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  • IXème réunion informelle sur le Sahara: Discours introductif

    IXème réunion informelle sur le Sahara: Discours introductif

    Tags : Sahara Occidental, Maroc, processus de paix, négociations, réunions informelles,

    C’est la première fois qu’il m’est donné d’être parmi vous, et de participer à une réunion informelle sur le Sahara marocain. Je ne pourrais donc pas débuter cette rencontre sans rendre un hommage appuyé à l’engagement de Monsieur l’Envoyé Personnel, Son Excellence Monsieur l’Ambassadeur Christopher Ross et saluer les efforts qu’il ne cesse de déployer en vue de parvenir à une solution mutuellement agréée au différend régional sur le Sahara marocain.

    Je me réjouis, également, de la présence parmi nous des deux pays frères et voisins, la Mauritanie et l’Algérie, et que le Conseil de Sécurité a appelés à coopérer avec l’ONU et les autres parties pour œuvrer au règlement définitif du différend.


    I. Une participation inédite d’un Maroc nouveau

    1. Ma participation à cette réunion informelle n’est pas fortuite, ni anodine. Vous le savez, elle intervient suite à un long processus, enclenché par mon pays depuis le Discours historique de Sa Majesté le Roi Mohammed VI du 9 mars 2011.

    2. Ce processus a d’abord été marqué par l’adoption, le 1er juillet dernier, d’une Constitution moderne et démocratique. Ce texte est inédit par la méthode de son élaboration, celle de l’association, de la participation et de la contribution de l’ensemble des forces vives de la Nation, partis politiques, syndicats et organisations de la société civile, y compris de la jeunesse. Mais ce texte est inédit, également, de par son ampleur, et de par l’extraordinaire éventail d’acquis qu’il consolide, de valeurs qu’il consacre, et d’opportunités qu’il offre.

    3. Après avoir sensiblement modifié sa Loi fondamentale, après s’être doté de l’ensemble des garanties et des mécanismes propres à une démocratie réelle et effective, le Royaume a procédé à l’organisation d’élections législatives anticipées, jugées par tous comme étant libres et transparentes.

    4. Ces élections ont vu la victoire d’un parti qui n’avait jamais, jusqu’alors, participé à l’exercice du pouvoir. Elles ont porté au gouvernement une coalition inédite. Ce sont elles qui m’ont amenées ici et qui me donnent l’occasion de participer à cette réunion informelle.

    5. C’est donc fort de cette légitimité populaire et porteur des aspirations de la société marocaine que je m’exprime devant vous aujourd’hui. Pour autant, et vous le savez sans doute, le différend régional sur le Sahara marocain est une question nationale pour le Maroc. A ce titre, elle fait l’objet d’une véritable unanimité, d’un réel consensus et d’une vision, de principes et d’objectifs partagés par l’ensemble des composantes de la Nation. Elle dépasse les clivages politiques, transcende les oppositions partisanes, ignore les divergences entre les différentes sensibilités de la société marocaine.

    6. C’est donc dans une continuité totale avec les exercices précédents et dans la droite lignée des efforts déployés, jusqu’ici, dans le cadre de ce processus de négociations, que je me place aujourd’hui, avec force et sans ambiguïté.


    II. Un contexte régional qui consacre l’urgence du règlement

    1. Je voudrais, à ce titre, réaffirmer le ferme engagement du Royaume du Maroc, et le mien, à œuvrer, de manière résolue, à la réussite du processus de négociations dans lequel nous sommes ici engagés, afin de trouver une solution politique, négociée et mutuellement acceptable au différend régional sur le Sahara marocain.

    2. Cet engagement est d’autant plus fort et résolu que le contexte national, bilatéral et régional actuel a subi des modifications profondes, qui non seulement appellent à un règlement urgent du différend, mais ouvrent, également, un momentum important en créant des conditions propices pour cette résolution.

    3. Le contexte national est celui d’un Maroc en mouvement, qui a connu des réformes de grande ampleur dans la période récente, vers davantage de démocratie, de droits et de libertés. La nouvelle constitution est une véritable charte des droits de l’Homme, dans leur acception universelle et consacre, avec force, la diversité de la société marocaine dans toutes ses composantes, y compris la culture hassanie. Elle constitutionnalise, également, la régionalisation avancée, qui permettra la mise en œuvre d’une gouvernance efficace, au plus près des aspirations et des besoins des populations locales, y compris au Sahara.

    4. Le contexte bilatéral entre le Maroc et l’Algérie sœur est, quant à lui, marqué par un réchauffement significatif des relations entre ces deux pays voisins. Les échanges de visites ministérielles entre nos deux pays, ainsi que ma visite à Alger en janvier dernier traduisent une volonté nette d’aller vers une normalisation des relations bilatérales. Ils nous ont permis d’approfondir la coopération existante et de l’élargir à de nouveaux secteurs de coopération. Des décisions concrètes ont ainsi été entérinées, et notamment la conclusion d’un mémorandum d’entente qui prévoit des consultations politiques régulières entre les deux Ministres des Affaires Etrangères ou encore la coordination entre les Représentants Permanents auprès des Nations Unies.

    Permettez-moi, à cet égard de remercier Monsieur l’Envoyé Personnel pour son implication personnelle et résolue en faveur de l’amélioration des relations maroco-algérienne. Vous êtes loin d’être étranger à la dynamique actuelle et vos efforts ont été cruciaux dans l’émergence de cet esprit positif et constructif.

    5. Le contexte régional est, lui, aussi, particulièrement propice au règlement de ce différend.

    D’abord, la situation sécuritaire est des plus inquiétantes, en raison des événements récents survenus au Mali ou encore l’enlèvement des trois ressortissants européens dans les camps de Tindouf, en Algérie.

    6. Ensuite et surtout, à l’heure où le monde arabe, et plus particulièrement l’Afrique du Nord, traverse une période cruciale de son histoire contemporaine et connaît des bouleversements majeurs, les peuples de la région ne peuvent plus se satisfaire d’un statu quo synonyme de rivalités stériles et d’antagonismes inutiles. Ils nourrissent, aujourd’hui plus que jamais, l’espoir de vivre enfin dans le cadre d’un nouvel ordre maghrébin, fondé sur la coopération, la complémentarité et la solidarité, au bénéfice des 5 pays frères de la région. C’est à la faveur de ces transformations qu’a eu lieu, le 18 février, une réunion des Ministres des Affaires Etrangères de l’UMA, qui a consacré un engagement clair et ferme pour la relance de l’organisation sous-régionale et prévu la tenue d’un Sommet au deuxième semestre de l’année 2012.

    7. A la faveur de ce momentum historique, l’heure est ainsi à la relance et à l’approfondissement du processus de négociations. Le coût incommensurable du statu quo interpelle notre conscience et notre responsabilité collective. Trop de temps a d’ores et déjà été perdu, trop d’énergie gaspillée, trop d’efforts gâchés.

    8. Pendant ce temps, de bien nombreuses familles continuent à vivre dans la douleur et la souffrance de la séparation. Des dizaines de milliers de vies continuent à être gâchées par des rêves impossibles, des horizons bouchés, des projets avortés, des espoirs mort-nés. Pendant ce temps, le manque à gagner au niveau économique, politique, humain, social et environnemental du non Maghreb se fait ressentir, de jour en jour, de plus en plus pressant.


    III. Constance, légitimité et légalité des fondamentaux de la position marocaine

    1. Si nous sommes réunis ici, aujourd’hui, dans le cadre de ce processus de négociations, c’est parce que nous n’avons pas pu faire autrement. Parce que aucune des entreprises précédentes n’a permis de régler le différend. Parce que l’ensemble des initiatives, des plans et des solutions lancés par le passé se sont révélés inapplicables. Et parce que la communauté internationale a choisi de nous mettre face à nos responsabilités pour que nous puissions faire émerger une solution négociée à ce différend régional.

    2. En réponse à cette attente, et face à un blocage qui risquait de durer indéfiniment, le Royaume du Maroc a présenté, en avril 2007, avec courage, audace et lucidité, son initiative d’autonomie, proposition de compromis pour laquelle mon pays a déployé d’énormes efforts et consenti d’importantes concessions.

    3. Cette proposition est le fruit d’un processus participatif et inclusif, associant l’ensemble des forces vives de la Nation marocaine, et doublé de larges consultations à l’international.

    4. L’initiative d’autonomie est une proposition substantielle. Elle est conforme à la légalité internationale, et satisfait pleinement l’exercice du droit à l’autodétermination. Elle répond totalement aux standards internationaux dans la mesure où les larges compétences attribuées à la région du Sahara permettront à ses populations de prendre en main leur avenir, de gérer la chose publique locale, dans le cadre d’un Maroc uni et solidaire. Elle offre, ainsi, un éventail de garanties, nombreuses et importantes, qui faciliteront la mise en œuvre de la solution finale à ce différend régional.

    5. Plus encore, cette initiative s’inscrit en parfaite harmonie avec le projet de société du Maroc nouveau, un Maroc qui est aujourd’hui pleinement en mesure d’assumer une mise en œuvre effective du Plan d’autonomie. Le Maroc de la nouvelle ère constitutionnelle est doté des mécanismes nécessaires pour assurer une application de cette proposition. L’équilibre des pouvoirs, la promotion des droits de l’Homme dans leur acception universelle, la bonne gouvernance et la reddition des comptes sont autant de principes gravés dans le marbre constitutionnel et traduits dans des mécanismes institutionnels concrets qui permettront une mise en œuvre optimale de cette initiative ambitieuse.

    6. Il s’agit, également, d’une initiative de paix, d’une solution gagnant/gagnant qui appelle à la réconciliation globale et fraternelle entre familles et tribus et représente une opportunité historique de mettre un terme aux souffrances et à l’exil des populations qui ont pâti des affres de la guerre et de la privation.

    7. Il est indéniable que c’est cette initiative qui a incité le Conseil de Sécurité à demander aux parties d’ouvrir des négociations, faisant ainsi naître une dynamique positive, à l’origine du processus actuel. Cette dynamique démontre clairement que cette initiative offre effectivement une chance historique de régler ce différend de manière définitive.

    8. L’initiative marocaine n’est pas à prendre ou à laisser. Elle est perfectible et négociable, et nous réitérons ici notre disposition à en discuter. Elle constitue, cependant, la base la plus appropriée à une solution politique définitive, et représente un véritable compromis entre les positions initiales des parties.

    9. L’approche du Maroc, et les fondamentaux de sa position, ont d’ailleurs été validés par le Conseil de Sécurité, à travers la consécration de nouveaux paramètres de négociation. Le réalisme et l’esprit de compromis ont été introduits. L’exigence de trouver un accord politique négocié et mutuellement acceptable a été confirmée. La reconnaissance des efforts sérieux et crédibles déployés par le Maroc à travers son initiative d’autonomie a été entérinée. La nécessité, pour les parties, de s’engager dans des négociations intenses et substantielles a été réaffirmée. L’exigence d’une implication des Etats voisins a été établie.

    10. Plus encore, le concept d’autodétermination, tel qu’il a évolué au cours des dernières décennies, est conforme à l’acception marocaine de ce concept. Il s’agit, en effet, d’un droit qui, dans sa pratique, sa doctrine et son référentiel juridique est éminemment souple et évolutif. Faut-il le rappeler, le droit à l’autodétermination est un concept flexible, aux débouchés multiples et dont la satisfaction ne passe pas nécessairement par l’organisation d’un référendum. Le référendum d’autodétermination est, d’ailleurs, une pratique minoritaire des Nations Unies, qui n’ont, depuis 1960, réglé que 5 des 64 cas de territoires non autonomes ou sous tutelle par ce biais.


    IV. Un processus de négociations à la croisée des chemins

    1. Le processus de négociations dans lequel nous sommes engagés a permis de réaliser des avancées non négligeables, malgré les difficultés nombreuses et les obstacles multiples rencontrés tout au long du chemin.

    2. Sous la conduite de M. Van Walsum, tout d’abord, qui était parvenu à la conclusion que nous connaissons tous, au terme de plus de deux ans de mandat.

    3. Sous le leadership de M. Ross, ensuite, qui, en modifiant le format des rencontres, en lançant de nouvelles thématiques, puis en mettant en œuvre les approches innovantes, est parvenu à lever certains malentendus, à favoriser une meilleure compréhension réciproque et à permettre la tenue de discussions dans un climat de respect mutuel.

    4. Toutefois, de nombreuses interrogations subsistent et de nombreuses attentes, aspirations et expectations sont restées lettre morte.

    5. Le temps est ainsi venu de franchir un nouveau palier dans le processus de négociations au sein duquel nous sommes engagés.

    6. Ce processus doit donc, désormais, être renforcé dans ses modalités, accru dans son rythme et diversifié dans son agenda pour qu’il se révèle véritablement utile et productif.

    7. De la même manière, il est aujourd’hui, plus que jamais, souhaitable que nous assistions à une implication de l’ensemble des bonnes volontés dans nos discussions, notamment, celle de nos frères algériens, afin que nous puissions tirer pleinement profit du format informel de nos débats.

    #Maroc #Sahara_Occidental #Réunions_informelles

  • Algérie-Espagne: Les négociations sur le prix du gaz se poursuivent

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    Si le prix du gaz algérien livré à l’Espagne est appelé à augmenter, conformément aux accords conclus entre les deux pays, les négociations sur ce dossier restent toujours difficiles à mener par la partie espagnole dont le groupe énergétique Naturgy est en train de manœuvrer dans une position inconfortable face à la guerre en Ukraine qui a chamboulé le marché et, surtout, face à des relations politiques algéro-espagnoles frappées par la crise depuis le revirement du Premier ministre de ce pays dans la question du Sahara occidental.

    Le groupe espagnol, partenaire de Sonatrach dans la gestion des approvisionnements à travers le gazoduc Medgaz, ne manifeste, certes, aucune inquiétude sur la sécurité des approvisionnements de son pays, dont la consommation gazière dépend grandement du gaz qui lui est acheminé par l’Algérie. Sur ce registre des relations commerciales entre les deux pays, le Président de Naturgy, Francisco Reynés, se montre plutôt rassurant auprès de ses clients locaux. Ce dernier vient d’ailleurs de s’exprimer à nouveau sur la garantie de l’approvisionnement de l’Espagne en gaz algérien en évoquant les contrats qui lient son groupe à Sonatrach jusqu’à 2032.

    Mais sur le volet des nouveaux prix qui accompagneront ces contrats, M. Reynès affiche plutôt de la retenue, et ne cache pas la complexité qui caractérise les négociations. Celles-ci portent sur une période de trois années allant de 2022 à 2024, et elles ont déjà débuté depuis l’automne dernier, dans une période où l’Espagne jouissait encore d’un traitement de faveur de la part de l’Algérie, aussi bien en matière de livraisons qui allaient être renforcées par voie du Medaz après la fermeture du gazoduc GME, qu’en matière de prix maintenus sans augmentation.

    Mais ces négociations, menées dans une atmosphère d’amitié et de coopération énergétique exemplaire entre les deux pays, n’ont pu résister à l’impact du changement de cap du chef de gouvernement espagnol dans la question sahraouie. Elles se sont retrouvées quasi-inévitablement embarquées dans le froid diplomatique entre les deux pays, même si les hautes autorités espagnoles tentent de minimiser cet impact, répétant qu’il est question simplement d’une révision du contrat déjà conclu avec l’Algérie.

    Dans cette période où l’ensemble des pays européens tentent de trouver de nouvelles opportunités d’approvisionnement gazier pour s’affranchir de la dépendance russe, le patron Naturgy se réjouit qu’«à court terme, en Espagne, nous avons des avantages. L’un est un important potentiel de regazéification et l’autre une liaison privilégiée avec l’Algérie».

    Mais M. Reynès ne manque pas d’évoquer les conséquences géopolitiques de l’heure sur ces avantages.

    Il précise néanmoins que l’évolution des prix obéit à d’autres facteurs. En ce sens, si la durée des contrats est garantie sur le long terme, selon la formule «take or pay», la courbe des prix appliqués est régie par un accord révisable tous les trois ans. «Cela se fait en raison de la volatilité à laquelle les prix sont soumis, même avant la crise actuelle. Nous avons commencé à travailler sur la renégociation du contrat pour la période de janvier 2022 à décembre 2024, en novembre 2021», a-t-il expliqué, ajoutant que «cela n’a rien à voir avec l’invasion de l’Ukraine ou du Maroc», et qu’«un travail avait déjà été fait, mais s’accorder sur un scénario de prix comme celui-ci n’est pas chose aisée, car les références changent de jour en jour», a-t-il insisté.

    Par Feriel Nourine

    Reporters, 08/06/2022

    #Algérie #Espagne #Gaz

  • Nucléaire iranien : Restaurer l’accord nucléaire de 2015?

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    Nucléaire iranien : L’AIEA menace de prendre une résolution sur fond d’impasse pour restaurer l’accord nucléaire de 2015

    Les Européens et les Etats-Unis comptent faire monter la pression sur l’Iran cette semaine avec le possible vote d’une résolution à l’AIEA, sur fond d’impasse des négociations pour restaurer l’accord nucléaire de 2015.

    Le Conseil des gouverneurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique a débuté lundi 06 juin, dans un climat fébrile: en cas d’adoption dans les prochains jours, il s’agirait du premier texte critique depuis juin 2020, signe de l’impatience grandissante des Occidentaux.

    Car la République islamique s’affranchit chaque jour un peu plus de ses engagements nucléaires, tout en restreignant sa collaboration avec l’instance onusienne, chargée de s’assurer du caractère pacifique de son programme.

    Le texte élaboré par les Etats-Unis et l’E3 (Royaume-Uni, France et Allemagne) exhorte Téhéran à « coopérer pleinement » avec l’AIEA.

    Dans une déclaration en ouverture de la réunion, le directeur général de l’instance onusienne Rafael Grossi a déploré l’absence de réponses « techniquement crédibles » de l’Iran concernant des traces d’uranium enrichi retrouvées sur trois sites non déclarés dans le pays.

    Ce dossier empoisonne de longue date les relations entre Téhéran et l’AIEA.

    « J’espère qu’à l’issue des délibérations du Conseil cette semaine, nous nous engagerons à résoudre le problème une fois pour toutes », a souligné le responsable devant la presse. « Nous devons poursuivre le travail jusqu’à ce que nous parvenions à une clarification, je ne vois pas d’autre solution ».

    AFP.

    Réveil D’Algérie, 07/06/2022

    #Iran #AIEA #Nucléaire

  • L’Irlande optimiste au sujet d’une solution pour le commerce post-Brexit en Irlande du Nord

    Le ministre irlandais des affaires étrangères a déclaré qu’il croyait fermement que la Grande-Bretagne et l’Union européenne pouvaient résoudre les questions en suspens concernant le commerce post-Brexit en Irlande du Nord, en particulier si un terrain d’entente pouvait être trouvé sur les contrôles des animaux et des produits animaux.

    Les barrières commerciales introduites entre l’Irlande du Nord et le reste du Royaume-Uni ont provoqué une profonde colère chez de nombreux unionistes pro-britanniques de la région et ont été en partie responsables de plus d’une semaine de violence nocturne dans les rues ce mois-ci.

    Les négociateurs britanniques et européens ont déclaré qu’ils allaient intensifier les discussions dans les semaines à venir afin de résoudre ce que Simon Coveney a décrit mardi comme des « frustrations pratiques » dans la manière dont le protocole d’Irlande du Nord est mis en œuvre.

    « Je crois fermement qu’en agissant ensemble dans le cadre du protocole, l’UE et le Royaume-Uni peuvent trouver des solutions aux questions en suspens », a déclaré Coveney devant une commission parlementaire.

    « Trouver une voie durable et collaborative favorisera également la stabilité qui, compte tenu des récentes perturbations très préoccupantes en Irlande du Nord, est plus que jamais nécessaire. »

    L’Irlande du Nord est restée dans le marché unique de l’UE pour les marchandises depuis que la Grande-Bretagne a quitté l’orbite du bloc le 31 décembre afin de garantir une frontière ouverte avec l’Irlande, membre de l’UE, et nécessite donc des contrôles sur les marchandises provenant d’autres parties du Royaume-Uni.

    M. Coveney a déclaré que 20 des 26 questions différentes isolées par les négociateurs pourraient être résolues par des discussions techniques, mais que les autres sont plus litigieuses et pourraient nécessiter un changement d’approche de la part des politiciens.

    Il s’agit notamment de la fourniture de médicaments en Irlande du Nord, des droits de douane sur l’acier, de l’étiquetage des marchandises et, surtout, des contrôles sanitaires et phytosanitaires (SPS) sur les animaux et les produits animaux, a-t-il déclaré.

    Auparavant, la Grande-Bretagne avait rapidement rejeté l’idée d’un « alignement dynamique » sur les normes de l’UE, qui aurait supprimé la plupart de ces contrôles, tandis que l’UE avait rejeté une proposition britannique en faveur d’une approche plus souple.

    M. Coveney a déclaré que trouver un terrain d’entente sur cette question offrait une réelle opportunité de modifier « de manière assez significative » la mise en œuvre du protocole.

    « C’est une évidence pour moi, mais malheureusement, de nombreuses questions liées au Brexit sont abordées non pas sur la base du pragmatisme, mais en termes de besoin de la Grande-Bretagne de faire sa propre chose », a-t-il déclaré, faisant référence à la question du SPS.

    Reuters, 27 avr 2021

    Etiquettes : Brexit, Union Européenne, UE, Irlande du Nord, Grande-Bretagne, Royaume Uni, négociations, commerce,

  • L’Iran en passe de remporter une grande victoire diplomatique

    Mohamed Habili

    Mercredi prochain à Vienne, les pays signataires de l’accord de 2015 sur le programme nucléaire iranien se réuniront pour la troisième fois consécutive et cela en quelques jours seulement. On ne sait trop si les Etats-Unis, qui se sont retirés de l’accord en 2018 sous l’administration Trump, tout en rétablissant et même en durcissant les sanctions contre l’Iran, seront ou non à cette occasion admis à participer aux débats, encore que la probabilité qu’ils ne le soient pas soit la plus forte. Il y a une semaine en tout cas, les négociateurs américains avaient pris part aux pourparlers sur la levée de leurs sanctions, condition sine qua non pour la restauration de l’accord dit de Vienne, depuis un autre lieu que celui dans lequel les autres participants étaient réunis. Les Etats-Unis ont pourtant déjà fait savoir qu’ils étaient disposés à lever celles de leurs sanctions directement liées au programme nucléaire de l’Iran, laissant du même coup entendre qu’en revanche ils maintiendraient celles qui avaient été décidées par eux pour d’autres raisons. La réponse des Iraniens ne s’était pas fait attendre : toutes les sanctions américaines devraient être levées, sans distinction aucune entre elles. Autrement eux les Iraniens ne reviendraient pas à l’accord de Vienne dans l’ensemble de ses clauses.

    Ils se contenteraient de l’appliquer à leur convenance, dans le prolongement de ce que d’ailleurs ils font depuis plusieurs mois déjà. Il semble bien qu’ils soient en train de remporter une victoire diplomatique éclatante, les Américains n’ayant d’autre d’alternative en vue de reprendre langue avec eux que d’annoncer la levée de toutes leurs sanctions. L’administration actuelle ne se serait pas trouvée dans la situation de devoir céder sur toute la ligne si elle avait pris le contrepied de celle qui l’a précédée en cette matière, conformément à l’engagement pris par son chef au cours de sa campagne électorale. Elle serait aujourd’hui en meilleure position pour aborder avec l’Iran des sujets à ses yeux non moins importants que son programme nucléaire : son programme balistique et sa politique dans le Golfe et au Moyen-Orient, jugée contraire aux intérêts des Etats-Unis et de leurs alliés dans la région.

    Cela dit, même dans cette supposition, l’Iran n’aurait probablement pas été accommodant, mais enfin, il y aurait eu moyen d’en parler avec lui, après le gage de bonne volonté qu’aurait été la levée sans condition des sanctions. Mais à la façon dont cette nouvelle administration s’est prise, cherchant à tirer parti de sanctions décidées par la précédente, dont elle tient pourtant à se démarquer en tout, ce supplément de négociation est fortement compromis. Quel intérêt en effet aurait l’Iran à discuter de sujets relevant pour lui de sa souveraineté s’il était certain d’obtenir sans conditions la levée des sanctions ?

    -A l’évidence aucun, sachant que de toute façon il ne sera jamais ami avec les Etats-Unis, qui au contraire continueront de voir en lui un ennemi à abattre. Pour l’heure, on n’en est pas là, il s’en faut. Les Américains devraient pouvoir reprendre leur place dans l’accord de 2015, ce qu’il ne semble pas aller de soi. Et une fois qu’ils y seraient parvenus, ce serait vraisemblablement pour s’entendre dire de la part des Iraniens, avec le soutien sans doute de la Russie et de la Chine, que ce dossier est maintenant définitivement clos, puisque l’accord est rétabli et qu’il ne s’agit plus pour ses parties que de s’y conformer rigoureusement.

    Le Jour d’Algérie, 10 avr 2021

    Etiquettes : Iran, Etats-Unis, nucléaire, négociations, Moyen Orient,

  • 1980 : quand l’Occident soutenait Saddam …

    La guerre a duré huit ans et a fait près d’un million de morts. À l’époque, le président irakien était soutenu par les États-Unis, la France et les pays du Golfe, y compris lorsqu’il a utilisé l’arme chimique de masse.

    Lorsque, le 22 septembre 1980, les troupes irakiennes franchissent la frontière et envahissent l’Iran, Saddam Hussein est persuadé que l’offensive sera de courte durée, que son voisin se pliera à ses volontés. Très mauvais calcul du président de la République d’Irak. C’est bien une guerre qu’il déclenche ce jour-là. Elle durera huit ans, jusqu’en août 1988, et fera près d’un million de morts. Une véritable hécatombe pour un affrontement qui n’est pas sans rappeler la Première Guerre mondiale. Les deux armées face à face sont importantes. Des tranchées sont creusées. Des assauts lancés pendant lesquels les hommes, dans chaque camp, sont fauchés, vague après vague. Parmi les photographes qui ont documenté ce conflit, le travail d’ Alfred Yaghobzadeh est sans doute l’un des plus poignants parce que d’une terrible humanité. Des images qui en disent beaucoup plus que les mots.

    Qu’est-ce qui a déclenché ce conflit ? Pourquoi à ce moment-là ? Quelles sont les puissances réellement impliquées ? Pour tenter de comprendre, quarante après, il convient d’abord de revenir à l’un des épisodes des relations entre l’Iran et l’Irak : la signature des accords d’Alger, le 6 mars 1975. Les tensions entre les deux pays concernaient essentiellement, à cette époque, le Chatt-el-Arab, fleuve formé par la jonction du Tigre et de l’Euphrate. Pour Bagdad, il constitue le seul accès à la mer et il est vital. Mais il l’est tout autant pour Téhéran, qui possède une raffinerie (Abadan) et un port (Khoramshahr) sur les bords du Chatt. De plus, nombre de puits de pétrole iraniens se trouvent à proximité. Par les accords d’Alger, l’Irak reconnaissait une partie de la souveraineté de l’Iran sur le Chatt et obtenait en échange l’arrêt de l’aide iranienne aux Kurdes.

    En 1978, tout commence à basculer. Saddam Hussein, jusque-là vice-président, devient le numéro 1 du régime baassiste et amplifie la répression contre le clergé chiite. En 1979, la révolution iranienne et la chute du shah rebattent les cartes dans la région. Saddam craint une révolte des chiites en Irak, où ils sont majoritaires, alors que les pays occidentaux voient d’un très mauvais œil cette révolution qui pourrait se répandre comme une traînée de poudre dans l’ensemble du Moyen-Orient et remettre en cause leurs intérêts. L’imam Khomeini annonçant même : « Nous exporterons notre révolution dans le monde entier. »

    Aux yeux de Saddam, l’heure est à l’offensive. Le shah, qui l’a humilié en le forçant à signer les accords d’Alger, est parti. Quant à l’Iran, il semble affaibli. Le moment semble opportun pour mettre la main sur la province iranienne du Khuzestan, riche en pétrole et peuplée surtout de populations arabes. Le 17 septembre 1980, il abroge unilatéralement les accords d’Alger. Cinq jours plus tard, il lance son offensive, qu’il présentait alors comme la « Qâdisiyya de Saddam ». Une référence à la victoire, en 636, des armées musulmanes sur la Perse, qu’elles voulaient convertir à l’islam.

    Si, les premiers jours, tout se passa comme prévu – l’armée irakienne rencontrant peu de résistance et se positionnant sur les principaux axes de la province, notamment dans la montagne Zagros –, la guerre s’est vite s’enlisée. Saddam Hussein est pourtant adoubé tant par les États-Unis (qui trouvent là un moyen de punir ce pays retenant en otage des ressortissants américains), la France et le Royaume-Uni, que par les pétromonarchies du Golfe qui voient en lui le rempart contre l’Iran.

    Les livraisons d’armes s’enchaînent, y compris les armes chimiques qui seront utilisées pour gazer les Kurdes à Halabja (nord-est de l’Irak), faisant près de 5 000 morts civils, en mars 1988, soit six mois avant la fin de cette guerre. Celle-ci aurait sans doute pu se poursuivre plusieurs années encore, si les bombardements réciproques sur les raffineries et l’interception de pétroliers dans le Golfe persique n’avaient fait craindre une crise énergétique de grande ampleur. Le Conseil de sécurité de l’ONU vote la résolution 598, le 20 juillet 1987, mais le cessez-le-feu décidé est refusé par l’Iran. Celui-ci comprend qu’il est en train de jouer ses dernières cartes, avant de négocier un véritable arrêt de la guerre. Le cessez-le-feu prend effet le 8 août 1988 et les combats cessent le 20 août.

    Il n’y eut ni vainqueur, ni vaincu. Mais les deux pays en sont sortis exsangues et les peuples endeuillés, meurtris. Saddam Hussein pensait que son statut de leader régional était approuvé par les pays occidentaux et du Golfe. Il allait déchanter moins de trois ans plus tard. Après avoir envahi le Koweït, il en a été délogé par ses anciens amis. Le début de la chute, qui s’est terminée en 2003 avec son éviction. Aujourd’hui, à Bagdad, règnent ainsi beaucoup de ses opposants qui se trouvaient à Téhéran pendant la guerre…

    Source : Decryptnewsonline

    Tags : Armement, Économie, sécurité, sanctions, négociations, islam, iran, international, guerre, défense, dictature, Politique, géopolitique, Saddam Hossein, Occident,

  • Le Soudan et l’Algérie, nouveaux alliés des Etats-Unis ?

    Washington veut passer par Khartoum pour convaincre les pays arabes de normaliser leurs relations avec Israël, et par Alger pour lutter contre le terrorisme sur le continent.

    L’Afrique revient dans le viseur des Etats-Unis. Alors que le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, est engagé dans une course contre la montre pour dénouer le contentieux de son pays avec le Soudan avant l’élection présidentielle aux Etats-Unis, le chef du Commandement militaire américain en Afrique (Africom), Stephen Townsend, s’est rendu mercredi 23 septembre en visite en Algérie.

    « Les Etats-Unis ont une occasion qui ne se présente qu’une fois d’assurer enfin une compensation aux victimes des attentats terroristes de 1998 menés par Al-Qaïda contre les ambassades des Etats-Unis au Kenya et en Tanzanie », a écrit Mike Pompeo dans une lettre à des sénateurs dont l’AFP a eu connaissance. « Nous avons aussi une fenêtre unique et étroite pour soutenir le gouvernement de transition dirigé par un civil au Soudan, qui s’est enfin débarrassé de la dictature islamiste », a-t-il ajouté.

    Au cœur de ce dossier, l’inscription du Soudan dans la liste noire américaine des Etats soutenant le terrorisme. Cette sanction, synonyme d’entrave aux investissements pour le pays, remonte à 1993. La crise s’est envenimée avec les attentats de 1998, qui avaient fait plus de 200 morts. Le Soudan d’Omar al-Bachir était alors devenu un paria pour avoir accueilli le chef d’Al-Qaïda, Oussama ben Laden.

    Ces dernières années, Washington a changé de ton lorsque l’ex-autocrate soudanais a commencé à coopérer dans la lutte antiterroriste et joué le jeu de la paix au Soudan du Sud. Les Etats-Unis ont renoué avec Khartoum, déjà sous l’ex-président démocrate Barack Obama, puis engagé un dialogue pour retirer le Soudan de leur liste noire. La révolution qui a balayé Omar al-Bachir, en 2019, n’a fait qu’accélérer le mouvement. Depuis, Mike Pompeo ne ménage pas son soutien au premier ministre de transition, Abdallah Hamdok.

    Mais les négociations achoppaient sur l’épineux dossier judiciaire de l’indemnisation des familles des victimes des attaques de 1998. Le secrétaire d’Etat pense désormais qu’une solution est en vue et en a fait « une de ses premières priorités », a dit à l’AFP une porte-parole de la diplomatie américaine. Son « plan » prévoit le versement par Khartoum, sur un compte bloqué, de fonds qui ne seront versés que sous conditions aux Etats-Unis pour indemniser les plaignants. Des médias américains ont cité le montant total de 335 millions de dollars (environ 287 millions d’euros).

    Parmi ces conditions, le retrait du Soudan de la liste noire antiterroriste et l’adoption d’un texte de loi proclamant la « paix légale » avec Khartoum, pour écarter le risque de nouvelles poursuites. Dans son courrier, Mike Pompeo fait pression sur le Congrès américain afin qu’il vote cette disposition. « Cette loi doit entrer en vigueur mi-octobre au plus tard afin de garantir le paiement des indemnisations aux victimes dès que le Soudan sera retiré de la liste des Etats soutenant le terrorisme », ce qui interviendra « très probablement » d’ici fin octobre, a-t-il expliqué. C’est-à-dire avant l’élection présidentielle américaine du 3 novembre. Au sein du gouvernement, on s’inquiète toutefois d’une résistance de quelques influents sénateurs démocrates.

    Pourquoi un tel empressement de la part d’un secrétaire d’Etat par ailleurs peu intéressé par l’Afrique ? C’est probablement au nom d’un autre dossier cher à l’administration Trump. Mike Pompeo s’est rendu fin août à Khartoum lors d’une tournée pour convaincre des pays arabes de normaliser leurs relations avec Israël. Le camp du président-candidat veut capitaliser sur les accords historiques conclus sous son égide par l’Etat hébreu avec les Emirats arabes unis et Bahreïn – un succès qui manquait à son bilan diplomatique, qui plus est favorable aux intérêts israéliens et donc susceptible de galvaniser son électorat évangélique.

    Abdallah Hamdok avait semblé doucher les espoirs américains, en affirmant qu’il n’avait « pas de mandat » pour trancher cette question sensible. Mais les tractations se poursuivent en coulisses, avec des positions peut-être moins figées. Le général Abdel Fattah al-Burhane, chef du Conseil souverain au Soudan, qui avait rencontré en février le premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a eu trois jours de pourparlers cette semaine à Abou Dhabi avec une délégation américaine. Au menu, bien entendu, la sortie de la liste noire, mais aussi, selon l’agence officielle soudanaise Suna, « l’avenir de la paix arabo-israélienne » et « le rôle que le Soudan devrait jouer dans la réalisation de cette paix ».

    En parallèle à ce front, mais plus au nord sur le continent, le général Stephen Townsend, chef de l’Africom, a effectué mercredi une visite à Alger dans un contexte de tensions régionales, en particulier en Libye et au Mali, a-t-on appris de source officielle. Le général Townsend, « accompagné de membres de l’ambassade américaine en Algérie », a été reçu par le chef de l’Etat, Abdelmadjid Tebboune, précise un communiqué de la présidence algérienne, qui ne divulgue pas la teneur des discussions. Le gradé de haut rang américain a également eu des entretiens avec le chef d’état-major de l’armée algérienne, le général Saïd Chanegriha, et le ministre des affaires étrangères, Sabri Boukadoum.

    « Nous avons beaucoup à apprendre et à partager les uns avec les autres. Renforcer cette relation est très important pour nous », a expliqué le chef de l’Africom, cité dans un communiqué de l’ambassade des Etats-Unis en Algérie. « L’Algérie est un partenaire engagé dans la lutte contre le terrorisme. Affaiblir les organisations extrémistes violentes, les activités malveillantes et renforcer la stabilité régionale est une nécessité mutuelle », a plaidé le général Townsend. Il s’agissait de la première visite en Algérie d’un commandant de l’Africom depuis 2018.

    L’Algérie, qui craint les risques d’instabilité à ses frontières, s’efforce de réactiver son rôle sur la scène diplomatique régionale et tente d’endosser un rôle de médiateur dans les crises en Libye et au Mali.

    Source : Decryptnews.com, 27 sept 2020

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