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  • Lamamra face aux grands conflits autour de l’Algérie

    RAMTANE LAMAMRA : Un diplomate au long cours face aux grands conflits autour de l’Algérie

    Le retour de Ramtane Lamamra à la tête de la diplomatie algérienne est accueilli avec une grande satisfaction, même si son prédécesseur n’a pas démérité eu égard aux nombreux dossiers et défis diplomatiques posés à l’Algérie.

    Au regard de son expérience et de sa grande renommée internationale, Ramtane Lamamra, faiseur de paix selon sa bonne formule va donner une nouvelle impulsion à la diplomatie algérienne.

    Lors de sa prise de fonction il a aussitôt donné le « la » en indiquant que la portée de l’action « proactive dans la politique étrangère », et les priorités de la diplomatie algérienne chargée « d’œuvrer dans le sens de l’unification des rangs dans la région, du maintien et du renforcement de son rôle pionnier sur le continent africain. » « Nous assistons à une instabilité et à des changements imprévisibles aux niveaux régional et international, d’où l’importance de l’action proactive qui nous érigerait en acteurs influents sur la scène internationale et nous permettrait d’apporter notre contribution, comme par le passé, à l’instar des pays dont l’influence sur le cours des évènements les plus importants dans l’histoire de la communauté internationale dépasse de loin leur poids économique ou leur dimension géographique ».

    Même s’il compte redonner à la diplomatie algérienne une place de choix sur la scène internationale le nouveau chef de la diplomatie algérienne a des priorités et notamment la crise en Libye et à la situation au Mali et au Sahara occidental.

    De par son passage aux ambassades de New-York et Washington mais aussi Addis Abeba et à l’UA a une approche clairvoyante du règlement des crises. C’est lors de son ministère que l’initiative des pays du voisinage de la Libye a été lancée par l’Algérie en privilégiant une solution politique et inclusive à la crise libyenne tout en insistant sur l’intégrité territoriale de la Libye.

    Il a aussi été l’artisan de l’accord de paix et de réconciliation au Mali. L’accord d’Alger qui redevient d’une brulante actualité et que les parties maliennes veulent mettre en application. Ils trouveront une oreille attentive d’autant que l’annonce a grand fracas du gel voire du retrait de la force Barkhane a ravivé les tensions et le terrorisme au nord Mali.

    L’action diplomatique de Ramtane Lamamra est d’autant plus efficace qu’il a été aussi Commissaire pour la paix et la sécurité à l’Union africaine et qu’il jouit d’un grand respect au sein de la famille africaine. Pour ce qui est du Sahara occidental, un processus de décolonisation inachevé et que le Maroc veut détourner de sa véritable nature en s‘appuyant sur une décision mort née de Trump, allant à la trahison de la Nation arabe, la diplomatie algérienne a toujours soutenu l’action de la diplomatie sahraouie qui a assené défaite sur défaite au Maroc, dans un splendide isolement.

    C’est dire que la nomination par le président Tebboune de Ramtane Lamamra intervient à un moment charnière de la diplomatie algérienne qui doit se redéployer alors que les enjeux géopolitiques exigent savoir-faire, expérience et renommée internationale.

    M. Bendib

    Le Courrier d’Algérie, 10/07/2021

    Etiquettes : Algérie, Ramtane Lamamra, Sahara occidental, Libye, Mali, Sahel, Barkhane, Maroc, expérience, diplomatie, renommée internationale,

  • Les difficiles relations entre le Maroc et les pays de l’Union européenne

    Mohammed VI a progressivement interrompu la collaboration avec l’Espagne voisine et, depuis mai dernier, avec l’Allemagne. La raison de ces frictions est le Sahara occidental, et la reconnaissance par les États-Unis de l’autorité marocaine sur cette région le 10 décembre dernier.

    Les relations du Maroc avec les pays de l’Union européenne se détériorent peu à peu. Pas avec tous : le pays maghrébin entretient une relation privilégiée avec la France, relation qui existe depuis 1956, date à laquelle les transalpins ont accordé l’indépendance aux maghrébins (contrairement à l’Algérie, qui a dû passer par une guerre très sanglante qui a causé, entre 1954 et 1962, plus d’un million de victimes, pour arriver à la décolonisation, le 5 juillet il y a 60 ans), mais ces derniers mois, le roi Mohammed VI a progressivement interrompu la collaboration avec l’Espagne voisine et, depuis mai dernier, avec l’Allemagne.

    La crise des migrants de Ceuta a ouvert une brèche difficile à colmater avec Madrid, à laquelle s’ajoute le retrait des soldats espagnols de l’exercice African Lion 21, mais, si possible, les escarmouches avec Berlin sont encore plus inquiétantes.

    Le sujet de discorde reste le Sahara occidental, l’ancienne colonie espagnole contrôlée par le Maroc depuis 1975. Après la reconnaissance par les États-Unis de l’autorité marocaine sur la région le 10 décembre dernier, l’Allemagne a exprimé son désaccord, appelant Washington à « agir conformément au droit international » et soumettant une demande au Conseil de sécurité des Nations unies pour une étude plus approfondie.

    L’opinion allemande s’est également manifestée sur les médias sociaux, où l’image du drapeau du Front Polisario (le parti qui réclame l’autodétermination du Sahara occidental, ndlr) affiché devant le palais régional de Brême a fait sensation. Un geste qui a particulièrement irrité Rabat.

    La situation s’est encore aggravée en mai, lorsque le Maroc a rappelé son ambassadeur en Allemagne, Zohour Alaoui, et a attaqué les politiques allemandes via Twitter, affirmant que « l’Allemagne s’est éloignée de l’esprit constructif concernant le Sahara occidental » et que « les autorités allemandes agissent en complicité avec un individu précédemment impliqué dans des actes de terrorisme, en déclassifiant des informations sensibles communiquées par les services de sécurité marocains à leurs homologues en Allemagne ».

    La friction diplomatique a pris les contours d’une histoire d’espionnage, immédiatement atténuée par l’hebdomadaire allemand Der Spiegel : l’individu mentionné sur le profil Twitter officiel des bureaux diplomatiques marocains est en fait Mohamed Hajib, 40 ans.

    Mi-allemand, mi-marocain, Hajib est un dissident vivant à Düsseldorf, après avoir été emprisonné au Maroc de 2010 à 2017 en raison de son appartenance à la Jamaat Tabligh, une organisation islamique fondée en 1926 dans le sud de l’Inde et répandue principalement dans le sous-continent indien et au Moyen-Orient, mais qui compte des adeptes reconnus dans environ 150 pays dans le monde. Les Tablighi, connus pour être des musulmans très observants et extrêmement rigides, ont toujours été combattus par la dynastie régnante du Maroc, qui voit en eux une menace tant religieuse que politique.

    Pendant sa détention, Hajib a été soumis à des coups et des tortures de la part de ses geôliers, mais aussi à des déplacements constants, comme l’atteste le rapport de l’ambassadeur d’Allemagne au Maroc, qui parlait en 2011 de « blessures non négligeables » et « d’abus et de violences physiques infligés dans les prisons de Salé et de Meknès ».

    Les tortures ont ensuite été constatées par l’expertise d’un médecin légiste de Düsseldorf qui, en 2017, avec un psychiatre, un dermatologue et une équipe d’autres spécialistes, a confirmé les violences et donné le feu vert à l’octroi d’une allocation d’invalidité de 50 % pour l’homme, qui a depuis demandé au gouvernement de Berlin 1,5 million d’euros en compensation de l’expulsion de son pays d’un citoyen qui avait un passeport allemand (le procès est toujours en cours, ndlr).

    Le dissident revient aujourd’hui sur le devant de la scène en raison des contenus qu’il publie sur les réseaux sociaux. Hajib dispose en effet d’une chaîne YouTube et d’un profil Facebook par le biais desquels il attaque presque quotidiennement le Maroc et les politiques de Mohammed VI, incitant le peuple maghrébin à la rébellion et à la protestation.

    Ce qui irrite le gouvernement de Rabat, ce n’est pas tant le fait que sur son territoire, de plus en plus de personnes prennent les vidéos du youtuber comme une invitation à manifester, que l’incapacité à endiguer l’énorme impact que Hajib a dans la communauté marocaine vivant en Allemagne et qui regarde désormais avec suspicion l’établissement de leur pays d’origine.

    Si, en effet, il est plus facile de faire taire les témoignages des dissidents sur le sol marocain (et les moyens sont multiples : perquisitions, arrestations, interrogatoires très longs, menaces, saisies de biens), il est beaucoup plus difficile d’éviter un changement à l’étranger de l’idée que la communauté internationale et l’opinion publique se font du Maroc, qui passe du statut de partenaire fiable à celui de pays à regarder avec suspicion.

    En outre, la méfiance de la chancelière Merkel à l’égard du pays d’Afrique du Nord, qui, début 2020, n’a pas été invité à Berlin à la conférence internationale sur la situation en Libye, a presque irrémédiablement endommagé une relation bilatérale qui, il y a seulement un an et demi, semblait très solide.

    L’affrontement se joue maintenant sur le plan économique : l’Allemagne a en effet gelé le financement d’un milliard de dollars destiné à la coopération et au développement du Maroc. Un porte-parole du ministre allemand des affaires étrangères, Heiko Maas, a noté que les projets sont « totalement suspendus » et que le ministre a été surpris par la politique unilatérale de Mohammed VI.

    Renforçant le non au déblocage du milliard de dollars, un document du ministère allemand de la Coopération économique et du Développement, selon lequel le Maroc était en 2019 le troisième pays pour les fonds reçus de l’Allemagne, après l’Égypte et la Tunisie (avec laquelle les relations diplomatiques sont plutôt détendues, ndlr).

    La partie la plus importante du financement a été la réalisation de « Power to X », une étude sur la production d’hydrogène vert, un gaz que l’Union européenne considère comme une alternative très valable aux combustibles fossiles.

    L’arrêt brutal des projets de transition écologique affecte l’ambitieux projet du gouvernement de Rabat, qui vise à atteindre 52% d’énergies renouvelables d’ici 2030 et, à plus long terme, à exporter des énergies propres. Le plan marocain concerne de près l’Europe avant tout : la perspective, du moins avant l’effondrement des soldes, était de créer un marché intégré de l’électricité, comme l’explique la feuille de route sur le commerce de l’énergie issue de sources renouvelables signée en 2016 par l’Espagne, le Portugal, la France et l’Allemagne.

    La perte de deux pays ayant des alliés aussi importants complique la situation et met en lumière l’autoritarisme excessif de la politique marocaine : les dissidents se multiplient à vue d’œil, tandis que les arrestations pour des raisons plus ou moins spécieuses ne montrent aucun signe de diminution et concernent également des citoyens italiens.

    Fin juin, en effet, une jeune femme de 23 ans possédant un double passeport a été arrêtée dès son atterrissage à Marrakech, jugée et condamnée à deux ans de prison pour avoir offensé la religion islamique avec une caricature publiée sur Facebook en 2019.

    Le consulat italien a immédiatement demandé un entretien avec la jeune fille afin d’élaborer une stratégie juridique, tandis que le ministère des affaires étrangères suit la situation, mais il est clair que Mohammed VI érige un mur idéal et idéologique avec l’Europe.

    Peut-être s’est-il inspiré du mur de 2500 km de long qui entoure les territoires occupés du Sahara occidental et qui est le deuxième plus grand au monde après la Grande Muraille de Chine. A la différence que le mur du désert nord-africain est jonché de mines anti-personnel (environ 10 millions, ndlr), pour ne rien rater.

    Linkiesta, 09/07/2021

    Etiquettes : Maroc, Union Européenne, UE, Espagne, Allemagne, Sahara Occidental, Mohamed Hajib,

  • Ceuta : Un Schengen en Afrique

    Les gardiens de l’UE : la coopération hispano-marocaine à Ceuta

    Entre lundi 17 et mardi 18 mai 2021, plus de 8 000 personnes ont traversé à la nage ou à pied le Maroc jusqu’à la côte espagnole de Ceuta, sans être arrêtées par les autorités marocaines. Ceuta, avec sa frontière fortement sécurisée et ses hautes clôtures, est depuis longtemps un symbole de la « forteresse Europe », mais l’Espagne compte beaucoup sur l’externalisation des contrôles frontaliers pour y parvenir.

    Par Isabella Leroy

    Depuis le lundi 17 mai 2021, on estime que 8 000 personnes ont traversé du Maroc vers Ceuta, une ville espagnole de 84 000 habitants située sur la côte du nord du Maroc. La plupart d’entre eux ont voyagé du Maroc à Ceuta à la nage, mais certains l’ont également fait sur de petits radeaux ou bateaux ou à pied. Certains d’entre eux pourraient bénéficier d’une protection internationale, notamment les mineurs étrangers non accompagnés. La passivité inhabituelle de la police marocaine à la frontière a permis à ces personnes d’entrer librement en Espagne. Malgré cela, un homme est mort pendant la tentative.

    Le Premier ministre espagnol, Pedro Sánchez, s’est rendu à Ceuta après avoir souligné la nécessité de défendre l’ »intégrité territoriale » de l’Espagne. Le gouvernement espagnol a déployé l’armée, y compris des chars militaires sur les plages de Ceuta, et le ministère de l’intérieur affirme que 5 600 des personnes entrées illégalement à Ceuta sont depuis « rentrées au Maroc ».

    Contexte

    En novembre 2020, le cessez-le-feu de 1991 entre le Maroc et le Front Polisario, le mouvement de libération du peuple sahraoui qui revendique le contrôle du Sahara occidental, a pris fin brutalement. Fin avril 2021, les autorités espagnoles ont accepté le transfert de Brahim Ghali, le secrétaire général du Front Polisario, vers l’hôpital espagnol de Logroño après avoir été infecté par le COVID 2019. Cette décision va à l’encontre de la position des autorités marocaines, qui ont mis en garde à plusieurs reprises contre d’éventuelles répercussions diplomatiques pour ce qu’elles considèrent comme un soutien politique au mouvement séparatiste.

    La décision des autorités marocaines de ne pas empêcher le passage de la frontière est probablement le résultat des récentes tensions diplomatiques entre l’Espagne et le Maroc au sujet de l’hospitalisation secrète de Brahim Gali. Cependant, le Maroc a réfuté ces allégations, soulignant plutôt la manière secrète et lourde dont Brahim Gali a été amené en Espagne et la position ambiguë du gouvernement espagnol concernant le Sahara Occidental. Dans ce contexte, des personnes détenues au Maroc ont profité de l’assouplissement de la frontière pour traverser.

    L’arrivée de ce groupe de personnes en transit, dont des demandeurs d’asile, a incité la commissaire européenne aux affaires intérieures, Ylva Johansson, à appeler à la solidarité avec l’Espagne et à souligner l’importance de la coopération de l’UE avec le Maroc. Le plus important maintenant est que le Maroc poursuive ses efforts pour empêcher les départs illégaux et que ceux qui n’ont pas le droit de rester soient renvoyés de manière ordonnée et efficace, a-t-elle déclaré. Les députés ont accusé le Maroc d’utiliser les mineurs non accompagnés comme des pions diplomatiques, mais sont satisfaits de la décision des autorités marocaines de reprendre les mineurs marocains non accompagnés et des efforts déployés pour les réunir avec leurs familles. Ces membres ont également souligné que « Ceuta est une frontière extérieure de l’UE dont la protection et la sécurité concernent l’ensemble de l’Union européenne ». Les députés marocains ont dénoncé ce qu’ils appellent « l’européanisation » d’une crise bilatérale.

    Comment l’UE et l’Espagne externalisent-elles la gestion des frontières à Ceuta ?

    L’externalisation est un processus par lequel l’Union européenne externalise une partie du contrôle de ses frontières en dehors de son propre territoire. Ceuta est un exemple clair de cette politique, où l’Espagne travaille en étroite collaboration avec le Maroc malgré les différends territoriaux, aboutissant à la situation quelque peu paradoxale où le Maroc contribue à la sécurité frontalière tout en refusant de reconnaître la frontière terrestre parce qu’il revendique toujours la souveraineté sur Ceuta.

    Schengen en Afrique : Ceuta comme frontière extérieure de l’UE

    Ceuta est, avec Melilla, l’une des deux enclaves espagnoles sur la côte du Maroc et est espagnole depuis le 16e et le 15e siècle, respectivement. Cependant, il existe toujours des différends territoriaux avec le Maroc au sujet des deux villes. En tant que villes autonomes, elles font partie de l’UE, mais avec des exceptions importantes, notamment le territoire douanier communautaire, la politique commerciale commune et les dispositions de l’UE relatives à la libre circulation des marchandises, la politique commerciale commune et les politiques de l’UE en matière de pêche et d’agriculture. Toutefois, ils ne bénéficient d’aucune exemption, dérogation ou exception en matière d’immigration en vertu de la législation européenne, de sorte que le même cadre juridique européen s’applique à Ceuta et Melilla que dans le reste de l’Espagne. Néanmoins, l’Espagne a introduit une dérogation à l’expulsion collective. Cette exception ne s’applique qu’à Ceuta et Melilla, ce qui a revêtu une importance particulière dans l’affaire récente de la Cour européenne des droits de l’homme dans l’affaire ND et NT c. Espagne. Depuis que l’Espagne a adhéré à l’accord de Schengen en 1991, Ceuta et Melilla sont les seules frontières terrestres de l’UE situées sur le continent africain, faisant ainsi office de frontière entre l’UE et l’Afrique. Avec les îles Canaries – où le nombre d’arrivées a également augmenté en 2021 – elles forment la frontera sur (« frontière sud ») de l’Espagne et constituent une source essentielle de premières arrivées de demandes d’asile.

    En raison de sa situation géographique, Ceuta est devenue une zone de transit populaire pour la migration du continent subsaharien vers l’UE. En conséquence, la frontière a été de plus en plus sécurisée, notamment avec l’aide de fonds européens. En 1995, la frontière entre Ceuta et le Maroc a été entourée d’une clôture toujours plus haute, qui est devenue l’incarnation de la « forteresse Europe ». Depuis lors, elle a été renforcée par une deuxième clôture pour fermer l’enclave aux personnes qui tentent de traverser depuis le Maroc. En outre, la forte présence de gardes-frontières espagnols et marocains rend la frontière pratiquement impénétrable, et les patrouilles des deux côtés de la frontière empêchent généralement les gens de la traverser. Il est également question de l’introduction d’une technologie de reconnaissance faciale.

    En raison de la militarisation croissante de la frontière, il est pratiquement impossible de la franchir sans visa. Les personnes souhaitant se rendre à Ceuta ou Melilla ont quatre possibilités. Tout d’abord, ils peuvent, du moins en théorie, demander l’asile à l’un des postes frontières de Ceuta ou Melilla, mais dans la pratique, cela est difficile, voire impossible, surtout pour les migrants subsahariens, en raison du recours au profilage ethnique. C’était l’un des principaux problèmes de la ND et de la NT contre l’Espagne. Deuxièmement, certaines personnes ont recours à de faux passeports marocains pour entrer dans les enclaves. Ces deux options ne sont disponibles que pour un nombre très limité de personnes. Troisièmement, ils peuvent franchir les deux barrières (une du côté espagnol et une du côté marocain), ce qu’ils tentent parfois en groupe pour avoir plus de chances de réussir. Enfin, certains tentent de rejoindre les enclaves par la mer depuis le côté marocain, ce qui implique souvent de nager pendant plusieurs heures depuis le Maroc pour atteindre la côte du côté espagnol, en évitant la surveillance des patrouilles frontalières. C’est la voie que les gens ont choisie lorsqu’il est apparu que les gardes-frontières du côté marocain n’empêchaient pas l’entrée en Espagne. Ces récents passages de frontière sont remarquables précisément parce que la frontière, généralement très sécurisée, est devenue quelque peu perméable pendant une courte période. L’absence d’autres voies légales pour rejoindre Ceuta explique pourquoi de nombreuses personnes ont profité du report des contrôles frontaliers par le Maroc pour franchir la frontière.

    La dépendance de l’UE à l’égard de la coopération des pays tiers pour sa gestion des migrations a été particulièrement visible dans cet incident. Le vice-président de la Commission européenne, Margaritis Schinas, a déclaré : « Ceuta, c’est l’Europe. Cette frontière est une frontière européenne, et ce qui s’y passe et s’y est passé n’est pas seulement un problème pour Madrid, c’est un problème pour toute l’Europe ». « Personne ne peut faire chanter l’Union européenne », a-t-il ajouté.

    La coopération hispano-marocaine comme externalisation de la politique migratoire de l’UE

    La coopération entre l’UE, les autorités espagnoles et marocaines reste néanmoins essentielle au fonctionnement de Ceuta, car elle vise à réduire le nombre d’immigrants clandestins quittant les côtes marocaines. L’accord bilatéral de réadmission de 1992 entre le Maroc et l’Espagne a également été utilisé, par exemple, pour justifier le retour immédiat de ressortissants de pays tiers transitant par le Maroc.

    Bien que cette coopération ait permis de détourner les routes migratoires des enclaves, elle dépend fortement de la coopération des autorités marocaines. Les efforts du Maroc pour empêcher l’entrée illégale de la côte sud ont également été utilisés comme un atout dans d’autres négociations par le passé. Un arrêt de 2016 de la Cour de justice de l’Union européenne concernant un différend douanier UE-Maroc – défavorable au Maroc – a incité le ministre marocain de l’Agriculture, Aziz Akhanouch, à rappeler à l’UE que « toute restriction à l’application [de l’accord euro-méditerranéen] garantit un risque réel de reprise des flux migratoires que le Maroc a réussi à maîtriser. » L’augmentation récente du nombre de nouveaux arrivants à Ceuta est un autre exemple de la dépendance de l’UE vis-à-vis des pays tiers dans le domaine de la migration et de l’asile. En outre, toute mesure prise par les autorités marocaines a un impact direct sur les enclaves.

    Enfin, la situation à Ceuta n’est pas sans précédent, puisqu’elle se déroule aux frontières extérieures de l’UE. À bien des égards, elle est similaire à la décision turque de ne pas faire obstacle à la traversée des demandeurs d’asile syriens vers la Grèce en mars 2020. Le contrôle et la gestion des frontières extérieures reposent en grande partie sur la coopération avec les pays tiers en matière d’asile et de migration.

    Verblijfblog, 02/02/2021

    Etiquettes : Espagne, Maroc, Ceuta, Melilla, Union Européenne, UE, frontières, Schengen, migration, Sahara Occidental,

  • Normalisation marocaine avec Israël : Accord temporaire ou paix permanente ?

    Khalil al-Anani*

    Le 16 juin 2021, le roi Mohammed VI du Maroc a envoyé une lettre de félicitations au nouveau premier ministre israélien, Naftali Bennett. Cela n’aurait peut-être pas été surprenant puisque le Maroc a normalisé ses relations avec Israël en décembre 2020. Cependant, le même jour, le Premier ministre marocain Saadeddin Othmani a chaleureusement accueilli Ismail Haniyeh, chef du bureau politique du Hamas, qui s’est rendu au Maroc avec une délégation de haut niveau. Ces deux événements peuvent sembler contradictoires, mais ils reflètent en fait le dilemme du Maroc, qui doit trouver un nouvel équilibre dans ses relations avec Israël et l’engagement de Rabat envers la cause palestinienne. Ainsi, la question cruciale est posée : la normalisation des relations entre le Maroc et Israël contribuera-t-elle à instaurer une paix permanente au Moyen-Orient, ou deviendra-t-elle un autre accord temporaire ?

    Une vague de normalisation

    Le 13 août 2020, l’ancien président américain Donald Trump a annoncé que les Émirats arabes unis et Israël avaient accepté de normaliser leurs relations. Quelques semaines plus tard, Bahreïn a rejoint les Émirats arabes unis et a accepté d’établir des relations diplomatiques complètes avec Israël. Le 15 septembre, les trois pays, Israël, les EAU et Bahreïn, ont signé des accords de paix négociés par les États-Unis. À l’époque, il semblait qu’une vague sans précédent de normalisation entre Israël et les pays arabes était sur le point de se produire. En effet, quelques mois plus tard, le Maroc et le Soudan ont rejoint la liste. Bien que ces pays arabes affirment que leur normalisation avec Israël favorisera la paix au Moyen-Orient, chacun a ses propres raisons et motifs. Par exemple, les EAU et le Bahreïn cherchent à renforcer leur partenariat avec Israël pour des raisons géostratégiques, sécuritaires et économiques. Les deux pays estiment que leur alliance avec Israël pourrait les aider à contrer l’influence régionale de l’Iran, qui, selon eux, a un impact sur leur sécurité et la menace. Ils souhaitent également bénéficier de la technologie israélienne, notamment dans les domaines de la cybersécurité et du renseignement, afin de faire contrepoids à leurs ennemis régionaux et de réprimer l’opposition intérieure. Plus important encore, la normalisation avec Israël aide ces pays à renforcer leurs relations avec les États-Unis.

    Les EAU et Bahreïn cherchent à renforcer leur partenariat avec Israël pour des raisons géostratégiques, sécuritaires et économiques.

    En ce qui concerne le Maroc, la normalisation avec Israël remonte à plusieurs décennies. Les deux pays ont eu des relations officielles après la signature des accords d’Oslo entre Israël et les Palestiniens en 1993. Toutefois, ces relations ont été interrompues après le déclenchement de la deuxième intifada palestinienne en septembre 2000. Ce ne fut donc pas une totale surprise lorsque le Maroc a décidé de reprendre ses relations bilatérales avec Israël. Le 10 décembre 2020, après que le président Trump a annoncé que le Maroc acceptait de normaliser ses relations avec Israël et de reprendre les contacts officiels et les relations diplomatiques entre les deux pays, le Maroc a déclaré que le roi Mohammed avait promis de « faciliter les vols directs pour transporter les Juifs d’origine marocaine et les touristes israéliens vers et depuis le Maroc et de rouvrir les bureaux de liaison, qui avaient été fermés en 2002. » Il convient de noter qu’un million de Juifs en Israël sont d’origine marocaine et que quelque 50 000 Israéliens se rendent au Maroc chaque année.

    Par ailleurs, l’administration Trump a notifié au Congrès son intention de vendre au Maroc pour un milliard de dollars de drones et d’armes à guidage de précision. Les États-Unis se sont également engagés à ouvrir un consulat dans la ville de Dakhla au Sahara occidental afin d’y renforcer les opportunités économiques et d’investissement, selon le texte du mémorandum, reconnaissant ainsi la revendication du Maroc sur le Sahara occidental contesté.

    Le 22 décembre 2020, Israël et le Maroc, sous les auspices des États-Unis, ont commencé à élaborer le cadre de leurs accords globaux. Quatre accords ont été signés : le premier concerne l’exemption des procédures de visa pour les détenteurs de passeports diplomatiques et de service ; le deuxième est un protocole d’accord dans le domaine de l’aviation civile ; le troisième est un protocole d’accord sur  » l’innovation et le développement des ressources en eau  » ; et le quatrième prévoit de relancer les relations économiques entre les deux pays à travers le commerce et l’investissement, en plus de négocier d’autres accords qui encadrent ces relations.

    Les impulsions du Maroc pour la normalisation avec Israël

    La normalisation entre le Maroc et Israël peut être décrite comme un compromis qui élargirait l’acceptation d’Israël parmi ses voisins arabes en échange d’avantages économiques, géostratégiques et politiques pour Rabat. Les responsables marocains estiment que la normalisation avec Israël renforce l’influence régionale et mondiale de leur pays. Premièrement, la normalisation du Maroc avec Israël est un élément clé de l’accord signé le 10 décembre 2020 par Rabat et Washington, dans lequel le second reconnaît la souveraineté du premier sur le Sahara occidental contesté. Certes, le conflit du Sahara occidental est une priorité de la politique étrangère du Maroc depuis des décennies. Dans le même temps, les deux pays ont signé deux protocoles d’accord dans lesquels les États-Unis se sont engagés à investir 3 milliards de dollars au Maroc et dans la région du Sahara. En reconnaissant la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, Trump a offert à Rabat un cadeau qu’il attendait depuis des décennies.

    La normalisation du Maroc avec Israël est un élément clé de l’accord signé le 10 décembre 2020 par Rabat et Washington, dans lequel le second a reconnu la souveraineté du premier sur le Sahara occidental contesté.

    Une deuxième incitation est que la relation trilatérale entre Rabat, Washington et Tel Aviv pourrait renforcer la position régionale du Maroc en Afrique du Nord, notamment en ce qui concerne la concurrence politique et stratégique avec l’Algérie. Avant de quitter ses fonctions en janvier, l’administration Trump a proposé de vendre jusqu’à 1 milliard de dollars d’armes au Maroc, y compris quatre drones MQ-9 Reaper à capacité de tir et des munitions à guidage laser. Elle s’est également engagée à ouvrir le consulat à Dakhla – une invitation claire aux autres pays à établir leurs propres consulats dans la région, aidant ainsi le Maroc à affirmer sa souveraineté.

    Troisièmement, les officiels de Rabat pensent que la reconnaissance par l’Amérique de la souveraineté marocaine sur le Sahara Occidental mettrait plus de pression sur les autres pays, en particulier ceux d’Europe, pour qu’ils fassent de même. Par conséquent, il n’est pas surprenant que le ministre marocain des affaires étrangères Nasser Bourita ait déclaré que l’Union européenne devrait sortir de sa « zone de confort » et soutenir l’offre de Rabat d’une autonomie pour le Sahara Occidental dans le cadre de l’Etat marocain.

    Quatrièmement, le Maroc vise à renforcer sa collaboration économique avec Israël, qui s’est développée au cours des dernières années. Selon certains rapports israéliens, le Maroc fait partie des quatre premières nations africaines d’où Israël importe des biens, et il est neuvième en matière d’exportations avec 149 millions de dollars d’échanges entre 2014 et 2017. En outre, le secteur de l’énergie est un autre domaine dans lequel les deux pays pourraient collaborer, car le Maroc ne dispose pas de beaucoup de ressources énergétiques et aimerait étendre son utilisation des énergies renouvelables, car il importe environ 90 % de ses besoins énergétiques depuis 2013. Israël exporte également du gaz naturel ainsi qu’une expertise technique dans le domaine de l’énergie solaire. Avec son secteur de l’agriculture, de la sylviculture et de la pêche, qui contribue à hauteur de 15 % au produit intérieur brut et emploie environ 45 % de la main-d’œuvre, le Maroc peut constituer un énorme marché pour la technologie agricole israélienne.

    Enfin, la collaboration militaire entre le Maroc et Israël s’est accrue au cours des dernières décennies et elle devrait continuer à augmenter après la normalisation. Selon certains rapports, l’armée de l’air marocaine a acquis trois drones Heron pour 50 millions de dollars en 2013 qui ont été fabriqués par Israel Aerospace Industries. Ils ont été livrés au Maroc via la France et ont été utilisés au Sahara occidental.

    Un pari sans garanties

    Malgré les gains que le Maroc pourrait tirer de la normalisation avec Israël, cette étape reste un pari à haut risque car elle n’atteint pas nécessairement les intérêts du Maroc autant que ceux d’Israël. L’histoire en témoigne. Par exemple, la normalisation entre Israël et l’Egypte n’a pas permis d’améliorer les conditions socio-économiques dans les deux pays. Le cas d’Israël et de la Jordanie est similaire. En fait, ces conditions ont empiré au cours des quatre dernières décennies. S’il est vrai que la normalisation a aidé ces régimes autoritaires à rester au pouvoir, elle a également créé un fossé énorme avec leur propre population, qui rejette toujours la normalisation. Il est probable que le Maroc connaisse le même sort, car la plupart des Marocains sont contre ce mouvement. Selon le dernier indice d’opinion arabe (2019-2020) du Centre arabe de recherche et d’études politiques de Doha, au Qatar, environ 88 % des Marocains s’opposent à la reconnaissance diplomatique d’Israël, et 70 % considèrent que la question palestinienne concerne tous les Arabes. Par conséquent, plusieurs organisations et militants marocains ont critiqué la décision de normaliser les relations avec Israël et ont rejeté l’accord.

    Malgré les gains que le Maroc pourrait tirer de la normalisation avec Israël, cette étape reste un pari à haut risque car elle ne sert pas nécessairement les intérêts du Maroc autant que ceux d’Israël.

    Il est important de noter que pendant des décennies, le Maroc a été considéré comme un fervent partisan de la cause palestinienne, notamment parce qu’il a présidé le Comité de Jérusalem, qui a été formé en 1975 par l’Organisation de la coopération islamique pour protéger Jérusalem de la colonisation et des colonies israéliennes. L’image du Maroc dans le monde arabe pourrait désormais souffrir de cette normalisation.

    En outre, la reconnaissance unilatérale par les États-Unis de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental peut être coûteuse et complique la question. En fait, la proclamation de Trump a suscité de nombreuses critiques internes au Maroc, aux Nations Unies et aux alliés américains en Afrique et au-delà, car elle ajoute de l’huile sur le feu à une question hautement contestée et contestable. En avril, le Secrétaire d’État américain Antony Blinken a assuré à son homologue marocain Nasser Bourita, lors d’un appel téléphonique, que l’administration Biden n’a pas l’intention de revenir sur la reconnaissance du « Sahara marocain ». Toutefois, si l’administration Biden n’a pas annulé la proclamation de Trump, elle ne devrait pas apporter de soutien diplomatique ou politique au Maroc au Conseil de sécurité de l’ONU sur cette question.

    Gérer les dommages

    Après la récente attaque israélienne sur Gaza qui a fait 256 morts palestiniens, dont 66 enfants, et près de 2000 blessés, la normalisation du Maroc avec Israël a été remise en question. Certains experts arabes pensent que l’attaque est le résultat de la récente vague de normalisation entre Israël et les États arabes, y compris le Maroc, car elle a donné à Israël une couverture politique pour poursuivre ses politiques coloniales envers les Palestiniens. La colère des Arabes, en particulier des jeunes, face aux politiques israéliennes à l’encontre des Palestiniens est sans précédent. Des milliers de Marocains ont largement manifesté après l’assaut meurtrier d’Israël sur Gaza ; ils ont scandé contre Israël et dénoncé les gouvernements arabes qui ont normalisé leurs relations avec Israël, y compris celui du Maroc.

    Afin d’apaiser la colère du public contre Israël et d’atténuer les critiques concernant sa normalisation avec Tel Aviv, Rabat a officiellement condamné les violations « inacceptables » d’Israël à Jérusalem et a autorisé les manifestants à se rassembler et à protester contre Israël.

    Afin d’apaiser la colère de l’opinion publique contre Israël et d’atténuer les critiques concernant sa normalisation avec Tel-Aviv, Rabat a officiellement condamné les violations « inacceptables » d’Israël à Jérusalem et a autorisé les manifestants à se rassembler et à protester contre Israël pendant la guerre contre Gaza en mai. En outre, le Premier ministre Othmani a officiellement invité le chef du Hamas, Ismail Haniyeh, à se rendre à Rabat avec une délégation de haut niveau ; Othmani et les représentants du gouvernement marocain les ont chaleureusement accueillis. Le roi Mohammed VI a également organisé un dîner pour Haniyeh et sa délégation dans une maison d’hôtes habituellement réservée aux invités de marque du Maroc, malgré le fait que les politiques du roi sur la Palestine soient plus proches de la position du président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas que de celle du Hamas. Ce sont là des signes du soutien du Maroc à la cause palestinienne, surtout après la récente guerre israélienne contre Gaza.

    La paix au Moyen-Orient ne sera pas atteinte tant que les causes profondes de la question palestinienne ne seront pas traitées, même si tous les États arabes normalisaient leurs relations avec Israël. Par conséquent, il est prématuré de supposer que l’accord de normalisation entre le Maroc et Israël constitue une étape vers une paix permanente dans la région. C’est un fait que les acteurs nationaux, régionaux et mondiaux doivent réaliser et reconnaître.

    *Khalil al-Anani est Senior Fellow à l’Arab Center Washington DC et professeur associé de sciences politiques à l’Institut d’études supérieures de Doha.

    Arab Center Washington DC, 08/07/2021

    Etiquettes : Maroc, Israël, normalisation, Palestine, Ghaza, Jérusalem, Al Qods, Sahara Occidental,

  • L’Algérie ignore le message de félicitations du roi du Maroc

    Le président algérien Abdelmadjid Tebboune semble avoir enterrer le geste hypocrite des messages interchangés entre Mohammed VI et Abdelaziz Bouteflika. Pour la deuxième fois, il ignore les messages de félicitation du roi du Maroc.

    La première, c’était à l’occasion du retour du président Tebboune d’Allemagne après sa guérison de la covid. En effet, au mois de décembre 2020, Mohammed VI lui avait souhaité un prompt rétablissement.

    Le message du sultan marocain n’a été diffusé par aucun média public algérien, à l’exception de quelques sites privés dont certains sont soupçonnés d’accointance avec le Makhzen.

    A ce moment-là, le Maroc venait d’annoncer son allégeance à l’entité sioniste et son agression contre la populatiopn civile sahraouie à El Guerguerate qui a contraint le Front Polisario à mettre fin au cessez-le-feu qui datait de 29 ans.

    Aujourd’hui, à l’occasion de la Fête de l’Indépendance algérienne, le roi du Maroc a adressé un message de félicitation qui a été de nouveau ignoré.

    En agissant ainsi, Abdelmadjid Tebboune marque sa différence avec son prédécesseur et une nouvelle politique de fermeté envers un régime dont la politique a causé de nombreux préjudices aux peuples de la région.

    Etiquettes : Algérie, Maroc, Sahara Occidental, Front Polisario, message de félicitation,

  • Sahara Occidental : La police marocaine jette un liquide toxique dans la maison de la famille Khaya

     

    Mardi, les policiers marocains qui assiègent la maison de la famille Khaya ont encore jeté un liquide toxique dont l’odeur est insupportable et donne le vertige. 

    La réponse de Sultana Khaya et sa soeur Louaara a été la fermeté : « Ils ne nous arrêteront pas ». Vers  18 heures, les deux militantes sahraouie sont montées sur le toit pour brandir le drapeau de la République Arabe Sahraoie Démocratique.

    Pour rappel, la famille Khaya est interdit de tout mouvement depuis plus de 200 jours dont près de deux mois sans électricité. 
    Leur domicile est encerclé par des agents des forces de sécurité du Maroc et aucune visite n’est autorisée.
    Les autorités d’occupation marocaines ont procédé à toute sorte de torture: les coups, les viols avec des bâtons, et à plusieurs reprises, leur maison a été aspergée avec des liquides toxiques dans le but de les contraindre à arrêter de brandir le drapeau du Sahara Occidental sur leur toit.
    Les exactions commises contre la famille Khaya ont été dénoncées par la rapporteuse spéciale des Nations Unies, Mary Lawlor.
    Etiquettes : Sahara Occidental, Maroc, Sultana Khaya, Louaara Khaya,
  • Sahara Occidental : En attendant le nouvel arrêt de la Cour de justice

    Zigzags européens au Sahara Occidental : En attendant le nouvel arrêt de la Cour de justice

    Chaabane BENSACI
    Alors que les attaques de l’Armée populaire de libération sahraouie (APLS) se poursuivent sans relâche, contre les positions de l’occupant marocain le long du «mur de la honte», depuis l’agression commise contre des civils sahraouis à El Guerguerat en novembre 2020 dont la conséquence directe a été la fin du cessez-le-feu en vigueur depuis 1991, le peuple sahraoui attend avec sérénité la réponse que la Cour de justice européenne (CJUE) doit donner à sa doléance de janvier dernier. 
    En effet, c’est au début de l’année en cours que le Front Polisario a saisi la CJUE pour statuer sur le «pillage des ressources naturelles de son territoire» par l’occupant marocain, notamment en ce qui concerne «l’agriculture d’exploitation». Déjà, en avril 2019, le Front Polisario avait introduit un recours contre la décision du Conseil européen qui a bafoué le droit international en incluant dans l’accord de libre-échange conclu avec le royaume marocain les ressources du peuple sahraoui spolié. 
    Unique et légitime représentant de ce peuple, le Polisario a réclamé l’annulation pure et simple de cet accord illégal en y ajoutant l’accord de pêche signé le 28 janvier 2019 dans des conditions identiques. Par-là même, le Polisario a fait valoir la double violation flagrante que ces accords conclus entre l’UE et le royaume marocain représentent par rapport à la décision antérieure de la Cour de justice européenne et au droit international tel qu’il découle des résolutions des Nations unies.

    En effet, la CJUE avait, auparavant, clairement stipulé que le Sahara occidental et le Maroc sont bel et bien deux territoires distincts et légalement séparés et qu’en l’occurrence, il ne peut ni ne saurait y avoir une quelconque exploitation des ressources sahraouies sans le consentement du peuple concerné. C’était le 21 décembre 2016 mais le principe a été, par après, conforté par deux arrêts en 2018, relatifs à la pêche et au transport aérien! Une décision que le Conseil européen a tout simplement feint d’ignorer et qu’il a, par voie de conséquence, tout simplement piétinée! 

    En découle la conclusion logique selon laquelle le seul accord valable que l’UE est en droit de conclure pour exploiter ces richesses du sol et de la mer sahraouis doit obligatoirement relever d’un deal avec le Front Polisario. Pourtant, c’est malgré l’existence de ces décisions de la CJUE que le Parlement européen a adopté en janvier 2019 un document élargissant au territoire sahraoui les tarifs douaniers préférentiels concédés au royaume marocain, en vertu d’un mémorandum de 2013. Bruxelles a beau prétendre respecter les dispositions onusiennes, les manoeuvres dilatoires auxquelles se livrent les parrains habituels du royaume marocain ne peuvent ni ne doivent continuer, surtout que les conditions de sécurité sur le terrain ont changé avec la reprise des combats par le Front Polisario, au lendemain de l’attaque marocaine à El Guerguerat, d’une part. 
    Et d’autre part, les menaces et le chantage que le royaume marocain aux abois n’a pas hésité à brandir face à l’Allemagne puis à l’Espagne doivent nourrir une saine réflexion, à Bruxelles comme à Strasbourg.
    L’Expression, 06/07/2021
    Etiquettes : Sahara Occidental, Maroc, Front Polisario, ressources naturelles, UE, Cour de justice européenne,


  • L’Université de Ceuta nargue le Maroc

    L’UNED commence un cours d’été entièrement consacré au Sahara Occidental

    Le cours commencera par une conférence du professeur d’histoire contemporaine, Susana Sueiro, consacrée à l’histoire coloniale du Sahara jusqu’en 1975.

    Le cours d’été de l’UNED de Ceuta, intitulé « Le Sahara occidental : de la colonie et de la province espagnole à la situation actuelle », débutera le lundi 12, à 9h45, dans la salle d’examen du Centre universitaire.

    Les étudiants pourront suivre le séminaire en ligne, en direct ou en différé, sans avoir à se rendre au centre, ou en personne pour ceux qui le préfèrent.

    Le cours commencera par une conférence du professeur d’histoire contemporaine, Susana Sueiro, consacrée à l’histoire coloniale du Sahara jusqu’en 1975. Elle sera suivie par l’intervention du professeur émérite d’histoire, Juan Avilés, avec la conférence « Le conflit avec l’Espagne et ses conséquences. L’annexion par le Maroc et la guerre avec le Front Polisario ».

    Valeria Aguiar Bobet, docteur en histoire de l’Universitat Jaume I et chercheur-collaborateur du Centre d’histoire et de culture militaire de Ceuta, parlera de José González Deleito en relation avec la franc-maçonnerie et l’orientalisme dans les explorations du Sahara dans les années 1930.

    Mardi, à 9h30, le docteur en histoire de l’Université de La Laguna, Ángel Dámaso Luis León, analysera le rôle de Fidel Castro et de Cuba dans le conflit sahraoui. Ensuite, le professeur de traduction et d’interprétation de l’Université de Grenade, Larosi Haidar Atik, donnera la vision du conflit du point de vue d’un Sahraoui.

    A 13h00, le professeur de droit international public (professeur invité à l’Université de Fribourg, Suisse), Romualdo Bermejo García, donnera une conférence sur « La question du Sahara occidental à la lumière du droit international public : quelques réflexions ».

    La session de mercredi sera ouverte à 9h30 par Carlos Echeverría, professeur de relations internationales à l’UNED, avec des conférences intitulées « Le cessez-le-feu de 1991. La création de la MINURSO (Mission des Nations unies pour le référendum au Sahara occidental) » et « Le conflit à l’heure actuelle et les perspectives à court et moyen terme ».

    Pour finir, il y aura une table ronde sur le thème central du cours, avec la participation de Carlos Echeverría, Juan Avilés, Romualdo Bermejo García, Valeria Aguiar Bobet, et le professeur tuteur de Sciences politiques de l’UNED Ceuta, Enrique Ávila.

    L’activité, avec 20 heures de charge d’enseignement et l’octroi d’un crédit ECTS, s’adresse principalement aux étudiants en histoire, géographie, droit, sciences politiques, anthropologie, et en général, aux personnes intéressées par les questions liées au continent africain.

    Les personnes intéressées peuvent accéder à plus d’informations et formaliser leur inscription via la page web www.unedceuta.net et le lien

    Pour des raisons de prévision de capacité afin de réserver des places, conformément au plan d’urgence, les personnes qui souhaitent participer sans être inscrites, doivent envoyer un courriel à info@ceuta.uned.es, en indiquant leur nom et prénom, leur numéro de carte d’identité et les conférences auxquelles elles assisteront.

    Jusqu’à présent, le cours compte une quarantaine d’inscrits, avec des étudiants de toutes les communautés d’Espagne et même d’Allemagne.

    Ceuta al dia, 06/07/2021

    Etiquettes : Ceuta, Maroc, Sahara Occidental,

  • Projet de lettre au SG de l’ONU, Ban Ki-moon

    Tags : Maroc, Sahara Occidental, ONU, Ban Ki-moon,

    Projet de lettre envoyée par le Maroc au SG de l’ONU où l’on peut constater le manque flagrant d’arguments qui pousse à l’amalgame et l’absurde.

    Le Maroc a envoyé ses hommes participer dans les missions de paix dans le but d’obtenir le soutien du SG de l’ONU dans la question du Sahara Occidental.

    Il parle de réformes imaginaires en vue d’améliorer la situation des droits de l’homme au Maroc et dans les territoires occupés du Sahara Occidental, alors que ses policiers continuent de commettre des crimes contre la population sahraouie.

    A la fin, le Maroc menace de prendre des mesures de représailles contre le Secrétariat et l’Envoyé Personne pour le Sahara Occidental, Christopher Ross

    TEXTE DE LA LETTRE

    Monsieur le Secrétaire Général,

    J’ai pris connaissance de Votre dernier Rapport au Conseil de Sécurité sur la question du Sahara Marocain. 

    Ce Rapport, malgré des avancées positives à l’initiative exclusivement du Maroc, ne peut que susciter regret et consternation pour l’ensemble des marocains.

    Regret car il ne met pas en exergue, en toute objectivité, l’engagement du Maroc à soutenir un processus politique conduit sous vos auspices mais qui n’a pu voir le jour, il faut à nouveau le rappeler, que grâce à l’Initiative d’Autonomie, que le Conseil de Sécurité qualifie, chaque année de sérieuse et crédible.

    La volonté manifeste de Votre Secrétariat, dont nous sommes coutumiers de diluer l’engagement du Maroc et de déresponsabiliser les autres Parties dont le seul souci est de maintenir un statu quo intenable pour la région laisse dubitatif.

    Consternation, car le Maroc est fermement attaché à la promotion et à la protection des Droits de l’Homme sur l’ensemble du territoire national.

    Des réformes substantielles ont été réalisées dont bénéficieront bien entendu les habitants de nos provinces du Sud. Ces réformes ont été faites par les marocains et pour les marocains.

    Il était attendu, au regard de l’importance des réformes entreprises que Votre Rapport prenne réellement la dimension de l’effort réalisé. Ceci d’autant plus que rien ne permet objectivement de faire le parallèle entre les conditions de vie des populations dans les provinces du Sud et celles dans les prisons à ciel ouvert des camps de Tindouf.

    En cherchant un équilibre là où objectivement il n’existe pas, et en diluant la portée de l’engagement du Maroc, la démarche du Secrétariat ne peut susciter qu’interrogations et incertitude sur l’avenir de ce processus. 

    Ceci est d’autant plus regrettable que le Maroc n’a cessé de soutenir l’action des Nations Unies dans différents théâtres d’opération.

    Notre engagement à vos côtés et en soutien à vos efforts, récemment encore en République Centrafricain en témoigne.

    L’approche partiale que semble retenir chaque année le Secrétariat vis à vis du Maroc malgré nos effort ne peut rester indéfiniment sans conséquence.

    Ce constat est valable pour le processus politique que conduit Votre Envoyé Personnel sur la question du Sahara Marocain mais aussi sur notre engagement et notre soutien à diverses opérations où le Maroc a engagé la vie de ses hommes au service des idéaux des Nations Unies.

    Je vous prie de croire, Monsieur le Secrétaire Général, en l’assurance de ma haute considération.

    #Maroc #ONU #Sahara_Occidental #Ban_ki_moon

  • Le Sahara occidental : une décolonisation ratée par l’Espagne

     


    Par Quentin Gallet

    Ces derniers temps, la côte nord-ouest de l’Afrique est au cœur de l’actualité. Un conflit gelé depuis plusieurs décennies s’est soudainement réchauffé tandis que nombre de barques la quittent pour rejoindre illégalement les Canaries, l’Espagne, l’Europe. Une crise multiforme qui trouve une de ses origines dans la décolonisation incomplète du Sahara occidental.

    Vaste territoire de plus de 250.000 km2, coincé entre les influences du Maroc, de l’Algérie, de la Mauritanie, le Sahara occidental relève d’un statut toujours à définir sur le plan du droit international. 

    De premières tentatives sans lendemain

    Cette bande désertique aux marges des actuels Maroc, Algérie et Mauritanie se trouve également à l’est des îles Canaries. Les Espagnols, déjà implantés sur celles-ci, tentent de prendre possession du littoral saharien. Ils traversent le bras de mer et atteignent l’Afrique dans l’optique de sécuriser la très fructueuse pêche au large de l’actuel Sahara occidental. 

    Un fort est bâti dès la fin du XVe siècle par les Castillans : Santa Cruz de Mar Pequeña. La position ne résiste toutefois pas très longtemps à l’attaque des tribus berbères venant du désert. Les relations entre ceux-ci et les Espagnols seront faites d’ententes, de trahisons et de raids. 

    Toutefois, la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb, quelques années plus tard, détournera très largement l’attention des Espagnols de ce désert pauvre en direction de l’autre côté de l’Atlantique. 

    L’Espagne dans la course aux possessions africaines

    Bien que la Couronne espagnole s’intéresse surtout à ses colonies américaines, les côtes sahariennes continuent de revêtir, au fil des siècles, un intérêt pour la pêche. C’est dans cette optique qu’est signé, en 1860, le traité de Tétouan avec le Maroc afin que l’Espagne dispose d’un territoire pour développer ses activités. 

    Toutefois, l’Espagne est engagée, avec la France et l’Angleterre, dans une véritable course aux colonies : ces dernières étant signes de prestige à l’époque. Aussi, le territoire cédé par le Maroc va être rapidement augmenté. 

    Dans les années 1880, la situation se précise : le Río de Oro, un protectorat espagnol qui s’étend du cap Bojador au cap Blanc, voit le jour. Dans la foulée, cette possession est reconnue internationalement lors de Conférence de Berlin. L’actuelle Dakhla, alors nommée Villa Cisneros, en est le chef lieu administratif. Quelques années plus tard, le protectorat est étendu au nord jusqu’au fleuve Draa, lequel marque la frontière avec la Maroc.

    Les rivalités coloniales, malgré tout, font que des escarmouches éclatent ça et là. En 1900, la France et l’Espagne s’entendent en signant le traité de Paris qui fixe la frontière entre le Sahara espagnol et la Mauritanie, colonie de la République. 

    Du protectorat à la province

    Dans un premier temps, les Espagnols préfèrent le littoral saharien à l’intérieur des terres, espace propice à des attaques de la part des nomades. En réalité, nous avons au début du XXe siècle, une présence limitée et majoritairement urbaine. Ainsi la ville d’El Aaiún, actuelle Laâyoune, est fondée par les Espagnols à la fin des années 1930. La découverte d’une nappe phréatique, véritable bénédiction en ces espaces arides, est à l’origine de cette installation pérenne. 

    Toutefois, au milieu de XXe siècle, les Espagnols se font plus curieux pour leurs possessions africaines. Poussés par des érudits africanistes, la Couronne fait explorer le Sahara occidental et y mandate des missions scientifiques. Ces campagnes nécessitant des moyens importants, des infrastructures sont développées à travers le territoire. 

    Après la guerre civile espagnole (1936-1939), le régime franquiste, nostalgique de l’empire, entend préciser la définition des possessions du pays. Ainsi, les protectorats dans le nord ouest de l’Afrique sont regroupés dans une nouvelle entité : l’Afrique Occidentale Espagnole. 

    Cette construction coloniale ne durera pas dix ans car un nouveau challenger se manifeste avec insistance. En effet, le Maroc gagne son indépendance en 1956 et, fort de ce succès, des mouvements nationalistes comme l’Istiqlal entendent mettre la main sur ce qu’ils considèrent relever de leur territoire légitime. Les protectorats espagnols au Sahara occidental sont explicitement visés. 

    Francisco Franco est soucieux ne pas déclencher une guerre ruineuse et cède la bande de Tarfaya au Maroc. L’éphémère Afrique Occidentale Espagnole est dissoute et le Sahara espagnol voit le jour. Cette ultime entité regroupe l’ancien Rio de Oro et le Saguia el Hamra. Il s’agit alors de véritables provinces espagnoles avec assemblées et élections pour les Cortes. La capitale est fixée à El Aaiún. 

    L’impossible autodétermination

    Le Maroc n’entend toutefois pas abandonner l’affaire si facilement. Au début des années 1960, le royaume demande au Nations Unies de placer le Sahara Espagnol sur la liste des territoires non autonomes. Dans un contexte de décolonisation, l’objectif est d’attirer l’attention onusienne sur le dossier afin qu’un référendum d’autodétermination se tienne. Le Maroc est alors convaincu qu’un tel vote lui serait favorable. 

    Ainsi, en décembre 1965, l’ONU émet une résolution enjoignant l’Espagne à encourager le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes dans le Sahara occidental.   

    Le régime franquiste vieillissant finit par accéder à cette requête et annonce la tenue d’un referendum pour le début de l’année 1975. Le nouveau roi du Maroc, Hassan II, s’y oppose toutefois. 

    Sentant des tensions poindre, l’ONU mandate une mission dans le Sahara espagnol. Elle en conclut qu’un très fort consensus existe parmi les Sahraouis pour l’indépendance du territoire. Donc, ni Espagnols, ni Marocains. Un fervent soutien est également mis en avant par les experts onusiens à l’égard du Front Polisario, mouvement politico-militaire se battant pour l’indépendance du territoire. 

    Las de ces atermoiements, le Maroc décide de franchir purement et simplement la frontière qui le sépare du Sahara espagnol. Environ 350.000 civils encadrés par 20.000 soldats marocains entrent dans les provinces espagnoles. C’est la fameuse « Marche Verte » du 6 novembre 1975.

    La fin du Sahara espagnol : l’avènement d’un confit gelé

    Ce coup de force précipite la fin du Sahara espagnol, alors que Franco est au crépuscule de sa vie. Le gouvernement se résout à signer les accords de Madrid qui abandonne la colonie au Maroc et à la Mauritanie. En échange de cela, l’Espagne conserve des droits de pêches au large des côtes ainsi que des gisements de phosphate. L’ONU ne reconnaîtra jamais ces accords faits sans son aval et sans la volonté populaire sahraouie. Pour l’organisation internationale, le Sahara,  non plus « espagnol » mais « occidental », est toujours en voie de décolonisation.

    De manière prévisible, le Maroc et la Mauritanie, gagnants des accords de Madrid, ne mettront pas longtemps à en venir aux armes pour le contrôle total de l’ancienne possession espagnole. De conflits sanglants éclateront jusqu’à un cessez le feu, en 1991. Il s’agit dès lors de ce qu’on appelle un « conflit gelé ». 

    Toutefois, le status quo est fortement bousculé depuis plusieurs jours avec la reprise des hostilités entre Rabat et le Front Polisario. Une conséquence très actuelle de l’incomplète décolonisation du Sahara occidental. La communauté sahraouie d’Espagne a d’ailleurs manifesté pour que l’ancienne puissance coloniale s’implique dans son droit à l’autodétermination et ainsi clore une histoire conflictuelle de plusieurs décennies.

    Le retour de la question sahraouie dans la politique espagnole

    L’opinion publique espagnole est largement en faveur des Sahraouis et de leur droit à disposer d’eux mêmes. C’est également le cas de certains responsables politiques. L’appel de Pablo Iglesias, chef de file du parti de gauche Unidas Podemos et surtout vice président du gouvernement, à la tenue d’un référendum d’autodétermination a beaucoup fait parler de lui. 

    Cette position venant d’un des cadres du gouvernement espagnol a profondément irrité le Maroc avec lequel la diplomatie de Pedro Sanchez marche sur des œufs : Rabat étant un acteur clef dans le dossier brûlant de la crise migratoire canarienne. En effet, le Maroc ainsi que le Sahara Occidental sont des territoires pourvoyeurs de migrants. Des territoires de passage aussi. Les côtes sahraouies sont le point de départ de nombre de traversées en barques en direction de l’archipel des Canaries. En somme, le Maroc sait qu’il dispose d’un atout majeur face à l’ancien colonisateur du Sahara occidental en pouvant influer sur l’ouverture ou la fermeture des vannes de l’immigration clandestine. 

    La reprise des hostilités entre le Maroc et le Front Polisario comme la crise migratoire sont des avatars très actuels de la décolonisation ratée du Sahara espagnol. 

    Le Petit journal, 23/11/2020

    Etiquettes : Sahara Occidental, Maroc, Espagne, décolonisation, Front Polisario, Pablo Iglesias, Podemos,