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  • Le Maghreb en ébullition -Analyse-

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    – La crise entre Alger et Rabat, la situation politique et économique précaire en Tunisie, les provocations françaises à l’encontre de l’Algérie… autant d’épisodes qui menacent la stabilité du Maghreb

    Les crises qui secouent les pays du Maghreb arabe se sont multipliées, au cours de la période écoulée, et menacent la stabilité de la région, d’autant plus que ces crises ont des dimensions politique, sécuritaire et économique, avec l’intervention de parties étrangères, telle que la France, dans les conflits en cours dans la région ce qui est de nature à aggraver ces crises.
    Si nous écartons la Libye et la Mauritanie, au vu de des spécificités qui sont les leurs, et que nous focalisons l’attention sur l’Algérie, le Maroc et la Tunisie – noyau dur du Maghreb – la région fait face à des scénarios incertains, dont certains pourraient menacer la stabilité des Etats, si les crises ne sont pas contenues avant qu’elles ne deviennent incontrôlables.

    – Le Sahara occidental : Un dossier épineux

    La crise du Sahara occidental fait partie des épineux dossiers en suspens entre le Maroc, d’une part, et le Front Polisario, appuyé par l’Algérie qui abrite des réfugiés de cette région depuis plusieurs décennies, d’autre part.
    Le Sahara occidental fait l’objet d’un conflit entre le Maroc et le Polisario, depuis 1975, date de la fin de l’occupation espagnole. Rabat propose une autonomie élargie sous sa souveraineté, tandis que le Polisario, soutenu par l’Algérie, appelle à la tenue d’un référendum d’autodétermination.

    Avec l’annonce par l’ancien Président américain, Donald Trump, le 10 décembre 2020, de la reconnaissance par les Etats-Unis d’Amérique de la souveraineté du Maroc sur la région du Sahara occidental, un nouvel épisode d’escarmouches et d’altercations entre le Maroc et le Polisario a été enclenché.

    Même si ces escarmouches paraissent limitées et n’ont pas atteint le stade de la « guerre totale », il n’en demeure pas moins que leur poursuite menacerait la stabilité de la région.

    Le dossier du Sahara occidental a contribué, également, à compliquer la crise entre l’Algérie et le Maroc de manière inédite, au vu des déclarations réciproques. Le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a évoqué ce sujet au cours de la rencontre virtuelle du Mouvement des non-alignés en Azerbaïdjan, les 13 et 14 juillet dernier, et le délégué permanent du Maroc auprès des Nations Unies, Omar Hellal, a appelé à « l’indépendance du peuple kabyle », en Algérie.

    Parmi les retombées de la déclaration du diplomate marocain figurent les mesures de rétorsion prises par l’Algérie contre le Maroc, s’agissant notamment du rappel de l’ambassadeur, de la rupture des relations diplomatiques, du non-renouvellement du contrat d’acheminement du gaz algérien vers l’Espagne via un oléoduc qui traverse le territoire marocain et l’interdiction faite aux avions marocains de survoler l’espace aérien algérien.

    – L’Espagne et le Maroc : Une relation en dents de scie

    Pas loin de l’Afrique du Nord, les relations entre l’Espagne le Maroc sont marquées par des hauts et des bas.
    En effet, la relation entre les 2 royaumes a été marquée par une tension et une crise sur fond de l’accueil par Madrid, du 21 avril jusqu’au début du mois de juin dernier, du chef du Front Polisario, Brahim Ghai, sous une « fausse identité », sous le motif de recevoir des soins après qu’il a été atteint de la Covid-19. Cet épisode a provoqué l’ire de Rabat qui accuse Ghali d’avoir « commis des crimes de guerre ».

    La crise a connu son point d’orgue lorsque 8 000 migrants clandestins, dont des mineurs, ont afflué, à la mi-mai dernier, du Maroc vers Ceuta (sous administration espagnole), ce qui a été considéré par des responsables espagnols et européens comme étant une tentative de Rabat d’exercer une pression sur Madrid après avoir accueilli Ghai.
    Au mois de juillet dernier, le Chef du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, a nommé José Manuel Albares au poste de ministre des Affaires étrangères à la place de Arancha Gonzalez Laya, pour améliorer les relations avec le Maroc, selon des médias des deux pays.

    Le 20 août dernier, le souverain marocain a déclaré dans un discours télévisé que son pays « aspire à inaugurer une nouvelle phase inédite dans ses relations avec l’Espagne ».

    Le roi Mohammed VI a déclaré à ce propos : « Il est vrai que ces relations ont été marquées, au cours de la récente période, par une crise inédite, qui a secoué fortement la confiance mutuelle et soulevé de nombreuses interrogations sur le destin de nos liens. Toutefois, nous avons travaillé avec la partie espagnole dans le calme, la clarté et la responsabilité ».

    – L’Algérie au cœur de la campagne électorale française

    Le Président français, Emmanuel Macron, a, brusquement, intégré l’Algérie, de manière implicite, dans sa campagne électorale prévue au printemps 2022, lorsqu’il s’est interrogé sur l’existence d’une Nation algérienne avant la colonisation française du pays en 1830.

    Il s’est demandé dans ce cadre : « Existait-il une Nation algérienne avant la colonisation française? ».
    La réaction algérienne ne s’est pas fait attendre. Alger a rappelé son ambassadeur à Paris, convoqué l’ambassadeur français à Alger et fermé son espace aérien aux avions militaires français qui le survolaient pour rallier le Mali dans le cadre de l’opération Barkhane.

    Un communiqué de la Présidence algérienne a été, également, diffusé pour condamner les déclarations de Macron, qualifiés « d’irresponsables et qui constituent une atteinte inacceptable à la mémoire de 5 millions 630 mille martyrs, qui se sont sacrifiés à travers une résistance farouche et courageuse contre la colonisation française de 1830 à 1962 ».
    Macron, qui avait qualifié la colonisation française au cours de sa campagne électorale en 2017, de « crimes contre l’humanité » et qui a été considéré à l’époque par l’ancien et actuel ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, comme « ami » de son pays, a décidé de changer son aire de jeu en lorgnant les voix de l’extrême droite.
    En effet, la montée de l’extrême droite en France a fait que Macron a parié sur ce courant pour remporter un deuxième mandat présidentiel et le plus court chemin pour s’attirer les faveurs de cette tendance demeure de multiplier les restrictions et les attaques contre les immigrants en particulier les Maghrébins.

    La décision de Macron, portant réduction des visas d’entrée pour les Algériens, les Marocains et les Tunisiens s’inscrit également dans le cadre du rapprochement avec les électeurs de l’extrême droite hostiles aux immigrants, bien que le nombre des électeurs français d’origine algérienne s’élève à plus d’un million de personnes, sans oublier les électeurs d’origine marocaine et tunisienne qui ont eu, à leur tour, un rôle décisif dans la montée de Macron au deuxième tour de la Présidentielle en 2017.

    Plus on se rapproche de la date de la présidentielle française d’avril prochain et plus la tension entre Paris et Alger s’accentue, d’autant plus que l’Algérie est devenue, à l’époque du Président Abdelmadjid Tebboune, moins tolérante à l’endroit des dépassements français. On s’attend aussi à ce que l’Algérie annule les réunions bilatérales de haut niveau portant sur la « mémoire commune » entre les deux pays.

    Il est prévu, également, que l’Algérie renforce son alliance avec la Russie au Mali au cours de la prochaine phase, pour endiguer l’influence française dans la région du Sahel.

    Toutefois, nombre d’observateurs estiment que la tension entre Paris et Alger pourrait disparaître si la France élit un nouveau président et ce au vu de l’ampleur et des intérêts communs qui réunissent les deux pays et que les deux parties souhaiteraient préserver.

    – La Tunisie en ébullition

    La Tunisie ne fait pas exception et fait partie intégrante de la situation tendue en Afrique du Nord. En effet, le bastion du Printemps arabe connaît une régression en matière de réalisations engrangées par la Révolution du Jasmin, qui a fait chuter le régime du Président Zine el Abidine Ben Ali en 2011.

    La suspension par le chef de l’Etat des travaux du Parlement, la levée de l’immunité parlementaire dont bénéficiaient les députés, le limogeage du Chef du gouvernement, Hichem Méchichi, la nomination d’une nouvelle cheffe de gouvernement, après la prolongation sine die des mesures d’exception et l’intention de Saïed d’amender la loi électorale selon une nouvelle vision radicalement différente par rapport à ce qui est connu dans plusieurs pays, sont autant d’éléments et de faisceaux « qui laissent prévoir l’abrogation des partis ».

    Cependant, ces mesures d’exception ne font pas l’unanimité parmi le peuple tunisien, scindé en deux parties, une première favorable au Président et une deuxième hostile à ses mesures. Cette division s’est d’ailleurs illustrée à travers les dernières manifestations dans la capitale Tunis.

    Ces mesures sont concomitantes avec une crise financière et économique aiguë, selon le gouverneur de la Banque centrale, Marouane Abassi, laquelle crise, selon ce haut responsable, menace le pays de banqueroute, en particulier après que la dette du pays a atteint 90% de son PIB, à la fin de 2020, alors que ce ratio ne dépassait pas les 43% en 2009.

    Selon le magazine français « Jeune Afrique », le Président Saïed aurait besoin de 2,82 milliards de dollars pour pallier le déficit budgétaire, au moment où les institutions financières mondiales et les bailleurs de fonds internationaux ne semblent pas enclins à octroyer à la Tunisie un nouveau prêt avec garantie américaine, au vu du flou artistique qui caractérise la situation politique et des pressions exercées par Washington pour un retour à la situation antérieure aux mesures prises le 25 juillet dernier.

    Compte tenu de la crise politique aiguë qui secoue le pays, aggravée par une crise économique étouffante, la Tunisie se dirige pour devenir le « Liban du Maghreb arabe », en particulier avec les retombées de la pandémie de la Covid-19 aux plan sanitaire, économique et social.

    Cette ébullition politique, aussi bien en Algérie qu’en Tunisie ou au Maroc se doit d’être contenue, de manière bilatérale ou encore au plan local, pour éviter l’escalade et identifier des solutions raisonnables, tout en privilégiant l’accalmie. A défaut, la région pourrait s’enliser dans des dédales encore plus complexes que les situations qui prévalent actuellement.

    Anadolou, 07/10/2021

  • Le Maghreb en ébullition (Analyse)

    Maghreb, Algérie, Maroc, Tunisie, Sahara Occidental, #Maghreb, #Algérie, #Maroc, #Sahara_Occidental, #Tunisie,

    – La crise entre Alger et Rabat, la situation politique et économique précaire en Tunisie, les provocations françaises à l’encontre de l’Algérie… autant d’épisodes qui menacent la stabilité du Maghreb

    Les crises qui secouent les pays du Maghreb arabe se sont multipliées, au cours de la période écoulée, et menacent la stabilité de la région, d’autant plus que ces crises ont des dimensions politique, sécuritaire et économique, avec l’intervention de parties étrangères, telle que la France, dans les conflits en cours dans la région ce qui est de nature à aggraver ces crises.
    Si nous écartons la Libye et la Mauritanie, au vu de des spécificités qui sont les leurs, et que nous focalisons l’attention sur l’Algérie, le Maroc et la Tunisie – noyau dur du Maghreb – la région fait face à des scénarios incertains, dont certains pourraient menacer la stabilité des Etats, si les crises ne sont pas contenues avant qu’elles ne deviennent incontrôlables.

    – Le Sahara occidental : Un dossier épineux

    La crise du Sahara occidental fait partie des épineux dossiers en suspens entre le Maroc, d’une part, et le Front Polisario, appuyé par l’Algérie qui abrite des réfugiés de cette région depuis plusieurs décennies, d’autre part.
    Le Sahara occidental fait l’objet d’un conflit entre le Maroc et le Polisario, depuis 1975, date de la fin de l’occupation espagnole. Rabat propose une autonomie élargie sous sa souveraineté, tandis que le Polisario, soutenu par l’Algérie, appelle à la tenue d’un référendum d’autodétermination.

    Avec l’annonce par l’ancien Président américain, Donald Trump, le 10 décembre 2020, de la reconnaissance par les Etats-Unis d’Amérique de la souveraineté du Maroc sur la région du Sahara occidental, un nouvel épisode d’escarmouches et d’altercations entre le Maroc et le Polisario a été enclenché.

    Même si ces escarmouches paraissent limitées et n’ont pas atteint le stade de la « guerre totale », il n’en demeure pas moins que leur poursuite menacerait la stabilité de la région.

    Le dossier du Sahara occidental a contribué, également, à compliquer la crise entre l’Algérie et le Maroc de manière inédite, au vu des déclarations réciproques. Le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a évoqué ce sujet au cours de la rencontre virtuelle du Mouvement des non-alignés en Azerbaïdjan, les 13 et 14 juillet dernier, et le délégué permanent du Maroc auprès des Nations Unies, Omar Hellal, a appelé à « l’indépendance du peuple kabyle », en Algérie.

    Parmi les retombées de la déclaration du diplomate marocain figurent les mesures de rétorsion prises par l’Algérie contre le Maroc, s’agissant notamment du rappel de l’ambassadeur, de la rupture des relations diplomatiques, du non-renouvellement du contrat d’acheminement du gaz algérien vers l’Espagne via un oléoduc qui traverse le territoire marocain et l’interdiction faite aux avions marocains de survoler l’espace aérien algérien.

    – L’Espagne et le Maroc : Une relation en dents de scie

    Pas loin de l’Afrique du Nord, les relations entre l’Espagne le Maroc sont marquées par des hauts et des bas.
    En effet, la relation entre les 2 royaumes a été marquée par une tension et une crise sur fond de l’accueil par Madrid, du 21 avril jusqu’au début du mois de juin dernier, du chef du Front Polisario, Brahim Ghai, sous une « fausse identité », sous le motif de recevoir des soins après qu’il a été atteint de la Covid-19. Cet épisode a provoqué l’ire de Rabat qui accuse Ghali d’avoir « commis des crimes de guerre ».

    La crise a connu son point d’orgue lorsque 8 000 migrants clandestins, dont des mineurs, ont afflué, à la mi-mai dernier, du Maroc vers Ceuta (sous administration espagnole), ce qui a été considéré par des responsables espagnols et européens comme étant une tentative de Rabat d’exercer une pression sur Madrid après avoir accueilli Ghai.
    Au mois de juillet dernier, le Chef du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, a nommé José Manuel Albares au poste de ministre des Affaires étrangères à la place de Arancha Gonzalez Laya, pour améliorer les relations avec le Maroc, selon des médias des deux pays.

    Le 20 août dernier, le souverain marocain a déclaré dans un discours télévisé que son pays « aspire à inaugurer une nouvelle phase inédite dans ses relations avec l’Espagne ».

    Le roi Mohammed VI a déclaré à ce propos : « Il est vrai que ces relations ont été marquées, au cours de la récente période, par une crise inédite, qui a secoué fortement la confiance mutuelle et soulevé de nombreuses interrogations sur le destin de nos liens. Toutefois, nous avons travaillé avec la partie espagnole dans le calme, la clarté et la responsabilité ».

    – L’Algérie au cœur de la campagne électorale française

    Le Président français, Emmanuel Macron, a, brusquement, intégré l’Algérie, de manière implicite, dans sa campagne électorale prévue au printemps 2022, lorsqu’il s’est interrogé sur l’existence d’une Nation algérienne avant la colonisation française du pays en 1830.

    Il s’est demandé dans ce cadre : « Existait-il une Nation algérienne avant la colonisation française? ».
    La réaction algérienne ne s’est pas fait attendre. Alger a rappelé son ambassadeur à Paris, convoqué l’ambassadeur français à Alger et fermé son espace aérien aux avions militaires français qui le survolaient pour rallier le Mali dans le cadre de l’opération Barkhane.

    Un communiqué de la Présidence algérienne a été, également, diffusé pour condamner les déclarations de Macron, qualifiés « d’irresponsables et qui constituent une atteinte inacceptable à la mémoire de 5 millions 630 mille martyrs, qui se sont sacrifiés à travers une résistance farouche et courageuse contre la colonisation française de 1830 à 1962 ».
    Macron, qui avait qualifié la colonisation française au cours de sa campagne électorale en 2017, de « crimes contre l’humanité » et qui a été considéré à l’époque par l’ancien et actuel ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, comme « ami » de son pays, a décidé de changer son aire de jeu en lorgnant les voix de l’extrême droite.
    En effet, la montée de l’extrême droite en France a fait que Macron a parié sur ce courant pour remporter un deuxième mandat présidentiel et le plus court chemin pour s’attirer les faveurs de cette tendance demeure de multiplier les restrictions et les attaques contre les immigrants en particulier les Maghrébins.

    La décision de Macron, portant réduction des visas d’entrée pour les Algériens, les Marocains et les Tunisiens s’inscrit également dans le cadre du rapprochement avec les électeurs de l’extrême droite hostiles aux immigrants, bien que le nombre des électeurs français d’origine algérienne s’élève à plus d’un million de personnes, sans oublier les électeurs d’origine marocaine et tunisienne qui ont eu, à leur tour, un rôle décisif dans la montée de Macron au deuxième tour de la Présidentielle en 2017.

    Plus on se rapproche de la date de la présidentielle française d’avril prochain et plus la tension entre Paris et Alger s’accentue, d’autant plus que l’Algérie est devenue, à l’époque du Président Abdelmadjid Tebboune, moins tolérante à l’endroit des dépassements français. On s’attend aussi à ce que l’Algérie annule les réunions bilatérales de haut niveau portant sur la « mémoire commune » entre les deux pays.

    Il est prévu, également, que l’Algérie renforce son alliance avec la Russie au Mali au cours de la prochaine phase, pour endiguer l’influence française dans la région du Sahel.

    Toutefois, nombre d’observateurs estiment que la tension entre Paris et Alger pourrait disparaître si la France élit un nouveau président et ce au vu de l’ampleur et des intérêts communs qui réunissent les deux pays et que les deux parties souhaiteraient préserver.

    – La Tunisie en ébullition

    La Tunisie ne fait pas exception et fait partie intégrante de la situation tendue en Afrique du Nord. En effet, le bastion du Printemps arabe connaît une régression en matière de réalisations engrangées par la Révolution du Jasmin, qui a fait chuter le régime du Président Zine el Abidine Ben Ali en 2011.

    La suspension par le chef de l’Etat des travaux du Parlement, la levée de l’immunité parlementaire dont bénéficiaient les députés, le limogeage du Chef du gouvernement, Hichem Méchichi, la nomination d’une nouvelle cheffe de gouvernement, après la prolongation sine die des mesures d’exception et l’intention de Saïed d’amender la loi électorale selon une nouvelle vision radicalement différente par rapport à ce qui est connu dans plusieurs pays, sont autant d’éléments et de faisceaux « qui laissent prévoir l’abrogation des partis ».

    Cependant, ces mesures d’exception ne font pas l’unanimité parmi le peuple tunisien, scindé en deux parties, une première favorable au Président et une deuxième hostile à ses mesures. Cette division s’est d’ailleurs illustrée à travers les dernières manifestations dans la capitale Tunis.

    Ces mesures sont concomitantes avec une crise financière et économique aiguë, selon le gouverneur de la Banque centrale, Marouane Abassi, laquelle crise, selon ce haut responsable, menace le pays de banqueroute, en particulier après que la dette du pays a atteint 90% de son PIB, à la fin de 2020, alors que ce ratio ne dépassait pas les 43% en 2009.

    Selon le magazine français « Jeune Afrique », le Président Saïed aurait besoin de 2,82 milliards de dollars pour pallier le déficit budgétaire, au moment où les institutions financières mondiales et les bailleurs de fonds internationaux ne semblent pas enclins à octroyer à la Tunisie un nouveau prêt avec garantie américaine, au vu du flou artistique qui caractérise la situation politique et des pressions exercées par Washington pour un retour à la situation antérieure aux mesures prises le 25 juillet dernier.

    Compte tenu de la crise politique aiguë qui secoue le pays, aggravée par une crise économique étouffante, la Tunisie se dirige pour devenir le « Liban du Maghreb arabe », en particulier avec les retombées de la pandémie de la Covid-19 aux plan sanitaire, économique et social.

    Cette ébullition politique, aussi bien en Algérie qu’en Tunisie ou au Maroc se doit d’être contenue, de manière bilatérale ou encore au plan local, pour éviter l’escalade et identifier des solutions raisonnables, tout en privilégiant l’accalmie. A défaut, la région pourrait s’enliser dans des dédales encore plus complexes que les situations qui prévalent actuellement.

    Anadolou, 07/10/2021

  • Polisario: le processus de paix ne sera possible que si le Maroc met fin à l'occupation du Sahara occidental

    Sahara Occidental, Maroc, Front Polisario, ONU? Staffan de Mistura, #Sahara_Occidental, #Maroc,

    BIR LEHLOU – Le Front Polisario a indiqué mercredi avoir « pris acte de la nomination par le SG de l’ONU de M.Staffan de Mistura en tant que nouvel envoyé personnel pour le Sahara Occidental », soulignant qu’aucun processus de paix crédible et viable, ne sera possible que si le Maroc mette fin à l’occupation des territoires sahraouis.
    « Le Front Polisario, qui a démontré par des actions concrètes son véritable engagement en faveur d’une solution pacifique et durable pour la décolonisation du Sahara occidental, souligne qu’aucun processus de paix véritable, crédible et viable, qui servirait la cause de la paix, de la sécurité et de la stabilité dans la région, ne sera possible tant que l’Etat occupant du Maroc persiste, en toute impunité, dans ses actions illégales et ses tentatives d’imposer par la force un fait accompli colonial au Sahara occidental occupé », a réagi mercredi le Polisario à la nomination du nouvel émissaire Staffan de Mistura.
    Et rappelle que la nomination de De Mistura  » intervient à un moment où le processus de paix de l’ONU au Sahara occidental a connu, du 6 septembre 1991 au 13 novembre 2020, des développements extrêmement dangereux car le Maroc a sapé le mandat de la Mission des Nations Unies pour l’organisation du référendum au Sahara occidental (Minurso) tel qu’établi dans la résolution 690 (1991) du Conseil de sécurité et les résolutions pertinentes, torpillé le cessez-le-feu et a de nouveau déclaré la guerre au peuple sahraoui », relève le Front Polisario dans un communiqué relayé mercredi soir.
    « Le cessez-le-feu de 1991 s’est complètement effondré sous les yeux de la Minurso en raison de l’acte d’agression perpétré par l’Etat occupant du Maroc sur le territoire libéré sahraoui le 13 novembre 2020, et qui continue à ce jour, alors que le Conseil de sécurité et le Secrétariat de l’ONU garde un silence assourdissant », déplore-t-il.
    Il réaffirme que « la seule voie » à suivre pour parvenir à une solution pacifique, juste et durable garantissant la décolonisation du Sahara occidental est de permettre au peuple sahraoui d’exercer librement et démocratiquement son droit inaliénable et non négociable à l’autodétermination et à l’indépendance conformément à la légalité internationale et aux résolutions pertinentes des Nations Unies et de l’Union africaine.
    Le Front Polisario déclare « attendre avec intérêt » de discuter avec le nouvel Envoyé personnel du SG de l’ONU sur la manière dont il prévoit d’accomplir sa mission en vue de permettre au peuple du Sahara occidental d’exercer son droit inaliénable à l’autodétermination et à l’indépendance.
    SPS
  • Maroc-Algérie : quel avenir pour leurs relations ?

    Algérie, Maroc, Tunisie, Sahara Occidental, #Algérie, #Maroc,#Tunisie, #Sahara_Occidental,

    Les relations diplomatiques entre l’Algérie et le Maroc se sont récemment durcies et leur avenir devient incertain. Dans le même temps, les conditions de vie de la population des pays du Maghreb stagnent malgré les revendications. Le point avec Brahim Oumansour, chercheur associé à l’IRIS.

    Traditionnellement difficiles, les relations entre l’Algérie et le Maroc ont connu une récente dégradation en août avec la rupture de leurs relations diplomatiques, puis avec l’annonce de l’Algérie de fermer son espace aérien à tous les avions marocains. Comment expliquer et analyser cette rupture au regard de l’histoire des relations entre ces deux pays ?

    Les relations entre le Maroc et l’Algérie sont historiquement difficiles et froides. Elles sont caractérisées par une rivalité pour le leadership de la région, mais également par des périodes de tensions. On l’a dans un premier temps vu lors du contentieux territorial qui a mené à l’affrontement entre l’armée algérienne et l’armée royale en 1963 lors de la guerre des Sables (1963-1964). Puis, ces tensions se sont cristallisées autour du conflit du Sahara occidental suite au soutien qu’a apporté Alger au Front Polisario qui revendique l’indépendance du territoire disputé entre le Polisario et le Maroc. Ces tensions se sont enfin traduites par la fermeture des frontières terrestres depuis 1994.

    Cependant, on observe une récente dégradation des relations et une rapide escalade des tensions entre les deux États. Elles sont relatives à plusieurs facteurs. Elles tiennent d’abord à la diplomatie unilatérale adoptée par le roi Mohamed VI sur le dossier du Sahara occidental depuis son retour au sein de l’Union africaine en 2017. Cette diplomatie a notamment permis l’ouverture de consulats par certains pays, tels que les Émirats arabes unis, traduisant ainsi la reconnaissance de la marocanité du Sahara occidental par une voix unilatérale. La reconnaissance de cette souveraineté a par ailleurs été opérée par Donald Trump, durcissant les relations entre Maroc et Algérie. Puis, elle été effectuée de façon conditionnée, par la normalisation des relations entre le Maroc et Israël, moment diplomatique marquant des nouvelles tensions entre Alger et Rabat. L’escalade s’est en outre accélérée ces derniers mois suite à la déclaration du représentant marocain à l’ONU, Omar Hilal, en juillet dernier, en faveur de ce qu’il considère être le droit à l’autodétermination du peuple kabyle, jouant sur les revendications du Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK).

    D’autres évènements ont également envenimé les relations entre les deux pays : l’affaire d’espionnage Pegasus, ainsi que les propos tenus par le ministre israélien des Affaires étrangères à l’encontre de l’Algérie lors de sa visite au Maroc les 11 et 12 août derniers. Cette situation a particulièrement suscité la colère des dirigeants algériens, considérant ces propos comme une déclaration ouverte d’hostilité envers l’Algérie, en rupture avec les accords signés lors de la création de l’Union du Maghreb arabe (UMA) prônant des relations de bon voisinage et d’amitié entre les pays du Maghreb.

    Dans la course à l’hégémonie entre ces deux puissances, ces tensions illustrent-elles un tournant pour le rayonnement diplomatique de ces pays ? Quelles réactions de la part de la communauté internationale ?

    Certes, la course à l’hégémonie régionale reste un mobile de taille pour les deux pays. Alger cherche à réaffirmer son poids dans la région après plusieurs années de repli qui avaient laissé la voie ouverte au rayonnement de Rabat aux niveaux régional et international. La stratégie africaine de Rabat lui a permis de développer des relations et des accords commerciaux avec les groupes régionaux comme la CEDEAO et retourner certains États africains en sa faveur sur le dossier du Sahara occidental. Les accords commerciaux avec l’Union européenne intégrant le territoire disputé sont considérés comme un exploit par Rabat tant pour sa revendication de la marocanité du Sahara occidental que sur son positionnement de leader régional. Un activisme diplomatique qui risque d’irriter Alger et relancer la compétition entre les deux voisins.

    Mais les instabilités régionales, en Libye et au Sahel notamment, exercent beaucoup de pression sur les deux pays, et contribuent également à l’escalade des tensions. L’Algérie et le Maroc sont deux pays pivots de la région Maghreb-Sahel considérés comme des partenaires clés par les puissances internationales afin de garantir la stabilité de la région, lutter contre le terrorisme et enrayer le crime organisé. La montée des tensions entre les deux pays pourrait venir ternir le tableau aux yeux de la communauté internationale, ou tout du moins susciter son inquiétude. De fait, ces tensions pourraient entraver la stabilité régionale, déjà très fragile.

    Toutefois, même si Alger a choisi l’escalade en refusant de renouveler le contrat sur le gaz et en fermant son espace aérien, ces mesures se font avec une certaine retenue. Les deux États ont conscience qu’une telle escalade serait mal vue au niveau international. Ils feront donc tout pour éviter de subir la pression de la communauté internationale.

    Entre relations tendues entre le Maroc et l’Algérie, et une démocratie tunisienne de plus en plus étouffée par son président Kaïs Saïed, quel avenir pour la population de ces pays du Maghreb ?

    Les révoltes de 2011 en Tunisie, au Maroc et le récent soulèvement de la population algérienne depuis février 2019, illustrent une évolution au sein de la population maghrébine : elle est en quête de plus de libertés, de démocratie et de justice. Ces revendications apparaissent lors des manifestations, regroupant une jeunesse plus éduquée et ouverte au monde, notamment grâce à Internet et aux réseaux sociaux. Mais, cette évolution de la société maghrébine se heurte à l’immobilisme des politiques en place, d’une élite vieillissante et des systèmes de gestion économique, politique et sociale obsolètes. Effectivement, la réaction des pouvoirs en place se caractérise la plupart du temps par une absence de réponse, ou bien par quelques réformes institutionnelles et constitutionnelles qui n’apportent pas de changement sur le terrain. Les réformes structurelles, politiques et sociales qui pourraient satisfaire les revendications de ces populations ne voient donc pas le jour.

    C’est le cas au Maroc. En effet, malgré les réformes constitutionnelles en réaction au mouvement de février 2011, le roi dirige le pays d’une main de fer, contrôlant la vie politique, économique et sociale du pays. On observe aussi un retournement de situation en Algérie par rapport au début de la mobilisation, avec une montée en puissance d’une politique répressive sur les militants et la presse. Enfin, la Tunisie voit son président Kaïs Saïed concentrer le pouvoir entre ses mains, prenant le risque d’une dérive autoritaire, allant à l’encontre de l’esprit de la révolution tunisienne.

    Ainsi, face aux revendications démocratiques de ces populations, les pouvoirs en place s’accrochent encore au paradigme sécuritaire, ce qui les rend réticents à conduire leur pays respectif à une démocratisation réelle, à des réformes profondes sur le plan politique, économique et social. Le paradigme sécuritaire est également soutenu par les puissances étrangères pour lesquelles prime la stabilité de ces États et de la région. Par extension, cette primauté à la stabilité se fait aux dépens des droits à la liberté, la justice, et au développement. D’autant que la corruption continue de gangréner les différents pays et entrave tout développement.

    Bien sûr, l’instabilité de la région n’encourage pas non plus ces pays à mener des réformes politiques sereines vers une démocratisation. Elle conduit au contraire à pérenniser l’immobilisme politique à l’origine même des différentes crises, y compris économiques et sociales, qui crée un sentiment de désespoir que l’on observe au sein de la population maghrébine et visible dans la montée des flux migratoires. On le voit notamment avec les migrations illégales des boat people : des dizaines de milliers de personnes sont arrivées en Espagne ces derniers mois en plus de l’augmentation des demandes de visas. Ces crispations politiques conjuguées avec la dégradation de la situation économique et sociale de ces pays transforment malheureusement les sociétés maghrébines en une poudrière. Cela suscite ainsi beaucoup d’incertitude et d’inquiétude pour ces pays et pour la région.

    Brahim Oumansour

    IRIS, 07/10/2021

  • Saïd Ayachi : « la France soutient le Maroc dans ses manœuvres pour assurer ses intérêts »

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    Saïd Ayachi, président du Comité national algérien de soutien au peuple sahraoui, est intervenu jeudi à l’émission l’Invité de la Rédaction de la Radio algérienne pour commenter les dernières évolutions de la situation du peuple sahraoui, notamment avec la nomination de Staffan de Mistura envoyé personnel pour le Sahara occidental.

    « L’Algérie a été parmi les pays qui ont le plus insisté sur la nomination de cet envoyé personnel de la part de l’ONU avec l’Afrique du Sud, l’Union africaine, et tout récemment l’administration Biden. Le Maroc n’avait pas le choix dans cette affaire pour pouvoir nommer un envoyé personnel marocophile », déclare Saïd Ayachi.
    Pour ce président du Comité national algérien de soutien au peuple Sahraoui, tous les dossiers internationaux du Sahara occidental subissent les pressions de la France, qui, en soutenant le Maroc « se tient contre le droit international au sein du Conseil de sécurité et s’oppose à l’application de sa résolution qui reconnait le droit au peuple sahraoui de bénéficier d’un référendum. »
    « La France s’oppose à protéger et à défendre les droits de l’homme au Sahara occidental. Elle soutient, également, le Maroc dans ses manœuvres au sein de l’Union européenne. Nous la retrouvons partout et nous sommes en droit de chercher une explication qui n’est valide qu’avec le fait d’avoir un esprit colonialiste dont même ses instances officielles n’arrivent pas à se détacher », souligne Saïd Ayachi.
    Dans le même contexte, il estime que la France, par l’intermédiaire du Maroc, « impose cette occupation puisqu’il s’agit du pont des intérêts français dans l’Afrique de l’Ouest principalement. »
    Radio Algérienne, 07/10/2021
  • Maroc et Algérie: une confrontation militaire imminente ?

    Maroc et Algérie: une confrontation militaire imminente ?

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    Depuis la rupture des relations diplomatiques avec Rabat le 24 août, les relations de l’ Algérie avec le Maroc voisin sont devenues de plus en plus tendues.

    Tout d’abord, l’annonce du ministre algérien de l’énergie que le contrat du gazoduc Maghreb-Europe , qui distribue du gaz naturel à l’Espagne, ne serait pas renouvelé, interrompant à toutes fins pratiques l’approvisionnement en gaz du Maroc.

    Ensuite, le Haut Conseil de sécurité algérien a annoncé qu’il fermait son espace aérien à tous les aéronefs civils et militaires marocains ainsi qu’à ceux immatriculés au Maroc.

    Plus récemment, le 28 septembre, le chef d’état-major algérien, le lieutenant-général Saïd Chengriha, a accusé le royaume marocain d’avoir fomenté un « complot » contre son pays « pour saper l’unité du peuple algérien, en semant la discorde et la division entre eux ».

    « L’attachement de l’Algérie à ses principes et sa détermination à ne pas s’en écarter sont une source d’irritation pour le makhzen [institution gouvernementale marocaine] et un frein aux projets régionaux douteux du régime », aurait déclaré le lieutenant général.

    Compte tenu de la tournure récente des événements, il est impossible de croire que le roi du Maroc Mohammed VI se contentera d’exercer à nouveau le soft power du consensus et de la coopération régionale.

    Oubliez les discours de décembre 2019, où le monarque marocain a lancé un appel au président algérien nouvellement élu, Abdelmadjid Tebboune, l’exhortant à « ouvrir un nouveau chapitre dans les relations entre les deux pays voisins, fondés sur la confiance mutuelle et le dialogue constructif », et d’août 2021, lorsque Mohammed VI a exhorté « son excellence le président algérien à travailler à l’unisson pour le développement des relations fraternelles ».

    Sahara occidental
    La politique marocaine de soi-disant  » tendre la main  » n’est peut-être qu’un simple écran de fumée visant à cacher les véritables intentions du régime – de forcer les généraux algériens à déclencher les hostilités.

    Bref, Mohammed VI, commandant suprême et chef d’état-major des Forces armées royales (FAR), semble déterminé à utiliser la force militaire pour défendre les prétentions du royaume sur ce qu’il considère comme ses « provinces du sud », terme utilisé par le gouvernement marocain pour la partie du Sahara occidental qu’il occupe.

    Dans un geste soigneusement calculé visant à neutraliser la portée de l’armée marocaine – qui avait autrefois tenté un coup d’État sous le règne du roi Hassan II – Mohammed VI a placé la sécurité du palais royal et de l’enceinte entre les mains des forces armées du pays.

    La sécurité du palais était jusqu’alors supervisée par la Gendarmerie royale marocaine et la Direction générale de la sûreté nationale. Ensuite, le monarque a accéléré la modernisation des forces armées du royaume, en réponse notamment aux soulèvements du printemps arabe qui ont vu le renversement de plusieurs régimes autoritaires de la région.

    Concrètement, la défense nationale du Maroc a été réorganisée sous la direction du général de corps d’armée Abdelfattah Louarak, nommé inspecteur général des FAR par le roi en janvier 2017. Le monarque n’a pas remplacé son prédécesseur, le général Bouchaib Arroub, alors à la tête de l’armée du pays. provinces du sud.

    La mission principale de l’officier supérieur nouvellement nommé était de superviser les opérations de développement et de modernisation de l’industrie militaire marocaine – avec un budget colossal représentant environ 4,5% du PIB du pays en 2020.

    Les chiffres publiés en 2018 par le Stockholm International Peace Research Institute (Sipri) montrent que d’autres pays impliqués dans des zones de conflit dépensent moins pour la défense nationale, notamment Israël (4,3 %), les États-Unis (3,2 %) et la Turquie (2,5 %).

    A l’issue de cette première phase, le monarque marocain semble désormais exercer la force de la pression militaire et économique, dans une tentative de jeu stratégique de Rabat pour faire plier la volonté d’Alger.

    C’est un geste que connaissent bien les diplomates algériens, l’ayant longtemps utilisé eux-mêmes pour contenir les manœuvres du ministère marocain des Affaires étrangères – en témoignent les innombrables opérations militaires de grande envergure organisées par l’armée algérienne dans chacune de ses régions militarisées, et notamment sur le frontière marocaine. Une telle démonstration de force militaire a été menée en janvier 2021 , avec le soutien de la Russie.

    Message sans équivoque

    Selon le rapport annuel du Sipri de 2021, le Maroc est désormais le troisième importateur d’armes en Afrique, juste derrière l’Égypte et l’Algérie.

    Le régime marocain semble déterminé à répondre aux actes d’hostilité diplomatique de l’Algérie par une action militaire, comme le montre la récente nomination par Mohammed VI du lieutenant-général Belkhir el-Farouk comme inspecteur général des FAR.

    Lauréat de l’Académie royale militaire, Farouk a débuté dans l’infanterie, avant d’occuper plusieurs postes militaires clés, dont celui de commandant des provinces du sud, poste qu’il a occupé pendant près de 40 ans et qui est quasi vacant depuis 2017.

    La nomination d’un officier supérieur dont les références incluent plusieurs campagnes militaires au Sahara occidental est un message sans équivoque pour Alger : Rabat est prêt à riposter par la force militaire si les généraux algériens continuent de faire pression sur le Maroc et finissent par déclencher les hostilités.

    Les rapports suggèrent également que le commandant nouvellement nommé des forces armées marocaines est un favori des Américains. Farouk s’est distingué en commandant « African Lion 21 », exercices conjoints maroco-américains organisés par le Maroc en juin.

    Jockey diplomatique

    Sur la scène diplomatique, le ministre algérien des Affaires étrangères Ramtane Lamamra et son homologue marocain, Nasser Bourita, ont échangé des propos acerbes sur le Sahara occidental lors de l’assemblée générale de l’ONU lundi.

    « L’organisation d’un référendum libre et équitable pour permettre au peuple sahraoui de déterminer son destin et de décider de son avenir politique ne peut rester à jamais l’otage de l’intransigeance d’un Etat occupant qui a manqué à plusieurs reprises à ses obligations internationales », a déclaré le ministre algérien.

    Mais dans une vidéo préenregistrée diffusée à l’Assemblée des Nations Unies, le ministre marocain des Affaires étrangères a déclaré que l’Algérie devait « assumer sa responsabilité de perpétuer un conflit régional inventé », exigeant qu’Alger cesse de protéger « un groupe de séparatistes armés en violation flagrante du droit international humanitaire. ”.

    L’Algérie a ouvertement soutenu le mouvement séparatiste du Front Polisario, qui défend le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination.

    Le Maroc revendique quant à lui la souveraineté sur le Sahara occidental et voit sa « proposition d’autonomie étendue » comme une solution au conflit.

    Leur échange médiatisé intempestif arrivait justement après l’African Lion 21, mais aussi juste après le renforcement de la coopération militaire entre Rabat et Washington.

    Le royaume marocain continue donc de bénéficier du soutien des Américains, notamment suite à la reconnaissance par l’ancien président américain Donald Trump des revendications du Maroc sur le Sahara occidental, en échange de la normalisation des relations entre le Maroc et Israël.

    Démons de guerre

    Le régime de Mohammed VI semble convaincu d’être suffisamment « couvert » par deux puissances mondiales – les Etats-Unis et Israël – pour tenter de tenir tête aux généraux algériens soutenant le mouvement Polisario.

    Mais les souvenirs du conflit frontalier de la guerre des sables de 1963 entre l’Algérie et le Maroc ne s’est pas encore estompé.

    Et ainsi, le conflit du Sahara occidental continue de perturber les relations diplomatiques entre le Maroc et l’Algérie, façonnant à ce jour les politiques et les tactiques des deux nations, et éveillant potentiellement les vieux démons de la guerre.

    C’est particulièrement vrai à l’approche de la nomination du nouvel envoyé spécial de l’ONU pour le Sahara occidental, le diplomate italo-suédois Staffan de Mistura , avec les négociations en cours entre le Maroc et le Front Polisario au point mort, et les voix qui prêchent l’apaisement. et la conciliation étant systématiquement ignorée.

    Aziz Chahir

    Middle East Eye, 05/10/2021

  • "La décision du TGUE est aussi un coup porté aux monarchies du Golfe" (Expert)

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    Une délégation de l’ambassade américaine a visité hier les camps de réfugiés sahraouis de Tindouf, dans le sud-ouest de l’Algérie. La délégation a rencontréc des représentants du Bureau du Haut-Commissariat aux réfugiés en Algérie et des représentants du Croissant-Rouge sahraoui.
    Au sujet de cette visite l’expert des affaires sahraouies et médiatiques, Noureddine Guellil a déclaré que « cette visite arrive au moment où les autorités marocaines ont empêché une délégation de l’ambassade américaine à Rabat de de visiter la ville de Boujdour dans les territoires sahraouis occupés, malgré la décision de l’ancien président américain Donald Trump d’ouvrir un consulat américain dans la ville occupée de Dakhla en échange d’une normalisation marocaine avec Israël.
    Selon Noureddine Guellil, « Cette visite s’inscrit dans le contexte d’une accélération positive des événements, après la décision de la Cour européenne d’annuler tous les accords commerciaux signés entre les autorités marocaines d’occupation et un certain nombre de pays de l’Union européenne. Ce n’est pas seulement une victoire pour le cause sahraouie, mais une victoire de la justice internationale qui tranchera dans les questions de décolonisation et les conflits armés entre peuples. D’autre part, cette décision n’est pas un coup porté au seul régime makhzen, mais aussi à aux monarchies du Golfe qui envisageaient de piller les richesses du peuple sahraoui frère, en dehors du cadre de la légitimité internationale qui reconnaît le Front Polisario comme le seul représentant légitime du peuple sahraoui ».
    Concernant l’évolution de la situation humanitaire des militants sahraouis, M. Guellil a précisé que « la ville occupée de Boujdour vit depuis des mois un siège sans précédent, ce qui explique l’expulsion par le Makhzen de la délégation médicale humanitaire qui souhaitait rencontrer la militante Sultana Khaya, qui vit en état de siège depuis plus de 300 jours.La délégation provenait des îles Canaries ».
    Source : Radio M, 06/10/2021
  • L'APLS cible des sites des forces de l'occupation au secteur du Mahbes

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    BIR LAHLOU – Les forces de l’Armée populaire de libération sahraouie (APLS) ont mené, mardi, de nouvelles attaques contre les forces de l’occupation marocaine au secteur du Mahbes, selon le communiqué militaire n 328 du ministère sahraoui de la défense.
    « Les unités de l’APLS ont mené des bombardements ciblant le commandement du 43e régiment à la région Amitir Lemkhinza au secteur du Mahbes ainsi que les retranchements de l’armée marocaine à Sebkha Tnouched, Rous Sebti et Oudi Damran », a indiqué l’Agence de presse sahraouie (RASD SPS).
    es unités avancées de l’APLS ont bombardé lundi des sites des forces de l’occupant aux régions Oum Dekn au secteur de Bekari, Fedra Tidjrit au secteur de Smara et Azmoul Oum Khemla au secteur Oum Drika, ajouté le communiqué.
    « Les offensives de l’APLS se poursuivent ciblant les retranchements des forces d’occupation marocaines qui ont essuyé des pertes humaines et matérielles importantes le long du mur de la honte », conclut le communiqué.
  • Sahara Occidental : La guerre avec le vent

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    Sahara, le projet éolien d’Enel dans le territoire occupé par le Maroc. L’ONG écologiste : « Il y a un risque de légitimer une présence militaire »
    Le géant italien collabore avec le roi du pays d’Afrique du Nord sur un projet énergétique qui conduira à la construction de deux nouveaux parcs éoliens dans le territoire occupé, sans le consentement du peuple sahraoui. Plainte de Western Sahara Resource Watch : « Le Maroc utilise des projets d’énergies renouvelables pour nettoyer ses violations du droit international »
    Le risque de légitimer l’occupation du Sahara Occidental par le Maroc . Et de se détourner. Car la ruée vers le vent , normalement souhaitable, sous ces latitudes risque de devenir un outil pour rendre le Maroc de plus en plus dépendant des projets énergétiques dans les territoires occupés et ainsi maintenir sa présence militaire , contre laquelle se bat le peuple sahraoui . C’est la plainte de Western Sahara Resource Watch , une ONG qui enquête sur l’exploitation des ressources naturelles dans cette région, une semaine après l’arrêt de la Cour européenne de justice.qui ont annulé – précisément parce qu’ils ont conclu « sans le consentement du peuple du Sahara occidental » – les accords de commerce et de pêche entre l’UE et l’État nord-africain.
    Depuis près d’un demi-siècle, le Sahara Occidental est au centre d’un conflit entre le Maroc (qui en 1976 occupait les terres laissées par l’Espagne franquiste avec une opération non reconnue internationalement, et souhaite désormais l’annexion) et le Front Polisario des Sahraouis, qui viser l’indépendance dans l’attente d’un référendum promis par l’ONU et non encore organisé. Western Sahara Resource Watch publie un rapport sur les projets éoliens et photovoltaïques et parle du rôle clé d’entreprises telles qu’Enel Green Energy(mais aussi d’autres, comme l’espagnol Siemens Gamesa Renewable Energy) qui, à travers des partenariats avec le Maroc, contribuent « à rendre l’emploi politiquement plus vert ». Enel, en effet, est propriétaire de la plupart des projets éoliens réalisés par le Maroc (également sur des terrains occupés), à travers son partenariat avec Nareva , société énergétique détenue à 100 % par la SNI, la holding du roi Mohammed VI. « En novembre 2021, alors que les gouvernements du monde se réuniront à Glasgow pour la COP26 – écrit Western Sahara Resource Watch – le Maroc est en train d’ériger le plus grand projet énergétique jamais vu sur un territoire occupé « .
    L’APPEL – Et si le pays s’impose au niveau international comme le meilleur en matière d’énergies renouvelables, le rapport rappelle que les Etats ne doivent présenter les efforts entrepris que sur leur propre territoire et non en dehors de leurs propres frontières . « La communauté internationale ne doit pas permettre au Maroc d’utiliser des projets d’énergies renouvelables pour nettoyer ses violations du droit international » explique à ilfattoquotidiano.it Erik Hagen, membre du conseil d’administration de WSRW, qui appelle à « la sortie immédiate de toutes les entreprises énergétiques du territoire occupé. « . Et que les entreprises d’investissement internationales tracent une ligne claire: « Investir dans le secteur des énergies renouvelables est généralement une bonne chose, mais de tels investissements ne peuvent pas être basés sur la violation des droits de l’homme », ajoute Hagen, selon qui il est « très décevant qu’Enel ait choisi de collaborer avec l’entreprise du roi. du Maroc » dans ce contexte.
    LA GUERRE AVEC LE VENT – Un contexte dans lequel les projets sur les énergies renouvelables ne sont pas seulement des projets sur les énergies renouvelables. Trois parcs éoliens sont actuellement en exploitation au Sahara occidental: le parc Cimar, Foum El Oued et Aftissat. On parle de 255 mégawatts sur un total de 1427 installés par le Maroc : un pourcentage de 17,9% . Mais l’importance relative du Sahara Occidental dans la production d’énergie éolienne du Maroc augmentera suite à la mise en œuvre du programme intégré d’énergie éolienne de 850 MW. En additionnant tous les parcs en construction ou en projet, cette part pourrait passer à 47,20%de la capacité éolienne totale du Maroc d’ici 2030, calcule Western Sahara Resource Watch. La même année, la part de l’énergie solaire produite dans le territoire occupé sera comprise entre 9,70 % et 32,64 % du total.
    « L’organe des Nations unies qui examine les résultats des États parties à l’Accord de Paris (l’Unfccc) affirme qu’il n’est pas en mesure d’évaluer le contenu des observations » en ce qui concerne les lieux exacts où la capacité éolienne est générée, dénonce la ‘ organisation qui qualifie cette situation de « scandale , aggravé par le fait que les projets énergétiques du Maroc ne peuvent être réalisés que sous une occupation militaire que les organes centraux des Nations Unies ont déclaré illégales ». Selon Western Sahara Resource Watch, le risque est qu’une plus grande apparence de légitimité soit donnée à l’occupation du territoire « entravant davantage les efforts des Nations Unies pour trouver une solution au conflit qui soit conforme au droit des Sahraouis à l’autodétermination », explique Hagen. Et la situation ne peut qu’empirer. A moyen et long terme, en effet, le Maroc espère exporter de plus en plus d’électricité issue des énergies renouvelables vers l’Europe et l’Afrique.
    LE PARC ÉOLIEN DE BOUJDOUR – Enel collabore au plus grand projet énergétique de l’histoire du Sahara Occidental, qui fait partie du Programme Intégré d’Énergie Éolienne. Au cœur du plan, en effet, se trouve la construction de cinq parcs éoliens d’une capacité cumulée de 850 MW, dont deux au Sahara Occidental occupé, à Boujdour (à partir de 300 MW, 87 pales) et à Tiskrad (100 MW ), près d’ El Aaiun. , que les Sahraouis considèrent comme leur capitale. Un appel d’offres pour les cinq a été lancé par l’ONEE (Office national de l’électricité et de l’eau potable) en 2012 et, en 2016, Siemens Wind Power avec Enel Green Energy et Nareva a remporté le contrat de 1,2 milliard d’euros.. L’ensemble du projet est réalisé dans le cadre d’un partenariat public et privé avec l’ONEE, la Société d’Investissements Energétiques (SIE) et le Fonds Roi Hassan II, tous appartenant à l’Etat . L’ONEE achètera l’électricité produite dans le cadre d’un contrat de 20 ans. Dans le cadre de l’accord, Siemens a ouvert une usine d’ éoliennes à Tanger, dans le nord du Maroc. Le contrat pour le démarrage de la construction a été signé par Enel Green Energy, l’ONEE et Masen (Agence marocaine de l’énergie solaire) en 2019, indiquant un coût de 375 millions d’euros et en septembre 2021, Enel a confirmé à WSRW que les travaux étaient effectivement lancés.
    LE RLE DES ENTREPRISES – Aucune des entreprises qui ont un intérêt dans les énergies renouvelables au Sahara occidental – dénonce l’ONG – « y compris les plus impliquées (l’italien Enel et l’espagnol Siemens Gamesa), n’a précisé si elle avait également tenté d’ obtenir le consentement des populations locales », faisant référence à une « consultation » des « acteurs locaux » ou de la « population locale ». Une approche également adoptée par la Commission européenne dans ses accords commerciaux avec le Maroc, pour lesquels « seuls les groupes et individus qui défendent la position marocaine dans le conflit »ont été rencontrés, comme les parlementaires marocains, les ONG, les groupes d’entreprises et les institutions gouvernementales. La Cour de justice a toutefois jugé que cette approche « est illégaleet que le mouvement de libération du Polisario est le représentant du peuple sahraoui ». Ergo : une « consultation » avec la « population » ne peut remplacer l’exigence légale du consentement sahraoui.
    RÉPLIQUES – L’organisation a écrit plusieurs fois aux entreprises. Enel Green Power a répondu en 2016, 2020 et septembre 2021. « Le projet éolien de Boujdour profitera à la population du Sahara occidental et contribuera au développement socio-économique de cette zone », a-t-il répondu. « Mais la Cour de justice de l’UE a spécifiquement établi que la question des prestations n’a aucune pertinence – explique l’organisation – ce qui compte, c’est de savoir si le peuple du Sahara occidental a donné son consentement « . Siemens Gamesa, Enel, ACWA (gestionnaire d’un portefeuille de centrales de production d’électricité et de dessalement actuellement présent dans 10 pays) et le français ENGIE déclarent tous détenirdes évaluations d’impact social démontrant ces avantages allégués. « Aucun de ces documents n’est public, ni leurs termes de référence, ni des clarifications ne peuvent être obtenues auprès d’agences de conseil tierces, dont l’identité n’est même pas connue », explique l’organisation, à laquelle Enel a répondu: « Non, nous sommes en mesure de fournir des réponses directement liés à toute situation politique locale et/ou internationale, car il est et reste la politique du Groupe Enel de ne prendre aucune position sur des questions politiques ».
  • Sahara Occidental : Sultana Jaya vuelve a la lucha

    Sahara Occidental, Marruecos, Sultana Jaya, #SaharaOccidental, #Marruecos, #SultanaJaya,

    La activista saharaui de Derechos Humanos supera la COVID-19.
    Sultana y su hermana Louaara enarbolan diariamente en la azotea de su casa la bandera saharaui.
    Dispuesta a seguir hasta el final, prefiere una muerte digna a una vida miserable.
    Alfonso Lafarga
    La activista saharaui Sultana Jaya ha vencido al coronavirus, con el que fue infectada intencionadamente por policías marroquíes, y ha vuelto a su lucha: enarbolar la bandera de la República Árabe Saharaui Democrática (RASD) desde la azotea de su casa, en la ciudad saharaui de Bojador, a la vista de la policía marroquí.
    En un mensaje grabado, dice que está dispuesta a todo: “No me van a doblegar, seguiré en mi lucha hasta el final, aunque muera. Si estoy viva, será una vida digna”. Es su mensaje a la ocupación marroquí.
    Sultana y su hermana Um–Almumnin fueron contagiadas el 22 de agosto, en un asalto a su casa de los agentes marroquíes que desde el 19 de noviembre de 2021 vigilan y asedian el domicilio de la familia Jaya. La COVID-19 afectó especialmente a Sultana y la familia y allegados temieron por su vida: perdió el gusto y el olfato, tenía fiebre alta, fuertes dolores de cabeza, vomitaba lo que comía, no podía dormir y por la mañana se asfixiaba.
    En el tiempo que Sultana ha estado enferma, Louaara, otra de las hermanas Jaya, ha mantenido visible la bandera saharaui todas las tardes, durante alrededor de una hora, como hacían antes de la infección; desde el 27 de septiembre las dos vuelven a estar juntas ondeando la enseña saharaui.
    La activista saharaui de Derechos Humanos ha sido otra vez agredida violentamente por las fuerzas marroquíes que rodean la vivienda: el 6 de octubre, martes, se acercó a la casa Hassana Duihi, pero le impidieron entrar, con golpes e insultos.
    Al oír las voces Sultana salió y los miembros de las fuerzas marroquíes arremetieron contra ella, obligándola a volver a la casa con malos tratos y empujones.
    La candidata al Premio Sájarov a la Libertad de Conciencia de la Unión Europea, avisa a la ocupación marroquí que, a pesar de todo lo que han sufrido ella y su familia en estos once meses, no la van a doblegar y va a seguir en su lucha hasta el final.
    “Han sido días de tortura, de no dejarme dormir, de arrastrarme, de pellizcarme, de echar productos tóxicos en mi casa de madrugada, violaciones, intentos de matarme decenas de veces, todo tipo de sufrimiento”, relata.
    Concreta lo que ocurrió el 22 de agosto, cuando fueron contaminadas con el coronavirus: “Vinieron a mi casa de madrugada, como a las 4, me torturaron, me ataron, ataron también a mis hermanas, a mi sobrino, nos echaron productos. A mis hermanas y a mí nos pusieron en la nariz unas gotas y otro producto; querían matarnos, asesinarnos”.
    Custodiada hasta morir
    Después de la agresión vinieron los síntomas del coronavirus: “Empecé a no oler nada, no sentía sabores, tenia escalofríos, fiebre alta. No tenía ningún tipo de atención médica, ni dejaban llegar visitas para ayudarme, Vino una enfermera saharaui que quería ayudarme y no la dejaron entrar. Día tras día mi situación empeoró”.
    Cuenta que en una ocasión un policía se asomó por una ventana y dijo “nosotros vamos a estar custodiándote hasta que te mueras, te quedan pocos días de vida “, a lo que contestó “me da igual que muera porque todo lo que me ha pasado es bajo vuestra responsabilidad, de las autoridades policiales marroquíes”.
    Tras afirmar que todo lo que pasó el 22 de agosto “lo provocaron ellos, pero gracias a Dios me he curado poco a poco”, insiste en que no está arrepentida de lo que está haciendo: “Pertenezco a un pueblo poderoso, que prefiere una muerte digna a una vida miserable. Si muero, moriré mártir, como los que han muerto antes que yo; si estoy viva, será una vida digna”.
    Sultana Jaya, que ha motivado una campaña internacional de solidaridad, dice que gracias al apoyo del pueblo saharaui, que es su pilar, ha resistido y sacado fuerzas para curarse y seguir: “He tenido la compañía de grandes amigos de todas partes que me han ayudado, como los médicos saharauis de España, que me han asesorado día y noche”.
    También tiene palabras de felicitación para los militares del Frente Polisario y para el presidente Brahim Gali, y muestra su solidaridad con la familia del preso político Mohamed Lamin Haddi y con los demás presos: “Esta no es una batalla ni de Sultana ni de Louaara, es una batalla de la Republica Saharaui, todos estamos en ella, luchamos por un pueblo y tenemos que estar juntos hasta la independencia total. La patria o el martirio”.
    Contramutis, 06/10/2021