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  • Le Parlement européen adopte une résolution contre le Maroc

    MADRID – Le Maroc a promis que quiconque franchirait la frontière de l’enclave espagnole de Ceuta pourrait voir Messi et Ronaldo jouer au football. Cela a encouragé des milliers d’enfants à faire cette traversée à la fin du mois d’avril. Le Parlement européen condamne cette violation des droits de l’enfant.

    Dans une résolution, le Parlement européen s’exprime principalement sur l’utilisation d’enfants comme moyen de pression dans un conflit diplomatique. Cette résolution a été adoptée par 397 voix pour, 85 contre et 196 abstentions. Dans la résolution, le Maroc se voit rappeler l’inviolabilité des frontières nationales des États membres de l’UE, la position inchangée de l’UE sur le Sahara occidental et la Convention des Nations unies sur les droits de l’enfant, que le Maroc a signée en 1990.

    En particulier, l’utilisation d’enfants « comme chair à canon » donne lieu à la première accusation de violation des droits de l’homme portée par l’UE contre le Maroc depuis 25 ans. Même les manifestations pacifiques dans le Rif en 2017 que les forces de sécurité marocaines ont brutalement réprimées n’ont pas suscité une telle réponse de Strasbourg.

    Déclenchement au Sahara occidental

    Le déclencheur de ce drame à Ceuta est une dispute diplomatique entre le Maroc et l’Espagne, lorsqu’il est apparu que le leader du Polisario, qui lutte pour l’indépendance du Sahara occidental depuis 1973, avait été admis dans un hôpital espagnol pour des raisons humanitaires en avril dernier. Le Sahara occidental était une colonie espagnole jusqu’en 1975, mais à la mort du dictateur espagnol Franco, l’attention s’est relâchée et le Maroc a pu annexer le territoire. L’Espagne a alors conclu un accord par lequel le Maroc se voyait confier le contrôle des deux tiers du Sahara occidental. Cependant, le Polisario a continué à lutter pour l’indépendance. Les tentatives de l’ONU pour trouver une solution n’ont pas abouti.

    Le Maroc fait pression sur l’UE

    Dans cette lutte pour le Sahara Occidental, le Maroc fait maintenant pression sur l’Union Européenne. L’année dernière, Trump a reconnu la souveraineté du Maroc sur la région, ce qui a renforcé la position du roi Mohammed VI. L’Europe n’attend pas un nouvel élan dans la lutte pour le Sahara Occidental, mais croit qu’un accord devrait être atteint sous l’égide de l’ONU et selon les résolutions du Conseil de Sécurité. Cependant, l’UE réagit avec prudence à l’égard du Maroc, car il s’agit d’un partenaire important pour le commerce, pour la stabilité dans la région et dans la lutte contre le terrorisme et les flux migratoires.

    La protection des frontières comme principale motivation

    Selon l’eurodéputé espagnol de gauche Miguel Urbán, pour la majorité des députés européens, la seule chose qui compte est que le Maroc garde correctement ses frontières. Les droits du Sahara occidental, des journalistes ou des militants emprisonnés, ou des immigrés importent peu ». Au cours du débat, M. Urbán a indiqué qu’il trouve hypocrite de parler des violations des droits de l’homme par le Maroc, car l’Espagne renvoie souvent des immigrants illégaux au Maroc sans respecter les procédures.

    Le parti d’extrême droite Vox a pris ses distances par rapport au vote, critiquant l’absence de condamnation du Maroc et l’incapacité de l’UE à traiter le problème des réfugiés, se laissant ainsi aller au chantage. À l’exception de Vox, tous les partis espagnols au Parlement européen ont voté à l’unanimité en faveur de la résolution.

    In Spanie.nl, 13 juin 2021

    Etiquettes : Sahara Occidental, Maroc, Espagne, Union Européenne, UE, Ceuta, Migration, résolution du Parlement Européen,

  • Sahara Occidental : Pourquoi l’attente de Biden?

    Pourquoi la politique de Biden sur le Sahara Occidental reste à l’étude

    Des experts soulèvent des questions alors que l’administration Biden examine la reconnaissance par Trump de la revendication marocaine sur le territoire contesté.

    Par Joseph Stepansky
    13 juin 2021

    L’ancien président des États-Unis Donald Trump a choqué de nombreux observateurs lorsque, en décembre de l’année dernière, son administration a rompu avec des années de consensus international pour reconnaître la revendication du Maroc sur le territoire contesté du Sahara occidental.

    Cette décision, qui est intervenue dans le cadre d’un accord de normalisation entre Israël et le Maroc, a fait de Washington la première puissance occidentale à reconnaître explicitement la revendication de Rabat sur cette vaste région, s’opposant à la désignation officielle du Sahara occidental par les Nations unies comme « territoire non autonome ».

    Maintenant, plusieurs mois après le début du mandat de Joe Biden à la Maison Blanche, le président démocrate n’a toujours pas pris position sur la reconnaissance, ce qui, selon les analystes, mine davantage la promesse de l’administration de respecter les normes internationales dans sa politique étrangère.

    « Je pense que Biden reçoit beaucoup de pression de la part de l’élément pro-Israël pour ne pas revenir sur la décision », a déclaré à Al Jazeera Stephen Zunes, professeur à l’Université de San Francisco spécialisé dans la politique du Moyen-Orient.

    « En même temps, il subit des pressions de la part de membres bipartisans du Congrès qui s’inquiètent du précédent plutôt dangereux que cela crée. »

    La reconnaissance de Trump

    Le Maroc, qui revendique le Sahara occidental comme faisant partie de son territoire, et le Front Polisario, un groupe armé qui réclame l’indépendance de la région et de son groupe ethnique sahraoui majoritaire, se disputent les terres contestées depuis le retrait de la puissance coloniale espagnole en 1975.

    Les Nations unies, qui ont négocié un cessez-le-feu en 1991, ne reconnaissent ni la souveraineté du Maroc ni celle de la République arabe sahraouie démocratique, proclamée par le Front Polisario, sur la région.

    Mais Trump a rompu avec cette position le 10 décembre, en reconnaissant « la souveraineté marocaine sur l’ensemble du territoire du Sahara occidental ». Son administration a également réaffirmé son soutien à une proposition marocaine visant à accorder une autonomie limitée aux Sahraouis sous le contrôle général du Maroc.

    L’administration Biden a déclaré à plusieurs reprises qu’elle poursuivait l’examen de cette politique.

    En avril, le site d’information Axios a rapporté que le Secrétaire d’État Antony Blinken a dit à son homologue marocain que les États-Unis ne reviendraient pas de façon imminente sur la reconnaissance de Trump, tandis que le porte-parole du Département d’État Ned Price a déclaré la semaine dernière que les États-Unis « consultent en privé les parties sur la meilleure façon de contenir la violence et de parvenir à un règlement durable ».

    Certains rapports ont suggéré que le retard de l’administration Biden fait partie d’une stratégie plus large visant à travailler avec le Maroc pour nommer un nouvel envoyé de l’ONU pour la région afin de reprendre les pourparlers de paix bloqués.

    Mais Zunes a déclaré que le fait de ne pas revenir sur la décision de l’administration Trump pourrait nuire à la crédibilité des États-Unis. « Quelle crédibilité les États-Unis ont-ils, par exemple, pour s’opposer à l’annexion de la Crimée par la Russie s’ils vont reconnaître [un] type similaire d’accaparement illégal de terres ? » a-t-il déclaré. « Cela nuit vraiment à la crédibilité des États-Unis en termes de droit international ».

    Pendant ce temps, Washington a nié la récente affirmation du premier ministre marocain selon laquelle certaines parties des exercices militaires conjoints dits African Lion – qui sont menés chaque année par le Commandement américain pour l’Afrique avec des alliés africains au Maroc – auraient lieu au Sahara occidental. Mais cela a peu fait pour révéler la position de l’administration.

    Zunes a ajouté que des éléments au sein de l’administration Biden sont préoccupés par les implications du report d’un changement de la politique de Trump, notamment en ce qui concerne les relations avec l’Union africaine, qui reconnaît la République arabe sahraouie démocratique comme un État membre et dont la charte interdit aux pays de modifier unilatéralement les frontières coloniales.

    Certains membres de la communauté diplomatique américaine « espèrent vraiment que Biden fera marche arrière, car ils considèrent que les implications plus larges ne sont pas bonnes pour l’influence des États-Unis, en particulier en Afrique », a-t-il déclaré.

    Le tampon encreur

    À court terme, la reconnaissance américaine a d’autres implications, a déclaré Joseph Huddleston, professeur adjoint à l’École de diplomatie et de relations internationales de l’Université Seton Hall, aux États-Unis.

    Bien qu’elle n’ait pas changé le statut juridique international du territoire, « ce qu’elle a effectivement fait est d’approuver la présence marocaine [au Sahara Occidental] par un pays [les États-Unis] », a déclaré Huddleston à Al Jazeera.

    En novembre de l’année dernière, le Front Polisario, qui reste étroitement lié à l’Algérie voisine, a annoncé la fin du cessez-le-feu soutenu par l’ONU. Le groupe a depuis revendiqué des attaques régulières contre les actifs marocains dans le territoire, bien que la nature de ces attaques – et les victimes revendiquées – aient été largement contestées.

    Pendant ce temps, alors qu’il y a eu un soutien accru pour le Maroc parmi certains États arabes, qui avaient auparavant discrètement approuvé la revendication de Rabat, aucune puissance européenne n’a suivi l’exemple de Trump. Quelques jours après l’annonce, l’Union européenne a souligné son soutien au processus « en cours » de l’ONU « pour déterminer [le] statut final » du Sahara occidental.

    L’Allemagne, quant à elle, a mené la charge en appelant à une réunion à huis clos du Conseil de sécurité de l’ONU pour débattre de la question, et a appelé les États-Unis, qui sont le porte-plume sur le Sahara occidental au sein du panel, à être « impartial », « équitable » et à « agir dans le cadre du droit international ».

    Au milieu d’une dispute diplomatique en cours, Rabat a rappelé son ambassadeur à Berlin, accusant l’Allemagne d’adopter une « attitude négative » envers le Sahara occidental.

    Récemment, les tensions sont également montées entre l’Espagne et le Maroc après que Madrid a permis au chef du Front Polisario, Brahim Ghali, que Rabat considère comme un « terroriste », de se faire soigner et de quitter le pays. Rabat a déclaré que cet incident « a mis à nu les attitudes hostiles et les stratégies néfastes de l’Espagne à l’égard de la question du Sahara marocain [et] a révélé la collusion de notre voisin du nord avec les adversaires du Royaume pour porter atteinte à l’intégrité territoriale du Maroc ».

    L’Espagne a répondu que sa position sur le Sahara occidental était en accord avec l’ONU et a déclaré que la demande de Rabat de détenir Ghali défie « la frontière et l’intégrité territoriale » du pays.

    Appels à la relance du processus de paix

    Les développements les plus récents surviennent alors que les observateurs disent que le processus de paix mené par l’ONU a stagné. Le Maroc et le Front Polisario ayant un droit de veto sur la décision, l’ONU n’a pas été en mesure de nommer un nouvel émissaire pour le conflit depuis que le précédent a démissionné en 2019.

    Au milieu de cet effort languissant, l’examen continu de l’administration Biden pourrait faire partie d’une tentative plus large de renouveler le processus, a déclaré Jacob Mundy, professeur associé d’études sur la paix et les conflits et d’études sur le Moyen-Orient et l’Islam à l’Université Colgate.

    « Le problème avec le Maroc et l’Occident – le processus de paix en général – est qu’il n’y a pas de levier prêt à être utilisé par des États importants comme les États-Unis », a-t-il déclaré à Al Jazeera. « Cela pourrait être l’une de ces choses qui a du sens de faire levier.

    Ils pourraient penser, je le soupçonne, « Comment pouvons-nous faire de la limonade avec ces citrons ? ».

    Mundy et Hugh Lovatt, dans une analyse récente pour le Conseil européen des relations étrangères, ont fait valoir que l’ONU devrait de toute urgence repenser et rajeunir son processus de paix, arguant que l’intervention de Trump en matière de droit international, si elle reste inchangée, pourrait conduire à une nouvelle escalade.

    « La diminution des perspectives d’une solution négociée convaincra le mouvement de libération nationale du Sahara occidental que la diplomatie et le droit international ont échoué », ont-ils écrit, « et qu’une intensification de la confrontation armée avec le Maroc est la seule voie à suivre. »

    SOURCE : AL JAZEERA

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  • Le Maroc essuie des échecs cuisants successifs

    L’ambassadeur de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) à Alger, Abdelkader Taleb Omar a affirmé, jeudi, que le régime marocain a essuyé « des échecs cuisants », le dernier en date au sein du Parlement panafricain (PAP), suite à l’élection du Sahara occidental au poste de vice-président du groupe régional pour l’Afrique du nord.

    Dans une déclaration au terme de l’audience accordée par le président du Conseil de la nation, Salah Goudjil à la délégation parlementaire sahraouie, M. Taleb Omar a souligné que « la délégation parlementaire sahraouie est venue présenter ses remerciements et toute sa considération au président du Conseil de la nation pour ses efforts personnels et ceux du groupe parlementaire (algérien), et sa contribution pour l’obtention de ce résultat, en empruntant la bonne voie susceptible de permettre au PAP de s’organiser et de se conformer aux règles régissant l’Union africaine (UA) en général, comme l’alternance et la représentation des régions sans exclusive ». 
    « A travers son retour à l’UA, le régime marocain aspire à geler la position de cette dernière vis-à-vis de la question sahraouie, voire entraver ses actions et à changer ses positions, en tentant de semer la pagaille, néanmoins ces tentatives ont été vouées à l’échec, à l’instar de celle visant à faire changer la position de l’Union européenne (UE), de l’Espagne et de l’Allemagne et d’amener la nouvelle administration américaine, présidée par Joe Biden à adopter la même position de l’ancien président américain Donald Trump à l’égard de la question sahraouie ». 
    De son côté, le vice-président du Groupe géopolitique de l’Afrique du Nord au PAP, Djamel Bendir a affirmé que la rencontre avait constitué une occasion pour passer en revue, avec le président du CN, les évolutions de la cause sahraouie et les nouveautés enregistrées au niveau du PAP. Il a relevé l’existence d »un courant au sein du PAP qui tente d’entraver l’alternance aux postes et l’édification d’institutions africaines crédibles sous-tendant liberté et démocratie », mais, a-t-il poursuivi, « nous sommes parvenus, malgré cela, à l’alternance tel que décidé par l’UA, où l’Algérie a été élu présidente, le Sahara occidental, vice-présidente et la Tunisie, rapporteur ». 
     Selon M. Bendir, le président du CN a affiché « sa disposition à cadrer avec cet exploit réalisé lors de la dernière session du PAP à Johannesburg, et s’atteler à réaliser l’objectif d’alterner aux postes ». Plus tôt dans la journée, M. Goudjil a reçu une délégation parlementaire sahraouie, sous la présidence de M. Bendir, composée de Mme. Meriem Mohamedou, députée aux Parlements sahraoui et panafricain, et de l’ambassadeur sahraoui à Alger. 
    Les deux parties ont qualifié les résultats obtenus lors de la dernière session du Parlement panafricain de « prélude prometteur à la récupération du rôle souhaité de la diplomatie parlementaire au service des aspirations des peuples africain ». Il faudrait s’employer à ériger l’institution législative continentale en un modèle de bonnes pratiques et un acquis pour tous les Africains, en faisant face à toute tentative contraire aux us de l’alternance aux postes, moyennant le marchandage pour réaliser des objectifs désormais très connus, ont-ils souligné. Ont été évoquées, lors de la rencontre, les relations parlementaires bilatérales et les moyens de les consolider à travers la relance des groupes de fraternité et d’amitié, outre la situation politique au Sahara occidental, les questions d’intérêt commun dans la région, notamment après la dernière décision du Conseil de sécurité, avril dernier. 
    Lors de la 4ème session ordinaire de la 5ème phase législative du PAP, tenue en Afrique du Sud du 21 mai au 2 juin, le Parlement algérien a été élu à la présidence du Groupe géopolitique de l’Afrique du Nord au PAP, le Parlement de la RASD à la vice-présidence du Groupe et le Parlement tunisien au poste de rapporteur.
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  • Maroc, des journalistes français sous influence

    Des journalistes français rémunérés par le Maroc : c’est ce que révèle « Chris Coleman », pseudonyme d’un mystérieux « twitteur » qui met en ligne des courriels confidentiels.

    Ces derniers ne laissent aucun doute sur les relations entre le pouvoir marocain et quatre spécialistes du Maghreb. Ce n’est pas la première fois qu’est dénoncée la corruption de membres de la presse française par des régimes autoritaires du sud de la Méditerranée.
    En juin 2011, Le Canard enchaîné avait publié les noms de plusieurs dirigeants de médias importants, invités à passer des vacances gratuites au soleil et remerciant avec des articles et des interviews complaisants. A l’époque comme aujourd’hui, la mise à jour de ces liaisons coupables n’avait guère suscité d’émotion.
    Des journalistes français payés par le Maroc : c’est la partie la plus sulfureuse des révélations du mystérieux twitteur « Chris Coleman ». Derrière ce pseudonyme1 se cache un lanceur d’alerte non identifié, parfois surnommé « le Snowden marocain ».
    Parmi les centaines de documents mis en ligne depuis début octobre sur Facebook, puis sur Twitter, plusieurs dizaines dévoilent les liens entretenus par quatre journalistes français avec un directeur de magazine marocain très proche du pouvoir.
    Au cœur de ces relations très particulières : la question du Sahara occidental, obsession du royaume. Pour défendre sa politique colonialiste et empêcher l’organisation du référendum d’autodétermination que l’ONU réclame année après année, le Maroc a besoin du soutien des grandes puissances. En France, l’appui de journalistes influents a joué un rôle important auprès de l’opinion publique et du gouvernement français.
    Selon les dizaines de courriels (58 exactement à ce jour, dans leur format d’origine) mis en ligne par « Chris Coleman », cet appui n’était pas gratuit.
    Les messages, dont le plus ancien date du 4 octobre 2007 et le plus récent du 14 juin 2012, concernent en majorité des échanges entre Ahmed Charai, directeur de la rédaction de L’Observateur du Maroc, un hebdomadaire francophone, et son contact dans l’un des services de renseignement du royaume chérifien.
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  • France 24 supprime l’interview avec le chef de la diplomatie sahraouie

    Vendredi dernier, France24 a publié une interview avec le ministre sahraouis des affaires étrangères.

    L’articlé oublié sous le titre de « Mohamed Salem Ould Salek, chef de la diplomatie sahraouie : Il y a une guerre avec le Maroc » a été surrpimé 24 heures après. Un incident qui dit long sur les affinités de la chaîne française avec le régime despotique du Maroc. Affinité dévoilé par Le Canard Enachîné lorsqu’il a publié en juin 2011 les noms de plusieurs patrons de médias importants, invités à passer des vacances gratuites au soleil en échange d’articles complaisants envers la monarchie marocaine. C’était à l’époque où l’ancien ministre Luc Ferry a révélé sur les antennes de Canal Plus l’existence d’un «  »d’un ancien ministre qui s’était fait poisser à Marrakech dans une partouze avec des petits garçons ». A l’époque comme aujourd’hui, la mise à jour de ces liaisons coupables n’avait guère suscité d’émotion.

    En 2014, le mystérieux hacker connu sous le pseudonyme de « Chris Coleman » a apporté des détails sur la manipulation de plusieurs journalistes français par les services secrets marocains dans cette affaire connue sous le nom de Marocleaks.

    Trois ans plus tard, le magazine Marianne apportait une plongée dans les eaux troubles des relations diplomatiques franco-marocaines, à travers une enquête sur les réseaux d’influences marocains dans l’Hexagone. « Sur fond d’intérêts économiques et stratégiques, de droits de l’homme et de guerre contre le terrorisme, le Maroc n’a cessé d’étendre ses réseaux d’influence en France. L’élection d’Emmanuel Macron n’a pas changé la donne et de nouvelles figures incarnent désormais une diplomatia parallèle », écrivait Marianne dans son numéro du 24 janvier 2017.

    A force de manger dans le ratelier du Makhzen, les journalistes français sont contraints d’obéïr sous peine de voir ses frasques à Marrakech révélés au grand jour. Avec des preuves graphiques à l’appui!

    Vidéo de l’interview suppprimé


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  • Maroc : Apologie du terrorisme

    Au Maroc, tous les moyens sont bons pour faire diversion en vue de dissimuler le camouflet du Parlement Européen. Y compris l’apologie du terrorisme.

    C’est ainsi qu’un hebdomadaire marocain a appelé au lynchage de ceux qu’il a qualifié de « vrais ennemis de la patrie ». Pour ce média, ces ennemis sont trois présidents, Abdelmadjid Tebboune, Pedro Sanchez et Brahim Ghali, l’ancienne présidente de la Commission Africaine Dlamini Zuma, le journaliste Ali Lmrabet et les activistes Aminatou Haidar, Mohamed Hajib, Zakaria Moumni, et l’ancien officier de l’armée marocaine exilé aux Etats-Unis, Mustafa Adib.

    Il s’agit d’une dérive dangereuse de la part d’un régime considéré comme un allié de l’OTAN et partenaire privilégié de l’Union Européenne. Celui dont le prétendu rôle dans la lutte antiterroriste est constamment loué ne cache plus ses penchants pour le terrorisme dans le but de réaliser ses desseins. Non sans raison, les auteurs des attentats les plus sanglants qui ont secoué l’Europe sont tous d’origine marocaine.

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  • Wikileaks : Pour le roi du Maroc, l’armée est la plus grande menace pour le trône.

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    Les forces armées marocaines « restent minées par la corruption, l’inefficacité bureaucratique, les faibles niveaux d’éducation, certains de ses soldats risquent de tomber dans le radicalisme, ils sont politiquement marginalisés, et le gros de leurs troupes est déployé au Sahara occidental. » « Elles se modernisent, mais elles restent lestées par des problèmes de longue date ».

    L’ambassadeur américain au Maroc, Thomas Riley, a rédigé en août 2008, avec la collaboration de ses conseillers en matière de défense et de sécurité, un rapport confidentiel exhaustif de neuf pages sur les armées marocaines. Au total, les trois armées comptent 218 000 hommes – 10 000 de moins que celles de l’Espagne – dont 50 à 70 % se trouvent au Sahara. Seuls 40 %, un faible pourcentage, des unités déployées dans cette ancienne colonie espagnole sont opérationnelles.

    Les jeunes hommes qui s’engagent comme soldats sont payés environ 2 000 dirhams par mois (180 euros), tandis que les officiers qui commencent leur carrière gagnent environ 6 000 dirhams (540 euros). A cela s’ajoute le logement gratuit, qui les place dans une « situation raisonnablement confortable dans le contexte marocain ».

    Forte surveillance

    Protagonistes de deux coups d’État ratés dans les années 1970, les forces armées sont toujours étroitement surveillées. « Nous pensons que la monarchie continue de considérer les militaires comme la plus grande menace potentielle pour la Couronne. » « Par conséquent, ses officiers continuent d’être tenus à l’écart de la prise de décision politique et leur participation aux discussions sur la force militaire du Maroc est limitée », tout comme leurs relations avec les officiers des armées étrangères, y compris les attachés militaires américains. En conséquence, la qualité de l’information sur les forces armées est parfois « défaillante ».

    En raison de cette méfiance, « il n’y a pas de mouvements de troupes, de manœuvres ou même de voyages d’officiers à l’intérieur ou à l’extérieur du pays sans l’approbation du roi ». Au Maroc, il n’y a pas de ministère de la défense mais une petite administration civile qui rend compte au premier ministre. La participation du Maroc aux opérations de maintien de la paix est gérée par le ministère des affaires étrangères. « Toutes les autres questions liées à la défense sont décidées au Palais royal ».

    M. Riley estime toutefois que « certains signes montrent que la confiance du roi dans les forces armées s’accroît ». Preuve en est l’ »augmentation significative des dépenses militaires » avec l’achat, par exemple, de 24 chasseurs-bombardiers F-16 aux États-Unis. « Récemment, le roi a autorisé les vols militaires au nord de Ben Guerir [la plus grande base militaire du Maroc, à environ 200 kilomètres au sud de Rabat], ce qui n’était pas autorisé par le passé parce que le monarque voulait tenir les militaires éloignés du palais de Rabat. »

    Corruption et infiltration des islamistes

    Le principal défi auquel sont confrontées les forces armées est la corruption, selon M. Riley. Elle touche surtout les plus hauts niveaux de la hiérarchie militaire. Elle a des origines historiques car après les deux tentatives ratées, Hassan II a dit aux militaires : « Soyez loyaux et vous pourrez en profiter. » « Des rapports crédibles indiquent que le lieutenant-général Benanni profite de sa position de commandant en chef du secteur sud pour soutirer de l’argent des contrats militaires et influencer les décisions commerciales. » « Une rumeur répandue indique qu’il possède une bonne partie des pêcheries du Sahara occidental. » « Comme beaucoup d’autres officiers vétérans, Benanni a une somptueuse maison familiale qui a probablement été construite avec l’argent provenant de pots-de-vin. »

    « Une position de leader dans une région est une source importante de revenus non légaux pour la hiérarchie militaire », argumente l’ambassadeur. « On rapporte même que des étudiants de l’académie militaire marocaine paient pour améliorer le classement de leur école afin d’obtenir des postes militaires lucratifs. » « Les commandements dans le secteur sud, c’est-à-dire au Sahara occidental, sont considérés comme les plus lucratifs étant donné la concentration de l’activité militaire dans cette région (…) ». « Le gouvernement marocain semble chercher des moyens de mettre fin à la corruption dans les rangs des militaires qui sont formés à partir du colonel (…) ».

    Un problème mineur, comparé à la corruption, est la pénétration islamiste de l’armée. Certains rapports « suggèrent qu’un petit nombre de soldats sont sensibles à l’islamisme radical ». Après les attentats de 2003 à Casablanca, qui ont fait 45 morts, les enquêteurs ont « identifié des militaires » parmi les conspirateurs. Par la suite, « plusieurs militaires et gendarmes appartenant à d’autres cellules terroristes, dont l’une a volé des armes dans une base d’activités terroristes » ont été arrêtés.

    Parmi les mesures préventives prises pour éviter la propagation de l’islamisme radical dans les armées figurent « la suppression de toutes les mosquées sur les bases (…) et le déploiement du contre-espionnage militaire, le fameux Cinquième Bureau, avec des agents secrets pour surveiller les activités radicales dans les mosquées » près des casernes.

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    Source : Marocleaks, 06 juin 2021

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  • Algérie : Le Maroc a ramené du poison à nos frontières (Layachi)

    SAID LAYACHI, PRÉSIDENT DU COMITÉ NATIONAL ALGÉRIEN DE SOLIDARITÉ AVEC LE PEUPLE SAHRAOUI : « Rabat a ramené du poison à nos frontières »

    Invité hier au Forum du Courrier d’Algérie, Saïd Layachi, président du Comité national algérien de solidarité avec le peuple sahraoui (CNASPS), a exhorté l’Union africaine (UA) « à presser la concrétisation de ses décisions sur le Sahara occidental », dernière question de décolonisation en Afrique inscrite sur l’agenda de l’organisation des Nations unies (ONU) , appelant celle-ci à « se ressaisir », par l’application dans les plus brefs délais, de ses résolutions consacrant le droit à l’autodétermination, du peuple sahraoui, selon le Droit international et la Charte onusienne.

    Pour l’animateur du Forum, le désintérêt de l’ONU à aller sur la voie du règlement définitif sur la base du droit international du conflit sur le Sahara occidental, opposant, le représentant unique et légitime du peuple sahraoui, le Front Polisario et le Maroc, a causé la perte de confiance des Sahraouis dans l’Institution onusienne, laquelle a failli à assumer ses responsabilités et engagements, lors de l’accord du cessez-le-feu, en 1991 entre les deux parties précitées, pour la tenue du référendum, lequel n’a pas vu le jour, à ce jour. Après avoir rappelé les différentes étapes initiées par l’ONU et les ex-envoyés du secrétaire général de l’ONU, de l’Américain James Baker, en passant par Christopher Ross, jusqu’au le dernier en date, l’ex-président allemand, Horst Köhler, « les tergiversations de Rabat, sa fuite en avant et ses désengagements ont conduit non seulement au blocage du processus onusien par le Maroc » mais aussi ajoute-t-il « à la violation des résolutions de l’ONU et à la violation du mandat en 2016 de la mission des Nations unies pour l’organisation du référendum au Sahara occidental (Minurso), par l’expulsion de son personnel politique ». Pour l’invité du Forum « il est inadmissible aujourd’hui plus qu’hier de voir un système colonial encore ériger sur notre continent africain », non sans rappeler l’engagement des dirigeants africains et les États membres de l’UA « à mettre fin à la dernière question de décolonisation, le Sahara occidental » en traduction des textes et pacte constitutif de l’Institution africaine. Indiquant que l’ensemble du peuple sahraoui, des camps des réfugiés, des territoires sous occupation marocaine et de la diaspora, face au rôle inerte de l’ONU à faire valoir ses résolutions et sa Charte sur le Sahara occidental « les Sahraouis vivent désormais un problème de confiance face à ce surréalisme de l’ONU ». Par l’interruption du cessez-le-feu, novembre 2020, suite à la violation par l’armée marocaine de la Zone d’El-Guerguerat, à laquelle a riposté l’armée de libération du peuple sahraoui, la communauté internationale « est tenue plus qu’avant à assumer ses responsabilités et ses engagements» non seulement en direction du peuple sahraoui mais aussi en matière de la sauvegarde de la paix et la sécurité internationales. Affirmant que « le Maroc a allègrement violé le cessez-le-feu de 1991 » le royaume chérifien atteste ainsi qu’ « il ignore et voire même piétine les résolutions onusiennes, une posture de violation délibérée ».

    Le Maroc a conclu une transaction criminelle contre le peuple palestinien

    N’étant pas en mesure avec tout le soutien et les manœuvres des lobbies israéliens et celui notamment de la France, « à avoir la reconnaissance juridique de sa présence au Sahara occidental, laquelle est une présence illégale et d’occupation » le Maroc a été jusqu’ « à conclure une transaction criminelle contre le peuple palestinien durant l’ère de l’ex-président américain Donald Trump avec Israël» contre deux peuples en lutte pour leur liberté et indépendance , les peuples palestinien et sahraouie. « C’est sur le dos des Palestiniens » que le royaume chérifien poursuit le conférencier, « s’est précipité pour annoncer ses relations officielles avec l’entité sioniste », pensant que « l’accord du siècle, El-Qods capitale d’Israël » promu par le duo Trump et Netanyahu, allait mettre fin à la cause palestinienne et sahraouie. La riposte palestinienne, par la résistance armée et populaire, à la dernière agression d’El-Qods et des Palestiniens des territoires occupés par les autorités coloniales de l’entité sioniste a mis en échec, non seulement le plan et les visées par la normalisation de pays arabes, dont le Maroc avec Israël mais aussi « l’accord du siècle » précité. Il est à noter que le soutien mutuel de deux système coloniaux, l’Israélien en Palestine et le Marocain au Sahara occidental est une évidence, non seulement pour les colonisés, palestiniens et sahraouis, mais aussi pour plus d’une centaine d’État siégeant à l’Assemblée général de l’ONU, les peuples libres et les acteurs dont le docteur Said Layachi, de Comités et d’associations à travers le monde, de soutien, aux peuples palestinien et sahraoui.

    « Avec Israël à nos portes, la vigilance doit être multipliée par mille »

    Dans ses réponses aux questions des journalistes, sur les attaques permanentes et récurrentes du royaume chérifien contre l’Algérie, indiquant que cette posture marocaine « ne date pas d’aujourd’hui» l’invité du Forum affirme qu’elle traduit « la politique et l’approche expansionniste de Rabat » en opposition avec la doctrine et les principes de l’Algérie « hérités du processus historique du mouvement de libération du peuple algérien ». Le Maroc, rappelle le président du Comité de soutien à la cause sahraouie, « a eu à revendiquer Béchar, la Mauritanie, jusqu’au Sénégal », reprenant la déclaration du président de la République, « c’est le Maroc qui a des problèmes avec l’Algérie » et non l’inverse comme le chantent Rabat et le Makhzen marocain. Affirmant plus loin que les liens avec « le peuple marocain sont fraternels », il rappelle les dirigeants marocains que la question sahraouie est sur l’agenda de l’ONU, son conseil de sécurité et sa quatrième commission en charge des questions politiques et de décolonisation. Rebondissant sur l’officialisation des relations marocaines avec l’entité sioniste, l’invité du Forum affirme que « Rabat a ramené du poison à nos frontières ». De par sa position de principe et de ses engagements envers le peuple palestinien et la cause palestinienne, l’Algérie « est ciblée par Israël » et la déclaration du président de la République affirmant, lundi dernier, que notre pays « portera toujours les flambeaux palestinien et sahraoui » est pour notre interlocuteur « un message fort » et un rappel à l’ordre à certains qui pensent faire fléchir l’Algérie. L’animateur ne manquera pas, par la même occasion, d’inviter les Algériens « à être doublement vigilants » depuis que l’entité sioniste a un pied officiel au Maroc, concluant que la consolidation du Front intérieur « est plus qu’impératif mais une responsabilité de chacun » pour déjouer et faire échec au plan visant l’État algérien.
    Karima Bennour

    Le Courrier d’Algérie, 10 juin 2021

    Etiquettes : Algérie, Maroc, Israël, cannabis, haschich, drogue, Palestine, Sahara Occidental,

  • Berlin dénonce le refus du Maroc de fournir des services aux citoyens allemands

    Berlin dénonce le refus du Maroc de fournir des services aux citoyens allemands sans donner aucune justification

    Selon un communiqué de l’ambassade d’Allemagne au Maroc, Rabat refuse certains services aux citoyens allemands, sans apporter aucune justification à cela.

    « Depuis le 1er mars, le Maroc a suspendu unilatéralement sa coopération avec l’ambassade et les institutions allemandes, bloquant toutes les voies de communication avec l’ambassade, y compris le service des affaires consulaires », rappelle le communiqué publié jeudi sur la web de l’ambassade allemande qui indique que l’aide consulaire qu’elle peut apporter à ses concitoyens est très limitée qu’elle conseille de « de ne pas dépasser la période de séjour autorisée sans visa (90 jours), et de quitter le pays à temps, via des vols spéciaux ».

    « Si des problèmes surviennent concernant le séjour légal, l’assistance de l’ambassade n’est malheureusement pas possible », même si les autorités marocaines renvoient les personnes concernées vers la représentation diplomatique allemande à Rabat.

    Pour rappel, les relations entre le Maroc et l’Allemagne sont au froid depuis que Rabat a décidé de couper toute sorte de contact avec l’ambassade d’Allemagne à Rabat 2 en « raison de profondes divergences sur des questions cruciales », notamment la position de Berlin sur le contentieux du Sahara Occidental qui défend une « solution politique mutuellement acceptable » basée sur les résolutions du Conseil de Sécurité.

    Avec AA

    Etiquettes : Maroc, Allemagne, Sahara Occidental,

  • Résolution du PE sur le Maroc et la crise de Ceuta

    Parlement européen

    2019-2024
    TEXTES ADOPTÉS P9_TA(2021)0289
    Violation de la convention des Nations unies relative aux droits de l’enfant et utilisation de mineurs par les autorités marocaines dans la crise migratoire à Ceuta
    Résolution du Parlement européen du 10 juin 2021 sur la violation de la convention des Nations unies relative aux droits de l’enfant et l’instrumentalisation des mineurs par les autorités marocaines dans la crise migratoire à Ceuta (2021/2747(RSP))
    Le Parlement européen,
    – vu ses résolutions antérieures sur le Maroc, en particulier celle du 16 janvier 2019 sur l’accord UE-Maroc1 , et sa résolution du 26 novembre 2019 sur les droits de l’enfant à l’occasion du 30e anniversaire de la convention des Nations unies relative aux droits de l’enfant2 ,
    – vu la convention du 20 novembre 1989 des Nations unies relative aux droits de l’enfant, en particulier le principe de l’intérêt supérieur de l’enfant (articles 3 et 18),
    – vu les observations générales du Comité des droits de l’enfant des Nations unies, et en particulier l’observation générale n° 14,
    – vu la charte des droits fondamentaux de l’Union européenne,
    – vu la déclaration du 1er juin 2021 du Maroc sur la question des mineurs marocains non accompagnés en situation illégale dans certains pays européens,
    – vu les deux déclarations du 31 mai 2021 du ministère marocain des affaires étrangères, de la coopération africaine et des expatriés marocains sur la crise hispano-marocaine,
    – vu l’accord euro-méditerranéen établissant une association entre les Communautés européennes et leurs États membres, d’une part, et le Royaume du Maroc, d’autre part3 , entré en vigueur en 2000, et vu le partenariat 2013 pour la mobilité,
    – vu la déclaration à la presse du haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères 1 JO C 411 du 27.11.2020, p. 292. 2 Textes adoptés de cette date, P9_TA(2019)0066. 3 JO L 70 du 18.3.2000, p. 2. et la politique de sécurité à l’issue du Conseil des affaires étrangères le 18 mai 2021,
    – vu la communication conjointe du 9 février 2021 de la Commission et du haut représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité intitulée «Un partenariat renouvelé avec le voisinage méridional
    – Un nouveau programme pour la Méditerranée», notamment le quatrième chapitre sur la migration et la mobilité (JOIN(2021)0002),
    – vu l’accord entre le Royaume d’Espagne et le Royaume du Maroc relatif à la coopération dans le domaine de la prévention de l’émigration illégale des mineurs non accompagnés, de leur protection et de leur retour concerté, signé à Rabat le 6 mars 2007 et entré en vigueur le 2 octobre 2012,
    – vu la déclaration du 27 mars 2021 de l’Organisation internationale pour les migrations sur les arrivées récentes à Ceuta (Espagne),
    – vu l’article 144, paragraphe 5, et l’article 132, paragraphe 4, de son règlement intérieur,
    A. considérant que les relations entre l’Union européenne et le Royaume du Maroc ont pour fondement juridique l’accord d’association de 2000; qu’en tant que voisin proche, le Maroc est un partenaire privilégié de l’Union en matière de coopération politique, économique, commerciale et technique, ainsi que de coopération au développement, comme en témoignent les instruments parmi que sont, entre autres, les programmes d’action annuels, le fonds fiduciaire d’urgence de l’Union pour l’Afrique, l’instrument européen de voisinage et le programme «L’Europe dans le monde», ainsi que la participation du Maroc à Erasmus+, ainsi que le «statut avancé» accordé en 2008 dans le cadre de la politique européenne de voisinage; que le Maroc figure au 3e rang des bénéficiaires de fonds alloués par l’Union dans le cadre de sa politique européenne de voisinage;
    B. considérant que la crise actuelle a donné lieu à des tensions diplomatiques sans précédent entre le Maroc, d’une part, et l’Espagne et l’Union européenne, d’autre part; que, quels que soient les motifs qui ont présidé à l’apparition de la situation actuelle à Ceuta, c’est un incident injustifiable, qui ne correspond pas à la coopération établie de longue date et à la relation de confiance qui prévaut entre les deux parties, en particulier dans le domaine de la migration; que les relations de voisinage doivent être préservées et redevenir ce qu’elles étaient avant la crise, afin de contribuer à promouvoir des relations mutuellement bénéfiques en mettant en œuvre le nouvel agenda méditerranéen récemment présenté dans le cadre d’un partenariat renouvelé avec le voisinage sud, au titre duquel le Maroc est invité à approfondir son partenariat avec l’UE dans différents domaines;
    C. considérant que, depuis le 17 mai 2021, une augmentation sans précédent du nombre de passages vers le territoire espagnol a été constatée, et que quelque 9 000 personnes ont pénétré, par terre ou par mer, dans la ville autonome espagnole de Ceuta, après que la police marocaine a assoupli temporairement les contrôles aux frontières, ouvert les barrières et négligé de prendre des mesures pour arrêter les entrées illégales; que l’intervention humanitaire des forces armées et de sécurité espagnoles, des ONG et des citoyens de Ceuta a empêché que ne se produise une véritable tragédie; que la plupart des personnes ayant traversé illégalement la frontière étaient des ressortissants marocains; qu’un flux aussi important peut difficilement être considéré comme spontané; que parmi ces personnes, au moins 1 200 étaient des mineurs non accompagnés, et qu’il y avait également de nombreuses familles entières; que certains enfants venaient directement de l’école et n’avaient donc pas leurs papiers sur eux au moment de leur passage;
    D. considérant que, le 1er juin 2021, les autorités marocaines ont décidé de faciliter la réadmission de tous les enfants marocains non accompagnés mais identifiés se trouvant illégalement sur le territoire de l’Union; que, selon l’Organisation internationale pour les migrations, nombre d’entre eux ont déjà été rapatriés grâce à l’aide à la réunification et à la recherche des familles; que les autorités espagnoles ont ouvert une ligne d’urgence à Ceuta dans le but de ramener les enfants et les mineurs non accompagnés à leurs familles; que, toutefois, de nombreux enfants se trouvent encore dans des locaux espagnols, comme dans l’entrepôt de Tarajal et dans les centres d’accueil des migrants de Pinier et Santa Amelia, sous la tutelle de la ville autonome de Ceuta, dans l’objectif de pouvoir les identifier, d’évaluer leur situation personnelle, leurs vulnérabilités et les risques de persécution et de préjudice irréparable qu’ils courent; que les familles recherchent désespérément ces enfants; que cela fait peser des risques supplémentaires sur le développement physique, mental, moral, spirituel et social des enfants, comme l’indique la déclaration des droits de l’enfant des Nations unies;
    E. considérant que la plupart des enfants ont cru qu’ils participaient à une simple sortie scolaire à Ceuta et qu’ils pourraient assister gratuitement à un match de football avec des joueurs célèbres;
    F. considérant que l’intérêt supérieur de l’enfant doit être l’une des premières considérations dans tous les actes et décisions qui concernent les mineurs non accompagnés et leur bien-être physique et mental; qu’il est donc nécessaire, conformément au droit international, que ces enfants bénéficient de la reconnaissance et du soutien de toutes les autorités concernées et que, grâce à une coopération appropriée et renforcée, ils retrouvent leurs parents ou leurs proches et soient rendus en toute sécurité à leur famille qu’ils n’ont jamais eu l’intention de quitter; que, dans la stratégie de l’UE sur les droits de l’enfant, la Commission a recommandé aux États membres de renforcer leurs systèmes de tutelle pour les mineurs non accompagnés, notamment en participant aux activités du réseau européen en la matière; qu’en vertu de la convention des Nations unies relative aux droits de l’enfant, les pays d’accueil doivent garantir tous les droits des enfants migrants, y compris pour ce qui concerne le contrôle aux frontières et le retour;
    G. considérant que la crise a été déclenchée par le Maroc en raison d’une crise politique et diplomatique après que le chef du Front Polisario, Brahim Ghali, atteint par le coronavirus, a été admis dans un hôpital espagnol pour raisons humanitaires; que le 2 juin 2021, il est arrivé en Algérie;
    H. considérant que, selon les déclarations officielles du Maroc du 31 mai 2021, la crise bilatérale ne serait pas liée à la question migratoire; que le ministre marocain des affaires étrangères a d’abord reconnu que l’entrée massive de milliers de personnes, dont des enfants, découlait directement di fait que le chef du Front Polisario avait été accueilli en Espagne; que, dans une déclaration officielle publiée ultérieurement, les autorités marocaines ont indiqué comme raison réelle la position jugée ambiguë de l’Espagne sur le Sahara occidental;
    I. considérant que, lors de la réunion extraordinaire du Conseil européen des 24 et 25 mai 2021, les chefs d’État et de gouvernement de l’Union ont réaffirmé leur soutien sans réserve à l’Espagne et souligné que les frontières espagnoles faisaient partie des frontières extérieures de l’Union; que la situation à Ceuta a également été examinée lors du Conseil des affaires étrangères du 18 mai 2021, au cours duquel le haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité a exprimé sa pleine solidarité et son soutien à l’Espagne au nom de l’Union; que le droit international et le principe de souveraineté, d’intégrité territoriale et d’inviolabilité des frontières nationales doivent être respectés;
    J. considérant qu’un mandat de négociation en vue de la conclusion d’un accord de réadmission avec le Maroc a été accordé par le Conseil à la Commission en 2000; qu’à ce jour, aucun accord de ce type n’a été finalisé ou adopté;
    K. considérant que les autorités marocaines devraient faciliter le retour, dans les semaines à venir, de près de 13 000 travailleurs saisonniers bloqués dans le sud de l’Espagne;
    1. rejette l’utilisation par le Maroc des contrôles aux frontières et de la migration, notamment des mineurs non accompagnés, comme moyen de pression politique sur un État membre de l’Union; déplore en particulier que des enfants, des mineurs non accompagnés et des familles aient franchi massivement la frontière entre le Maroc et la ville espagnole de Ceuta, mettant ainsi leur vie et leur sécurité clairement en péril; regrette l’aggravation de la crise politique et diplomatique, et espère qu’elle ne portera atteinte ni aux relations stratégiques, multidimensionnelles et privilégiées de voisinage entre le Royaume du Maroc et l’Union européenne et ses États membres, ni à la coopération de longue date fondée sur la confiance dans les domaines de la lutte contre le terrorisme, la traite des êtres humains et le trafic de drogue, de la migration et des politiques commerciales; estime que les différends bilatéraux entre partenaires proches devraient être réglés dans le cadre d’un dialogue diplomatique; appelle à un apaisement des tensions et au retour à un partenariat constructif et fiable entre l’Union et le Maroc; appelle à poursuivre le développement de cette relation fondée sur la confiance et le respect mutuels; invite instamment le Maroc, à cet égard, à respecter son engagement de longue date en faveur d’une coopération renforcée en matière de gestion des frontières et de mobilité migratoire dans un esprit de coopération et de dialogue; souligne l’importance de renforcer le partenariat UE-Maroc, qui devrait tenir compte des besoins des deux partenaires de manière équilibrée et sur un pied d’égalité;
    2. se félicite de la démarche adoptée par les autorités marocaines le 1er juin 2021 pour faciliter le retour de tous les mineurs non accompagnés identifiés qui se trouvent illégalement sur le territoire de l’Union européenne; demande à l’Espagne et au Maroc de travailler en étroite collaboration pour ramener les enfants à leurs familles, dans le respect de l’intérêt supérieur de l’enfant et du droit national et international, en particulier de la convention des Nations unies relative aux droits de l’enfant, dont le Maroc est signataire depuis 1990 et qu’il a ratifié à deux reprises (en juin et en juillet 1993), ainsi que des accords pertinents entre l’Union européenne et ses États membres et le Maroc, en particulier l’accord entre le Royaume d’Espagne et le Royaume du Maroc sur la coopération dans le domaine de la prévention de la migration illégale des mineurs non accompagnés, de leur protection et de leur retour concerté; rappelle que le principe de l’unité familiale et le droit au regroupement familial doivent toujours être sauvegardés; souligne qu’une coopération étroite sur les défis migratoires est dans l’intérêt mutuel de l’Union européenne et du Maroc; invite le Royaume du Maroc à tenir ses engagements car il est essentiel d’assurer le retour en toute sécurité des enfants dans leur famille et de respecter les droits que leur confère le droit international;
    3. rappelle que la protection et la sécurité de Ceuta concernent l’ensemble de l’Union européenne car la ville autonome fait partie de ses frontières extérieures; se félicite de la réaction rapide de l’Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes (Frontex) qui a mis ses ressources au service du gouvernement espagnol afin de l’aider à résoudre les problèmes migratoires liés à cette crise; invite la Commission à fournir des fonds d’urgence pour faire face à la situation à Ceuta, notamment en finançant des capacités d’hébergement supplémentaires pour les mineurs non accompagnés;
    4. s’affirme pleinement solidaire des citoyens de Ceuta et salue la réponse efficace et professionnelle de l’armée et des organes de sécurité espagnols dans la ville autonome, ainsi que celle des ONG et des habitants, qui ont su gérer la crise et sauver de nombreuses vies; se félicite de la protection accordée aux mineurs non accompagnés par les autorités espagnoles, conformément au droit de l’Union et à la Convention des Nations unies relative aux droits de l’enfant;
    5. réaffirme la position consolidée de l’Union sur le Sahara occidental, fondée sur le plein respect du droit international, des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies et du processus politique conduit par les Nations unies pour parvenir à une solution négociée juste, durable, pacifique et acceptable par les deux parties;
    6. réaffirme l’inviolabilité des frontières nationales des États membres de l’Union et insiste sur le fait que le respect de leur intégrité territoriale est non négociable en tant que principe fondamental du droit international et principe de solidarité européenne; rappelle que l’atteinte à la souveraineté territoriale des États membres ne saurait être tolérée;
    7. invite instamment la Commission et le Royaume du Maroc à coopérer et à conclure formellement, dans les meilleurs délais, un accord de réadmission UE-Maroc assorti des garanties juridiques nécessaires; est convaincu que la coopération future de l’Union avec les pays du sud de la Méditerranée devrait se fonder sur l’objectif à long terme qui consiste à s’attaquer aux causes profondes de la migration illégale en renforçant le développement économique et les investissements, en créant de nouvelles possibilités d’emploi et en promouvant une éducation de qualité pour tous les enfants de la région;
    8. charge son Président de transmettre la présente résolution au Conseil, à la Commission, au vice-président de la Commission / haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, aux gouvernements et aux parlements des États membres, ainsi qu’au gouvernement et au parlement du Maroc.
    Source : Parlement Européen, 10 juin 2021
    Etiquettes : Maroc, Espagne, Sahara Occidental, Ceuta, migration, mineurs non accompagnés, Union Européenne, UE, Parlement Européen,