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  • Maroc / Algérie: les forces armées derrière le conflit du Sahara Occidental (The Africa Report)

    Par Etienne Copel – Général de l’armée de l’air française

    Les armées algérienne et marocaine, respectivement deuxième et cinquième en Afrique, dépensent des sommes vertigineuses pour acquérir les équipements les plus récents. Rabat se tourne vers les fournisseurs américains et français, tandis qu’Alger s’en tient aux produits militaires de fabrication russe.

    Fin janvier 2021, l’administration du commerce international des États-Unis a annoncé que le Maroc avait acheté un système de défense aérienne Patriot de fabrication américaine. Mondialement connu depuis la deuxième guerre du Golfe, le produit en question est un système de missiles sol-air (SAM) de moyenne portée conçu pour neutraliser les menaces aériennes ennemies.

    Bien qu’aucun détail n’ait été divulgué quant aux conditions de l’achat, la dernière dépense du Maroc permettra à ses forces armées d’être en meilleure position et peut-être même de combler le seul écart militaire majeur du pays par rapport à l’Algérie, dont les forces sont équipées de systèmes SAM russes S-300.

    Les radars de Thales
    Mais cela ne fait qu’effleurer la surface des équipements dont un pays a besoin pour assurer ses défenses aériennes.

    Les radars de surveillance sont également essentiels. C’est pourquoi l’armée marocaine a commandé deux systèmes radar Ground Master 400 au fabricant français Thales, ce qui lui permet de disposer de cinq systèmes de ce type au total.

    En outre, le Maroc devrait acquérir sept radars AN/TPS-77 auprès de la société américaine Lockheed Martin. Ces derniers achats permettront au pays de bénéficier d’une couverture multicouche en matière de défense aérienne grâce à des radars capables de détecter des cibles ayant une faible signature radar – comme les avions furtifs – et volant à très basse altitude.

    L’Algérie, pour sa part, dispose d’une large gamme de systèmes radar de haute qualité, tels que le Rezonans-NE de fabrication russe et le YLC-8B de Chine.

    En matière d’avions de combat, l’armée algérienne fait confiance aux jets russes depuis des décennies. Elle apprécie particulièrement ceux fabriqués par Sukhoi, connus pour laisser les pilotes de chasse du monde entier bouche bée, car leur manœuvrabilité est inégalée, si l’on en croit les démonstrations en vol. Mais sont-ils aussi efficaces en situation réelle ? C’est tout à fait possible, mais personne ne peut en être sûr, car ils n’ont tout simplement pas été beaucoup utilisés au combat.

    En revanche, l’avion de combat F-16 de fabrication américaine, que le Maroc a choisi d’acheter, a une longue histoire d’utilisation dans le monde entier. Sa dernière variante, le Viper (F-16V), est dotée d’un système radar intégré et d’une panoplie d’armes, ce qui lui confère une rentabilité exceptionnelle.

    The Africa Report, 4 mars 2021

    Tags : Maroc, Algérie, armée, Sahara Occidental, défense, forces armées,

  • Les dessous très politiques de l’élection de Patrice Motsepe à la Confédération africaine de football

    A l’issue d’intenses tractations politiques, le milliardaire sud-africain était seul en lice pour l’élection à la présidence de la CAF. Il a été élu vendredi.

    Par Joan Tilouine

    A l’issue de tractations impliquant des Etats et le président de la Fédération internationale de football (FIFA), Gianni Infantino, il ne restait plus qu’un seul candidat en lice pour l’élection du président de la Confédération africaine de football (CAF) qui se tenait vendredi 12 mars à Rabat, au Maroc. Il s’agissait du milliardaire sud-africain Patrice Motsepe, 59 ans, magnat des mines et propriétaire, depuis 2003, du club Mamelodi Sundowns de Pretoria, la capitale de l’Afrique du Sud dirigée depuis trois ans par Cyril Ramaphosa, son beau-frère.

    Les trois autres candidats s’étaient ralliés à lui, vivement incités par le patron de la FIFA, qui, à l’occasion d’une tournée en Afrique en février, a facilité ces alliances de circonstance. Comme le Mauritanien Ahmed Yahya et le Sénégalais Augustin Senghor, l’Ivoirien Jacques Anouma, qui vilipendait des pratiques « pas trop démocratiques », s’est désisté une semaine avant l’élection. « J’avais été le premier à prôner l’union sacrée, dit l’ancien président de la Fédération ivoirienne de football pour expliquer sa volte-face. L’essentiel, c’est de remettre la CAF sur les rails. »

    Lire aussi Afrique du Sud : Patrice Motsepe, le candidat surprise pour prendre la tête du football africain
    Il n’a pas eu le soutien qu’il espérait de son chef de l’Etat, Alassane Ouattara, peu enthousiaste à l’égard de celui qui fut le directeur financier de la présidence sous Laurent Gbagbo (2000-2011) et trop occupé par la politique intérieure. En échange du retrait de sa candidature, M. Anouma a obtenu un poste de conseiller spécial de M. Motsepe, tandis que M. Yahya et M. Senghor devraient respectivement être premier et deuxième vice-présidents de la CAF.

    A Nouakchott, le 6 mars, tous les candidats ont officialisé leur soutien à M. Motsepe, qui y a vu une « sagesse africaine ». « Ces quatre messieurs ont rendu l’impossible possible », a savouré Gianni Infantino, présent dans la capitale mauritanienne, saluant le dessein « de propulser le football africain au sommet mondial ».

    L’enjeu du Sahara occidental

    Ce qui est présenté comme une démonstration de « l’unité africaine », expression empruntée à l’un des pères du panafricanisme, le Ghanéen Kwame Nkrumah, qui avait utilisé le football pour promouvoir son projet, résulte d’intenses tractations politiques. La FIFA s’est appuyée sur les puissances diplomatico-sportives du continent. A commencer par le Maroc, qui, en lien avec M. Infantino, a mobilisé des diplomates, mais aussi ses services de renseignement.

    Des hauts responsables de ces derniers se sont rendus chez le président sénégalais Macky Sall, un allié de Rabat, pour que son candidat se désiste. Le Maroc craint que l’Afrique du Sud utilise la CAF pour y faire de la politique autour du Sahara occidental, au cœur d’un conflit qui oppose, depuis des décennies, Rabat et Alger.

    Lire la suite depuis la source : Le Monde

    Tags : FIFA, CAF, Patrice Motsepe, Confédération africaine de football, Maroc, Afrique du Sud,

  • Sahara Occidental : Légalité et responsabilité

    Il y a un temps pour tout. Le silence abyssal a trop duré. Par-delà la complicité des fossoyeurs de la liberté, sacrifiée sur l’autel des intérêts commerciaux et des considérations géopolitiques, il y a effectivement matière à méditer sur le cas de décolonisation de la dernière colonie africaine consacrée dans son droit légitime à l’autodétermination et par la reconnaissance de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) par une majeure partie de la communauté internationale, néanmoins victime d’un déni de légalité sans précédent. Malgré les avis de la Cour internationale de justice (CIJ), de la Cour de justice européenne (CJUE) et le consensus international qui ne reconnaît aucune souveraineté marocaine sur le territoire, la chape de plomb continue de sévir en privant un peuple épris de liberté et de paix de son droit inaliénable à l’indépendance. 

    En partenaires reconnues du processus de décolonisation, entériné par les accords du 6 septembre 1991 signés par les deux parties au conflit, l’ONU et l’Afrique ont failli au devoir de décolonisation, vidé de toute substance par la violation du cessez-le-feu, provoquée par l’acte hideux de Guerguerat, et la politique de linkage immorale pratiquée par l’ancienne administration américaine. Si beaucoup d’espoirs sont mis dans la nouvelle équipe dirigée par Joe Biden, la gravité de la situation ne saurait s’accommoder des tergiversations porteuses de périls sur la paix et la stabilité régionales. Le temps des «mesures efficaces et concrètes» interpelle impérativement l’Union africaine (UA) menacée dans ses fondements unitaires et ses principes constitutifs inhérents au droit à l’autodétermination, au respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale. 
    Cette position a été défendue par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, lors de la réunion du Conseil de paix et de sécurité (CPS), consacrée à l’examen de la situation au Sahara occidental et au changement climatique. «L’Afrique, qui a vaincu l’occupation européenne par sa lutte politique et armée parfois et qui est venue à bout de l’apartheid, se doit aujourd’hui d’en finir avec le dernier foyer colonial», a affirmé le président de la République. Emmuré dans le mur de la honte et plus que jamais voué à un isolement, le Makhzen est incontestablement confronté à un désaveu total de l’UA, réaffirmant, lors du 34e sommet, la souveraineté de la RASD et appelant le CPS à mettre en œuvre les modalités susceptibles de favoriser le retour au cessez-le-feu et à la table de négociation. 
    La victoire sahraouie est confortée par la décision d’ouvrir un consulat à Laâyoune occupée par la commission de Haut niveau des chefs d’État et de gouvernement. En attendant la consultation du conseiller juridique de l’UA sur le cas des «consulats» africains, cette présence effective permet une évaluation de la situation dans les territoires occupés, jugée désastreuse par les militants des droits de l’homme. 
    Unie et solidaire, l’Afrique est appelée à rendre justice au peuple sahraoui, lassé par trois décennies de promesses non tenues et contraint au retour à la lutte armée, pour arracher son droit à l’indépendance que la communauté internationale n’a pas su garantir. «Nous plaçons l’Afrique devant ses responsabilités et son devoir face à la question sahraouie», a déclaré le Président sahraoui, Brahim Ghali. Elle est tenue prioritairement de défendre un État fondateur privé de son droit à l’autodétermination et livré à un génocide à ciel ouvert.
    El Moudjahid, 10 mars 2021
  • Sahara Occidental: Le Kénya dévoile le lobbying du Maroc

    La nouvelle tentative du Kenya pour que l’Union africaine joue un rôle de premier plan dans la résolution du différend du Sahara occidental met le Maroc en colère.

    Mardi, le président Uhuru Kenyatta a présidé la réunion de haut niveau de l’Union africaine du Conseil de paix et de sécurité sur la «paix durable en Afrique». Mais ses préparatifs, a appris la Nation , avaient fait l’objet d’un lobbying intensif du Maroc pour qu’il soit annulé ou retardé afin de permettre au diplomate algérien Smail Chergui d’achever son mandat la semaine prochaine en tant que commissaire de l’UA pour la paix et la sécurité.
    Un communiqué publié par les 15 membres du Conseil de paix et de sécurité a appelé à un «cessez-le-feu immédiat» au Sahara occidental et a demandé à la troïka de l’Union africaine et à l’Envoyé spécial de l’UA pour le Sahara occidental [Joachim Chissano] de «redynamiser le soutien à la médiation dirigée par l’ONU . » Il a exhorté le Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, à procéder à la nomination imminente d’un Envoyé spécial auprès de la MINURSO [la Mission des Nations Unies au Sahara occidental] pour soutenir les efforts de paix dans ce pays.
    Le Conseil a déclaré que le conflit au Sahara occidental avait retardé les efforts d’intégration régionale dans la région du Maghreb, appelant le secrétaire général de l’ONU à accélérer la nomination d’un envoyé spécial pour faciliter la médiation.
    Le Kenya avait convoqué la réunion en tant que président de mars du Conseil de paix et de sécurité de l’UA, où il avait l’intention de discuter de la paix et de la sécurité ainsi que du changement climatique. Mais le Maroc accuse l’Algérie de l’emporter sur le Kenya pour placer la question sahraouie pour les propres gains politiques d’Alger.
    Nairobi, cependant, fait valoir que la question sahraouie a toujours fait partie d’une série de problèmes au cœur de son thème courant de la paix et de la sécurité en Afrique, aux côtés du Soudan du Sud, de la situation au Tigray et d’autres points chauds du continent.
    Le Maroc avait demandé au Kenya de retarder la réunion, avertissant que M. Chergui utilisait ses derniers jours en fonction pour «servir l’agenda suspect de son pays d’origine et risquerait de compromettre la position neutre du Kenya concernant la question du Sahara ainsi que son engagement à promouvoir la paix et la stabilité Afrique. »
    Le ministre marocain des Affaires étrangères Nasser Bourita avait écrit à son homologue kényan Raychelle Omamo pour lui dire qu’il n’y avait pas de consensus sur la discussion de Sahraoui.
    «Le thème des discussions risque de provoquer de graves divisions parmi les membres du CPS qui seraient plus à l’aise pour examiner les questions unificatrices et prioritaires, sur lesquelles il existe un consensus de base, en particulier pendant la période difficile de la pandémie de Covid-19», a déclaré Bourita dans un communiqué du 1er mars. lettre à Nairobi.
    « La Troïka devrait être le seul mécanisme de la tentative de l’Afrique pour résoudre le problème, et qui affirme l’exclusivité du Conseil de sécurité des Nations Unies sur cette question », a-t-il déclaré en se référant au groupe de trois membres des anciens, actuels et futurs présidents de l’Union africaine. normalement connue sous le nom de Troïka sur la question sahraouie. Pour le moment, cela inclut le président sud-africain Cyril Ramaphosa, Felix Tshisekedi de la RDC et Macky Sall du Sénégal.
    Le Maroc avait fait tellement de lobbying avant la réunion qu’ils ont contacté le chef de l’ODM Raila Odinga, le Haut Représentant de l’Union africaine pour le développement des infrastructures pour aider à faire passer le message.Le Sahara occidental, une région du nord-ouest de l’Afrique était initialement une colonie espagnole mais a été repris par le Maroc qui le considère maintenant comme son territoire, bien qu’une partie de celui-ci soit administrée par le gouvernement du Front Polisario, qui dirige le parti arabe sahraoui démocratique. République, exilée en Algérie.
    Echourouk Online, 14 mars 2021
    Tags : Maroc, Sahara Occidental, Western Sahara, Kenya, Union Africaine,
  • Journal Kenyan : Le Kenya marche sur les pieds du Maroc dans une nouvelle tentative de résoudre le problème sahraoui

    Par Aggrey Mutambo*

    La nouvelle tentative du Kenya pour que l’Union africaine joue un rôle de premier plan dans la résolution du différend du Sahara occidental met le Maroc en colère.

    Mardi, le président Uhuru Kenyatta a présidé la réunion de haut niveau de l’Union africaine du Conseil de paix et de sécurité sur la «paix durable en Afrique». Mais ses préparatifs, a appris la Nation , avaient fait l’objet d’un lobbying intensif du Maroc pour qu’il soit annulé ou retardé afin de permettre au diplomate algérien Smail Chergui d’achever son mandat la semaine prochaine en tant que commissaire de l’UA pour la paix et la sécurité.

    Un communiqué publié par les 15 membres du Conseil de paix et de sécurité a appelé à un «cessez-le-feu immédiat» au Sahara occidental et a demandé à la troïka de l’Union africaine et à l’Envoyé spécial de l’UA pour le Sahara occidental [Joachim Chissano] de «redynamiser le soutien à la médiation dirigée par l’ONU . » Il a exhorté le Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, à procéder à la nomination imminente d’un Envoyé spécial auprès de la MINURSO [la Mission des Nations Unies au Sahara occidental] pour soutenir les efforts de paix dans ce pays.

    Le Conseil a déclaré que le conflit au Sahara occidental avait retardé les efforts d’intégration régionale dans la région du Maghreb, appelant le secrétaire général de l’ONU à accélérer la nomination d’un envoyé spécial pour faciliter la médiation.

    Le Kenya avait convoqué la réunion en tant que président de mars du Conseil de paix et de sécurité de l’UA, où il avait l’intention de discuter de la paix et de la sécurité ainsi que du changement climatique. Mais le Maroc accuse l’Algérie de l’emporter sur le Kenya pour placer la question sahraouie pour les propres gains politiques d’Alger.

    Nairobi, cependant, fait valoir que la question sahraouie a toujours fait partie d’une série de problèmes au cœur de son thème courant de la paix et de la sécurité en Afrique, aux côtés du Soudan du Sud, de la situation au Tigray et d’autres points chauds du continent.

    Le Maroc avait demandé au Kenya de retarder la réunion, avertissant que M. Chergui utilisait ses derniers jours en fonction pour «servir l’agenda suspect de son pays d’origine et risquerait de compromettre la position neutre du Kenya concernant la question du Sahara ainsi que son engagement à promouvoir la paix et la stabilité Afrique. »

    Le ministre marocain des Affaires étrangères Nasser Bourita avait écrit à son homologue kényan Raychelle Omamo pour lui dire qu’il n’y avait pas de consensus sur la discussion de Sahraoui.

    «Le thème des discussions risque de provoquer de graves divisions parmi les membres du CPS qui seraient plus à l’aise pour examiner les questions unificatrices et prioritaires, sur lesquelles il existe un consensus de base, en particulier pendant la période difficile de la pandémie de Covid-19», a déclaré Bourita dans un communiqué du 1er mars. lettre à Nairobi.

    « La Troïka devrait être le seul mécanisme de la tentative de l’Afrique pour résoudre le problème, et qui affirme l’exclusivité du Conseil de sécurité des Nations Unies sur cette question », a-t-il déclaré en se référant au groupe de trois membres des anciens, actuels et futurs présidents de l’Union africaine. normalement connue sous le nom de Troïka sur la question sahraouie. Pour le moment, cela inclut le président sud-africain Cyril Ramaphosa, Felix Tshisekedi de la RDC et Macky Sall du Sénégal.

    Le Maroc avait fait tellement de lobbying avant la réunion qu’ils ont contacté le chef de l’ODM Raila Odinga, le Haut Représentant de l’Union africaine pour le développement des infrastructures pour aider à faire passer le message.

    Le Sahara occidental, une région du nord-ouest de l’Afrique était initialement une colonie espagnole mais a été repris par le Maroc qui le considère maintenant comme son territoire, bien qu’une partie de celui-ci soit administrée par le gouvernement du Front Polisario, qui dirige le parti arabe sahraoui démocratique. République, exilée en Algérie.

    Une résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies (CSNU) proposait un référendum voté par les indigènes de la région, pour trancher entre l’indépendance et l’intégration au Maroc. Le Front Polisario a favorisé la séparation tandis que le Royaume du Maroc a favorisé l’intégration. Le référendum n’a cependant jamais eu lieu malgré l’aval de l’UA.

    Mokhtar Ghambou, l’ambassadeur du Maroc au Kenya, a accusé l’Algérie d’avoir tenté de saboter la médiation dirigée par l’ONU en forçant un processus parallèle à travers le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine.

    «Il est évident que l’ancien commissaire du CPS [Chergui] dont le mandat se termine le 15 mars 2021, cherche désespérément à profiter de la décision des chefs d’État à travers une politique de ‘pick and choose’, pour à la fois contredire et saper les réformes institutionnelles engagées au sein de l’UA », a-t-il déclaré mercredi à la Nation, affirmant que la réunion était« inopportune ». M. Chergui est censé être remplacé le mois prochain par Bankole Adeoye du Nigéria, récemment élue à la tête du département élargi des affaires politiques, de la paix et de la sécurité.

    «L’Algérie n’est pas intéressée à défendre la cause des séparatistes du Polisario, elle veut plutôt empêcher le Maroc, premier investisseur africain d’Afrique du Nord d’avoir une présence au Kenya et dans la région de l’Afrique de l’Est.

    L’année dernière, en décembre, le président américain de l’époque, Donald Trump, a reconnu la domination du Maroc sur le Sahara occidental, ce à quoi l’Union africaine s’est rapidement opposée et a déclaré que la question devait être résolue par le référendum ordonné par le CSNU. Les États-Unis sont un membre permanent du CSNU qui avaient voté plus tôt en octobre pour la prolongation de la mission des Nations Unies au Sahara occidental jusqu’au 31 octobre 2021.

    La résolution 2548 du CSNU d’octobre dernier avait également appelé à la reprise des négociations sans conditions préalables et notait «la nécessité d’une solution réaliste, praticable et durable à la question du Sahara occidental basée sur un compromis».

    *Écrivain diplomatique senior, Nation Media Group

    Daily Nation, 13 mars 2021

    Tags : Kenya, Maroc, Sahara Occidental, Union Africaine, Conseil de Paix et Sécurité,

  • L’ultime manœuvre du Maroc pour empêcher la réunion du Conseil africain de paix et de sécurité

     Imen H.


    Le journal kényen « Daily Nation », a dévoilé aujourd’hui, samedi, une partie des coulisses de la réunion du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine qui a eu lieu mercredi dernier.

    En effet, selon le « Daily Nation » le Maroc a mené des manœuvres secrètes pour empêcher la tenue de la réunion du Conseil de sécurité et de paix sur le Sahara occidental.

    « Le Maroc a exercé une forte pression avant la réunion du Conseil africain de paix et de sécurité, alors que le ministre marocain des affaires étrangères Nasser Bourita a appelé son homologue kényen Raychelle OMAMO et lui a présenté des justifications et des faussetés fragiles sur l’absence de consensus sur la question Sahara au sein du conseil africain de paix et de sécurité, et que la réunion menacerait la division du Conseil », rapporte le journal.

    La même source, a également indiqué qu’ « un autre Marocain a contacté l’ancien Premier ministre kényen, qui est actuellement le haut représentant de l’Union africaine pour le développement des infrastructures Raila Odinga, pour le persuader d’intervenir auprès du président kényan pour empêcher ou reporter la réunion ».

    Le journal kenyen, a confirmé que l’ambassadeur du Maroc au Kenya, «Al Mukhtar Gambo», avait tenté d’empêcher la rencontre contre l’Algérie, l’accusant de saboter la médiation menée par les Nations unies en imposant un processus parallèle à travers le Conseil africain de paix et de sécurité. En réponse aux initiatives du Maroc, le Kenyaa affirmé que la question sahraouie a toujours été parmi les questions centrales qui travaillent pour la diplomatie pour promouvoir la paix et la sécurité en Afrique.

    Le journal a conclu que « les multiples tentatives et pressions du Maroc n’ont pas empêché le président kényen  de convoquer la réunion du mardi 09 mars, lorsqu’il a pris des décisions importantes en faveur de la question sahraouie, notamment l’activation du rôle de l’Union africaine dans les efforts internationaux, et la nomination de l’envoyé spécial de l’UA, Joaquim Chissano, pour diriger les consultations et les contacts entre la RASD et le Maroc pour mettre en œuvre les décisions de la réunion.

    Maghreb Info, 13 mars 2021

    Tags : Sahara Occidental, Maroc, Union Africaine, Conseil de Paix et Sécurité,



  • Sahara occidental – Maroc : Échec au roi

    par Brahim Taouchichet

    Dos au mur, le Maroc boycotte la réunion de l’UA et renoue avec la politique de la chaise vide.
    «Le dossier est clos», clamait feu le roi Hassan II au point fort de l’affrontement avec le Front Polisario, tandis que le Président français Giscard d’Estaing lançait ses bombardiers «Jaguar» contre les combattants sahraouis utilisant les terribles bombes au phosphore. C’était sans compter sur la détermination du peuple sahraoui et ses nombreux soutiens et sympathisants.
    À l’OUA (actuelle UA), le Maroc s’est retrouvé désavoué dans son aventure coloniale, politiquement isolé, ce qui a poussé le monarque marocain à recourir à l’insulte envers ses pairs africains, à se livrer à la danse de Saint-Guy, parlant de leurs délibérations au sein de l’organisation panafricaine. Un scandale, le Maroc n’a plus qu’à quitter les lieux ! C’était le 12 novembre 1984. C’est la politique de la chaise vide qui durera jusqu’en 2017. Les délégations marocaine et sahraouie venaient pourtant de prendre part ensemble aux travaux du 20e sommet de l’OUA à Addis Abeba, présidés alors par le Président tanzanien Julius Nyerere. Le chantage n’aura aucun effet sur la position de principe de l’OUA sur la question de la décolonisation. Mal en prit au royaume alaouite puisque sa démarche sera improductive, il se résoudra à rejoindre l’organisation continentale africaine dans sa nouvelle appellation, l’Union africaine (UE), espérant peser de l’intérieur pour faire accepter son annexion du Sahara Occidental.
    Pour parvenir à ses buts, le Makhzen n’hésitera pas à recourir à tous les marchandages et à dépenser des sommes colossales en lobbying et en corruption de personnalités et de journalistes (français en particulier) de tous les horizons. Avec l’accord reconnaisance d’Israël contre la marocanité du Sahara Occidental, sous le parrainage de Donald Trump, il aura franchi le Rubicon. En vain.
    Le Parti communiste français, qui soutient la cause sahraouie, vient de démasquer les menées marocaines en France (que soutient l’annexion). En effet, le Maroc mène «un lobbying de luxe» auprès des élus français dans l’objectif de faire la promotion de sa vision expansionniste au Sahara Occidental, a déclaré le député français et membre du Parti communiste français (PCF) Jean-Paul Lecoq qui souligne l’impératif pour l’ONU de faire respecter les accords de cessez-le-feu pour en finir avec le conflit qui envenime toute la région. Ces mêmes manœuvres de coulisses ont été éventées récemment pas un journal allemand dans le contexte de la crise diplomatique avec l’Allemagne provoquée par le Maroc qui tentait une opération de charme dans les pays de l’Europe centrale dans le but d’influencer Berlin sur la question du Sahara Occidental.
    Le ministre des Affaires étrangères de sa majesté Mohammed VI n’a plus qu’à constater l’échec patent de la politique d’occupation du territoire sahraoui qui met au demeurant son amateurisme et sa politique bâtie sur le mensonge et les reniements. Ce constat sans appel vient une fois de plus s’imposer à l’opinion aussi bien africaine que mondiale. Une fois de plus, le Maroc veut fuir la réalité en rééditant le coup de la chaise vide. Il vient ainsi de décliner l’invitation de l’Union africaine (UA) à prendre part à la réunion tenue mardi par le Conseil de paix et de sécurité (CPS) sur le Sahara Occidental. Malgré toutes les tentatives du Maroc visant à duper les Etats membres pour éviter que la question sahraouie ne soit soulevée et ses manœuvres pour que le quorum ne soit pas atteint, le Conseil de paix et de sécurité de l’UA a tenu, mardi dernier par visioconférence, une réunion au niveau des chefs d’État et de gouvernement consacrée à l’examen du conflit au Sahara Occidental.
    Selon les observateurs, en boycottant une réunion cruciale d’une des structures de l’Union africaine, quatre ans après l’adhésion du Maroc à l’organisation panafricaine (2017) et la signature et la ratification de son acte constitutif, après une absence de 33 ans, la diplomatie marocaine a une nouvelle fois échoué à prouver son sérieux s’agissant de la «rupture avec la politique de la chaise vide».
    Il faut rappeler que le fait que le Maroc ait réintégré l’UA sans condition ni réserve et signé son acte constitutif ainsi que la ratification du document, à l’unanimité, par le Parlement lui impose, en sa qualité d’État membre, de «se soumettre aux exigences, dispositions, principes et objectifs de la charte». La rupture du cessez-le-feu en novembre dernier, signé en 1991, se veut un coup de force afin d’imposer le fait accompli. Les combattants sahraouis continuent leurs bombardements et harcèlements des garnisons marocaines retranchées derrière le mur de sable. Le bruit des armes provoque de larges échos en dépit du black-out total imposé aux médias internationaux. Dernier en date, l’Iran vient de réitérer son soutien à la résolution du conflit du Sahara Occidental conformément au droit des Sahraouis à l’autodétermination.
    Dans son intervention, le Président Abdelmadjid Tebboune a rappelé l’urgence d’une solution entre les deux parties en conflit à travers des négociations directes bilatérales. Une position saluée par les responsables sahraouis. L’ambassadeur de la République arabe sahraouie démocratique (Rasd) en Algérie, Abdelkader Taleb Omar, a salué l’allocution du chef de l’Etat devant le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’Union africaine (UA), dans laquelle il a affirmé que le conflit au Sahara Occidental «ne saurait avoir de délais de prescription».
    La désignation d’un émissaire spécial des Nations Unies urge afin de relancer le processus de règlement de ce conflit vieux de 46 ans.
    Brahim Taouchichet
    Sur le front : Poursuite des attaques contre les garnisons marocaines
    Les attaques menées par les forces de l’Armée populaire de libération sahraouie (APLS) se poursuivent, pour le 121e jour consécutif, contre les retranchements des soldats de l’occupation marocaine le long du mur de sable, selon le communiqué militaire du ministère sahraoui de la Défense.
    Les journées de mardi et de mercredi derniers ont connu le lancement de nouvelles attaques lourdes, menées par les unités de l’Armée sahraouie, ciblant des points distincts tout au long du «mur marocain de la honte». «Mercredi dernier, les combattants de l’APLS ont ciblé, par un bombardement intense, les positions de retranchement des soldats de l’occupation dans la zone d’Oudi El-Dhemrane (secteur de Mahbès), ainsi qu’un ­bombardement violent ciblant les positions des soldats de l’occupation dans la zone d’Akkarara Farsik dans le même secteur», a affirmé la Défense sahraouie.
    Le Soir d’Algérie, 13 marsw 2021
    Tags : Sahara Occidental, Western Sahara, Maroc, Union Africaine,
  • Algérie : Fake news, la désinformation ou l’art de ne pas dire vrai

    La désinformation et les fake news sur l’actualité nationale sont devenues une véritable industrie du mensonge et de l’affabulation, n’épargnant personne et aucun sujet, et les réseaux sociaux en sont devenus les plus actifs vecteurs de cette « infodémie » dévastatrice.

    Comme on a pu le constater durant ces deux dernières années, l’Algérie avait fait face à un flux ininterrompu de fakes news visant à semer la panique, le doute, la division et le chaos. Même le drame de la propagation de la pandémie du coronavirus et ses nombreuses victimes n’a pas dissuadé les auteurs des fakenews à renoncer à leurs manipulations et à leurs mensonges.

    Comme à l’accoutumée, selon des sources fiables, les pages de propagande anti-Algeriennes du Régime chérifien et l’état israélien ont jubilé afin de distiller toutes sortes d’informations.

    Pour cause, le journal israélien Yediot Aharonot avait rapporté dimanche dernier qu’un avion militaire brésilien aurait atterri à l’aéroport international d’Alger Houari-Boumediene en provenance d’Israël. Depuis, cette fake nwes circule sur les réseaux sociaux où diverses sources la relaient en hébreu, en arabe, en français et en anglais. «Atterrissage d’un avion de l’armée de l’air brésilienne à l’aéroport international d’Alger Houari-Boumediene, depuis quelques minutes, après un vol direct, pour la première fois dans l’histoire, entre Israël et l’Algérie», lit-on dans ces nombreuses publications, sur Twitter notamment, étayées par une infographie montrant le matricule et la trajectoire supposés de l’aéronef sur une carte.

    Les colporteurs de désinformation le savent et jouent avec nos émotions profondes, ce qui nous rend bien plus enclins à les partager sur les réseaux sociaux et elles se diffusent ainsi six fois plus vite (selon des études) que les faits avérés !

    Cette sordide cabale intervient après les récentes déclarations du président de la République Abdelmadjid Tebboune sur le principe que la cause palestinienne est une cause sacrée, essentielle, “la mère de toutes les causes”, et que cette cause “ne connaîtra de solution qu’avec un Etat palestinien dans les frontières de 1967 avec El Qods (Jérusalem) comme capitale”.

    D’ailleurs, le chef d’état-major de l’ANP Said Chengriha dans sa récente allocution à l’Ecole supérieure de guerre de Tamentfoust avait rappellé que cela fait partie de la guerre de quatrième génération.

    En effet, la désinformation relayée par les ennemis internes et externes de l’Algerie est utilisée comme une arme contre nous. Les dirigeants autoritaires et les aventuriers populistes se servent de la désinformation comme d’une arme : c’est le dernier arsenal au service de la stratégie classique qui vise à diviser pour mieux accéder au pouvoir et entraîner le chaos.

    À’de la désinformation, les réseaux sociaux sont devenus une menace pour la stabilité, la paix sociale et la démocratie. Des personnalités politiques ou du monde culturel social culturel ou sportif sont micro ciblés dans le cadre d’une stratégie visant à polariser et éroder les sociétés. Nous pensons ne jamais nous laisser berner, mais les études montrent que même les plus lucides et avisés d’entre nous ont tendance à croire les fausses informations et même à les propager sans prendre en compte le risque.

    La désinformation a incité des individus dans certains pays à se faire justice eux-mêmes et alimenté de violentes épurations ethniques. La désinformation empoisonne aussi notre vie sociale et politique, elle détruit notre confiance en nos principaux médias, nos institutions, nos dirigeants.

    La désinformation véhicule la méfiance, la peur et le mensonge. Mais plus nous serons au courant, plus nous pourrons l’empêcher, partagez avec vos amis et vos familles pour les informer de cette menace. Ne croyez pas tout ce que vous lisez sur Internet. Vous voyez une publication sur un réseau social contenant des informations choquantes ? N’y croyez pas! Vérifiez les faits grâce à des sources d’information fiables. La plupart des médias traditionnels sont normalement régis par des règles et une éthique qui les rendent bien plus dignes de confiance que d’illustres inconnus en ligne, même si il faut se méfier et user de tamis de pondération y compris pour ces médias.

    La désinformation s’attaque à nos peurs les plus profondes, se nourrissant de notre tendance naturelle au négatif tout en faisant ressortir nos penchants irascibles et cyniques. Mais si nous arrivons à dialoguer avec ceux qui ne pensent pas comme nous, avec empathie, sagesse et une oreille attentive, nous pourrons échanger malgré nos différences. Nous avons plus en commun que ce que nos peurs nous laissent penser. Si nous y croyons, des choses extraordinaires peuvent se produire.

    De notre correspondante de paris : Yasmina Houmad

    La Patrie News, 12 mars 2021

    Tags : Algérie, Hirak, fake news, Maroc, Israël, désinformation, intox, propagande,


  • Rapport du thikn tank International Crisis Group sur le Sahara Occidental

    Réengager des efforts internationaux au Sahara occidental
    Après un cessez-le-feu de 30 ans entre le Maroc et le Front Polisario indépendantiste, des affrontements ont éclaté au Sahara occidental. Sans une aide internationale, les combats pourraient s’intensifier. L’ONU devrait nommer un envoyé spécial, et les Etats-Unis devraient prendre la tête des efforts internationaux de diplomatie.

    Que se passe-t-il ? Le conflit latent entre le Maroc et le Front Polisario concernant le territoire disputé du Sahara occidental semble se raviver. Un blocage du Polisario sur une artère principale de la zone tampon sous contrôle onusien a déclenché une réponse militaire du Maroc, le Polisario a lancé de nouvelles attaques, rompant le cessez-le-feu.

    En quoi est-ce significatif ? Les affrontements récents laissent présager une nouvelle escalade, d’autant que les efforts internationaux en faveur de l’apaisement et des négociations font défaut. La reconnaissance par l’administration Trump de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, sur laquelle le nouveau président des Etats-Unis Joe Biden pourrait ne pas revenir, complique encore la situation.

    Comment agir ? Les puissances étrangères devraient prendre deux mesures d’apaisement. Premièrement, l’ONU devrait nommer un nouvel envoyé spécial au Sahara occidental, un poste laissé vacant depuis près de deux ans. Deuxièmement, Washington devrait s’efforcer d’encourager une désescalade et de relancer les pourparlers politiques.

    I. Synthèse
    Après avoir respecté le cessez-le-feu de 1991 pendant près de 30 ans, le Maroc et le Front Polisario ont rouvert les hostilités au Sahara occidental, un territoire disputé dont le Polisario demande l’indépendance. Le 13 novembre, le Maroc a envoyé des troupes dans la zone tampon sous contrôle de l’ONU pour mettre un terme au blocage de la route stratégique de Guerguerat, entamé trois semaines plus tôt. En réponse, le Polisario s’est retiré du cessez-le-feu et a renouvelé ses attaques contre les unités militaires marocaines. Les réactions internationales à cette escalade des tensions ont été, pour la plupart, favorables au Maroc. Le Conseil de sécurité de l’ONU ne s’est pas exprimé. Le 10 décembre, Rabat a remporté une grande victoire diplomatique, lorsque le président des Etats-Unis, Donald Trump, a reconnu sa souveraineté sur le Sahara occidental. Pour éviter que les tensions ne s’exacerbent, les soutiens internationaux de Rabat devraient l’encourager à accepter la nomination d’un nouvel envoyé spécial de l’ONU – un poste resté vacant depuis mai 2019 – sans condition préalable. L’administration Biden, en étroite collaboration avec la France, la Russie et l’Algérie, les principaux acteurs extérieurs du conflit, devraient inciter les deux parties à accepter une trêve et à reprendre les négociations.

    Il y a deux ans à peine, la situation était très différente. La diplomatie semblait faire son chemin, grâce à la nomination en août 2017 de l’ancien président allemand Horst Köhler au poste d’envoyé spécial de l’ONU. En avril 2018, le Conseil de sécurité de l’ONU a réduit le délai de renouvellement du mandat de la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso) d’un an à six mois ; l’envoyé informait donc plus régulièrement le Conseil de sécurité de la situation, ce qui a renforcé la pression sur les deux parties. Le Maroc, le Front Polisario, l’Algérie et la Mauritanie ont participé à deux réunions au cours desquelles des progrès ont pu être observés. Mais la démission soudaine de Köhler en mai 2019 et le rétablissement par le Conseil de sécurité du renouvellement annuel du mandat de la Minurso ont coupé cet élan. Depuis lors, le Maroc et le Polisario ont tous deux imposé leurs conditions pour la nomination d’un nouvel envoyé chargé de remplacer Köhler et les exigences strictes de Rabat semblent avoir conduit à une impasse.

    Les tensions sont apparues dans la zone de Guerguerat, où une route qui relie le Maroc à la Mauritanie traverse la zone tampon sous contrôle de l’ONU qui sépare les troupes marocaines des combattants du Polisario. Tirant parti du vide diplomatique laissé par le départ de Köhler, le Maroc a invité plusieurs gouvernements d’Afrique et du Moyen-Orient à ouvrir des consulats au Sahara occidental. En réponse, les responsables et les militants du Polisario ont rapidement considéré qu’il s’agissait d’un acte hostile. Les partisans civils du Polisario (rejoints par des hommes armés) ont bloqué la route principale de la zone de Guerguerat, y établissant un camp à la fin octobre 2020, ce qui a marqué la reprise des hostilités. Le 13 novembre, le Maroc a envoyé des troupes dans la zone tampon pour mettre un terme au blocage. En réponse, le Polisario a entamé un conflit de faible intensité avec le Maroc, bien que Rabat ait réaffirmé sa volonté d’observer le cessez-le-feu.

    La plupart des acteurs internationaux ont prôné un retour au cessez-le-feu ou se sont rangés derrière le Maroc. Parallèlement, le Conseil de sécurité de l’ONU s’est abstenu de commenter cette flambée de violence, empêchant ainsi le Polisario d’obtenir l’attention internationale qu’il recherchait. Pour Rabat, la reconnaissance par les Etats-Unis de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, le 10 décembre, vient appuyer sa stratégie. Cet acte de l’administration Trump n’a fait que durcir la position des Sahraouis indépendantistes, et en particulier de la jeunesse sahraouie, qui a déjà perdu depuis longtemps l’espoir d’une résolution diplomatique du conflit.

    « La faible intensité du conflit ne peut pas justifier l’inaction ».

    La faible intensité du conflit ne peut pas justifier l’inaction. Le risque d’une escalade militaire progressive, limité mais tangible, déstabiliserait encore davantage l’Afrique du Nord et le Sahel. Les combats pourraient s’intensifier au moindre incident militaire, tel qu’une ingérence algérienne – par exemple, des transferts d’armes plus importants entre Alger et le Polisario – ou un changement de tactique militaire au sein du mouvement indépendantiste. Pour limiter les risques, les partenaires internationaux du Maroc – les Etats-Unis et la France – devraient pousser Rabat à accepter, sans condition préalable, un nouvel envoyé chargé de négocier une désescalade qui pourrait amener les deux parties à négocier une trêve.

    Ces mesures n’auraient d’effet que si les Etats-Unis et le Conseil de sécurité adoptaient une approche plus directe. L’administration Biden risque d’être réticente à l’idée de revenir sur la reconnaissance par l’administration Trump de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental. Malgré cela, elle pourrait envisager d’autres façons de rassurer le Polisario, par exemple en réaffirmant le soutien de Washington au renouvellement semestriel du mandat de la Minurso. Pour éviter de contrarier le Maroc, les résolutions du Conseil de sécurité devraient faire explicitement référence à la nécessité de sécuriser la route de Guerguerat. Ces arbitrages pourraient permettre d’entamer une nouvelle phase diplomatique. L’administration Biden devrait coordonner sa position plus étroitement et de façon plus transparente avec les autres pays pour qui l’issue du conflit représente un enjeu, à savoir la France, la Russie et l’Algérie. Une meilleure coopération à ce niveau pourrait mettre fin aux affrontements et relancer les efforts de paix, actuellement entravés.

    II. Un statuquo de plus en plus instable
    Le conflit a commencé en 1975, lors du retrait de l’Espagne du Sahara occidental, à l’époque la plus importante des colonies qui lui restaient en Afrique. Le Maroc et la Mauritanie ont aussitôt proclamé leur souveraineté sur ce territoire. Le Front Polisario, créé pour obtenir l’indépendance du territoire, a entamé une lutte armée contre l’Espagne en 1973. Le 7 novembre 1975, le roi Hassan II du Maroc a réuni 350 000 citoyens non armés pour entrer dans les zones sous contrôle espagnol et revendiquer ses droits sur ce territoire. La Marche verte, ainsi nommée par le roi, a forcé la main de l’Espagne – et plutôt que d’ordonner à ses soldats de tirer sur les manifestants, Madrid s’est résolue à quitter le territoire.

    Les accords de Madrid de novembre 1975 ont officiellement mis un terme à la souveraineté de l’Espagne sur le Sahara occidental et ont partagé le territoire – les deux tiers revenant au Maroc et le dernier tiers à la Mauritanie. Le Front Polisario indépendantiste et l’Algérie ont rejeté cet accord. La guerre qui s’est ensuivie a permis au Polisario de remporter de rapides victoires militaires, forçant la Mauritanie à se retirer en 1979, même si des milliers de Sahraouis se sont réfugiés près de Tindouf, en Algérie. Au cours des années qui ont suivi, néanmoins, le Maroc a renforcé son contrôle sur le Sahara occidental, notamment grâce à la construction de murs de protection, le « mur de sable ».

    En 1991, alors que l’on pensait être dans une impasse militaire, les deux parties ont accepté un plan de règlement sous l’égide de l’ONU. Cette initiative a introduit un cessez-le-feu qui a divisé le territoire le long du mur de sable et a créé une zone tampon et une zone restreinte pour séparer les deux parties. Ce plan visait également une résolution du conflit qui passerait par un référendum d’autodétermination, qui serait organisé par la Minurso. Néanmoins, à la suite de manœuvres politiques du Maroc et des interprétations divergentes du plan par les deux parties, le référendum n’a jamais eu lieu. De nombreux envoyés de l’ONU ont tenté en vain de ressusciter le référendum, après quoi le Maroc a fait, en 2006, une proposition de compromis sous la forme d’un plan d’autonomie. Selon le Polisario, ce plan d’autonomie bafoue le droit à l’autodétermination de la population sahraouie. Aucun des nombreux cycles de négociation entre Rabat et le Polisario n’a permis de débloquer la situation.


    A. En perte de vitesse
    La nomination en août 2017 de l’ancien président allemand Horst Köhler en tant qu’envoyé spécial de l’ONU au Sahara occidental avait donné un nouvel élan aux efforts diplomatiques. Köhler a mené une série de réunions préliminaires entre fin 2017 et début 2018. Il a ensuite bénéficié de la décision du Conseil de sécurité d’avril 2018 de renouveler le mandat de la Minurso tous les six mois au lieu de tous les ans, comme c’est généralement le cas. Les Etats-Unis, et en particulier John Bolton, alors conseiller national à la sécurité des Etats-Unis et personnellement investi dans la résolution du conflit, ont joué un rôle clé au sein du Conseil. La décision de réduire le délai de renouvellement du mandat visait à renforcer la pression sur les parties, en demandant à l’envoyé spécial de dresser un état des lieux plus régulier auprès du Conseil.

    L’empressement des Etats-Unis s’expliquerait par le fait qu’ils s’agaçaient de la lenteur des progrès et du mandat à durée indéterminée de la Minurso, et souhaitaient, plus globalement, opérer des coupes dans le budget de maintien de la paix de l’ONU. Selon un diplomate américain : « Il est temps d’avancer vers une résolution politique et, après 27 ans, d’arrêter de prolonger le statuquo ». Malgré la résistance d’autres membres du Groupe des amis pour le Sahara occidental, à savoir la France et la Russie, le renouvellement semestriel du mandat s’est poursuivi jusqu’en octobre 2019, en vue de soutenir les efforts de médiation.

    Si le Polisario a salué cette nouvelle approche comme une occasion de rouvrir des négociations, le Maroc s’est montré plus réticent à modifier le statuquo diplomatique. Pour rassurer Rabat, les Etats-Unis et la France ont introduit des formulations reflétant ces réticences dans la résolution du Conseil de sécurité d’avril 2018 ainsi que dans les suivantes. Le texte affirme « qu’il convient de faire des progrès dans la recherche d’une solution politique réaliste, pragmatique et durable à la question du Sahara occidental », ce que le Polisario, à l’instar d’autres observateurs, ont interprété comme une approbation implicite du plan d’autonomie du Maroc de 2006. Cette même résolution comprenait deux paragraphes distincts visant la violation, par le Polisario, de l’accord de cessez-le-feu dans la zone de Guerguerat et sa volonté de déplacer des fonctions administratives de la République arabe sahraouie démocratique à Bir Lahlou, au sein du Sahara occidental.

    Néanmoins, les négociations semblaient s’accélérer. Köhler en a organisé un premier cycle à Genève en décembre 2018. Un ancien conseiller de Köhler a décrit une atmosphère positive, et des discussions « agréables et amicales ». Le Maroc et le Polisario n’avaient pas mené de pourparlers sous l’égide de l’ONU depuis six ans. Le Maroc a obtenu une concession majeure : le format de la réunion était une table ronde, à laquelle participaient l’Algérie et la Mauritanie. Rabat considère que le Sahara occidental est une question régionale et que le Polisario est un intermédiaire de l’Algérie ; le Maroc voulait réunir l’Algérie et la Mauritanie puisqu’ils avaient précédemment refusé de participer aux négociations, affirmant qu’il s’agissait d’un conflit bilatéral entre le Maroc et le Polisario portant sur des questions de décolonisation. Une deuxième réunion s’est tenue en mars 2019, également à Genève, mais l’atmosphère était nettement moins cordiale. Aucune de ces deux réunions n’a abouti à une sortie de crise, mais elles ont permis de maintenir la communication, comme l’a souligné le communiqué conjoint publié au terme de la deuxième réunion. Cette dynamique encourageante a brutalement pris fin lorsque Köhler a démissionné, le 22 mai 2019, invoquant des raisons de santé.

    Après le départ de Köhler, le Maroc et le Polisario se sont empressés de fixer leurs conditions pour la nomination d’un nouvel envoyé de l’ONU. Selon un diplomate du Polisario, le mouvement n’exigeait qu’une personne « hautement qualifiée, déterminée et neutre ». Officiellement, le Maroc exigeait juste que ce poste revienne à une personnalité reconnue. Selon de nombreuses sources pro-Polisario ou non partisanes, néanmoins, Rabat aurait posé des conditions plus spécifiques, et plus strictes. Le Maroc aurait refusé qu’il s’agisse d’un ou une diplomate issue d’un pays scandinave (du fait d’une prétendue sympathie qu’ils auraient pour la cause sahraouie), d’Allemagne (car Rabat a découvert avec Köhler qu’il était difficile de contrer Berlin) ou d’un Etat membre permanent du Conseil de sécurité (pour éviter que des pressions politiques illégitimes puissent être exercées sur les négociations).

    Ces conditions ont rendu difficile la tâche du secrétaire général de l’ONU, António Guterres, chargé de remplacer Köhler. Les exigences du Maroc ont réduit le vivier de candidats potentiels de façon significative. En outre, la réputation du conflit au Sahara occidental, perçu comme obscur et inextricable, a contribué à dissuader les diplomates internationaux d’accepter le poste. Comme l’a dit un ancien ministre des Affaires étrangères qui avait été approché pour le poste : « Personne ne veut être associé à un échec diplomatique ».

    Parallèlement, le scepticisme croissant concernant la possibilité de résoudre ce conflit a poussé le Conseil de sécurité à revenir à un renouvellement annuel du mandat de la Minurso. Bolton a quitté l’administration Trump en septembre 2019 et, le mois suivant, Washington, désabusé par cette situation, a abandonné l’idée d’un renouvellement semestriel et accepté les demandes répétées de la France de ne renouveler le mandat que tous les ans. Malgré les doléances du Polisario, de la Russie et de l’Afrique du Sud, la formulation évoquant une « solution politique réaliste, pragmatique et durable », rédigée pour rassurer le Maroc par rapport aux mandats plus courts de la Minurso, a été maintenue dans les résolutions d’octobre 2019 et d’octobre 2020 visant à renouveler le mandat de la mission.

    B. Évolutions de la situation sur le terrain
    En parallèle de la démission de Köhler et du retour de l’approche diplomatique habituelle du Conseil de sécurité des Nations unies, le Maroc a accéléré sa politique du fait accompli. La stratégie principale de Rabat était d’inviter des Etats amis d’Afrique et du Moyen-Orient à ouvrir des consulats au Sahara occidental. Le premier pays à le faire fut la Côte d’Ivoire ; elle a inauguré son consulat honoraire à Laâyoune en juin 2019, après quoi les Comores y ont ouvert, en décembre 2019, le premier consulat général étranger. Dans les mois qui ont suivi, une ribambelle de gouvernements africains ont marché dans leurs traces. Le 4 novembre 2020, les Emirats arabes unis sont devenus le premier pays arabe à ouvrir un consulat au Sahara occidental. Pour Rabat, ces représentations diplomatiques sont autant d’éléments qui appuient sa revendication de souveraineté sur le territoire. Le secrétaire général du Polisario, Brahim Ghali, s’est indigné contre l’ouverture des consulats, les qualifiant de « violation du droit international et […] [d’] atteinte au statut juridique du Sahara occidental en tant que territoire non autonome ».

    L’ouverture des consulats résulte d’une stratégie marocaine ambitieuse visant à renforcer les liens politiques et économiques avec l’Afrique subsaharienne. Ces dernières années, Rabat a fortement intensifié ses investissements et ses relations commerciales avec le reste du continent, surtout avec l’Afrique de l’Ouest. En 2017, le Maroc a rejoint l’Union africaine (UA). En 1984, le pays avait claqué la porte de l’Organisation de l’unité africaine, prédécesseur de l’UA, après l’admission en son sein de la République arabe sahraouie démocratique, nom que donne le Polisario à son Etat de facto, situé à l’est du mur de sable. Lors de son admission à l’UA, le Maroc a juré d’œuvrer à l’expulsion du proto-Etat du Polisario de l’organisation. Rabat a profité de ses nouvelles relations pour plaider auprès de certains gouvernements africains afin qu’ils reviennent sur leur reconnaissance de la République arabe sahraouie démocratique de facto.

    Parallèlement à son offensive diplomatique, le Maroc a adopté, en janvier 2020, deux lois délimitant ses eaux territoriales et une zone économique exclusive au large du littoral du Sahara occidental. Le ministre des Affaires étrangères marocain, Nasser Bourita, a indiqué que ces lois avaient notamment pour objectif de réaffirmer la souveraineté du Maroc sur « ses frontières effectives, territoriales et maritimes ». Le Polisario a rejeté cette manœuvre.

    Le Front Polisario, confronté à une impasse à l’ONU et en réponse aux actions prises par le Maroc dans le cadre de sa politique du fait accompli, a dès lors réévalué ses options. Mohamed Wali Akeik, Premier ministre de la République arabe sahraouie démocratique à l’époque et critique notoire de l’impasse diplomatique, a dénoncé à plusieurs reprises le manque d’intérêt de la communauté internationale à l’égard du conflit et a appelé le mouvement à reprendre les hostilités avec le Maroc. Il a également fustigé le cessez-le-feu, suggérant que des négociations devraient se tenir en parallèle des combats.

    De nombreux Sahraouis, en particulier les femmes (administratrices de camps et enseignantes) et les jeunes qui habitent les camps, sont frustrés de l’impasse diplomatique ; ils ne croient plus aux négociations et estiment que la direction du mouvement ne se renouvelle pas assez. Le manque de perspectives professionnelles auquel sont confrontés des jeunes souvent très qualifiés a encore accentué leur déception. La direction du Polisario, qui prend de l’âge, s’est donc sentie contrainte de reprendre les combats.

    Le quinzième congrès du Front Polisario, qui s’est déroulé en décembre 2019 à Tifariti, au cœur du Sahara occidental, a été un moment clé. Pendant plusieurs jours, les débats sur la manière de réagir à la détérioration de la situation politique ont opposé les partisans de l’action militaire aux tenants de la diplomatie. Les premiers insistaient pour arrêter immédiatement une date pour la reprise des hostilités, alors que les seconds affirmaient que le front n’avait pas les moyens de mener une offensive militaire. Le secrétaire général Ghali, réélu lors du congrès, s’est montré habile ; il a réaffirmé l’engagement du mouvement en faveur de la diplomatie, tout en menaçant de « revoir son engagement dans le processus de paix ».

    III. Le retour de la guerre
    A. Fin du cessez-le-feu à Guerguerat
    Les tensions opposant le Front Polisario à Rabat et celles qui secouent le mouvement lui-même ont finalement trouvé un exutoire dans les escarmouches concernant la route de Guerguerat, qui relie le Maroc à la Mauritanie en traversant une zone tampon sous contrôle des Nations unies. Rabat a construit cette route dans le désert en 2016 (et déployé des gendarmes au sein de la zone tampon, ce qui constitue une violation du cessez-le-feu), et depuis lors, celle-ci semble être le point le plus sensible de la guerre d’usure entre les deux camps, car des incidents y sont désormais déplorés chaque année. Suite au renforcement des liens commerciaux qui unissent le Maroc à la Mauritanie et à d’autres régions d’Afrique de l’Ouest, cette route a gagné en importance et est donc devenue cruciale pour Rabat. De son côté, le Polisario condamne ce qu’il considère être un amendement unilatéral au cessez-le-feu, puisque la route ouvre une brèche dans la zone tampon, qui ne faisait pas partie de l’accord de 1991. D’après la Minurso, entre octobre 2019 et mai 2020, le nombre de manifestations rassemblant des civils pro-Polisario et le nombre d’incursions militaires dans cette zone ont augmenté, ce dont le Maroc s’est régulièrement plaint auprès des Nations unies.

    Le 21 octobre 2021, la situation a atteint un point de non-retour lorsqu’un groupe de civils pro-Polisario a établi un campement sur la route de Guerguerat, bloquant ainsi la circulation. Quelques combattants du Polisario, dont la présence constituait une violation du cessez-le-feu, les ont rejoints. Contrairement aux incidents précédents, les manifestants ont refusé les tentatives de conciliation de la Minurso, arguant que l’ONU se désintéressait du conflit. Pendant deux semaines, le Maroc a déposé des plaintes auprès du secrétaire général de l’ONU et de la Minurso concernant ce blocage. Ensuite, après le discours du roi Mohamed VI prononcé à l’occasion du 45e anniversaire de la Marche verte, le Maroc a commencé à mobiliser des soldats au sein de la zone réglementée de 30 kilomètres de large, violant donc également le cessez-le-feu. Le 13 novembre, après l’échec d’une tentative de médiation de dernière minute émanant du secrétaire général de l’ONU, les troupes sont entrées dans la zone tampon pour rouvrir la route. Bien que les deux camps aient recouru à de l’artillerie lourde, aucune victime n’a été déplorée, les civils et les combattants du Polisario ayant battu en retraite quasi immédiatement. Le 14 novembre, le Polisario a déclaré la fin du cessez-le-feu et annoncé la reprise des hostilités avec le Maroc.

    Au cours des semaines qui ont suivi, le bras armé du Polisario, l’Armée de libération du peuple sahraoui, a attaqué à plusieurs reprises les postes défensifs du Maroc situés le long du mur de sable, généralement depuis une certaine distance et avec des effets limités. La réponse de l’armée marocaine est restée mesurée ; elle n’a pas, jusqu’à présent, cherché à pourchasser les unités ennemies ou à mener une grande opération. Si le Maroc nie avoir essuyé des pertes, des sources onusiennes indiquent que deux soldats, au moins, ont perdu la vie au cours de la première semaine de combats.

    La retenue relative dont fait preuve le Maroc dénote par rapport à la forte mobilisation sahraouie, tant dans les camps de réfugiés qu’à l’étranger. La stratégie de Rabat a été d’exprimer son soutien continu au cessez-le-feu de 1991 et de minimiser l’importance des affrontements militaires, ce qui correspond à une approche du « circulez, il n’y a rien à voir ». Le retour de la guerre a toutefois galvanisé la jeunesse sahraouie dans les camps comme à l’étranger, et le Polisario a réactivé ses réseaux de solidarité internationale pour attirer l’attention sur ce conflit. Un militant sahraoui a déclaré que les jeunes vivant dans le Sahara occidental contrôlé par le Maroc avaient essayé de descendre dans les rues pour afficher leur solidarité avec le Polisario, mais que les forces de sécurité marocaines avaient rapidement réprimé ces tentatives.

    B. Silence sur le front international
    Malgré la mobilisation du Polisario, pour la plupart, les réactions internationales aux évènements survenus dans le Sahara occidental étaient favorables au retour rapide du cessez-le-feu, ou s’alignaient sur la position du Maroc. Le ministre français des Affaires étrangères a exprimé sa préoccupation concernant la situation, tout en saluant « l’attachement du Maroc au cessez-le-feu ». L’Espagne et la Russie ont appelé les deux parties à respecter le cessez-le-feu, alors que les Etats-Unis sont restés muets jusqu’à ce que le secrétaire d’Etat américain de l’époque, Mike Pompeo, déclare le 8 décembre que « le conflit ne devrait pas être résolu par des moyens militaires, mais bien par une série de conversations ».

    Les réactions des pays voisins étaient, elles aussi, empreintes de prudence afin d’éviter d’alimenter les tensions. L’Algérie qui, par le soutien qu’elle apporte au Polisario, joue un rôle déterminant dans le conflit, a sagement appelé les deux camps à faire preuve de retenue. Des diplomates algériens indiquent que cette approche s’inscrit dans une volonté d’éviter une escalade militaire qui pourrait déstabiliser encore plus la région. De même, la Mauritanie a appelé les deux parties à la retenue et au respect du cessez-le-feu.

    Pour sa part, le Conseil de sécurité des Nations unies n’a pris aucune mesure concernant la situation militaire au Sahara occidental. Il n’a convoqué qu’une réunion consultative à huis clos le 21 décembre, soit plus d’un mois après la reprise des hostilités. Si cette inaction a arrangé le Maroc, elle a fâché les responsables du Polisario, car elle n’a pas permis de braquer les projecteurs sur leur cause. Un responsable français a déclaré que l’inertie du Conseil de sécurité s’expliquait par la faible intensité des affrontements, puisque jusqu’à présent les combats n’ont compromis ni la paix ni la sécurité régionales. Même l’Afrique du Sud, soutien du Polisario et présidente du Conseil de sécurité depuis décembre, a indiqué qu’elle n’avait pas l’intention de porter l’affaire devant le Conseil, car ses diplomates estiment que l’issue serait probablement favorable au Maroc.

    C. La reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental par les Etats-Unis
    Alors que l’environnement international lui est déjà favorable, Rabat a remporté une importante victoire diplomatique le 10 décembre, lorsque le président Donald Trump a annoncé sur Twitter que les Etats-Unis reconnaissaient officiellement la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental. En contrepartie de cette reconnaissance, le Maroc a accepté de renouer des relations diplomatiques avec Israël, en commençant par rouvrir leurs bureaux de liaison respectifs, et peut-être, à terme, une représentation diplomatique à part entière. Les Etats-Unis ont, en outre, proposé de vendre pour un milliard de dollars de drones et d’armes guidées avec précision au Maroc. La reconnaissance américaine étant liée à la normalisation diplomatique avec Israël, et bien que des représentants des deux partis appellent à renoncer à cette mesure, l’administration Biden aura probablement du mal à revenir sur la reconnaissance par les Etats-Unis de la souveraineté marocaine sans mettre en péril la relation entre Rabat et Israël.

    Plusieurs gouvernements ont réprouvé la déclaration de Trump. La Russie l’a condamnée, estimant qu’elle violait le droit international. L’Espagne a réitéré son soutien aux « principes et résolutions de l’ONU » concernant ce différend. Le Premier ministre algérien, Abdelaziz Djerad, a condamné la normalisation des relations avec Israël et rejeté la reconnaissance par les Etats-Unis de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, appelant à l’application du droit international et défendant les actions militaires du Polisario, les qualifiant de « légitime défense ».

    La France a quant à elle adopté une position plus nuancée. Un responsable français et un ancien diplomate ont déclaré que l’annonce de Trump était un problème pour Paris, car la reconnaissance par les Etats-Unis de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental contrevient en effet au droit international et aux résolutions du Conseil de sécurité. Ils craignent par ailleurs que cette reconnaissance pousse le Maroc à faire pression sur la France afin qu’elle prononce une déclaration similaire. Cependant, selon eux, Paris pourrait profiter de cette annonce pour relancer le Plan d’autonomie marocain, lequel servirait de base à une résolution permanente du conflit.

    Les responsables du Polisario ont rejeté l’annonce de Trump, estimant qu’elle constituait une violation inacceptable du droit international. Un militant d’une ONG sahraouie située au Sahara occidental contrôlé par le Maroc a déclaré que la population locale avait perdu toute confiance en la communauté internationale et évoqué les risques croissants de troubles violents. Toutefois, si l’annonce américaine s’apparentait à un revers pour le mouvement, il a saisi cette occasion pour attirer une nouvelle fois l’attention des médias internationaux sur ce conflit oublié. En outre, avec l’arrivée de l’administration Biden aux Etats-Unis, les diplomates du Polisario ont manifesté un optimisme prudent quant à la possibilité que la décision soit revue et que l’ONU joue un rôle de médiateur afin de mettre un terme au conflit.

    Peu après l’annonce américaine, le Maroc a décidé de conserver des troupes à Guerguerat, indéfiniment, balayant toute possibilité de négocier un retrait ultérieur. Rabat a communiqué cette nouvelle position à toutes les parties concernées, y compris dans une lettre officielle adressée au secrétaire général des Nations unies. La présence militaire marocaine vise à protéger les biens qui transitent par la frontière avec la Mauritanie, mais elle constitue une violation de l’accord de cessez-le-feu, qui interdit aux forces armées des deux parties d’entrer dans la zone réglementée. Ceci va donc à l’encontre de la position officielle de Rabat, selon laquelle le Maroc respecte l’accord. Dès lors, le Polisario a clairement indiqué que, dans ces conditions, il refuserait de participer à tout nouvel effort de négociation d’un cessez-le-feu. En effet, le 24 janvier 2021, pour la première fois depuis la fin du cessez-le-feu, des forces pro-Polisario ont bombardé la zone de Guerguerat et menacé d’intensifier le conflit en élargissant leurs opérations.

    IV. Le moment de se réengager
    La faible intensité du conflit au Sahara occidental ne devrait pas justifier l’inaction. Le risque d’une forte escalade militaire entre le Maroc et le Front Polisario reste limité, mais il n’est pas négligeable pour autant. La stratégie adoptée par le Polisario – bombarder à distance – pourrait donner lieu à une frappe non maîtrisée qui ferait plus de victimes marocaines qu’escompté et déclencherait alors une offensive vengeresse visant les bases arrière du Polisario. Il serait erroné de penser que l’Algérie restera neutre. L’Algérie soutient la stratégie militaire d’usure du Polisario. Bien qu’aucun nouveau transfert d’armes en provenance d’Algérie pouvant améliorer les capacités de l’Armée de libération du peuple sahraoui n’ait été constaté, Alger pourrait envisager ce type de transferts si une flambée de violence tuait un grand nombre de combattants du Polisario, par exemple. Ceci aurait des implications pour toute la région.

    Le désintérêt de la communauté internationale pour ce conflit pourrait également avoir des conséquences à long terme pour la stabilité régionale. Sans solution diplomatique, les Sahraouis désabusés, surtout les jeunes, pourraient contraindre le Front Polisario à changer de tactique. Celui-ci pourrait procéder à des frappes visant les installations militaires dans le Sahara occidental contrôlé par le Maroc ou au Maroc même, au lieu de se limiter à des cibles situées le long du mur du sable, comme il l’a presque exclusivement fait jusqu’à présent. Une telle escalade déstabiliserait l’Afrique du Nord et le Sahel, et pourrait avoir des conséquences imprévisibles pour les intérêts américains et européens.

    Nommer un envoyé spécial de l’ONU au Sahara occidental est un premier pas nécessaire. Si le Maroc a imposé des préconditions à cette nomination, les Etats-Unis et la France doivent pousser Rabat à y renoncer. Le nouvel envoyé spécial ne pourra pas mettre fin aux combats seul. Les responsables du Polisario ont clairement indiqué qu’ils voulaient réinitialiser les conditions du processus de paix avant d’envisager un nouveau cessez-le-feu. Bien qu’une réinitialisation complète soit peu probable, si l’ONU se réengage, un envoyé pourrait parvenir à négocier une désescalade temporaire qui pourrait permettre la négociation d’une trêve. Cette trêve pourrait alors favoriser la reprise des pourparlers entre le Maroc et le Polisario (avec la participation de l’Algérie et de la Mauritanie) quant au statut de l’intégralité du territoire disputé.

    Cette approche ne pourra se concrétiser que si les Etats-Unis et le Conseil de sécurité de l’ONU intensifient réellement leurs efforts en vue d’une résolution du conflit. Bien que des voix s’élèvent au sein des deux partis pour que cette décision soit annulée, il est possible que l’administration Biden estime trop complexe, d’un point de vue politique, de revenir sur la reconnaissance annoncée par Trump. Elle pourrait néanmoins chercher à rassurer le Polisario sur la possibilité d’une résolution et à convaincre les responsables qui refusent la trêve et veulent négocier en continuant les combats en parallèle. Les Etats-Unis pourraient, par exemple, renouveler leur soutien d’antan à des mandats de six mois reconductibles pour la Minurso et modifier, dans les prochaines résolutions du Conseil de sécurité, la formulation portant sur « une solution politique réaliste, pragmatique et durable », qui, pour le Polisario, s’assimile à l’approbation du Plan d’autonomie marocain de 2006, et ce en vue de gagner l’adhésion du Polisario. Pour éviter de braquer le Maroc, ces changements pourraient s’accompagner de références explicites à la nécessité d’assurer la sécurité sur la route de Guerguerat.

    Une trêve, appuyée par une nouvelle approche du conflit au niveau du Conseil de sécurité, pourrait inaugurer une nouvelle ère. Le mandat de Köhler, l’envoyé de l’ONU, bien qu’abrégé, rappelle qu’exercer une pression internationale constante sur les deux camps peut faire bouger les choses. Pour que cela puisse se renouveler, l’administration Biden devra se coordonner de manière plus étroite et plus transparente avec les autres membres du Groupe des amis pour le Sahara occidental, à savoir la France, la Russie et l’Algérie. Seule une pression internationale conjointe peut pousser le Maroc et le Front Polisario à revenir à la table des négociations.

    V. Conclusion
    Le désintérêt de la communauté internationale pour le Sahara occidental, exacerbé par le manque d’intérêt des médias étrangers, risque d’aviver des tensions militaires restées jusqu’à présent contenues. Le manque de considération des puissances mondiales pour ce conflit, gelé depuis longtemps, les a menées à sous-estimer la possibilité d’une escalade et a créé les conditions parfaites pour que ce face-à-face instable dégénère en une guerre de faible intensité. Le Conseil de sécurité doit agir maintenant. Il est difficile de déterminer ce qu’il coûterait d’attendre avant d’agir, mais la situation est explosive et pourrait rapidement se dégrader.

    International Crisis Group, 11 mars 2021

    Tags : Sahara Occidental, Maroc, front Polisario, ONU, MINURSO, Algérie, International Crisis Group,

  • La Chine a une chance de combler le fossé entre l’Algérie et le Maroc

    Auteurs : Michaël Tanchum et Nerea Álvarez-Aríztegui, Université de Navarre*

    La Chine se trouve à la croisée des chemins alors qu’elle étend sa présence économique en Afrique du Nord-Ouest. L’aggravation des tensions entre l’Algérie et le Maroc pourrait menacer les intérêts économiques et géopolitiques chinois dans la région. Mais Pékin pourrait avoir le pouvoir de combler le fossé et de réorienter la Méditerranée occidentale vers son initiative « Belt and Road » (BRI).

    La détente entre l’Algérie et le Maroc s’effiloche. Le Front Polisario, soutenu par l’Algérie, un mouvement sahraoui qui cherche à établir la souveraineté sur le Sahara occidental, a mis fin à un cessez-le-feu de 29 ans avec Rabat en novembre 2020. Le Front Polisario a repris sa lutte armée peu avant que les États-Unis ne reconnaissent officiellement le contrôle marocain sur la région contestée en décembre 2020.

    L’Algérie est maintenant confrontée à des décisions critiques sur la manière de compenser la puissance croissante du Maroc. Alger envisage d’intensifier son soutien au Front Polisario et de renforcer sa propre présence militaire à la frontière marocaine. Cela pourrait menacer les intérêts chinois dans les ressources de l’Afrique du Nord-Ouest et compromettre ses projets de connectivité transcontinentale via la Méditerranée occidentale.

    Les phosphates et les terres rares de l’Afrique du Nord-Ouest sont d’un intérêt vital pour la Chine. Le Maroc possède plus de 70 % des réserves mondiales de roche phosphatée, tandis que l’Algérie possède le quatrième stock mondial. En 2018, la société chinoise CITIC Construction a signé un accord avec la société algérienne Sonatrach pour construire une installation de production intégrée de phosphate d’une valeur de 6 milliards de dollars US, qui porterait la production annuelle de l’Algérie à 10 millions de tonnes. Parallèlement, la société chinoise Hubei Forbon Technology a créé en janvier 2021 une coentreprise avec le géant public marocain du phosphate, OCP, pour développer des engrais de nouvelle génération.

    Pékin a également un œil sur les éléments de terres rares qui seraient situés dans les gisements de phosphore du Sahara occidental. Le groupe de défense Western Sahara Resource Watch a allégué à plusieurs reprises l’implication de la Chine dans des achats illégaux de phosphates du Sahara occidental.

    La Chine cherche à jouer un rôle stratégique dans le développement de la connectivité Europe-Afrique à travers la Méditerranée occidentale. Pékin a des intérêts dans le corridor de transport commercial émergent entre l’Afrique de l’Ouest et l’Europe de l’Ouest, basé sur la ligne ferroviaire à grande vitesse d’Al-Boraq et le port de Tanger Med récemment agrandi, qui est désormais le plus grand port de la Méditerranée.

    L’expansion de Tanger Med a été rendue possible par un investissement du China Merchants Group. Des entreprises chinoises ont ouvert des usines de fabrication au Maroc pour s’intégrer dans les chaînes de valeur Europe-Afrique créées par la ligne ferroviaire d’al-Boraq et le port de Tanger Med. CITIC Dicastal a créé une usine de 400 millions de dollars US pour fournir des équipements à l’usine d’assemblage automobile du groupe français PSA. China Communications Construction Company construit le pôle industriel Mohammed VI Tangier Tech City pour attirer davantage de multinationales et d’entreprises chinoises au Maroc.

    Pékin soutient également la création d’un corridor d’infrastructures à travers l’Algérie, qui reliera l’Afrique subsaharienne à la Méditerranée. En 2016, Alger a signé un accord avec la China State Construction Engineering Corporation et la China Harbor Engineering Company pour la construction du port algérien d’El Hamdania. Avec une capacité de 6,5 millions d’équivalents vingt pieds, El Hamdania pourrait fonctionner comme la plaque tournante d’un corridor Afrique-Europe.

    Avant que les États-Unis ne reconnaissent officiellement le contrôle du Maroc sur le Sahara occidental, de nombreuses nations africaines et arabes avaient déjà ouvert des consulats dans la région contrôlée par le Maroc. À mesure que la solidarité africaine et arabe avec l’opposition de l’Algérie aux revendications de souveraineté du Maroc s’effrite, les tensions entre Alger et Rabat augmentent. En 2020, les Forces armées royales du Maroc ont annoncé la construction d’une caserne militaire à seulement 38 kilomètres de la frontière algérienne. Les médias algériens ont dépeint ce plan comme une provocation escalatoire et ont indiqué que l’Armée nationale populaire (ANP) algérienne construirait deux bases frontalières. L’Algérie a également approuvé l’année dernière un amendement constitutionnel autorisant l’ANP à intervenir en dehors des frontières algériennes.

    La Chine maintient une politique neutre sur le conflit du Sahara occidental, soutenant officiellement les efforts de l’ONU pour un référendum sahraoui longtemps retardé, tout en équilibrant soigneusement ses intérêts économiques au Maroc et en Algérie. Les tensions entre l’Algérie et le Maroc ont atteint un point culminant, mais il est possible de réorienter le conflit vers la coopération. La Chine peut jouer un rôle constructif dans ces négociations.

    Si les exportations de l’Algérie vers la Chine sont minimes, ses importations de 2019 en provenance de ce pays ont totalisé 5,4 milliards de dollars américains. La pandémie de COVID-19 et la chute des prix du pétrole ont fortement impacté l’économie algérienne, les ventes de pétrole et de gaz représentant 60 % du budget de l’État. Peu encline à solliciter le soutien du FMI, Alger se tourne vers la Chine. Le 11 octobre 2020, l’Agence chinoise de coopération internationale au développement a signé un accord avec Alger pour approfondir la participation de l’Algérie à la BRI de la Chine.

    Rabat peut offrir des opportunités pour Alger de participer à la connectivité commerciale en développement du Maroc. Cela cadrerait bien avec les efforts de Pékin pour intégrer la Méditerranée occidentale dans la BRI. Pour sa part, l’Algérie doit se joindre aux pourparlers entre le Maroc et le Front Polisario afin de garantir des arrangements futurs pour les Sahraouis.

    Pékin, dans sa nouvelle et avantageuse position stratégique entre les parties en conflit, pourrait promouvoir des propositions de rapprochement qui profiteraient à toutes les parties. Le moment est venu pour la Chine de faciliter une interaction constructive entre Rabat et Alger. Ses efforts diplomatiques pourraient déterminer si la trajectoire du Maghreb occidental s’orientera vers la coopération ou le conflit.

    Michaël Tanchum est professeur adjoint à l’université de Navarre, en Espagne, et chercheur principal à l’Institut autrichien d’études européennes et de sécurité (AIES).

    *Nerea Álvarez-Aríztegui est étudiante à l’Université de Navarre, en Espagne.

    Source : East Asia Forum, 12 mars 2021

    Tags : Maroc, Algérie, Chine,