Étiquette : Sahara Occidental

  • Le calme est revenu à Ceuta, pas entre le Maroc et l’Espagne

    Après une nuit agitée, les rues de la ville Fnideq, où avaient afflué des flots de jeunes, se sont vidées. Les évacuations se poursuivent, le Maroc et l’Espagne se renvoient la responsabilité

    La zone frontalière entre le Maroc et l’enclave espagnole de Ceuta a retrouvé son calme jeudi, après un déferlement sans précédent de Marocains candidats à l’exil, mais les tensions diplomatiques entre Rabat et Madrid restent fortes.

    L’Espagne a encore haussé le ton jeudi en accusant le Maroc d’«agression» et de «chantage», tandis que son partenaire traditionnel dans la lutte contre la migration illégale dénonçait «double langage» et «intimidations».

    Les deux pays se renvoient aussi la balle sur le traitement des mineurs: Madrid reproche qu’on les ait laissés passer, Rabat affirme que les moyens employés pour les refouler étaient disproportionnés. Amnesty International a renvoyé dos à dos les deux pays: «Les demandeurs d’asile et les migrants sont utilisés comme les pions d’un jeu politique entre le Maroc et l’Espagne», a déclaré l’ONG en ajoutant qu’«environ 2000 enfants non accompagnés» avaient rallié l’enclave. Il en restait jeudi 800 sur «quelque 1500» arrivés, selon la préfecture de Ceuta.

    Un accord pour l’organisation des retours

    Sur place, le flot des arrivées s’est tari mais la police espagnole a repêché dans l’après-midi le corps sans vie d’un homme qui avait tenté la traversée, sans que l’on sache à quand remontait le drame. Il s’agit de la seconde noyade depuis le début de cette crise migratoire.

    Après une nuit agitée, les rues de la ville marocaine de Fnideq, où avaient afflué un grand nombre de jeunes en quête d’un avenir meilleur, se sont vidées. Et plus aucun candidat à l’exil ne tentait d’approcher la plage de Ceuta.

    Depuis lundi, quelque 8000 migrants ont rejoint Ceuta par la plage ou par la mer, profitant d’un relâchement des contrôles frontaliers côté marocain. Parmi eux, 6000 ont déjà été expulsés vers le Maroc, selon les autorités espagnoles. Des norias de bus affrétés par les autorités marocaines ont ramassé toute la journée des migrants expulsés ainsi que ceux qui espéraient franchir à leur tour la frontière, pour les ramener dans leurs villes d’origine, a constaté l’Agence France Presse (AFP).

    Des sources policières ont confirmé que «l’Espagne et le Maroc avaient conclu un accord pour officialiser ce qu’il se passe déjà en pratique», avec l’organisation de retours par groupe pour les adultes entrés à Ceuta. Quelque 3000 personnes ont été évacuées depuis le début de cette opération qui a commencé vers 2 heures du matin jeudi (3 heures en Suisse), selon les informations obtenues par l’AFP.

    L’accueil de Brahim Ghali au centre des tensions

    En toile de fond de cet afflux migratoire sans précédent persistent de fortes tensions entre Madrid et Rabat, qui ne décolère pas depuis l’arrivée en avril en Espagne, pour y être soigné, de Brahim Ghali, chef des indépendantistes sahraouis du Front Polisario, ennemi juré du Maroc.

    «La véritable source de la crise, c’est l’accueil par Madrid sous une fausse identité du chef séparatiste des milices du Polisario», a déclaré jeudi le ministre des Affaires étrangères Nasser Bourita cité par l’agence officielle MAP. «La crise durera tant que sa véritable cause ne sera pas résolue, le Maroc refuse de recevoir ce genre d’intimidations, basées sur des clichés du passé.»

    Le Temps, 22 mai 2021

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  • Le Maroc, un voisin dangereux

    Le Maroc est un bouclier contre le terrorisme, le trafic de drogue et l’immigration clandestine. Il les utilise comme moyen de chantage

    Dire que le Maroc est un voisin amical est une demi-vérité. C’est un voisin peu amical. Elle exerce un chantage au terrorisme, au trafic de drogue et à l’immigration clandestine. Plus des deux tiers des auteurs des attentats djihadistes perpétrés en Europe au cours des dernières décennies, à Madrid, Cambrils, Barcelone, Paris ou Bruxelles étaient des ressortissants marocains. La monarchie absolue et l’État policier de Rabat contrôlent les suspects. Ou pas ; il vient de suspendre la coopération antiterroriste avec l’Allemagne, parce que Berlin n’accepte pas la souveraineté marocaine sur le Sahara. Le Rif est le premier producteur mondial de cannabis. Le rapport annuel de l’ONU sur les drogues évalue sa récolte à 40 000 tonnes, ce qui représenterait une valeur d’environ 200 millions d’euros dans les campagnes, et 50 fois sa valeur au détail dans les villes européennes. Cela signifie un trafic intense à travers le détroit de Gibraltar et la présence de mafias de toutes nationalités sur les côtes de Cadix et de Malaga.

    Les 8 000 personnes qui ont fait irruption à Ceuta sont une mimique des 50 000 personnes que le roi Hassan II avait envoyées en 1975 au Sahara dans le cadre de la marche verte. Le Maroc a lancé ce défi à l’Espagne à un moment de faiblesse : l’agonie du dictateur. L’incident de Perejil en 2002 s’est produit sous un gouvernement à majorité absolue de droite, et l’incident actuel sous un gouvernement minoritaire de gauche. Les deux précédents avec des présidents américains républicains et celui-ci avec un président démocrate. Le soutien américain à la souveraineté marocaine sur le Sahara a été étendu de Trump à Biden en échange de la reconnaissance d’Israël et du soutien tacite à la ligne de conduite de Netanyahu. Le Maroc bénéficie de privilèges agricoles, avec des quotas croissants pour les légumes et les fruits, des droits de douane peu élevés et des prix d’entrée qui concurrencent les agriculteurs andalous, murciens et canariens sur les mêmes horaires. Ces accords et les accords de pêche ont conduit à des décisions de la Cour de Justice de l’UE qui ne reconnaissent pas la souveraineté ou la juridiction de Rabat sur le Sahara Occidental.

    Au milieu de la crise, les politiciens nationaux sont dans la mêlée. Casado dit à Sánchez que le gouvernement est trop grand pour lui et enhardit le dangereux voisin. Et en face de ce leader junior de l’opposition, il y a un poids plume à la tête du gouvernement, qui accuse son adversaire de vouloir le faire tomber. Le déploiement de l’armée espagnole a une carte simple à comprendre : le quartier général de la force terrestre est basé à Séville, le quartier général de la flotte est à Rota et le commandement général des Marines est à San Fernando. Le Maroc est un voisin, mais il n’est certainement pas sage de le prendre pour un ami.

    Diario de Cadiz, 22 mai 2021

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  • 6 600 migrants renvoyés au Maroc, les familles recherchent les leurs

    CEUTA, Espagne (AP) – Les autorités de Ceuta, une enclave espagnole en Afrique du Nord, ont fait face à des complications vendredi pour réunir des parents marocains inquiets avec des centaines d’enfants et d’adolescents emportés dans une impasse diplomatique entre Madrid et Rabat sur la migration et le territoire contesté du Sahara occidental.

    Jusqu’à présent, les autorités ont confirmé que 438 mineurs non accompagnés faisaient partie des plus de 8 000 personnes qui sont arrivées à Ceuta en provenance du Maroc entre lundi et mercredi en escaladant la clôture frontalière ou en la contournant à la nage. Les travailleurs sociaux vérifient l’âge de nombreux autres jeunes qui se trouvent dans des abris ou qui errent dans les rues, a déclaré Mabel Deu, porte-parole de la ville autonome.

    Une ligne d’assistance téléphonique mise en place jeudi avait reçu 4 400 appels le lendemain de parents désespérés cherchant des informations, a-t-elle précisé. La plupart des demandes concernaient des mineurs.

    « Notre objectif est qu’ils retrouvent leurs parents le plus rapidement possible, car nous comprenons l’angoisse et l’inquiétude de nombreuses familles qui ne savent pas où se trouvent leurs enfants », a déclaré Mme Deu.

    Le Maroc a déjà repris plus de 6 600 des migrants qui ont réussi à atteindre Ceuta, selon les autorités espagnoles. En entrant dans la ville, ils se sont retrouvés sur le territoire de l’Union européenne. Des centaines de milliers de demandeurs d’asile tentent chaque année de rejoindre l’Europe depuis l’Afrique.

    La plupart des parents inquiets qui appellent la ligne d’assistance téléphonique se trouvent à quelques kilomètres seulement de la frontière, dans la ville marocaine de Fnideq. Mais la vigilance accrue le long d’une frontière de 8 kilomètres de long et les ressources débordées du côté espagnol rendent les réunions difficiles.

    Fatima Zohra a déclaré à l’Associated Press que d’autres filles ont poussé sa fille de 14 ans à traverser la frontière à l’insu de sa mère. Mme Zohra a déclaré avoir aperçu sa fille sur des photos prises à l’intérieur de l’entrepôt où les autorités espagnoles gardent les mineurs pendant qu’elles les traitent.

    « S’il vous plaît, aidez-moi à trouver ma fille », a-t-elle dit. « Nous avons toujours pris soin d’elle. Nous avons de l’argent. Son père travaille dans une entreprise privée. »

    L’Espagne est légalement tenue de prendre en charge les jeunes migrants jusqu’à ce que leurs proches puissent être localisés ou jusqu’à ce qu’ils aient 18 ans. Les autorités sont en train de décider où répartir sur le continent espagnol les 260 mineurs qui se trouvaient déjà à Ceuta avant le dernier afflux.

    Mais les réunifications s’avèrent également difficiles à réaliser, selon le Deu. Certains enfants ont dit aux services sociaux qu’ils voulaient vraiment rester, même contre la volonté de leurs parents. D’autres ne peuvent pas rentrer chez eux assez tôt.

    « Je veux quitter cet endroit. Je ne veux pas Ceuta. Je veux le Maroc », ont entendu les journalistes de l’AP entendre une fille pleurer dans un centre d’accueil.

    Save The Children, une organisation internationale à but non lucratif, a déclaré que l’accélération du retour des mineurs devait se faire au cas par cas, en veillant à la sécurité et aux intérêts de l’enfant avant tout.

    La crise humanitaire a débuté alors que le Maroc et l’Espagne étaient en désaccord sur le fait que l’Espagne acceptait de fournir des soins COVID-19 à un éminent leader sahraoui luttant pour l’indépendance du Sahara occidental, un territoire autrefois sous contrôle espagnol que le Maroc a annexé dans les années 1970.

    Tout en accusant l’Espagne d’avoir créé un différend diplomatique en hospitalisant le leader du Front Polisario, les autorités marocaines ont nié avoir encouragé les traversées massives de migrants vers Ceuta cette semaine.

    Des témoins et des reporters, dont AP, ont décrit avoir vu les gardes-frontières relâcher les contrôles. Mais au moins deux responsables marocains ont séparément attribué l’afflux massif à une météo favorable ou à des troupes fatiguées après les célébrations du Ramadan.

    « Cela n’a pas été improvisé, cela a été planifié. Le Maroc en profite en nous envoyant et en faisant sortir les gens », a déclaré à l’AP un jeune de 18 ans qui a traversé cette semaine vers Ceuta. « Nous sommes l’expérience du Maroc. Nous sommes comme des rats de laboratoire ».

    Le jeune homme a demandé à ce que son nom ne soit pas divulgué par peur de l’expulsion et d’autres représailles.

    La direction centrale de la police marocaine a qualifié de « fausses » les allégations selon lesquelles des agences et des agents publics auraient encouragé les traversées. En réponse aux questions d’AP, la direction a déclaré que les déclarations de mineurs qui ne sont pas sous la surveillance de parents ou de tuteurs « ne peuvent pas être prises en compte ou fondées. »

    Les migrants adultes restés à Ceuta étaient dispersés entre des abris de fortune et un centre de rétention pour migrants où certains demandeurs d’asile ont été emmenés. Beaucoup, notamment des Marocains, erraient également dans les rues, se cachant des patrouilles de police qui rassemblaient les migrants.

    Pour le troisième jour consécutif, aucun autre migrant n’est arrivé dans la ville sans autorisation après que les autorités marocaines ont renforcé leur vigilance. Cependant, les forces de sécurité des deux côtés de la barrière séparant le Maroc de Melilla – autre territoire espagnol d’Afrique du Nord – ont repoussé des groupes de jeunes qui tentaient de rejoindre le sol espagnol. Le gouvernement a déclaré qu’au moins 70 d’entre eux avaient réussi à entrer dans la journée.

    Les revendications de souveraineté du Maroc sur Ceuta et Melilla ont été un point de friction intermittent entre les deux voisins méditerranéens.

    Mais les relations sont tombées au plus bas ce mois-ci en raison de la décision de l’Espagne d’accueillir Brahim Ghali, qui dirige la lutte des Sahraouis contre l’annexion du Sahara occidental par le Maroc. Ghali, qui est arrivé sous un autre nom avec un passeport algérien, se remet dans un hôpital du COVID-19.

    L’ambassadrice du Maroc en Espagne, Karima Benyaich, a averti vendredi que la crise pourrait s’aggraver en fonction de la manière dont l’Espagne traitera Ghali.

    « Choisir la même procédure pour son départ, c’est choisir la stagnation et l’aggravation de la crise », a déclaré Benyaich au radiodiffuseur public espagnol TVE.

    La République arabe sahraouie démocratique autoproclamée, que M. Ghali dirige également, a reproché vendredi au Maroc d’utiliser « des politiques expansionnistes, l’agression et le chantage » pour tenter de pousser les pays européens à accepter sa revendication du Sahara occidental, après la reconnaissance que les États-Unis lui ont accordée l’année dernière.

    « La conviction des diplomates marocains que la déclaration de Trump pourrait créer une dynamique mondiale pour légitimer l’annexion et l’occupation illégale du Sahara occidental par le Maroc a abouti à un fiasco politique », a déclaré le mouvement.

    Le Maroc a proposé d’accorder une large autonomie à ce territoire, où une force de maintien de la paix de l’ONU surveille un cessez-le-feu depuis 1991. Le Front Polisario affirme que les populations locales ont le droit d’organiser un référendum sur l’autodétermination.

    Associated Press, 22 mai 2021

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  • Crise des migrants à Ceuta : il est temps de sortir d’une certaine naïveté dans le regard porté sur le Maroc

    ÉDITORIAL

    Le Monde

    En orchestrant un subit afflux migratoire dans l’enclave espagnole, Rabat a provoqué une grave crise avec Madrid et, par-delà, Bruxelles. L’épisode a jeté une lumière crue sur la véritable nature du régime marocain.

    Editorial du « Monde ». Une nouvelle crise migratoire au flanc méridional de l’Europe ? La montée de la tension à Ceuta a de quoi alarmer. Sous l’œil passif de la police marocaine, près de 8 000 Marocains, souvent très jeunes, ont réussi à se glisser en début de semaine à l’intérieur de l’enclave espagnole sur la côte septentrionale du royaume chérifien. Si la pression semblait s’être dissipée, jeudi 20 mai, après l’expulsion de 5 600 de ces migrants vers le Maroc, cet épisode va marquer durablement les relations entre Rabat et Madrid et, au-delà, Bruxelles.

    Car cette crise a été mûrie et mise en scène par les autorités marocaines, dont la police a quasiment montré la voie de Ceuta à une jeunesse en pleine détresse sociale. A Madrid, où le ministre de la défense a accusé le Maroc d’« agression » et de « chantage », l’émotion est vive. Le Maroc n’avait guère habitué les Européens, en général plutôt bienveillants à son égard, à se comporter en émule du président turc, Recep Tayyip Erdogan, ou de l’ex-Guide libyen Mouammar Kadhafi, qui, à des époques différentes, n’ont pas hésité à jouer de l’arme migratoire en Méditerranée pour faire pression sur l’Europe.

    L’attitude de Rabat constitue un fâcheux précédent. L’origine de la crise est connue : Rabat a vécu comme un geste d’inimitié inacceptable l’hospitalisation sur le sol espagnol de Brahim Ghali, le chef suprême du Front Polisario, mouvement séparatiste luttant pour l’indépendance du Sahara occidental. L’argument « humanitaire » mis en avant par Madrid a été jugé irrecevable à Rabat, qui avait promis que cette décision aurait des « conséquences » : elles sont venues sous la forme de la vague migratoire orchestrée vers Ceuta.

    Un pari risqué

    Encouragé par le succès diplomatique, scellé le 10 décembre 2020, autour du fameux « deal de Trump », aux termes duquel Washington a reconnu la « souveraineté marocaine » sur le Sahara occidental en échange de la normalisation des relations entre le Maroc et Israël, le royaume chérifien s’est senti assez sûr de lui pour défier l’Espagne à Ceuta.

    C’est un pari risqué. La réputation internationale du Maroc en sort fortement dégradée. Les scènes d’adolescents et même de nourrissons risquant leur vie dans les eaux de Ceuta avec la complicité de la police marocaine trahissent le cynisme d’un pouvoir prêt à sacrifier froidement sa jeunesse sur l’autel de ses intérêts diplomatiques. Elles illustrent également la précarité sociale dans laquelle végètent des catégories entières de la population, à mille lieues du Maroc scintillant que certains thuriféraires se plaisent à vanter à Paris et ailleurs.

    Régression autoritaire

    Il est temps de sortir d’une certaine naïveté dans le regard porté sur le Maroc. Le royaume dispose incontestablement d’atouts précieux : porte d’entrée vers l’Afrique occidentale, islam éclairé, coopération sécuritaire et (jusque-là) migratoire. Sa diaspora en Europe est dynamique, parfois influente. Mais ce capital diplomatique a trop longtemps occulté dans les chancelleries la réalité d’un pouvoir à l’inquiétante régression autoritaire, comme en témoignent les emprisonnements de journalistes et d’intellectuels critiques. L’un d’entre eux, Soulaiman Raissouni, risque actuellement sa vie, en grève de la faim.

    Au nom d’une amitié qui doit rester exigeante, le moment est venu pour les Européens de signifier au Maroc que son crédit à l’étranger est entamé. Et que la défense de ses intérêts légitimes ne doit pas le dispenser de traiter décemment sa population – et ses voisins.

    Le Monde, 21 mai 2021

  • Espâgne : La Cour Suprême épargne à Sanchez un nouveau conflit avec l’Algérie

    L’Audience nationale ne voit aucune raison de convenir de mesures de précaution pour empêcher Brahim Ghali de quitter l’Espagne, malgré les accusations visant à empêcher son retour en Algérie.

    La crise diplomatique entre l’Espagne et le Maroc a un troisième axe dans cette relation, l’Algérie. Jusqu’à présent, l’accent a été mis uniquement sur les deux pays, en oubliant le troisième partenaire en question. Confrontée au Maroc pour son influence et la défense du leader du Front Polisario, l’Algérie est un partenaire stratégique essentiel pour l’Espagne. Surtout, parce que le gaz algérien représente près de 55 % des importations annuelles de l’Espagne. Cette semaine, en plus du conflit avec le Maroc, les relations avec l’Algérie étaient sur le point de s’effondrer. Grâce à l’Audience nationale, Pedro Sánchez s’est épargné un conflit majeur avec ce pays.

    Le chef du Front Polisario, Brahim Ghali, s’est rendu à Logroño à bord d’un avion médicalisé algérien et, sous une fausse identité, s’est enregistré dans un hôpital pour y être soigné pour Covid. Un véritable affront au Maroc de la part du gouvernement espagnol et une formule, celle de l’enregistrement sous une fausse identité, qui fait actuellement l’objet d’une enquête par les autorités judiciaires.

    Mardi dernier, au plus fort de la crise, le juge Santiago Pedraz a annoncé la réouverture d’une enquête sur une plainte déposée en Espagne contre le dirigeant du Front Polisario et d’autres responsables sahraouis pour des crimes présumés de génocide et de torture, déposée par l’Association sahraouie pour la défense des droits de l’homme (ASADEH). Le Ghali a également reçu une deuxième plainte déposée par un particulier, Fadel Mihdi Breica.

    Ghali lui-même a refusé de signer le reçu de la première convocation au motif qu’il souhaitait contacter l’ambassade d’Algérie et des personnes de confiance avant de le faire.

    La situation s’est avérée extrêmement complexe, puisque les deux accusations ont demandé mercredi de décréter la détention provisoire au vu du « risque très élevé de fuite », ou à défaut, de lui interdire de quitter le pays en vue de son éventuel départ vers l’Algérie.

    Enfin, aucune des deux affaires ouvertes contre le Ghali devant l’Audiencia Nacional n’a donné lieu à l’imposition de mesures de précaution, comme la restriction de leurs mouvements et leur départ éventuel du pays. Quelque chose qui, selon des sources diplomatiques, aurait signifié « un grand conflit avec l’Algérie » la même semaine où l’Espagne et le Maroc rompent leurs relations.

    Le bureau du procureur de l’Audiencia et le juge Santiago Pedraz ont refusé d’imposer des mesures de précaution car ils considèrent que les preuves de crimes présentées jusqu’à présent contre le Ghali sont trop faibles pour soutenir une telle décision.

    La Justice évite, de cette façon, à Pedro Sánchez un nouveau conflit diplomatique qui aurait supposé une autre crise au sein du Gouvernement. Le Ghali pourra retourner en Algérie malgré les accusations portées en Espagne et sa convocation le 1er juin.

    La rupture avec le Maroc

    L’Espagne sauve ainsi un conflit avec l’Algérie, mais comme il arrive toujours dans ces cas, les décisions affectent aussi les tiers et, dans ce cas, la décision de la Justice aggrave encore plus la crise avec le Maroc.

    L’ambassadrice du Maroc en Espagne, Karima Benyaich, a averti vendredi que si l’Espagne décide de renvoyer le leader du Front Polisario d’Espagne de la même manière qu’il y est entré, « elle opte pour la stagnation et la dégradation des relations ». Cette information a été rendue publique par le ministère des affaires étrangères à Rabat.

    L’ambassadeur a souligné que ce qui se passe avec le Ghali « est un test pour l’indépendance de la justice espagnole, en laquelle nous avons pleinement confiance », mais aussi un autre test pour savoir si l’Espagne « choisit de renforcer ses relations avec le Maroc ou préfère collaborer avec ses ennemis ».

    De son côté, le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, a déjà pris sur lui de dire que l’ambassadeur ne retournera pas en Espagne « tant que les causes de la crise persistent ».

    « S’il y a un problème ou une crise, c’est parce que l’Espagne a préféré agir et se coordonner avec les adversaires du Maroc plutôt que les sentiments du peuple marocain par rapport à une question fondamentale pour le royaume », a déclaré le chef de la diplomatie marocaine, selon Reuters.

    « Une crise de grande ampleur ».

    Des sources diplomatiques préviennent Economía Digital qu’il s’agit d’une « crise de longue haleine ». C’est dire que le conflit Espagne-Maroc va s’éterniser. Son ambassadeur n’a pas de date de retour, tandis que le ministère des affaires étrangères dirigé par Arancha González Laya analyse soigneusement comment gérer la suspension de certaines réunions bilatérales à caractère technique.

    De même, il n’y a toujours pas de date pour le sommet de haut niveau reporté depuis décembre, mais rien n’indique que les domaines les plus sensibles, la coopération dans la lutte contre l’immigration illégale ou le djihadisme, aient été affectés, selon les sources de la Moncloa.

    Des sources diplomatiques sont convaincues que Rabat comprend que l’Espagne ne pouvait ignorer la demande de l’Algérie et apprécie le rôle qu’elle joue en sa faveur au sein de l’UE. En ce moment, soulignent les mêmes sources, l’Espagne tente d’obtenir de l’UE qu’elle n’inclue pas le Maroc dans sa liste grise de paradis fiscaux.

    Les plus de 20 000 entreprises espagnoles ayant des intérêts au Maroc ont déjà demandé l’aide du gouvernement espagnol, comme l’a publié Economía Digital, face à d’éventuelles représailles. Plus précisément, 21 800 entreprises à capitaux espagnols opèrent avec un stock d’investissement cumulé d’environ 8 454 millions d’euros, selon les données de l’ICEX qui ont été recensées en 2019 (avant la pandémie).

    Les hommes d’affaires espagnols craignent des représailles

    La fédération de Ceuta de la CEOE a averti cette semaine, au début de la crise diplomatique entre l’Espagne et le Maroc, que les autorités marocaines parlaient déjà de prendre des « représailles commerciales et de freiner les investissements espagnols » dans le pays. Face à ces tensions, « nous craignons un scénario de représailles », commentent les employeurs et révèlent que du côté du gouvernement « nous n’avons pas encore reçu de réponse ».

    Les hommes d’affaires craignent que la crise diplomatique entre les deux gouvernements n’aboutisse à trois scénarios possibles : le frein aux investissements espagnols dans les grands projets d’infrastructure et de tourisme que le Maroc a en cours ; que le financement pour les hommes d’affaires espagnols qui veulent opérer dans le pays devienne plus cher et, troisièmement, l’inquiétude que le Maroc ait déjà ouvert la porte aux grandes entreprises internationales américaines qui, sans porter atteinte à l’hégémonie française, grignotent le terrain des entreprises espagnoles.

    Ce dernier point a été renforcé par la « capote américaine » que le gouvernement de Joe Biden a donnée ce mardi au Maroc, à travers un appel au renforcement de leurs relations bilatérales. Ce qu’elle n’a pas encore fait avec l’Espagne.

    Les hommes d’affaires préviennent que le problème diplomatique entre les gouvernements « prendra du temps » et qu’il en va du volume des exportations espagnoles, qui sont passées de 1,9 % en 2011 à 3,0 % en 2019 et 2,6 % en 2020. En janvier 2021, les exportations espagnoles vers le Maroc ont atteint 601 millions d’euros.

    Economia digital, 22 mai 2021

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  • Maroc-Espagne : Acteurs clandestins

    par Abdou BENABBOU

    Inconsciente et nue stratégie frisant le satanisme que celle prise par le palais royal marocain de jeter ses enfants à la mer sans le moindre égard ni scrupule pour la vie humaine. Lancer des dizaines de milliers d’âmes à l’abordage d’un pays voisin, la plupart à la nage pour traverser des houles marines de plusieurs kilomètres a l’odeur similaire à tout point de vue de celle de la démoniaque marche dite verte initiée en 1975 par Hassan II. De la nouvelle expédition humaine se dégage comme une senteur venue droit des laboratoires du Moyen-Orient portant une visible empreinte israélienne. La préparation de ses recettes diaboliques et sans retenue est aujourd’hui largement connue. L’œuvre est signée d’autant que de nombreux malheureux expéditionnaires, haraga d’un nouveau genre ont reconnu au grand jour qu’ils ont traversé la mer avec la bénédiction du trône alaouite. La bénédiction monarchique vaut ordre à exécuter et ne voile pas un programme et des actions préparés.

    Sans doute c’est par crainte pour le devenir de leurs familles gardées en otages, ils n’ont pas eu le courage d’avouer qu’ils ont reçu l’ordre d’investir les plages ibériques. Plus de 8000 acteurs clandestins venus des quatre coins du Maroc, en attendant la gambade de centaines d’autres, ce n’est pas rien et il est impossible de concevoir qu’un aussi grand nombre de malheureux téméraires aient pu se concerter ensemble pour s’engager en un claquement de doigt dans une si spectaculaire aventure. Certes l’aubaine était trop belle pour une jeune population marocaine bernée qui pensait, pour une fois, malgré le risque suicidaire, que les portes du paradis s’ouvraient à elle. Une telle marée humaine, comme les autres qui vont sûrement suivre, a été bel et bien orchestrée. L’évidence est incontournable.

    En fait et encore une fois, les nouvelles gesticulations marocaines sont les relents condensés de l’occupation du territoire sahraoui. Les autorités espagnoles ne sont pas dupes et ont répliqué avec fermeté face au chantage auquel Rabat veut les soumettre en affirmant que sur le sujet elles sont attachées à la légalité internationale et s’en tiennent aux résolutions des Nations Unies.

    Madrid doit bien regretter aujourd’hui d’avoir failli à ses responsabilités en livrant le peuple sahraoui aux gémonies par les monarques Juan Carlos et Hassan II en 1975.

    Le Quotidien d’Oran, 22 mai 2021

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  • Sahara Occidental : Sultana Khaya et sa soeur gravement tourturées et violées

    Des membres masqués de la police coloniale marocaine ont commis un viol contre les activistes politiques et des droits de l’homme « Sultana Khaya » et « Alouaara Khaya ».

    A l’aube du mercredi 12 mai 2021, de nouveaux groupes masqués de la police coloniale marocaine ont attaqué en force la maison de la famille de « Sid brahim Khaya », qui est toujours assiégée depuis presque (06) mois dans la ville occupée de Boujdour.
    Au cours de cette attaque, la maison a été inspectée avec précision et ses meubles ont été endommagés et certains objets à l’intérieur ont été volés, même le téléphone portable personnel de Sultana qui a été utilisé par « Alouaara Khaya » pour filmer tous les crimes inhumains pendant l’attaque offensive de la police à la maison le 10 mai 2021 dans cette attaque. Il s’agit d’une attaque par laquelle tous les membres de la famille sont confrontés à plusieurs actions agressives de la part des autorités coloniales marocaines. Par exemple, la torture physique et orale, le vol, la disparition du contenu de la maison et aussi l’enlèvement et la torture de l’activiste sahraoui « Babouzeid Labbihi », président du CODESA, ainsi que ses deux partenaires, l’étudiant et ancien prisonnier politique sahraoui « Essalek Babier » et l’étudiant et journaliste sahraoui « Khalid Boufrayoua » avant d’être jeté en dehors de la zone urbaine précisément à environ (60) km au sud de la ville occupée de Laayoune (vidéo .   https://www.youtube.com/watch?v=5BYVuwMETvw)
    Dans un témoignage filmé par les deux militants des droits de l’homme « Sultana Khaya » le président de la Ligue sahraouie pour la défense des droits de l’homme et la protection des richesses et « Alouaara Khaya » ont confirmé que la maison de leur famille avait été attaquée par les autorités coloniales marocaines qui ont torturé et violé les deux femmes en poussant des bâtons de bois dans leurs anus tout en les pliant sur le sol et en liant leurs mains avec des cordes en plastique (vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=PG_IGR5Sogs)
    Cette attaque a eu lieu le jour où l’activiste sahraouie « Sultana Khaya » a été invitée à participer à un séminaire à distance qui a été organisé par le Parlement européen dans le but de partager ses témoignages sur tout ce qu’elle et les membres de sa famille ainsi que les militants sahraouis de soutien ont vécu et souffert de tous les crimes inhumains qui ont duré plus de (05) mois tels que l’intenable siège ainsi que la torture physique et psychologique (vidéo  :  https://www.youtube.com/watch?v=fqA0FgTZ2xo)
    Laayoune / Sahara Occidental occupé Le : 16 Mai 2021
    Le bureau exécutif du collectif des défenseurs sahraouis des droits de l’homme au Sahara Occidental.
    Défenseurs des droits de l’homme au Sahara Occidental
    CODESA
    Etiquettes : Sahara Occidental, Maroc, Sultana Khaya, Alouaara Khaya, 
  • Le Maroc, une monarchie dangereuse

    LA MONARCHIE MAROCAINE AGUICHE DES PUISSANCES ÉTRANGÈRES POUR S’IMPOSER AU MAGHREB
    Donald Trump fait miroiter au Makhzen, sa souveraineté sur le Sahara occidental et obtient la reconnaissance d’Israël par la monarchie marocaine.

    Hier, jeudi, le président américain Donald Trump a mis en ligne trois tweets successifs consacrés au Maroc et au Sahara Occidental, à l’établissement de relations diplomatiques entre le royaume chérifien et Israël et à la reconnaissance au XVIIIe des États-Unis par le makhzen.

    Primauté du droit international

    Dans le premier tweet, le locataire de la Maison-Blanche édite : « Aujourd’hui, j’ai signé une proclamation reconnaissant la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. La proposition d’autonomie sérieuse, crédible et réaliste du Maroc est la SEULE base d’une solution juste et durable pour une paix et une prospérité durable ! ». En fait, ce n’est pas tant la recherche d’une solution juste et durable qui explique cette initiative du président américain qui n’est pas à son premier déni du droit international -transfert de l’ambassade US à Jérusalem, implantation de colonies israéliennes sur les territoires palestiniens, sortie unilatérale du traité sur le nucléaire iranien conclu sous la supervision du Conseil de sécurité…-. Or jusqu’à preuve du contraire, en matière de relations supranationales, c’est le droit international qui fait force de loi. Qu’à cela ne tienne !

    L’explication partielle de ce premier e-message est dans le deuxième tweet, post dans lequel Donald Trump explique : « Une autre percée HISTORIQUE aujourd’hui ! Nos deux GRANDS amis, Israël et le Royaume du Maroc, ont convenu de relations diplomatiques complètes – une énorme percée pour la paix au Moyen-Orient ! ». Tant dans sa substance que dans ses objectifs, le marchandage est on ne peut plus clair : Tu reconnais Israël, je te donne le Sahara occidental !

    Cela dit, il faut relativiser la portée juridique d’une proclamation présidentielle aux États-Unis, surtout lorsqu’elle émane d’un président en fin de parcours (hors texte). Mais il ne faut pas pratiquer la politique de l’autruche, non plus. C’est une alerte assez sérieuse à mettre en relation avec ce qui se passe le long des frontières sud de l’Algérie.

    Les lobbies, véritables chefs d’orchestre

    Sans doute alerté par son entourage sur les conséquences de sa maladresse dont une possible réplique populaire qui pourrait emporter le roi du Maroc lui-même et son régime, le président américain s’est fendu d’un troisième tweet, écrit à la hâte, pour dire que l’établissement de relations diplomatiques entre le royaume du Maroc et Israël n’est pas la seule raison « du cadeau » fait par la Maison-Blanche au Makhzen, mais que « Le Maroc a reconnu les États-Unis en 1777. Il convient donc de reconnaître leur souveraineté sur le Sahara occidental ». Une pirouette d’une finesse à toute épreuve ! Cela dit, le mal est déjà fait. Tout un chacun a déjà pris connaissance des raisons réelles, mais sans doute pas les seules, de cette sortie, pour le moins tonitruante de Donald Trump.

    Mais en fait, quel est le bénéfice que pourrait tirer le président Trump de cette cabale, car c’en est une ? Dans sa fuite en avant, le président américain est devenu le plus zélé des VIP d’Israël. Grand perdant de l’élection du 3 novembre dernier, Donald Trump cherche désespérément et par tous les moyens à annuler ce scrutin. L’échéance du 20 janvier 2021, date d’investiture de son successeur potentiel, le démocrate Joe Biden, approche à grands pas et le président sortant a besoin de tous les soutiens pour espérer retourner, à son avantage, une situation quasiment établie et en toute logique, il ne peut surtout pas faire l’impasse sur le poids des lobbies, véritables chefs d’orchestre de cette tragi-comédie. L’expérience récente nous montre que Donald Trump est un président qui se soucie avant tout de sa petite personne. Tous les effets d’annonce recherchés sont instrumentalisés à cette fin et uniquement à cette fin. Il prétend se battre contre l’état profond et contre l’instauration d’un gouvernement mondial, mais c’est plutôt son pouvoir personnel qui l’obnubile et le lobotomise.

    De nouveau sur le devant de la scène

    À ce propos, il est intéressant de constater que depuis la présidentielle de novembre dernier, aucune de ses sorties ne trouve écho dans les médias américains, alors que tous les projecteurs sont braqués sur les faits et gestes de son successeur élu. Il était devenu invisible, inaudible, sujet de non-information, donc quasiment inexistant jusqu’à se faire censurer plus de 60 fois -depuis mai dernier- par des plateformes big tech comme Twitter et Facebook ; Une chape de plomb qui affecte son égo démesuré et dont il souffre énormément.

    Avec cette proclamation et surtout la monnaie d’échange donnée par la monarchie marocaine, il est comme par enchantement redevenu le faiseur de paix, hyper-médiatisé y compris au-delà des frontières américaines.

    Aucune des trois parties prenantes à cette machination, contre les peuples sahraoui et palestinien, ne brille par sa morale ou son souci de justice, mais elles feignent toutes d’oublier que tant au Sahara occidental qu’en Palestine, il existe un peuple et que le dernier mot revient à chacun de ces deux peuples et à personne d’autre.

    Une monarchie dangereuse

    Pour ce qui la concerne, la monarchie marocaine est, elle aussi dans une fuite en avant. Depuis des décennies, ce régime incongru est sous une perfusion alimentée par une mendicité internationale institutionnalisée. Mais rien n’y fait, le couperet d’une explosion sociale menace et peut, à tout moment, faire tomber ce régime décadent et dangereux. L’invasion du Sahara occidental dès 1975, représente l’un des leviers d’exportation de l’aporie dans laquelle se débat le Makhzen. Mais après la RASD, ce sera la Mauritanie, ensuite une partie Mali… dont certains cercles proches du palais royal revendiquent à nouveau l’annexion. Les velléités d’expansion associées aux courbettes indécentes à l’adresse de certaines puissances et à la mendicité internationale institutionnalisée sont avancées comme les potions de survie du régime de Rabat.

    Ce régime a toujours assuré les arrières du colonialisme en assurant une sorte de service après-vente de caniveaux. Rappelez-vous le coup de poignard -pudiquement appelé guerre des sables- donné à l’Algérie en 1963, alors que ce pays, ruiné par sept ans de conflit armé contre la machine de guerre coloniale, venait à peine de sortir de 130 ans d’une oppression unique en son genre. Dans la foulée, la monarchie boulimique revendiquait également une partie du Mali et la Mauritanie. Elle réédite le coup, en 1975, avec le Sahara occidental qui venait de se débarrasser de la domination espagnole.

    En agressant militairement l’Algérie, en septembre 1963, Le Makhzen tentait un coup de poker, sans doute, pour détourner l’opinion intérieure des revendications d’une monarchie constitutionnelle -en lieu et place de l’absolutisme de l’époque- et d’organisation d’élections libres, formulées par l’Union nationale des forces populaires, mais pas uniquement. Le régime de Rabat a cette propension à faire la danseuse du ventre de ses suzerains et se définit principalement par rapport à ce rôle ; ce qui, en partie, explique certaines largesses à son égard au point ou l’un des pays donneurs sempiternel de leçons s’oppose, au sein du Conseil de sécurité, à l’extension du mandat de la mission de l’ONU pour le Sahara occidental, aux Droits de l’Homme !

    Confronté aux positions de principe de l’Algérie, à propos du Sahara occidental, qui sont les seules à garantir la stabilité, la coopération, la paix et la construction d’un Maghreb uni, la monarchie marocaine, soumet ce pays à un chantage intenable consistant à le provoquer et à agiter constamment le spectre de l’implication, dans son délire expansionniste et dans la région d’acteurs qui sont étrangers à celle-ci. Pour ce faire, le monarque fait le choix d’inviter à sa messe noire des acteurs et des cercles qui nourrissent de vieilles rancunes à l’endroit d’Alger. La perversité de ces insanités est on ne peut plus regrettable. Elle est surtout dangereuse et peut, à tout moment, entrainer deux peuples épris de paix dans une spirale infernale et dévastatrice. Aucun Maghrébin ne mérite de mourir pour les turpitudes d’un tel régime !

    Nécessité d’une stratégie implacable

    L’Algérie aurait dû, depuis longtemps, travailler sur une stratégie cohérente et structurelle visant à priver la monarchie marocaine de jouer à ce jeu dangereux et suicidaire. Car après tout, de tels agissements mettent en danger sa sécurité et c’est cela le véritable problème du Maghreb. Ça n’a pas été fait ! C’est le tribut des années Bouteflika et de la régence de fait, exercée par son frère, mais il faut immédiatement se mettre à la tâche pour inverser la tendance. Car en face, le régime de Rabat s’est entouré d’une cour de courtisans, de véritables prestidigitateurs dont la principale mission consiste à détricoter tous les principes lisibles du droit international, du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, de libre arbitre et de bon voisinage et de produire un monde fictif aux contours très erratiques où plus aucun engagement clair n’est possible. Cette posture enferme inévitablement ses animateurs dans une incapacité d’universalisation de la critique du colonialisme et les conduit à un déni voire à une trahison de l’histoire récente de leur propre pays. Rien d’étonnant, dès lors de constater que, outre le monarque belliqueux, ces leudes d’un autre temps font preuve d’une docilité indécente envers leurs véritables maîtres, les suzerains du régime.

    Reste que par ces compromissions, la monarchie marocaine qui, ironie du sort, préside la commission el-Qods, au sein de ce qu’on pourrait encore appeler la Ligue arabe, s’engonce dans une sorte traitrise devenue culturelle et s’enlise dans un bourbier qui peut lui être fatal. Elle a fait le choix délibéré de sacrifier la paix, la stabilité et les règles de bon voisinage dans la région sur l’autel de convoitises ne reposant sur aucune légitimité. Elle paiera le prix fort !

    Dahmane SOUDANI

    Repères

    Qu’est-ce qu’une proclamation présidentielle américaine ?

    Les proclamations émises par le président américain se divisent en deux grandes catégories :

    les proclamations cérémonielles, qui désignent des célébrations spéciales ou célèbrent les fêtes nationales
    les proclamations substantielles, qui concernent généralement la conduite des affaires étrangères et d’autres fonctions exécutives assermentées.
    Bien que par le passé, les proclamations substantielles ont eu plus d’effet que les proclamations cérémonielles, sauf autorisation du Congrès, aucune proclamation présidentielle n’a force de loi.

    MaghNord, 11 déc 2020

    Etiquettes : Maghreb, Maroc, Algérie, Sahara Occidental, Sahel, normalisation, Donald Trump,

  • The Economist : Le roi Muhammad du Maroc arme la migration

    Il veut que l’Espagne accepte l’occupation du Sahara occidental par le Maroc.

    Le roi Muhammad du Maroc arme les migrations
    Il veut que l’Espagne accepte l’occupation du Sahara occidental par le Maroc.

    Ils sont venus par centaines, contournant à la nage la clôture frontalière qui protège la ville espagnole de Ceuta, ou traversant la plage à marée basse sous le regard permissif des gardes-frontières marocains, qui les auraient normalement arrêtés. En 36 heures cette semaine, 8 000 candidats à l’immigration ont débarqué à Ceuta, une enclave de 85 000 habitants (voir la carte). Pour les autorités espagnoles, faire face à cet afflux a été un casse-tête humanitaire immédiat. Et la militarisation de la migration par le Maroc place également le gouvernement de Pedro Sánchez, le premier ministre espagnol, dans une situation délicate à plus long terme.

    Clairement ébranlée et prise par surprise, l’Espagne a déployé 3 000 soldats et des véhicules blindés de la garnison de Ceuta et a envoyé 200 policiers en renfort. M. Sánchez lui-même s’est rendu dans la ville, jurant de défendre son « intégrité territoriale ». Les responsables espagnols se souviennent de la « Marche verte » de 1975, lorsque Hassan II, alors roi du Maroc, a mobilisé 350 000 civils pour occuper le Sahara occidental, au sud, alors que l’Espagne abandonnait sa colonie.

    Bien que le Maroc revendique Ceuta et Melilla, une autre enclave espagnole, l’objectif de l’incursion de cette semaine était plus limité. Le gouvernement est furieux que l’Espagne ait récemment admis Brahim Ghali, le leader du Polisario, un groupe qui lutte pour l’indépendance du Sahara occidental depuis l’époque coloniale, pour un traitement contre le covid-19. L’Espagne n’a pas informé le Maroc d’une action qu’elle dit être purement humanitaire. « Les actions ont des conséquences », a déclaré l’ambassadeur du Maroc à Madrid cette semaine.

    Ayant fait valoir son point de vue, le Maroc a de nouveau fermé la frontière avec Ceuta le 18 mai. L’Espagne a renvoyé la plupart des migrants, mais en vertu du droit international, elle ne peut pas facilement expulser quelque 1 500 mineurs non accompagnés. Les responsables espagnols soulignent que le Maroc est un partenaire avec lequel ils apprécient les liens étroits et la coopération. Ils ont pris soin de ne pas attiser la confrontation. Mais il est peu probable que cette semaine marque la fin de mois de tension croissante.

    Le roi actuel du Maroc, Mohammed VI, s’est senti conforté par la décision prise en décembre par Donald Trump, alors président des États-Unis, de rompre le consensus international et de reconnaître la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental en échange de sa reconnaissance d’Israël. Le Maroc souhaite que l’Espagne lui emboîte le pas. C’est difficile pour deux raisons. En tant qu’ancienne puissance coloniale, l’Espagne se sent obligée de soutenir les résolutions des Nations unies qui obligent le Maroc et le Polisario à négocier. En fait, il n’y a pratiquement aucune chance que le différend soit réglé. Le contrôle marocain est une réalité ; le Polisario ne détient que 20% du Sahara Occidental, profondément dans l’intérieur du désert. La deuxième raison est que l’Espagne dépend de l’Algérie, principal soutien du Polisario, pour un tiers de ses importations de gaz naturel.

    Pourtant, le Maroc est un partenaire essentiel pour l’Espagne, notamment en matière de contrôle de la migration et du terrorisme. « Ils disent que nous vous aidons sur des questions qui sont existentielles pour vous et j’ai une question existentielle [le Sahara occidental] et vous ne m’aidez pas du tout », déclare José Ignacio Torreblanca du Conseil européen des relations étrangères, un groupe de réflexion.

    Le roi Muhammad ne risque-t-il pas de surjouer son rôle ? Sa reconnaissance d’Israël est impopulaire dans son pays. Ce n’est sûrement pas une coïncidence si l’opération de Ceuta a eu lieu alors qu’Israël pilonnait Gaza. La pandémie a interrompu des années de croissance économique régulière. De nombreux jeunes Marocains, mieux éduqués que leurs parents et ayant de la famille en Europe, ont envie de partir. Son gouvernement, dont la compréhension de la politique espagnole est meilleure que l’inverse, sait que l’envoi de mineurs non accompagnés à Ceuta donne du grain à moudre à Vox, un parti nationaliste d’extrême droite qui serait un voisin hostile.

    L’Union européenne, qui est une source importante de commerce et d’aide pour le Maroc, s’est empressée de soutenir l’Espagne cette semaine. Après la crise syrienne, le reste de l’Europe a compris que la migration incontrôlée est un « énorme facteur potentiel de déstabilisation politique, surtout lorsqu’elle est utilisée comme une arme », déclare M. Torreblanca. Mais cela n’a pas empêché le dirigeant turc, Recep Tayyip Erdogan, d’utiliser les migrants de cette manière. De l’autre côté de la Méditerranée, le roi Mahomet pense peut-être pouvoir continuer à faire de même.

    The Economist, 21 mai 2021

    Etiquettes : Maroc, Espagne, Ceuta, migration, Sahara Occidental, Front Polisario, Brahim Ghali, pression migratoire, politique migratoire,

  • Podemos appelle à l’autodétermination du Sahara en pleine crise migratoire avec le Maroc, qu’il accuse de « chantage »

    Il a également fait appel à la nécessité de « corriger les déficiences » de la politique migratoire « inutile » de l’UE.
    Le gouvernement propose de transférer les mineurs vers la péninsule pour pallier l’effondrement des centres de détention.

    Laya défend l’engagement humanitaire avec le leader du Polisario et affirme que l’Espagne ne l’a pas compris comme une « agression ».

    L’eurodéputée et secrétaire internationale de Podemos, Idoia Villlanueva, a réaffirmé la position de son parti en faveur de l’autodétermination du peuple sahraoui, telle que définie par le droit international, et a défendu le fait de ne pas céder au « chantage » du Maroc, qu’elle a accusé de générer la crise migratoire à Ceuta pour faire « pression » et provoquer des « tensions » en Espagne.

    Il a également demandé un changement de cap dans la politique migratoire de l’UE afin de « ne pas permettre au Maroc et à l’extrême droite lâche et servile » d’utiliser des personnes « pour faire du chantage et diffuser un discours de haine ». Il a ainsi demandé de « mettre fin aux accords migratoires qui sont la honte de l’Europe ».

    Dans des déclarations publiées sur les réseaux sociaux, le leader de la formation mauve a souligné que nous assistons à un « nouvel épisode » dans la « politique de tentative de chantage du Maroc à l’Espagne », peut-être le « plus grave » dans la « crise » qui dure depuis un certain temps dans les relations de voisinage entre les deux pays.

    M. Villanueva a critiqué la décision du Maroc d’utiliser « des personnes et des familles en situation d’extrême vulnérabilité », ses propres citoyens, pour « exercer des pressions » et « générer des tensions politiques ».

    Surtout après que l’Espagne ait accueilli le leader sahraoui Brahim Ghali pour faire face à un grave cas de Covid-19, ainsi qu’à une augmentation des « aspirations expansionnistes » au Sahara occidental et aux « précieuses » ressources halieutiques et minérales, tant sahraouies que canariennes.

    Par conséquent, M. Villanueva a souligné qu’il faut être « clair » et que l’Espagne doit défendre sa souveraineté, ce qui implique de « ne pas céder au chantage » que le Maroc tente d’exercer « au prix de la vie et des droits fondamentaux » de nombreuses personnes, ainsi que d’exiger le respect « strict » du droit international.

    Elle appelle à une position commune de l’UE

    Le leader de Podemos a également mentionné que « l’ingérence » du Maroc, qui a également eu un conflit avec l’Allemagne, « renforce la nécessité d’une position commune » au sein de l’Union européenne, qui devrait également être présente dans les discussions avec le Maroc et la société civile.

    Il est temps de s’occuper des migrants avec toutes les garanties.

    Face à la crise humanitaire, M. Villanueva a déclaré qu’il était maintenant « temps de s’occuper » de tous les migrants, y compris de nombreux enfants, avec des « garanties » et le respect des droits de l’homme.

    Au niveau communautaire, il a appelé à la nécessité de « corriger les déficiences » de la politique migratoire de l’UE, qui s’est révélée « erratique » et « inutile ». Il a ainsi appelé à aller « à la racine » des conflits et des causes qui conduisent à la migration « forcée », ce qui permet d’éviter les « crises humanitaires » telles que celle vécue à Ceuta.

    Enfin, il a demandé de nouveaux instruments dans la politique étrangère de l’UE, avec une répartition « plus équitable » des responsabilités entre les États membres et un « changement de direction » dans la stratégie déployée jusqu’à présent. Cela « ne signifie pas », selon lui, « plus de Frontex » (l’Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes), mais plutôt le déploiement de plus de ressources pour des politiques d’asile « efficaces » et respectueuses des droits de l’homme.

    20 Minutos, 19 mai 2021

    Etiquettes : Espagne, Maroc, Sahara Occidental, Podemos,