Étiquette : Sahara Occidental

  • Affaire Pegasus: La complaisance de l’Occident pointée du doigt

    L’Association Française des Amis de la RASD (AARASD) a estimé que le sentiment d’impunité et de complaisance de l’Occident avec le Maroc a conduit ce pays à tout s’autoriser, appelant la France, ciblée par les attaques d’espionnage des services marocains, à prendre des mesures.

    L’affaire Pegasus, révélée par le travail d’investigation d’un réseau de journalistes associé à Forbidden Stories et à Amnesty International a démontré que le Maroc était au centre d’un dispositif d’espionnage particulièrement efficace dont les cibles principales sont la presse marocaine, les opposants au régime (marocains et sahraouis) et la France. «L’association des Amis de la RASD s’en est particulièrement émue. Plusieurs de ses militants et proches amis sont concernés et piratés par le Maroc dans toutes leurs communications», a indiqué l’association dans un communiqué.

    À ce titre, l’Association estime que le «sentiment d’impunité et complaisance ont conduit le Maroc et ses autorités à tout s’autoriser au nom de cette cause considérée comme sacrée». «L’ami marocain» que peu de démocraties occidentales osent mettre en cause serait-il incapable de maîtriser les relations avec ses voisins tant que ces derniers n’approuvent pas son occupation du Sahara occidental ?», lance-t-elle.

    L’association assure, en outre, que «les autorités marocaines ne se contentent plus d’empêcher en France toute expression sahraouie, elles entendent désormais tout savoir et tenter de tout contrôler de ce qui se rapporte à ce sujet, à quelque niveau que ce soit». La France membre permanent du Conseil de sécurité et «pays de référence pour le Maghreb» dans l’Union européenne, qui préside ce mois-ci le Conseil de sécurité et prendra la présidence de l’Union européenne (UE) en janvier 2022, «doit prendre la mesure de cette situation», exhorte l’AARASD.«Il s’agit pour notre pays de cesser de soutenir la cause marocaine dans ces deux instances pour qu’enfin la lutte du peuple sahraoui et du Front Polisario soit entendue et résolue en conformité avec le droit international», explique l’association française.

    Le site d’informations français Mediapart a consacré, jeudi dernier, un article sur le patron du renseignement intérieur et extérieur du Maroc, Abdellatif Hammouchi, l’artisan de cette énième dérive marocaine et dans lequel le journal retrace comment la monarchie a bâti au fil du temps un système répressif pour museler la société grâce à la cybersurveillance dont il use et abuse.

    Le plus grand scandale d’espionnage depuis l’affaire «Snowden» sort de l’ombre Abdellatif Hammouchi, le premier homme dans l’histoire du royaume àcumuler la direction de la sûreté nationale et la Direction générale de la surveillance du territoire. Natif de Taza au nord-est du pays, Abdellatif Hammouchi, 55 ans, est cité notamment dans la brouille diplomatique inédite entre Paris et Rabat, de 2014 à 2015. À l’époque, la justice française instruit trois plaintes déposées contre ce haut personnage de l’Etat marocain pour «torture» et «complicité de torture». Le 20 février 2014, alors qu’il est de passage à Paris, une magistrate parisienne le convoque et envoie des policiers au domicile de l’ambassadeur du Maroc à Neuilly l’interroger. Du jour au lendemain, le Maroc met fin à toute coopération judiciaire et sécuritaire avec la France, notamment en matière d’échanges de renseignements. Au bout d’un an, les deux pays scellent la réconciliation.

    Selon l’enquête du consortium réuni autour de Forbidden Stories et d’Amnesty International, Rabat a abusé du logiciel Pegasus pour espionner des pays rivaux.

    Horizons, 24/07/2021

    Etiquettes : Maroc, Sahara Occidental, Pegasus, logiciels espions, NSO Group, Abdellatif El Hammouchi,

  • Le sentiment d’insécurité pousse le Maroc à épier ses alliés

    En 2007, la France et les Etats-Unis ont décidé d’offrir au Maroc le Sahara Occidental en guise de cadeau et « récompense » pour ses services et sa fidélité à l’agenda colonialiste. Cependant, le cadeau s’est avéré empoisonné n’étant pas accompagné de mesures effectives pour imposer leur volonté au peuple sahraoui et à son allié, l’Algérie. Certes, depuis, toutes les résolutions du Conseil de Sécurité chantent les prétendues vertus du dénommé plan d’autonomie marocain et la France veille à censurer toute phrase susceptible d’irriter l’occupant, même au détriment du principe sacré de respect aux droits de l’homme.

    Paris et Washington ont ainsi assuré un statu quo qui a pérennisé le cessez-le-feu, éloigné toute perspective de solution référendaire au même temps qu’ils garantissaient au Makhzen l’impunité à ses exactions contre la population sahraouie. Mais le Maroc souhaitait que ses alliés s’impliquent davantage dans l’imposition d’une solution qui soit favorable à ses ambitions expansionnistes. C’est qui explique sa réaction suite à un tweet rédigé par un président qui avait perdu les élections. Un tweet presque funéraire.

    Malgré toutes les assurances de ses alliés, les autorités marocaines n’ont jamais été rassurées. Une simple visite d’un responsable français en Algérie pouvait faire des ravages au Maroc au point de pousser un Premier Ministre gaulois, Jean-Marc Ayrault en l’occurrence, à déclarer que Rabat « n’a rien à craindre d’un dialogue plus étroit entre Paris et Alger ».

    La « maîtresse avec laquelle on dort toutes les nuits, dont on n’est pas particulièrement amoureux mais qu’on doit défendre», pour utiliser les propos de l’ancien ambassadeur de la France à Washington, Gérérd Araud, aujourd’hui consultant chez la société israélienne se trouvant derrière le scandale d’espionnage, NSO Group, soupçonne son amant d’infidélité et de vouloir la trahir en vue de se positionner dans le marché économique algérien.

    La volonté du président Emmanuel Macron de fonder de nouvelles relations avec l’Afrique a aggravé cette méfiance et éloigné tout espoir de Rabat de gagner la bataille du Sahara Occidental.

    Aujourd’hui, cette méfiance est doublé d’une déception : Celle de voir l’administration Biden et l’Europe suivre les pas du pyromane Donald Trump. La méfiance et la déception ont poussé le Maroc à tous les extrêmes : terrorisme, chantage à l’émigration et, dernier en date, l’espionnage tout azimut en faisant fi des règles de l’éthique.

    Abdullah El Meknassi, Paris

    Etiquettes : Maroc, Sahara Occidental, France, Etats-Unis, espionnage, logiciels espions, NSO Group,

  • Maroc-Algérie: L’«oeil» du roi borgne

    Le nouveau scandale qui éclabousse le roi «choque» en France et est «complètement inacceptable» pour l’Europe. Mais l’Algérie sait et depuis longtemps, que la traîtrise est devenue une vertu chez les monarques chérifiens.

    Hasna YACOUB

    Dans l’affaire «Pegasus», découvrir que le Maroc espionne l’Algérie et a placé sous écoute plus de 6 000 téléphones de personnalités politiques, militaires et autres, n’est pas une surprise en soi.

    Le Royaume chérifien tente, depuis très longtemps déjà, d’affaiblir l’Algérie, non seulement pour exercer des pressions sur Alger et l’amener à plus de souplesse dans le dossier de colonisation du Sahara occidental, mais aussi pour s’ériger comme première force de l’Afrique du Nord.

    Cependant, dans ce scandale mondial d’espionnage, il y a un second degré de lecture qu’il faut faire. Le logiciel Pegasus est conçu par la firme NSO d’Herzliya, au nord de Tel-Aviv, dans la «Silicon Valley» israélienne. Créé en 2011, NSO travaille étroitement avec le gouvernement israélien qui décide par le biais d’autorisations d’exportation, à qui le groupe peut vendre des logiciels offensifs comme Pegasus?.

    C’est dire que dans cette affaire, les agents sionistes avancent, eux, masqués et s’abritent derrière le Royaume chérifien. Leur but? Faire pression sur le monde pour la reconnaissance de l’Etat hébreu? Cela pourrait en fait n’être qu’un aspect parmi bien d’autres inclus dans la théorie du «complot juif» visant la domination du monde, longtemps considérée comme un simple mythe.

    Faut-il préciser que dans le domaine du renseignement numérique, Israël est très loin en tête du classement mondial avec 3,3 compagnies pour un million d’habitants contre 0,4 aux Etats-Unis et 1,6 en Grande-Bretagne, selon l’ONG britannique Privacy International. Sous prétexte d’aider à faire du monde un lieu plus sûr en fournissant à des gouvernements légitimes une technologie qui les aide à combattre le terrorisme et le crime, les compagnies de surveillance et du tracking informatique, sous contrôle d’Israël, accèdent à la caméra, au micro ou à la géolocalisation des appareils piratés, aux contenus de messages, d’appels et de toute une série d’applications globales comme Gmail, Facebook, Skype, WhatsApp, Viber…

    Et il s’agit d’appareils de téléphone non pas de terroristes, pédophiles ou narcotrafiquants, mais ceux des chefs d’Etat, de hauts fonctionnaires militaires et tout responsable ayant un pouvoir décisionnel ou d’opposants de grande influence.

    L’objectif est clair: connaître les faiblesses des uns et des autres et les placer sous contrôle. Cela dure depuis des décennies.

    La collaboration entre le Maroc et Israël, elle aussi, n’est pas nouvelle. La normalisation de leurs relations n’est d’ailleurs que le couronnement d’une soixantaine d’années de coopération secrète. Faut-il rappeler l’épisode de 1965 lorsque Hassan II n’a pas hésité à collaborer avec le Mossad, en lui permettant d’espionner les rencontres à Casablanca entre les leaders et commandants arabes en vue d’une préparation d’une attaque contre Israël.
    Les informations obtenues ont été cruciales dans la victoire d’Israël lors de la guerre des Six-Jours en 1967.

    En Algérie, ces pages de l’Histoire ne s’oublient pas. Et si ce nouveau scandale qui éclabousse le roi «choque» selon le porte-parole du gouvernement français et est «complètement inacceptable» pour la présidente de la Commission européenne, les responsables algériens, eux, sont sereins car ils savent, depuis longtemps, que la traîtrise est devenue une vertu chez les monarques chérifiens.

    L’Expression, 22/07/2021

    Etiquettes : Maroc, Algérie, Pegasus, espionnage, NSO Group, Israël, Sahara Occidental,

  • Pegasus : la complaisance de l'Occident a conduit le Maroc à tout s’autoriser

    L’Association française des Amis de la RASD (AARASD) a estimé que le sentiment d’impunité et de complaisance de l’Occident avec le Maroc a conduit ce pays à tout s’autoriser, appelant la France, ciblée par les attaques d’espionnage des services marocains, à prendre des mesures.

    L’affaire Pegasus, révélée par le travail d’investigation d’un réseau de journalistes associé à Forbidden Stories et à Amnesty International a démontré que le Maroc était au centre d’un dispositif d’espionnage particulièrement efficace dont les cibles principales sont la presse marocaine, les opposants au régime (marocains et sahraouis) et la France.
    « L’association des Amis de la RASD s’en est particulièrement émue. Plusieurs de ses militants et proches amis sont concernés et piratés par le Maroc dans toutes leurs communications », a indiqué l’association dans un communiqué.
    A ce titre, elle estime que le « sentiment d’impunité et complaisance ont conduit le Maroc et ses autorités à tout s’autoriser au nom de cette cause considérée comme sacrée ».
    « L’ami marocain » que peu de démocraties occidentales osent mettre en cause serait-il incapable de maîtriser les relations avec ses voisins tant que ces derniers n’approuvent pas son occupation du Sahara occidental ? », lance-t-elle.
    L’association assure, en outre, que « les autorités marocaines ne se contentent plus d’empêcher en France toute expression sahraouie, elles entendent désormais tout savoir et tenter de tout contrôler de ce qui se rapporte à ce sujet, à quelque niveau que ce soit ».
    La France membre permanent du Conseil de sécurité et « pays de référence pour le Maghreb » dans l’Union européenne, qui préside ce mois-ci le Conseil de sécurité et prendra la présidence de l’Union européenne (UE) en janvier 2022, « doit prendre la mesure de cette situation », exhorte l’AARASD.
    « Il s’agit pour notre pays de cesser de soutenir la cause marocaine dans ces deux instances pour qu’enfin la lutte du peuple sahraoui et du Front Polisario soit entendue et résolue en conformité avec le droit international », explique l’association française.
    Selon l’association, des milliers de systèmes de communication sont piratés en toute discrétion et impunité.
    « Cette affaire commence à faire la une de tous les médias d’autant qu’un des téléphones du Président de la République (française), celui de plusieurs membres de l’exécutif et d’élus semblent concernés. S’agit-il désormais d’une affaire d’Etat ? », s’interroge l’association.
    APS
    Etiquettes : Maroc, Espionnage, logiciels espions, NSO Group, Sahara Occidental, France, Emmanuel Macron, 
  • Affaire Pegasus : Echec au complot

    L’Etat voyou de la région ne recule désormais plus devant aucune forfaiture pour exporter la tension et véhiculer la déstabilisation dans l’espace méditerranéen. Les barbouzeries en tous genres, encouragées par l’allié sioniste, sont dans la nature même de l’Etat narcotrafiquant, foncièrement répressif et liberticide.

    Le scandale d’espionnage Pegasus, commis par le Maroc au profit d’Israël et révélé par 17médias internationaux, traduit la vassalité d’un régime aux abois et accroché, pour seule alternative, à une collaboration avec le parrain sioniste. L’acte de piratage cybernétique, développé par la société israélienne NSO et exécuté par le Maroc, représente une menace permanente contre les libertés fondamentales de la région et de l’Europe.

    Après l’épisode tumultueux de l’Espagne et de l’Allemagne, coupables d’un acte d’humanisme et de l’attachement à la légalité internationale, l’allié le plus sûr a subi le choc de cette affaire d’espionnage qui a ciblé, selon les médias français, le président Emmanuel Macron, 14 ministres et l’ancien Premier ministre Edouard Philipe.

    Il s’agit d’une attaque massive lancée contre l’élite dirigeante mondiale, la société civile, les journalistes, les hommes d’affaires et les chefs d’entreprises. La guerre cybernétique, dénoncée en février 2021 par le ministre de la Communication, Ammar Belhimer, lors de la journée parlementaire sur «la cybercriminalité et ses retombées sur la sécurité du pays et des citoyens», n’est pas une vue de l’esprit. L’Algérie est particulièrement visée pour son soutien indéfectible à la lutte des peuples pour leur indépendance et son rôle pionnier dans l’exportation de la paix, de la réconciliation et du développement régional.

    L’Algérie forte de la mobilisation de la classe politique et de la société civile, elle saura face faire efficacement à la dérive marocaine irresponsable attentatoire aux fondements unitaires de l’Etat national. Le rappel immédiat et illimité de l’ambassadeur de l’Algérie au Maroc est une riposte aux frasques de la représentation diplomatique marocaine à New York, affichant des velléités d’ingérence et un soutien flagrant au terrorisme identitaire et religieux portant la marque insidieuse de la manipulation des groupes terroristes de la décennie sanglante.

    Le silence coupable du Palais royal impose des mesures à la hauteur de la gravité de la situation générée par la violation du droit international et des dispositions de l’acte constitutif de l’Union africaine portant sur l’intangibilité des frontières héritées du colonialisme.

    Horizons, 21/07/2021

    Etiquettes : Maroc, Algérie, Emmanuel Macron, France, Pegasus, Espionnage, NSO Group, logiciels espions, Sahara Occidental,

  • Dérive marocaine : Le roi est nu

    Politologues: «Rabat fait la guerre à l’Algérie»

    La diplomatie marocaine a franchi la ligne rouge en s’immisçant dans les affaires internes de l’Algérie et en soutenant la prétendue autodétermination «du peuple kabyle», ont estimé des politologues. Selon eux, la situation revêt un caractère dangereux.
    Pour le politologue Badis Khenissa, l’Algérie a toujours exprimé des inquiétudes à l’égard du voisin de l’Ouest, compte tenu du passif historique et de la question du Sahara occidental. «Des inquiétudes légitimes à la lumière des évolutions diplomatiques récentes. Le Maroc nourrit une rancune tenace, obsessionnelle et aveugle illustrée par une série d’erreurs monumentales de sa diplomatie devenue précaire et court-termiste», constate-t-il. Selon lui, Rabat exerce un «Algérie-bashing» dopé par le «deal de Trump» et son pari risqué de normalisation avec l’Etat hébreu», évoquant «une quête de leadership et d’hégémonie dans la région».
    «Le retour de l’Algérie sur la scène internationale après deux décennies d’immobilisme a sapé les plans du Maroc qui, jusque-là, se contentait d’une diplomatie monétisée pour alimenter son lobbying et défendre ses orientations», analyse Khenissa. Et de renchérir : «Une trêve déjà fragile entre nos deux pays est mise à mal par une volonté du royaume à projeter ses frustrations et ses échecs sur l’Algérie.» Isolé par son arrogance diplomatique et ses postures récentes contre l’Espagne et l’Union européenne, le poste frontalier de Guerguerat et l’Algérie en sont une parfaite démonstration. Affaibli sur le front interne par ses choix politiques et troc perdant de la cause palestinienne, ce dernier cherche à gagner des trophées diplomatiques face à un rival inflexible sur les causes justes.
    De son point de vue, le Maroc s’entête à porter à bout de bras le Sahara occidental, mais se met à dos la communauté internationale. «L’Algérie est devenue la cible d’un plan global aux acteurs multiples et cela risque d’aboutir à un dérapage aux bouleversements cataclysmiques et irréversibles», affirme-t-il. Autrement dit, une escalade contrôlée qui peut vite dégénérer. «L’ombre d’un conflit ouvert plane sur la région et qu’il n’est plus à exclure après la délocalisation du centre de décision du Maroc. La médiation qui se tiendra probablement sous peu et sous l’égide de pays occidentaux, de la Russie, la Chine, l’UA, la Ligue arabe révélera, sans doute, les véritables intentions et motivations du Maroc», souligne Khenissa. «Tous ces éléments prouvent que l’embrasement de la situation dans un contexte géopolitique et géo-sécuritaire sensible et explosif ne fera qu’exacerber une tension latente et une diplomatie sur une ligne de crête», fait-il remarquer.
    «Le Sahara occidental n’est pas marocain»

    Hassan Kacimi, expert international des flux migratoires et des menaces dans le Sahel, est catégorique. «Le Maroc fait tout simplement la guerre à l’Algérie dans le cadre d’une coalition internationale», assène-t-il. «Un triumvirat subversif, composé du Maroc, de la France et de l’entité sioniste, tente d’allumer le feu en Algérie», estime-t-il. «Ces acteurs, en mal d’expansion territoriale, rêvent d’un nouvel empire dans le monde arabe et en Afrique. Pour cela, ils doivent absolument déboulonner l’Algérie et provoquer sa chute pour lui faire subir une thérapie à la soudanaise et réaliser le Grand Israël», explique-t-il. Kacimi affirme que «Rachad, le MAK et des figures politiques connues, largement inféodées à des desseins coloniaux, agissent sur le terrain du hirak pour enflammer la rue, la retourner contre l’Etat et provoquer son effondrement». Il ne manque pas de relever le scénario de déstabilisation de l’Algérie sur fond d’ébullition sociale, provoquée par un dysfonctionnement de certains services publics, notamment celui de l’eau exploité pour exacerber le mécontentement populaire. L’expert pense qu’on doit toujours clamer très haut que le Sahara occidental est le seul dossier en Afrique qui est inscrit au chapitre de la décolonisation. «L’Algérie doit prendre des mesures fermes contre ce voisin qui continue de faire la guerre subversive», conclut-il.
    Karima Alloun
    Horizons, 22/07/2021
    Etiquettes : Maroc, Algérie, Pegasus, Espionnage, NSO Group, logiciels espions, Sahara Occidental, 
  • Crise France-Maroc: "Une tempête dans un verre d'eau" (Alain Chouet)

    Alain Chouet (ex-DGSE): «Quand on a des choses secrètes à dire, on le dit sur des réseaux secrets»

    L’un des téléphones du président Emmanuel Macron a-t-il été la cible des services secrets marocains via le logiciel israélien Pegasus ? Oui, selon le consortium de presse Forbidden Stories et l’ONG Amnesty International. Non, réplique le gouvernement marocain, qui menace de lancer des procédures judiciaires contre quiconque l’accuse d’avoir eu recours à ce logiciel d’espionnage. Alain Chouet, ancien maître-espion et chef du service de renseignement de sécurité de la DGSE, est l’invité de RFI.
    RFI : Si l’on en croit le consortium de presse Forbidden Stories et l’ONG Amnesty International, il y a eu une frénésie de surveillance de la part du Maroc. Plus de 10 000 numéros ciblés. Êtes-vous surpris ?
    Alain Chouet : Je suis surtout surpris que cela surprenne tout le monde. Et si nos hommes politiques, nos journalistes et nos médias font l’objet de ce genre d’attaques, c’est parce qu’ils ne prennent pas les précautions élémentaires que tous les services de sécurité français passent leur temps à leur seriner, notamment en matière d’utilisation de téléphone portable. Quand on a des choses secrètes à dire, on le dit sur des réseaux secrets, en tout cas sur des réseaux protégés, et pas sur des Iphone du commerce.
    Donc, vous êtes d’accord avec le sénateur d’opposition (LR) Bruno Retailleau qui dit que, dans l’utilisation de ses téléphones portables, le président Emmanuel Macron a été « naïf » et « imprudent » ?
    Il n’a pas été… Bon, d’abord, je ne connais pas monsieur Retailleau. Mais le président [Emmanuel] Macron a été, comme tous les autres hommes politiques français, on l’a vu avec Nicolas Sarkozy, Bismuth et compagnie, effectivement d’une grande imprudence et d’une grande naïveté dans l’utilisation de ce genre de moyen de communication.
    Mais il faut bien que le chef de l’État puisse converser avec des gens au téléphone !
    Mais, absolument. Mais il a pour cela à sa disposition des services techniques qui seront en mesure de lui fournir des logiciels de cryptage ou des téléphones cryptés qui peuvent très bien être utilisés.
    Alors, vous dites que les Marocains s’intéressent notamment à leur diaspora en Europe et en France. Est-ce à dire qu’ils privilégient la lutte antiterroriste ou est-ce qu’ils sont dans une obsession contre tous les adversaires du « Sahara marocain » ?
    C’est plus large que cela. Les services marocains sont des services extrêmement professionnels, qui fonctionnent à peu près sur le modèle français. Là, ils s’intéressent à tout ce qui intéresse la sécurité du Royaume, c’est-à-dire le terrorisme bien sûr, les problèmes de la relation avec l’Algérie et les problèmes sahraouis, mais aussi l’opposition éventuelle au régime.
    On prête aux services marocains une participation active dans la localisation et la neutralisation d’Abdelhamid Abaaoud, l’un des organisateurs de l’attentat du Bataclan de novembre 2015. Est-ce à dire que les services marocains sont très utiles aux services français ?
    Ils ont toujours été extrêmement précieux, extrêmement utiles. Depuis une cinquantaine d’années, les services marocains et les services français travaillent la main dans la main en matière d’antiterrorisme. Avant, c’était le terrorisme euro palestinien, ou les terrorismes d’État -Iran, Syrie, Libye-, et maintenant, c’est le terrorisme islamiste. Les services marocains ont toujours aidé les services français, mais aussi les services belges ou les services allemands dans la détection et le suivi d’un certain nombre de menaces.
    Vous dites que vous n’êtes pas surpris par tout cela. Mais, tout de même, est-ce que le fait de cibler le téléphone personnel du chef de l’État français n’est pas un acte hostile de la part de l’allié marocain ?
    Oui, si on veut. Mais, les écoutes de la NSA [National Security Agency, l’agence de renseignement américaine chargée des écoutes électroniques] également sur le président de la République [à l’époque de Jacques Chirac, de Nicolas Sarkozy et de François Hollande] ou sur la chancelière allemande Angela Merkel, ce sont aussi des actes hostiles. Et ce que cette histoire révèle, c’est que tout le monde, en tout cas tous ceux qui en ont la possibilité, écoutent les autres dans leurs domaines d’intérêt.
    Est-ce à dire que les services français écoutent le roi Mohammed VI ?
    Ah, ça, je n’en sais rien et même si je le savais, je ne vous le dirais pas. Mais si cela présentait un intérêt quelconque, on a les moyens techniques de le faire.
    Alors vous dites que tout vient de deux services importants à Rabat, la Direction générale des études et de la documentation (DGED) et la Direction générale de la surveillance du territoire (DGST). Quel est le plus puissant des deux ?
    Je pense que c’est le service intérieur, parce que c’est celui le plus impliqué dans la sécurité du Royaume.
    La DGST ?
    Oui, c’est ça. La Direction générale de surveillance du territoire, un héritage de la DST (Direction de la surveillance du territoire] française. C’est certainement le service qui a à la fois le plus de moyens et le plus de puissance.
    Et on dit que son chef, Abdellatif Hammouchi, est l’un des hommes forts du régime. Vous confirmez ?
    Les chefs des services spéciaux, dans tous les pays arabes, sont toujours les hommes forts du régime.
    Oui, mais celui-là en particulier ?
    Celui-là en particulier est un homme fort du régime.
    Vous le connaissez ?
    Pas personnellement. Mais enfin, je vois bien qui c’est. Mais vous savez, [Mohamed] Oufkir était aussi le personnage le plus puissant du régime. On sait comment il a fini !
    Il a essayé de renverser le roi Hassan II [lors d’un coup d’État raté en 1972, au terme duquel il a été éliminé] …
    Donc, les monarques ou les présidents du monde arabe savent très bien que leurs chefs des services spéciaux sont des gens extrêmement puissants et ils les ont extrêmement à l’œil.
    Le roi Mohammed VI lui-même aurait été écouté par ses propres services. Est-ce que c’est crédible ?
    Je n’en sais rien. Il faudrait en avoir la preuve pour pouvoir gloser là-dessus. Moi, je ne sais pas quel est l’état actuel de la relation entre sa majesté le roi et ses services. Je les vois mal prendre le risque de faire quelque chose qu’il n’aurait pas approuvé.
    L’épouse du roi Lalla Salma Bennani sur écoute ?
    C’est pareil. On est à peu près dans la même configuration que pour le roi lui-même.
    « Si les faits sont avérés, ils sont graves », déclare le Premier ministre français, Jean Castex. Est-ce que, après enquête, la France est susceptible d’émettre une vive protestation contre le Royaume marocain ?
    On peut toujours émettre de vives protestations. On a émis aussi de vivres protestations sur les écoutes de la NSA depuis une vingtaine d’années et, régulièrement, on fait une vive protestation. Le résultat n’est pas vraiment tangible. On émettra des vives protestations. On ne va pas aller faire la guerre aux Marocains.
    Est-ce que cela peut changer la vision du Maroc par la France ?
    À mon avis, non. Ça, c’est une tempête dans un verre d’eau. Dans 15 jours, plus personne n’en parlera.
    RFI, 22/07/2021
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  • Maroc-Algérie : Les lumières et les ombres

    Quelles que soient les jongleries de façades, les intentions de la monarchie marocaine sont suffisamment claires. Preuve en est. La déclaration du représentant du royaume aux Nations unies dans laquelle le Maroc apporte de manière officielle son soutien à un prétendu « droit à l’autodétermination du peuple kabyle « . Cette dérive relève d’un stratagème élaboré, cohérent visant à nuire à l’unité nationale. La déclaration du diplomate marocain n’est pas inhérente à un cavalier seul mais suit un agenda concédé où se mêlent des forces sionistes et impérialistes qui ciblent toujours la stabilité de l’Algérie. Le Maroc en s’associant à ces forces dévoile chaque jour son penchant pour regarder l’Algérie comme son ennemi stratégique exclusif. Un constat et une vérité qui sont d’actualités. En effet, depuis la normalisation des relations entre le Maroc et Israël, le voisin de l’Ouest déploie et développe un espace permettant à l’Etat hébreu de regagner le terrain perdu au Maghreb et en Afrique. Le Maroc est devenu un tout petit cheval de Troie conduit par des puissances étrangères. Donc un  » cow-boy  » utilisé pour en prendre d’autres pays au lasso et de les offrir aux grandes puissances.

    Il y a urgence à être mieux informé sur les rapports israélo-marocains au moment où la situation sécuritaire régionale est des plus complexes et des plus fragiles. Ces rapports sont fondés depuis de longues années sur des relations solides et pas conjoncturelles basées sur l’identité idéologique, les intérêts politiques et économiques et par une stratégie commune à l’égard à la fois de l’Algérie, des pays africains et arabes. Un contentieux subsiste entre l’Algérie, et le Maroc au sujet de la colonisation du Sahara occidental, s’ajoutant à la nature évidemment très différente des régimes politiques. Un contentieux sur le respect et l’application du droit international, que le Maroc s’entête à résoudre comme voulu par l’Etat algérien dans le cadre des résolutions pertinentes des Nations unies et du Conseil de sécurité à savoir l’organisation d’un référendum d’autodétermination du peuple sahraoui.
    A quelles fâcheuses illusions ou à quelles manœuvres malveillantes se livre donc le Makhzen qui cherche à donner une image déformée de l’Algérie, de son peuple, de son Etat et de ses institutions ? Tout, en effet, n’est pas idyllique entre Alger et Rabat, et ce serait mal faire que de vouloir accréditer le contraire, ou de tenter d’éluder la question. En osant s’ingérer dans les affaires internes de l’Algérie, le Makhzen qui n’a pas songé de dissimuler son soutien à un mouvement terroriste, séparatiste et à la solde des ennemis du pays démontre par l’occasion, son vouloir et son empressement à porter atteinte à l’unité nationale procédant ainsi plus de rancunes et d’ambitions de comploter que de volontés politiques réelles de bon voisinage.
    Brutalement isolé politiquement sur la scène internationale, le palais royal tente un dernier  » assaut  » en mettant en ligne cette soi-disant « autodétermination du peuple kabyle » pour faire oublier l’occupation du Sahara occidental qui persiste depuis plus de quatre décennies et où le Maroc subit des déboires militaires, politiques et psychologiques. La nature même du régime monarchique du Maroc, ses composantes, et la profondeur de ses racines coloniales sont autant d’éléments qui l’encouragent à intensifier ses méthodes les plus répressives, à développer ses politiques annexionnistes et maintenir la région du Maghreb à une pression permanente. Pour le moment, c’est surtout l’offensive contre l’Algérie qui est visible se poursuit, se développe avec un élan sans cesse renouvelé. Comme le prouve ce soutien officiel au MAK et à ses visées séparatistes. Peut-on croire un seul instant que la complicité et la collusion du Makhzen avec ce mouvement terroriste ne soient pas aussi bien synchronisées aussi totalement orchestrées qu’avec certaines capitales occidentales dont Tel-Aviv et Paris.
    B. C.
    Le Maghreb, 20/07/2021
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  • Algérie-Maroc: Fuite en avant et aventurisme du Makhzen !

    Après la reconnaissance de son ingérence dans les affaires souveraines de l’Algérie et son action future contre l’unité de son territoire : Fuite en avant et aventurisme du Makhzen !

    par Noureddine Khelassi

    Provocation, escalade, hostilité, ingérence, aventurisme, irresponsabilité. Tels sont les principaux mots-clés du dernier épisode fiévreux de la traditionnelle stratégie de la tension adoptée par le Maroc à l’égard de l’Algérie. Cette ultime séquence est illustrée par la nouvelle posture officielle de l’olibrius diplomatique qui sert de représentant permanent du Makhzen aux Nations-Unies à New York. Ce gugusse agité, qui n’est pas à sa première provocation ni à sa dernière dérive, a reconnu le soutien de son État, et de longue date, à un mouvement séditieux et classé comme organisation terroriste en Algérie. Et a annoncé également que le Maroc apportera désormais un soutien public à cette organisation séparatrice en appuyant, de manière explicite et officielle, un prétendu « droit à l’autodétermination du peuple kabyle » qui, selon les propos franchement bellicistes d’Omar Hilale, subirait « la plus longue occupation étrangère ».

    Le texte distribué par ce spadassin diplomatique du Makhzen à l’ONU est une agression caractérisée contre la souveraineté de l’Algérie, une ingérence manifeste dans ses affaires intérieures et une atteinte directe à son unité nationale. C’est un pas dangereux, un de plus et de trop, qui a été franchi dans la stratégie de la tension entretenue par le Maroc contre notre pays, en raison du soutien indéfectible qu’il apporte depuis 1973 à la cause de décolonisation du Sahara Occidental.

    Cette nouvelle escalade semble être encouragée par la fuite en avant dont le palais royal fait preuve depuis la reconnaissance de son annexion des territoires sahraouis par le Président américain Donald Trump. Une attitude arrogante et irresponsable, renforcée par ailleurs par l’alliance stratégique, à caractère diplomatique et militaire, avec Israël. Ces assauts de surenchère du Makhzen l’ont incité d’autre part à utiliser, à grande échelle, l’immigration clandestine, comme arme de déstabilisation massive de l’Espagne et de l’Union européenne qui refusent de s’aligner sur la position du Maroc dans le dossier du Sahara Occidental. On a vu à ce sujet comment le Makhzen, adepte du chantage migratoire, a piteusement essayé d’organiser une autre « marche verte » contre les enclaves espagnoles de Ceuta et Mellila, en y poussant, par vagues continues, des milliers de jeunes desperados marocains, candidats potentiels à l’exil.

    L’Algérie perçue comme «ennemi stratégique»

    Cette politique agressive du Makhzen à l’endroit de l’Algérie a des racines profondes. Elle procède de sa perception de son voisin de l’Est comme un ennemi historique qu’il faut déstabiliser à tout prix et affaiblir sans cesse. En avril 2020, une étude d’un think tank marocain (proche des FAR) intitulée « Pour une nouvelle stratégie de défense intégrée du Maroc » présente en effet l’Algérie comme un ennemi stratégique. Cette boîte à idées ne s’est pas contentée de préconiser l’adaptation permanente de l’outil de guerre des FAR par rapport à la menace permanente que l’Algérie est supposée représenter. Elle propose de mettre en place un système militaire en adéquation avec des ambitions géostratégiques africaines et des visées impériales. Ce qui tend à suggérer que l’armée marocaine n’est pas un simple instrument de défense et de neutralisation des menaces auxquelles elle doit faire face, mais un dispositif offensif au service d’un rêve hégémonique. Deux autres épisodes, côté marocain, sont venus donner un peu plus de relief à cette appréhension de l’Algérie comme ennemi stratégique. On a noté également en 2020 un dérapage contrôlé du consul du Maroc à Oran qui a déclaré que l’Algérie indépendante est un « pays ennemi ». Et on a noté aussi la construction en cours d’une base militaire d’écoute juste à la frontière avec l’Algérie, notamment grâce à l’aide d’Israël.

    Ce think tank militaire préconise en effet « une nouvelle stratégie de défense intégrée » contre les menaces militaires, jugées réelles, que représentent pour le royaume alaouite l’Espagne au Nord et l’Algérie à l’Est. Une préconisation en forme d’aveu d’existence d’une paranoïa aiguë qui fait penser aux auteurs de l’étude que le Maroc est pris en tenaille entre deux menaces militaires puissantes et durables. Une recommandation dont la sémantique guerrière trahit la démesure d’ambitions impériales, voire impérialistes. Qu’on en juge notamment à travers ce petit inventaire de formules éloquentes : « Stratégie d’expansion des empires marocains », « prise de contrôle et d’influence dans la zone s’étendant jusqu’à la Guinée au Sud, et en se limitant au Mali à l’Est », soit une aire géographique s’étendant bien au-delà de l’ancienne Afrique soudanaise d’avant et du temps des colonisations. Ou encore le vocable « leadership » (politique, économique et militaire) utilisé trois fois dans une même page, et une fois dans la courte conclusion de l’étude. De même que le mot « puissance » deux fois usité en introduction et en conclusion. Le terme « empire » une seule fois mais au pluriel, et, dans la même logique d’appétit stratégique, les termes « influence », « contrôle », « expansion » et « profondeur stratégique » appuient en un seul usage la démonstration de l’ambition historique, mais toujours actuelle, de l’hégémonisme du Makhzen.

    L’obsession durable « d’identifier ses ennemis et rivaux historiques » est donc bien appuyée dans cette étude adossée à l’examen de la balance militaire et, en filigrane, le souci d’atteindre au moins la parité stratégique avec l’Algérie. Elle est fondée sur la notion même de dissuasion. Ses auteurs ne manquent donc pas de suggérer que les FAR doivent au moins mettre à jour leur appareil de défense pour rattraper les retards technologiques, et être en mesure de répondre, le cas échéant, aux manifestations de la supposée menace stratégique venue de l’Est. On sait que la dissuasion consiste à prévenir un acte éventuel en persuadant celui qui l’envisagerait que les coûts consécutifs en excéderaient les bénéfices escomptés. Il est vrai que l’adoption par le Makhzen de la théorie de la dissuasion stratégique est dans l’ordre logique des choses : l’idée que la possession de moyens militaires appropriés est de nature à dissuader un « pays ennemi » d’attaquer remontant à l’Antiquité. Mais le Maroc, qui est par essence géographique un pays essentiellement maritime – deux mers dessinent ses contours physiques et décident de son approche de la menace stratégique au Nord – et ne possède donc de frontières terrestres qu’avec l’Algérie voisine et, par le fait accompli de l’annexion coloniale du Sahara Occidental, avec la Mauritanie, veut par conséquent renouveler la place de la dissuasion dans sa stratégie défensive-offensive. Les crânes d’œufs qui ont proposé en 2020 « une nouvelle stratégie de défense intégrée du Maroc » basée sur un « nouveau dispositif militaire dissuasif » remplacent l’idée de « comment éviter la guerre ? » par « comment gagner la guerre ? » À l’instar de la dissuasion nucléaire qui repose sur la peur du recours par l’Autre à l’arme atomique, le souci de ces stratèges est de conserver des moyens suffisants de frappe contre l’agresseur présumé après avoir subi une première attaque : c’est la fameuse « capacité de seconde
    frappe », élément moteur de la course aux armements à laquelle se livre éperdument un Maroc qui n’a pourtant pas les moyens financiers de ses grandes ambitions qui dépassent en fait le cercle de l’équilibre de la menace.

    Pour que cette nouvelle stratégie militaire offensive puisse avoir du sens, il faudrait que l’état-major des FAR et le cabinet du Palais royal soient en mesure d’évaluer, avec précision, les coûts, les gains et les pertes de leurs actions. Car les décisions irrationnelles du Makhzen pourraient conduire à des décisions rationnelles de l’autre côté de la frontière Est, et donc surprendre le Maroc et déclencher un engrenage des plus périlleux. Dans un contexte de crise endémique singularisant les relations bilatérales, le discours de ce think tank, aux accents martiaux, est de nature à altérer le jugement de ceux auxquels il est destiné en premier ressort. La possibilité d’une mauvaise interprétation des intentions de l’Autre peut conduire notre voisin de l’Ouest à des décisions irrationnelles au regard du principe même sur lequel repose la dissuasion, à savoir la neutralisation réciproque.

    Dans l’histoire de la Guerre froide, la crise de Cuba a pourtant force de bon exemple. Elle a amené à prendre des mesures autres que militaires visant à diminuer les risques propres à la dissuasion nucléaire grâce à des moyens de communiquer en temps de crise entre les deux camps. Grâce aussi à la possibilité de toujours mieux connaître les intentions réelles de l’adversaire par des moyens précis d’observation et d’espionnage. Enfin, grâce surtout à la maîtrise des décisions d’emploi et de préparation des armes par la centralisation et le renforcement de la sécurité de la chaîne de commandement qui est en Algérie une préoccupation permanente de l’état-major de l’ANP et de ses organisations de veille et de vigilance.

    Une posture paranoïaque permanente

    Le Maroc est donc dans une posture paranoïaque permanente. Délires découlant probablement du rêve grandiose du « Grand Maroc » et des « stratégies d’expansion des empires marocains », avec leurs corollaires la « puissance », le « leadership », le « contrôle », « l’influence » et la « puissance », mots-clés de la terminologie guerrière de l’étude du think tank. Le facteur déterminant de la force militaire en perpétuelle consolidation est au centre des préoccupations stratégiques du Makhzen. Sur ce plan, l’étude du Forum FAR Maroc, qui a fait sienne la devise latine « si vis pacem para bellum », reconnaît d’entrée que la naissance de l’Algérie indépendante a constitué « la menace majeure sur l’existence du Maroc actuel ». Elle admet ensuite que la doctrine et la capacité de guerre installée du Maroc ont été déterminées par cette « menace majeure » présumée. Les auteurs de l’étude le reconnaissent d’ailleurs sans ambages en soulignant que « l’équipement, la formation et la disposition des unités des FAR ont depuis ce jour (la fin de la colonisation de l’Algérie, Ndlr) été orientés dans la perspective d’une confrontation éventuelle avec l’Algérie ». Deux faits de guerre marquants, l’agression contre l’Algérie en 1963 et le conflit militaire au Sahara Occidental annexé en 1975 sont considérés, par conséquent, comme un déclic et un « tournant décisif dans la construction de la doctrine des FAR ». Laquelle est notamment fondée sur « le souci de stopper l’assaut d’un ennemi en supériorité numérique et d’arrêt de colonnes blindées venant de l’Est ».

    Cette doctrine, structurée par la croyance permanente en une menace stratégique émanant d’un voisin présumé malveillant, et par définition offensif et expansif, est cependant spécieuse. Fallacieuse, elle l’est assurément, car elle suppose, comme le prétend ce think tank, que les FAR ne s’équipent qu’en « réponse aux acquisitions récentes de l’ANP algérienne » et, de ce fait, « entreprennent un programme ambitieux de modernisation des dotations toutes armes confondues ». Et si l’Espagne et surtout l’Algérie n’existaient pas, le Maroc se serait-il abstenu alors de bâtir ses FAR pour être finalement le Costa-Rica du Maghreb et de l’Afrique ? On ne peut cependant pas suggérer l’existence d’une doctrine militaire purement défensive et déterminée par l’existence théorique d’une menace offensive permanente du voisin, et évoquer en même temps, comme le fait clairement ce forum des FAR, une « stratégie d’expansion des empires marocains ». Et surtout une « prise de contrôle et d’influence dans la zone s’étendant jusqu’à la Guinée au Sud, et en se limitant au Mali à l’Est ». Ou encore parler de « leadership », de « puissance »
    d’« influence », de « contrôle », d’« expansion » et de « profondeur stratégique ». Il y a là une contradiction majeure et une absurdité flagrante ! Un paradoxe et une aberration d’autant plus grands que l’Algérie, désignée comme ennemi stratégique et héréditaire, est ciblée en profondeur, à 200 km d’Alger, à travers une liste d’objectifs stratégiques devant être l’objet de frappes lointaines, telles la base aérienne de Chlef, les infrastructures militaires de Sidi-Bel-Abbès et les installations gazières et pétrolières d’Arzew !

    Toutefois, face à l’Algérie, reconnue par le think tank comme la première force sous-marine dans le monde arabe, et à défaut de gaps technologiques à surmonter ou a réaliser, le Maroc a d’incontestables retards à rattraper notamment dans les domaines aérien (chasseurs et bombardiers de 4e génération, hélicoptères de combat), naval (frégates évoluées, BPC, bâtiments de soutien et d’assistance), sous-marinier (sous-marins classe Kilo) et dans celui de la défense aérienne, talon d’Achille des FAR (sites stratégiques à découvert, pas d’équivalent des systèmes S300 ou même de S400 (?). Sans compter, en termes de menace aéroterrestre, l’absence reconnue d’un système moderne de communication sécurisée relatif au commandement et à l’échange de données entre les unités opérationnelles. Sur la balance stratégique, cette liste de handicaps militaires marocains n’est pas exhaustive. Le sujet n’est donc pas l’examen détaillé et expert des avantages et des désavantages, mais l’idée même que malgré les retards technologiques, quantitatifs et qualitatifs des FAR par rapport à l’évolution de la machine de défense algérienne, le système de guerre marocain est à la fois défensif et offensif. Sachant qu’il s’inscrit dans la double logique du rapport de force et du rapport de puissance, c’est-à-dire la capacité opérationnelle et le pouvoir de tirer le plus grand bénéfice de la puissance de feu possédée et de la force de dissuasion accumulée.

    Avec cet ennemi algérien, utile et indispensable, qui déterminerait l’équation marocaine de recherche des équilibres stratégiques dans la région et de la pose des fondements de son ambition de puissance régionale à la recherche d’une profondeur stratégique, on est en fait dans cette « anormalité » des relations entre le Maroc et l’Algérie. Ce vocable caractéristique des rapports bilatéraux, on le doit à M. Ramtane Lamamra, alors ministre des Affaires étrangères durant le 4e mandat du Président Abdelaziz Bouteflika. À cette époque, notre vieux loup des mers de la diplomatie des temps de crise avait dit que « les relations avec le Maroc sont anormales (…), même si les relations entre les deux peuples sont exemplaires ». Au cœur de cette «anormalité», deux pommes de discorde, le Sahara Occidental et la frontière terrestre hermétiquement fermée.

    S’agissant du Sahara Occidental, n’en déplaise toujours au Makhzen, la position de l’Algérie est en parfaite harmonie avec la légitimité internationale. En témoigne, entre autres résolutions, la décision de la Cour de justice de l’Union européenne qui rappelle que le Sahara Occidental ne fait pas partie du Maroc, confirmant ainsi la position de l’ONU, celle de l’Union africaine et l’attitude de principe de l’Algérie. À ce sujet, les autorités algériennes successives ont souvent invité le Maroc à dissocier les problèmes bilatéraux de la question du Sahara Occidental qui est de la responsabilité de l’ONU. Le défi lancé aux autorités chérifiennes consiste donc à découpler la question du Sahara Occidental du dossier du contentieux bilatéral. Exactement comme ont pu le faire un certain temps le Président Chadli Benjedid et le roi Hassan II qui ont su nouer le dialogue entre les deux pays entre 1988 et 1991.

    Une frontière terrestre close et militarisée

    Restent alors les 1 559 km de frontière qui constituent la plus longue frontière terrestre fermée au monde. Il ne s’agit certes pas d’une situation de forte intensité conflictuelle, comme entre les deux Corées par exemple. Mais cette frontière a fini par être érigée en véritable barrière, tout en revêtant une dimension de plus en plus militarisée. Avec des enjeux politiques, économiques, territoriaux ou migratoires. Et un immense paradoxe : le fait que les ressortissants des deux États peuvent circuler par d’autres moyens entre les deux pays alors que, localement, la séparation terrestre se renforce progressivement depuis la fermeture de la frontière en 1994, à l’initiative première du Maroc. Quoique bien close, cette ligne de démarcation n’est pas si étanche que ça ! Elle reste néanmoins ouverte aux échanges transfrontaliers irréguliers. La limitation de circulation et les événements politiques entre les deux pays n’ont pas abouti en effet à l’assèchement économique total des échanges de part et d’autre, favorisés il est vrai par une certaine forme de mobilité pendulaire. L’axe est également emprunté par des migrants issus de l’Afrique subsaharienne.

    Pour sa part, le Maroc pratique ce que les spécialistes appellent une «teichopolitique», c’est-à-dire une politique de cloisonnement de l’espace et d’édification de barrières diverses. Raisons officielles invoquées : la lutte contre l’immigration clandestine, la contrebande et la protection face au terrorisme. Arguments injustifiés, estiment les Algériens qui répondent par le creusement de tranchées à la construction de barrières murales par le Maroc. Les conséquences géopolitiques et économiques de la fermeture de la frontière sont assez évidentes pour être rappelées ici même. Mais alors quel avenir pour cette frontière fermée ? De manière générale, son ouverture était plus un souhait ardent marocain qu’algérien. Le gouvernement alaouite déclare vouloir ouvrir la frontière, tout en construisant des murs le long de cette ligne de démarcation et en prétendant, de manière spécieuse, se heurter au refus des autorités algériennes. Ces dernières sont pourtant catégoriques : elles n’ouvriront pas la frontière tant que les points en litige ne seront pas éclaircis à la faveur d’un dialogue serein et déconnecté du problème du Sahara Occidental.
    Une évidence rappelée par Ramtane Lamamra, comme on l’a déjà vu, par la pertinente formule des relations étatiques anormales et des rapports exemplaires entre les deux peuples.

    Le Soir d’Algérie, 19/07/2021

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  • Le Maroc provoque l’Algérie: Qui sème le vent récolte sa tempête

    Pour faire dans la manipulation de l’opinion publique internationale et retarder par la même occasion le referendum de l’autodétermination du peuple Sahraoui qui lutte pour son indépendance depuis 1975, le Makhzen fait dans la provocation comme d’habitude contre l’Algérie qui ne partage pas les même visions et stratégie politique.

    Le Maroc s’en prend encore une fois contre l’Algérie. L’Algérie répond avec sagesse politique et diplomatique sans failles. Se trompant souvent de cibles, le royaume marocain qui vie dans le désespoir distribue des tracts clandestinement ou de manière informelle dans une institution international qui a dit son mot depuis longtemps sur la justesse de la cause du peuple Sahraoui. 
    Le makhzen, ne sait pas que le mouvement autonome MAK est prêt à même se dissoudre pour répondre au makhzen qui réprime la région du RIF. Le RIF aussi est un mouvement populaire Marocain qui veut son autonomie et détachement du makhzen et du Royaume injuste et colonialiste. Le makhzen doit compter le nombre des prisonniers du RIF et du peuple Sahraoui avant de soutenir tel ou tel mouvement. 
     Le makhzen doit répondre au RIF qui réclame la démocratie dans un Royaume colonialiste et dictateur jusqu’aux dents. Surtout après avoir établi des rapports secrets entre les services et marocain avec des éléments du MAK. Eh bien, les éléments du MAK ne sont pas des boucs émissaires marocains pour se soumettre à votre ordre. L’adage populaire algérien le dit si bien « Je déteste mon frère, mais, je déteste beaucoup plus celui qui le frappe». 
    Il suffit de connaitre le terrain et nous sommes sur le terrain pour répondre au makhzen que votre soutien à tel ou tel mouvement est caduc d’avance. Ce n’est pas la première fois que le makhzen fait dans la provocation. Le makhzen ne sait plus à quel sain se vouer ni à quelle institution internationale se plaindre en raison de l’avancement de la cause du peuple Sahraoui. 
    Le Maroc fait face à une double pression interne et externe depuis son rapprochement avec l’entité sioniste, un autre colonisateur de la Palestine et qui se sème la mort et la honte dans le moyen orient dévasté par les guerres entre les pays de la région. 
    Le Maroc se trouve et se retrouve victime de la politique du makhzen qui exploite les richesses d’un autre pays voisions d’une part et d’autres part, alimente le marché mondiale de la drogue via les frontières algérienne, un autre pays voisin qui lutte pour le droit des peuples dans le cadre la légalité internationale. Ce sont deux politiques et deux pays incomparables. 
    L’Algérie active dans la transparence et la légalité internationale. Le Maroc, fait dans le chantage et la nuisance régionale et internationale. Il y a des limites à tout.
    A. C.
    Algérie62, 18/07/2021
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