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Maroc: Mensonges, désinformation et dangereuses dérives contre l'Algérie
Maroc, Algérie, Israël, Sahara Occidental,Comment déconstruire la stratégie de RabatPar Abdelkader Kateb *Par-delà le fait de commander maladroitement un article dans la dernière livraison de Jeune Afrique, un média connu pour être un outil de propagandiste, la rupture des relations avec le voisin encombrant a montré comment «la communication de connivence» est devenue une norme en vogue.François Soudan, directeur de la rédaction de Jeune Afrique est signataire d’un récent éditorial dans lequel il commentait la rupture des relations diplomatiques entre Alger et Rabat, en s’en prenant injustement au ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra.En effet, le titre: «Ramtane Lamamra, pompier ou pyromane?» est juste une clause de style pour mieux suggérer soi-disant que M. Lamamra serait plutôt responsable d’envenimer les relations bilatérales déjà au point mort.«Irritation», désaccords et déclarations chocs… Les relations entre le Maroc et l’Algérie traversent encore une fois de nouvelles turbulences, après la rupture des relations diplomatiques. Une décision algérienne grandement qualifiée de «judicieuse et sage».Ainsi, quelque chose a changé depuis le 24 août dernier. Le caractère provocateur des initiatives marocaines, prises au prétexte de réagir aux déclarations de notre ministre Ramtane Lamamra, ont largement fait la théorie marocaine de «l’agression».Sur ce sujet, un expert algérien a recensé en quelques mois 28 occurrences de déclarations officielles marocaines alarmistes et provocatrices.Ce nouveau prisme marocain qui touche l’Algérie et qui repose, notamment sur un gaspillage historique et de la perte de sens qui en résulte, permet de mieux comprendre les valeurs culturelles dominantes au Maroc et la portée, voire les limites du pouvoir d’imposition symbolique, notamment sur la particularité de cette phase dans les relations algéro-marocaines, qui correspond à une guerre de valeurs et de communication et tout ce qui s’ensuit comme propagande, guerre psychologique, dénigrement des thèses de l’autre et promotion de l’opinion nationale, comme source de stratégies de redéploiement.Vu sous cet angle, le constat est sans appel. Sur les 20 dernières années, je peux dire sans risque de me tromper que sur le plan communicationnel, le Maroc, qui excelle dans la «dualité du discours», est une «construction de façade».Le plus intéressant dans l’analyse du discours marocain, c’est qu’au cours de sa récente sortie annuelle, le roi Mohammed VI n’évoque qu’un seul dossier: l’Algérie! Il ne parle ni de la crise avec Madrid, ni de l’Union européenne, ni de l’Afrique, ni du Sahel, ni de la Palestine, ni du scandale Pegasus, ni du Rif ou des autres déboires internes. De ce traditionnel discours prononcé par Mohammed VI, l’on relève que «plus de 40% du texte concerne l’Algérie».Un dossier unique, voire une fixation communicationnelle marocaine sur l’Algérie.Au-delà des propos mielleux contenus dans le discours du roi, Rabat oublie qu’Alger attend toujours des clarifications sur la dernière dérive onusienne du royaume à l’encontre de l’Algérie. Or, le roi Mohammed VI n’en dit mot.Ce préambule délibéré vise à souligner que la monarchie marocaine, échaudée par les scandales récurrents, fait un appel d’air aux «têtes parlantes» et aux «mercenaires communicants» pour dépoussiérer l’image du pays et camoufler le modèle prédominant qui se base sur le mensonge systématique, la guerre psychologique et la propagande, et qui touche ses limites, s’agissant des rapports avec le voisin oriental, jugé par l’entourage royal «désobligeant», «concurrent», «rival», voire «ennemi».Sur le fond du problème qui envenime les relations bilatérales, les responsables marocains, certainement à court d’arguments, n’ont rien trouvé de mieux que de s’attaquer à l’Algérie en portant des accusations gratuites et en s’efforçant de l’impliquer en tant que protagoniste dans le conflit du Sahara occidental. Si tel était le cas, l’on rappellerait au sieur Omar Hilale, qui semble avoir la mémoire courte, que ce dossier a été, et demeure, inscrit à l’ordre du jour de l’Assemblée générale de l’ONU, depuis 1963, et a bénéficié, pour l’histoire, de l’appui de trois pays voisins, à savoir, l’Algérie, le Maroc et la Mauritanie.L’on rappellerait, par ailleurs, au sieur Hilale que le sommet des chefs d’Etat de l’OUA qui s’est tenu à Rabat, au Maroc, en juin 1972, a adopté une résolution sur le Sahara dit espagnol par laquelle les chefs d’Etat africains, dont le roi du Maroc, déplorent la lenteur avec laquelle l’Espagne procède à la décolonisation de ce territoire et engage une fois de plus l’Espagne à instaurer un climat de liberté et de démocratie dans lequel le peuple de ce territoire pourra exercer son droit à l’autodétermination et à l’indépendance, dans les plus brefs délais, en application de la Charte des Nations unies. Mais au moment où la puissance coloniale a affiché, en 1975, son intention d’organiser un référendum d’autodétermination, le Maroc s’est découvert, contre toute attente, une ambition colonisatrice, en envahissant le territoire du Sahara occidental et en affirmant sa vocation d’annexer ce territoire non autonome.C’est dire donc que les déclarations, hélas, mensongères du sieur Omar Hilale visent à dénaturer les faits et à travestir la réalité, celle d’un conflit de décolonisation qui oppose le Maroc au Front Polisario, qui reste le représentant légitime d’un peuple luttant pour sa libération.Par-delà le fait de commander maladroitement un article dans la dernière livraison de Jeune Afrique, un média connu pour être un outil de propagandiste, la rupture des relations avec le voisin encombrant a montré comment «la communication de connivence» est devenue une norme en vogue.François Soudan, directeur de la rédaction de Jeune Afrique et signataire d’un récent éditorial dans lequel il commentait la rupture des relations diplomatiques entre Alger et Rabat, en s’en prenant injustement au ministre des Affaires étrangères,Ramtane Lamamra.En effet, le titre: «Ramtane Lamamra, pompier ou pyromane?» est juste une clause de style pour mieux suggérer soi-disant que M. Lamamra serait plutôt responsable d’envenimer les relations bilatérales déjà au point mort. Pour les connaisseurs, ce geste de François Soudan reste largement complaisant et loin d’être étonnant.Tout cela, bien sûr, a favorisé l’amalgame entretenu par des feuilles de chou, de publications et de productions audiovisuelles dirigées par des entités occultes plus ou moins rompues à l’action psychologique et à la pratique propagandiste, issues de cursus spécialisés.Leur particularité est d’avoir fait appel à une arme redoutable, celle de la terminologie anti-algérienne.Il s’agit, en fait, d’utiliser des mots pour dévaloriser le voisin de l’Est, dont les symboles de sa diplomatie sont jetés en pâture et systématiquement visés par des sobriquets fabriqués, en se basant sur le mensonge: on donne une partie de l’information, celle qui arrange, mais pas celle qui dérange, dont la finalité est de dénaturer des appréciations spéculatives et tendancieuses sur la situation en Algérie et ses perspectives.Dans le même temps, des officines pro-marocaines douteuses médiatisent à grande échelle des études sur un prétendu avenir «apocalyptique» qui attend notre pays l’Algérie, alors que notre voisin le «royaume enchanté» est assuré d’un avenir «radieux».Cette mobilisation hystérique fait suite à un article publié sur un site revendiquant prétendument son algérianité.Une fois le produit publié, le fiel est repris par la majorité des médias marocains, y compris par le très officiel quotidien Le Matin.ma et l’officieux 360.ma.Cette stratégie permanente de la tension à l’égard de l’Algérie et de ses symboles vise à amener le voisin de l’Est à «réviser» sa position de principe sur la question de la décolonisation du Sahara occidental (qui est, rappelons-le, la position de l’ensemble de la communauté internationale, ndlr), au mépris des principes et des objectifs consacrés par l’acte constitutif de l’Union africaine, notamment l’impératif d’unité et de solidarité entre les peuples d’Afrique et la défense de l’intégrité territoriale et l’indépendance des pays membres de l’Union.Ainsi, les allusions, les sous-entendus et les insinuations ingrates visant les ténors de la diplomatie algérienne, dont Ramtane Lamamra, Abdelkader Messahel et Sabri Boukadoum, les qualifiant injustement de tous les maux, ne font pas long feu, car elles n’existent en fait que dans l’imagination des satellites marocains qui les ont inventés.Cette situation grave impose une contre-offensive, non seulement pour tirer les enseignements nécessaires, mais aussi pour lancer des initiatives plurielles, dont le redéploiement rapide et efficace de notre diplomatie auquel s’emploie sans relâche et avec brio le nouveau ministre des Affaires étrangères, sous la haute autorité et les orientations du président de la République, Abdelmadjid Tebboune.La page marocaine étant tournée, le ministre Lamamra s’attellera donc à gérer les dossiers prioritaires, dont, notamment la crise libyenne, le conflit au Mali, le prochain sommet arabe et les relations avec le voisinage européen.Contrairement aux dérives particulièrement dangereuses de Rabat et les tirs croisés contre les icônes diplomatiques algériennes, Rabat fait de sa haine de l’Algérie une feuille de route et un stratagème de promotion interne pour détourner l’opinion de la dure réalité de sa situation intra-muros, mais, en guise de riposte, Alger prendra son temps pour déconstruire cette machine marocaine toxique.(*) Ancien diplomateL’Expression, 01/09/2021 -
Monde arabe: conflits internes plutôt que confrontation avec ses ennemis
Maroc, Algérie, Sahara Occidental, Israël, #Maroc, #Algérie, #Israël,
Le monde arabe recherche les conflits internes plutôt que la confrontation avec ses ennemis.
Dr Amira Abou Elfoutouh
Comme si les problèmes internes du monde arabe ne suffisaient pas, il semble que nous ayons besoin de plus de crises et de tensions entre les États régionaux. Le gouvernement algérien a décidé de rompre ses relations diplomatiques avec le Maroc et a justifié sa décision en invoquant les actions « hostiles » de ce dernier sur le territoire algérien. L’Algérie accuse le Maroc d’allumer des feux dans certaines régions algériennes et d’espionner les fonctionnaires algériens à l’aide du logiciel espion Pegasus, affirmant que cela fait partie d’un diabolique complot maroco-sioniste visant à déstabiliser l’Algérie en soutenant deux mouvements séparatistes.
En fait, la crise entre les deux pays ne date pas d’aujourd’hui. Elle remonte à plusieurs décennies. En 1976, par exemple, les relations entre les pays voisins ont également été coupées sur ordre du monarque marocain de l’époque.
Le conflit frontalier a commencé après l’indépendance de l’Algérie en 1962, lorsque des combats ont éclaté dans ce qu’on a appelé la guerre des sables. À l’époque, l’armée algérienne était soutenue par l’Égypte. Le président égyptien de l’époque, Gamal Abdel Nasser, se considérait comme le parrain de toutes les révolutions arabes et soutenait la révolution algérienne avec des fonds et des armes. Il était hostile à toutes les monarchies arabes, qu’il décrivait comme obsolètes et partisanes de l’impérialisme mondial.
Cette hostilité entre l’Algérie et le Maroc a perduré jusqu’à la signature, en 1988, d’un accord de normalisation des relations sous médiation saoudienne. Cet accord n’a toutefois pas fait disparaître les tensions. À un moment donné, le consul du Maroc dans l’ouest de l’Algérie a décrit ce pays comme « un pays ennemi ».
L’ambassadeur du Maroc auprès des Nations unies, Omar Hilale, profite d’une réunion des pays non alignés à la mi-juillet pour appeler à l’indépendance du peuple kabyle en Algérie. Le gouvernement d’Alger a convoqué son ambassadeur à Rabat pour consultation, une démarche diplomatique habituelle dans les conflits entre pays. L’ambassadeur n’est toujours pas rentré à Rabat.
Il est certain que l’appel du Maroc à l’indépendance du peuple kabyle était une tentative de règlement de comptes politique avec l’Algérie, en réponse au soutien de cette dernière au Front Polisario et à la reconnaissance de la République arabe sahraouie, que Rabat considère comme un territoire marocain.
La question du Sahara occidental est l’un des plus longs conflits politiques et humanitaires du monde actuel. Le territoire est riche en ressources naturelles et a été une colonie espagnole de 1884 à 1976, après quoi le Maroc et le Front Polisario, soutenu par l’Algérie, se sont affrontés pour le droit à la souveraineté.
Le Maroc veut s’étendre dans le désert riche en phosphates, accroître son influence et s’ériger à la tête de la région. L’Algérie, quant à elle, veut limiter l’influence marocaine et estime qu’elle est bien qualifiée pour être le leader régional. C’est pourquoi Alger a encouragé le Front Polisario à déclarer une République arabe sahraouie indépendante, a persuadé de nombreux pays de la reconnaître et a soutenu la présence du Polisario dans l’ancêtre de l’Union africaine, l’Organisation de l’unité africaine. Son adhésion ayant été acceptée, le Maroc s’est retiré. Le Sahara occidental reste une question complexe et épineuse pour ses voisins.
L’ancien président américain Donald Trump a utilisé ce territoire comme monnaie d’échange pour amener le Maroc à normaliser ses relations avec Israël, en échange de quoi Washington a reconnu la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. Le royaume a de toute façon longtemps entretenu des liens étroits avec Israël ; sous le roi Hassan II, il y a eu des décennies de liens sécuritaires qui ont été niés par les deux parties. Le dissident marocain Mahdi Ben Barka a demandé à des officiers de renseignement sionistes de l’aider à assassiner Hassan, mais ceux-ci ont informé le monarque marocain et l’ont aidé à retrouver Barka à Paris. Ce dernier a été torturé à mort, et son corps n’a jamais été retrouvé.
Le roi Hassan a récompensé les Israéliens pour leur soutien en autorisant les Juifs marocains à émigrer et en approuvant l’établissement d’un bureau du Mossad dans le pays. En retour, l’État d’occupation a fourni des armes et une formation à l’armée marocaine. Israël a également fourni au pays d’Afrique du Nord des technologies de surveillance et a supervisé la restructuration de l’agence de renseignement marocaine.
L’aspect le plus dangereux des actions du roi Hassan est qu’il a transmis à Israël des détails sur les capacités militaires des États arabes glanés lors d’un sommet à Casablanca en 1966. Des agents du Mossad étaient prêts à écouter le sommet et à enregistrer eux-mêmes les débats, mais Hassan avait apparemment peur d’être démasqué et a donc accepté de le faire lui-même. En 2016, le chef retraité des services de renseignements militaires israéliens, Shlomo Gazit, a déclaré que « ces enregistrements étaient une réussite miraculeuse et donnaient à l’armée l’espoir de gagner la guerre contre l’Égypte. »
Compte tenu des grands services que le roi Hassan avait rendus aux sionistes, il était naturel qu’il devienne un canal de communication entre Israël et le monde arabe. Des réunions secrètes entre des responsables israéliens et égyptiens ont eu lieu au Maroc avant la signature de l’accord de paix de Camp David. En outre, on dit que c’est Israël qui a convaincu les États-Unis d’accorder une aide militaire au Royaume. Ces relations se sont poursuivies sous le fils de Hassan, le roi Mohammed VI, qui a demandé l’aide d’Israël pour amener les États-Unis à reconnaître la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental.
Ceci est un bref résumé des relations secrètes entre l’entité sioniste et le Maroc, qui ont eu lieu sous le règne du roi Hassan II et se sont poursuivies sous l’ère de son fils le roi Mohammed VI, qui a demandé aux sionistes de l’aider à persuader les États-Unis de reconnaître la souveraineté de son pays sur le Sahara occidental. Le chef de la communauté juive du Maroc, Serge Bargudo, a joué le rôle de médiateur du roi et a rencontré des dirigeants juifs américains et des responsables sionistes pour y parvenir. Aujourd’hui, tous ces liens sont révélés au grand jour.
Les observateurs des récents événements entre l’Algérie et le Maroc n’auraient pas été surpris par la décision de l’Algérie de couper les liens avec Rabat. Le peuple algérien souffre sous le régime, et la décision du gouvernement aurait été prise pour détourner l’attention des problèmes nationaux.
Le Maroc n’est pas innocent dans tout cela. Lorsque le ministre israélien des Affaires étrangères, Yair Lapid, s’est rendu à Rabat le mois dernier, il a exprimé l’inquiétude de l’entité sioniste quant au rôle de l’Algérie dans la région et à son rapprochement significatif avec l’Iran.
La situation entre l’Algérie et le Maroc résume la position des Arabes dans leur ensemble. Nous sommes plus enclins à nous disputer entre nous et à chercher le soutien de nos ennemis mutuels dans ce processus, plutôt que de travailler ensemble pour affronter ces ennemis.
Middle East Monitor, 01/09/2021
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Guéguerre entre le Maroc et une chercheuses allemande
Maroc, Allemagne, Sahara Occidental, Algérie, Union Européenne, UE, Afrique, #Maroc, #Algérie,
Maroc : la critique de la science comme moyen de pression ?
Une étude de la chercheuse allemande spécialiste du Maghreb, Isabelle Werenfels, est critiquée par les médias marocains. Ses détracteurs l’accusent d’avoir un programme anti-marocain. Mais il ne s’agit probablement que superficiellement de science.
Même le roi du Maroc a apparemment trouvé l’étude digne d’être commentée. Le Maroc, a déclaré Mohammed VI dans son « Discours à la Nation » du 20 août 2021, également documenté en français, fait actuellement face à une « agression délibérée et préméditée ». Les « ennemis » de l’intégrité territoriale du Royaume ne veulent pas que le Maroc reste une puissance libre, forte et influente. Pour prouver les activités de ces ennemis – « principalement des pays européens » – il s’est référé à des « rapports » non précisés qui avaient « dépassé les limites de l’acceptable » et « préconisé de restreindre le développement du pays. »
Ces remarques ont été accompagnées d’une série d’articles dans les médias marocains – y compris les médias anglophones tels que Morocco World News ou The North Africa Post – qui se sont opposés, parfois sur un ton tranchant, à une étude publiée en novembre dernier par la chercheuse maghrébine Isabelle Werenfels de la « Stiftung Wissenschaft und Politik » (SWP) basée à Berlin.
L’article lui-même traite de la réussite de la politique africaine du Maroc. Selon M. Werenfels, cette politique a fait du royaume un État influent en Afrique – contrairement aux deux pays voisins, l’Algérie et la Tunisie, qui ont connu des succès pour le moins modestes, tant sur le plan politique qu’économique. Dans le sens d’une politique de cohésion, Werenfels plaide dans son article pour une promotion plus forte des deux pays voisins. Dans le « Morocco World News », cela a été interprété comme un plaidoyer pour une tentative d’empêcher « l’émergence d’une nouvelle puissance indépendante de l’influence occidentale » – le Maroc.
La colère contre l’Allemagne
L’article se trouvait sur le site web de l’Institut allemand pour les affaires internationales et la sécurité depuis près de neuf mois lorsqu’il est soudainement devenu la cible des médias marocains. Ce n’est pas surprenant, suggère Isabelle Werenfels dans une interview à la Deutsche Welle. « Le débat s’est engagé après que le président américain de l’époque, Donald Trump, a déclaré en décembre 2020 qu’il reconnaîtrait le Sahara occidental comme territoire marocain. » L’Allemagne, a-t-il dit, n’a pas suivi cette ligne en raison de préoccupations liées au droit international. « Mon document a simplement été très utile pour construire une ligne d’argumentation contre la politique étrangère allemande. Il ne s’agit pas tant de moi que de la relation germano-marocaine dans son ensemble. » Cette situation a été mise à mal pendant un certain temps par le refus de l’Allemagne de reconnaître les revendications marocaines sur le Sahara occidental. En mai, le Maroc a retiré son ambassadeur de Berlin. Depuis, c’est le silence radio entre Rabat et Berlin, et les relations sont gelées.
Dans le détail, elle a du mal à comprendre les critiques, dit Werenfels. « Apparemment, le Maroc veut faire monter les tensions une fois de plus et dépeindre l’Allemagne comme la nation qui veut freiner le développement marocain au sein de l’Europe. »
Une critique acerbe
Certaines des critiques dans les journaux marocains sont très acerbes. Le magazine d’information francophone « Challenge », par exemple, affirme que l’essai manque de rigueur scientifique et n’apporte aucune preuve.
Dans une interview accordée à la DW, Mme Werenfels a déclaré qu’elle avait l’impression que les commentateurs se concentraient sur une phrase de son étude, qui, comme tous les documents du SWP, avait été soumise à un processus interne rigoureux de vérification des faits et d’examen par les pairs. Au vu du fort développement du Maroc, l’auteur avait recommandé à l’Union européenne de se concentrer sur l’intégration africaine et la coopération multipartite entre l’UE, le Maghreb et l’Afrique subsaharienne. « Cela », dit l’essai, « pourrait relativiser les prétentions hégémoniques du Maroc ».
C’est le mot que les commentateurs ont désormais placé au centre de leur critique : « hégémonie ». « Ils ont lu la phrase comme si je plaidais pour que l’on freine le Maroc », dit Werenfels. « Pourtant, je dis très clairement par la suite qu’il ne s’agit pas de renforcer la politique marocaine ou algérienne et tunisienne, c’est-à-dire de jouer les États les uns contre les autres – mais au contraire de promouvoir des approches constructives en général », a déclaré le politologue. Toutefois, compte tenu des capacités disponibles dans le pays et des énormes progrès réalisés par le Maroc dans sa politique africaine, il est également « clair que le pays est moins dépendant de l’expertise technique de l’Allemagne que la Tunisie ou l’Algérie en ce qui concerne l’Afrique subsaharienne. » L’Algérie entretient traditionnellement des relations tendues avec le Maroc. Fin août, le pays a suspendu ses relations diplomatiques avec le royaume voisin.
Un ton anticolonialiste
Cependant, il pourrait y avoir plus que cela derrière les critiques, dit Werenfels. Rétrospectivement, elle se demande si la critique n’était pas principalement basée sur le terme « hégémonie » mais sur une autre affirmation. « Je faisais référence à la déclaration d’acteurs de la société civile au Maroc, qui critiquent le fait que l’effet de ruissellement de la politique africaine est relativement faible, c’est-à-dire que relativement peu de la richesse générée atteint la population en général. Il s’agit, bien entendu, d’un point très sensible qui peut également avoir provoqué un certain ressentiment. »
Dans certaines critiques, il y a au moins un ton anticolonialiste latent, dirigé moins contre Werenfels que contre l’Europe dans son ensemble. Certaines organisations occidentales « ne s’intéressent qu’aux bénéfices que l’Europe peut en tirer et à la manière d’empêcher l’émergence d’une nouvelle puissance indépendante de l’influence occidentale », indique par exemple Morocco World News.
Intégration économique
De telles accusations sont absurdes au vu des grands investisseurs en Afrique tels que la Chine et les États-Unis – et de plus en plus aussi la Turquie et les États du Golfe, estime M. Werenfels. Seule la France pourrait percevoir le Royaume du Maroc comsame un concurrent en Afrique occidentale. L’UE dans son ensemble, dit-il, a des ambitions beaucoup plus limitées. « Et j’ai également écrit que l’Europe fait trop peu pour promouvoir l’intégration économique en Afrique », déclare M. Werenfels.
L’UE doit s’assurer que, dans les négociations sur les accords de libre-échange avec les États du Maghreb, elle tient compte des conséquences possibles pour la zone de libre-échange africaine lancée en janvier 2020. Certaines voix, pas seulement au Maroc, considèrent les accords bilatéraux entre l’UE et les États du Maghreb comme une tentative de saper l’intégration africaine. « Le fait est que tout le monde profiterait d’une plus grande intégration de l’Afrique et d’une suppression plus forte de la division entre l’Afrique du Nord et l’Afrique subsaharienne sur le plan économique. »
Une faiblesse pour l’Algérie ?
Werenfels s’est peut-être rendue personnellement vulnérable en professant sa grande faiblesse pour l’Algérie sur son profil Twitter. « Cependant, ceci est basé sur le fait que j’ai fait mon doctorat sur l’Algérie. Rétrospectivement, bien sûr, cet aveu s’avère être une erreur – même si j’ai critiqué à plusieurs reprises la politique algérienne dans d’innombrables tweets. » Et ce n’est en aucun cas le cas que le gouvernement algérien la perçoive comme pro-algérienne, dit Werenfels, c’est plutôt le contraire qui est probable : « Je n’ai pas reçu de visa pour l’Algérie depuis 2019, malgré de multiples demandes. »
DW, 31/08/2021
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Espagne: Albares très réservé sur le Maroc au Parlement
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Le ministre des Affaires étrangères fait ses débuts au Congrès avec des pieds de plomb vis-à-vis du Maroc.
Albares décrit le pays du Maghreb comme un « ami » et évite de se prononcer sur le Sahara. L’ensemble de la Chambre, à l’exception du PP et de Vox, soutient l’exécutif sur les évacuations de Kaboul.« C’est un partenaire, un voisin et un ami ». Tous les mots étaient bons pour le Maroc lors des débuts parlementaires du ministre des affaires étrangères. José Manuel Albares a déclaré lundi au Congrès qu’une nouvelle ère avait commencé dans les relations avec Rabat, et que l’Espagne était prête à oublier le dernier incident du mois de mai, lorsque les autorités marocaines ont ouvert la frontière pour que des milliers d’immigrants entrent illégalement à Ceuta. Dans ce climat de détente, Albares s’est conduit avec des pieds de plomb devant les députés, peu enclin à entrer dans les détails de la résolution de la crise avec Rabat. Le ministre n’a même pas voulu préciser si l’Espagne maintiendra sa position sur le Sahara Occidental.
Le Sahara a été, au moins indirectement, le déclencheur de la crise, suite à la réaction furieuse du Maroc à l’accueil en Espagne du leader du Front Polisario, Brahim Gali, pour un traitement médical. En conséquence, plusieurs députés, en particulier ceux des groupes nationalistes, ont profité de l’apparition d’Albares devant la Commission des affaires étrangères du Congrès pour tenter de lui faire préciser si la réconciliation avec Rabat conditionnera la position du gouvernement sur le territoire envahi par le Maroc en 1976 après la décolonisation de l’Espagne. Telle était l’insistance de certains parlementaires et la ténacité du ministre pour éviter tout mot qui pourrait assombrir la nouvelle étreinte diplomatique entre Madrid et Rabat après le plus grave conflit depuis deux décennies.
« Au Sahara, nous ne sommes pas un acteur comme les autres, nous avons une responsabilité historique », a souligné le porte-parole du PNV, Aitor Esteban. Personne n’a autant insisté sur ce point que Jon Iñarritu d’EH Bildu, malgré le peu de succès de son examen du ministre. « Tu es très clair quand tu veux l’être, mais pas du tout quand tu ne veux pas l’être », a-t-il fini par se plaindre. Iñarritu a également été le plus direct, demandant deux fois au ministre si l’Espagne maintient son soutien à un référendum d’autodétermination au Sahara, comme l’établit la doctrine de l’ONU. Mais Albares a eu du mal à le faire sortir de sa prudence. « Le cadre est toujours celui de l’ONU », s’est-il contenté de répondre sans autre précision. « La relation avec le Maroc est beaucoup plus large que le Sahara », a-t-il ajouté pour justifier son manque d’intérêt à discuter de la question. Le ministre a terminé par la promesse classique que le gouvernement fera toujours passer les « intérêts de l’Espagne » en premier dans ses relations avec le Maroc.
Le PP, dont l’indignation contre le gouvernement après les événements de mai a cédé la place à un ton plus bas depuis que la tempête diplomatique s’est calmée, a également contribué à sa manière. Le PP s’en prend maintenant au gouvernement à propos de la crise afghane, principale raison de la présence du ministre au Parlement. Ils n’ont pas été découragés par les félicitations que l’opération d’évacuation de Kaboul a reçues d’Europe et des États-Unis, rejoints lundi par une large majorité du Congrès, de Ciudadanos à EH Bildu, du PNV à ERC. « Personne qui n’est pas aveuglé par le sectarisme ne peut nier le travail qui a été fait », a déclaré Gerardo Pisarello de Unidas Podemos. Seuls Vox et le PP ont choisi de disqualifier carrément les actions de l’exécutif, avec un ton plus blessant même dans le cas du PP.
La porte-parole du PP pour les affaires étrangères, Valentina Martínez, a reproché au président du gouvernement de ne pas avoir appelé le chef de l’opposition ou de ne pas être venu personnellement donner des explications au Congrès face au « plus grand échec international que l’Occident ait jamais connu ». Il a qualifié Albares de « bouclier humain » de Pedro Sánchez au Parlement. Et il l’a accusé de « prendre la responsabilité de ce pour quoi d’autres se sont battus ». Selon M. Martínez, l’évacuation a fonctionné grâce aux diplomates et aux militaires, et malgré un gouvernement qu’il a qualifié de « travail bâclé, paresseux et inconsidéré ».
Le ministre, sans renoncer au ton extrêmement poli qu’il cultivait pour ses débuts dans l’hémicycle, après un mois et demi de mandat, s’est permis une ironie avec Martínez. Face à l’insistance du député populaire à reprocher au gouvernement de ne pas avoir vu venir le triomphe des talibans, il a répondu : « Je peux comprendre que vous l’ayez prévu, mais ce n’était pas le cas des rapports des services de renseignement, du Premier ministre britannique, du président des États-Unis… ». Albares a été catégorique en assurant que l’Espagne ne reconnaîtrait jamais le régime des Talibans.
Le ministre, sans renoncer au ton extrêmement poli qu’il cultivait pour ses débuts dans l’hémicycle après un mois et demi de mandat, s’est laissé aller à une petite ironie avec Martínez. Face à l’insistance du député populaire à reprocher au gouvernement de ne pas avoir vu venir le triomphe des talibans, il a répondu : « Je peux comprendre que vous l’ayez prévu, mais ce n’était pas le cas des rapports des services de renseignement, du premier ministre britannique, du président des États-Unis… ». Albares a été catégorique en assurant que l’Espagne ne reconnaîtrait jamais le régime des Talibans.
Sur un point, cependant, la critique du gouvernement a été plus répandue : ce que plusieurs groupes, de droite comme de gauche, ont considéré comme un ton trop triomphaliste. La « mission accomplie » que Sánchez a proclamée après avoir mis fin à l’opération d’évacuation a été remise en question à l’unisson par les députés du PP, de Ciudadanos et des nationalistes, qui ont rappelé que des collaborateurs espagnols sont toujours piégés en Afghanistan. Albares est ensuite entré dans la nuance. Il a déclaré que ce qui s’est terminé est une opération et qu’une autre commence maintenant, en collaboration avec plus de pays, mais avec le même objectif : « ne laisser personne derrière ». « L’Espagne a fait tout ce qu’elle pouvait et continuera à le faire. Nous ne lâcherons rien », a-t-il promis solennellement.
La volonté du ministre d’esquiver les questions les plus compromettantes a également été mise à l’épreuve lorsqu’il a évoqué l’arrivée éventuelle d’une nouvelle vague de réfugiés en Europe. La question de savoir s’il y a des plans en place ou du moins des idées préalables a été soulevée de tous les côtés de la Chambre. A gauche, la CUP s’est insurgée contre ce qu’elle considère comme un manque de générosité de l’Europe dans l’accueil des réfugiés. À droite, Vox a affirmé, par la bouche de son porte-parole, Iván Espinosa de los Monteros, que l’ouverture des portes à ceux qui fuient les talibans serait « un non-sens pour la sécurité nationale » et aurait « un coût inabordable ».
M. Albares a été très clair en précisant que l’engagement de l’Espagne se limite pour l’instant exclusivement aux collaborateurs afghans et que ceux des autres pays qui arrivent au centre de Torrejón ne sont qu’en transit. Il a été aussi clair sur ce point qu’il a été vague en répondant à la question de savoir ce qui sera fait si un flot de réfugiés arrive. Sur ce point, a-t-il dit, l’UE a son mot à dire.
El Pais, 30/08/2021
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Sahara Occidental : Nouvelles attaques contre les positions du Maroc
Sahara Occidental, Maroc, #SaharaOccidental, #Maroc,BIR LAHLOU (Territoires sahraouis libérés)- Les unités de l’Armée populaire de libération sahraouie (APLS) ont mené lundi de nouvelles attaques ciblées contre des positions des forces d’occupation marocaines dans différentes régions le long du mur du sable, a indiqué un communiqué du ministère sahraoui de la Défense.Selon le 292e communiqué relayé par l’agence de presse sahraouie (SPS), « les unités de l’APLS ont intensifié leurs attaques contre les forces d’occupation marocaines dans les régions d’Aoudi Chedida et de Rous Ben Aamira (secteur de Farsia) et celle d’Aadim Oum Djeloud (secteur d’Aousserd).« Les bombardements menés par les unités de l’armée sahraouie ont également ciblé des positions des forces d’occupation dans la région d’Akrara El Fersik (secteur de Mahbes) et des retranchements des forces d’occupation dans la région d’Oum Dakn (secteur de Bakari), a précisé la même source.Les attaques ont également ciblé les forces d’occupation dans les régions d’Amekli Lekouirat et d’Amekli Etmat (secteur de Smara), a ajouté le communiqué.Les attaques de l’APLS se poursuivent contre les forces d’occupation qui subissent de lourdes pertes humaines et matérielles le long du mur de la honte. -
Internationale Politik : « Les oubliés du désert »
Sahara Occidental, Maroc, Union Européenne, UE, Immigration, #Maroc,Le Maroc et le Polisario se battent pour le Sahara occidental depuis des années. Alors que Rabat poursuit son plan d’autonomie, le Front populaire veut enfin faire un référendum pour la région. Quel est le rôle de l’Espagne et de l’UE à cet égard ?Jan MarotDepuis plus de sept mois, les signes du conflit du Sahara occidental entre le Maroc et le Front Polisario pointent à nouveau vers une escalade. Sur le plan militaire, cela ne s’est produit jusqu’à présent que dans une mesure limitée et loin du public mondial – pour les journalistes et les observateurs internationaux, cependant, il a été presque impossible pour les journalistes et les observateurs internationaux de se faire une idée de la situation sur place, et pas seulement depuis la pandémie de Covid-19.Le conflit se déroule principalement sur des fronts diplomatiques et de propagande. Ils montrent l’importance géopolitique du Sahara occidental, occupé et revendiqué par le Maroc depuis 1976.D’un côté il y a le roi du Maroc Mohammed VI. Avec la crise migratoire attisée autour des enclaves espagnoles en Afrique du Nord, notamment à Ceuta, en mai 2021, il veut – via l’Espagne – forcer le soutient de l’UE dans le conflit du Sahara occidental. L’expert maghrébin Ignacio Cembrero le voit également ainsi : « Ce qui se passe actuellement, la crise diplomatique entre l’Espagne et le Maroc, a clairement ses raisons dans le conflit du Sahara occidental. Le Maroc, a-t-il dit, veut que Madrid et Berlin – et donc l’ensemble de l’Union européenne – entament des démarches diplomatiques pour reconnaître sa revendication sur le Sahara Occidental.Pour cette raison, Rabat a annulé une réunion au sommet avec l’Espagne fin 2020. « L’objectif est que l’Espagne prenne la position de la France sur la question du Sahara occidental. Qu’elle soutiennet le plan d’autonomie du territoire proposée par Rabat. Officiellement, l’Espagne ne l’a pas fait. Mais Madrid a travaillé secrètement avec Rabat sur ce sujet », explique Cembrero.Le ministre des Affaires étrangères Nasser Bourita est passé à plusieurs reprises à l’offensive diplomatique. En mars 2021, par exemple, il a imposé une « interdiction de contact » avec les organisations allemandes au Maroc – en tant que « sanction » pour avoir empêché Berlin de danser sur l’air du Maroc. Des hommes politiques de gauche espagnols avaient auparavant été déclarés « personae non gratae » en raison de leur soutien à la « cause sahraouie ».De l’autre côté du conflit se trouve le Front Polisario. Depuis sa fondation en 1973, c’était initialement l’organisation militaire et politique de résistance contre la puissance coloniale espagnole au Sahara occidental, qui a existé jusqu’en 1975. Avec le départ des Espagnols et la fondation de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) en février 1976, la lutte des anciens indépendantistes socialistes s’est tournée avec succès contre la Mauritanie, qui s’est repliée derrière ses frontières. Et contre le Maroc, qui a pu occuper une grande partie du territoire du Sahara occidental.Le Maroc a mené une guerre dans laquelle il a utilisé des bombes au napalm et au phosphore contre la population civile sahraouie. Dans le même temps, la « Marche verte » était organisée à des fins de propagande, au cours de laquelle des centaines de milliers de civils marocains se sont déplacés vers le sud. En 1976, Rabat a pu mettre près des deux tiers de la superficie du Sahara occidental – jusqu’à la frontière mauritanienne et la capitale El Aaiún – sous son règne. La côte atlantique, riche en poissons, en fait partie. Leurs zones de pêche sont d’une grande importance pour les flottes de pêche espagnoles – et font actuellement l’objet de nouvelles procédures devant la CJUE. La maison royale sous le roi de l’époque Hassan II a également reçu la souveraineté sur les plus grands gisements de phosphate du monde.L’escalade la plus récente a commencé lorsque l’armée marocaine s’est déplacée à la mi-novembre 2020 pour briser un blocus de protestation sahraoui près de Guerguerat, ville frontalière avec la Mauritanie. Cela a incité le Front Polisario à mettre fin au cessez-le-feu en vigueur depuis 1991 et contrôlé par les Nations Unies dans le cadre de la mission de la MINURSO.« Guerguerat appartient à la zone démilitarisée à l’extrême sud du Sahara occidental. Le déploiement de l’armée marocaine contre les manifestants est clairement une violation de l’accord », explique Cembrero. Pour le Maroc, la ville frontalière est la porte d’entrée du voisin du sud – et a été utilisée à plusieurs reprises par le Polisario pour bloquer l’échange de marchandises vers et depuis le Maroc.Désobéissance et résistanceDepuis le cessez-le-feu de l’ONU en 1991, le Polisario poursuit l’objectif d’indépendance de son ancien territoire avec des moyens politiques et la désobéissance civile, par exemple avec des blocus en zone marocaine. Le Front populaire insiste sur la mise en œuvre du référendum convenu avec les Nations unies, dans lequel l’indépendance des territoires occupés doit être une option. Mais il n’y a toujours pas de convergence sur la question de savoir qui peut participer à ce vote.La police marocaine et les services secrets intérieurs mènent des actions massives contre la résistance sahraouie. Des organisations non gouvernementales telles qu’Amnesty International documentent les violations des droits humains contre les Sahraouis : On parle d’arrestations arbitraires, de violences policières, de torture et de personnes disparues sans laisser de trace.Dans le sud de l’Algérie, près de 174 000 personnes vivent dans cinq camps de réfugiés sahraouis près de Tindouf ; ils vivent dans des huttes et des tentes en pisé et dépendent de l’aide internationale. Le gouvernement du Polisario en exil y a son siège – dans l’une des zones les plus inhospitalières du Sahara, que les habitants appellent « la cour du diable ». Au sud se trouve la « zone libre » contrôlée par le Polisario, elle est séparée de la partie revendiquée par les Marocains par un rempart de fortifications, de camps militaires et de champs de mines longs de plus de 2700 kilomètres.Pendant des décennies, l’Algérie a été le partenaire le plus important et le plus puissant de la RASD – et l’antagoniste du Maroc au Maghreb. « Militairement, le Front Polisario n’agit qu’avec le feu vert ou du moins avec la tolérance de la direction algérienne », explique Cembrero. Cependant, il ne croit pas que l’Algérie interviendra activement dans le conflit.Sur le plan diplomatique, le Maroc peut signaler quelques succès : sur ce qui était autrefois plus de 80 États, seulement un peu moins de 50 reconnaissent désormais la souveraineté de la République du Sahara occidental. Rabat a décroché un autre coup d’État en décembre 2020 lorsque le président américain Donald Trump a reconnu les revendications territoriales marocaines au Sahara occidental (en vue d’un rapprochement entre Israël et le Maroc). Son successeur au pouvoir, Joe Biden, est peu susceptible d’inverser cela; cependant, il est douteux que cette reconnaissance soit juridiquement contraignante.Afin de ne pas soutenir cette reconnaissance, Madrid a refusé la participation des forces armées espagnoles aux manœuvres US-Africom « African Lion », qui se sont déroulées du 7 au 18 juin dans le sud du Maroc près de Tan-Tan et pour la première fois dans le Sahara occidental occupé par le Maroc..Le rôle de l’Espagne et de l’UELes relations avec l’Espagne font actuellement l’objet de plusieurs tests de résistance. Le secrétaire général du Polisario, Brahim Ghali, a été soigné pendant quelques semaines pour la maladie de Covid-19 à Logroño, en Espagne. Pour Rabat, c’était une provocation. L’Espagne a traité Ghali pour des « raisons humanitaires » – tandis que le tribunal national de Rabat cherchait à le poursuivre pour crimes contre l’humanité. Le gouvernement marocain accuse Madrid de « prendre parti pour le Front Polisario » et de compromettre gravement les relations bilatérales.Un autre défi diplomatique est venu fin mai dans l’enclave de Ceuta, lorsque plus de 10000 personnes, presque tous des Marocains et de nombreux mineurs, ont atteint le sol européen à la nage ou dans des canots pneumatiques. Le gouvernement espagnol envoya l’armée ; Des véhicules blindés et des militaires ont depuis sécurisé les fortifications frontalières. Le Maroc a succinctement attribué les événements au « beau temps » et aux « agents frontaliers fatigués ». Plus de 8500 personnes ont été expulsées directement vers le Maroc.D’énormes problèmes économiques pèsent sur le règne du roi Mohammed. C’est l’une des raisons pour lesquelles il souhaite apaiser le ressentiment rapidement croissant de ses citoyens ces dernières années en adoptant une position forte dans le conflit du Sahara occidental. Mais le fait que le Maroc n’ait pas protégé ses frontières de manière adéquate – comme convenu avec l’UE, qui l’a largement financé – pourrait s’avérer être une erreur. Bruxelles a déjà menacé de suspendre le versement de son aide : le Maroc a reçu près de 346 millions d’euros au cours des deux dernières années, principalement pour lutter contre l’immigration clandestine et les passeurs de migrants.Économiquement, le roi est vulnérable, des sanctions l’affaibliraient. Mais jusqu’à présent, la stratégie du Maroc consistant à alimenter successivement le conflit du Sahara occidental et à s’en tenir à son plan d’autonomie.Jan Marot vit à Grenade depuis 2006 et travaille comme correspondant pour Iberia et l’Afrique du Nord ; il écrit également des guides de voyage. Il connaît le Sahara occidental à travers des séjours dans les camps de réfugiés près de Tindouf (sud de l’Algérie), dans la « zone libre » du Front Polisario et des voyages dans les zones occupées par le Maroc.Internationale Politik, 25 juin 2021 -
Maroc : Reconnaissance inéluctable de la République Sahraouie
Maroc, Sahara Occidental, Union Africaine, ONU, Afrique, #Maroc,#SaharaOccidental,Par Deich Mohamed SalehLa décision sans précédent de l’ancien président américain Donald Trump de reconnaître la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental le 10 décembre 2020 a suscité de nombreuses critiques car elle contredit le droit international.Bien qu’aucune position n’ait été prise jusqu’à présent sur cette mesure, toutes les indications confirment que la nouvelle administration reviendra sur cette erreur, donnant l’impression que les États-Unis – en tant que porteur du conflit du Sahara occidental au Conseil de sécurité – feront pression pour une solution dans le cadre de la légalité internationale.ContexteAncienne 53ème province espagnole jusqu’en 1976, le Sahara Occidental est sur la liste des territoires non autonomes de l’ONU depuis 1963 en attente de décolonisation. En 1974, l’Espagne a accepté d’organiser un référendum après avoir effectué un recensement de la population autochtone, en vue de céder le pouvoir au Front POLISARIO, qui représentait les revendications d’indépendance de la population.Le Front Polisario (Frente Popular para la Liberación de Saguía el Hamra y Río de Oro) a été créé en 1973 à la suite d’un vaste mouvement populaire réclamant le départ du colonialisme espagnol.Malheureusement, le gouvernement espagnol a cédé le territoire en 1975 au Royaume du Maroc, quelques jours seulement après que la Cour internationale de justice (CIJ) ait rejeté les revendications de ce dernier sur le territoire.Le Maroc a profité de la période de transition qui a suivi la mort du général Franco pour pousser le gouvernement espagnol à violer la Charte et les résolutions des Nations unies ainsi que les appels répétés de l’Organisation de l’unité africaine à cette époque.Conformément à la volonté du peuple du Sahara occidental, le Front Polisario a déclaré la République arabe sahraouie démocratique (RASD) le 27 février 1976 pour combler le vide juridique créé par le retrait de l’Espagne. La RASD a rejoint l’OUA en 1984, puis est devenue l’un des fondateurs de l’Union africaine.Après 16 ans d’escalade, un accord de cessez-le-feu a été conclu en 1991 entre la RASD, représentée par le Front Polisario, et le Royaume du Maroc.Le cessez-le-feu fait partie d’un plan de règlement signé par les deux parties, dans le but d’organiser un référendum équitable, juste et transparent sous les auspices de l’ONU et de l’OUA, où le peuple du Sahara occidental pourra choisir entre son indépendance et son intégration au Maroc.Le plan de règlement était basé sur la résolution 104 (1983) de l’OUA, qui a été approuvée par l’Assemblée générale des Nations Unies dans sa résolution 4050 (1985) et adoptée par le Conseil de sécurité dans sa résolution 658 (1990) sous le rapport S/21360 du Secrétaire général.Mais le référendum a été perturbé, et les 30 dernières années sont restées marquées par la répétition des obstacles marocains en l’absence de pression de l’ONU, ce qui a conduit à la reprise de la confrontation armée à la fin de l’année dernière.Violation du droit internationalL’importance de la création des Nations unies en 1945 réside dans l’ensemble des règles et règlements de sa charte et des résolutions adoptées par ses États membres. L’indépendance de plus de 80 anciennes colonies a constitué un saut qualitatif réalisé par l’ONU.Mais son incapacité à achever la décolonisation des territoires non autonomes, tels que le Sahara occidental, reflète le double standard des décideurs internationaux d’aujourd’hui dans l’application du droit international.La Charte des Nations Unies et l’énorme quantité de résolutions, de conseils juridiques et de décisions judiciaires reconnaissent le droit inaliénable du peuple du Sahara Occidental à l’autodétermination et à l’indépendance.Au contraire, ni la Charte des Nations Unies, ni ses résolutions, ni les décisions judiciaires ne reconnaissent les revendications du Maroc, mais le considèrent plutôt comme une puissance occupante du territoire.L’échec de l’ONU a également affecté la protection des citoyens sahraouis contre la répression systématique des autorités d’occupation marocaines, puisque le Conseil de Sécurité n’a pas pu accepter d’étendre le mandat de la MINURSO pour inclure le rapport sur les droits de l’homme.En reconnaissant la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, Trump a délibérément abusé des valeurs et des principes sur lesquels l’ONU a été fondée, ce à quoi la nouvelle administration doit remédier pour préserver la réputation des États-Unis à l’étranger en tant que décideur international.L’intention de l’administration de Joe Biden de revoir les décisions de Trump est un signe optimiste que les États-Unis, en tant que détenteur du Sahara occidental, reconsidéreront l’application du droit international d’une manière cohérente avec le respect du statut juridique du territoire.L’espoir a beaucoup augmenté lorsque les exercices de l’African Lion 2021 n’ont pas inclus le territoire du Sahara Occidental, contrairement à ce qui était promu par le Makhzen. De son côté, l’Union européenne a ignoré le statut juridique du Sahara occidental et les décisions judiciaires pertinentes pour conclure des accords commerciaux avec le Royaume du Maroc qui incluent le territoire.L’Union européenne n’a pas non plus respecté les conditions de partenariat avec l’Union africaine concernant la souveraineté de ses membres, comme la République sahraouie.Les Européens devraient encourager l’Espagne à assumer sa responsabilité historique dans la décolonisation de son ancienne colonie, car elle est toujours la puissance administrante imprescriptible. L’accueil réservé par le Portugal à la cause du Timor oriental est un exemple frappant que l’Espagne devrait suivre.L’absence d’une évaluation objective du résultat de l’application du droit international au Sahara Occidental par les décideurs du Conseil de Sécurité de l’ONU est une erreur que tout le monde paiera.Le soutien de certains acteurs internationaux à l’occupation marocaine du Sahara Occidental remonte à la période de la guerre froide, ce qui appelle à une révision complète pour être en phase avec le développement qui a lieu dans la région et les aspirations de ses peuples à la paix et à la stabilité. Ainsi, la question du Sahara occidental, comme les précédentes questions de décolonisation, doit être résolue dans le plein respect du droit de son peuple à l’autodétermination et à l’indépendance.Sinon, personne ne peut blâmer les Sahraouis pour toute forme d’escalade dans le cadre de leur défense de leur droit légitime.Les décideurs internationaux doivent exclure toute menace pour la sécurité et la stabilité qui pourrait être causée par l’établissement d’un nouvel État dans la région, comme l’a promu le Maroc.Dans ce contexte, il est important de prendre en considération la réalité de la coexistence de la RASD et du Royaume du Maroc sur un pied d’égalité au sein de l’Union africaine et leur engagement à respecter les frontières coloniales. En ce sens, le rôle de l’Union africaine est vital dans tout effort international futur.Le voisin gênantLes États-Unis considèrent le Royaume du Maroc comme un allié stratégique en raison des nombreux services qu’il a fournis pendant la guerre froide, et plus tard sous la rubrique du terrorisme. De son côté, l’UE lui a accordé un statut avancé pour la garde de la porte sud. Cependant, il semble que ni les États-Unis ni l’UE n’aient fait d’effort pour révéler la vérité sur le Makhzen marocain.Tout d’abord, le Makhzen a profité de la protection que lui offrait l’Occident pendant la guerre froide pour attaquer ses voisins et travaille constamment à les déstabiliser.Avant son occupation illégale du Sahara occidental en 1975, le Royaume du Maroc avait revendiqué la Mauritanie et certaines parties de l’Algérie.Il s’est donc opposé à l’indépendance de la Mauritanie en 1960, et a lancé une guerre contre l’Algérie un an après son indépendance en 1963. Le Maroc a également revendiqué à plusieurs reprises des territoires espagnols, dont les frontières ont été soumises à des attaques continues, comme l’île de Perejil en 2002, et plus récemment Ceuta et Melilla, où le Makhzen a utilisé des mineurs comme boucliers humains pour occuper les deux villes.Deuxièmement, l’implication des services de renseignement marocains dans le soutien au terrorisme, qui ne s’est pas limité à l’Algérie pendant les années 1990 et au-delà, ni à la région et au Sahel, mais que la plupart des attaques terroristes en Europe étaient liées à des noms marocains, comme à Madrid, Barcelone, Paris, Bruxelles, etc.En outre, le ralliement de milliers de Marocains à des organisations terroristes en Irak, en Syrie, en Libye et ailleurs est une autre preuve que le Maroc est une base pour l’exportation de terroristes.Le sort des terroristes marocains, qui sont rentrés au Maroc, restera une bombe à retardement entre les mains des services de renseignements marocains, qui attendent le bon endroit et le bon moment pour la faire exploser.Troisièmement, les rapports 2020 de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime et de l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies ont classé le Maroc comme le premier producteur et exportateur de cannabis. Ainsi, les gangs de trafiquants de drogue ne se limitaient pas à déverser dans les pays européens du cannabis et du haschisch, mais aussi de la cocaïne et de l’héroïne.Tandis que le flux régulier se poursuit vers les pays voisins et le Sahel, ce qui contribue au financement des groupes terroristes armés et menace de déstabiliser la région.Quatrièmement, le Maroc utilise systématiquement les immigrants illégaux pour obtenir un soutien financier ou pour arracher des positions politiques à l’Espagne ou à l’Union européenne.En apparence, le Maroc se présente comme le gardien de la migration vers l’Europe, mais il fait secrètement entrer des migrants par le biais d’un plan de longue haleine.Les services de renseignement du Makhzen attribuent des voyages pour transporter des migrants africains de leurs pays vers le Maroc, en leur promettant qu’ils auront la possibilité de passer en Europe. Cinquièmement, le plus dangereux est que le Maroc mène une politique consistant à affamer sa population pour attaquer ses voisins, comme cela s’est produit récemment avec l’Espagne, notamment en utilisant des mineurs pour faire du chantage et abuser des frontières de cette dernière.Une fois de plus, le Makhzen investit dans la décision irréfléchie de Trump de reconnaître sa souveraineté sur le Sahara occidental en lançant une campagne odieuse et généralisée contre les positions qui s’opposent à cette décision, en utilisant de sales méthodes de chantage.La campagne a principalement visé l’Europe pour qu’elle suive l’exemple de Trump, en particulier des pays clés comme l’Espagne et l’Allemagne, avec lesquels le Maroc a menacé de couper les liens, et a pris à leur encontre des décisions qui n’ont rien à voir avec l’éthique et les normes de la diplomatie.La spirale de l’instabilitéL’ère du colonialisme sur le continent africain était censée être terminée à la fin du vingtième siècle, mais elle rôde toujours dans son nord, notamment au Sahara occidental, où sa population est soumise à des crimes odieux et à des méthodes brutales.Malheureusement, une fois que les puissances coloniales traditionnelles ont quitté la région, le Royaume du Maroc a poignardé ses peuples dans le dos en mettant le Makhzen lui-même au service de la sale politique française.Ainsi, le Maroc a mené une guerre asymétrique contre le petit peuple du Sahara occidental, qui s’inscrit dans le cadre d’un plan à long terme visant à déstabiliser toute la région. Non seulement pour contrarier ses pays, mais aussi pour aggraver leurs conditions internes.L’accord conclu entre le Front Polisario et le Royaume du Maroc en vue d’organiser un référendum d’autodétermination pour le peuple du Sahara occidental à la fin des années 80, grâce aux efforts inlassables déployés par le bloc africain, a donné à la région des raisons d’être optimiste.Cette atmosphère a permis aux dirigeants de l’Algérie, de la Libye, de la Tunisie, de la Mauritanie et du Maroc d’organiser une réunion préliminaire à Alger en 1988, à la lumière de l’annonce de la création de l’Union du Maghreb arabe (UMA) en 1989 à Marrakech, au Maroc. À cet égard, la volonté réelle de l’Algérie était manifeste pour surmonter les divergences et progresser au profit de la région, sans exclure l’issue du référendum au Sahara occidental.En revanche, les pays de la région ont été déçus par le recul du Royaume du Maroc par rapport à son engagement en faveur du référendum, qui a montré une fois de plus qu’il ne veut pas arrêter ses ambitions expansionnistes.Les considérations géopolitiques de la région du Maghreb, en termes d’énormes ressources naturelles, de proximité des voies navigables et de frontières avec l’Europe, en ont fait un lieu de compétition pour les puissances mondiales qui en ont tiré profit au détriment du développement et de l’intégration de la région. Ainsi, la région a été soumise à l’instabilité et à l’ingérence étrangère dans ses affaires intérieures dans un seul but, celui d’empêcher ces pays de parvenir à leur propre approche garantissant l’indépendance des décisions politiques et le contrôle de leurs économies.La base de la stabilité souhaitée est le respect total des droits légitimes des peuples et de la souveraineté des Etats, sur la base des frontières coloniales. A cet égard, l’Algérie joue un rôle majeur, en tant que puissance régionale, pour faire vivre les pays de la région et sa profondeur africaine au niveau de la résolution de leurs problèmes, de la formulation de leurs propres politiques et de leurs points de vue qui doivent être acceptés par ses partenaires.Facteur de stabilitéQuarante-cinq ans ont suffi pour réfuter les affirmations du Maroc concernant les menaces potentielles pour la sécurité et la stabilité qui pourraient résulter de la création d’un État indépendant au Sahara occidental.Le temps a prouvé que la République sahraouie a fait de nombreuses concessions, par souci de l’unité, de la sécurité et de la paix en Afrique, et qu’elle a maintenu des relations de bon voisinage. Même le Royaume du Maroc, qui occupe toujours une partie du Sahara Occidental, a bénéficié des politiques de la République Sahraouie dans les zones libérées pour combattre le terrorisme et le crime organisé.Aujourd’hui, la République sahraouie est devenue une réalité nationale, régionale et internationale irréversible, avec ses institutions démocratiques, ses politiques rationnelles et ses larges relations internationales. Ainsi, le peuple sahraoui se sent satisfait des acquis réalisés sur la voie de l’instauration de l’état de droit dans une patrie libre et indépendante.L’accession de la RASD à sa position naturelle au sein du bloc africain en 1984 était un résultat inévitable qui affirmait l’unanimité des Africains pour défendre la légalité internationale. Ainsi, la RASD est aujourd’hui l’un des sept pays africains qui constituent la région Nord de l’Union africaine, avec l’Algérie, l’Egypte, la Libye, la Mauritanie, la Tunisie et récemment le Maroc. La RASD participe normalement à toutes les activités de l’Union, y compris les réunions de partenariat, et jouit du respect et d’une position prestigieuse.Le Maroc a abandonné l’OUA pour protester contre l’appartenance de l’État sahraoui en son sein, pour rejoindre en 2017 l’Union africaine, dont la République sahraouie est l’un des membres fondateurs, à condition que les frontières coloniales de chacun des 55 États de l’union soient respectées.La reprise des hostilitésLa démission du célèbre ancien Secrétaire d’Etat américain James Baker de son poste d’Envoyé Personnel du Secrétaire Général de l’ONU en 2004 a démontré sans aucun doute que certains membres permanents du Conseil de Sécurité ne sont pas intéressés par la résolution du problème du Sahara Occidental en accord avec les dispositions des juristes internationaux.Cela a encouragé le Maroc à abandonner ses engagements concernant le référendum et à agir avec une souveraineté absolue sur le territoire, ce qui a rendu la présence de l’ONU confinée au cessez-le-feu.Le Makhzen a expulsé la composante civile de la MINURSO et a pris des mesures strictes contre son personnel pour limiter les déplacements de la mission sur le territoire, même les plaques de ses voitures sont marocaines.Il établit une ligne commerciale reliant l’Europe à l’Afrique en ouvrant une brèche dans le Guerguerat au sud du territoire. Il pille aussi terriblement le poisson, les phosphates et d’autres ressources économiques, et utilise une partie du produit de ces ressources pour acheter le silence et la loyauté.Enfin, le Makhzen a hypothéqué les côtes sahraouies dans un jeu d’intérêts dans le but de compliquer la solution et de prolonger son occupation du territoire.Les forces de sécurité marocaines continuent de commettre des violations flagrantes des droits de l’homme contre les citoyens sahraouis dans la partie occupée par le Maroc. Les rapports de nombreuses organisations internationales et humanitaires ont documenté une répression et une intimidation systématique et dangereuse dans ces zones, avec des arrestations arbitraires, des poursuites judiciaires et des procès inéquitables, en particulier contre les militants politiques, les journalistes et les médias.Toutes ces actions incompatibles avec le statut juridique du territoire, ont été couronnées par une attaque délibérée de l’armée marocaine le 13 novembre 2020 contre des civils sahraouis qui protestaient contre le pillage de leurs ressources naturelles à travers Guerguerat. Ainsi, le Makhzen a profité de cette occasion pour construire un nouveau mur de défense reliant ce point à la Mauritanie, par lequel le Maroc a occupé une nouvelle partie du territoire de la RASD.Les Nations Unies n’ont pas levé le petit doigt ni émis un seul mot de protestation. Même l’ancien Secrétaire Général Ban Kim Moon n’a pas reçu assez de soutien lorsqu’il a dit la vérité en qualifiant le Maroc d’occupant du Sahara Occidental.Le Polisario, qui avait à plusieurs reprises mis en garde contre les conséquences désastreuses de l’impasse et de l’intransigeance du Royaume du Maroc, n’a eu d’autre choix que de déclarer la fin du cessez-le-feu et de reprendre la lutte armée. Il n’est pas surprenant que la situation connaisse une nouvelle escalade, qui pourrait enflammer toute la région.Dans son récent livre « Resolved Uniting Nations », Ban Ki-moon a révélé que lors de sa visite des camps de réfugiés sahraouis à Tindouf en mars 2016, il a vu l’indignation refoulée de milliers de femmes et d’hommes « de devoir vivre dans ces camps sommaires, et leur fureur que les Nations unies n’aient pas réussi à mettre fin à leur lutte contre le Maroc. » Il a ajouté qu’il « a été surpris et gêné de voir tant de jeunes hommes en colère tenant des pancartes telles que « Non à 40 ans d’occupation ! » et « UNfair ! » ».C’est la description précise de la situation par Ban Ki-moon qui a justifié le retour à la lutte armée. C’est ce qui s’est passé immédiatement après l’annonce de la fin du cessez-le-feu, lorsque des milliers de jeunes volontaires ont rejoint les fronts de bataille avec une forte détermination à poursuivre leur lutte jusqu’à la libération complète de tous leurs territoires occupés par le Royaume du Maroc.ConclusionLe peuple du Sahara Occidental a attendu près de 60 ans pour que l’ONU lui accorde son droit inaliénable à l’autodétermination et à l’indépendance. Mais cela n’a pas été réalisé en raison de la règle des deux poids deux mesures appliquée par les décideurs internationaux, qui sont indifférents à la souffrance du peuple de ce petit pays pacifique. C’est cette règle qui a été une pierre d’achoppement face à tous les efforts.La grande erreur commise par les décideurs internationaux au Conseil de sécurité a été leur opposition à l’application des dispositions du droit international pour satisfaire un pays comme le Maroc sous prétexte de parrainer leurs « intérêts ». On n’attend rien d’un régime médiéval si ce n’est d’attaquer ses voisins immédiats, de priver les gens de leurs droits, de piller leurs richesses et d’opérer des gangs.Les acteurs internationaux, en particulier les décideurs d’aujourd’hui, doivent se libérer du complexe de la peur et de la domination. Leur manque de sérieux est la plus grave menace pour leurs intérêts. Or, personne n’accepterait d’être privé de son droit légitime et de rester les bras croisés. Par conséquent, ils devraient bien réfléchir à ce qu’ils ont infligé au peuple du Sahara Occidental à travers cette longue attente, et se dépêcher de lui accorder son droit inaliénable à l’autodétermination et à l’indépendance, conformément aux dispositions de la légalité internationale.Combien la région sera reconnaissante envers les décideurs internationaux pour une telle décision.La paix durable souhaitée ne peut être obtenue au détriment des droits et des aspirations des peuples. Il n’y aura donc pas de paix durable sans reconnaissance de la réalité de la RASD, incarnée par la longue lutte de son peuple et qui s’est avérée être un facteur d’équilibre et de stabilité dans toute la région.Deich Mohamed Saleh est un ancien chef du bureau du président sahraoui et ancien ambassadeur auprès de la République du Zimbabwe.The Herald, 31/08/2021 -
Maroc-Algérie: Omar Hilale persiste et signe
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Un haut diplomate marocain renouvelle les propos qui ont irrité l’Algérie
RABAT (Reuters) – Un haut diplomate marocain a renouvelé lundi les propos cités par l’Algérie lorsqu’elle a rompu ses relations avec Rabat la semaine dernière, une décision qui pourrait aggraver la querelle entre les voisins nord-africains.
Omar Hilale, ambassadeur du Maroc auprès des Nations Unies, a établi une équivalence entre les différends dans le territoire marocain du Sahara occidental et la région de Kabylie en Algérie dans des commentaires cités par l’agence de presse marocaine MAP.
Ses propos sont susceptibles de provoquer une réaction de l’Algérie, qui a déclaré la semaine dernière qu’elle coupait les relations diplomatiques tout en maintenant les consulats ouverts dans les deux pays.
La frontière entre le Maroc et l’Algérie est fermée depuis 1994 et l’Algérie a indiqué qu’elle détournerait les exportations de gaz d’un gazoduc traversant le Maroc, qui devait être renouvelé plus tard cette année.
« Le peuple kabyle… a aussi le droit à l’autodétermination. Pourquoi l’Algérie leur refuse-t-elle ce droit qu’elle revendique pour les Marocains du Sahara ? Hilale a été cité comme disant.
Le Maroc considère le Sahara occidental comme le sien, mais la souveraineté du territoire a été contestée par le Front Polisario, un mouvement indépendantiste soutenu par l’Algérie, depuis le départ de la puissance coloniale espagnole dans les années 1970.
Bien que les États-Unis aient soutenu les revendications du Maroc l’année dernière en échange du renforcement des liens de Rabat avec Israël, la plupart des pays ont déclaré qu’ils voulaient une résolution soutenue par l’ONU. Plus de 20 États, pour la plupart africains et arabes, ont ouvert des consulats au Sahara occidental, reconnaissant effectivement la souveraineté marocaine.
L’Algérie a accusé le Maroc de soutenir le MAK, un groupe dont la direction est basée en France et qui soutient l’indépendance de la région de Kabylie dans le nord-est de l’Algérie, qu’il accuse d’incendies de forêt meurtriers ce mois-ci. MAK a nié cela.
En coupant les liens, l’Algérie a cité la position du Maroc sur le Sahara occidental, les commentaires précédents d’Hilale sur la région de Kabylie et ce qu’elle a dit être l’utilisation par le Maroc du logiciel espion Pegasus contre des responsables algériens.
Le Maroc a répondu que l’Algérie était injustifiée de couper les ponts et que ses arguments étaient « fallacieux et même absurdes ». Il a précédemment nié posséder Pegasus.
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Sahara occidental : la neutralité de la Suisse, immuable
Sahara occidental, Maroc, Suisse, RASD,par Abdelkrim ZerzouriLa Suisse reconnaît-elle la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara Occidental ? A lire de récents titres de la presse marocaine, on croirait que la Suisse a emboîté le pas à l’ex-administration de Donald Trump, mais à y regarder de près, il n’en est rien.Pure propagande qui cherche à tromper l’opinion. Comment ? En s’accrochant à un arrêt rendu récemment par le Tribunal fédéral suisse, à travers lequel un réfugié sahraoui a été débouté de sa demande contestant la décision des autorités suisses de refuser, lors du renouvellement de son permis de « réfugié », de faire apparaître le «Sahara Occidental» sous la rubrique «nationalité», ces médias ont vite conclu que l’arrêt de cette autorité judiciaire suprême de la Confédération suisse épouse parfaitement la position du gouvernement suisse.Autant dire une décision de justice aux connotations politiques !? Non, bien sûr, le Tribunal fédéral suisse s’en est tenu au droit et, surtout, à la célèbre et historique réputation de neutralité suisse, utilisée depuis toujours comme moyen d’adapter sa politique de sécurité et sa politique extérieure.D’une part, il y a lieu de constater que la Suisse a accordé au concerné le statut de réfugié, qui n’est pas aussi facile à obtenir, sauf pour les cas réellement persécutés ou menacés dans leur intégrité physique, ou encore fuyant des conflits sanglants et la famine.Bien évidemment, les plumes marocaines ont glissé sur cette vérité qui met en exergue les violations par le Maroc des droits humains dans cette région, reconnus de fait par la Suisse en octroyant le titre de réfugié à un ressortissant sahraoui.En second lieu, dans son arrêt, le Tribunal fédéral suisse vise expressément une conformité avec la position internationale de la Suisse, qui ne reconnaît pas la RASD en tant qu’Etat. Quelle est cette position internationale de la Suisse du dossier du Sahara Occidental ?Officiellement, la Confédération helvétique, à travers le département fédéral des Affaires étrangères (DFAE), soutient les efforts des Nations unies et le rôle central qu’elles jouent dans le processus concernant la question du Sahara, apportant ainsi son soutien à une solution politique en accord avec le droit international et les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, tout en restant convaincue que seule la négociation permettra d’aboutir à une solution politique, juste, durable et mutuellement acceptable.La Suisse ne reconnaît pas la RASD en tant qu’Etat, mais elle ne reconnaît également aucune souveraineté du Maroc sur ce territoire, considérant que le dossier étant entre les mains des instances onusiennes.Il n’y a pas, donc, de quoi danser la «Reggada». Il faut noter que même les pays qui reconnaissent la RASD en tant qu’Etat défendent tous le principe d’un règlement du dossier en accord avec le droit international, par le biais d’une médiation onusienne.La reconnaissance de la RASD en tant qu’Etat ne peut pas être autrement vue qu’un soutien fort et inébranlable à son indépendance. Mais, force est de reconnaître que le dernier mot reviendrait aux représentants du peuple sahraoui et aux Marocains, à l’issue de négociations directes entre eux, sous l’égide de l’ONU.Le Quotidien d’Oran, 31/08/2021 -
Les propos d’Albares sur le Maroc, l’Algérie et le Sahara
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Le ministre espagnol des affaires étrangères, José Manuel Albares, a accordé une interview au journal La Vanguardia. Voici les questions et réponses concernant le Maroc et le Sahara Occidental:
Et en plein milieu de la question de l’Afghanistan, le roi du Maroc envoie un message de réconciliation avec l’Espagne.
Nous avons apprécié ces propos du Roi du Maroc car ils véhiculent une volonté de dialogue fondé sur la confiance mutuelle, ce que nous souhaitons. La diplomatie demande de la patience et des temps lents. Je le répète depuis que j’ai été nommé ministre et il me semble que c’est devenu clair. Nous sommes confrontés à des signes encourageants.
Pourtant, trois jours après le discours du roi Mohamed VI, l’Algérie rompt ses relations diplomatiques avec le Maroc. La tension entre les deux pays étant évidente depuis des semaines, il semble que le Maroc ait voulu anticiper la rupture algérienne en rétablissant des lignes de dialogue avec l’Espagne.
L’Espagne souhaite entretenir de bonnes relations avec ses partenaires les plus importants et souhaite également que ces partenaires entretiennent les meilleures relations possibles les uns avec les autres. Et quand nous partageons la même région du monde comme la Méditerranée occidentale, nous le voulons encore plus. Nous souhaitons contribuer à un climat de calme, de tranquillité et de bon voisinage. Ce sera toujours notre objectif en Méditerranée occidentale, aussi bien avec le Maroc qu’avec l’Algérie.
Cette fois ce ne sera pas facile d’être en bons termes avec le Maroc et l’Algérie à la fois.
Nous avons toujours eu une relation extraordinaire avec les deux pays. Les deux sont des partenaires très importants pour nous. Les deux sont des pays amis. Ce sont deux grands pays. Nous travaillerons pour comprendre.
L’Espagne va-t-elle modifier sa position sur le Sahara occidental ?
L’Espagne travaillera toujours dans le cadre des Nations Unies. La relation entre le Maroc et l’Espagne est un réseau riche et large d’intérêts de toutes sortes. C’est l’un d’entre eux et il y en a beaucoup d’autres. Il faut voir la relation entre l’Espagne et le Maroc dans toute sa globalité.
Avez-vous discuté de la question du Sahara ces derniers jours avec le secrétaire d’État américain Antony Blinken ?
Eh bien, je ne vais pas révéler le contenu de mes conversations avec mes homologues. Je peux vous dire qu’avec M. Blinken nous avons abordé toutes les questions d’intérêt commun, qui sont nombreuses. En ce qui concerne le Sahara occidental, ce qui est important, c’est la centralité des Nations Unies.
En avril dernier, l’Algérie a demandé à l’Espagne d’accueillir M. Brahim Gali, secrétaire général du Front Polisario, gravement atteint du covid. Si vous aviez été ministre des Affaires étrangères alors, auriez-vous accepté cette demande sans en informer le Maroc ?
Je n’aime pas faire de la politique-fiction.
Alger a rompu les relations diplomatiques avec Rabat et envisage désormais d’arrêter l’approvisionnement en gaz du Maroc à compter du 31 octobre, date d’expiration du contrat d’approvisionnement via le gazoduc transfrontalier Maghreb-Europe. Puisque ce gazoduc transporte également la moitié du gaz que l’Algérie vend à l’Espagne, les Algériens utiliseraient la pleine capacité d’un deuxième gazoduc, le Medgaz, qui relie directement l’Algérie et l’Espagne à travers la mer d’Alboran. Cette alternative est insuffisante, ce qui forcerait la mobilisation d’un bon nombre de méthaniers. Une opération logistique compliquée. L’Espagne peut-elle connaître une crise d’approvisionnement en gaz cet hiver ?
Cela fait plusieurs jours que je discute avec nos amis algériens et je pense que les Espagnols peuvent être sereins sur l’approvisionnement en gaz. Ce gouvernement défendra toujours les intérêts de l’Espagne. Nous discutons et analysons la situation avec l’Algérie. Ne nous précipitons pas. Il est encore trop tôt pour tirer des conclusions.