avais évoqué précédemment cette question en disant que ce type de colonisation n’a eu cours qu’en Amérique du Nord, suite à la migration des Européens vers cette région qu’ils ont occupée et s’y sont installés après avoir exterminé les populations autochtones. Mais ce qui fait la grandeur de la Révolution libératrice est qu’elle a transcendé tous les us et coutumes, tant il est vrai que le peuple algérien n’a pas permis à l’occupant de l’exterminer. Bien plus, il n’a eu de cesse de résister jusqu’à contraindre l’occupant à retourner d’où il est venu. L’évocation de notre histoire et la lecture attentive de ses événements impose un retour aux débuts, car tout est lié, il ne suffit pas de parler seulement de la période qui commence depuis 1954, il faut revenir à tous les faits qui l’ont précédée. Ainsi, la politique d’extermination pratiquée par l’occupant français est mise en évidence par certains indicateurs, dont le plus important est clairement le déclin quantitatif de la population algérienne au cours des différentes phases de l’occupation suite à cette politique, et que j’ai divisée en quatre périodes principales. La première, entre 1830 et 1870 (soit 40 ans), depuis que l’occupant avait mis les pieds sur notre terre, sachant que cette occupation n’englobait pas l’ensemble du territoire national. Les statistiques montrent qu’à l’époque, la population de l’Algérie était de 3 millions. La deuxième période qui a duré également 40 ans, de 1870 à 1910, au cours de laquelle les meurtres et la tentative d’extermination du peuple algérien se sont poursuivis. Les statistiques de l’époque indiquent que la population algérienne était estimée à 2,9 millions. La troisième phase, de 1910 à 1945, au cours de laquelle la population a augmenté, selon un recensement de 1950, atteignant environ 6 millions. Une période qui coïncide avec la baisse des massacres collectifs, au regard du fait qu’en ce laps de temps, il y eut deux Guerres mondiales pour lesquelles la France avait procédé à la mobilisation obligatoire de milliers d’Algériens envoyés au front. La quatrième période s’étale de 1945 à 1954. Immédiatement après la fin de la Seconde Guerre mondiale et le jour où les alliés célébraient leur victoire sur le nazisme, le 8 mai 1945, des massacres ont eu lieu à Sétif, Guelma, Kherrata…, au cours desquels l’occupant a fait preuve d’un art inégalé dans le recours aux pratiques de répression et d’extermination, faisant 45 000 Martyrs. Durant cette période, la France a essayé de lancer des réformes, par le biais des élections e vue de l’élection d’une nouvelle assemblée algérienne en 1947, constitué de deux collèges distincts, le premier composé de colons français et européens et le deuxième collège composé d’Algériens. On reléve ici clairement une autre manifestation de la discrimination et du racisme que la France a adopté dans ses relations avec les Algériens. Pour conclure ma réponse, je dirai en toute objectivité que l’occupation française a reposé sur une politique de déshumanisation de l’Algérien, de sa destruction sur les plans social, politique, culturel et civilisationnel, bien plus, elle a même oeuvré à nous déposséder de nos noms et prénoms… C’est ce qui confère le caractère criminel à cette politique qui a duré 132 années, cela avec des preuves irréfutables. Il en est pour preuves les essais nucléaires destructeurs, les massacres collectifs, les enfumages de tribus entières dans les grottes, les opérations d’assassinats et de liquidations extrajudiciaires et autres faits qui, aux yeux du droit international, constituent des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité. L’Histoire retiendra que la colonisation en Algérie a été la plus violente et la plus barbare que l’humanité a connue.

    Pouvez-vous, M. le Président, nous entretenir de la réaction des patriotes algériens, en particulier des militants du Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques, ainsi que des préparatifs à la veille du 1er Novembre, en particulier de la proclamation du 1er Novembre ?

    Comme je l’ai mentionné précédemment, des élections à l’Assemblée algérienne avaient eu lieu, le Parti populaire algérien (PPA) a été autorisé à y participer sous la dénomination de Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD), dans la mesure où, après son interdiction, il continuait d’activer dans la clandestinité. L’assemblé algérienne comptait 121 sièges, 60 pour les Français et 61 pour les Algériens qui n’avait d’autre prérogatives que celle de débattre le budget consacré à ce qui était appelé le département de l’Algérie et rien d’autre. Cependant, à l’issue des élections, le MTLD n’avait remporté que 5 sièges et le parti de Ferhat Abbas 05 ou 06 sièges, le reste des sièges avait été remporté par les Français. Ceci à la suite d’un truquage éhonté des élections par Naegellen, qui a débouché sur un Parlement dont plus des deux tiers étaient revenus aux Français, alors que dans les faits, le Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques les avait remportés haut la main. La fraude a été tellement massive que lorsqu’on parle d’élections truquées dans les milieux français, ont dit qu’il s’agit d’«élections à la Naegellen», du nom de Marcel Edmond Naegelen, ancien ministre de l’Education dans le gouvernement français, nommé gouverneur de l’Algérie et qui a supervisé le truquage de ces élections. A la suite de cela, les dirigeants du Mouvement national se sont réunis pour étudier la situation, caractérisée par la volonté de l’occupant à continuer d’ignorer les droits des Algériens. A l’issue de cette réunion, ils ont conclu que l’action politique seule ne suffisait plus à obtenir les résultats escomptés et qu’elle devait s’accompagner d’une action armée. Une décision importante qui s’est traduite par la création de l’Organisation spéciale (OS), activant dans la clandestinité et composée de jeunes militants ayant de l’expérience dans la lutte, dont l’objectif principal était de préparer la lutte armée contre un occupant qui ne comprenait que le langage des armes. L’action de l’Organisation spéciale, sous la direction des défunts Mohamed Belouizdad; Husseine Aït Ahmed puis Ahmed Ben belle, avait englobé tout le territoire algérien et je me souviens que parmi les frères qui avaient formé cette organisation, entre autres les défunts Rabah Bitat, qui activait dans la région d’Oran et Chihani Bachir, dans la région d’Aïn Sefra. Il ressort donc que les militants activaient en dehors de leur région d’origine, ce qui met en évidence le caractère clandestin de l’action de l’organisation. Les autorités d’occupation ne découvriront son existence qu’en 1950, suite à l’arrestation de certains de ses membres. Pour sa part, le défunt Aït Ahmed avait réussi à échapper au coup de filet et rejoint l’étranger avec l’aide du Chahid Mustapha Ben Boulaïd, qui lui a obtenu de faux papiers d’identité. Après ces faits, la direction du parti s’était réunie et décida du gel de l’action de l’OS et sa réorganisation. Décision que le Chahid Mustapha Ben Boulaïd rejeta catégoriquement, au motif que l’organisation avait obtenu des résultats positifs et pu atteindre un bon niveau en matiére d’organisation tout comme elle avait réussi à obtenir des armes acheminées à dos de chameau depuis la Libye à travers le sud algérien jusqu’à la région des Aurès. Nombre de militants ont tenté avec insistance de convaincre Ben Boulaïd de revenir sur sa décision, mais ce dernier a fermement refusé de geler les activités de l’organisation. La poursuite de l’action de l’OS a fait que les principaux responsables militants se sont réfugiés dans d’autres régions pour échapper à la chasse des autorités d’occupation, suite à la découverte de l’OS, à l’exemple du Chahid Zighoud Youcef, Abdallah Ben Tobbal, Ammar Benaouda et Rabah Bitat, Dieu les bénisse tous. A la suite de la scission au sein du parti entre les messalistes et les centralistes, Mustapha Ben Boulaïd a décidé, le 23 mars 1954, avec un groupe de militants de l’OS, la création d’une nouvelle organisation ayant pour objectif l’unification des rangs dans la perspective de l’action armée. C’est la naissance du Comité révolutionnaire pour l’unité et l’action (Crua) qui, à la suite de l’échec de sa tentative de réconcilier les deux parties en conflit, décida d’organiser la réunion du Groupe des 22, tous membres de l’OS. Dans la réalité, le nombre des militants devant participer à la réunion était bien supérieur, du fait que nombreux de ceux qui activent à travers le territoire national n’ont pu effectuer le déplacement, en raison des mesures strictes appliquées par l’administration coloniale. L’objectif de la réunion du Groupe des 22, présidée par le Chahid Mustafa Ben Boulaïd, le 26 juin 1954, était de faire le point sur la situation. Après discussions, un comité a été créé pour réfléchir aux mesures à prendre par la suite. Depuis lors, et jusqu’au 26 octobre 1954, selon les données que j’ai en ma possession, le Groupe des 22 était à la recherche d’une personnalité charismatique, connue du peuple, pour diriger la phase suivante. Ils ont pensé à Messali Hadj auquel Ben Boulaïd a rendu visite en Belgique, en juillet de la même année, du fait que ce dernier avait les moyens d’effectuer ce voyage, outre le fait qu’il était membre du Comité central du Parti. L’offre faite par Ben Boulaïd à Messali de diriger le groupe qui aura la charge de déclencher la Révolution a été rejetée par ce dernier qui a affirmé que la primauté de prendre une décision aussi cruciale lui revenait de droit. Suite à cette fin de non-recevoir, le Chahid Mustapha Ben Boulaïd se rend à Paris où il rencontre quelques militants responsables, comme Ahmed Nouaoura et Ammar Belagoune, auxquels il demandera de cesser de verser les cotisations mensuelles au parti de Messali Hadj et de se préparer à rentrer au pays pour contribuer au déclenchement de la Révolution, ce qui sera le cas. Ben Boulaïd s’est également rendu à Tripoli où il a rencontré le défunt Ahmed Ben Bella pour se concerter sur la question du ravitaillement en armes. Ils se sont ensuite déplacés au Caire où ils ont rencontré le président égyptien Djamal Abdel Nasser qu’ils ont informé des préparatifs en cours pour le déclenchement de la Révolution et sollicité pour qu’il leur fournisse des armes et facilite leur entrée en Algérie. D’autre part, à son retour au pays, Ben Boulaïd a pris attache avec le Dr Lamine Debaghine, personnalité bien connue, qui a rejeté l’idée du déclenchement de la Révolution. Alors, Ben Boulaïd a décidé de l’option de la direction collégiale avec Larbi Ben M’hidi, Rabah Bitat, Mohamed Boudiaf et Didouche Mourad, tout en mettant l’accent sur le fait qu’elle ne saurait se faire sans la présence en leur sein d’un représentant de la région de Kabylie. C’est ainsi qu’ils ont pris contact avec Krim Belkacem et son adjoint Ammar Ouamrane, les invitant à prendre part à cette décision historique. Ce qui se fit facilement du fait que les contacts entre Ben Boulaïd et Krim Belkacem n’avaient jamais été interrompus. Après s’être mis d’accord sur tous les détails, les membres du Groupe des Six ont veillé à la rédaction de la proclamation du 1er Novembre afin de préserver la confidentialité. Il s’agissait de dirigeants imprégnés des valeurs portées par le mouvement national, d’un haut niveau culturel. En outre, l’intérêt suprême a fait qu’ils ont renoncé à leurs appartenances (sensibilités idéologiques) pour rédiger un appel invitant les algériennes et les Algériens, toutes catégories et tendances confondues, à rejoindre la Révolution à titre individuel et non en tant qu’organisations ou partis. Toutes et tous devaient se fondre dans un seul mouvement ayant pour objectif l’indépendance nationale, à savoir le Front de libération nationale, qui a rassemblé tout le monde sous un slogan d’une grande portée stratégique, à savoir «la Révolution par le peuple et pour le peuple», un slogan qui est resté en usage jusqu’à l’étape post-indépendance. Par la suite, la Révolution est entrée dans la phase organisationnelle avec le découpage du territoire en cinq zones et à la désignation des responsables de chacune d’elles. La Révolution a touché l’ensemble du territoire national. Mustafa Ben Boulaïd a ainsi dirigé la Révolution dans la région des Aurès, Krim Belkacem en Kabylie, Rabah Bitat, dans la région Centre, Ben M’hidi, dans la région Ouest et Didouche Mourad à l’Est. Le défunt Mohamed Boudiaf a été chargé de la coordination entre l’intérieur et l’extérieur. Muni de la proclamation du 1er Novembre, il s’est rendu au Caire où il a rejoint Ahmed Ben Bella, Aït Ahmed et Khider afin qu’elle soit diffusée par la Radio «Sawt El Arab».

    l Il était nécessaire que l’armée qui a participé à la libération du pays, immédiatement après l’accession à l’indépendance nationale, de s’engager dans une autre étape, celle de l’édification d’une armée au diapason des aspirations du peuple. A cet égard, quelles étaient les circonstances qui ont présidé à la conversion de l’ALN en Armée nationale populaire ?

    l Les autorités coloniales avaient mis sur pied ce qu’elles ont appelé la «force locale», composée d’officiers et de soldats qui avaient servi dans l’armée française,dotés d’armes dans toutes les wilayas avec à la tête de ces wilaya un ancien officier de l’armée française. Le ministre des forces armées de l’époque Piére Messmer avait déclaré que cette force locale constituera le noyau dur de l’armée algérienne après l’indépendance, ajoutant que les unités de l’ALN aux frontières ne seraient autorisées à rentrer au pays qu’à l’issue du référendum et après équipement de la force locale. De même, dès leur retour, les éléments de l’ALN seraient soumis au choix d’intégrer la force locale ou de bénéficier d’une somme d’argent et retourner à la vie civile. Dans le même temps, après le cessez-le-feu, une réunion a eu lieu en Tunisie, regroupant le président du Gouvernement provisoire de la République algérienne, Benyoucef Ben Khedda, et l’ancien président tunisien, Habib Bourguiba. Dans sa déclaration, ce dernier avait affirmé que le pouvoir ne pouvait être l’émanation des chars pendant que Ben Khedda annonçait la dissolution de l’étatmajor général. Mais ce qui s’est passé par la suite, c’est que l’ALN avait franchi la frontière. Une réunion a eu lieu à Bou Saâda, regroupant des responsables des Wilayas I, VI et V ainsi que le Commandement de l’état-major général, au cours de laquelle il a été question du changement de l’appellation de l’Armée de libération nationale. Il faut aussi savoir que lors de la réunion de Tripoli, il avait été décidé de la reconversion de l’Armée de libération nationale et, après des discussions approfondies, il a été unanimement reconnu que cette armée, qui puise ses racines du peuple, devait rester liée au peuple et à la patrie. A ce titre, ils se sont entendus pour lui donner le nom d’Armée nationale populaire. Cet attachement nous le vivons et le ressentons aujourd’hui dans le lien étroit existant entre le peuple et l’armée. Pour ma part, j’ajoute toujours : «L’Armée nationale populaire, digne et méritante héritière de l’Armée de libération nationale». Lorsque nous faisons le lien entre tout ce que nous avons mentionné et rappelons les étapes franchies par notre pays, nous pouvons considérer que la phase d’édification de l’Etat s’est étendue de 1967 à 1977, que le défunt président Houari Boumediene l’avait qualifiée à l’époque d’étape du retour à la base, depuis la commune jusqu’à la Constitution, en passant par la Charte nationale, tout comme il a été procédé à l’élection de l’Assemblée populaire nationale, suite à la dissolution du précédent Parlement Le pays a connu une autre phase sous la direction du président Chadli Bendjedid, de même, notre peuple a eu à faire face au terrorisme barbare une décennie durant, seul, sans l’aide de personne. Mais grâce à Dieu et à la résistance de notre peuple, à la détermination et aux sacrifices des hommes et femmes des différents corps de sécurité, à leur tête l’Armée nationale populaire, digne et méritante héritière de l’Armée de libération nationale, nous avons vaincu le terrorisme et ses résidus. Ensuite, il y eut la période du président Bouteflika qui a duré 20 ans. Durant ce temps, le pays a connu des déviations et des dépassements destructeurs à tous les niveaux, ce qui a conduit le peuple à sortir pour protester et exprimer son rejet de ces pratiques dans des manifestations pacifiques, civilisées. Tout au long de ces manifestations, l’armée s’est tenue aux côtés du peuple, préservant ainsi leur caractère pacifique. Il en est pour preuve que pas une goutte de sang n’a été versée. Il est curieux que certains négligent étrangement cette particularité très importante et à travers elle la position historique de l’ANP, digne et méritante héritière de l’ALN … Au regard de tout ce que nous venons d’évoquer, je ne cesserai jamais de dire et de rappeler que la contribution de l’ANP a toujours fait éviter à notre pays de se faire entraîner vers des lendemains incertains. Par ailleurs, ce que nous devons souligner est que notre pays a traversé une période difficile qu’il a finalement surmontée avec l’organisation d’élections présidentielles intègres et démocratiques, de l’avis même des candidats. Des éléctions qui ont permis d’entrer dans la légitimité démocratique. Ainsi, le Président a élaboré un programme visant le changement et fixé des objectifs à atteindre progressivement. Il est vrai que ce programme a pris quelque retard du fait de circonstances objectives caractérisées essentiellement par la propagation de la pandémie du coronavirus, sans pour autant que son application ne soit interrompue. Après les élection présidentielle, le président de la République a décidé de l’organisation d’un référendum portant révision de la Constitution aprés son enréchissement. Une révision qu’il a voulue consensuelle. Personnellement J’ai retrouvé dans cette Constitution certains avis que j’avais soumis. Ma lecture est que cette constitution concrétise réellement la devise «par le peuple et pour le peuple». Ce que je trouve de plus important à signaler à ce propos est la poursuite du processus d’édification des institutions de l’Etat, un Etat où tout le monde trouvra sa voie, et qui soit sous forme d’une grande maison abritant tout le monde quels que soient leurs différends. Il nous appartient bien sûr de faire la différence entre l’Etat et le gouvernement. Ce dernier change selon les aspirations et la volonté du peuple, car l’Etat a vocation d’être pérenne. Telle est la finalité des réformes engagées par Monsieur le président de la République qui, comme attendu, vient de décider la dissolution de l’Assemblée populaire nationale, dans le but d’aller vers des élections législatives où la parole sera donnée au peuple pour que se concrétise le changement politique dans le pays. Partant de là, quiconque est porteur d’un programme qui peut contribuer à servir la nation et qui bénéficie de la confiance du peuple, aura toute la latitude d’œuvrer pour le bien et l’intérêt de la patrie. A ce titre, le président de la République avait précédemment affirmé que même si dans le cas où à l’issue de ces élections législatives, celle-ci aura l’occasion de constituer le gouvernement conformément aux nouvelles dispositions consacrées par la dernière révision constitutionnelle, à l’initiative du président de la République, M Abdelmadjid Tebboune. Ce qui constitue le summum de la démocratie et sa consécration. Que peut-il y avoir de plus que cette démocratie participative fondée sur notre glorieux legs novembriste ?

    En tant que Moudjahid de la première heure, quel est votre point de vue sur le dossier de la mémoire et quels sont les fondements sur lesquels doit reposer le dialogue sur ce volet avec la partie française ?

    S’agissant de la question de la mémoire, il faut souligner que la feuille de route pour un dialogue sur cette question doit se faire avec l’Etat français, indépendamment des personnes ou des présidents. Il est important de noter que lorsque nous avons combattu la France, nous avions fait la distinction entre le colonialisme français et le peuple français. Notre Révolution a été menée contre le colonialisme et jamais contre le peuple. Aussi, l’écriture de l’histoire, en partant de ce postulat, montre que tout comme elle a libéré l’Algérie, notre Révolution a également libéré le peuple français. Comment? Durant cette période, la France a vu passer six gouvernements dirigés par des personnalités françaises connues, comme Edgar Faure, Guy Mollet, Charles de Gaulle… Ces gouvernements sont tombés l’un après l’autre du fait de la pression exercée par la Révolution libératrice, et puis ce fut la chute de la IVe République qui ramena au pouvoir le général De Gaulle, suite à un coup d’Etat mené par les colons en Algérie, avec l’aide d’officiers de l’armée. Par la suite, le général De Gaulle, avec le général Challe, a tenté d’étouffer la Révolution libératrice par le lancement d’un plan opérationnel qui a nécessité la mobilisation de tous les moyens humains et matériels. Parallèlement, il a tenté quelques réformes politiques et économiques, à travers notamment le plan de Constantine et l’organisation de simulacres d’élections municipales dans le but de constituer une troisième force d’Algériens comme interlocuteurs pour négocier le sort de l’Algérie. Puis, lors d’une conférence de presse tenue en 1958, il a suggéré l’idée d’une «Paix des braves». Alors que jusque-là, la France coloniale qualifiait les révolutionnaires de «hors-la-loi», de «Fellagha», voilà qu’à ses yeux, ils devenaient des braves qu’il invite à négocier. L’échec de cette stratégie poussa De Gaulle à penser au devenir de la France et au choix entre la perte d’une colonie ou celle de son pays. La France était à l’époque, un des pays européens les plus faibles économiquement, d’où l’idée de procéder à des essais nucléaires en Algérie dans une tentative de redorer le blason de la France et de restaurer son prestige en Europe et dans le monde. Mais la pression permanente de la Révolution finira par le contraindre à s’asseoir autour d’une table qui conduira aux négociations d’Evian. L’analyse de toutes ces phases montre que l’Algérie a libéré le peuple français car sans la Révolution libératrice, tous ces développements n’auraient pas eu lieu en France. Ainsi, en comparant ce contexte historique avec ce qui se passe actuellement suite à la présentation au président français du dossier de la mémoire par l’historien Benjamin Stora, nous dirons que ce rapport traite une question francofrançaise qui ne nous concerne pas. Cependant, si j’avais à formuler mes remarques personnelles sur ce rapport, en tant que moudjahid ayant participé à la Révolution, je dirais que la France veut encore gérer le dossier de la mémoire avec l’idée de la «paix des braves», comme avait tenté de le faire le général De Gaulle avec les révolutionnaires. Ainsi, le dossier de la mémoire aujourd’hui est voué à connaître le même sort que la stratégie du général De Gaulle durant la Révolution, à savoir l’échec. D’autre part, le rapport Stora a abordé la période 1954 – 1962, alors que, comme je l’ai mentionné précédemment, parler d’histoire et de mémoire doit commencer du tout début, car les étapes de l’histoire nationale sont indissociables les unes des autres. L’histoire est un processus permanent qui ne saurait être compartimenté en des épisodes, tout comme ne pourrait l’être la période d’occupation coloniale de 1830 au 5 Juillet 1962.

    Un des principes immuables de l’Algérie est la non-ingérence dans les affaires internes des Etats et le soutien du droit des peuples opprimés à l’autodétermination. Quel est votre commentaire au regard des questions palestinienne et sahraouie ?

    Par principe, l’Algérie n’a jamais cherché à s’ingérer dans les affaires internes d’autres pays, aussi nous n’acceptons donc jamais que d’autres s’immiscent dans nos affaires intérieures. Une partie de ces principes que je viens d’évoquer constitue l’essence de l’orientation et de la doctrine algérienne et il est important de se rappeler qu’elle se cristallise conformément aux principes fondateurs de notre politique étrangère. Celle-ci se traduit par le renforcement du respect de la légalité internationale, le dialogue et la concertation entre l’ensemble des parties concernées pour le règlement pacifique des conflits. De même pour notre pays, il est nécessaire d’organiser les relations internationales dans le cadre du respect des principes et dispositions du droit international, s’agissant particulièrement du respect mutuel, la non-ingérence dans les affaires internes, le respect de la souveraineté nationale des Etats et de leur indépendance. Telle est la voie que nous suivons à titre d’exemple et non exhaustif dans le cas libyen, la région du Sahel etc. S’agissant de la question palestinienne, Monsieur le président de la République a réaffirmé la position immuable de notre pays à son égard. Quand à la question du Sahara occidental, il s’agit d’une question de décolonisation de la dernière colonie sur le continent Africain et du droit du peuple sahraoui à l’autodétermination, un principe pour lequel nous avons combattu jusqu’à ce que notre pays arrache son indépendance et recouvre sa souveraineté. Le dossier du Sahara occidental est posé au niveau de l’organisation onusienne. Il concerne un peuple qui cherche à exercer son droit à l’autodétermination. Ainsi, il importe que les décisions de la légalité internationale préconisant l’organisation d’un référendum par lequel le peuple sahraoui pourra exercer son libre choix, soient appliquées. Un peuple qui a eu longtemps à endurer l’occupation espagnole puis marocaine actuelle. Ici, nous devons faire la distinction entre le peuple marocain frère et le régime d’occupation du Makhzen. Tout comme l’Algérie avait refusé l’occupation française dans sa totalité, l’a combattu et payé le plus lourd des tributs pour la liberté et le recouvrement de la souveraineté nationale, elle rejette tout autant l’occupation par le Maroc du Sahara occidental et toutes les formes d’occupation. D’autre part, comme tout le monde le sait, l’Algérie n’est pas partie au conflit qui oppose la République arabe sahraouie démocratique et le royaume marocain. Un conflit qui doit trouver sa solution sous l’égide de l’ONU, à travers la désignation urgente d’un envoyé spécial du Secrétaire général des Nations unies, chargé de relancer le processus de règlement du conflit et d’organiser le référendum afin de permettre au peuple sahraoui d’exercer son droit imprescriptible à l’autodétermination.

    Quel message pouvez-vous adresser au peuple algérien à propos des campagnes agressives flagrantes menées par certaines parties ? Et comment faire face aux complots ourdis contre notre pays ?

    La vérité que tout le monde devrait prendre en compte est que les ennemis de l’Algérie, à l’intérieur comme à l’étranger, n’apprécient guère que l’Algérie soit forte et debout. Il est clair qu’ils visent l’Armée nationale populaire parce que c’est l’épine dorsale de l’Etat, tout comme ils ne veulent pas que l’Algérie soit un Etat démocratique. La démocratie véritable qui confère une immunité à l’Etat et qui barre la route à l’ingérence d’autrui dans nos affaires internes, leur fait peur. Les Algériens qui ont donné le meilleur des exemples en matière de lutte et de sacrifices durant la Révolution et qui ont pris des décisions vitales durant le processus d’édification de l’Etat, y compris la nationalisation des hydrocarbures (dont nous venons de célébrer le cinquantenaire), saura faire face et relever tous les défis. Ici, il me revient à l’esprit la visite effectuée en 1969 par le défunt roi d’Arabie saoudite, Fayçal. A l’époque, j’étais Mouhafedh à Annaba qui chapeautait nombre d’autres wilayas actuelles. Une visite au complexe d’El Hadjar avait été programmée où je l’avais accueilli, accompagné du secrétaire général de la wilaya. A la fin de la visite, nous lui avons présenté le Livre d’or pour qu’il le signe. Il écrivit «Au nom de Dieu Clément et Miséricordieux» puis s’arrêta et dit : «Je remercie Dieu de m’avoir accordé le temps pour que je puisse visiter l’Algérie indépendante ainsi qu’une des nombreuses réalisations édifiées par l’Algérie indépendante.» Après un bref silence, il ajouta : «En 1956, j’étais ministre des Affaires étrangères de mon pays, j’avais effectué une visite en France. A l’époque, mon homologue français était Robert Schumann. A l’issue de la visite et avant de quitter Paris, je lui avais exprimé mon désir de visiter de nouveau la France mais après l’indépendance de l’Algérie.». Il a ajouté : «Au regard des sacrifices consentis par le peuple algérien durant la Révolution libératrice, il est de son droit d’opter pour la doctrine de son choix, fusse-t-elle le communisme…». Il a également remarqué que de nombreuses mosquées avaient été construites et celles en voie de l’être sur tout le territoire algérien après quelques années seulement d’indépendance et il conclut en disant que telle était sa vision de l’Algérie. A travers cet exemple, j’ai voulu inviter les Algériens à revenir à l’histoire et à s’en inspirer, qu’ils aient conscience de la grandeur de l’Algérie, de sa place et de son rôle dans le monde arabe et en Afrique. L’Algérie est un pays aux positions immuables et profondément enracinées, et nous ne devons pas oublier que ses relations avec les Etats-Unis d’Amérique se sont détériorées et ont été rompues pour une période, du fait de la cause palestinienne, et Washington avait compris notre position, néaumoins, le pragmatisme a prévalu et relations économiques ont évolué entre nos deux pays par rapport à ce qu’elles étaient par le passé. Telle est l’Algérie pour laquelle nous nous battons encore et dont nous œuvrons à transmettre les positions aux générations futures afin qu’elles réalisent la place qu’occupe leur pays dans le concert des nations et la place du peuple algérien parmi les peuples du monde. En général, en de telles circonstances, il importe de renforcer et de consolider le front interne afin de faire face à toute forme de menaces, de complots et de manœuvres… Quand a ce qui a trait à ceux qui auront à assumer des responsabilités à tous les échelons, ce sera conformément aux fondements de la démocratie et selon ce que décide le peuple. En vérité, les complots ourdis contre l’Algérie ne datent pas d’aujourd’hui, à cette différence près qu’ils sont désormais ouvertement affirmés. Ils sont nourris par de multiples parties et cercles qui voudraient clairement faire de l’Algérie un pays quelconque, alors que l’Algérie avec sa longue et honorable histoire, son peuple fier, ne peut être qu’un grand pays, traitant avec les Etats d’égal à égal. Ainsi, je dirais qu’il nous incombe à tous d’œuvrer ensemble afin de concrétiser l’objectif commun, celui de l’édification de la nouvelle Algérie, stable et prospère, conformément aux aspirations du peuple et par fidélité aux sacrifices consentis par nos valeureux Chouhada. Nous œuvrons à le concrétiser étape par étape, sous la direction du président de la République. En conclusion, je voudrais insister sur la question du renforcement et la consolidation du front interne ainsi que l’unification des rangs qui nous permettra inévitablement de relever tous les défis et enjeux. Les ennemis de l’Algérie sont désormais connus et tentent vainement de polluer le climat à travers des voix installées à l’étranger, qui s’attaquent à notre pays au nom de la liberté d’expression. là, il faut faire la distinction entre liberté d’expression et liberté de s’adonner à des pitreries… C’est au nom de cette liberté qu’ils diffusent des informations fausses et tendancieuses, auxquelles on ne saurait faire face que par l’unification des rangs, l’action constante, davantage de vigilance et de perspicacité. Vive l’Algérie libre et indépendante, gloire et éternité aux Chouhada.

    El Djeich nº 692, mars 2021

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