Étiquette : Mémoire

  • Algérie-France: M (Edito de Reporters)

    La nation pour être créée, ou pour se perpétuer, a toujours besoin de repères intangibles grâce auxquels l’union des citoyens est acquise. La mémoire (M) collective en est un, et la date historique célébrée hier a été une occasion de le rappeler. Le 8 mai 1945 ne peut pas, et ne doit pas, être un événement anodin, que certains négligent pour, souvent, des raisons futiles. Les milliers de victimes du colonialisme français liées à ce jour ne peuvent être mis de côté ou oubliés. Même si cette date a souvent été instrumentalisée par les officiels, cela n’enlève pas de son importance. La mémoire est collective, et elle touche tous les Algériens. Il est impératif d’insister, pour ceux qui l’auraient oublié, qu’il s’agit d’un effroyable crime contre l’humanité dont étaient victimes des milliers d’Algériens. Le sang versé est loin d’être un « détail » de l’histoire du pays.

    Même si cela reste malheureusement dans un sens vertical, en provenance du pouvoir, mais il est tout à fait louable de commémorer, hier, la Journée nationale de la mémoire. Une première depuis l’Indépendance. Ce sera ainsi toujours lié au 8 mai, et tant mieux. Il faut surtout espérer que les célébrations de cette journée, pour les prochaines années, se feront en dehors des cérémonies officielles. Il est primordial que tout le monde apprenne à se mettre dans le « bain ». Il s’agit de faire partager cette journée à tous les citoyens, et à tous les niveaux. La journée nationale de la mémoire ne peut pas être limitée aux festivités des officiels, dont les effets n’ont jamais dépassé le cadre des salles ou des monuments funéraires.

    D’ailleurs, la chaîne de télévision (lancée le 1er novembre dernier) dédiée à la Mémoire est loin d’être suffisante. Après six mois d’existence presque rien d’intéressant n’a été retenu des programmes diffusés.

    Tout ce qui a été fait, et ce qui se fera, n’aura que peu d’impact tant que les citoyens ne se sentent pas concernés. Les fautifs sont des deux « bords ». D’un côté, des officiels qui n’arrivent pas à suivre toutes les mutations mondiales et internes, et ne savent toujours pas comment interagir avec les Algériens. D’un autre côté, les citoyens sont gagnés par la sinistrose depuis longtemps et ont du mal à en sortir.

    Le dossier mémoriel est avant tout interne, algéro-algérien. Le valoriser à ce niveau est bien plus important que toutes les autres démarches.

    Reporters, 09 mai 2021

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  • Algérie/ Un génocide ignoré par la France officielle

    Algérie/ Un génocide ignoré par la France officielle

    Commémoration des massacres du 8 mai 1945

    L’Algérie a commémoré, hier le 76eme anniversaire des massacres du 8 mai 1945. Un génocide resté jusque-là impuni. En dépit de la reconnaissance par le président Emmanuel Macron des crimes coloniaux, qu’il avait qualifiés de crimes contre l’humanité, le rapatriement de crânes de résistants algériens et l’ouverture partielle des archives de l’ère coloniale, la France officielle continue d’ignorer un pan entier de son passé colonial.

    Les relations entre Alger et Paris qui sont de tout temps, basées sur le dossier de la mémoire, continuent d’évoluer sous les pesanteurs du passé. D’ailleurs dans un message à l’occasion de ce triste anniversaire, le chef de l’Etat M Abdelmadjid Tebboune a affirmé que « la qualité de notre relation avec la France est inséparable du dossier de la mémoire». Il a tenu à expliquer que «la qualité de nos relations avec la France ne peut se faire au détriment du dossier mémoriel qui est non négociable» ajoutant à ce propos que plusieurs chantiers restent ouverts, tels celui de la récupération du reste des crânes des résistants, les archives, le dossier des disparus et l’indemnisation des victimes des essais nucléaires dans le Sud.

    Dans son message le président Tebboune a ajouté que « le 08 mai 1945 est une date éternelle qui symbolise la martyr du peuple algérien et constitue également un tournant décisif qui montre le véritable visage de la colonisation ». Pour sa part, le Premier ministre Abdelaziz Djerad a indiqué que la journée nationale de la Mémoire, décrétée par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, garde les massacres du 8 mai 1945 « gravés dans notre mémoire » et « enracinés dans la conscience des Algériens ». « Ces massacres sont une commémoration lors de laquelle nous nous recueillons à la mémoire des chouhada et nous incitons les jeunes à s’inspirer des fondements de la personnalité nationale et à s’armer de volonté pour gagner la bataille d’édification des institutions afin de prémunir la patrie et préserver sa souveraineté », a-t-il indiqué sur son compte tweeter.

    S’exprimant à l’occasion de l’anniversaire des massacres du 8 mai 1945, l’historien Mohamed El Korso a qualifié ce sanglant épisode de « génocide ». « Ce génocide, qui ne dit pas sans nom et tel que perçu par les Algériens, ne trouve même pas sa place dans les fameuses +préconisations+ de Benjamin Stora dans son rapport sur la Guerre d’Algérie. Des impasses y ont été faites sur nombre de questions dont celle du 8 mai 1945 », a déclaré M. El-Korso à l’APS, à l’occasion de la commémoration du 76ème anniversaire de ces tragiques événements. Il relève, à ce propos, une « approche sélective quant aux méfaits de la colonisation », déplorant également que le document « privilégie, entre autre questions, celles du déplacement des harkis et de leurs enfants entre la France et l’Algérie, des enlèvements et assassinats d’Européens en 1962 à Oran, ou encore la préservation des cimetières européens et juifs en Algérie ».

    Pour l’historien, le « rapporteur Stora et le président Macron sont dans leur rôle », rappelant que « même le président François Mitterrand a eu recours aux amnisties des généraux factieux alors que ses successeurs se sont distingués par la pratique politique du silence, des dérobades, des esquives et des demies-vérités. Le tout, au nom de la sacro-sainte +raison d’Etat ». ElKorso est allé jusqu’à comparer les massacres du 8 mai 1945 aux crimes nazis lors de la seconde guerre mondiale. « Au-delà des chiffres, il y a lieu d’évoquer la reconduction par la France coloniale des pratiques barbares auxquelles le nazisme a soumis les Français », renchérit l’historien.

    Par Arezki Louni

    Le Chiffre d’Affaires, 08 mai 2021

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  • Algérie/ Mémoire et reconnaissance (Edito du Moudjahid)

    La Journée nationale de la mémoire, instituée par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, marque un attachement viscéral à la reconnaissance des immenses sacrifices et de la lutte du peuple algérien contre le colonialisme. Le devoir de mémoire inaliénable est le fondement de la nouvelle Algérie attachée à la valorisation de son patrimoine historique et au rayonnement civilisationnel à la hauteur des valeurs de liberté et de progrès constamment défendues.

    La célébration dans la capitale des Hauts Plateaux du 76e anniversaire des massacres collectifs de Sétif, de Guelma et de Kherrata est donc une opportunité pour révéler le visage odieux de l’ordre colonial avide de génocide et de pillage des richesses. Elle est également l’expression d’une résistance séculaire d’un peuple épris de liberté. L’acte fondateur de Sétif a sonné indéniablement l’éveil de la conscience des peuples opprimés, consacré par le parachèvement du processus de décolonisation dont l’Algérie combattante a été le socle du renouveau afro-asiatique et latino-américain.

    La portée de la Révolution algérienne a fondamentalement contribué à la reconnaissance du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et de leurs ressources, entériné par la résolution 1514 du 14 décembre 1960 et, aujourd’hui à l’heure des reniements et du révisionnisme, érigé en source de légitimation pour les peuples pliant encore sous le joug colonial. Cette quête de liberté a contribué à la libération du peuple français des griffes du fascisme, valeureusement combattu par les combattants algériens dont près de 12.000 d’entre eux sont morts sur les champs de bataille en Europe, lorsque, au lendemain de la victoire sur le nazisme, la répression sauvage de la manifestation pacifique de Sétif a mis a nu le déni de reconnaissance et de justice enterré sous les décombres des villages bombardés au napalm, les rafles, les exécutions extrajudiciaires, les disparitions forcées, la torture et l’assassinat de masse.

    Plus de 61 ans après, le temps de l’occultation et du silence n’a plus sa place dans le vaste chantier de la réconciliation mémorielle. «Le président de la République français, qui prétend vouloir œuvrer à la réconciliation, aura la possibilité, à l’occasion des commémorations du 8 mai 1945, de faire en sorte que ses actes soient conformes à ses déclarations», a estimé dans un entretien accordé à l’APS l’historien et politologue Le Cour Grandmaison.

    Le processus en marche connaît certes des avancées incontestables attestées par le rapatriement des restes mortuaires de 26 résistants et la reconnaissance de l’assassinat des militants et des symboles de la Révolution. Mais, l’exigence d’un règlement global et définitif de la question mémorielle, réitérée par le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, Ammar Belhimer, est tributaire du devoir de vérité historique englué par une vision réductrice présentée dans le rapport de préconisation par l’historien Benjamin Stora occultant le génocide du 8 mai 1945 et les crimes coloniaux commis pendant plus d’un siècle de présence coloniale. Il ne peut y avoir de véritable réconciliation mémorielle sans une reconnaissance officielle, définitive et globale des crimes contre l’humanité dénoncés depuis longtemps.
    El Moudjahid, 08 mai 2021

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  • Algérie/ Un règlement global et définitif (Edito de Horizons)

    La commémoration du 76e anniversaire du génocide du 8 mars, resté impuni, signe la défaite inéluctable du colonialisme dont le caractère barbare n’a jamais été connu dans toute l’histoire de l’humanité. Le tournant historique a constitué le facteur déclencheur de la plus grande révolution dans le monde qui a pleinement consacré les valeurs de liberté et du droit à l’autodétermination pour tous les peuples soumis au joug colonial. Il a permis l’émergence du nouveau monde de Bandoung portant haut l’étendard du droit à l’indépendance et au développement équitable longtemps dénié par un système totalitaire, injuste et inégalitaire dont l’expression concrète s’est traduite par le refus d’un Nuremberg des crimes coloniaux contre l’humanité et des crimes de guerre.

    Précisément, les massacres et la violation massive des droits de l’homme commis contre un peuple revendiquant pacifiquement son droit absolu à l’indépendance interpellent la conscience mondiale sur la barbarie coloniale reproduisant, le jour même de la victoire sur le fascisme à laquelle les 60.000 combattants algériens ont contribué, les méthodes d’extermination, d’exécution sommaire, de torture, du bombardement des villages rasés au napalm, de l’incinération dans les fours crématoires…

    Le devoir de reconnaissance, clairement admis par les 4 présidents français dénonçant le système colonial injuste et les crimes contre l’humanité, représente en soi une victoire sur les décennies de silence, entérinées par le processus de réconciliation mémorielle. Des acquis importants jonchent cette nouvelle dynamique de rapprochement lancée par le président Abdelmadjid Tebboune et son homologue français. Elle est confortée par le rapatriement des restes mortuaires des 24 résistants et la reconnaissance de l’assassinat des symboles de la révolution.

    Mais il reste encore à faire pour appréhender dans toute sa dimension le contentieux colonial tributaire, comme le souligne opportunément le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, Ammar Belhimer, d’un règlement global du dossier mémoriel en attente d’une prise efficiente de la question des explosions nucléaires, de la remise des cartes d’enfouissement des déchets nucléaires, de l’indemnisation des victimes et de l’ouverture totale des archives.

    Par-delà une vision partielle et parcellaire contenue dans le rapport édulcoré de Benjamin Stora, la nouvelle Algérie est viscéralement attachée au devoir de mémoire érigé en socle incontournable à hauteur des sacrifices du peuple algérien victime. Elle entend favoriser une réconciliation qui passe par une «reconnaissance officielle, définitive et globale» des crimes coloniaux, dira le ministre de la Communication.

    Horizons, 08 mai 2021

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  • Algérie : L’énigme des fosses communes du 8 mai 1945

    Dans le souvenir du 8-Mai 1945, hommage à nos chouhadas. |

    Bonjour. Voilà arrivé un événement douloureux, et qui sera célébré par tous les Algériens, en particulier les wilayas de l’EST.
    Le 8 mai 45, « la France, pays de liberté, égalité et fraternité, mais surtout démocratie », avait utilisé une répression, qui provoqua l’extermination d’au moins 45.000 civils.

    Pour les autorités coloniales de l’époque, il fallait frapper fort pour dissuader toute nouvelle tentative de révolte…

    Soixante seize ans après les faits, cet épisode sanglant reste gravé dans la mémoire collective et les fosses communes demeurent un thème sur lequel universitaires et historiens se sont penchés pour « déterrer » des victimes exécutées et enterrées sommairement.

    Des moudjahidine et des témoins de ces faits relatent toujours cette ambiance d’apocalypse que la France coloniale avait réservée à des milliers et des milliers d’Algériens qui rêvaient de liberté… Gloire et éternité à nos valeureux martyrs.

    ALLAH YARHAM ECHOUHADAS EL ABRAR. Bonne journée.

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  • Algérie : La chaine dédiée à la Mémoire dévoilera la politique de la France coloniale

    Le chef de projet de la chaine dédiée à la Mémoire, Saïd Oulmi a déclaré que cette dernière «dévoilera par le son et l’image» la politique de la France coloniale, soulignant que son objectif est de simplifier au téléspectateur le legs historique pour contribuer à la promotion du lien intergénérationnel.

    Dans un entretien accordé à l’APS à la veille de la célébration de la Journée nationale de la Mémoire, M. Oulmi a souligné que cette chaine «dévoilera par le son et l’image la politique, exercées 132 ans durant par la France coloniale qui a fait usage de répression, d’outrage, de brutalité, de torture et de génocide», soulignant que les programmes qu’elle diffuse ont pour objectif de «simplifier à nos enfants le legs historique, de manière à promouvoir le lien intergénérationnel et partant établir une connaissance historique qui sert de base pour la citoyenneté».

    15 documentaires historiques, 23 documentaires sur le patrimoine, une série de 15 numéros de documentaires sur la religion et l’histoire, des portraits de moudjahidine et de chouhada, 08 films algériens, 5 feuilletons historiques, 06 émissions sur les grandes batailles, 35 programmes en langue française et plus de 300 autres courts programmes ont été diffusés sur cette chaine entre le 1er novembre 2020 et le 31 janvier 2021, a fait savoir le responsable.

    Oulmi a passé en revue des programmes de la chaine destinés aux enfants et aux jeunes, à l’instar de «Sur les traces de nos prédécesseurs», «Parlons histoire», «Apprends ton histoire» ainsi que d’autres programmes, dont «Des livres de mémoire», «Film et débat» et «Entre les lignes des traités».
    La chaîne «veille à simplifier l’information historique au grand public», a-t-il dit, considérant que les programmes diffusés sur la chaine «exigent du temps et une étude approfondie». Dans le traitement des sujets et des évènements, cette chaine a adopté une méthode académique qui se réfère aux témoignages vivants, aux documents, aux historiens, aux chercheurs et aux archives audiovisuels.

    La promotion du patrimoine matériel et immatériel étant une source vitale de la mémoire collective, le chef du projet de création de la chaîne dédiée à la mémoire collective, a salué les décisions prises par le président de la République, en l’occurrence l’institution du 8 mai journée nationale de la mémoire et la création d’une chaîne de télévision thématique dédiée à l’histoire et à la mémoire.

    Ces décisions «confirment la détermination de l’Etat à protéger et à préserver la mémoire et à lutter contre l’oubli», a-t-il soutenu. M.Oulmi s’est félicité de «l’adhésion du téléspectateur aux programmes de cette chaîne», notant que le quiz diffusé par la chaîne en ce mois de Ramadhan sous le thème «apprends ton histoire» a suscité une grande interactivité chez les téléspectateurs, avec un total de 35.000 à 40.000 participants/jour depuis le début du mois de Ramadhan».

    «Il s’agit là d’un point positif, d’autant que la chaîne en est encore à ses débuts et tente de s’imposer dans le domaine audiovisuel par la qualité de ses programmes», a-t-il ajouté. Dans une démarche visant à diffuser ses productions et programmes dans les fora internationaux, la chaîne compte contribuer à la création d’un festival du film documentaire, baptisé «médaille de la mémoire» pour «encourager la production de ce genre de films et créer un espace de rencontre pour les producteurs, les chercheurs et les historiens, outre des ateliers de production répondant aux standards internationaux», selon le même responsable.

    Revenant au programme de célébration de la journée nationale de la mémoire, prévue samedi, M. Oulmi a souligné que cette 8e chaîne de la télévision algérienne (TV 8) a élaboré une grille de programmes riche et diversifiée à laquelle le public peut participer via les nouvelles technologies de l’information et de la communication.

    A cette occasion, une journée ouverte sera organisée sous le thème «la mémoire nous unit» avec une diffusion en simultanée avec la chaîne III de la radio nationale, d’une durée de 30 à 45 minutes, axée sur le rôle du «système éducatif dans la simplification et la transmission de l’information historique», «le rôle de la recherche scientifique dans l’écriture de la mémoire collective» et «le rôle de la société civile, la presse, les musées et sites historiques dans la préservation de la mémoire».

    APS

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  • Il y a 76 ans, les Alliés remportaient la victoire sur l’Allemagne nazie

    Ce samedi 8 mai est commémorée la victoire des forces alliées sur l’Allemagne nazie en 1945 et la fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe.

    Après la victoire des Soviétiques sur les troupes allemandes à Berlin le 2 mai 1945, le IIIe Reich s’effondre. La reddition des Allemands est signée et les combats doivent cesser le 8 mai 1945 à 23h01.

    Si cette date acte la fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe, les combats se poursuivent en Asie et donneront notamment les bombardements atomiques américains sur Hiroshima et Nagasaki les 6 et 9 août 1945. Il faudra attendre le 2 septembre 1945 pour que la capitulation japonaise soit signée en baie de Tokyo à bord d’un navire américain pour que se termine réellement cette Seconde Guerre mondiale.

    En France, le parti communiste auréolé par son rôle dans la Résistance va confirmer en octobre lors de l’élection de l’Assemblée constituante les bons résultats obtenus lors des municipales d’avril. Il dépasse les 5 millions de voix et obtient 26,2% des suffrages exprimés, lui assurant 159 députés, deux fois plus qu’en 1936.

    En Algérie, ce 8 mai est aussi la date des massacres de Sétif – des milliers de morts lors d’une manifestation indépendantiste réprimée par les forces françaises à 300 km d’Alger – qui constituent les prémices de la guerre d’Algérie.

    La Marseillaise, 08 mai 2021

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  • Algérie-France/ Mémoires du 8 Mai : de l’abjection coloniale à l’impossible repentance

    par Boubakeur Hamidechi

    Au chevet de son histoire tourmentée, l’Algérie a toujours été perçue comme une entité humaine régulièrement exposée aux appétits d’un assujettissement à l’origine de l’affaiblissement chronique de sa souveraineté. Aussi, a-t-elle patienté durant quasiment plusieurs siècles avant de renouer avec l’esprit de la résistance et manifester violemment son refus à la moindre soumission. Une date majeure, après tant de révoltes inabouties, s’imposa au tournant du XXe siècle. Celle du 8 Mai 1945 qui allait inaugurer l’épopée ponctuée par la révolution de novembre 1954 et l’accouchement douloureux d’une indépendance en 1962. Une indiscutable identité nationale allait s’imposer qui lui permet alors de se prévaloir d’une pérennité à toute épreuve n’ayant plus rien à envier à celles parmi les nations les plus célèbres. Autant dire donc qu’un État qui fut capable de ressurgir après des ères d’enfouissement à la marge de l’Histoire devrait, en toutes circonstances, valoriser ses anniversaires afin de les opposer à ceux du vis-à-vis historique, cet « ennemi complémentaire » qu’était la France coloniale comme le qualifia pertinemment l’anthropologue Germaine Tillon.

    En effet, les peuples de France comme ceux de l’Algérie sont, de nos jours encore, soumis à des comparaisons se traduisant parfois dans la similitude des dates à honorer. Une démarche officielle que le calendrier avait sanctifiée mais qui, à ce jour, symbolise deux événements différents. C’est ainsi que la date du 8 Mai 1945 croise deux faits majeurs ayant donné lieu à la plus mortifère confrontation entre deux peuples dont l’un revendiquait la liberté et, pour mieux dire, l’indépendance, alors que l’autre recevait la sienne sans y avoir contribué tout en poussant l’ignominie à priver de toute respectabilité humaine ces indigènes-là. Une date bicéphale venait de naître sur d’horribles charniers tout en faisant des génocidaires du moment des récidivistes à partir de novembre 1954. C’est pourquoi le temps des colonies fut lui aussi frappé du sceau de la négation de « l’autre » et qu’à la suite de cet aveuglement haineux s’ajouta, au fil des ans, l’organisation de la terreur que les milices coloniales entretinrent en collaboration avec l’armée. Ce n’était pas uniquement l’impunité qui fit son entrée mais aussi de nouvelles méthodes pour guerroyer.

    Quelques années de cela, des révélations odieuses eurent lieu à ce sujet sans que cela ait dû modifier quelques arguments moraux chez les dirigeants de l’ex-empire. Du boucher Aussaresses jusqu’aux soldats de plomb qui flinguaient de paisibles bergers et violaient de pubères paysannes cachées dans leurs gourbis, tout cela n’a pas ébranlé la moindre conscience des dirigeants. À l’inverse, la description de ces enfers aiguisa certaines plumes de romanciers qui firent de ces révélations glauques l’éloge de ces « caporaux patriotiques ». Mais alors, pourquoi avait-on simulé la découverte de ces infamantes pratiques alors que ces réalités étaient déjà de notoriété journalistique en leur temps ? Celles, entre autres, des opérations de liquidation durant les événements du 8 Mai 1945 ont été abondamment décrites dans le monumental ouvrage d’André Mandouze consacré à « la question nationale et politique algérienne 1919-1951 ».(1)

    En reprenant quelques rares témoignages, André Mandouze mit l’accent sur le travail d’investigation d’un journaliste de l’époque lorsque celui-ci se décida à la dénonciation. « Jamais, écrivait ce dernier, depuis l’an 1842 et le maréchal de Saint-Arnaud l’Algérie n’avait connu, même aux jours les plus sombres de son histoire, de répression plus féroce contre un peuple sans défense ». Il écrira par la suite ceci : « … Sur les routes, à travers les sentiers, dans les champs, dans les rivières et dans les ravins, ce n’était partout que cadavres entrouverts où s’engouffrait la gueule sanglante des chiens affamés… Çà et là des villages entièrement rasés, éléments d’une humanité primitive fuyant sous les balles meurtrières des civilisés !!! ». C’était donc en ces mots que ce témoin exprimait sa douleur et son indignation.

    Certes, ces crimes foncièrement racistes ne doivent pas se réduire à la barbarie coloniale du 8 Mai. En 1959, ils se sont plutôt industrialisés avec l’apport des méthodes de l’armée. Déjà, à notre date de référence, la très sérieuse revue Les temps modernes révélait les témoignages des torturés indiquant que les exécutions sommaires de leurs malheureux compagnons étaient de parfaits crimes de guerre que rien ne justifiait.

    Or, de cette réalité ancienne, quelques réseaux de moudjahidine eurent l’idée d’exiger de la France une réparation, morale seulement, laquelle était susceptible d’instruire un dossier algérien grâce auquel le principe d’une repentance serait validé. L’initiative avait été aussitôt écartée par l’organisation idoine sur injonction du régime et pour cause, trop de connivences politiciennes étaient hostiles à tout démarchage sur la base de l’éthique. Argumentant sur cet aspect, la parole officielle trouva irréaliste le fait d’exiger pour soi une quelconque repentance, comme si l’Algérie et sa guerre de libération étaient suffisamment habilitées à devenir les dépositaires exclusifs du malheur colonial. Tout au plus, laisse-t-on entendre, l’Algérie aurait dû ou pu se rapprocher d’autres tribunes des nations pour rétablir toutes les vérités historiques, si réellement les précédents dirigeants avaient le souci de la mémoire collective que l’on voulait réhabiliter à présent, nous dit-on. En attendant, c’est de notre propre indigence dans ce domaine que l’Algérie souffre. Hélas, pas une seule idée allant dans le sens actuel et universel des dénonciations raciales et quasi-esclavagistes n’a émergé opportunément chez nous. Se cantonnant dans les laborieuses négociations algéro-françaises, ne s’est-elle pas condamnée à clarifier une suspecte « guerre civile » ? Cette dernière formule est certes troublante par ses connotations, en tout cas c’était ce qu’a toujours laissé entendre l’Élysée tout au long de nos 60 années d’émancipation. C’est dire que même le concept de repentance est réfuté officiellement tout en irritant l’opinion de la rive nord de la « mare » qui nous sépare.

    Certains commentateurs parmi les plus influents ne se révélèrent-ils pas à ce propos d’une remarquable agressivité dans leurs écrits ; eux qui estimèrent il y a quelque temps que l’Algérie transgressait une « certaine bienséance hiérarchique ». En clair, c’était l’empire qui sermonnait les pékins ayant pris du grade grâce à la vieille dame de l’Europe.

    Quand bien même l’on sait que « comparaison n’est jamais raison », ces journalistes en verve ont tout de même pris bien soin de faire le parallèle entre une hésitante préoccupation des dirigeants algériens lorsqu’ils abordent le passif du pays à la suite des méfaits de la colonisation et la manière dont avait été soldée ici une guerre civile sans imposer une quelconque repentance aux terroristes amnistiés. Deux arguments mis en parallèle qui ont fait mouche par la pertinence du raisonnement et surtout ont fait mal à notre dignité nationale.

    Il est vrai que même les célébrations simultanées du 8 Mai 1945 n’ont jamais été des dates en partage entre la France et l’Algérie mais demeurent plutôt des abcès de fixation qu’aucun des deux pays n’a jusque-là crevés.
    B. H.

    (1) André Mandouze, professeur d’université à Alger dans les années 1950 puis doyen de cette institution du supérieur en 1962.

    Le Soir d’Algérie, 08 mai 2021

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  • Algérie-France/Pérenniser la mémoire (Edito du Moudjahid)

    Algérie-France/Pérenniser la mémoire (Edito du Moudjahid)

    L’Algérie commémore, aujourd’hui, le souvenir douloureux des massacres du 8 mai 1945. Une tragédie qui avait mis à nu l’abominable visage de la colonisation française. Et ce ne fut pas la seule.

    Durant 132 années, des crimes imprescriptibles avaient été commis, malgré de vaines tentatives de la part des pouvoirs coloniaux successifs de les occulter. Le 8 mai 1945, alors que le monde occidental célébrait la fin de l’horreur nazie, les Algériens voulaient participer à cette liesse, en brandissant le drapeau national et revendiquant leur droit à l’autodétermination. Ils en payèrent un lourd tribut. Rien ne leur fut épargné : fours à chaux du colon Marcel Lavie à Héliopolis, où furent incinérés des dizaines de cadavres abattus sauvagement par les gendarmes, l’armée, la police et les milices, brutalités bestiales, exécutions sommaires, chasses à l’homme à Sétif, à Guelma, à Kherrata et dans d’autre régions du territoire. 45.000 Algériens, voire davantage, furent massacrés impitoyablement.

    Ces évènements sanglants ont été le prélude à une étape fondamentale de l’histoire de l’Algérie, celle du déclenchement de la lutte armée qui aboutira, au prix de sanglants sacrifices, au recouvrement de l’indépendance et à la souveraineté. Les exigences de la conjoncture que nous vivons rendent indispensable la nécessité de fortifier un legs historique susceptible de faire face à des tentatives de falsification des faits, à un «révisionnisme» orchestré par des forces nuisibles et hostiles dont la vérité fait toujours mal.

    Le Président Abdelmadjid Tebboune a décrété, en 2020, le 8 mai 1945, Journée nationale de la Mémoire, et la journée du 27 mai, Journée nationale des Scouts musulmans algériens, vivier toujours renouvelé de patriotisme. Ce sont-là des décisions hautement symboliques vivement appréciées par les citoyens qui prennent acte de l’intérêt significatif accordé à l’histoire, à la nécessité de mettre son écriture, son enseignement et sa médiatisation au cœur du renforcement du sentiment d’appartenance nationale.

    Le ministère des Moudjahidine et des Ayants droit a affirmé, à ce titre, que la célébration de cette journée n’est pas exclusive aux seuls massacres du 8 mai 1945, mais embrasse toute la période de 1830 à 1962.

    Des procédures sont en cours de finalisation, pour lancer des plateformes numériques sur l’histoire de l’Algérie, depuis son invasion en 1830, afin que la matière historique soit accessible à toutes les franges de la société, voire à l’étranger. L’ouverture du champ de l’histoire à toutes les tendances est une richesse et un excellent capital mémoriel. C’est cela qui permet de contrecarrer les tentatives irrationnelles de groupes de nostalgiques, des lobbies épars qui s’ingénient à glorifier «les bienfaits» de la colonisation, à vouloir accréditer des thèses frappées d’un affligeant aveuglement que rien ne justifie, encore moins les verbiages stériles de folliculaires qui s’échinent à leur donner de la tonalité.

    La mémoire collective est un fait vital et impératif qu’il faut savoir fructifier, pour se projeter dans un avenir stimulant et inspirateur.

    El Moudjahid, 08 mai 2021

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  • Macron doit reconnaitre les massacres du 8 mai 1945 comme des crimes contre l’humanité

    ALGER – L’historien et politologue français, Olivier Le Cour Grandmaison, a appelé le président Emmanuel Macron à reconnaitre de « façon précise et circonstanciée » les crimes commis le 8 mai 1945 en Algérie par la France coloniale comme étant des « crimes de guerre et contre l’humanité ».

    Dans un entretien accordé à l’APS, M. Le Cour Grandmaison a indiqué que « le président de la République française, qui prétend vouloir œuvrer à la réconciliation (des Mémoires), aura la possibilité, à l’occasion des commémorations à venir des massacres du 8 mai 1945 en Algérie, de faire en sorte que ses actes soient conformes à ses déclarations ».

    « Pour cela, il faudrait qu’il reconnaisse, de façon précise et circonstanciée, que les crimes commis alors furent des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité comme le prouve l’article 212-1 du nouveau Code pénal (français) », a encore expliqué le docteur en Sciences politiques et enseignant dans cette discipline à l’université et aussi auteur de plusieurs ouvrages sur la colonisation française.

    Il a précisé, à ce titre, que « les rafles, les tortures, les exécutions sommaires, les disparitions forcées commises à l’encontre de la population civile (en Algérie) l’ont été en exécution d’un plan concret », soulignant que les « éléments constitutifs du crime contre l’humanité sont donc bien réunis ainsi que l’ont établi depuis longtemps les historiennes et les historiens qui ont étudié ces massacres ».

    Pour cet historien et politologue, « la justice le réclame et les descendants des victimes, les héritiers de l’immigration coloniale et postcoloniale, qu’ils soient français ou algériens, l’attendent depuis longtemps et le revendiquent sans être entendus ».

    En ce sens, il a estimé que si 76 ans après ces événements douloureux, la réconciliation des Mémoires entre l’Algérie et la France bloque, « la responsabilité première de cette situation incombe d’abord et avant tout aux différents chefs d’Etat français et, présentement, au président Emmanuel Macron ».

    « Proposons donc à Macron de profiter de la date du 8 mai 2021 pour admettre enfin cela. Il sera ainsi fidèle à la déclaration qu’il avait faite le 16 février 2017 en Algérie alors qu’il était candidat à l’élection présidentielle », a rappelé M. Le Cour Grandmaison.

    Commentant les crimes perpétré à Sétif, Guelma et Kherrata, il a tenu à rappeler que le 8 mai 1945, le jeune scout algérien Saâl Bouzid, assassiné par un policier français à Sétif, était « coupable d’avoir osé manifester pacifiquement, en portant le drapeau de l’Algérie indépendante avec plusieurs milliers d’autres +indigènes+ ».

    Il a en outre rappelé que les émeutes qui avaient gagné tout le Constantinois, avaient fait des milliers de victimes, « arrêtées, torturées et exécutées sommairement pour rétablir l’ordre colonial imposé par la France et terroriser de façon durable les autochtones », expliquant qu’il s’agissait pour les forces coloniales « d’agir vite et puissamment pour juguler le mouvement ».

    Il a aussi précisé que les ordres émanaient du général Raymond Duval qui commandait les troupes dans cette région et avaient été appliqués à la lettre car « la France libre était prête à tout pour défendre l’intégrité de son empire jugée indispensable à son statut de grande puissance ».

    A une question sur le rapport de l’historien français Benjamin Stora qui s’est montré évasif sur les massacres du 8 mai 1945, alors que ses recommandations demeurent muettes sur les crimes commis par l’armée coloniale, M. Le Cour Grandmaison a rétorqué : « Maintenant que le rapport est en possession du président Macron, la responsabilité est désormais exclusivement la sienne. Encore une fois, le problème n’est plus l’établissement précis des faits, celui de l’enchaînement des événements et des éléments de contexte national et international qui ont conduit à ces massacres. Le problème n’est pas non plus celui de la qualification juridique de ces massacres, n’en déplaise à certains », a-t-il relevé.

    « L’article précité du Code pénal le prouve. Rappelons, et c’est pour moi l’occasion de lui rendre une nouvelle fois hommage, que l’avocate bien connue, Nicole Dreyfus, s’était depuis longtemps prononcée en ce sens », a-t-il noté, précisant que « le problème est donc uniquement un problème politique et il appartient à Macron de l’affronter pour le résoudre enfin en reconnaissant ce qui a été perpétré à partir du 8 mai 1945 en Algérie », a conclu M. Le Cour Grandmaison dont le dernier ouvrage (Ennemis mortels) est paru en 2019 aux éditions La Découverte.

    APS, 07 mai 2021

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