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  • France-Algérie: Tebboune assène ses quatre vérités

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    « La vengeance est un repas qui se mange froid » dit l’adage. Le président de la République semble le faire sien, car il a donné au temps le temps de faire baisser la tension et de calmer les ardeurs pour revenir froidement et calmement sur le dernier épisode d’escalade diplomatique entre Alger et Paris. La mise en distance observé par le président Tebboune par rapport surtout aux propos inélégants de son homologue français n’exclut pas une fermeté dans le ton qui montre bien que l’Algérie entend répondre du tac au tac et non faire profil bas quand bien même la relation entre les deux pays reste stratégique. Et visiblement, les choses ne vont pas entrer dans l’ordre de sitôt car le président Tebboune pose des conditions strictes pour un possible retour de l’ambassadeur d’Algérie en France, qui pour mémoire, a été rappelé pour « consultations immédiates » dans la foulée des propos du président rapportés par le Journal le Monde.

    « Le retour de l’ambassadeur d’Algérie à Paris est conditionné par le respect total de l’Etat algérien » a martelé le Président Tebboune qui s’exprimait dimanche soir lors d’une rencontre périodique avec des journalistes, ajoutant que « l’Histoire ne peut être falsifiée » que « les relations avec la France relèvent de la responsabilité du peuple et de l’Histoire » et que « la France doit oublier que l’Algérie était une colonie ».

    Des propos forts dans la bouche du président Tebboune qui renvoie en quelque sorte l’accusation de « rente mémorielle » à son homologue français qui, lui aussi, a convoqué l’histoire de la colonisation de l’Algérie pour des buts électoralistes dans une France préélectorale où la question de l’émigration, de l’histoire de la colonisation est devenue un enjeu de politique intérieur imposé dans le débat par un certain Éric Zemmour.

    Ayant mis les points sur les « i » sur la très inflammable question de la mémoire, le chef de l’Etat est revenu sur ce qui est à l’origine de cette nouvelle brouille, à savoir la décision des autorités françaises de réduire de 50 % le nombre de visas octroyés aux Algériens. Le président Tebboune, loin de toute polémique par rapport à la décision elle-même considère que « C’est une décision souveraine de l’Etat français mais ce genre d’affaire se règle diplomatiquement et non à travers des déclarations de presse. »

    Et le président Tebboune de faire à nouveau appel à l’histoire pour rappeler au respect des conventions préférentielles qui lient la France à l’Algérie en matière de visas et circulation des citoyens. « Il faut que les accords d’Evian et ceux de 1968 soient respectés par la France avec laquelle nous sommes liés par des conventions, l’Algérie demeure à part et nous refusons qu’elle soit mélangée avec d’autres pays ». En France les partis politiques de droite dans leurs différentes déclinaisons ont régulièrement fait de ce régime d’exception de l’Algérie un cheval de bataille électoral en réclamant son abolition pure et simple.

    Le président Tebboune n’a pas ménagé ses mots en évoquant l’autre dossier qui fait partie des ingrédients de la crise, à savoir celui des citoyens algériens qui font actuellement l’objet d’une obligation de quitter le territoire français et pour lesquels les autorités algériennes refuseraient de délivrer des visas d’expulsion.

    Direct et sans ambages, il accuse le ministre français d’être un menteur en jetant, non sans arrières pensées politiciennes, le chiffre de 7.000 ressortissants algériens pour lesquels les autorités consulaires algériennes en France refuseraient les visas de rapatriement.

    « En ce qui concerne le ministre de l’Intérieur français, Moussa Darmanin, c’est un grand mensonge, il n’y a jamais eu 7.000 migrants irréguliers de nationalité algérienne, la France n’a jamais évoqué plus de 94 cas », fait observer le président algérien avec un agacement bien visible. Il a expliqué qu’entre la liste parvenue à l’Algérie en 2020 et les trois autres listes de 2021, « il y a un total de 94 cas, dont 21 ont été autorisés à rentrer en Algérie, 16 ont été carrément refoulés et n’entreront jamais en Algérie en raison de leur implication dans le terrorisme ». Le président Tebboune a ajouté que « parmi ces 94 individus, il y a eu aussi des personnes impliquées dans l’extrémisme en France, un ou deux binationaux, alors que d’autres n’ont pas de familles en Algérie ».

    Le message du président Tebboune en direction de la France est claire : respecter l’Etat algérien et ne pas en faire, à l’occasion de chaque rendez-vous électoral un objet de surenchère pour séduire l’électorat de la droite.

    Au président Emmanuel Macron d’en faire bonne lecture s’il tient vraiment à ce fameux « partenariat privilégié » qui, du côté français, semble être une entourloupette politicienne.

    H.Khellifi.

    L’Est Républicain, 12/10/2021

  • APN: Projet de loi criminalisant le colonialisme français

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    En réaction aux graves déclarations et autres insinuations du président français, Emmanuel Macron, sur l’histoire de l’Algérie, les membres de l’Assemblée populaire nationale s’apprêtent à déterrer l’ancien projet de loi criminalisant le colonialisme français. Ce texte de loi qui a été préparé et conçu par des députés FLN lors du second mandat de l’ancien président Abdelaziz Bouteflika, n’a jamais vu le jour. Il fut rapidement oublié suite à d’énormes pressions politiques et diplomatiques et surtout du veto de l’ancien Premier Ministre Ahmed Ouyahia, hostile à ce genre d’initiatives.
    Depuis, plus personne n’en a parlé, ni évoqué une éventuelle résurrection de cette initiative, et ce en dépit d’une large mobilisation des organisations dites de la famille révolutionnaire.

    Pourtant, ce projet, qui criminalise les crimes et autres atrocités barbares commis par le colonialisme français en 132 ans de domination, a été rendu possible après l’impair commis par l’Assemblée nationale française en 2005. Cette année, le 23 février, le Parlement français a adopté une loi qui glorifie ce colonialisme. Un texte qui fut naturellement dénoncé par certaines forces politiques françaises, qui avaient vu dans cette démarche un retour au premier plan de l’extrême droite. Une majorité de députés de ce Parlement, même centristes, avait adhéré aux thèses extrémistes qui glorifient les occupations militaires et les campagnes d’extermination contre les peuples africains. Selon leurs auteurs, la France a apporté la civilisation et la modernité à ces peuples qualifiés d’arriérés.

    Aujourd’hui, actualité oblige, des parlementaires algériens pensent que l’occasion est propice pour réagir et répondre par une loi qui criminalise ce colonialisme. L’idée fait son chemin après la crise, sans précédent, qui a surgi entre Alger et Paris. Déjà, tous les groupes parlementaires de la Chambre basse (six au total) se disent prêts à adopter cette loi. Il semblerait que le feu vert des autorités supérieures de l’Etat ait été donné pour que l’APN se mobilise.

    Ainsi, le texte, qui est au stade de la réflexion, prendra en charge plusieurs chapitres, tous liés à la question mémorielle, comme la reconnaissance des crimes, des assassinats, des atrocités, des destructions, des pillages et expropriations des biens et autres exactions. De même qu’on prévoit un axe au pardon ou à l’excuse, exigé de l’Etat français, responsable historique de l’acte colonial et défenseur de son système, ainsi que des aspects de l’indemnisation aux milliers de victimes, inclus ceux des essais nucléaires et chimiques.

    Pour les initiateurs de ce projet en gestation, cette loi est une réaction politique du peuple algérien contre les intimidations et le mépris des autorités françaises à l’encontre de la nation et de son histoire. Il s’agit aussi, selon les dires des députés, d’une vraie réhabilitation des six millions de martyrs de ce colonialisme sauvage. D’ailleurs, il est question qu’en parallèle de cette œuvre parlementaire, un comité soit créé spécialement pour rédiger et éditer un livre blanc sur les massacres et les violences commises par l’occupant français depuis 1830. Des historiens, des sociologues et des anthropologues seront sollicités pour réécrire le long récit sanguinaire et barbare du colonialisme, ainsi que les profonds bouleversements qui ont ébranlé la société algérienne, son patrimoine et ses cultures ancestrales.

    Selon des propos de députés qui s’engagent dans cette démarche, le projet en question va prendre une dimension juridique qui respectera les intérêts de l’Etat algérien et de son peuple. Autrement dit, les institutions politiques étatiques ne seront plus seules ou isolées dans une quelconque bataille mémorielle avec l’ancien colonisateur. A l’avenir, nos hauts responsables seront soumis et protégés par cette loi de criminalisation du colonialisme.

    L’unanimité à l’APN est donc déjà acquise concernant l’élaboration de ce projet. Seul bémol : les islamistes du MSP et du mouvement El-Bina veulent un texte plus fort, plus élaboré et plus encadré. Ils réclament un agenda précis avant toute adoption, comme la tenue d’assises qui regrouperaient des politiques, des juristes, des sociologues et des enseignants en histoire. Des rencontres plus larges et des concertations avec toutes les mouvances devraient permettre de créer un consensus total sur cette question.

    Par contre, d’autres partis politiques suggèrent, pour le moment, une simple déclaration générale qui sera adoptée par l’APN et qui dénoncera les propos du président Macron, mettant en relief les atrocités et les crimes du colonialisme français.

    Le Jeune Indépendant, 14/10/2021

  • Les algériens boycottent les produits français

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    Des groupes algériens boycottent les importations de 500 entreprises françaises

    L’Assemblée générale des entrepreneurs algériens, association d’entrepreneurs économiques, a annoncé hier avoir décidé de boycotter les importations de 500 entreprises françaises à la suite de « commentaires blessants » du président français Emmanuel Macron sur l’histoire et l’image de l’Algérie. « Nous sommes reconnaissants à toutes les institutions économiques qui ont pris l’initiative de couper leurs relations commerciales avec quelque 500 entreprises françaises d’exportation et d’importation », a indiqué l’agence dans un communiqué.

    Il a condamné les déclarations de Macron et a appelé à une révision des relations économiques avec l’État français. Le communiqué révèle que l’organisation a l’intention de créer une association nationale qui œuvre pour couper tous les liens économiques avec tout pays qui ne respecte pas l’Algérie, sans donner plus de détails.

    L’association regroupe quelque 2 000 entreprises des secteurs du bâtiment, des travaux publics et de l’irrigation.

    Selon un précédent communiqué de l’ambassade de France, plus de 6 000 entreprises françaises exportent leurs produits vers l’Algérie.

    Il y a quelques jours, Macron accusait les autorités algériennes de « garder rancune contre la France », et remettait en cause l’existence d’une nation algérienne avant la colonisation de l’Algérie par la France.

    Par la suite, la présidence algérienne a convoqué son ambassadeur à Paris pour des consultations pour protester contre ces déclarations, qu’elle a qualifiées d’ »offensives » et représentaient une « insulte inacceptable » à la mémoire de plus de cinq millions de résistants tués pendant la période coloniale française.

    L’Algérie a également fermé son espace aérien aux avions militaires français opérant dans le cadre de l’opération Barkhane dans la région du Sahel africain.

    MEMO, 11/10/2021

  • Le Drian joue à son tour l’apaisement avec l’Algérie

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    Paris tente d’apaiser les tensions avec Alger. Interrogé à l’Assemblée nationale ce mardi 12 octobre, le ministre français des Affaires étrangères s’est exprimé sur le rappel de l’ambassadeur d’Algérie en France. Début octobre Emmanuel Macron avait déclenché la colère des autorités algériennes après avoir accusé le système « politico-militaire » algérien d’entretenir une « rente mémorielle ».

    Désormais Paris tente d’apaiser les tensions avec Alger. Après la prise de parole du président français mardi dernier assurant souhaiter un « apaisement » sur le sujet mémoriel entre la France et l’Algérie, appelant à « cheminer ensemble » et à « reconnaître toutes les mémoires », c’était au tour de Jean-Yves Le Drian de s’exprimer.

    Interrogé à l’Assemblée nationale hier mardi, le ministre français des Affaires étrangères a dit regretter le rappel de l’ambassadeur d’Algérie en France. « Nous le regrettons, parce que cela ne correspond pas à l’importance que nous attachons aux relations entre nos deux nations. Ces relations sont anciennes, profondes… Elles sont marquées par des liens humains uniques… La France y est profondément attachée et souhaite les préserver et les développer. Récemment, le président de la République a rappelé son profond respect pour le peuple algérien. Cela signifie aussi, bien sûr – et vous l’avez dit – le respect fondamental de la souveraineté algérienne. Cela veut dire aussi que c’est aux Algériens, et à eux seuls, de décider de leur destin et de définir les contours de leurs choix et de leur débat politique. Mais nous sommes convaincus de l’intérêt commun de nos deux pays à travailler ensemble sur tous les secteurs ».

    Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a exigé de Paris dimanche « un respect total de l’Etat algérien », soulignant à l’adresse de son homologue français Emmanuel Macron que « l’histoire ne peut pas être falsifiée ».

    Une réponse à Emmanuel Macron qui avait déclenché la colère d’Alger après des propos, rapportés samedi 2 octobre par le journal français Le Monde, accusant le système « politico-militaire » algérien d’entretenir une « rente mémorielle » en servant à son peuple une « histoire officielle » qui « ne s’appuie pas sur des vérités ».

    Dans la foulée, le même jour, Alger décidait le rappel « immédiat » de son ambassadeur à Paris « pour consultations » et, comme autre mesure de rétorsions, interdisait le survol de son territoire aux avions militaires français de l’opération antijihadiste Barkhane au Sahel.

    RFI, 13/10/2021

  • France-Algérie: Une exigence non négociable

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    L’Algérie est un pays indépendant et souverain. Un fait que semblent oublier certains politiques et nostalgiques de l’Algérie française de l’autre rive de la méditerranée. Les années de combat, de lutte et de sacrifice du peuple algérien ne peuvent être vains et ceci doit être bien compris et assimilé par l’ancienne puissance coloniale, qui doit aujourd’hui saisir définitivement que ses relations avec l’Algérie ne seront pas autre chose que des relations d’Etat à Etat.

    Forte de son peuple et de son armée, l’Algérie relèvera tous les défis qui se dresseront devant elle. Elle n’acceptera plus que lui soit dictée telle ou telle démarche, car tout ce qu’elle décidera naîtra des convictions et des choix de son peuple. Le président de la République, dans sa dernière rencontre avec la presse nationale, a martelé et répété en direction ceux qui auraient tendance à l’oublier que « L’Histoire ne peut être falsifiée », ajoutant que « le temps de la colonie est révolu, la France doit changer d’approche, elle doit savoir que l’Algérie n’abdique à personne, elle est fidèle au serment de ses valeureux martyrs ».

    Cette France qui se targue de son oeuvre civilisationnelle dans ses anciennes colonies doit revoir ce discours mensonger et reconnaître les torts et les crimes qu’elle a perpétrés contre ces peuples et ces terres qu’elle a conquis par la force et la barbarie. L’amnésie préfabriquée et la fuite en avant n’ont plus leur place aujourd’hui face à des nations indépendantes et surtout face à une Algérie qui a sacrifié plus de 5 millions de martyrs pour recouvrer sa liberté. Cette France amnésique est invitée par le chef de l’Etat, Abdelamdjid Tebboune, à regarder en face son peu glorieux passé colonial insistant sur « la reconnaissance pure et simple des crimes coloniaux de la France en Algérie ».

    « L’Etat (algérien), dira le président Tebboune, est debout avec tous ses piliers, avec sa puissance, la puissance de son armée et son vaillant peuple ».

    La France doit désormais comprendre qu’elle doit traiter avec l’Algérie d’Etat à Etat et doit « oublier que l’Algérie était une colonie ». Il y va des relations entre les deux pays qui se doivent d’être basées sur le respect entre les deux Etats qui aspirent à construire des relations pérennes et mutuellement bénéfiques pour les deux parties et les deux peuples. Il faut que la France change de politique et de ton et regarde l’Algérie avec un autre regard loin de celui des nostalgiques de l’Algérie française.

    Par Abdelmadjid Blidi

    Ouest tribune, 13/10/2021

  • Algérie-France: Les relations ouvertes à toutes les éventualités

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    L’ambassadeur d’Algérie à Paris, Mohamed Antar Daoud, qui se trouve depuis une semaine en Algérie après son rappel pour consultation suite aux propos provocateurs du président français contre l’Algérie, a évoqué hier l’état actuel et l’avenir des relations entre les deux pays. Pour l’Algérie, rien n’est encore réglé, surtout que la réponse- faut-il encore qu’elle le soit- de la partie française n’a pas été à la hauteur de l’offensive diplomatique d’Alger.

    Ainsi, dans une déclaration au site d’information arabophone « Al-Tariq News », Mohamed Antar Daoud, interrogé en marge de la célébration de la Journée nationale de la diplomatie, a affirmé que les relations algéro-françaises « sont ouvertes à toutes les éventualités », et que « personne ne sait comment elles le seront à l’avenir ».

    Alors qu’il se trouve toujours en Algérie depuis qu’il a été rappelé, le 2 octobre passé pour consultation au sujet des attaques françaises émanant du représentant politique de la France officielle, Antar Daoud a expliqué que « tout pays rappelant son ambassadeur pour consultation constitue le plus haut niveau de protestation diplomatique ». Diplomatiquement parlant, il n’y a aucun canal de communication avec notre pays. Ce qui signifie en langage commun que le poste d’ambassadeur d’Algérie en France reste vacant, tant que le représentant algérien n’a pas regagné ses fonctions diplomatiques. À ce titre, le même orateur a indiqué qu’actuellement l’ambassade d’Algérie en France est administrée par le chargé d’affaires.

    Quant à la reprise de sa mission diplomatique, Antar Daoud a assuré qu’il « ne connaissait pas la date de son retour pour exercer ses fonctions d’ambassadeur en France » expliquant que la décision « revient au plus haut niveau des autorités algériennes ».

    Il convient de rappeler qu’au lendemain des provocations d’Emmanuel Macron contre l’Algérie, ses Institutions, son peuple et son Histoire, Alger a rappelé son ambassadeur pour consultation. La présidence de la République a exprimé fermement son rejet de toute ingérence dans ses affaires internes. « À la suite des propos non démentis que plusieurs sources françaises ont attribué nommément au Président de la République française, l’Algérie exprime son rejet catégorique de l’ingérence inadmissible dans ses affaires intérieures que constituent lesdits propos », précise la présidence dans un communiqué.

    « Les propos en question portent une atteinte intolérable à la mémoire des 5 630 000 valeureux martyrs qui ont sacrifié leurs vies dans leur résistance héroïque à l’invasion coloniale française ainsi que dans la Glorieuse Révolution de libération nationale », ajoute l’Algérie, estimant que « les crimes de la France coloniale en Algérie sont innombrables et répondent aux définitions les plus exigeantes du génocide contre l’humanité. Ces crimes qui ne sont pas prescriptibles, ne sauraient faire l’objet d’une manipulation des faits et d’interprétations atténuantes ».

    Farid Guellil

    Le Courrier d’Algérie, 11/10/2021

  • L’Algérie et la Turquie envoient des messages codés à Paris

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    L’Algérie et la Turquie ont signé trois nouveaux contrats pour le développement d’une usine pétrochimique de production de « polypropylène » dans la ville turque de Ceyhan, quelques jours après les déclarations provocatrices du président français Emmanuel Macron, visant à la fois l’Algérie et la Turquie. La signature des contrats s’est déroulée en présence du président turc Recep Tayyip Erdogan et des ministres turcs de l’Industrie et des Transports, un accord qui a donné lieu à un partenariat entre le géant algérien de l’énergie, « Sonatrach », et son homologue turc, « Renaissance », selon un communiqué publié dimanche par la société algérienne.

    Le premier contrat porte sur la réalisation du projet dans toutes ses étapes, y compris les études d’ingénierie détaillées, la fourniture, l’achèvement et le démarrage. Le deuxième contrat concerne les travaux de maintenance périodique des appareils et des équipements, et le troisième contrat porte sur les services de vente et de commercialisation de la production. Ce sont les contrats qui ont couronné plus de deux ans de travail et de négociations.

    La présence du président turc à la cérémonie de signature des trois contrats est considérée comme des messages cryptés, selon les observateurs, au président français, selon lesquels les relations algéro-turques sont plus fortes que ce que Macron imagine, et elles continuent à se diversifier au détriment de l’influence française en Algérie, qui a beaucoup perdu à cause des politiques françaises aux conséquences non calculées.

    Cet accord intervient deux jours après les déclarations du ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ramtane Lamamra, dans lesquelles il a fait l’éloge de l’État turc et de son rôle dans le processus de soutien au développement de l’Algérie ces dernières années.

    Lamamra a souligné que l’Algérie se réjouit de l’intensification des relations de partenariat et des investissements turcs, et a fait remarquer que l’Algérie et la Turquie ont des relations historiques profondes et des liens moraux forts.

    Le président Abdelmadjid Tebboune a été le premier à envoyer des messages codés à la France, dans sa célèbre interview au magazine français « Le Point », dans laquelle il a reproché à Paris de ne pas être sérieux dans son soutien aux investissements en Algérie, lorsqu’il a déclaré que « l’Algérie entretient d’excellentes relations avec les Turcs, car ils ont investi près de cinq milliards de dollars en Algérie sans aucune exigence politique ».

    Il s’est adressé à ceux qui étaient perturbés par le rapprochement algéro-turc, pour qu’ils « viennent investir comme les Turcs ont investi en Algérie ».

    Pour rappel, Macron avait vivement attaqué la présence turque en Algérie, la qualifiant de colonialisme, selon ce qui a été affirmé dans le quotidien « Le Monde », et s’est étonné de la conviction des Algériens que la présence turque est très différente de l’occupation française de l’Algérie, déclarations auxquelles a répondu M. Lamamra en disant : Quelle que soit la cause du problème entre la France et l’Algérie, je ne pense pas qu’il affectera nos relations avec des pays frères comme la Turquie ».

    La réponse turque au président français n’a pas été en reste. Le ministre des affaires étrangères d’Ankara, Mevlut Cavusoglu, a réagi en qualifiant les déclarations de Macron de « bon marché et inutiles », et M. Oglu a déclaré que « la France a récemment essayé de revoir son histoire coloniale », mais il a averti que « les interprétations erronées sont mauvaises. » Les fausses représentations des questions historiques se sont répandues au cours de la période récente, et les points d’interrogation ont commencé à se multiplier quant au degré de sincérité de la France à cet égard. » Dans le même temps, il a salué la réponse algérienne, déclarant : « L’Algérie a déjà énoncé la réponse nécessaire aux déclarations inacceptables faites ces derniers temps par le président français ».

    Echourouk online, 10/10/2021

  • Algérie: Tebboune refuse toute médiation avec le Maroc

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    Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a accusé Paris, dimanche, de mensonges quant au nombre d’Algériens visés par une procédure d’expulsion du territoire français, et a exprimé son refus de toute médiation dans la crise qui oppose son pays au Maroc. Le ministère algérien des Affaires étrangères avait convoqué l’ambassadeur de France, voici quelques jours, pour lui signifier le rejet de la décision unilatérale de son pays de réduire de moitié le nombre de visas accordés aux Algériens, arguant que les autorités algériennes ont refusé l’accueil de plus de 7000 personnes sous le coup d’une décision judiciaire d’expulsion.

    Dans un entretien avec des médias algériens, diffusé dimanche par la télévision d’État, le président Tebboune a déclaré que les chiffres du gouvernement français sont « faux », et que les autorités algériennes n’ont pris connaissance que de la situation de 94 personnes susceptibles d’être expulsées du territoire français. Il a expliqué que l’Algérie a accueilli 21 ressortissants expulsés, mais qu’elle a catégoriquement refusé d’en accueillir 16 autres, en raison de leurs liens avec le terrorisme, tandis que le sort des autres n’a pas encore été décidé.

    Le président algérien a rappelé que son pays est lié par un accord d’immigration préférentielle avec la France, signé en 1968, et que Paris aurait dû traiter son pays de manière « privilégiée. »

    Pas de médiation avec Rabat

    Concernant la crise diplomatique entre l’Algérie et le Maroc, Tebboune a exprimé le refus de toute médiation entre son pays et Rabat.

    Et de poursuivre : « Le bourreau et la victime ne peuvent être mis sur un pied d’égalité. Nous avons réagi à une agression, constante depuis notre indépendance en 1962, et dont nous ne sommes pas à l’origine. »

    Tebboune a laissé entendre que la crise avec le Maroc n’irait pas jusqu’au conflit armé, affirmant : « Nous sommes un peuple qui a connu la guerre et qui aspire à la paix, mais nous ne tolérerons pas que l’on nous attaque. »

    Le 24 août, l’Algérie a annoncé la rupture des relations diplomatiques avec le Maroc, en raison de ce qu’elle a qualifié d’agissements « hostiles et répétés ». Tandis que Rabat exprimait ses regrets quant à cette décision, qualifiant ses justifications de « fausses ».

    Quelques jours plus tard, les diplomaties égyptienne et saoudienne sont entrées en contact avec les ministres des affaires étrangères de l’Algérie, Ramtane Lamamra, et du Maroc, Nasser Bourita, et évoqué des signes de médiation entre les deux voisins.

    Saïed et Ghannouchi

    S’agissant de la situation en Tunisie, Tebboune a déclaré que l’Algérie s’engage à ne pas s’ingérer dans les affaires intérieures tunisiennes.

    La Tunisie traverse une grave crise politique depuis le 25 juillet dernier, date à laquelle son président, Kaïs Saïed, a pris une série de mesures d’exception, dont le gel des prérogatives du Parlement, la levée de l’immunité de ses députés et la suppression de l’organe de contrôle de la constitutionnalité des lois.

    Le président tunisien a ainsi décidé de promulguer des lois par décrets présidentiels, de présider le ministère public et de démettre le Premier ministre pour assumer lui-même l’autorité exécutive avec l’aide d’un nouveau gouvernement.

    Tebboune a ajouté être intimement convaincu que Kaïs Saïed est « un patriote et un démocrate ».

    Il a ajouté que Rached Ghannouchi, leader du mouvement Ennahdha et président du parlement suspendu, devait se rendre en Algérie, sans pour autant révéler si cette visite aura finalement lieu.

    La majorité des forces politiques, dont Ennahdha (qui dispose du plus grand bloc parlementaire avec 53 députés sur 217), rejettent les mesures d’exception décidées par Saïed, et les considèrent comme un « coup d’État contre la constitution ». D’autres forces soutiennent ces mesures, y voyant une « correction de cap de la révolution de 2011 », à la lumière des crises politiques, économiques et sanitaires (« pandémie de coronavirus).

    Saïed, qui a entamé un mandat présidentiel de 5 ans en 2019, a déclaré à plus d’une reprise que ses mesures d’exception ne constituaient pas un coup d’État, mais qu’elles s’inscrivaient dans le cadre de la constitution pour protéger l’État contre un « danger imminent », selon son appréciation.

    Élections en Libye

    Concernant la situation en Libye, Tebboune a déclaré que son pays, en raison du peu de temps séparant les élections prévues le 24 décembre, a proposé aux Libyens d’organiser des élections régionales séparées, même si cela prend deux mois de temps.

    Après un conflit armé qui a duré des années, la Libye, riche en pétrole, a connu une percée politique sous les auspices des Nations unies il y a quelques mois.

    Or les tensions sont revenues au premier plan en raison de divergences entre la Chambre des représentants, d’une part, et le Haut Conseil d’État, le gouvernement d’union et le Conseil présidentiel, d’autre part, concernant les questions relatives aux prérogatives et aux lois électorales.

    Anadolou, 11/10/2021

  • Alger exige de Paris le « respect total de l’Etat algérien »

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    Un éventuel retour de l’ambassadeur d’Algérie en France, rappelé au début du mois à Alger après des propos critiques du président Emmanuel Macron, est « conditionné au respect total de l’Etat algérien » par Paris, a déclaré dimanche le président algérien Abdelmadjid Tebboune.

    Le retour de l’ambassadeur d’Algérie en France « est conditionné au respect de l’Algérie, le respect total de l’Etat algérien. On oublie qu’elle a été un jour une colonie française […] L’Histoire ne doit pas être falsifiée », a déclaré Abdelmadjid Tebboune à des médias algériens, dans sa première déclaration publique en réaction aux propos du président français.

    DARMANIN ACCUSÉ DE « MENSONGE » PAR ALGER SUR LE NOMBRE D’IMMIGRÉS CLANDESTINS

    « Darmanin a bâti un gros mensonge » accuse le président algérien

    Après avoir demandé à son ambassadeur de rentrer et interdit le survol par les avions militaires français de son espace aérien, l’Algérie répond à la France par la voix de son président, Abdelmadjid Tebboune.

    « Il n’y a jamais eu 7.000 (Algériens à expulser). La France a évoqué avec nous plus de 94 (Algériens). Jamais il n’y en a eu 7.000 », a-t-il déclaré à plusieurs médias algériens.

  • L’histoire des épineuses relations entre l’Algérie et la France

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    Le 5 juillet 1830, le souverain d’Algérie, Al-Day Hussein, a remis sa ville aux forces françaises pour commencer l’occupation française du pays, qui s’est terminée après environ 132 ans d’opérations de résistance qui ont commencé avec l’Emir Abdelkader Al-Jazairy, jusqu’au Front de libération, qui a lancé une guerre d’indépendance qui a duré de 1954 à 1962.

    Les répercussions de cette histoire se poursuivent aujourd’hui encore, à tel point que le mot France figure toujours dans l’hymne national algérien.

    Oh France, l’heure du jugement est passée

    Et nous l’avons plié comme un livre se plie.

    Oh France, c’est le jour du jugement.

    Prépare-toi et reçois la réponse de nous

    La révolution dans la séparation de la parole

    Et nous avons décidé que l’Algérie vivrait

    Témoigne… Témoigne… Témoigne… Témoigne…

    Macron et la « Nation Algérienne »

    Nouveau rebondissement dans le dossier des relations franco-algériennes, le président français Emmanuel Macron a provoqué l’indignation de nombreux Algériens après des déclarations rapportées par le journal Le Monde, dans lesquelles il a estimé que l’Algérie s’est constituée après son indépendance en 1962 sur le système des « recettes mémorielles » instauré par le « système politico-militaire » en son sein.

    Le journal français Le Monde rapporte que Macron a fait des déclarations critiques sur l’Algérie lors d’une réunion avec les petits-enfants de figures de la guerre d’indépendance.

    Le journal français cite Macron comme disant que c’est ce régime qui a réécrit l’histoire coloniale française du pays, avec une référence issue de la « haine de la France. »

    Dans le cadre de son discours, qui a été rapporté par « Le Monde », Macron dit : « Y avait-il une nation algérienne avant le colonialisme français ? Telle est la question », faisant référence à l’existence de « processus de colonisation antérieurs. »

    Il ajoute sur un ton sarcastique qu’il est « intrigué de voir la capacité de la Turquie à faire complètement oublier le rôle qu’elle joue en Algérie et la domination qu’elle a exercée », faisant référence à l’Empire ottoman.

    Le président français a ensuite exprimé l’espoir que la tension diplomatique avec l’Algérie s’apaise et que les deux parties reprennent le dialogue.

    « J’espère que nous pourrons calmer les choses, car je pense qu’il vaut mieux que nous parlions pour progresser », dit Macron.

    De son côté, l’ »Organisation nationale des moudjahidines », qui regroupe des anciens combattants de la guerre de libération de l’Algérie, appelle, dans un communiqué, à une « révision des relations algéro-françaises » après les déclarations de Macron, selon l’AFP.

    L’organisation demande souvent à la France de « s’excuser pour les crimes qu’elle a commis » pendant ses 132 ans de colonisation de l’Algérie (1930-1962), qui ont coûté la vie à plus de cinq millions d’Algériens, selon la présidence algérienne.

    Macron a admis en 2018 que la France avait mis en place un « système » de torture systématique pendant la guerre de libération algérienne.

    En juillet de l’année dernière, l’historien Benjamin Stora a été chargé de préparer un rapport sur l’héritage colonial français en Algérie et la façon dont la France l’a traité.

    Mais Macron a refusé les excuses de la France pour ses crimes coloniaux en Algérie, comme le demandent les Algériens, après soixante ans qui n’ont pas réussi à calmer la tension entre les deux pays.

    Et si les nouvelles déclarations de Macron ont été publiées en octobre de cette année, le même mois de 1961, un « massacre » a eu lieu contre les Algériens dans la capitale française, Paris, et en octobre 2002, le général français Jacques Masso, qui a mené une répression, est mort. Révolution algérienne.

    Mais quelles sont les étapes les plus marquantes de l’histoire des relations entre les deux pays ?
    Première étape : l’incident de l’éventail
    Trois ans avant l’occupation, plus précisément en 1827, se produit l’incident de « l’éventail du Dey », que la France considère comme une insulte à son égard et, par conséquent, entame un siège de trois ans sur l’Algérie.

    Certaines références historiques mentionnent que le Dey Hussein a frappé le consul français au visage avec son éventail à trois reprises lorsque le consul n’a pas répondu à la question du Dey concernant les dettes de la France envers l’Algérie.

    La France prend cela comme une insulte et impose un blocus à l’Algérie.

    Les Français cherchaient à cette époque à restaurer le prestige de la monarchie et l’expansion coloniale. Bien que la révolution ait renversé le règne de la dynastie des Bourbons en 1830, la France a poursuivi ses plans pour l’Algérie et l’occupation a eu lieu.

    En conséquence, de nombreux immigrants européens, notamment des agriculteurs et des ouvriers du sud de l’Italie, d’Espagne et de France, affluent en Algérie. Les autorités coloniales confisquent les terres des tribus, des villages et des dotations et les redistribuent aux immigrants.

    La deuxième étape : le mouvement de l’Emir AbdelKader

    En 1832, les Algériens prêtent allégeance à l’Emir Abdelkader pour leur leadership contre l’occupation, il prend alors la ville de Mascara comme capitale, et commence à former une armée et un état, puis oblige les Français à conclure une trêve avec lui, et l’accord de Tafna de 1838 dans lequel Paris reconnaît sa souveraineté sur l’Algérie occidentale et centrale.

    Après cet accord, l’Emir Abdelkader s’est attelé à former un gouvernement, à organiser l’Etat et à lutter contre la corruption.

    Mais cet accord est l’occasion pour la France de souffler un peu, de continuer à se battre ensuite, de faire tomber les bastions du Prince, un par un.

    Après une résistance acharnée, lui et ses partisans sont contraints de se rendre en 1847, à condition qu’on lui permette de s’installer à Alexandrie ou à Acre. Mais il est emmené en France et y est emprisonné.

    Selon l’Encyclopedia Britannica, la manière dont la domination française s’est établie en Algérie entre 1830 et 1847 a été caractérisée par la violence et un manque de compréhension mutuelle entre les dirigeants et les dirigés.

    Un nombre croissant de colons français (également connus sous le nom de Pieds noirs) réclament les privilèges de la minorité au pouvoir.

    Lorsque l’Algérie a finalement été intégrée au système juridique français, cela n’a fait qu’accroître le pouvoir des colons, qui ont envoyé des délégués au Parlement français.

    Les colons n’ont pas imposé leur hégémonie sur l’Algérie avant la chute de Napoléon III en 1870 et l’avènement de la Troisième République en France.

    Jusque-là, l’Algérie était largement sous administration militaire, et le gouverneur général de l’Algérie était un officier jusqu’aux années quatre-vingt du XIXe siècle, mais avec l’avènement de la Troisième République, la domination des colons s’est accrue.

    Les colons ont imposé un vaste programme de confiscation des terres arables après avoir écrasé la résistance pour rendre la colonisation possible.

    Les colons étaient d’origine européenne mixte. Les Espagnols étaient principalement concentrés dans et autour d’Oran, tandis que les Français et les Italiens se concentraient dans le centre et l’est.

    La troisième étape : la guerre de libération

    En mars 1943, le leader algérien, Farhat Abbas, présente la déclaration du peuple algérien à l’administration française, et 56 leaders algériens et internationaux la signent. La déclaration demandait une constitution garantissant une participation immédiate, légale et égale des Algériens.

    L’histoire du premier président de l’Algérie, d’un officier de l’armée française à la présidence, puis à la prison et à l’exil.

    La France reconnaît avoir torturé et tué le combattant algérien Ali Boumenjel pendant la guerre de libération.

    Les Algériens ont organisé une marche en 1945 à laquelle les Français ont fait face avec violence, et des milliers d’Algériens sont morts lors de ces événements.

    En 1947, l’Assemblée nationale française approuve une loi prévoyant la création d’un parlement algérien à deux chambres, l’une représentant les Européens et l’autre les Algériens, ce que les Algériens rejettent.

    Commence alors la guerre d’indépendance, le 1er novembre 1954, à laquelle la France fait face avec violence. Le nombre de forces françaises en Algérie s’élève à environ 400 000 en 1956.

    En janvier 1959, Charles de Gaulle devient président de la Cinquième République et se rend ensuite en Algérie.

    De là, il annonce dans la ville de Constantine, dans l’est du pays, son vaste projet économique visant à créer des emplois, distribuer des terres aux agriculteurs, construire des logements et réaliser le développement. Sur le plan politique, il a donné aux Algériens le droit de se présenter et de voter d’une manière équivalente à ce qui est accordé aux Français.

    Mais les Algériens rejettent toutes ces tentations et poursuivent leur révolution.

    En septembre de la même année, de Gaulle parle du droit à l’autodétermination pour les Algériens, ce que les colons français considèrent comme une trahison à leur égard, ils lancent donc une rébellion en Algérie, soutenue par quelques unités de l’armée. Cependant, la rébellion échoue, ce qui représente un tournant dans la position officielle de la France.

    En mai 1961, les pourparlers d’Évian commencent entre le gouvernement français et le Front de libération et aboutissent aux accords d’Évian, qui fixent un délai de trois ans au terme duquel les Européens devront choisir entre la nationalité algérienne ou le statut d’étranger.

    Le 3 juillet 1962, le décret d’indépendance de l’Algérie est signé, mais le Front de libération fait du 5 juillet le jour de l’indépendance pour effacer de l’histoire le souvenir de l’occupation.

    Un général qui réprime les révolutionnaires

    Selon le journal britannique The Guardian, le général Jacques Massu, né le 5 mai 1908, est l’une des figures militaires françaises les plus célèbres de l’histoire moderne. Il a participé à la libération de Paris, à la crise de Suez, aux guerres françaises en Indochine, et notamment en Algérie.

    Lorsque le maréchal Pétain demande l’armistice aux Allemands en juin 1940 et que le général Leclerc commence à rallier les colonies à la cause de de Gaulle pour une France libre, Massu, alors capitaine, le rejoint au Tchad, en Libye et en Tunisie.

    Lorsque la 2e division blindée débarque en France en août 1944 et se dirige vers la libération de Paris, Massu joue un rôle important dans les combats.

    Après la Seconde Guerre mondiale, il sert en Indochine, suit une formation de parachutiste et effectue des missions en Tunisie et en Afrique occidentale. Promu général en 1955, il forme la dixième division de parachutistes, qu’il dirige lors des attaques sur Port Saïd et Port Fouad pendant la guerre de Suez en 1956.

    Se sentant amer que la guerre de Suez ait été finalement réglée par la diplomatie, Massu devient convaincu que certains Français désespérés sont prêts à renoncer aux véritables intérêts de leur pays.

    Au début de 1957, l’Algérie est sur le point de déclencher une guerre d’indépendance.

    Le 7 janvier de cette année-là, alors que le Front de libération nationale appelle à une grève générale, Massu est nommé responsable de la capitale, Alger, qui est un centre d’activité de la résistance.

    N’appréciant pas la gestion des crises par la police, il prend la direction du service d’information de la police et organise ses forces pour superviser tout ce qui se passe dans la Casbah.

    Les Français ont réprimé la grève sans pitié, obligeant les commerçants à ouvrir leurs magasins et forçant les autres à reprendre le travail. Les fournitures d’armes ont également été saisies, et des milliers de personnes ont été arrêtées et interrogées.

    Le résultat est qu’en octobre, l’activité de la résistance a pratiquement cessé et les restaurants et les cinémas de la ville sont revenus à la normale.

    Masso et ses parachutistes s’illustrent dans ce qui sera connu comme la bataille d’Alger.

    Mais bientôt un scandale international éclate à propos de l’utilisation de la torture par Masso dans la répression de la Casbah, et pour aggraver les choses, il semble certain que le gouvernement français dirigé par le socialiste Guy Mollet est au courant de ces méthodes et les approuve.

    La crise divise l’establishment français, le général Paris de Boulardier est condamné à 60 jours de prison pour avoir souligné que les parachutistes portent atteinte aux valeurs morales de la France.

    Néanmoins, la torture se poursuit et, en fait, lorsque Masso publie le premier des cinq volumes de ses mémoires, La véritable bataille d’Alger, en 1971, il accepte la responsabilité de cette pratique, affirmant que c’était le seul moyen pour lui d’obtenir une connaissance préalable des plans de la résistance.

    Et bien qu’il craignait que Paris soit sur le point d’abandonner l’Algérie, Masso n’a pas pris part aux intrigues politiques de droite qui ont affligé la France en 1958.

    Maso accepte la rébellion du 13 mai et accepte de prendre la tête du Comité de sécurité publique. Il nie qu’il s’agisse d’un coup d’État, et approuve également la résurrection militaire, selon laquelle ses parachutistes pourraient atterrir à l’aéroport de Villacoublay, près de Paris, et de cette façon, le général de Gaulle serait contraint d’assumer la présidence comme les politiciens de Paris étaient contraints de l’accepter.

    Le 24 mai, les parachutistes de Masso s’emparent de l’île de Corse, mettant fin à la IVe République.

    De Gaulle refuse de condamner cette invasion, mais le 27 mai, il donne des instructions officieuses pour que le processus du Baas soit abandonné.

    Une fois au pouvoir, il prend ses distances avec le Comité de salut public, à l’exception de Massou, qui devient gouverneur d’Alger et se voit confier cette région militaire la plus importante, où il est promu général en juillet 1958.

    Mais Masso se sent mal à l’aise face à l’incertitude qui entoure la politique de de Gaulle et à son discours sur « l’autodétermination ».

    En janvier 1960, il parle de ces controverses à un journaliste allemand, ignorant apparemment que sa conversation a été enregistrée.

    Lorsque l’interview est publiée, il est immédiatement relevé de ses fonctions.

    Mais Masso refuse toujours de participer à des complots contre de Gaulle ou à des tentatives de prise de pouvoir à Paris.

    Finalement, Masso accepte l’indépendance de l’Algérie et vote pour un référendum en janvier 1961.

    Cependant, Masso n’a jamais pu échapper à son passé en Algérie.

    En juin 2000, Louisa Iguile Ahrez a publié le récit de sa participation à la résistance en septembre 1957, lorsqu’elle a été capturée par les forces françaises et emmenée au quartier général de Masso à Alger.

    Louisa Ahreez a déclaré avoir été torturée pendant 3 mois et avoir 20 ans à l’époque. Maso a reconnu que l’histoire était vraie et a exprimé ses regrets.

    Il est mort en octobre 2002.

    Puis, en décembre 2013, le général Paul Aussaresses, qui était l’un des hommes les plus en vue du général Jacques Masso en Algérie, est décédé.

    Aussaresses avait défendu l’usage de la torture par les forces françaises lors de la guerre d’indépendance de l’Algérie.

    Ce général français, décédé à l’âge de 95 ans, est le premier officier français de premier plan à admettre avoir tué et torturé 24 prisonniers de guerre algériens dans un livre publié en 2001 sur la guerre d’indépendance en Algérie.

    En 2002, un tribunal français l’a condamné pour torture.

    Aussaresses a également été déchu de l’Ordre d’honneur, l’une des plus hautes distinctions de la France, à la suite de la publication du livre.

    Paul Aussaresses n’a jamais regretté le recours à la force. « Son utilisation est légitime lorsque la situation l’exige », a-t-il déclaré.

    Il a affirmé que le gouvernement français de l’époque était au courant de l’ordre de torture et l’a approuvé.

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    Quatrième étape : les essais nucléaires

    Tôt le 13 février 1960, des milliers de soldats français se rassemblent dans le désert algérien pour assister à la « gerboise bleue », un essai nucléaire quatre fois plus puissant que la bombe nucléaire qui a explosé au-dessus d’Hiroshima au Japon.

    L’Algérie a obtenu son indépendance en 1962. Toutefois, un traité signé par le président français Charles de Gaulle pour mettre fin à la domination française a permis à l’Algérie de continuer à mener des expériences dans le désert jusqu’en 1966.

    Depuis 1961, la France a effectué 17 explosions nucléaires à Ain Akre, où elle a procédé à des explosions nucléaires souterraines à l’intérieur de la montagne, et dans la région désertique de Reggane, où les explosions ont été réalisées en surface.

    Le moment où la France a obtenu sa dissuasion nucléaire a été une grande victoire pour le président français de l’époque, Charles de Gaulle, mais les essais nucléaires ont eu des effets mortels sur les soldats participants et la population de la région.

    Cinquième étape : Le « massacre » de Paris

    Le 17 octobre 1961, la capitale française, Paris, est témoin du massacre de centaines d’Algériens aux mains de la police française.

    Le Front de libération nationale algérien, qui menait une guerre contre les autorités coloniales françaises, avait appelé les travailleurs algériens à effectuer des marches pacifiques dans Paris pour protester contre le couvre-feu, qui leur était imposé précisément de vingt heures trente le soir à cinq heures trente le matin, par le directeur de la police de l’époque, Maurice Papon.

    Des dizaines de milliers de manifestants algériens pacifiques, dont des femmes et des enfants, sont sortis des bidonvilles pour descendre dans les rues de Paris, à l’appel du Front de libération nationale, malgré la prévention des autorités françaises, qui semblent avoir donné des instructions aux services de sécurité pour réprimer les manifestants par tous les moyens.

    Mais le dispositif de répression les a accueillis à l’entrée des rues principales, selon les historiens, qui ont relayé les récits de témoins et de participants aux manifestations. Des affrontements sanglants éclatent rue Saint Michel et Saint Severin, et des scènes sanglantes se répètent dans d’autres quartiers de Paris et de sa banlieue.

    La répression a été extrêmement féroce et brutale, selon les historiens britanniques, Jim House et Neil McMaster, qui ont décrit ce que les Algériens ont subi le 17 octobre dans leur livre « Les Algériens, la République et la Terreur de l’État », comme « la répression la plus violente d’une manifestation en Europe occidentale dans l’histoire contemporaine. » .

    Les historiens et les écrivains qui ont été témoins des événements mentionnent que la police a arrêté environ 12 000 Algériens et les a détenus dans des commissariats de police et dans des camps qu’elle a spécialement aménagés pour eux, au Palais des Sports de Paris et au Palais des Expositions, et qu’ils y ont été interrogés, humiliés, battus, torturés et tués, selon les témoins.

    Les autorités françaises ont également expulsé des milliers de travailleurs algériens de Paris et de sa banlieue vers l’Algérie, en raison de leur participation aux manifestations.

    Les relations franco-algériennes en bref

    1830 – La France occupe l’Algérie, mettant fin à 3 siècles d’autonomie au sein de l’Empire ottoman.
    De 1939 à 1945 – l’effondrement de la France et son occupation par les Allemands, et l’occupation anglo-américaine de l’Afrique du Nord pendant la Seconde Guerre mondiale ravivent les espoirs d’indépendance des Algériens.
    1945 – Des manifestations pour l’indépendance éclatent à Sétif, et des milliers de personnes sont tuées lorsque les Français répriment les troubles qui ont éclaté après les manifestations.
    Janvier 1957 – La bataille d’Alger commence lorsque les parachutistes français utilisent la torture pour obtenir des informations sur le Front de libération.

    Mai 1958 – L’armée française soutient le soulèvement des colons, l’effondrement de la Quatrième République en France et le retour au pouvoir du général Charles de Gaulle.
    Janvier 1960 – Les colons se rebellent contre les démarches de de Gaulle pour négocier avec le FLN.
    L’échec de la tentative de coup d’État d’avril 1961 par des généraux de l’armée française à Alger.
    Mars 1962 – La France et le Front de libération nationale signent un armistice. Et l’organisation de l’armée secrète, composée de colons et de déserteurs, met le feu aux villes algériennes pour tenter d’empêcher l’indépendance.

    Juillet 1962 – L’Algérie déclare son indépendance, et un million d’Européens appelés « pieds noirs » fuient vers la France. Et l’Algérie annonce qu’un million d’Algériens sont morts pendant la guerre.
    1975 – Valéry Giscard d’Estaing devient le premier président français à se rendre en Algérie indépendante. En 1982, Chadli Bendjedid effectue sa première visite officielle en France.
    Mars 2003 – L’ancien président français Jacques Chirac reçoit un accueil chaleureux en déclarant que le passé troublé doit faire place à la réconciliation.
    Juillet 2006 – L’ancien président algérien Abdelaziz Bouteflika déclare dans un discours que la domination de la France sur l’Algérie était l’une des « formes de colonialisme les plus barbares de l’histoire ».
    Juillet 2007 – Le président français élu Nicolas Sarkozy défend son refus de s’excuser pour les pratiques coloniales, affirmant que les dirigeants doivent se concentrer sur l’avenir.
    Novembre 2007 – Le leader des anciens combattants, Mohamed El-Said Abado, demande à Paris de s’excuser pour son passé colonial.

    BBC, 09/10/2021