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  • Algérie: Devoir de mémoire

    Algérie: Devoir de mémoire. Lutter contre les tentatives de falsification de notre histoire, notamment du côté d’une certaine France cocardière et revancharde.

    En cette veille de célébration du 1er Novembre 1954, du 28 octobre 1962, date commémorative du recouvrement de la souveraineté sur la radiotélévision, il est plus que jamais question d’un devoir de mémoire à cultiver pour fortifier la résistance contre le déni et lutter contre les tentatives de falsification de notre histoire, notamment du côté d’une certaine France cocardière et revancharde. Cette dernière, attachée à ses mythes coloniaux, refuse à la nation algérienne, à l’Etat algérien, jusqu’à leur existence, en particulier dans les milieux de droite et d’extrême-droite. Ils portent à bout de bras l’anachronisme, le mensonge par omission, le réductionnisme, l’occultation de faits précis.
    Les thuriféraires de la colonisation sont omniprésents et ne consentent jamais à regarder la vérité en face, celle d’une Algérie indépendante.

    Encore plus édifiants, les très récents propos du président Emmanuel Macron sur l’Algérie, pour qui la pêche aux voix, le braconnage sur les terres de l’extrême-droite, priment sur tout.

    Sans tomber dans le délire mémoriel, ni dans la guerre des mémoires, il est essentiel de persévérer dans une vaste entreprise de renforcement de la mémoire, de la valoriser et de la transmettre dans un souci d’impartialité.
    Les efforts consentis traduisent la volonté politique du président de la République qui souligne que notre histoire demeurera toujours au premier plan des préoccupations de l’Algérie nouvelle et de sa jeunesse, une histoire que nous ne saurions, en aucun cas, omettre dans nos relations avec l’étranger.

    L’institution par le Président de la Journée nationale de la Mémoire, en reconnaissance des grands sacrifices consentis par le peuple algérien lors des massacres du 8 mai 1945, est une preuve du devoir de fidélité à ceux qui sont morts pour le pays.

    De nombreux signes montrent que les Algériens demeurent attachés à leur histoire et reviennent sur leur passé de manière de plus en plus objective, dépassionnée, en dévoilant ses ombres et ses lumières, en brisant progressivement les tabous et la censure.

    Les faits sont désormais traités avec rigueur par les chercheurs qui, dans la quasi majorité des cas, rompent avec une certaine rhétorique qui ne convainc plus personne, qui éloigne plus qu’elle n’attire.

    Bien sûr, beaucoup de progrès restent à accomplir, comme par exemple, favoriser l’émergence d’une école historique, penser à une génération d’historiens hautement qualifiés à même de prendre en charge un domaine de recherche névralgique.

    Nous sommes sur la bonne voie, il suffit juste de jeter un coup d’œil sur les catalogues des maisons d’édition pour s’apercevoir que les choses bougent. La part consacrée à l’histoire prend de plus en plus d’importance et les sujets traités sont d’une grande audace et d’une probité intellectuelle manifeste.

    Parallèlement au nécessaire développement des méthodes d’enseignement de l’histoire, il y a lieu de mettre à profit les médias et les réseaux sociaux, à travers des contenus pertinents.

    Thème d’un colloque organisé par le ministère de la Défense : La révolution a ébranlé les fondements du colonialisme

    «Dans le cadre des célébrations du 67e anniversaire du déclenchement de la glorieuse Guerre de libération nationale, monsieur le général-major Sabaa Mabrouk, directeur de la communication, de l’information et de l’orientation de l’état-major de l’Armée nationale populaire, a présidé, mercredi, la cérémonie d’ouverture d’un colloque historique intitulé «Révolution de Novembre 1954: les prémices, le parcours et les dimensions», organisé au niveau du centre national d’études et de recherche dans l’histoire militaire algérienne/1er RM, en présence de cadres des structures du ministère de la Défense nationale» indique un communiqué du MDN.

    Lors de son intervention, le général-major a souligné «la nécessité de préserver la mémoire nationale à travers l’organisation de telles conférences à caractère scientifique et qui permettent de contribuer à l’édification d’une culture historique qui met en exergue les valeurs nobles ayant marqué la glorieuse guerre de libération».

    «L’organisation de ce colloque historique intervient la veille des célébrations du 67e anniversaire du déclenchement de la glorieuse Guerre de libération nationale, cette révolution qui a ébranlé les fondements du colonisateur français et brisé son emprise et sa tyrannie, et a mis en échec ses tentatives de garder l’Algérie soumise à sa domination. Cette révolution qui a arraché la victoire grâce à une unité nationale forte et solide, rassemblant la volonté du peuple algérien et la détermination de l’Armée de libération nationale en dessinant une épopée exceptionnelle dans l’histoire de l’humanité.»

    EL MOUDJAHID, 28/10/2021

  • Les immigrés algériens disent la vérité à la France

    Les immigrés algériens disent la vérité à la France. Un bilan est tardivement engagé en France sur son passé colonial.

    Lorsque l’écrivaine Kaoutar Harchi était une petite fille qui grandissait à Strasbourg il y a deux décennies, son professeur lui a offert un livre avec l’inscription « À ma petita Arabe ».

    « Cela m’a profondément choqué et je ne l’ai jamais oublié », a déclaré Harchi, aujourd’hui âgé de 34 ans et romancier et sociologue à succès à Paris.

    « C’était une façon de m’attribuer à mes origines, de dire que je n’étais pas française. »

    Un bilan est tardivement engagé en France sur son passé colonial.

    Il est dirigé par de jeunes écrivaines, cinéastes et chercheuses comme Harchi qui remettent en question le vieux mythe selon lequel les millions de personnes amenées pour travailler après la Seconde Guerre mondiale – principalement d’Algérie et du Maroc – étaient parfaitement intégrées sous le parapluie accueillant de la citoyenneté française.

    « La France des années 50 et 60 était un endroit où, si vous étiez algérien et que vous preniez le métro, vous vous teniez près du mur parce que vous aviez peur que quelqu’un vous pousse », a déclaré Salima Tenfiche, chercheuse à l’Université de Paris.

    Le week-end dernier a marqué le 60e anniversaire du massacre de Paris, lorsque des dizaines, voire des centaines, de manifestants indépendantistes algériens ont été tués par la police, dont beaucoup se sont noyés dans la Seine – un incident effacé de la mémoire nationale pendant des décennies.

    La première génération d’immigrants a répondu en construisant un mur de silence.

    « Toutes ces histoires, ce racisme, ces humiliations – ils ne pouvaient pas en parler avec leurs enfants. Il y avait beaucoup de honte et de souffrance. Beaucoup n’ont jamais trouvé leur place dans la société », a déclaré Tenfiche.

    Langue d’exil

    Aujourd’hui, une multitude de romanciers et d’artistes aident à abattre ce mur.

    Soleil Amer de Lilia Hassaine, L’Art de perdre d’ Alice Zeniter , La Discrétion de Faiza Guene, sont tous inspirés de l’arrivée de leurs familles algériennes dans les années 1960 par des écrivains trentenaires.

    Ou il y a le best-seller de Leila Slimani Le pays des autres , qui raconte comment son grand-père marocain a rencontré sa grand-mère française.

    « Pour la première génération, ils devaient rester discrets pour survivre. Pour la seconde, qui avait été témoin des sacrifices de leurs parents, la question de la mémoire était secondaire. C’est la troisième génération, suffisamment éloignée de cette histoire douloureuse, qui est capable d’aborder ces questions », a déclaré Tenfiche.

    Lina Soualem, 31 ans, vient de sortir un documentaire, Leur Algérie, qui se penche sur l’expérience de ses grands-parents venus en France dans les années 50.

    « Nous n’avons jamais parlé de ces choses parce que la norme était le silence. Un silence qui s’est transmis de génération en génération comme si le langage de l’exil était finalement le silence », a-t-elle déclaré.

    Son grand-père, largement muet tout au long du film, s’ouvre enfin lorsque Soualem retourne en Algérie et trouve les tombes de sa famille – quelque chose qu’aucun de ses proches n’avait fait depuis son arrivée en France.

    Il avait travaillé dans une fabrique de couteaux à Clermont-Ferrand.

    La ville est mondialement connue pour ses couteaux, mais elle n’a pu trouver aucune photo de lui dans le musée de la ville car aucune n’a jamais été prise des ouvriers algériens.

    « Il ne s’agit pas de pardon ou de réconciliation. C’est une question de mémoire – le fait que nous puissions enfin parler de ces personnes qui ont toujours été oubliées dans le récit national français », a déclaré Soualem.

    Il en est de même pour Hassaine, dont Soleil Amer a été nominé pour le premier prix littéraire Goncourt de France.

    « Le sujet n’est pas tant l’Algérie, c’est le départ, le déracinement », dit Hassaine, 30 ans.

    « Je voulais parler de la France et de la façon dont la première génération d’immigrés était traitée – le racisme. Mais je ne voulais pas le faire avec colère. Je voulais juste raconter l’histoire telle qu’elle était, parce que c’était aussi une belle histoire.

    The Phnom Penh Post, 26/10/2021

  • Diplomatie algérienne : Lamamra à cartes sur table !

    Algérie, Maroc, France, Mémoire, Sahara Occidental, Mali, Sahel, #Algérie, #Maroc, #Macron,

    Dans un entretien télévisé accordé à la chaîne russe en langue arabe «RT Arabic», le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ramtane Lamamra, est revenu, samedi, sur près d’un mois d’une actualité diplomatique particulièrement chargée pour l’Algérie.
    Par Nadir Kadi
    Le ministre a en ce sens abordé le «fond» de la crise diplomatique et politique entre Alger et Paris, le dossier de la rupture des relations avec le royaume du Maroc ou encore les questions malienne et libyenne. Le sentiment général qui transparaît des déclarations de Ramtane Lamamra est un message laissant apparaître le souhait d’un certain apaisement, ou du moins d’un refus de toute nouvelle escalade. Le ministre se montre par ailleurs intransigeant sur le respect «total» de la souveraineté du pays.
    En effet, questionné durant près de 40 minutes, le ministre explique à propos de la relation entre Alger et Paris, capitale d’un pays «anciennement colonisateur», rappelle R. Lamamra à plusieurs reprises, que la «crise» actuelle a «suscité beaucoup de commentaires, une couverture médiatique qui a parfois dépassé les pratiques habituelles et certains sont allés de leurs commentaires sur ce qu’ils appellent les ‘causes’ de la crise». Un moyen, comprend-on, de dénoncer les exagérations, d’autant qu’elles ne viendraient pas du côté algérien, et que l’Algérie maintiendra le dialogue : «Pour revenir à la question, la plupart des déclarations sont venues du côté français, l’Algérie ne pratique pas la diplomatie des haut-parleurs. La diplomatie algérienne travaille en silence à travers des canaux diplomatiques ouverts et inscrit ses positions en toute transparence et clarté quand il s’agit des intérêts nationaux et de sa souveraineté».
    Quant aux raisons premières de cette crise, qui dure depuis un mois, liées à la fois au dossier des clandestins algériens en France, mais surtout à la question sensible de la mémoire, M. Lamamra précise que «les choses ont commencé quand des paroles ont été dites au plus haut niveau en France». Références aux déclarations du président français Emmanuel Macron, qualifiées «d’incompréhensibles, d’inacceptables» et qui n’ont eu aucun «contexte ou cadre rationnel». Ainsi les paroles «qui ont été dites sur l’histoire de l’Algérie, sur son système de gouvernance» ont touché à la souveraineté de l’Algérie : «Nous n’acceptons aucune intervention dans nos affaires intérieures, quelle que soit son origine et, en particulier, venant des autorités d’un pays anciennement colonisateur.» Et dans cette logique, sans donner son sentiment sur la tournure que pourrait prendre cette crise, le chef de la diplomatie ajoute plus loin : «L’Algérie a mis les choses au clair, a pris des mesures concrètes (…) Nous avons rappelé notre ambassadeur pour consultation et il est toujours en Algérie. Nous avons également pris la décision souveraine de stopper l’autorisation de survol pour les avions militaires français (…) Un moyen de manifester notre refus et notre colère suite à des agressions verbales à l’encontre de la souveraineté algérienne.»
    «Nous ne souhaitons aucune présence militaire étrangère»
    Le ministre a, également, répondu aux questions concernant le dossier malien, et plus précisément sur le possible recours de Bamako à une entreprise privée de «sécurité», liée à la Russie, ou, en tout cas, essentiellement composée d’anciens militaires russes. M. Lamamra, qui a parlé plus précisément de «coopération militaire» entre le Mali et la Russie, a fait savoir : «Nous n’avons pas d’information précise, ni du côté russe ni du côté malien, sur cette question de la coloration militaire entre ces deux pays.» Toutefois, Lamamra a rappelé en substance l’hostilité de principe de l’Algérie quant au recours aux «mercenaires» et forces étrangères : «La base de notre politique axée sur les principes du non-alignement fait que nous ne souhaitons aucune présence militaire étrangère dans aucun pays africain indépendant.» Mais la question est toutefois complexe, souligne M. Lamamra, ajoutant plus loin à propos des préoccupations des autorités maliennes : «En même temps, nous reconnaissons le droit souverain de chaque pays à prendre les mesures qu’il estime nécessaires et à sa portée pour défendre sa souveraineté et garantir sa sécurité.»
    Quant au rôle de l’Algérie au Mali, le ministre des Affaires étrangères répond en prenant à témoin l’histoire des relations entre les deux pays dès avant l’Indépendance algérienne. Un passé qui «nous conduit à dire que ce qui touche à la sécurité, la stabilité et les intérêts du Mali touche également la sécurité, la stabilité et les intérêts de l’Algérie». Ainsi l’Algérie reste un soutien et un «médiateur» entre les forces en présence au Mali, explique-t-il en substance : «Il était naturel, quand les relations se sont dégradées entre le Mali et la France, que notre devoir nous pousse à écouter les revendications du Mali à l’encontre de la France (…) Il y a aussi des déclarations françaises à l’égard du Mali que nous considérons, en Algérie, comme une ingérence dans les affaires intérieures du Mali (…) Nous n’apprécions pas ces paroles et ces pratiques, nous avons réaffirmé notre solidarité avec le peuple et l’Etat maliens.»
    Abordant par ailleurs la question libyenne, M. Lamamra se veut positif pour l’avenir du pays. Ainsi au lendemain de la Conférence internationale pour la stabilité de la Libye, qui s’est clôturée sur un appel au respect du calendrier de l’élection du 24 décembre prochain, le diplomate déclare : «Il y a des nouvelles encourageantes (…) Pour la première fois depuis 11 ans, 15 ministres de pays amis de la Libye se sont réunis à Tripoli (…) Cela prouve que le niveau de stabilité et de non-violence en Libye est arrivé à un degré qui permet la tenue d’une réunion qui souligne la solidarité avec la Libye.» Et plus que cela, M. Lamamra estime que «les fils et filles de Libye ont pris l’initiative de la situation dans leur pays (…) Il n’y a pas si longtemps, les réunions sur la Libye étaient organisées ailleurs qu’en Libye. Ainsi la possibilité d’organiser des élections est «forte», et ne relèverait, selon le diplomate, «que de questions organisationnelles, plus que sécuritaires». Quant à la délicate question de l’avenir des «forces étrangères» présentes sur le sol libyen, le ministre estime : «Selon moi, il y a ici deux questions. La première est la souveraineté de la Libye en prenant des mesures à l’encontre des milices internes (…) La seconde concerne la communauté étrangère et l’application de l’accord de Berlin en retirant les forces armées étrangères, qu’elles soient régulières, mercenaires ou peut-être terroristes…»
    «Rabat est allé très loin dans ses attaques contre l’Algérie»
    Revenant également sur les relations entre l’Algérie et le royaume du Maroc, une crise, qui a atteint son plus haut niveau, fin août dernier, avec la rupture officielle des relations diplomatiques, le ministre des Affaires étrangères explique : «… Rabat est allé loin, très loin dans ses attaques contre l’Algérie, dans son complot contre l’Algérie. Que ce soit au travers d’individus ou de groupes qualifiés avec justesse en Algérie de terroristes.» En ce sens, la réaction algérienne est intervenue pour R. Lamamra dans un contexte d’accumulation et d’approfondissement des différends, avec pour responsable Rabat : «Le Maroc a usé de moyens issus des guerres dites de quatrième génération dans le but de frapper la stabilité de l’Algérie de l’intérieur (…) Par ailleurs, le Maroc est arrivé à faire appel à l’Etat d’Israël, alors que, comme vous l’avez remarqué, nous ne parlons pas des pays qui usent de leur souveraineté, mais quand il a été commis des actes dirigés contre la stabilité de l’Algérie, nous avons alerté l’attention de tous sur les actes dangereux et inacceptables que prépare Rabat».
    Reporters, 25/10/2021
  • Macron a perdu les Français et n’a pas conquis les Algériens

    Macron a perdu les Français et n’a pas conquis les Algériens. La crise provoquée par Macron a uni les visions des milieux politiques et médiatiques en Algérie contre la France.

    L’un des avantages de la crise provoquée par le président français Emmanuel Macron, au niveau des relations algéro-françaises, est qu’elle a unifié les visions des milieux politiques et médiatiques en Algérie dans le traitement de l’ancienne puissance coloniale, contrairement à ce qui se passe sur la rive nord de la Méditerranée, qui connaît une grave rupture dans le traitement de ce dossier brûlant.

    Alors que les Algériens se sont rangés derrière une position unifiée, car ce qui a été émis par le président français est une déviation inacceptable qui appelle à revoir la nature des relations bilatérales et à les reconstruire sur la base de l’égalité. Ses positions ne sont pas calculées.

    L’expression la plus éloquente de la scène française est ce qu’écrit le journal d’investigation MediaPart, qui s’en prend à Macron : « Après avoir été trompé par son aveuglement sur la réalité du régime, et sa déception de voir des obstacles inattendus se dresser contre sa volonté de tourner la page de la mémoire, égaré par les conseils d’une cellule diplomatique éparpillée partout, le président a déclenché avec « l’Algérie une crise diplomatique sans précédent ».

    La radio « France Inter » a qualifié de « terrible » ce qui se passe entre les partis politiques notamment à propos des rapports de la France avec l’Algérie. » « La gauche anticoloniale refuse la fausseté de la vérité historique sur la répression, et la droite refuse ce qu’elle appelle une politique de repentance qui nous affaiblirait », écrit-elle sur son site internet, tout en commentant la position de Macron sur le passé colonial de son pays.

    C’est l’approche dessinée par « France Inter » à propos de la démarche du président français concernant les événements sanglants du 17 octobre 1961 à Paris. Quant au quotidien « Le Figaro », connu pour ses tendances de droite, il estime que la meilleure solution pour surmonter la tension au niveau de l’axe Alger-Paris est d’établir « des relations équilibrées basées sur la réciprocité ».

    Les ennuis de Macron ne se sont pas arrêtés aux critiques des différents médias français, mais ont également fait l’objet d’une violente attaque de la part des politiciens français, notamment les personnalités qui ont décidé de se présenter aux élections présidentielles qui devraient être organisées en avril prochain.
    La chef de file de l’extrême droite, Marine Le Pen, candidate vétéran à la présidence française, n’est pas passée à côté des récentes déclarations de Macron, qui ont été reprises dans le communiqué publié par l’Élysée, tout comme les candidats potentiels du « Parti républicain », la droite, Michel Barnier et Valérie Pecresse, qui ont exprimé leur rejet de ce qu’ils appellent « une excuse constante » du président français pour l’Algérie sur le sombre passé colonial de son pays.

    Ils estiment qu’Emmanuel Macron « est allé trop loin », en parlant de crimes « injustifiés pour la République française », en référence aux horribles exactions commises par la police française sous l’autorité du préfet criminel Maurice Papon, et ils pensent qu’il faut mettre fin à ce que Marine Le Pen appelle « la repentance répétée », qu’elle considère comme « des insultes répétées de l’Algérie à son pays ».

    Les critiques de la politique et des positions de Macron insistent pour souligner que les victimes étaient des deux côtés, et cette introduction n’était rien d’autre qu’une tentative des candidats de droite d’établir la conviction que si des excuses sont nécessaires, elles doivent venir des deux côtés, ce qui est rejeté par la gauche française, ou ce que certains appellent la « gauche éduquée », qui reconnaît l’entière responsabilité de l’État français dans les crimes hideux qui ont eu lieu dans l’ancienne colonie.

    Mohamed Mouslim

    Echourouk online, 20/10/2021

  • Les cors d’une guerre civile… en France

    L’Algérie mène une vraie guerre contre trois ennemis: les mouches marocaines sur la toile, les néocolonialistes dans la prese française et les sionistes. 

    On y est. C’est la guerre. L’Algérie mène une vraie guerre contre trois pays qui s’y mettent sans aucune retenue. Les doubab marocains sur la toile. Les néocolonialistes français de l’AFP et dans les plateaux de télévisions françaises, publiques et privées. Et, enfin, les sionistes, quoi qu’aucun Algérien ne reconnaît que les sionistes ont un pays tant que nos frères palestiniens restent colonisés. Le Président français sortant ose parler de la rente mémorielle, reniant toute vérité historique. L’on peut comprendre et le trauma du petit français en pleine crise d’adolescence politique et l’inculte qui prononce sans proportion aucune ce que lui chuchote sous cape la communauté des conseillers en mal de conseils.

    Pour rappel : n’est-il pas vrai que la France est le seul pays au monde à devoir sa liberté aux mitrailleurs musulmans. 10% de la population algérienne a été enrôlée, poussée au combat à côté de leur oppresseur, lors de la Première Guerre mondiale. Faux ?

    400 000 basanés ont été forcés de participer à la Seconde Guerre mondiale. Et comment la France, le pays des droits de la reconnaissance, a-t-elle fêté sa victoire offerte par nos aïeux ? Avec les bombes et le napalm. C’est faux ? C’est un fait historique.

    Trois ambassadeurs français en Algérie l’ont plus ou moins reconnu. Sarkozy n’a-t-il pas déclaré que le colonialisme était une négation en 2008 ?

    Soixante ans après l’indépendance, la France peine à avouer son crime contre la nation algérienne même si quelques verrous ont bien sauté.

    Pour rappel encore : Florence Beaugé, journaliste dans les «prestigieux» feuilles de choux Le Monde a bien dénoncé dans ses articles et dans son livre «Algérie, de la guerre à la mémoire» paru aux éditions du Cygne toutes les atrocités de la France coloniale.

    Un témoignage sur les exactions de l’armée française : l’histoire de Louisette Ighilahriz, parue à la Une du journal Le Monde le 20 juin 2000, les regrets de Massu, les dénégations de Bigeard, les aveux d’Aussaresses, une enquête sur les viols, une autre sur Jean-Marie Le Pen, tortionnaire à Alger en 1957 ou encore l’enquête concernant le général Maurice Schmitt, (l’ancien chef d’état-major des armées françaises et tortionnaire en chef à l’Ecole Sarouy), la confession du sergent Cloarec, etc..

    Sommes-nous pour autant des êtres grossiers en réclamant ces vérités ? Non!

    Les responsables de l’Etat français craignent plutôt de déplaire à un électorat nostalgique d’une Algérie française ! Tantôt ce sont les harkis que les Français remettent dans les circuits pour narguer les Algériens, tantôt un révisionnisme absurde.

    Qu’est-ce qui empêcherait la France de dire clairement : «Oui, il s’est passé ceci et cela, à telle ou telle époque»… Que la France reconnaisse qu’il y a eu utilisation massive de la torture pendant la guerre d’Algérie, et même avant (puisqu’on torturait de façon routinière dans les commissariats, avant 1954.) Il ne s’agissait pas de «bavures», comme des généraux français ont tenté de le faire croire, mais d’un système. Les «paponnades» du 17 Octobre 1961 sont le sens de ce système français assassin.

    Cela, il faudrait que l’Etat français l’admette un jour ou l’autre au-delà de phrases théâtrales mêlant l’hypocrisie au mélodrame. C’est cette façon de faire qui est inexcusable.

    Les intellectuels français, hypocrites, les intellectuels de service, tentent de renvoyer dos à dos les crimes de l’armée française et ceux du FLN. BHL, pour ne citer que lui, en détruisant la Libye par amour d’Israël d’après ce qu’il disait, distribue les bons et les mauvais points.

    BHL a-t-il oublié que la France était censée être un Etat de droit, la patrie des droits de l’homme, avec un arsenal de guerre pour mater le soulèvement des Algériens. Face à elle, il n’y avait que des maquisards et une population sans défense.

    Ces intellectuels devenus partisans de l’extrême droite raciste se réservent bien de dénoncer les restes de la guerre d’Algérie en France. Le vécu des enfants d’immigrés musulmans ghettoïsés dans les banlieues. Le racisme qu’ils subissent au quotidien. La discrimination à l’emploi, au logement…

    De dénoncer cette «arabophobie» ou «islamophobie», en France, les discriminations touchant les descendants des migrations post-coloniales sont de plus en plus nombreuses et visibles. Les descendants des basanés qui ont libéré la France, ceux qui l’ont construite. Ceux qui lui ont offert un siège au CS de l’ONU.

    Ces intellectuels dénoncent-ils le cliché de «l’islamiste de banlieues» qui tend à s’imposer dans le débat public français et vient pénaliser l’ensemble des citoyens de culture musulmane ? C’est un discours plus subtile qu’on ne le croit : il ne prétend pas que tous les musulmans soient dangereux mais seulement une «minorité», avec toutefois l’idée que cette minorité peut «contaminer» tous les autres, comme une sorte de maladie contagieuse (la maladie de l’islam). Et c’est le fer de lance du guignol Zemmour qui risque de devenir le patron de la France pour mener ce pays à une vraie guerre civile. Ça craint fort que Les Lumières de la France s’assombrissent et la guerre civile qu’elle souhaite pour l’Algérie risque de la surprendre dans pas longtemps si elle continue de jouer avec le feu.

    S. M.

  • 17 Octobre 1961 : Macron ne reconnaît pas le crime d’État !

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    On l’a constaté, le huitième Président de la Vème République française a fait un peu mieux que son prédécesseur socialiste dans la qualification et la reconnaissance des faits inhérents au massacre à grande échelle, sur Seine, à Paris, le 17 octobre 1961. Mais il n’a pas, fait indéniable, reconnu le crime d’État en le cas d’espèce. Le communiqué de l’Élysée, après la cérémonie officielle pour les 60 ans du massacre d’Algériens pacifiques, est un parfait exercice d’équilibrisme sémantique, mémoriel et, par extension, politique. La gauche en France et les critiques en Algérie y ont trouvé assez de matière pour fustiger un chef de l’État réservé, voire timoré, qui ne va pas assez loin, c’est-à-dire au juste niveau, celui de crime d’État. Tandis que la droite française, elle, trouve dans les termes du communiqué un accès de « repentance », ce qui n’est, du reste, pas le cas.

    Une analyse de contenu du communiqué en question, à travers le sens évocateur des mots-clés utilisés avec une précision horlogère, éclaire assez bien les réactions contradictoires, ici et là. Les divergences de points de vue, dans le contexte français et le contexte algérien, partent des différences des mémoires et de leur poids et, in fine, des contextes politiques, notamment en France où la conjoncture est marquée par la prochaine élection présidentielle en point de mire.

    De quoi parle donc le communiqué de l’Élysée et pourquoi il pose finalement des questions ?

    D’abord, le texte établit un constat des faits. Il note que douze mille Algériens ont été arrêtés et transférés vers différents points de regroupement. Il constate ensuite que la répression fut « brutale, « violente », « sanglante ». Qu’il y a eu de nombreux blessés et que plusieurs dizaines de personnes furent jetées dans la Seine, ainsi que de nombreux disparus. Suit le constat un hommage du Président Emmanuel Macron « à la mémoire de toutes les victimes ».

    Après le constat, la minute de silence symbolique et l’hommage, surviennent la qualification des faits, la définition des responsabilités et leur imputation. De ce point de vue, le chef de l’État français s’appuie, pensant se montrer le plus objectif possible, le plus distancié possible, sur les historiens qui « ont établi de longue date ces faits et les ont inscrits dans un engrenage de violence durant plusieurs semaines ».

    Dans l’enchaînement, intervient après le fait que la démarche du président soit la seconde du genre dans le domaine de la qualification et de la reconnaissance des faits. Avant lui, François Hollande avait admis en 2012 une « sanglante répression».

    En reconnaissant des faits tangibles, le Président Emmanuel Macron se place d’abord à un degré supérieur par rapport à son prédécesseur. Il reprend ensuite à son compte l’inscription par les historiens des faits incriminés « dans un engrenage de violence durant plusieurs semaines ». On en comprend qu’ils seraient le résultat d’un simple « engrenage de la violence ». Qu’ils ne seraient donc pas la conséquence d’ordres donnés par l’autorité préfectorale, appuyée elle-même par l’autorité politique supérieure, ou en tout cas, au vu et au su de cette dernière qui aurait couvert de fait les actes barbares. D’ailleurs, le communiqué souligne que les crimes ont été « commis sous l’autorité de Maurice Papon » (préfet de police de Paris, Ndlr). Sous-entendu, ils seraient le fait d’un haut fonctionnaire qui aurait alors agi seul et à sa seule initiative, sans couverture politique et à l’insu de sa hiérarchie gouvernementale et de la présidence de la République.

    Il est donc clair et entendu que le Président Emmanuel Macron a pris soigneusement le soin de ne pas imputer le massacre du 17 Octobre 1961 à l’État français pour ne pas avoir à le qualifier de crime d’État. Le cas échéant, une telle qualification n’aurait pas manqué d’avoir des conséquences politiques, avec des répercussions électorales. C’est-à-dire, du point de vue des pertes et des gains électoraux escomptés, et en termes de points dans les baromètres d’opinion en France où les mémoires de la colonisation sont traduites, politiquement et électoralement, par des lobbys et en intentions de vote.

    On voit bien que la reconnaissance d’un crime d’Etat apparaît comme un plafond de verre, un horizon indépassable pour le moment. Autre signe en est, cette autre phrase du communiqué qui souligne que « la France regarde toute son histoire avec lucidité et reconnaît les responsabilités dûment établies », sans pour autant dire qu’elles sont celles de l’État. Sauf à avoir choisi la formule de « crimes commis sous l’autorité de Maurice Papon ». Et à affirmer que ces mêmes crimes sont « inexcusables » pour la République ». Dans les dictionnaires linguistiques, l’adjectif « inexcusable » signifie impardonnable, injustifiable. Dans le sens du droit français, la « faute inexcusable » se définit comme une faute d’une gravité exceptionnelle dérivant d’un acte ou d’une omission volontaire, de la conscience du danger que devait en avoir son auteur, de l’absence de toute cause justificative, et se distinguant par le défaut d’un élément intentionnel. (Chambre sociale 28 février 2002, pourvoi : n°99-17221, Legifrance).

    On note donc, que si les crimes commis « sous l’autorité de Maurice Papon » sont « inexcusables pour la République », il n’existerait donc pas un « élément intentionnel » qui aurait amené le Président Emmanuel Macron à les imputer à l’État, mais plutôt à un individu agissant seul et de son fait. Par « définition », un acte isolé malgré son amplitude.
    Pour ne citer qu’elles, à titre d’exemple, les réactions politiques en France ne s’y sont pas trompées. L’historien Benjamin Stora, auteur du fameux rapport sur les mémoires de la colonisation et de la guerre d’Algérie, est un des rares à trouver que «pour la première fois, un chef d’État en exercice reconnaît la responsabilité de l’État dans un massacre considéré comme un crime ». Mais, en réalité, les mots rigoureusement pesés du locataire de l’Élysée sont loin d’avoir fait l’unanimité, à droite comme à gauche.

    À gauche, les responsables politiques et autres députés regrettent qu’Emmanuel Macron ne soit pas allé plus loin, en reconnaissant « un crime d’État ». Chez les écologistes d’EELV qui réclament la reconnaissance du « crime d’État », Julien Bayou, le secrétaire national du parti, relève que Papon, le responsable direct des massacres, « est resté en place » jusqu’en 1967. Cette reconnaissance est également demandée par la France insoumise. Le député LFI Alexis Corbière appelle le Président Emmanuel Macron à « reconnaître le massacre des Algériens pour ce qu’il a été: un crime d’État ».

    Le président de SOS Racisme, Dominique Sopo, a souligné, pour sa part, « des avancées bienvenues » tout en regrettant « la frilosité d’Emmanuel Macron » et sa « politique des petits pas » prudents. « Le chef de l’État va plus loin que Hollande dans la précision des faits ». Et par ailleurs le « crime est réduit à la responsabilité de Maurice Papon » qui « n’était pas un État dans l’État », car « il y avait bien un chef du gouvernement et un chef de l’État qui décidaient qui était préfet de police ».

    Mais si d’aucuns estiment que le Président français ne fait pas juste ce qu’il faut, et a raté ainsi l’occasion de reconnaître le « crime d’Etat », d’autres, à droite et à l’extrême-droite, estiment qu’il en fait trop. D’aucuns dénoncent des « repentances à répétition » qui « deviennent insoutenables et attentent à l’image de la France », selon Marine Le Pen. Enfin, Éric Ciotti, l’un des candidats des Républicains à la présidentielle de 2022, stigmatise « la propagande victimaire anti-française du Président Macron ». Pour sa part, Valérie Pécresse, présidente de la région Ile-de-France, tout en concédant «une tragédie», met cependant sur un pied d’égalité le vaste massacre d’Algériens et les 22 policiers français qui ont perdu la vie dans des attentats FLN, cette même année 1961».

    Au final, on pourrait comprendre un peu l’exercice de funambule sur le fil du rasoir auquel s’est adonné le Président Emmanuel Macron au sujet du grand massacre de la Seine.

    Noureddine Khelassi

    Le Soir d’Algérie, 19/10/2021

  • Macron : «Ce n’est pas moi, c’est Papon …»

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    La France n’a pas honte de ses crimes, elle «regarde toute son histoire avec lucidité et reconnaît les responsabilités clairement établies», a affirmé, hier, Emmanuel Macron, premier président français à se rendre sur un lieu de mémoire du massacre du 17 Octobre 1961. Un déplacement qu’il a, faut-il le préciser, effectué 24 heures avant la date de commémoration.

    Pour les 60 ans de ce massacre, le président Macron avait affiché le souhait d’aller plus loin que la «sanglante répression» admise par François Hollande, en 2012, mais ses «petits» pas n’arrivent pas à rattraper la grande reculade qu’il a enregistré avec les propos belliqueux qu’il a proférés, dernièrement, contre l’Algérie, son histoire et ses dirigeants. Comme ses prédécesseurs, le président français refuse de présenter des excuses pour les génocides et les abominables crimes commis par la France coloniale et c’est sans prise de parole qu’il a déposé une gerbe sur les berges de la Seine, à la hauteur du pont de Bezons, d’où ont été jetés, il y a six décennies, des dizaines de manifestants algériens. Lors de la cérémonie, il a respecté une minute de silence avant de s’entretenir, ensuite, avec des proches de victimes, invités pour la circonstance. Un communiqué de l’Élysée, diffusé juste après le recueillement, a indiqué que le président français «a reconnu les faits: les crimes commis, cette nuit-là, sous l’autorité de Maurice Papon (le préfet de police de Paris, NDLR) sont inexcusables pour la République».

    Macron, dans sa logique de «reconnaissance et non repentance», a, certes, parlé de «crimes inexcusables», mais non sans disculper l’État français en soutenant que c’est uniquement «sous l’autorité de Maurice Papon» que les crimes ont été commis. C’est comme si Papon avait agi seul, alors que c’est bien la responsabilité de l’État français de cette époque qu’Emmanuel Macron devrait reconnaître. Et si Hollande avait rendu «hommage à la mémoire des victimes», Macron, lui, a préféré parler de victimes de «tous côtés».

    Il a ainsi expliqué que si la France doit regarder son histoire avec lucidité, «Elle le doit d’abord et avant tout, à elle-même, à toutes celles et ceux que la guerre d’Algérie et son cortège de crimes commis de tous côtés ont meurtris dans leur chair et dans leur âme. Elle le doit en particulier à sa jeunesse, pour qu’elle ne soit pas enfermée dans les conflits de mémoire, et construise, dans le respect et la reconnaissance de chacun, son avenir.» Macron veut, ainsi, mettre bourreau et victime sur un même pied d’égalité. Peut-il le faire en regardant droit dans les yeux les proches de Fatima Dedar, l’enfant de 15 ans qui a été noyée dans la Seine?

    Ni le jeune âge de Fatima, ni son cartable de collégienne, encore moins ses tresses enfantines, n’ont réussi à arrêter son bourreau. Qu’a fait la France coloniale à cette époque? Son administration s’était empressée à affirmer qu’il n’y avait eu que deux décès et aucun disparu.

    Le 31 octobre, lorsque le corps de la jeune Fatima, coincé dans une turbine de l’écluse de la Seine, a été retiré dans un état de dégradation avancé, la police, poursuivant sa logique de déni, a conclu à un suicide. C’est dire qu’il y a eu mensonges d’État! Mais la France n’a pas à avoir honte ni à s’excuser puisque -comme le soutien son président- elle reconnaît les faits. Pourquoi avoir alors créé des tribunaux pour juger les criminels de guerre, les tortionnaires et ceux qui ont commis des génocides puisque l’État colonial, qui a commis des enfumades, anéanti des villages entiers ou qui compte par dizaines de milliers de victimes des essais nucléaires n’est pas prêt à regretter ses gestes ni à s’en repentir affirmant qu’une reconnaissance des faits suffit largement à «réconcilier et apaiser les mémoires»?

    Hasna YACOUB

    L’Expression, 17/10/2021

  • Algérie-France : Indigérable passé, présent brouillé

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    La photo souvenir du 60e anniversaire du massacre du 17 octobre 1961 à Paris est la suivante : en Algérie, une commémoration marquée par le message du chef de l’Etat, samedi 16 octobre, par lequel il rend hommage aux victimes et promet aux Algériens de l’étranger une meilleure écoute et une meilleure prise en charge de leurs besoins au pays comme à l’extérieur.

    Par Lyes Sakhi
    Une annonce que la journée du 17 octobre sera chaque année un moment de souvenir national à la célébration duquel sera observée une minute silence et de recueillement à la mémoire des morts noyés dans la Seine ou assassinés par balles. Le déplacement, enfin, de M. Tebboune, hier, 17 octobre, au sanctuaire du Martyr à Alger, pour s’incliner devant les victimes du massacre et déposer une gerbe de fleurs au pied de la stèle commémorative. Sur la même photo, à l’échelle du gouvernement, la déclaration du Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane, que les manifestations du 17 octobre 1961 à Paris marquent «une date sombre dans l’histoire de l’occupation, une date que nul ne peut effacer».

    En France, on retient de cette photo une commémoration marquée par le geste du président Emmanuel Macron de se rendre pour un dépôt de gerbes et une minute de silence sur les berges de la Seine à hauteur du pont de Bezons, le 16 octobre 2021, d’où a commencé la répression par la police parisienne des manifestants algériens pacifiques. A cette initiative, s’est ajouté durant la même journée un communiqué de l’Elysée dénonçant des «crimes inexcusables pour la République». En France, toujours, le 17 octobre, on voit sur cette photo, le préfet de police de Paris, Didier Lallement, déposer une gerbe de fleurs près de la Seine au niveau du Pont Saint-Michel. On gardera de son geste le fait qu’il est le premier préfet de police de Paris à rendre hommage aux victimes algériennes.

    Pendant sa présence sur les lieux, la sonnerie aux morts a résonné. Puis une minute de silence a été respectée «à la mémoire des morts du 17 octobre 1961», selon les paroles prononcées par une représentante de la préfecture de police au micro. En France, toujours, le défilé de «quelques centaines de manifestants», selon l’AFP, pour scander «17 octobre 1961, crime d’État» et brandir la banderole «pour la reconnaissance d’un crime d’État» à l’appel de «dizaines d’organisations et d’associations (LDH, SOS Racisme, Mrap, Attac, Gisti, etc.), de syndicats et de partis de gauche (EELV, LFI, PCF…)», ajoute l’agence de presse.

    Entre les deux, plusieurs historiens qui considèrent en Algérie comme en France que le geste du président français est «un petit pas de plus», mais que «ce n’est pas satisfaisant», ainsi que le résume l’historien spécialiste de la colonisation Gilles Manceron. «C’est une reconnaissance d’un crime de préfecture. Nous demandons une reconnaissance de crime d’État et l’accès réel aux archives», a-t-il déclaré. Entre les deux, la lecture est que, pour les Etats algériens et français, c’est du «chacun de son côté» pour reprendre la formule d’un observateur du bilatéral algéro-français sur les sensibles questions de l’histoire et de la Mémoire. En France, l’Etat avance sur ce dossier suivant une logique politique claire qui tient compte des courants et des sensibilités encore fortes dans l’Hexagone par rapport à une certaine idée de la France et par rapport à tout ce qui relève de l’héritage colonial, en particulier en Algérie, et de la perspective de la présidentielle de 2022 pour laquelle le président Macron se positionne chaque jour.

    En Algérie, l’Etat, défenseur de l’histoire et de la mémoire nationale qu’il considère attaquée par des nostalgiques de la colonisation et des «lobbies incapables de s’affranchir dans leur extrémisme chronique», est dans une approche «loin de la prédominance de la pensée colonialiste», selon la dernière déclaration du président Tebboune, samedi 16 octobre. Le président de la République a ajouté qu’il est désormais question de «traiter les dossiers de l’histoire et de la mémoire sans complaisances, ni compromissions et avec le sens aigu des responsabilités»… Une déclaration qui confirme le «chacun pour soi» et l’inexistence aujourd’hui de signaux de rapprochement entre l’Algérie et la France officielles sur ce qui est appelée la «guerre» ou le «contentieux» mémoriels depuis l’adoption en France de la loi abrogée du 23 février 2005 portant «reconnaissance de la Nation et contribution nationale en faveur des Français rapatriés».

    Cette perspective est rendue plus éloignée par le calendrier politique et électoral en France, qui ne devrait pas dicter au président candidat Macron de faire avant le printemps 2022 de nouveaux pas vers la «vérité» et la «reconnaissance», selon les termes des historiens algériens et français qui réclament la qualification de «crime d’Etat» pour les massacres d’octobre 1961. Elle ne semble pas envisageable au vu de l’orientation d’intransigeance actuellement audible dans le discours de l’Etat algérien, qui a ses difficultés spécifiques au contexte national actuel, sur la lecture à donner sur la séquence coloniale.

    Pour revenir à la photo, l’image qu’elle renvoie, si on peut dire, est celle d’un indigérable passé et d’un (presque) ingérable présent dont la gestion ne peut qu’évoluer comme toute chose par nature. Mais quand, donc, aura lieu ce rapprochement ? La seule réponse intelligente à cette interrogation est que le débat mémoriel n’a jamais été aussi prépondérant en France comme en Algérie. La logique est qu’il débouche sur des ouvertures certaines contre les tabous politiques qui ont perduré depuis soixante ans.

  • Macron s’est excusé aux Harkis, mais pas aux algériens

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    L’historien Ouddène Boughouflala : « Il faut en finir avec le néocolonialisme masqué»

    Entre Alger et Paris, le  poids de l’histoire demeure toujours présent, alors que pour une certaine classe politique française de gauche ou de droite, la nostalgie de l’Algérie française continue d’animer les ambitions politiques à l’approche des élections. L’historien Ouddène Boughoufala ne cache pas son exacerbation face aux surenchères politiciennes de la France. «Paris a toujours cette nostalgie d’un passé colonial qui l’empêche de saisir le fait que l’Algérie de 2021 n’est ni celle de 1830 ni celle de 1962», assène-t-il.Le chercheur au Laboratoire des études historiques et archéologiques d’Afrique du Nord est des plus explicites  : «Si la France veut établir des relations politiques solides avec l’Algérie, elle doit de prime abord revoir sa présence en Algérie comme pays colonisateur, qui a commis les crimes les plus odieux et barbares.» Ensuite, «comprendre le fait que la diplomatie passe également par l’histoire», poursuit-il, avant de préciser que «l’acharnement de la France de Macron s’explique par des facteurs internes liés à l’approche de l’élection présidentielle et la tentative de gagner l’adhésion de l’électorat de l’extrême droite».

    Le chercheur explique, dans le même sillage, que la pression exercée par l’Algérie concernant la question de la mémoire et de la reconnaissance des crimes coloniaux«n’a pas réjoui apparemment les apôtres du néocolonialisme en France». Boughoufala rappelle que «Macron a présenté les excuses de la France aux harkis et non pas aux Algériens victimes de la barbarie des léopards français, ni les victimes de la torture et ni celles des essais nucléaires». Une attitude que l’historien n’hésite pas à qualifier de «pernicieuse qui illustre parfaitement le complexe des acteurs politiques français et leur nostalgie coloniale». En référence aux déclarations du chef de l’Etat, le chercheur fait savoir que «le dossier de la mémoire continue de miner les relations entre les deux pays», en raison, dit-il,«des lobbies exerçant leur influence sur la sphère politique à Paris».

    Le Pr. El Houcine Hammache, spécialiste en psychologie sociale : «Le message de Tebboune a été clair»

    Le spécialiste en psychologie sociale, le Pr El Houcine Hammache, a relevé que, dans son message à l’occasion de la Journée nationale de l’émigration, le président de la République n’a pas fait dans le politiquement correct, dans le sens où il a affirmé que l’Algérie est un état souverain. «Les déclarations du chef de l’Etat ont un effet immédiat à l’encontre d’une impulsivité politique d’un Macron à la recherche d’un électorat supplémentaire.

    Le Pr. Hammache affirme que par son «intransigeance», le président français rappelle aux Français que l’Algérie possède des arguments valables qui fortifient ses positions» et surtout, poursuitil,«son exigence de la réouverture de tous les dossiers concernant la barbarie coloniale». Pour le chercheur, les déclarations du chef de l’Etat sont claires dans le sens où il refuse de faire des concessions et exige la reconnaissance par la France de ses crimes de guerre, qui ont débuté avec le début de leur colonialisme, soit de 1830 à 1962.

    «Le président de la République a réagi tout simplement aux déclarations du président français, en démontrant que nous avons beaucoup d’arguments qui sont justes et valables sur les plans politique, social et psychologique. L’Algérie n’a pas bénéficié de ses droits comme nation victime d’une longue nuit de colonialisme», ajoute-t-il. En effet, le dossier de la mémoire hante les esprits des néocolonialistes français dans leur quête d’un passé qu’ils estiment glorieux, mais qui n’était au final qu’un épisode de terrorisme civilisationnel.

    Samira Azzegag

    Horizons, 18/10/2021

  • El Moudjahid : Macron disculpe l’Etat français

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    En n’assurant n’avoir aucune attache avec les partisans de la « nostalgérie » le président français veut résumer par ce barbarisme la douleur et l’émotion des proches des victimes tout en affirmant s’engager résolument dans la voie de la réconciliation des peuples français et algérien. La peine des gens qui ont vu mourir les leurs, jetés dans la Seine, les mains attachées, peut-elle être réductible à de la nostalgie. Il y a des mots qui blessent autant que les balles quand on se moque du respect.

    L’auteur de la Gangrène et l’oubli aura bien du mal à le convaincre de franchir le Rubicon, car Emmanuel Macron ne cesse de mettre de la politique dans son vin mémoriel.

    C’est un véritable déni de vérité, une hallucinante disculpation de l’Etat français qu’a accomplis le Président Macron en lavant cet Etat de la responsabilité des horribles crimes perpétrés en ce 17 octobre 1961.

    Il s’est contenté de faire porter la responsabilité de ces assassinats sur le seul préfet de Paris, Maurice Papon, évitant également de les qualifier de crime d’État.

    Il faut être absolument naïf pour croire que Papon pouvait avoir pris la décision de donner ordre à la police parisienne de réprimer avec une extrême sauvagerie, des manifestants pacifiques et sans armes.

    En vérité, le préfet, dont ce n’est pas la première équipée sanglante, ne pouvait qu’être missionné par les très hautes sphères du régime gaulliste pour accomplir la sale besogne.

    Se rendre sur un lieu de mémoire, observer une minute de silence et lancer une gerbes de fleurs dans la Seine, témoin éternel de la nuit d’horreur, ne trompe personne. L’acte, aussi solennel soit-il, est totalement improductif.

    On comprend bien que le crime d’Etat n’entre pas dans la volonté de ce président. Faut-il le répéter. Il y a là, tout au plus, un clin d’œil évident en direction d’un électorat qu’il courtise dans la course à l’Elysée.

    Tout compte fait, Macron s’inscrit dans la continuité de la politique française et ne change dans le fond, rien à l’affaire.
    Que vaut, en réalité, la portée de son «geste» ? Presque rien. Contrairement à de nombreux pays qui ont reconnu les crimes perpétrés au cours de leur histoire coloniale, contre les autochtones, comme l’Allemagne, la Grande-Bretagne, la Belgique, sans oublier les Etats-Unis, la Nouvelle-Zélande, l’Australie ou le Canada, la France se signale par cette attitude inacceptable pour les victimes et leurs descendants, ainsi que pour le peuple algérien.

    Encore une fois, elle se dérobe en accomplissant un acte, sur le pont de Bezons, historiquement et politiquement irrecevable.

    Pour Mehdi Lallaoui, cinéaste et auteur d’un excellent documentaire sur la douloureuse tragédie du 17 octobre 1961, président de l’Association Au nom de la mémoire, « c’est une occasion ratée, très en-deçà de ce que l’on attendait ». « Les assassins ne sont pas nommés. Il n’y a que Maurice Papon qui l’est. C’est insupportable de continuer dans ce déni, que l’on ne puisse pas nommer la police parisienne, que l’on ne puisse pas citer Michel Debré, Premier ministre à l’époque, ou le général de Gaulle ».

    EL MOUDJAHID, 18/10/2021