Étiquette : religion

  • Les musulmans s’apprêtent à vivre un deuxième ramadan sous la pandémie

    Nombre de pays musulmans entrent mardi dans la période du ramadan, assombri pour la deuxième année consécutive par la pandémie. Elle a déjà fait un million de morts en Europe.

    Le mois saint de la religion musulmane se déroulera, à partir de mardi ou de mercredi selon les pays, entre restrictions sanitaires et craintes de nouvelles contaminations, notamment sous l’effet de ses traditionnels repas festifs à la fin de la journée de jeûne.

    Le jeûne du ramadan est l’un des cinq piliers de l’islam. Durant ce mois, les musulmans doivent notamment s’abstenir de manger et de boire du lever au coucher du soleil.

    Dans le pays le plus peuplé du monde arabe, l’Égypte (plus de 100 millions d’habitants), le ramadan débute ce mardi et, négligeant souvent le port du masque ou la distanciation physique, les Cairotes s’affairaient en nombre lundi à leurs derniers achats.

    “Ni rassemblements familiaux, ni prières”
    En Tunisie, où le dernier ramadan s’est déroulé en plein confinement général, le gouvernement a dû cette année faire marche arrière sur l’allongement du couvre-feu à 19h et revenir ce week-end à un couvre-feu à 22h, face à une levée de boucliers.

    Au Maroc, des mesures de restriction pour la période (extension du couvre-feu, interdiction de fêtes et de rassemblements etc…) ont été promulguées récemment.

    En Syrie, où le conflit est entré en mars dans sa dixième année, le ramadan s’annonce morose, dans un pays en plein effondrement économique et en proie à une inflation galopante. Le gouvernement n’a pas annoncé de nouvelles mesures ni de couvre-feu

    “Ce ramadan n’est pas comme les autres. Il n’y a ni rassemblements familiaux, ni prière à la mosquée après l’iftar (le repas quotidien de rupture du jeûne, ndlr.), ni tentes, ni tables où est disposée la nourriture pour les pauvres comme le veut la tradition”, assure Rima Qabalan, une mère de famille de la capitale jordanienne Amman.

    Les autorités saoudiennes ont annoncé début avril que seules les personnes vaccinées contre la Covid-19 seraient autorisées à effectuer la omra, le petit pèlerinage à La Mecque, à partir du début du ramadan.

    Un million de morts de la Covid-19 en Europe

    L’Europe a franchi lundi la barre du million de morts de la Covid-19, selon un comptage réalisé lundi par l’AFP à partir de bilans fournis par les autorités de santé.

    Les 52 pays et territoires de la région (qui va à l’est jusqu’à l’Azerbaïdjan et la Russie) totalisent au moins 1.000.288 décès (pour 46.496.560 cas), devant l’Amérique latine et les Caraïbes (832.577 décès), les États-Unis/Canada (585.428 décès) et l’Asie (285.824 décès).

    7sur7.be, 13 avr 2021

    Etiquettes : Ramadan, Islam, religion, Maroc, pandémie, coronavirus, covid 19, Egypte, Maroc, Syrie, vouvre-feu,

  • France : L’islamophobie d’État encore et toujours !

    Profitant de nos émotions suscitées par des actes terroristes, le gouvernement, l’Assemblée Nationale et le Sénat continuent d’accuser et d’instrumentaliser l’islam, nos pratiques religieuses, nos corps. Ils s’attaquent à nos dignités et à nos libertés y compris de conscience, en instaurant toujours plus de restrictions, de contraintes et d’obligations aux personnes musulmanes et notamment des femmes faisant de nous des ennemis effectifs ou potentiels de l’intérieur.

    L’islamophobie d’État encore et toujours !

    Le sénat vient de voter l’interdiction du port du hijab pour les mères accompagnatrices, l’interdiction du Burkini dans les piscines et espaces de baignade publics ainsi que l’interdiction de port de signes religieux pour les mineures dans l’espace public.

    L’heure est extrêmement grave. Le point de non retour est atteint.

    Alors que la pandémie est incontrôlable et que les vies humaines sont négligées au profit du « sauvetage » de l’économie, nos dirigeants préfèrent débattre de ce que portent ou ne portent pas les femmes qui accompagnent nos enfants lors de sorties scolaires, lorsqu’elles se baignent ou encore les mineures dans l’espace public.

    Nos enfants sont en danger. Et ce n’est pas l’islamisme qui les menace comme voudrait le faire croire les théories complotistes de notre gouvernement mais bien l’État lui-même qui, dans ses institutions, notamment par le biais du projet de loi contre ledit séparatisme, légalise, normalise et amplifie les discriminations visant les femmes qui portent le voile. Depuis la loi de 2004, les mesures restrictives visant les femmes portant le foulard – qu’elles soient élèves, étudiantes, mères – ne cessent de s’empiler.

    Par ces dernières, ce sont les corps des femmes que l’on cherche à contrôler, ce sont nos enfants que l’on veut priver d’éducation, ce sont nos enfants que l’on traumatise par d’innombrables scènes humiliantes et déshumanisantes.

    Par ces dernières et notamment parce qu’elles s’appuient sur une politique qui instrumentalise la cause des femmes à des fins racistes, c’est l’exploitation des femmes musulmanes que l’on veut assurer avec la réappropriation de leur corps par le corps d’État, comme en période coloniale. L’islamophobie sexiste indiscutable dans ces amendements se présente comme une réponse à un besoin de libérer les femmes. Qui libère qui que ce soit en le privant d’exister dans l’espace public ? En organisant l’effacement total des femmes musulmanes de tous les espaces de la société, qu’ils soient éducatifs, professionnels, politiques ou de loisirs, c’est l’enterrement de l’État de droit que l’on consolide.

    Avec cette loi, le gouvernement Macron savait qu’il ouvrait plus grand encore la boîte de Pandore permettant une surenchère raciste sans fin. Il déclarait lui même que « le voile n’est pas conforme à la civilité française ». Le même ouvrait la chasse aux soi-disant « signaux faibles de radicalisation » pour en réalité donner un signal fort aux franges électorales les plus racistes.

    Plus que jamais, nous affirmons que les musulmans et musulmanes de ce pays ne seront pas les marches-pieds de présidentiables aux discours islamophobes.

    Nous scruterons les propos et programmes électoraux des uns et des autres pour dénoncer localement et nationalement les postures islamophobes.

    Après avoir rassemblé ce dimanche 21 mars, des milliers de personnes dans les rues de grandes villes en France, nous poursuivons avec le Front contre l’islamophobie et pour l’égalité des droits pour toute-s, notre combat pour exister à égalité de traitements et de droits.

    Front contre l’islamophobie et pour l’égalité des droits pour tou-te-s
    02/04/2021

    The International Solidarity Movement, 2 avr 2021

    Etiquettes : France, loi du séparatisme, religion, Islam, islamophobie,


  • Des influenceurs pour lutter contre le djihadisme au Maroc

    UN GROUPE DE RÉFLEXION RELIGIEUX DIFFUSERA DES MESSAGES POSITIFS AUX JEUNES.

    RABAT – Le Maroc va former ses propres « influenceurs » pour combattre l’extrémisme religieux avec les mêmes outils que ceux avec lesquels les plus radicaux réussissent : les réseaux sociaux au lieu des discours cérébraux des théologiens qui n’atteignent jamais les plus jeunes.

    L’idée est venue de la Rabita Mohammadia des Oulémas, un groupe de réflexion religieux créé par le roi Mohammed VI, dont la mission est de promouvoir les valeurs de « l’islam du juste milieu » et de déconstruire le discours extrémiste.

    L’intense activité des djihadistes sur les réseaux sociaux a amené la Rabita à conclure qu’il faut les contrer avec ce qu’elle appelle des « influenceurs positifs », qui seront de toute façon indépendants de l’institution.

    En étudiant le discours de l’extrémisme islamique, Rabita a observé comment les groupes djihadistes ont su s’adapter à l’innovation technologique, en plus de recourir à des concepts gauchistes, panarabistes ou inspirés des théories de la libération pour attirer les futurs adeptes avant de passer à la phase d’endoctrinement.

    La technologie, alliée au discours victimaire, fait des jeunes des proies faciles pour ces extrémistes sur le web, il faut donc les immuniser par un discours positif.

    Noticias de Guipuzcoa, 10 avr 2021

    Etiquettes : Maroc, influencers, djihad, terrorisme, islamisme, extrémisme, radicalisme, religion, réseaux sociaux,

  • Pédophilie déguisée

    Hamza Belloumi

    La justice Yéménite vient de décider l’annulation du contrat de mariage qui a été fait entre un homme de 30 ans et une petite fille de …8 ans.

    Cette décision judiciaire est intervenue suite à la requête présentée par un certain nombre d’organisations de défense des droits de l’homme et des enfants.

    La fille en question « Noujoud » s’est trouvée forcer par sa famille à épouser un homme plus âgé qu’elle de 22 ans alors qu’elle n’est même pas pubère.

    Il s’agissait sans l’ombre d’un doute d’une forme de pédophilie masquée par un contrat de mariage.

    Seulement, malgré le fait que la décision de la justice yéménite est à saluer (il faut dire aussi que les juges n’auraient pas pu rendre une autre décision que l’annulation du contrat), on s’attendait à ce que la justice aille jusqu’au bout en condamnant d’abord « l’époux » pour pédophilie et agressions sexuelles sur mineurs et ensuite le père pour trafic d’êtres humains. Mais le fait d’annuler le contrat de mariage et de laisser l’époux et le père de la petite Noujoud sans aucune sanction, cela me choque beaucoup parce qu’une telle décision ne fera pas renoncer beaucoup d’autres personnes à faire la même chose.

    D’ailleurs, il faut le dire, au Yémen, ce qu’à subit la petite Noujoud est assez fréquent. Beaucoup de familles sont entrain « de vendre » leurs filles par des prétendus contrats de mariage à des pédophiles qui ne reculent devant rien pour satisfaire leur plaisir bestial.

    Mais si j’aborde aujourd’hui le sujet c’est aussi pour une autre raison à savoir les prétendus arguments que les avocats de ce genre de criminels utilisent pour innocenter leurs clients.

    Des arguments tels que : « N’oublions pas que le Prophète s’est marié d’une femme qui avait presque le même age que la petite Noujoud ». Et d’autres d’ajouter même que pour se conformer à la Sunna du Prophète, il serait même préférable de suivre ce qu’il a fait » et donc de se marier avec des jeunes filles !

    Ce raisonnement est parfaitement absurde. D’abord, l’age exact des épouses du Prophète reste à confirmer. Ensuite, leur puberté semble être confirmée. Mais le plus important pour moi c’est qu’aujourd’hui, on connaît scientifiquement l’age exact de la puberté, et à 8 ans, la fille ne l’est pas.

    A partir de ce constat, je ne sais pas pourquoi le Yémen, comme d’autres pays, ne s’est pas doté d’une législation claire, précise et répressive par rapport à ces dépassements inacceptable. Je m’interroge aussi sur le silence complice des hommes de religions et autres Oulémas qui sont là pour allumer leur feux et leurs flammes dès qu’il s’agit d’occidentaux qui « nous attaquent » alors qu’ils ne font absolument rien pour dire que ce genre de pratiques criminelles –à savoir le mariage des mineures- est condamné par l’islam.

    Islamiqua

    Etiquettes : Pédophilie, Yémen, Islam, religion,



  • Un parlementaire suisse s’inquiète des fermetures d’églises en Algérie

    30/03/2021 Suisse (International Christian Concern) – Ce mois-ci, le conseiller national suisse Eric Nussbaumer a appelé le Conseil fédéral suisse à aborder la fermeture des églises protestantes en Algérie, que beaucoup considèrent comme une atteinte à la liberté religieuse des Algériens. Nussbaumer a présenté la fermeture continue de 17 églises protestantes, scellées depuis novembre 2017, comme preuve d’une possible violation systématique de la liberté de culte des chrétiens algériens par le gouvernement.

    L’appel de Nussbaumer au Conseil fédéral s’inscrit dans un ensemble de réponses internationales aux préoccupations de liberté religieuse en Algérie. Le mois dernier, le Conseil des droits de l’homme de l’ONU a annoncé une lettre envoyée l’année dernière au gouvernement algérien, demandant plus d’informations sur la fermeture des églises par le gouvernement à travers le pays.

    L’année dernière, International Christian Concern (ICC) a envoyé une lettre similaire cosignée par 21 organisations partageant les mêmes idées au président algérien Abdelmadjid Tebboune, lui demandant de parler de la poursuite des fermetures d’églises. Tebboune, qui a pris le pouvoir en décembre 2019 avec des plans de réforme, est resté silencieux sur les fermetures, malgré la réouverture des centaines de mosquées à travers le pays.

    Dans son rapport annuel 2020, la Commission américaine sur la liberté religieuse internationale a inscrit l’Algérie sur sa liste de surveillance spéciale des pays où la liberté religieuse est de plus en plus menacée. En plus de la question de la fermeture continue des églises protestantes à travers le pays, le gouvernement algérien est connu pour sa mise en œuvre des lois sur le blasphème contre les chrétiens .

    Bien que le gouvernement algérien n’ait pas encore abordé les questions de liberté religieuse, la condamnation de la communauté internationale, comme celle du conseiller suisse Nussbaumer, peut contribuer à accroître la pression sur le gouvernement algérien pour qu’il préserve la liberté religieuse dans le pays. ICC continuera de suivre le statut des églises algériennes et de soulever ces questions auprès des décideurs politiques aux États-Unis.

    Persecution, 30 mars 2021

    Etiquettes : Algérie, église, chrétiens, religion, prosélytisme,

  • France : Les atteintes à caractère raciste, xénophobe ou religieux se multiplient

    Par Ali Oussi –

    La France reste l’un des pays les plus racistes de l’Europe. L’attestent les 11.000 atteintes à caractère raciste, xénophobe ou religieux recensées dans le pays en 2020, selon des chiffres publiés ce jeudi, par le ministère français de l’Intérieur.

    «Ces infractions se répartissent à parts égales entre crimes et délits (5.500) et contraventions (5.800) commises en raison de l’ethnie, de la nation, d’une prétendue race ou de la religion («à caractère raciste»), sur l’ensemble du territoire français», détaille le ministère dans un communiqué, qui souligne que près de 65 % des crimes ou délits «à caractère raciste» sont des «injures, provocations ou diffamations publiques», explique-t-on de même source.

    Ainsi, en 2020, près de 2.000 personnes ont été mises en cause par les services de sécurité pour crime ou délit «à caractère raciste».

    Selon la même enquête, 1,2 million de personnes âgées de 14 ans ou plus vivant en France métropolitaine (1personne sur 45) déclarent avoir été victimes d’au moins une atteinte – injures, menaces, violences ou discriminations – à caractère raciste, antisémite ou xénophobe en 2018.

    La Patrie News, 18 mars 2021

    Tags : France, xénophobie, racisme, discrimination, religion, islamophobie,

  • Un érudit mauritanien de renom rend visite à l’Imam Ratib de Banjul

    By Pa Modou Cham

    Son Altesse Cheikh Mohamed El Havedh Ennahoui, un érudit bien connu en Afrique et au-delà, a rendu visite hier à l’Imam Ratib de Banjul, Alhagie Cherno Alieu Mass Kah, et a discuté de l’Islam et des relations bilatérales pacifiques entre la Gambie et la Mauritanie.

    Le père de M. Havedt, Shaikh Mohamedou Ennahoui, était un érudit très connu et une figure spirituelle qui a contribué à une grande action au service des communautés musulmanes en Mauritanie, en Afrique et dans le monde.

    L’Imam Ratib Alhagie Cherno Mass Kah a fait allusion à l’unité des musulmans dans le pays, en disant qu’ils travaillent avec le Conseil suprême islamique sur de nombreuses questions concernant le bien-être des musulmans. Il a donné de brèves conférences sur la façon dont un bon adorateur doit se comporter et sur le travail important de Sheikh Ebrima Niass.

    « C’est avec un grand plaisir que nous recevons l’arrière petit-fils du prophète qui a beaucoup contribué à l’enseignement de l’islam dans la sous-région et dans le monde entier. »

    Pour sa part, Cheikh Mohamed El Havedh Ennahoui, a souligné qu’en voyant les visages de l’Imam Ratib et des autres Imams, il a idéalisé la nature des rassemblements du Prophète (PBUH). Il a ajouté qu’il avait vu un comportement exemplaire de la part de ces imams.

    « J’ai appris de mon père à aimer la Gambie et c’est pourquoi je ne suis pas seul dans ce voyage. Sheikh Ebrima Niass m’a dit un jour que je devais venir en Gambie parce qu’il a vu que la Gambie pouvait bénéficier de moi. Je pense que le peuple gambien sera témoin de ma visite ici et qu’elle aura un certain impact. »

    Il a déclaré que la raison de sa visite est pour l’amour d’Allah et demande des prières pour s’aider mutuellement dans le voyage de la crainte de Dieu.

    Le coordinateur et le Bilal de la mosquée King Fahadh, Bai Sainey, a souhaité la bienvenue au cheikh, affirmant que son travail et celui de l’Imam Ratib sont identiques. Il a ajouté que la contribution de l’Imam à la fraternité tijania est impressionnante.

    « Le Cheikh mérite d’être accueilli car il est un petit-fils du Prophète Muhammad (SAW). Le père du Cheikh était connu en Gambie et dans de nombreux endroits pour sa mission de partage des enseignements du Prophète. »

    Il a ajouté que le père du Cheikh avait travaillé très dur sur les relations entre la Gambie et le Sénégal, ce qui, selon lui, a ouvert les portes du confort à chaque Mauritanien dans le pays.

    L’Imam Muntaha Faye a qualifié d’excellentes les relations qui existent depuis longtemps entre le Cheikh Mohamedou Ennahoui et son père.

    « Son père avait l’habitude de rendre visite à mon père et il discutait toujours avec moi. C’était un grand homme et il a eu la chance d’être le premier Mauritanien à suivre le Cheikh Ebrima Niass du Sénégal. »

    Il s’est réjoui en disant que le Cheikh a suivi les traces de son père en continuant à jouer son rôle dans la confrérie de la Tijania.

    L’Imam Alhagie Ousman Jah a également remercié le Cheikh pour sa visite et a exprimé sa joie de rencontrer le petit-fils du Prophète Muhammad.

    « Le Prophète avait dit qu’il y aura un moment où les gens penseront que son sang n’est plus dans le monde mais il a également indiqué que son sang sera toujours dans ce monde jusqu’à la fin de la vie. »

    The Point, 16 mars 2021

    Tags : Mauritanie, Gambie, Islam, religion,

  • Introduction à l’histoire du Chiisme (1)

    Le chiisme a vu le jour au cours du premier siècle de l’Hégire et plus exactement suite à « La Grande Discorde » qui opposa les musulmans du Cham (la Syrie aujourd’hui) partisans de Mouaouia aux musulmans de Basra et de Koufa (en Irak) partisans du 4ème Calife ‘‘bien guidé’’ Ali (cousin et gendre du Prophète).

    L’origine de ce mouvement fut politique et sa transformation en un mouvement politico-religieux ne s’effectuera que plus tardivement comme nous le verrons dans le cadre de cette introduction à l’histoire du Chiisme et des Chiites.

    J’attire votre attention dès maintenant sur le fait que le travail que vous allez lire n’est pas l’œuvre d’un historien et qu’il ne prétend pas dire la Vérité absolue sur ce mouvement d’autant plus que les sources écrites qui existent aujourd’hui et qui on servit à élaborer l’histoire du chiisme n’ont vus le jour qu’au 2ème siècle de l’Hégire, c’est à dire après plus de cent ans de l’existence effective de ce mouvement.

    Je ne rentrerai pas dans plus de détails quant aux conditions historiques de l’élaboration de l’histoire des Chiites mais j’ai simplement voulu attiré votre attention sur la relativité de certaines informations que vous pouvez lire dans cette introduction et ce malgré le fait que j’ai essayé de ne prendre en considération que les éléments les plus vraisemblables en érigeant la neutralité comme ma première référence.

    Après la mort de Uthman en 35 de l’Hégire (656), Ali prendra sa place en tend que Calife des musulmans. Seulement, son règne ne durera pas longtemps car il sera très vite contesté par Mouaouia contre lequel il mènera la bataille de Ciffin en 37 de l’Hégire.

    En l’an 40 de l’Hégire, Ali est assassiné par un Kharijite du nom d’Ibn Moljem et ce parce que les Kharijites considèrent que les deux parties qui ont provoqués la grande discorde des musulmans (Ali et Mouaouia) ainsi que leur partisans sont tous dans l’erreur, qu’ils étaient de grands pécheurs et qu’ils méritaient la mort et l’enfer.

    La constitution du chiisme en tant que mouvement politique réclamant le Califat pour Ali ne s’arrêtera pas pour autant avec la mort de ce dernier. Très vite, les Chiites prêteront allégeance à l’aîné de ses fils, Al Hassan pour succéder à son père. Et de la réclamation du Califat pour Ali, nous passerons à la réclamation du Califat pour Ahl Al Bayt (La famille du Prophète).

    Les historiens, relèvent qu’a part ces revendications, il n’y avait, à ce moment, entre les Chiites et le reste des musulmans aucune divergence doctrinal.

    Al Hassan qui estimait ne pas avoir les moyens pour combattre Mouaouia préféra lui prêter, en compagnie de ses partisans, allégeance, puis se réfugie, accompagné de son frère Al Hussein et de son demi frère Ibn al Hanafya, à Médine.

    Damas, ou le nouveau Calife compte le plus de partisans est devenue la capitale du Califat et les deux villes saintes de l’islam : La Mecque et Médine, céderont leur rôle politique à la nouvelle capitale et ne garderont qu’un rôle religieux.

    Suite à la victoire incontestée de Mouaouia -et même auparavant- une très grave pratique a vue le jour dans les mosquées : l’injure de Ali dans les prêches du vendredi. Une pratique qui renforcera davantage la haine que porte désormais les Chiites pour les Omeyyades (partisans de Mouaouia).

    En plus, l’allégeance de Al Hassan et de ses partisans ainsi que son ‘‘isolement’’ à

    Médine n’ont, semble-il, pas suffit à tranquilliser Mouaouia sur le sort du fils de son rival. Il donnera alors ses ordres pour la mise à mort du petit fils du Prophète.

    C’est ainsi que les agents de Mouaouia s’approchèrent de la femme d’Al Hassan et lui demandèrent de l’empoisonner en contre partie d’une très grande somme d’argent et du mariage avec le fils de Mouaouia Yazid.

    En homme de parole, et suite à l’empoisonnement d’Al Hassan par sa femme en 49 de l’Hégire, Mouaouia lui donnera ce qu’il lui avait promis en argent mais pas… son fils. Il avait très peur que son fils épouse une empoisonneuse !

    Avec la mort d’Al Hassan, c’est au tour d’Al Hussein de réclamer ‘‘l’héritage’’ de son Grand-père (le Prophète) et de son père (Ali).Mais il ne le fera pas aussitôt.

    D’abord, parce qu’à Médine ou il ne comptait que peu de partisans, Al Hussein ne pouvait pas déclarer les hostilités à Mouaouia.

    Ensuite, parce que, comme sot frère, il a jugé que les chiites n’avaient pas assez de moyens pour renverser les Omeyyades.


    Il fallait donc attendre le moment propice…

    C’est ce qui adviendra avec la mort de Mouaouia en l’an 60 de l’Hégire. Seulement, ce dernier avait préparé depuis quelques années son fils Yazid pour lui succéder. Mais ce Yazid passe auprès de beaucoup de musulmans pour un buveur de vin… et on lui impute tous les vices de la terre. C’est ce qui expliquera le fait que la majorité des fils des compagnons du Prophète refuseront de lui prêter allégeance.

    Seulement, si Yazid ne pouvait craindre l’ensemble des fils des compagnons du Prophète, tel ne pouvait être le cas du fils du rival de son père et qui dispose d’un nombre très important de partisans à Basra et à Koufa. C’est pour cette raison que le gouverneur de Médine, sous l’ordre de Yazid, pressa Al Hussein de prêter allégeance au nouveau Calife.

    Sans tempérer, ce dernier qui avait déjà reçu secrètement plusieurs missives lui demandant de rejoindre ses partisans (80.000 hommes armés) à Koufa et réclamer l’héritage de son père, rassura le gouverneur sur ses intentions et lui demanda qu’il le fasse le lendemain publiquement.

    Mais avant l’aube, Al Hussein quitta Médine avec ses femmes, ses enfants et certains de ses partisans pour rejoindre Koufa …à 1300 Km de Médine.

    Signalons ici que le demi frère d’Al Hussein, Ibn Al Hanafya, ainsi que son entourage à Médine, était opposé au ralliement d’Al Hussein aux opposants Chiites en avançant comme argument le fait que si vraiment insurrection il y avait, pourquoi les Chiites ne s’étaient pas révoltés contre le gouverneur de Koufa ?

    Que dire alors d’une révolte contre l’ensemble du royaume Omeyyade !

    Cette analyse pertinente ne sera pas entendue par Al Hussein.

    Alerté du départ de Al Hussein de Médine, Ibn Zied qui fut entre temps nommé par Yazid gouverneur de Koufa et chargé de mater l’insurrection, se prépara pour recevoir Al Hussein et ses quelques combattants après avoir tué le chef Koufi des Chiites Hani Ibn Arwa (jeté du haut du palais de Ibn Zied).

    L’insurrection était matée, les combattants chiites tués ou emprisonnés et la situation avait déjà tournée au profit des Omeyyades avant même l’arrivé de Al Hussein !

    Ibn Zied envoya à la rencontre de Al Hussein 4000 hommes afin de lui barrer la route de Koufa. Les informations dont nous disposons sont unanimes pour dire que le but n’était pas de tuer le petit fils du Prophète mais de lui faire prêter allégeance à Yazid. Pour cette raison les hommes de Ibn Zied laisseront Al Hussein et ses combattants se diriger vers Kerbala (50 km de Koufa).

    Seulement, après avoir refuser de prêter allégeance, et suite à l’ordre du Calife Yazid, les guerriers de Ibn Zied massacrèrent les combattants d’Al Hussein : tous les mâles, y compris les petits garçons, furent tués et décapités. Quant à Al Hussein, le petit fils du Prophète, en lui trancha la tête et en l’envoya en signe de victoire au Calife Yazid.

    Un seul miraculé a échappé à ce carnage : un jeune enfant d’Al Hussein, Ali, sauvé par sa tente.

    La vengeance des chiites

    Avec la mort d’Al Hussein, fils de Ali et petit-fils du Prophète, en 61 de l’Hégire, le Chiisme en tant que mouvement politico-religieux prendra naissance. Les Chiites ne veulent plus seulement remettre le Califat aux mains de Ahl Al Bayt mais ils incluent dans leur dogme la vengeance d’Al Hussein.

    Mais avec cet événement, le Chiisme connaîtra aussi des difficultés (Absence d’un chef charismatique d’une part et divergence sur le quatrième Imam d’autre part) ainsi que des transformations.

    En effet, pour ce qui est des difficultés, après la mort d’Al Hussein il n’y avait plus qu’un seul mâle dans la famille de Ali et de Fatima (fille du Prophète) susceptible de prétendre à l’Imamat : Ali Zine Al Abidine, qui fut le seul rescapé mâle de la bataille de Kerbala.

    Seulement, à la mort de son père, Ali n’était qu’un petit garçon incapable de conduire la révolte et la vengeance des Chiites. En plus, il n’était pas l’unique mâle dans la (grande) famille du Prophète. Il y avait aussi, Ibn Al Hanfya, qui est le fils de Ali -mais pas de Fatima- et qui prendra la direction spirituelle du mouvement.

    Et là réside l’un des premiers problèmes du Chiisme : en effet, alors que la définition de Ahl Al Bayt, devrait englober toute la famille du Prophète (cousins, oncles, tantes…) les Chiites ne considèrent membres de cette famille -et donc prétendants à l’Imamat- que les descendants mâles de Ali et Fatima.

    Nous verrons plus loin l’explication politique de l’exclusion du reste des membres de la famille (et notamment de Ibn Hanfya) qui ne verra le jour que suite à l’échec d’Ibn Hanfya à reconquérir l’Imamat.

    Car au temps de Ibn Hanafya, les Chiites le considéraient bien comme leur quatrième Imam.

    La preuve : après la mort d’Al Hussein, une délégation de Chiites est envoyée à Ibn Hanfya pour l’informer des préparatifs des Chiites et prendre son avis à propos de Al Mokhtar (duquel nous parlerons plus loin).

    Autrement dit, à cette époque, les Chiites considéraient que tant que Ibn Hanfya, le troisième fils de Ali était en vie, Ali Zine Al Abidine n’avait aucun droit à l’Imamat… une position qui changera par la suite.

    Pour ce qui est des nouveautés dans le Chiisme de cette époque on notera la nouvelle distinction faite entre le chef spirituel et le chef politique -ou guerrier- des Chiites :

    Ibn Hanfya et tous les Imams qui lui succéderont seront des chefs spirituels loin de la politique contrairement à Ali, Al Hassan et Al Hussein.

    ***

    Très vite -dès 62 de l’Hégire- les Chiites s’organisèrent sous l’égide de Soliman fils de Sourad et commencèrent à recruter de nouveaux partisans pour venger Al Hussein.

    En quelques années ils réussirent à rassembler plus de 15.000 combattants.

    Profitant de la mort accidentel du Calife Yazid en l’an 65 de l’Hégire, Ibn Sourad entra en guerre contre l’armée Omeyyade conduite par le gouverneur de Koufa, le sanguinaire, Ibn Zied. Mais des 15.000 combattants, il ne pourra compter que sur 3000 cavaliers. La mission de Ibn Zied fut donc facile et il n’aura pas beaucoup de peine à écraser la rébellion Chiite en tuant son chef politique Ibn Sourad.

    A ce moment précis, une étoile montante du chiisme, Al Mokhtar, prendra sa place dans la direction politique du mouvement. Il ferra allégeance au troisième fils de Ali, Ibn Al Hanfya, et se chargera de venger Al Hussein.

    Les historiens parlent à son propos d’un homme très intelligent ; rusé et opportuniste alors que les chiites l’élèvent au rang d’un saint à partir du moment ou il a réussit ou tous les autres faillirent : il a vengé Al Hussien.

    Après la mort de Ibn Sourad, en 65 de l’Hégire, Al Mokhtar réussit à réunir autour de lui plus de 24.000 soldats pour combattre Ibn Zied. Ce dernier sera en effet capturé par l’armée de Al Mokhtar, son armée vaincue et lui torturé puis décapité.

    Les narrations de la torture de l’ancien gouverneur de Koufa, Ibn Zied, sont insupportables : on lui enlevait des tranches de chair de sa cuisse qu’on l’obligeait à avaler après les avoir grillait !

    On en fit de même pour tous les responsables de la mort d’Al Hussein qui s’étaient réfugiaient dans l’armée de Ibn Zied.

    La tête d’Ibn Zied ainsi que les têtes de la majorité de ses soldats furent tranchées et envoyées en trophées de guerres à Koufa pour Al Mokhtar.

    Bilan : les sources Chiites parlent de quelques vingt mille têtes !

    Ainsi les Chiites vengèrent la mort d’Al Hussein.

    La consolidation du dogme

    Nous avons déjà vu, comment le Chiisme a commencé à se constituer en tant que mouvement politico-religieux dès l’an 61 de l’Hégire (date de l’assassinat d’Al Hussein) et ce en instaurant comme premiers éléments du dogme chiite : la vengeance d’Al Hussein et la revendication du Califat (devenu Imamat) pour Ahl Al Bayet.

    Avec Ibn Hanafya et Al Mokhtar, la construction se poursuivra et ces deux personnages auront beaucoup d’influence sur l’évolution postérieure du Chiisme.

    ***

    Nous sommes en 67 de l’Hégire lorsque l’armée d’Al Mokhtar livre bataille à celle de Abd Allah Ibn Zoubayr (le Calife du Hijaz qui avait profité de la faiblesse de la dynastie Omeyyade pour proclamer en 60 de l’H. son Califat et qui fut à cette époque militairement plus fort que les Omeyyades) conduite par son frère Mosab.

    Ibn Zoubayr avait peur de la nouvelle ‘‘puissance militaire’’ qui était entrain de se constituer entre les mains des Chiites.

    Seulement, les armées zoubayrites n’ont pas eu beaucoup de mal à écraser Al Mokhtar et son armée.

    ***

    Voila pour les événements politiques de cette époque. Voyant maintenant la situation sur le plan dogmatique.

    Ce qui est perceptible dans la constitution du Chiisme -et vous allez le remarquer- et que chaque fois que les Chiites perdent un Imam ou un dirigeant, leur dogme se radicalise de plus en plus…

    Cela va se vérifier encore après la défaite de Al Mokhtar :

    D’abord, Al Mokhtar qui est considéré par les Sunnites comme un charlatan, est pour les Chiites un saint serviteur du quatrième Imam.

    A coté du rôle politico-militaire qu’il joua (en tant que lieutenant de Ibn Hanafya), cet homme prétendait être capable d’illumination divine.

    Le grand historien Tabari nous raconte même que plusieurs de ses prédictions se révélèrent justes.

    Al Mokhtar sera ainsi derrière la naissance de l’un des principes du Chiisme : le Bida selon lequel Dieu aurait changé le cours des choses initialement prévues parce qu’il il a eu de nouvelles choses qui lui sont apparues.

    Pour les Sunnites, ce genre d’analyse est inadmissible : la science de Dieu ne saurait connaître d’altération ou de changement… et toute personne qui croit à la Bida est hérétique.

    Pour les Chiites par contre, la Bida (le changement) n’a pas lieu dans les sciences divines mais dans l’ordre des choses…

    Ensuite, quelques décennies après la mort d’Al Mokhtar, le Chiisme se radicalisera de plus en plus : les Chiites ne revendiquent plus seulement la vengeance d’Al Hussein et le retour du Califat aux mains de Ahl Al Bayt mais ils élargiront le cercle de leur ennemis : ce ne sont plus les Omeyyades seulement mais aussi et surtout les deux premiers Calife de l’Islam : Abou Bakr et Omar.

    Le pourquoi de cette évolution ?

    A cette époque, le Chiisme développa l’un de ses plus important principes : l’Imamat n’est pas un simple pouvoir politique, mais c’est aussi et surtout une continuation de la Prophétie.

    Sans Imamat, la Prophétie sera incomplète et le dessein de Dieu sur la terre inachevé : L’imamat est une pierre angulaire de l’islam.

    Pour son importance, l’Imamat ne peut pas être hérité et l’imam ne peut être choisi par les croyants. Il doit recevoir explicitement la mission de l’ancien Imam et doit être de la descendance de Ali et de Fatima.

    Poursuivant leur analyse, les Chiites considèrent que le Prophète aurait donc désigné l’Imam qui lui succéderait : Ali.

    Dans ce cas, Abou Bakr et Omar qui n’auraient pas donnés suites aux injonctions du Prophète, auraient commis un péché capital.

    Ainsi, nous remarquons que les premières divergences de taille entre les Sunnites et les Chiites remontent à cette époque (fin du premier siècle de l’Hégire – début du deuxième).

    A suivre…

    Tags : Religion, Islam, Sunnite, chiite, Maroc, Algérie, Tunisie, Arabie Saoudite, Irak, Iran,





  • Un regard américain sur les contextes de l’assassinat d’un professeur

    Ce post n’a pas pour but de parler directement de l’agression meurtrière dont a été victime Samuel Paty, un professeur d’histoire-géographie tué et décapité le 16 octobre alors qu’il venait de quitter son lieu de travail et rentrait chez lui. Il n’a pas non plus pour but de discuter des motivations de l’assassin qui a expliqué sur les réseaux sociaux vouloir punir l’État français qui se moquerait du prophète de l’Islam.

    Il n’a pas non plus pour objet de discuter du statut de la représentation du prophète dans la religion musulmane. Pour deux raisons. La première est que les représentations réalisées par les dessinateurs de Charlie Hebdo sont injurieuses et donc inadmissibles pour les tenants de la religion musulmane quelle que soit leur position relativement aux représentations imagées du prophète. La deuxième, c’est la plus importante, est que dans cette tragédie, la religion en tant que telle, dans ses contenus, ses prescriptions ou proscriptions est un non sujet, est hors sujet pour être plus précis.

    Ce qui ne signifie pas que les vidéos imbéciles qui dénonçaient publiquement le professeur, décrit comme un vulgaire voyou et divulguant son lieu de travail et son identité par dessus le marché, n’ont pas joué de rôle dans la mort du professeur. Le tueur cherchait une cible, elle lui a ainsi été offerte.

    L’objet de ce post est de présenter un point de vue étranger sur l’assassinat, plus exactement le contexte dans lequel il a eu lieu et le contexte qu’il a créé. Et ce point de vue étranger est des plus instructifs même si on ne peut pas dire que la presse étrangère s’est beaucoup intéressée à l’assassinat de Samuel Paty,. Cette relative indifférence contraste évidemment avec l’émotion et l’indignation suscitées, c’est bien compréhensible, par ce crime en France où il est qualifié d’attentat islamiste.

    La presse américaine, par exemple, a été peu diserte. Peut-être parce que de l’autre côté de l’Atlantique on ne comprend pas comment il peut être possible à un enseignant de montrer à des élèves des caricatures moquant un personnage central d’une religion? Ou qu’on est déjà assez occupé avec la campagne présidentielle? Ou les deux à la fois?

    Des journalistes ont cependant produit des articles tel Matt Bradley pour NBC, un grand network américain.

    Matt Bradley est basé à Londres. N’empêche qu’en quelques lignes il nous livre des éléments qui devraient faire rougir de honte pas mal de journalistes français soi-disant biberonnés à la laïcité.

    Ainsi le journaliste américain relève que la laïcité, dont il donne rapidement une définition juste, est une notion au départ « progressiste » dont se sont ensuite emparés les conservateurs qui lui ont donné un autre sens.

    Bradley date cette évolution du grand échec des tenants de la laïcité, échec qu’il fait remonter à l’incapacité du gouvernement d’union de la gauche à créer le grand service public unifié d’éducation face aux réactions massives des partisans de l’enseignement privé confessionnel, c’est-à-dire catholique. La contestation du projet de loi du ministre de l’éducation Alain Savary au début des années 1980 avait été ouvertement soutenue par les évêques dont Jean-Marie Lustiger mais aussi par des politiciens aussi connus que Jacques Chirac, Valery Giscard d’Estaing et Simone Veil. Avaient suivi la démission d’Alain Savary et celle de Pierre Mauroy, alors premier ministre.

    A partir de là, la Laïcité scolaire n’a cessé de reculer. Ainsi Jack Lang a accordé en 1992-1993 la même formation aux maîtres du privé que celle de ceux de l’enseignement public; il a aussi accepté la revalorisation du forfait d’externat de ces écoles confessionnelles.

    L’abrogation de la loi Falloux par François Bayrou a supprimé le plafonnement des aides des collectivités locales aux écoles privées.

    Une des dernières entorses à la laïcité de l’enseignement est due à M. Blanquer avec la scolarité obligatoire à partir de trois ans qui oblige les communes à accroître de manière considérable les subventions aux écoles maternelles privées.

    Tout ça pendant que l’Alsace Moselle reste sous le régime concordataire, donc non laïque.

    Les ennemis de la laïcité, pour le coup, sont plutôt ceux qui en parlent tout le temps et prétendent la défendre. Une espèce de gri-gri qu’on agite à la face de ceux qu’on n’aime pas avec d’autres gri-gris comme République, Liberté etc.

    LA FRANCE A ADOPTÉ DEPUIS LONGTEMPS LA LAÏCITÉ. APRÈS CETTE DÉCAPITATION, SERVIRA-T-ELLE À OPPRIMER?

    «La nouvelle ‘laïcité’ … est devenue un outil pour viser des personnes que nous considérons comme les ennemis de notre culture», déclare le professeur Raphaël Liogier.

    par Matt Bradley, NBC News (USA) 22 octobre 2020 traduit de l’anglais par Djazaïri

    CONFLANS-SAINTE-HONORINE, France – Des dizaines d’adolescents se tenaient debout émus dans les rues sombres et humides près après la sortie de l’école et avoir appris ce qui aurait dû être impensable: un réfugié tchétchène avait décapité leur professeur pour avoir montré aux élèves des caricatures du prophète Mahomet.

    Parmi eux, Martial Lusiela, 15 ans, qui se dit consterné par le meurtre mais ajoute qu’il avait averti son professeur, Samuel Paty , que rien de bon ne sortirait du fait de montrer les images.

    « Ce n’est pas le genre de caricature que vous devriez montrer aux élèves, car il y a des musulmans dans la classe », avait dit Martial à Paty à l’époque. « Nous sommes dans un établissement » laïque « . Cela pourrait entraîner des problèmes. »

    Martial avait peut-être pensé que la laïcité – la laïcité appliquée par l’État en France – signifiait que son professeur aurait dû éviter de telles discussions religieuses polarisantes. Mais dans les jours qui ont suivi le meurtre, les politiciens français ont eu l’interprétation inverse, présentant la laïcité comme justification à la fois de l’action de l’enseignant et d’une répression radicale de la minorité musulmane de France.

    Pendant plus d’un siècle, la «laïcité», qui visait à séparer l’État français de l’influence de l’Église catholique romaine, fut considérée comme un pilier sacré au centre de la conscience libérale française. Mais certains théoriciens politiques disent que sa signification a été récemment corrompue et transformée en arme par la droite politique.

    « La nouvelle laïcité … ce n’est plus un principe juridique et philosophique », déclare le philosophe et sociologue Raphaël Liogier, professeur à Sciences Po Aix-en-Provence. « C’est devenu un outil pour cibler les personnes que nous considérons comme les ennemis de notre culture. »

    L’hommage officiel du gouvernement à Paty fut un spectacle solennel organisé mercredi soir dans la cour d’honneur de l’Université de la Sorbonne. Le cercueil de Paty a été introduit dans la cérémonie sur l’air de «One» de U2 – la première de plusieurs chansons pop douces-amères jouées parmi les élégies, les poèmes et les prières récités par la famille, les amis et les collègues du professeur assassiné.

    Certains des membres les plus importants du gouvernement français siégeaient aux premiers rangs: le président français Emmanuel Macron a rendu un hommage émouvant à Paty – un mélange de gratitude pour le professeur assassiné, de défi face à la violence et, encore une fois, de fidélité à la laïcité.

    «Nous défendrons la liberté que vous avez si bien enseignée et nous augmenterons la laïcité», a déclaré Macron. «Nous n’abandonnerons pas les caricatures, les dessins, même si d’autres reculent. Nous offrirons toutes les chances que la République doit à toute sa jeunesse sans aucune discrimination. Nous défendrons la liberté que vous enseigniez si bien et nous porterons la laïcité, nous ne renoncerons pas aux caricatures, aux dessins, même si d’autres reculent »

    Les politiciens et les commentateurs de toutes tendances ont immédiatement qualifié le meurtre de Paty d’attaque contre la laïcité française. Ce point de vue a envahi les ondes et les journaux français, devenant un cri de ralliement pour réprimer l’extrémisme islamique, même si elle (la laïcité) visait visait à l’origine à éloigner l’État le plus possible des affaires religieuses. (Les musulmans qui sont une importante minorité en France, représentent un peu moins de 10% de la population, selon le Pew Research Center.)

    Les talk-shows télévisés ont animé des heures de débats sur le thème de la laïcité. Les chroniqueurs de journaux ont disserté longuement sur «l’attaque contre la laïcité» par «l’islam radical». Dans une interview sur BFM TV, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a vanté la laïcité tout en critiquant la vente séparée d’aliments halal dans les supermarchés présentée comme un ferment de séparatisme religieux.

    « La laïcité, l’épine dorsale de la république, a été visée par cet acte ignoble », a déclaré le Premier ministre Jean Castex à un groupe d’enseignants le lendemain de l’attaque.

    Macron, qui a longtemps défendu les droits des minorités, a récemment adopté une ligne plus dure.

    « Les islamistes ne dormiront pas tranquille en France », a-t-il déclaré après la décapitation.

    Dur avec le terrorisme ou cadeau aux xénophobes?

    L’invocation répétée de la laïcité a permis à Macron de faire valoir un lien de nature politique entre l’attentat terroriste et ses récentes propositions législatives visant à renforcer le caractère laïque de l’Etat face au «séparatisme islamiste» perçu. Beaucoup à gauche voient cela comme de la complaisance de Macron à l’égard de la droite xénophobe juste avant les élections de l’année prochaine.

    Macron a présenté la loi, qui doit être votée l’année prochaine, quelques jours seulement avant l’assassinat du professeur. Si elle est adoptée, elle donnerait à l’État un pouvoir considérable pour dissoudre les organisations religieuses, les associations et les écoles qui sont censés répandre une idéologie extrémiste. Cela conduirait au genre de contrôle politique sur les institutions religieuses qui, historiquement, aurait été un impensable pour les défenseurs de la laïcité.

    Lundi, la police a ciblé des personnes figurant sur des listes de surveillance terroriste et des organisations qui avaient exprimé leur soutien à la décapitation, fermé plusieurs associations d’entraide musulmanes et menacé d’expulser des islamistes connus, dont beaucoup sont déjà en prison. Darmanin a même proposé de dissoudre le Collectif contre l’islamophobie en France, une organisation non gouvernementale qui lutte contre les attaques contre les musulmans

    Le gouvernement a justifié la répression en affirmant qu’elle était non seulement nécessaire mais qu’elle aurait dû intervenir plus tôt. La France est toujours sous le choc d’une série d’attentats terroristes horribles, dont les attentats contre Charlie Hebdo et le Bataclan en 2015, qui ont fait près de 200 morts. Le procès des personnes soupçonnées d’avoir aidé les assassins se poursuit, et le gouvernement a continué à surveiller les menaces de radicaux islamiques visant des personnes et des lieux associés à Charlie Hebdo.

    Début octobre, deux personnes avaient été blessées quand un jeune homme qui affirmait défendre l’Islam les avait attaquées à l’arme blanche devant les anciens locaux de Charlie Hebdo.

    Les différentes significations de la laïcité ont suivi l’évolution des angoisses et des préoccupations de la société française. Le concept est souvent attribué à la loi française de 1905 sur la séparation des Églises et de l’État, qui a défini la compréhension moderne de la laïcité, même si le mot n’est jamais mentionné dans le texte.

    À l’époque, la loi était considérée comme un frein au pouvoir de l’Église catholique sur le gouvernement. Et pendant la majeure partie du siècle suivant, la laïcité a été considérée comme une cause progressiste de gauche qui allait encore plus loin que le premier amendement des États-Unis.

    Le concept contraste quelque peu avec la «liberté de religion» aux États-Unis. En France, toute référence à la religion dans la vie publique et politique peut aboutir à une mise à l’écart voire à une action en justice.

    Le laïcité concerne tout le monde, des plus modestes fonctionnaires aux élus. Les professeurs de l’enseignement public et les postiers n’ont pas le droit de porter le hijab islamique ou de grandes croix, tandis que la politicienne de droite Christine Boutin s’est retrouvée politiquement marginalisée après avoir brandi une Bible lors de son discours contre les organisations de défense des droits des homosexuels à l’Assemblée nationale en 1998.

    Mais le changement de définition a commencé dans les années 1980, lorsque la droite catholique a réussi à mettre en échec les tentatives du gouvernement socialiste français de mettre fin au financement public des écoles catholiques au nom de la laïcité.

    La conception de gauche ayant été vaincue, elle a été facilement réinvestie par une nouvelle génération d’hommes politiques populistes de droite au début des années 2000, déclare Éric Fassin, professeur de sociologie à l’Université Paris 8 St-Denis.

    « Le mot » laïcité « avait un sens, et la défaite politique de ce type de laïcité l’a rendu disponible pour quelque chose d’entièrement différent », dit-il.

    Depuis les attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis et la vague d’attentats terroristes en France en 2015, observent Fassin et Liogier, la laïcité vise désormais presque entièrement à nettoyer la société des immigrés et de l’islam.

    La « nouvelle laïcité » pervertit un idéal libéral français fondateur tout en l’utilisant pour ostraciser une minorité vulnérable,déclare Fassin, ce qui, selon lui, est exactement ce que veulent les terroristes islamistes.

    « Les terroristes veulent un monde en noir et blanc. Ils ne veulent pas d’une zone grise », dit-il. « Ils veulent que tous les musulmans aient le sentiment de devoir prendre parti. Et de le faire en prenant parti contre l’Occident.»

    Mounadil Al Djazaïri, 24 oct 2020

    Tags : France, religion, laïcité, Samuel Paty, Macron, Islam, libertés,

  • Les musulmans et la démocratie

    En matière de relation entre l’islam et la démocratie, une grande partie des idées reçues est fausse.

    D’abord, beaucoup sont ceux qui imaginent que c’est l’islam en tant que religion qui est hostile à la démocratie. Ensuite, il y a ceux qui pensent que se sont les musulmans -à cause de leurs sous-développement- qui sont hostiles à l’idéal démocratique. Et les deux, s’appuyant sur les vérités des sociétés musulmanes actuelles, concluent que les musulmans sont par nature anti-démocratiques.

    Pour répondre à ces malentendus, j’ai choisit d’aborder la question sous deux angles différents. D’abord, sur le plan pratique, les pays musulmans sont-ils des démocraties ? Ensuite -et surtout- sur le plan théorique, quel regard porte les musulmans sur la démocratie ?

    La démocratie dans les pays musulmans :

    Il y a dans le monde aujourd’hui, 47 pays à majorité musulmane dans lesquels vivent entre 1,2 milliard et 1,5 milliard de musulmans constituant ainsi 20 % de la population mondiale.

    Les 47 pays musulmans sont répartits sur tous les continents et le plus grand nombre d’entre eux se trouve au Proche-Orient et en Asie.

    Contrairement à ce que pensent beaucoup, les pays arabes constituent moins de la moitié des pays musulmans et les arabes ne représentent que le 1/4 des musulmans.

    Afin de bien comprendre le phénomène que nous analysons, il faut diviser le monde musulman en plusieurs catégories :

    1- L’Islam asiatique –exclusion faite du Moyen-Orient- est parfaitement démocratique. Le plus grand pays musulman qu’est l’Indonésie est démocratique. Et la plus grande démocratie dans le monde qu’est l’Inde est gouverné par un musulman.

    2- L’Islam Africain –exclusion faite de l’Afrique du Nord- a fait d’énormes pas vers la démocratie. Le Sénégal et le Mali sont aujourd’hui reconnus comme des démocraties.

    3- L’Islam Arabe –comprenant l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient- n’est pas démocratique. Aucun pays des 23 pays arabes n’est incontestablement reconnu comme démocratique. Mais là aussi il y a des nuances à faire :

    Au Maghreb Arabe : 4 des 5 pays du Maghreb (Mauritanie, Maroc, Algérie et Tunisie) sont en transition démocratique.
    Au Machreq Arabe : L’ensemble de ces pays, en raison des régimes monarchiques qui gouvernent la majorité d’entre eux, sont encore loin de la démocratie. Exception faite du Liban (qui peut être considéré comme le pays arabe le plus démocratique) et le Kuweit qui se trouve en transition démocratique.

    Deux conclusions peuvent être tirées de ce tableau :

    1- La majorité des musulmans (950 millions de personnes) vivent dans des régimes démocratique ou en transition vers la démocratie.

    2- C’est dans le monde arabe qu’il y a le moins de démocratie. C’est le monde arabe qui donne de l’Islam une mauvaise image en matière de démocratie.

    On a ainsi clarifié certaines questions à propos de la démocratie dans le monde musulman en général, il importe maintenant de s’interroger sur le pourquoi de l’absence de la démocratie du monde arabe en particulier. Autrement dit, Cette absence s’explique-t-elle, comme le pense certains, par le refus des populations arabo-musulmanes de la démocratie ?

    La démocratie dans l’opinion musulmane :

    Dans les 10 dernières années, deux vagues de sondages ont étés réalisés par World Values Survey à propos de l’opinion des musulmans sur la démocratie.

    Les sondages réalisés en 1995-1996 et en 2002-2003 dans cinq pays arabes (Algérie, Egypte, Jordanie, Arabie saoudite, Maroc) et neuf pays musulmans (Albanie, Azerbaïdjan, Bangladesh, Bosnie, Indonésie, Iran, Kirghizstan, Pakistan, Turquie) nous fournissent de très importantes indications.

    En effet, la démocratie a une image très positive dans tous les pays arabes. Ainsi 61 % des personnes interrogées dans les pays arabes sont d’accords pour dire que « la démocratie peut avoir de nombreux problèmes, mais c’est la meilleure forme de gouvernement » contre 52 % des personnes interrogées dans 16 pays de l’Europe Occidental et … 38 % seulement dans l’ensemble Etats-Unis, Canada, Australie et Nouvelle-Zélande.

    Ainsi, non seulement les arabes sont favorables à la démocratie mais ils sont ceux qui ‘‘l’aiment’’ le plus dans le monde entier.

    Nous voyons clairement que l’inexistence de démocratie dans le monde arabe n’est pas en elle même imputable aux musulmans.

    Peut–on l’imputer alors à certaines interprétations extrémistes de l’Islam qui ont vu le jour dans le monde arabe et ne se sont pas développées dans le reste du monde musulman ?

    Le débat est ouvert …

    Source : Islamiqua, 18 nov 2006

    Tags : Islam, démocratie, laïcité, religion, foi, culte,