Étiquette : Sahara Occidental

  • L’UE appelée à ne plus favoriser le Maroc au détriment de ses voisins

    Il semble que les répercussions du retentissant scandale d’espionnage « Pegasus » dans lequel est tombé le régime du Makhzen seront une catastrophe pour lui, non seulement du côté algérien, mais aussi des pays de l’Union européenne, qui ont toujours placé le Maroc dans une meilleure position que ses voisins maghrébins, dans le cadre de la politique de voisinage adoptée par Bruxelles.

    Une étude d’un institut allemand spécialisé dans les affaires de sécurité internationale a révélé que les privilèges économiques et l’aide dont le Maroc bénéficie souvent dans ses relations avec les pays de l’Union européenne, au détriment de ses voisins comme l’Algérie et la Tunisie, ne contribuent pas à en faire un voisin, mais plutôt un État voyou qui cherche à dominer.

    Cette conclusion est le résultat d’une étude préparée par l’Institut allemand des affaires internationales et de sécurité (une institution qui conseille le parlement allemand), et est intervenue dans un contexte de tension sans précédent entre le Maroc et certains pays européens comme l’Allemagne et l’Espagne, et la plupart récemment la France en raison du scandale d’espionnage « Pegasus ».

    L’étude recommande de revoir la stratégie de l’Union européenne dans la région du Maghreb et d’œuvrer pour arrêter les tentatives d’hégémonie menées par le régime makhzen, par ses pratiques contraires au droit international au Maghreb arabe, qui ont mis la région à la merci d’un conflit régional qui a plus de quatre décennies.

    L’étude allemande accuse l’Union européenne de favoriser le Maroc au détriment de ses autres voisins du Maghreb, notamment l’Algérie et la Tunisie, et souligne la nécessité de faire face aux politiques expansionnistes du Maroc, qui ont provoqué des tensions, notamment avec l’Algérie, et elle estime aussi que la poursuite de la politique européenne en faveur du Maroc frustre les relations de l’Union avec les autres voisins du Maroc.

    Le Maroc connaît des crises avec les pays de l’Union européenne difficiles à surmonter jusqu’à présent. Les contacts diplomatiques entre Rabat et Berlin sont coupés depuis le printemps dernier, en raison du rejet par l’Allemagne des efforts du Maroc pour adapter la position de Berlin sur la question saharienne au service de la proposition Marocains, Berlin a été le premier pays à avoir vivement critiqué le tweet de l’ex président américain Donald Trump, qui a reconnu la prétendue souveraineté du régime makhzen sur les territoires sahraouis occupées.

    Les relations entre le Maroc et l’Espagne sont également au pire pour la même raison qui a étouffé ses relations avec Berlin, Madrid refusant d’accepter la proposition marocaine concernant la question sahraouie et le chantage marocain contre l’Espagne a également ouvert la voie à des milliers d’immigrants illégaux pour franchir les frontières espagnoles, dans une position condamnée par les pays de l’Union européenne en solidarité avec l’Espagne.

    La reprise de la crise avec l’Algérie est intervenue dans le contexte de l’emploi du régime makhzen en Kabylie, pour augmenter le niveau de tension chronique entre les deux pays, qui a atteint son paroxysme ces derniers jours en raison du problème d’espionnage « Pegasus », qui est considéré comme le plus dangereux depuis des décennies, et le même problème qui a laissé les relations du Makhzen dans un état de froid avec son allié traditionnel la France.

    Les résultats de cette étude et les évolutions qui caractérisent aujourd’hui les relations du makhzen avec les grands pays de l’Union européenne vont pousser Bruxelles à revoir sa politique traditionnelle fondée sur le fait de favoriser le régime du makhzen au Maghreb, et de lui faire davantage pression pour qu’il corrige ses politiques et pratiques voyous dans le bassin méditerranéen et en Afrique du Nord.

    Ahmed Achour

    Dzair-tube, 27/07/2021

    Etiquettes : Maroc, Sahara Occidental, Europe, Union Européenne, UE, Algérie, Tunisie, Maghreb,

  • Les atouts de la politique étrangère du Maroc -analyse-

    Normalisation, Israël, Algérie, Sahara Occidental, Afrique,

    Israël, Afrique et Libye : les atouts de la politique étrangère du Maroc

    La politique étrangère marocaine a suscité une attention particulière ces derniers mois dans un contexte de tensions avec l’ Union européenne , des pourparlers sur un nouveau rapprochement avec Israël , et des positions plus fermes vis-à-vis de son implication dans le processus de paix libyen et de sa revendication sur le territoire contesté du Sahara occidental . Certains soutiennent que la reconnaissance américaine de la souveraineté du Maroc sur ce dernier a enhardi ses décideurs, tandis que d’autres décrivent les récentes réorientations de Rabat comme «agressif . » Que se passe-t-il en effet avec la politique étrangère du royaume ?

    Alors que les relations du Maroc avec ses partenaires traditionnels en Europe et avec les monarchies du Golfe se sont parfois tendues au cours de la dernière décennie, ses décideurs ont cherché à renforcer la position du royaume au niveau régional et international à travers trois stratégies visant à promouvoir ses intérêts diplomatiques, politiques, sécuritaires et économiques : diversifier les partenariats internationaux pour éviter de trop compter sur les partenaires traditionnels et d’accéder à leurs exigences ; attirer des investissements d’Asie et d’Europe en faisant du royaume une plaque tournante financière et commerciale africaine ; et positionner le pays en tant que partenaire de sécurité régionale, fournisseur de stabilité et médiateur en jouant un rôle impliqué dans le processus de paix en Libye et en normalisant partiellement les liens avec Israël. Quelles sont les implications de cette approche ?

    LIENS AGITÉS

    Les années 2000 ont marqué le renforcement des relations entre le royaume et ses homologues du Golfe, qui ont longtemps été des partenaires traditionnels de Rabat, et qui lui apportent un soutien financier et un appui dans les enceintes régionales en échange d’une coopération sécuritaire. Cependant, entre 2017 et 2021, les liens étroits du Maroc avec le Qatar et sa position neutre lors du blocus saoudien et émirati contre ce dernier ont déclenché des tensions avec Riyad et Abou Dhabi. Bien que le Maroc ait officiellement refusé de prendre parti, il a sans doute favorisé le Qatar, en envoyant des fournitures au milieu des craintes de pénurie alimentaire et en maintenant la sécurité et les relations commerciales malgré les pressions des pays de blocus, qui ont adopté une rhétorique hostile à l’égard du Maroc, annulé les voyages prévus et rappelé les ambassadeurs.

    Le royaume s’est également heurté à l’Europe, son plus grand partenaire commercial ,investisseur , etdonateur — à maintes reprises au cours de la dernière décennie, y compris avec l’Espagne etl’Allemagne sur le Sahara occidental cette année. Malgré des liens économiques profonds et une relation particulièrement étroite avec la France, les décideurs marocains ont cherché à réduire l’influence de l’UE sur le royaume en tirant parti de lale rôle du pays dans le contrôle de la migration irrégulière vers l’Europe et l’aide aux États européens commeFrance etL’Espagne déjoue les attaques terroristes sur son sol.

    NORMALISATION AVEC ISRAËL : DEUX OISEAUX, UNE PIERRE

    Au-delà de sa signification symbolique, l’accord historique de l’État marocain avec Israël et les États-Unis a des implications sécuritaires, financières et diplomatiques importantes. En échange d’une normalisation partielle – pas totale -, les États-Unis ont reconnu la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, promis 3 milliards de dollars d’investissements dans son secteur privé et a convenu d’unVente d’armes d’un milliard de dollars (en attente de l’approbation du Congrès). Une normalisation partielle pourrait également assurer à Israël des avantages majeurs en termes de commerce, d’investissement et de coopération dans des secteurs clés tels que le tourisme et la technologie.

    Malgré quelques mécontentement domestique etcritique régionale , il y aura probablement davantage de rapprochement entre le Maroc et Israël. En effet, le ministre marocain des Affaires étrangèresa exprimé l’intention du royaume de pousser la relation aussi loin que possible; et le ministre des Affaires étrangères d’Israël récemmenta annoncé qu’il se rendrait à Rabat à la mi-août. Les deux États ont signé unaccord sur la cyberdéfense en juillet 2021, et sont susceptibles d’accroître la sécurité et la coopération économique à terme. Tant que l’administration Biden ne revient pas sur la reconnaissance de son prédécesseur, Rabat n’a jusqu’à présent aucune raison de se retirer de l’accord. Cependant, il reste peu probable que le Maroc aille jusqu’à ouvrir une ambassade en Israël en raison de l’opinion nationale et régionale.

    INVESTIR EN AFRIQUE

    Depuis 2016, le Maroc a intensifié sa présence économique et diplomatique en Afrique subsaharienne. Les entreprises marocaines ont renforcé leur coopération avec leurs homologues subsahariennes dans divers secteurs, notamment dans les télécommunications, les assurances, la banque et la fabrication. En effet, sur une période de dix ans ( 2008-2018 ), les échanges maroco-africains ont augmenté de 68% ; et en 2018, 85 % des investissements directs étrangers du royaume sont allés aux États subsahariens. En 2017, le royaume a rejoint l’Union africaine plus de trois décennies après avoir retiré son adhésion pour protester contre l’admission du Sahara occidental en tant qu’État membre indépendant.

    L’implication du Maroc dans la région non seulement stimulera son économie et diversifiera sa base d’alliances, mais en fera également la porte d’entrée de l’Occident et de la Chine vers l’Afrique, ouvrant ainsi la porte à des accords commerciaux et à une coopération triangulaires. En fait, la coopération économique avec l’Afrique subsaharienne est étroitement liée à la volonté de Rabat de se rapprocher de la Chine au cours des cinq dernières années. La même année, le Maroc a rejoint l’Union africaine, la Banque de Chinea ouvert sa première succursale au Maroc, tandis que la Bank of Africa du Maroc a ouvert une succursale à Shanghai. Les décideurs marocains visent à faire de Casablanca une place financière majeure sur le continent, et les institutions financières chinoises cherchent à gérer leur activité sur les marchés africains à partir de là.

    En raison de la proximité du Maroc avec l’Europe, la Chine cherche également à établir des usines dans le royaume pour fabriquer des produits pouvant être exportés vers l’Europe. En outre, des entreprises de construction chinoises ont participé àTanger Med — un complexe portuaire industriel de 10 milliards de dollars en construction dans le nord du Maroc et le plus grand port d’Afrique. Les relations du Maroc avec la Chine ont été fructueuses en grande partie parce que la Chine n’a pas cherché à intervenir dans les affaires intérieures du royaume, contrairement à l’Europe.

    LE JEU DE LA MÉDIATION EN LIBYE

    Dans un autre mouvement visant à renforcer la position internationale du pays, les décideurs marocains se sont concentrés sur le positionnement du royaume en tant que fournisseur de stabilité régionale et médiateur, notamment en Libye. LeL’accord de Skhirat, qui a abouti à la reconnaissance internationale du Gouvernement d’entente nationale (GNA) comme seule autorité légitime de la Libye, a été signé au Maroc en 2015. Apparemment en référence à des processus internationaux comme la Conférence de Berlin , les décideurs marocains ont constamment promu l’interlibyen. dialogue, caractérisant leur position sur la Libye comme une position de neutralité active qui cherche à faciliter la communication entre toutes les parties libyennes.

    Plus récemment, le président du Haut Conseil d’État libyen, Khaled al-Mishri, et le président de la Chambre des représentants (HoR), Aguila Saleh, s’est réuni au Maroc le mois dernier pour discuter de la question des postes institutionnels clés en Libye. Rabat a accueilli un total de quatre réunions entre factions rivales pour discuter des prochaines étapes du processus politique libyen l’ année dernière , réunissant des représentants de la HoR et du Conseil suprême de l’État ainsi que des parlementaires des branches de Tripoli et Tobrouk de la HoR divisée. Au cours de l’été, les rencontres se sont multipliées entre les autorités libyennes et marocaines, nombre d’entre elles révélant qu’elles travaillaient sur une coopération sécuritaire renforcée, un potentiel partenariat militaire, des forums économiques bilatéraux et une coopération dans le domaine des énergies renouvelables.

    POINTS À RETENIR ET PERSPECTIVES : UNE POLITIQUE AUDACIEUSE ?

    Il se peut que le récent soutien américain au Maroc ait encouragé ses décideurs à durcir leurs positions sur les questions régionales et à affronter des partenaires clés. Cependant, l’approche du royaume n’est pas imprévue. Comme il l’a fait au cours de la dernière décennie, l’État mène une politique étrangère stratégique et indépendante, visant à renforcer sa position aux niveaux international et régional grâce à de nouveaux partenariats, ainsi qu’à travers une coopération sécuritaire et diplomatique approfondie avec les partenaires traditionnels. Il est important de noter que la base de soutien élargie et les outils de sécurité du Maroc ont modifié ses relations avec ses partenaires clés et ont orienté ses décideurs vers un rôle plus important aux niveaux régional et international.

    À l’avenir, l’État continuera probablement à maintenir sa neutralité dans divers dossiers de politique étrangère, y compris dans les crises régionales. Les décideurs ayant été encouragés par les récents succès diplomatiques, il semble qu’ils seront moins enclins à céder aux pressions internationales et plus enclins à tenir bon, notamment vis-à-vis de l’Europe. Bien que l’on puisse s’attendre à ce que l’État s’efforce de maintenir des relations solides avec l’UE, cela renforcera les lignes rouges qui ne peuvent pas être franchies.

    Les décideurs marocains continueront probablement à jouer un rôle impliqué dans le processus de paix libyen pour défendre leurs propres intérêts économiques et diplomatiques. La fréquence accrue des réunions négociées par le Maroc pour et avec les responsables libyens permettra au royaume de cultiver des liens économiques avec la Libye, notamment en termes d’énergie et de commerce. Plus précisément, ce rôle permettra à Rabat de contrôler plus facilement l’influence de l’Algérie rivale en Afrique du Nord.

    Au sein de la région élargie du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, l’État s’efforcera de se présenter comme un facilitateur neutre pour renforcer le soutien international et régional et ouvrir la porte à une future coopération diplomatique et économique. De même, Rabat approfondira ses liens mutuellement bénéfiques avec l’Afrique subsaharienne, devenant ainsi un partenaire plus attractif pour la Chine et l’Europe. Sur le plan de la sécurité, il intensifiera ses implications dans le Sahel où il exportera la sécurité et tentera de contenir les activités terroristes. Du côté de la normalisation, il est peu probable que l’État se retire de l’accord avec Israël et se présentera comme un facilitateur potentiel des conversations entre Israël et les Palestiniens.

    Yasmina Abouzzohour

    Chercheur invité – Brookings Doha Center

    The Brookings Institution, 27/07/2021

    Etiquettes : Maroc, Sahara Occidental, espagne, Allemagne, Union Européenne, UE, Algérie, Israël, normalisation, Afrique, Sahel,

  • Sahara Occidental: Washington soutient le processus de l’ONU

    «Nous voulons voir le nom de l’envoyé personnel du secrétaire général des Nations Unies dès que possible». L’émissaire de l’Onu bénéficiera de l’aide pour qu’il puisse «se mettre au travail le plus rapidement possible avec notre soutien ainsi que celui de nos partenaires et alliés, dont l’Algérie».

    Reçu à Alger par le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, le secrétaire d’Etat adjoint américain aux affaires du Proche-Orient, Joey Hood, s’est clairement exprimé sur le sujet du Sahara Occidental. En accordant un entretien à l’agence officiel Aps, le diplomate US envoie un message clair à l’ensemble des intervenants dans ce dossier de décolonisation. Joey Hood a expressément souligné la position de son pays qui s’appuie exclusivement sur l’Onu pour le règlement du conflit. Ce rappel qui est devenu nécessaire après les élucubrations du Makhzen marocain, a été annoncé en ces termes : «Notre position claire est : Nous voulons voir un processus dirigé par l’ONU qui aboutit à un accord acceptable par toutes les parties et qui mène à la paix et à la stabilité, c’est ce qu’il y a de mieux pour la région et c’est (l’approche) à laquelle nous allons consacrer notre temps, notre énergie et nos efforts».
    Le secrétaire d’Etat adjoint américain aux affaires du Proche-Orient ne s’est pas prononcé sur la nature de l’accord bilatéral maroco-sahraoui. Une posture qui le met à équidistance des deux parties, mais dont on retient surtout le rôle central que devra jouer l’Onu dans ce dossier. A ce propos, Joey Hood est catégorique. «Nous voulons voir le nom de l’envoyé personnel du secrétaire général des Nations Unies dès que possible», a-t-il tranché, sans nuance ni faux fuyant. L’apport des USA, à en croire son diplomate s’axera sur l’aide dont devra bénéficier l’émissaire de l’ONU pour qu’il puisse «se mettre au travail le plus rapidement possible avec notre soutien ainsi que celui de nos partenaires et alliés, dont l’Algérie». Le propos est très «américain» dans sa netteté. Il n’est pas enrobé de langue de bois et place l’Algérie en tant partenaire objectif des USA, mettant de fait, le Maroc dans une position inconfortable. En effet, Rabat qui accuse l’Algérie de soutenir le Front Polisario, tient dans la déclaration de l’officiel américain une réponse sanglante et un démenti ferme. Le problème dans le dossier sahraoui n’est pas l’Algérie. Cela a le mérite de la clarté.
    Il y a lieu de rappeler qu’en juin dernier, le département d’Etat américain avait évoqué un changement d’approche de la part de l’administration Biden concernant la question sahraouie. «Je n’ai rien à annoncer pour le moment, mais je pense que si vous regardez le Sahara occidental dans le cadre de l’approche plus large de la région adoptée par l’administration précédente dans le contexte des accords d’Abraham, c’est là que l’on constate une certaine différence d’approche», avait alors déclaré le porte-parole du département d’Etat. Ned Price faisait référence à la reconnaissance par l’ancien président Trump de la prétendue souveraineté du Maroc sur ce territoire occupé.
    Quelques semaines avant cette sortie, le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, avait également, en mars dernier, exhorté le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, à accélérer la nomination d’un envoyé personnel au Sahara occidental. Il avait par la même occasion mis en évidence le soutien des Etats-Unis au processus des négociations politiques entre les deux parties (Maroc et Front Polisario), parrainé par l’ONU.
    Notons enfin que le Sahara occidental avait été inscrit en 1966 sur la liste des territoires non autonomes, et donc éligible à l’application de la résolution 1514 de l’Assemblée générale de l’ONU portant déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et peuples coloniaux. Après la fin de la colonisation espagnole, le Sahara occidental a été occupé depuis 1975 par le Maroc, ouvertement soutenu par la France. C’est la dernière colonie en Afrique.
    L’administration Biden souhaite travailler avec l’Algérie
    Concernant les relations bilatérales entre les deux pays, le diplomate américain a été très clair sur les intentions de la nouvelle administration de travailler en étroite collaboration avec l’Algérie, concernant plusieurs sujets et questions régionales.
    «Le Président Biden est très sérieux au sujet de travailler avec l’Algérie sur nos objectifs communs en ce qui concerne la Libye, par exemple, où les deux pays cherchent le départ des forces étrangères et le retour de la souveraineté au peuple libyen afin que (les libyens) puissent déterminer leur propre avenir», a aussi déclaré Joey Hood.
    C’est aussi eu égard au « rôle de l’Algérie au Sahel et dans d’autres régions» que Washington souhaite approfondir sa coopération avec Alger en plus de «travailler ensemble pour préserver le riche patrimoine culturel» algérien, a-t-il ajouté.
    Le secrétaire d’Etat adjoint américain a, par ailleurs, qualifié ses discussions avec les responsables algériens, « à l’occasion de sa première visite en Algérie, de «très productives».
    « Je suis très heureux d’être ici. J’ai été chaleureusement accueilli par le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ramtane Lamamra ainsi que par le ministre du Commerce, Kamel Rezig, le Premier ministre, Aymen Benabderrahmane et la ministre de la Culture et des arts, Wafaa Chaalal avec lesquels nous avons eu des discussions très productives sur les relations bilatérales ainsi que sur notre coopération concernant les questions régionales», a-t-il relevé.
    Evoquant, par ailleurs, la Covid-19, le diplomate américain a précisé que la lutte contre cette pandémie constituait « la priorité numéro un de l’administration Biden. « «Nous le faisons en tant que plus grands donateurs de vaccins à COVAX, qui fournit des doses de vaccins à des centaines de millions de personnes dans le monde, y compris, espérons-le, en Algérie», a-t-ajouté.
    Nadera Belkacemi
    Ouest Tribune, 28/07/2021
    Etiquettes : Sahara Occidental, Maroc, Etats-Unis, Algérie, ONU, processus de paix, 
  • L'affaire Pegasus révèle l'obsession saharienne du Maroc

    Pour la première fois, la presse française a utilisé l’expression « obsession du Maroc pour le Sahara Occidental ». Deux événements ont permis cette découverte : le chantage à l’émigration via la crise de Ceuta et le scandale d’espionnage avec le logiciel israélien Pegasus. 

    Les deux événements ont pour fond le contentieux du Sahara Occidental qui dure depuis le retrait de l’Espagne de ce territoire riche en ressources naturelles. Le premier visait à contraindre les autorités espagnoles à abandonner la voie de la légalité internationale préconisée par le processus de paix onusien et le deuxième à suivre de près la politique de la France et l’Algérie sur ce dossier.

    L’obsession saharienne du régime a amené le régime à espionner les journalistes marocains en vue de barrer la route devant toute liberté d’expression susceptible de questionner sa politique et sa diplomatie vis-à-vis de ce conflit. 

    Conscient qu’il était espionné, le journaliste marocain Omar Radi a suivi le pas de l’association Mamfakinch en soumettant son téléphone portable à des spécialistes en vue de dénoncer les pratiques de la monarchie si chère aux élites françaises. C’est ainsi qu’Amney International a révélé dans un communiqué publié le 22 juin 2020, la présence du logiciel espions israélien Pegasus dans le portable d’Omar Radi. La vengeance du Makhzen ne se fera pas attendre. Moins d’une semaine après l’éclosion du scandale d’espionnage, le pouvoir a condamné ce journaliste à 6 ans de prison ferme.

    La justice algérienne a ouvert une enquête sur les informations d’un consortium d’ONG et de médias faisant état d’un espionnage opéré par le Maroc à l’aide d’un logiciel israélien. Dans un contexte tendu entre les deux pays, l’affaire évoque «une guerre qui ne dit pas son nom», selon une opposante algérienne dont le numéro a été espionné.

    En prônant l’agressivité dans sa politique européenne, le Maroc tente de se barricader devant deux faits décisifs dans le contentieux sahraoui. Le premier étant le verdit de la Cour Européenne de Justice sur le recours du Front Polisario contre l’inclusion du territoire sahraoui dans les accords conclus entre l’Union Européenne et Rabat. Le deuxième, la réunion du Conseil de sécurité au mois d’octobre qui mettra la lumière sur la position de l’administration Biden par rapport à la décision de Donald Trump de reconnaître la dénommée souveraineté du Maroc sur le Sahara Occidental. 

    La France, étant sous l’emprise du lobby connu, ne donnera pas de suite au scandale d’espionnage provoqué par Rabat. Cependant, l’Algérie y a trouvé l’occasion de prouver au monde la perversion du régime marocain et une raison « de mettre en œuvre sa stratégie de riposte », selon les termes du communiqué du ministère algérien des affaires étrangères

    Etiquettes : Maroc, Sahara Occidental, Front Polisario, Algérie, Union Européenne, UE, France, espionnage, Pegasus, 

  • Maroc : Une drôle de façon de remercier la France

    Le Maroc jouit d’un statut de partenaire privilégié. Pour en faire une exception, on l’a appelé « statu avancé ». Au détriment du principe des droits de l’homme imposé aux autres partenaires de l ‘Union Européenne. Les élites politiques, médiatiques et culturelles françaises ferment les yeux sur les dépassements et les exactions du régime monarchique alaouite dans le cadre du régime de faveur que les dirigeants français, de gauche comme de droite, font tout pour maintenir et conserver. Des élites largement dénudées par Ali Amar et Jean-Pierre Tuquoi dans leur livre “Paris-Marrakech : sexe, fric et réseaux”.

    Dans cet ouvrage, les deux journalistes dévoilent les méthodes en vue de créer des liens en faire des amis. En plus des cadeaux, le Makhzen joue sur la corde e l’attachement au pays natal des français d’origine juive dont il fera son arme létale pour s’en prendre aux sahraouis et à l’Algérie. « Recruter de nouvelles têtes est une obsession quotidienne pour les responsables marocains en poste en France », soulignent-ils.

    Ainsi, des intellectuels, des hommes d’affaires, des industriels, des lobbyistes professionnels, quelques personnalités indéfinissables, et bien évidemment une belle brochette représentative du spectre politique français seront invités « tous frais payés » à diverses manifestations organisées par les autorités marocaines. Il y a de tout, hommes et femmes, gauche et droite, riches et pas riches. Tous au service d’un seul idéal : protéger le régime et vanter ses « mérites ». Autrement, ils seront sévèrement punis par le roi qua accumulé, pendant toutes ces années, des preuves accablantes obtenues grâce aux pratiques d’espionnage que les deux associations Forbidden Stories et Amnesty International ont, dernièrement, mises à la lumière.

    La France, toutes couches confondues, s’est retrouvée ainsi, compromise et kidnappée par le Makhzen. Personne n’ose froisser le Maroc et gouvernants, entrepreneurs, journalistes et personnalités de toute genre sont obligés de protéger le régime et vanter ses prétendus “mérites”.

    En dépit de toutes ces vérités, ironie du sort, le Maroc remercie la France d’une façon très originelle : En espionnant ces élites, y compris le président Macron. Il cherche, ainsi, à renforcer, sa mainmise sur les français malgré leur plus que prouvée allégeance à la monarchie marocaine.

    Etiquettes : Maroc, France, tourisme sexuel, Marrakech, La Mamounia, lobbying, chantage, Sahara Occidental, Algérie, Pegasus, espionnage, statut avancé,

  • Israël : Premiers vols directs vers le Maroc

    JERUSALEM (AP) – Deux compagnies aériennes israéliennes ont lancé leurs premiers vols commerciaux entre Israël et le Maroc dimanche, moins d’un an après la normalisation officielle des relations entre les deux pays.

    Le vol d’Israir a quitté Tel Aviv pour Marrakech avec une centaine de touristes israéliens, a indiqué la compagnie, quelques heures avant que le transporteur national israélien El Al n’expédie son premier vol direct vers la même destination.

    Le ministre israélien du tourisme, Yoel Razvozov, a déclaré que les nouveaux vols directs « contribueraient à faire progresser la coopération fructueuse entre les deux pays en matière de tourisme, de commerce et d’économie, ainsi que les accords diplomatiques. »

    Israël et le Maroc ont convenu de normaliser leurs relations à la fin de 2020 dans le cadre des « accords d’Abraham » négociés par les États-Unis. Le Maroc faisait partie des quatre nations arabes, dont les Émirats arabes unis, Bahreïn et le Soudan, à établir des relations diplomatiques avec Israël.

    Dans le cadre de cet accord, les États-Unis ont accepté de reconnaître la revendication du Maroc sur la région du Sahara occidental, longtemps contestée, mais l’administration Biden a déclaré qu’elle allait revoir cette décision. L’annexion du Sahara occidental par le Maroc en 1975 n’est pas reconnue par les Nations unies.

    De nombreux juifs israéliens ont une lignée qui remonte au Maroc, qui abrite toujours une petite communauté juive de quelques milliers de personnes.

    El Al a déclaré dans un communiqué avant le départ de son premier vol que la compagnie prévoit d’opérer cinq vols par semaine entre Israël et le Maroc.

    « Nous espérons qu’à présent, beaucoup pourront mieux connaître le Maroc, faire l’expérience et être enthousiasmés par ce pays spécial qui est profondément enraciné dans le patrimoine, la culture et l’expérience israéliens », a déclaré le PDG d’El Al, Avigal Sorek.

    Associated Press, 25/07/2021

    Etiquettes : Israël, vols, Maroc, Sahara Occidental,

  • Les lectures marocaines des rapports du SG et des résolutions du Conseil de Sécurité sur le Sahara Occidental (2013 – 2014)

    Tags : Maroc, Sahara Occidental, ONU, rapports, Conseil de Sécurité,

    Dossier sur les différentes lectures du Maroc des rapports du Secrétaire Général de l’ONU sur le Sahara Occidental et des résolutions du Conseil de Sécurité :

    – Lecture du rapport de 2013 faite par Nasser Bourita

    – Projet de résolution initial des Etats-Unis, 10 avril 2014, Mohamed Loulichki

    – Projet de résolution, Omar Hilale, 14 avril 2014

    – Projet de résolution des Etats-Unis, Omar Hilale, 16 avril 2014

    – Examen du projet de résolution par le Groupe des Amis du Sahara Occidental, fait par Omar Hilale le 21 avril 2014

    – Examen du projet de résolution par le Conseil de Sécurité, fait par Omar Hilale le 24 avril 2014.

    – Analyse préliminaire du rapport du Secrétaire Général de l’ONU de 2014 faite par la Division des Nations Unies du MAE marocain

    – Griefs et commentaires sur le rapport du SG de l’ONU par Omar Hilale, juillet 2014

    – Lecture dans le rapport du SG sur le budget de financement de la MINURSO (juillet 2014/2015) fait par Azzeddine Farhane, directions des Nations Unies et des organisations internationales

  • La Minurso a échoué après 30 ans de présence au Sahara occidental (Libération)

    POUR LE JOURNAL « LIBÉRATION » : La Minurso a échoué après 30 ans de présence au Sahara occidental

    La mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso), présente depuis 30 ans dans les territoires sahraouis occupés, a échoué à atteindre ses deux objectifs principaux, à savoir veiller au respect du cessez-le-feu entre les forces marocaines et l’armée sahraouie et organiser un référendum d’autodétermination préconisé par l’ONU, a estimé vendredi le journal français Libération. 
    Le quotidien français a consacré deux pages dans sa rubrique internationale au conflit du Sahara occidental à travers un reportage qui décrit la routine et les activités des casques bleus depuis leur installation en 1991, date de la signature du cessez-le-feu entre le Maroc et le Front Polisario. Néanmoins, selon le média français, l’activité de la Minurso est « en vérité, absurde et l’était déjà en partie », puisque « son premier pilier, l’organisation d’un référendum – préconisé par l’ONU au nom du droit des peuples à l’autodétermination- est totalement paralysé ». 
    Il explique que le Maroc a « patiemment » saboté le processus de recensement et d’établissement d’une liste d’électeurs sahraouis. Le processus est au point mort depuis 2004, date à laquelle la commission ad-hoc a terminé ses travaux dans le plus grand silence. Le second pilier, poursuit le journal, est « la surveillance des abords du mur, qui n’a plus de sens ». « D’abord car il n’y a plus de cessez-le-feu à observer. Celui-ci a officiellement pris fin le 13 novembre dernier, lorsque l’armée marocaine, en violation de l’accord de 1991 a franchi le mur de sable à Al-Guerguerat », explique le média. 
    Le reportage qui retrace le quotidien des casques bleus dans la base d’Awsard, précise que la Minurso n’est pas une force d’interposition. « Elle ne fait que constater, impuissante, la reprise des combats ». Par ailleurs, le média, citant un diplomate occidental, est revenu sur la situation de crise diplomatique opposant Rabat à Berlin et Madrid, survenue après la proclamation par l’ex-président américain Donald Trump d’une prétendue souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. « Le Maroc s’est senti pousser des ailes, ils (les Marocains) étaient tellement heureux qu’ils ont commis des erreurs grossières dans la foulée (…), Ils pensaient naïvement que l’Europe allait suivre Trump. On en est très loin », intervient le diplomate. Par ailleurs, Washington pourrait faire pression pour que le Maroc accepte enfin la nomination d’un envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU au Sahara occidental, estime le même média. 
    Depuis la démission de l’ex-président allemand Horst Kohler, de ce poste, en décembre 2019, Rabat a refusé sous divers prétextes onze des treize candidats proposés. Or, poursuit Libération, sans un médiateur volontariste, le dialogue politique n’a aucune chance de reprendre et le conflit restera gelé, alors que le Front Polisario veut l’accélérer. Le mandat de la Minurso, renouvelé tous les ans depuis 1991, arrivera à échéance le 31 octobre.
    M. B.
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  • Le Maroc, un pays à la dérive

    Depuis décembre dernier, le mois au cours duquel il a rétabli ses relations diplomatiques avec Israël, dans la foulée des trois normalisations arabes avec ce dernier, le Maroc a beaucoup fait parler de lui, mais à aucun moment de façon à le grandir aux yeux du monde. Le premier dérapage de la série, c’est en mars dernier qu’il l’a commis, lorsque son gouvernement a pris l’étrange décision de couper tout commerce avec une ambassade implantée sur son sol, celle de l’Allemagne, coupable à ses yeux d’avoir rappelé son attachement au droit international relativement à la question du Sahara occidental.

    Faute de pouvoir rompre ses relations diplomatiques avec un pays qui compte sur la scène internationale, il met en quarantaine son ambassade, un morceau de lui sur lequel il peut en effet exercer des représailles. Il n’allait pas se contenter de cette première réaction contre ce qu’il a appelé l’«activisme antagonique» de l’Allemagne, à la suite de la reconnaissance de la «marocanité» du Sahara occidental par le président sortant américain Donald Trump, puisqu’il s’est résolu à rappeler son ambassadrice à Berlin pour consultations.

    De son point de vue, ce qui aurait été convenable de la part de l’Allemagne, c’était de s’aligner sur l’initiative américaine, ou à tout le moins de ne pas partir en campagne contre elle, en aucune façon de rappeler que sa propre position sur le sujet restait quant à elle conforme au droit international.

    Après l’Allemagne vient le tour de l’Espagne d’être prise à partie, pour avoir accepté que le président sahraoui, Brahim Ghali, vienne se faire soigner chez elle des suites de sa contamination par le Covid-19. A la différence de l’Allemagne qui n’a que son ambassade au Maroc, peu de chose donc pour exercer sur elle un chantage fructueux, l’Espagne y a Ceuta, en plus de Melilla, toutes deux à portée de représailles bien plus douloureuses. Le Maroc a vite fait de submerger la première de milliers de migrants, à la fois pour la désemparer, se rire de ses tentatives pataudes de repousser les vagues humaines déferlant sur elle, et pour l’Espagne forcer soit à chasser le patient sahraoui, soit à le lui livrer. Il n’a obtenu ni l’un ni l’autre, mais une méfiance accrue de l’Espagne, outre une condamnation de son chantage à l’émigration par l’Union européenne. C’est au mois de mai que tout cela s’est produit.

    Le meilleur est pour la suite, pour aujourd’hui justement, avec l’éclatement d’une affaire d’espionnage de portée mondiale, dans laquelle il tient la vedette aux côtés d’Israël. Lui-même, contrairement aux autres Etats mis en cause, ne s’est pas contenté de se servir du logiciel espion israélien Pegasus à des fins de politique interne, mais pour surveiller à leur insu des personnalités françaises, à côté de journalistes connus, dont Edwy Plenel.

    Parmi les chefs d’Etat et chefs de gouvernement figurant dans la longue liste des personnes ciblées, il y a le président français, dont l’un des portables a pu être infecté par Pegasus, auquel cas c’est le Maroc qui serait responsable. Une expertise est en cours pour tirer cela au clair. Si elle confirme l’implication du Maroc, les relations avec la France, son meilleur soutien dans le conflit du Sahara occidental, risquent de beaucoup changer. Or ce n’est pas là les seules récentes dérives marocaines.

    Il y a aussi celle qui nous concerne nous Algériens directement, qui a vu l’ambassadeur marocain revendiquer auprès des membres de l’Organisation des pays non-alignés l’indépendance de la Kabylie, c’est-à-dire son soutien entier aux thèses séparatistes du Mak. Il est impossible de faire plus pour achever de détériorer les relations avec l’Algérie.

    Des dizaines de milliers de téléphones mis sur écoute : Le Maroc impliqué dans un grave scandale d’espionnage

    Une quinzaine de médias internationaux ont révélé l’un des plus grands scandales d’espionnage de la décennie, dans lequel est impliqué le Maroc qui a mis sous surveillance des journalistes marocains, une trentaine de professionnels de médias étrangers, ainsi que des responsables politiques de différents pays. En effet, le Maroc s’est empêtré dans une nouvelle affaire d’espionnage à l’aide d’un logiciel israélien nommé «Pegasus», prouvant ainsi des informations récurrentes sur une collaboration avec Israël dans le domaine de l’espionnage remontant à soixante ans.

    Par Meriem Benchaouia

    Sur les 50 000 numéros pistés, le Maroc, à lui seul, a pu accéder au contenu de dix mille téléphones, dont plus de 6 000 appareils de communication appartenant à des Algériens, entre «responsables politiques, militaires, hauts fonctionnaires, diplomates étrangers en poste ou militants politiques», selon le quotidien «Le Monde», membre du Consortium de médias à l’origine de l’enquête. Et dans cette opération de surveillance, «le Maroc ne s’est pas limité au (seul) territoire algérien». Selon la même source, «les numéros présumés de citoyens algériens, diplomates pour la plupart, ont été visés un peu partout dans le monde». Depuis la révélation par Amnesty International, en 2020, de l’infection du téléphone du journaliste marocain d’investigation Omar Radi par le même logiciel espion, les journalistes marocains indépendants se doutaient bien qu’ils pouvaient être ciblés, eux aussi, par le programme de surveillance commercialisé par l’entreprise israélienne NSO Group, régulièrement accusé de faire le jeu de régimes autoritaires. Les listes de numéros de téléphone sélectionnés comme des cibles potentielles ont montré, selon l’enquête, que le régime marocain a utilisé Pegasus pour viser, de manière systématique, des journalistes critiques du pouvoir, et des dirigeants des grandes rédactions du pays. Le scandale qui vient d’éclater avait été évoqué par le Pr Ammar Belhimer, actuellement ministre de la Communication, dans une chronique intitulée «L’œil du Mossad», parue en date du 26 novembre 2019 sur les colonnes du quotidien «Le Soir d’Algérie». Le Pr Belhimer avait relevé, notamment, dans son écrit que «les armes de l’ère numérique développées par Israël pour opprimer les Palestiniens sont rapidement réutilisées pour des applications beaucoup plus larges contre les populations occidentales qui ont longtemps pris leurs libertés pour acquis». Les Occidentaux doivent déchanter, en effet, quand on sait qu’un «big brother» lilliputien a acquis le pouvoir de suivre le moindre de leurs gestes ou de leurs paroles.

    Un agissement «inacceptable» selon l’UE

    L’affaire Pegasus d’espionnage de militants, journalistes et opposants du monde entier est «complètement inacceptable» si elle est avérée, a affirmé la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. «Cela doit être vérifié», mais si c’est vrai «c’est complètement inacceptable», a déclaré la responsable à des journalistes à Prague. «La liberté de la presse est une valeur centrale de l’Union européenne», a affirmé Mme Von der Leyen. De son coté, le porte-parole du gouvernement français, Gabriel Attal, a considéré les faits «extrêmement choquants, et, s’ils sont avérés, (qui) sont extrêmement graves». «Nous sommes extrêmement attachés à la liberté de la presse, donc c’est très grave d’avoir des manipulations, des techniques qui visent à nuire à la liberté des journalistes, leur liberté d’enquêter, d’informer», a-t-il ajouté. Selon une enquête publiée dimanche par un consortium de dix-sept médias internationaux, le logiciel Pegasus, élaboré par l’entreprise sioniste NSO Group, aurait permis d’espionner les numéros d’au moins 180 journalistes, 600 hommes et femmes politiques, 85 militants des droits humains ou encore 65 chefs d’entreprise. Les données analysées par les rédactions du «Projet Pegasus», dont les quotidiens français «Le Monde», le britannique «The Guardian» et l’américain «The Washington Post», ne sont pas exhaustives. Elles semblent ne couvrir qu’une dizaine de pays clients de ladite société NSO, alors que l’entreprise affirme en compter une quarantaine.

    Macron parmi les cibles du Maroc

    Des numéros du Président Emmanuel Macron et de membres du gouvernement français, dont l’ancien Premier ministre Édouard Philippe, ont été visés en 2019 par le Maroc, selon l’organisation Forbidden Stories, un consortium de médias à l’origine des révélations sur le logiciel de surveillance Pegasus. Des numéros du Président Emmanuel Macron et de membres du gouvernement figurent sur une liste de cibles potentielles du logiciel Pegasus, utilisé par certains États pour espionner des personnalités, a déclaré, mardi 20 juillet, Laurent Richard, directeur de l’organisation Forbidden Stories, confirmant une information du «Monde». Le quotidien a révélé que ces numéros figuraient «dans la liste des numéros sélectionnés par un service de sécurité de l’État marocain, utilisateur du logiciel espion Pegasus, pour un potentiel piratage».
    M. B.

    Le Jour d’Algérie, 21/07/2021

    Etiquettes : Maroc, Pegasus, NSO Group, espionnage, France, Emmanuel Macron, Sahara Occidental, Algérie,

  • Qui dirige le Maroc ?

    Qui dirige le Maroc ?

    VALSE-HÉSITATION ET TÂTONNEMENTS EN SÉRIE : Qui dirige le Maroc ?

    par Maâmar Farah

    Depuis quelque temps, le Maroc déroute les observateurs par sa politique tâtonnante et parfois franchement aventureuse. Pour une monarchie qui a toujours fonctionné dans l’ordre et la discipline hérités d’une longue pratique makhzenienne, certaines prises de décision étonnent parce que ne correspondant plus à cette ligne de conduite. Que s’est-il passé ?

    Certains lieront cette inconstance de la décision politique à la faiblesse d’un roi qui n’a jamais fait preuve de fermeté. Après le règne dur de Hassan II, le Maroc a réellement cru en l’arrivée d’un pouvoir monarchique jeune encourageant la modernité et les réformes. Mohammed VI était le symbole de ce changement attendu. Mais il n’en fut rien.
    D’autres pencheront vers la thèse d’une mainmise préoccupante du sionisme qui agit dans la précipitation pour renforcer sa présence et réaliser ses plans, sans tenir compte des équilibres dans le royaume, ni des intérêts du peuple marocain.

    Enfin, la troisième explication que nous trouvons la plus plausible est le transfert du centre de décision vers les services de sécurité, jadis fermement contrôlés par le roi défunt et qui, depuis sa mort, semblent grignoter des parts de pouvoir. Le Maroc, qui accuse l’Algérie d’être une république sous la botte des généraux, joue à l’hôpital qui se moque de la charité ! Si les forces patriotiques de l’ANP et des autres services ont une longue tradition d’accompagnement du projet politique historique et si les circonstances font qu’elles interviennent en dernier recours pour empêcher les atteintes à la République, celles du Maroc ont toujours été maintenues sous l’autorité du roi. Le royaume ne s’est pas remis des deux tentatives d’assassinat du roi au début des années 70. Depuis, les forces royales ont été réduites au silence et strictement contrôlées par le Palais.

    Au cours des dernières années, le Maroc offrait au monde une fausse image de monarchie parlementaire tranquille où les députés avaient un semblant d’autonomie et de pouvoir. Mais, cette même monarchie, pour sa survie, a laissé faire les services de sécurité qui ont peu à peu réduit cette vie politique à sa plus simple expression, la peur gagnant tous les représentants des partis, les acteurs économiques et les hommes des médias et de la culture.

    Sahara : l’héritage empoisonné

    L’affaire du Sahara Occidental, qui obsède la monarchie et les services, est devenue l’axe central de la politique intérieure et extérieure et le critère qui sert à mesurer le patriotisme des uns et la trahison des autres. Je lis, çà et là, qu’un homme est en train de contrôler le Maroc à travers les ramifications du contre-espionnage, omniprésent du sommet du pouvoir jusqu’aux plus petits des hameaux. Cet homme est Abdellatif Hammouche et la presse l’accuse d’ailleurs d’être derrière l’affaire rocambolesque Pegasus. Et c’est sans doute l’obsession autour de l’affaire du Sahara Occidental qui semble être encore derrière tout ce projet funeste.

    Il faut dire que le roi actuel a hérité d’une véritable bombe à la mort de son père. Je le signalais d’ailleurs lors du décès de Hassan II dans un article où je disais que le défunt voulait régler le problème sahraoui avant sa disparition.

    Il voulait organiser le fameux référendum. Il était persuadé que le vote allait tourner en sa faveur puisqu’il avait envoyé des Reguibet du sud du Maroc dans les territoires sahraouis où ils se faisaient passer pour des tribus locales. Mais le Polisario découvrit la combine et présenta les véritables habitants du Sahara tels que reconnus par un conseil des sages et des chefs de tribus.

    On en était là lorsque le souverain quitta ce monde. Des amis marocains m’avaient soufflé que Hassan II préférait le prince Rachid qu’il trouvait apte à poursuivre son travail et contrôler la situation. Mais c’est Mohammed VI qui était le prince héritier.

    Un pays qui espionne son propre roi est un pays tombé sur la tête !

    Le renforcement du pouvoir des services de sécurité et la pression des sionistes qui ont carrément pris la direction des affaires militaires, y compris celles liées à la cyberguerre (un accord israélo-marocain sur la cybersécurité a été signé la semaine dernière), vont faire passer le Maroc par une phase de valse-hésitation qui s’est illustrée par des guerres diplomatiques inutiles : contre l’Allemagne d’abord, puis l’Espagne. Toujours à cause des positions des uns et des autres vis-à-vis de la question du Sahara Occidental.

    Le comble fut atteint lors du débarquement juvénile à Ceuta. Aucun pays n’aurait accepté l’humiliation de voir ses enfants jetés à la mer pour un bout de pain ! Cette opération sans queue ni tête mit dans l’embarras la diplomatie marocaine qui recula devant la fermeté de l’Union européenne. Il s’ensuivit une explication fantaisiste qui n’est pas dans la tradition marocaine, une explication qui étonne par sa légèreté : ces gosses n’ont pas été arrêtés par la police des frontières parce que les agents étaient… éreintés après un mois de jeûne !

    On n’était plus ni dans la diplomatie, ni dans la politique, ni dans les habitudes d’un Maroc qui mesure chaque mot. Visiblement, la machine s’est détraquée. Il y a plusieurs donneurs d’ordre et quand il fallut livrer une explication à cette foire, cela se fit dans la précipitation et le… ridicule !

    L’affaire Pegasus vient encore prouver que la même fièvre obsessionnelle autour du Sahara – que l’on a peur de perdre – continue d’être au centre de toute la politique sécuritaire et des relations avec les autres nations.

    Juste avant, la sortie de l’ambassadeur du Maroc aux Nations-Unies fut du même acabit : l’Algérie est le principal «empêcheur de tourner en rond» et il fallait lui boucler la bouche avec «l’indépendance» de la Kabylie ! Autre grossière erreur des multiples forces qui dirigent le Maroc. Il y avait une animosité arabophones-Kabyles alimentée par les réseaux sociaux et surtout par les mouches électroniques du Makhzen. Miracle : l’ambassadeur marocain a effacé cela par ses déclarations. Unité et amour entre arabophones et Kabyles sont aujourd’hui la nouvelle réalité sur YouTube, Facebook, etc.

    On ne compte plus les bêtises du Makhzen qui nous a habitués à mieux. Ou alors ce Hammouchi est un nullard ou alors les sionistes ont envoyé des conseillers bidon dans le pays voisin. Pensez qu’avec les Algériens, les Français et tous les autres, ils ont même espionné leur propre roi ! Non, le Makhzen est tombé sur la tête et Mohammed VI a intérêt à reprendre sérieusement les choses en main.

    Les compétences et les bonnes volontés ne manquent pas au Maroc. Que le Sahara cesse d’être le centre du monde et que le droit international soit respecté et tout redeviendra normal. À moins que cette affaire ne soit l’arbre qui cache la forêt de la désolation socioéconomique et qui est utilisée pour ne pas réveiller le volcan du mécontentement populaire.

    Le Soir d’Algérie, 24/07/2021

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