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  • L’Espagne s’assure avec l’Algérie l’approvisionnement en gaz menacé par la crise marocaine

    L’Espagne s’assure avec l’Algérie l’approvisionnement en gaz menacé par la crise marocaine

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    Naturgy a conclu un accord avec son partenaire pour disposer d’une alternative au gazoduc du Maghreb : Sonatrach va réduire les expéditions de gazoducs vers la Chine

    Le conflit avec le Maroc complique le renouvellement de l’accord pour l’utilisation du gazoduc du Maghreb, qui expire dans quatre mois. C’est l’une des principales sources de gaz pour l’Espagne, ce qui a obligé le gouvernement à se mobiliser pour garantir l’approvisionnement avec l’Algérie face à une éventuelle aggravation de la crise avec Rabat.

    Des sources de la direction économique de l’exécutif confirment à Confidencial Digital que l’Espagne a réussi à sauver avec l’Algérie un possible problème d’approvisionnement si une escalade de représailles à notre pays par le Maroc commençait.

    Ils soulignent que Naturgy a conclu en 2019 un accord avec son partenaire Sonatrach, une entreprise publique algérienne, pour l’achat conjoint de 42 % de Medgaz au fonds Mubadala, également propriétaire de Cepsa.

    La société présidée par Francisco Reynés détient désormais 49% de Medgaz, la société qui gère le gazoduc entre l’Algérie et la côte méditerranéenne espagnole, pour 51% de son partenaire, avec lequel elle cogère l’infrastructure.

    L’Algérie, fournisseur de gaz pour l’Espagne

    Naturgy importe du gaz d’Algérie par deux gazoducs. Le gazoduc Medgaz, qui va de Beni Saf à la côte d’Almeria en passant par la Méditerranée, et le gazoduc Maghreb-Europe (EMPL), qui traverse le Maroc et, de Tanger, passe par le détroit de Gibraltar pour arriver à Cordoue.

    Les deux gazoducs sont actuellement utilisés de manière interchangeable, en fonction des besoins, de la destination finale du gaz et du prix de l’utilisation des infrastructures.

    L’Algérie est le principal fournisseur de gaz de l’Espagne, notamment parce qu’elle dispose de deux gazoducs reliant les deux pays par lesquels transite cette matière première, ce qui rend le transport beaucoup moins cher.

    Rénovation du gazoduc du Maghreb

    La compagnie gazière peut utiliser Medgaz pour transporter la totalité des 10 milliards de mètres cubes de gaz qu’elle a contractés avec l’Algérie sans avoir à passer par le Maroc. Mais la concession du gazoduc du Maghreb, qui expire en octobre prochain, reste essentielle pour garantir un approvisionnement sûr de l’Espagne.

    Or, le conflit entre Madrid et Rabat a compliqué ce renouvellement qui permet d’acheminer le gaz algérien du cœur du Sahara vers l’Europe, en traversant le Maroc, selon des sources diplomatiques confirmées à ECD.

    Approvisionnement garanti par l’Algérie

    Ce scénario a mobilisé le gouvernement espagnol pour éviter que le prix du gaz ne s’envole pour les consommateurs espagnols. Des sources familières avec les négociations expliquent que l’Espagne a trouvé cette fois en Algérie « un allié » contre la menace du Maroc.

    Jusqu’à présent, l’entreprise publique algérienne Sonatrach avait expliqué à plusieurs reprises au gouvernement espagnol qu’elle rencontrait des problèmes lors du traitement du gaz, ce qui entraînait parfois des retards dans l’approvisionnement par gazoduc, non seulement avec la péninsule ibérique mais aussi avec l’Italie.

    Toutefois, les autorités espagnoles se sont parfois montrées suspicieuses à l’égard de l’argument algérien selon lequel une panne aurait empêché le bon fonctionnement du gazoduc. Surtout si elle coïncide avec un pic de consommation sur le marché de l’énergie, par exemple au milieu d’une vague de froid.

    Réduction des envois vers l’Asie

    Des sources du secteur de l’électricité rappellent à ECD que l’entrée de gaz en provenance d’Algérie a été réduite à un quart, selon les données d’Enagas, pendant les jours où la tempête « Filomena » a frappé durement le centre de la péninsule en janvier dernier.

    À l’époque, la baisse de l’approvisionnement en gaz algérien a tendu le marché et a entraîné l’enregistrement de prix record. Le phénomène a été attribué au fait que l’entreprise publique Sonatrach vendait le gaz qu’elle devait fournir à l’Espagne à un prix plus élevé à la Chine ou au Japon, profitant du fait qu’ils subissaient également une importante vague de froid à l’époque.

    À tel point que des gaziers partis pour la péninsule ibérique ont été détournés vers la Chine à la volée et à la dernière minute.

    Une situation que l’Espagne s’est empressée d’éviter et a obtenu l’engagement de Sonatrach, l’actionnaire de Naturgy, de réduire les expéditions de gaziers vers l’Asie tant que l’approvisionnement du système gazier espagnol n’est pas garanti, évitant ainsi les tensions sur le marché qui déclenchent les prix.

    L’Algérie s’allie à l’Espagne contre le Maroc

    Les sources consultées soulignent que l’Algérie compte sur le gazoduc Medgaz pour pouvoir pallier la fin du contrat Maghreb-Europe, ainsi que l’augmentation du gaz naturel liquéfié algérien.

    Les tensions politiques entre les deux pays d’Afrique du Nord conduisent l’Algérie à exercer des représailles contre le Maroc. Un scénario qui, dans ce contexte d’escalade des tensions avec Rabat, profite à l’Espagne.

    La question du Sahara occidental, la normalisation des liens avec l’entité sioniste et les provocations continues contribuent au virage algérien, qui compliquera grandement l’approvisionnement en gaz du Maroc, l’obligeant à entreprendre des projets et des initiatives coûteux.

    Ainsi, si l’Algérie décide de ne pas renouveler le contrat avec le Maghreb, le Maroc rencontrera de grandes difficultés : il devra acheter près de la moitié de sa consommation de gaz dans un marché indexé sur le Brent, qui ne cesse d’augmenter, et sans le soutien de l’Espagne, qui sera assurée d’être approvisionnée par l’Algérie elle-même.

    El Confidencial Digital, 20 mai 2021

    Etiquettes : Espagne, Algérie, Maroc, gaz, Medgaz, gazoduc Maghreb, Ceuta, Sahara Occidental,

  • Un leader sahraoui malade fait vaciller l’alliance entre l’Espagne et le Maroc.

    Par ARITZ PARRA

    LOGRONO, Espagne (AP) – Le mystérieux patient du COVID-19 est arrivé à un aéroport du nord de l’Espagne dans un jet privé. Une ambulance a transporté l’homme de 71 ans sur une autoroute qui passait devant des vignobles de la Rioja jusqu’à un hôpital public ultramoderne de la ville de Logrono.

    Le patient a été envoyé directement dans un lit de soins intensifs, enregistré le 18 avril avec l’identité figurant sur son passeport diplomatique algérien : Mohamed Benbatouche.

    Il s’est avéré être Brahim Ghali, le chef du Front Polisario, un mouvement indépendantiste soutenu par l’Algérie et représentant le peuple sahraoui du Sahara occidental, en Afrique. La présence de Ghali en Espagne sous une identité déguisée n’est pas passée inaperçue auprès du gouvernement du Maroc, le pays qui a annexé le Sahara occidental il y a près d’un demi-siècle.

    Rabat, qui considère Ghali comme un terroriste, a protesté contre la décision de l’Espagne d’accorder une assistance humanitaire à son principal ennemi. Il a menacé qu’il y aurait des « conséquences ». Et elles se sont finalement concrétisées cette semaine lorsque le Maroc a baissé sa garde à la frontière avec Ceuta, une ville espagnole perchée sur le littoral nord-africain.

    Ce mouvement a permis à des milliers de migrants d’entrer à Ceuta, dont beaucoup d’enfants qui ont nagé ou sauté par-dessus des clôtures.

    La crise humanitaire est devenue un point sensible entre les deux voisins. Le Maroc a rappelé son ambassadeur à Madrid. L’Espagne est sous le feu des groupes de défense des droits de l’homme pour avoir repoussé la plupart des intrus en vrac, ce qui est illégal au regard du droit international.

    Et dans ce qui ressemble à une affirmation de sa souveraineté sur Ceuta, que de nombreux nationalistes marocains considèrent comme une colonie de Madrid avec la ville espagnole voisine de Melila, l’Espagne a déployé des soldats à la frontière. Le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a également fait un voyage rapide dans la ville accablée.

    La région du Sahara occidental s’étend le long de la côte atlantique de l’Afrique et abrite environ 600 000 personnes. Depuis que le Maroc a annexé le territoire en 1975, comblant ainsi le vide laissé par le retrait de l’Espagne en tant que puissance coloniale, la communauté internationale est divisée sur sa reconnaissance, la plupart des pays soutenant les efforts déployés depuis longtemps par les Nations unies pour trouver une solution négociée.

    L’annonce par les États-Unis, à la fin de l’année dernière, de leur soutien à la revendication de Rabat – en échange de la normalisation des relations diplomatiques du Maroc avec Israël – a sapé ces efforts, ralliant d’autres pays derrière la proposition du Maroc d’accorder une plus grande autonomie au territoire.

    La promotion d’un référendum d’autodétermination a été le principal objectif de M. Ghali, qui a été élu président de la République arabe sahraouie démocratique autoproclamée en 2016. Il a auparavant occupé le poste de ministre de la défense de cette république et a été diplomate du Polisario en Espagne (1999-2008) et en Algérie (2008-2015).

    Ghali, qui portait des treillis de combat alors qu’il prenait la parole en février lors d’un défilé militaire marquant le 45e anniversaire de la RASD, a appelé la nouvelle administration américaine du président Joe Biden à trouver une solution qui permettrait aux Sahraouis « de jouir de leur droit inaliénable à la liberté et à l’indépendance. »

    À l’hôpital San Pedro de Logrono, il y a peu de signes de la présence de l’homme fort du Polisario. Des personnes connaissant son état de santé disent qu’il est sorti récemment de trois semaines de soins intensifs. Un agent de sécurité effectue des contrôles d’identité sur le personnel médical et les visiteurs qui entrent dans le service COVID-19. À l’intérieur, Ghali reçoit une visite quotidienne de son médecin personnel, un médecin algérien, selon un rapport de police vu par l’Associated Press.

    « Ils ont probablement choisi cet endroit parce que rien ne se passe jamais ici, et que nous faisons rarement la une des journaux », a déclaré Milagros Capellán, 64 ans, une habitante du quartier, en quittant l’hôpital après un contrôle médical. « Cela semble étrange que cela soit lié aux très tristes développements à Ceuta ».

    Les responsables des services de renseignement marocains savaient où se trouvait Ghali depuis le moment où le jet algérien transportant Ghali a atterri en Espagne le mois dernier, divulguant sa présence aux médias et exposant ce qui avait été conçu par l’Espagne comme une opération « humanitaire » secrète.

    « Qu’est-ce que l’Espagne attendait du Maroc en accueillant un responsable d’un groupe qui porte des armes contre le royaume ? » Le ministre marocain des droits de l’homme, Mostapha Ramid, a écrit sur Facebook mardi.

    Le ministre espagnol des Affaires étrangères a réagi le lendemain en rendant le Maroc responsable du chaos à la frontière : « Cela nous déchire le cœur de voir nos voisins envoyer des enfants, même des bébés… (car) ils rejettent un geste humanitaire de notre part », a déclaré le ministre des Affaires étrangères Arancha González Laya.

    Le ministère espagnol des Affaires étrangères a refusé de répondre aux questions de l’AP sur les raisons pour lesquelles il a accepté de traiter le Ghali alors que d’autres gouvernements européens avaient refusé. Un fonctionnaire au courant de la décision, qui a requis l’anonymat en raison de sa nature sensible, a déclaré que la demande a été faite directement à González Laya par son homologue algérien, Sabri Boukadoum.

    Avant que la demande ne soit acceptée, elle avait provoqué de profondes divisions au sein du cabinet de M. Sánchez, a précisé le fonctionnaire.

    À condition que son rétablissement se passe bien, l’avenir du Ghali est désormais entouré d’incertitudes. Sa localisation étant connue, un retour discret à Tindouf, en Algérie, où se trouvent les camps de réfugiés sahraouis, semble hors de question.

    Pour compliquer encore les choses, l’Audience nationale espagnole a rouvert mardi une enquête pour génocide datant de 2008 contre Ghali et 27 autres membres du Polisario. Un juge d’instruction avait classé l’affaire l’année dernière parce que le tribunal ne parvenait pas à localiser les accusés.

    Ghali doit également témoigner le 1er juin devant le même tribunal de Madrid dans le cadre d’un procès intenté en 2019 par un militant sahraoui qui affirme avoir été torturé dans les camps de réfugiés pour son opposition au Polisario.

    Le 10 mai, un officier de police a rendu visite au chef du Polisario pour lui remettre une convocation au tribunal pour le procès. Selon le rapport de police vu par l’Associated Press, Ghali a refusé de signer la convocation, demandant « plusieurs jours » pour consulter l’ambassade d’Algérie et d’autres conseillers.

    González Laya a déclaré que l’accord de l’Espagne avec Ghali ne concernait que le traitement médical, ce qui suggère que le gouvernement ne facilitera pas son départ immédiat. « S’il a des affaires en cours avec la justice espagnole, il devra se présenter (devant le tribunal) », a-t-elle déclaré à la radio publique espagnole.

    Derrière les actions en justice contre Ghali se cachent des groupes de Sahraouis alignés sur la position du Maroc. L’Asadesh, qui signifie Association sahraouie pour les droits de l’homme, accuse 28 membres du Polisario d’avoir tué, torturé, détenu illégalement et enlevé des prisonniers et sa propre population sahraouie, dont certains, selon le groupe, auraient été contraints de rester dans des camps de réfugiés contre leur gré.

    Pedro Altamirano poursuit également Ghali pour avoir prétendument inspiré les menaces que le journaliste espagnol et responsable d’une plateforme récemment créée pour soutenir la « réunification sahraouie » a reçues de la part de citoyens du net en ligne.

    « La seule chose qui ne peut pas arriver est que, par la main du diable, cet homme quitte le pays sans comparaître devant un juge », a déclaré Altamirano, qui soutient la revendication du Maroc sur le Sahara occidental.

    Associated Press, 20 mai 2021

    Etiquettes : Espagne, Sahara Occidental, Front Polisario, Brahim Ghali, Maroc,

  • Reuters : Un tribunal espagnol rejette l’arrestation du leader du Front Polisario

    MADRID (Reuters) – La Haute Cour espagnole a rejeté jeudi une demande d’arrestation du leader indépendantiste du Sahara occidental, dont l’admission dans un hôpital espagnol le mois dernier a provoqué la colère du Maroc, et qui survient après que des migrants aient traversé l’enclave nord-africaine espagnole de Ceuta.

    Brahim Ghali est accusé par des groupes de défense des droits de l’homme de crimes de guerre et doit encore passer par une audience préliminaire, a déclaré un porte-parole du tribunal, dans le cadre d’un conflit diplomatique plus large concernant le Front Polisario, un mouvement séparatiste qui lutte pour l’indépendance du Sahara occidental vis-à-vis du Maroc.

    Le Sahara occidental est un territoire contesté détenu par le Maroc depuis le milieu des années 1970. Le Front Polisario, soutenu par l’Algérie, se bat depuis lors pour obtenir son indépendance. Avant cela, le territoire était sous contrôle espagnol.

    La demande d’arrestation de Ghali avait été déposée par l’Association sahraouie pour la défense des droits de l’homme (Asadeh) et par un citoyen espagnol d’origine sahraouie, Fadel Breica. Ce dernier accuse Ghali d’avoir subi des tortures dans ses camps du Front Polisario en Algérie.

    Habituellement, le juge d’instruction accepte de telles demandes lorsque le tribunal estime qu’il y a un risque de fuite ou que les preuves peuvent être détruites, indiquent les experts.

    Ghali sera tout de même appelé à témoigner le 1er juin. Ghali et d’autres dirigeants du groupe sont accusés par des groupes de défense des droits de l’homme de génocide, de meurtres, de terrorisme, de torture et de disparitions.

    L’affaire en Espagne est la première étape d’une enquête qui pourrait déboucher sur un éventuel procès du chef du Front Polisario et survient après que des milliers de migrants ont quitté le Maroc à la nage pour rejoindre l’enclave nord-africaine de Ceuta, en Espagne, en début de semaine.

    Mais Ghali, qui est hospitalisé sous un pseudonyme, a refusé de signer la convocation. Une source proche de l’enquête judiciaire a déclaré qu’il pourrait ne pas se présenter car il pourrait détenir un passeport diplomatique algérien, lui conférant potentiellement une immunité.

    L’Espagne a accepté d’autoriser l’hospitalisation de Ghali à Logrono, dans le nord de l’Espagne, en tant que « geste humanitaire ».

    Avant la crise frontalière de cette semaine, les autorités marocaines avaient averti l’Espagne des répercussions de la présence de Ghali en Espagne sous un faux passeport algérien et un nom d’emprunt.

    Reuters, 20 mai 2021

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  • Afflux de migrants marocains vers l’Espagne: Sévère rappel à l’ordre du Maroc

    L’arrivée, lundi, de 6000 migrants marocains sur les côtes de Ceuta en Espagne, a suscité, mardi, une large vague d’indignation auprès du gouvernement espagnol, de l’Union européenne et des formations politiques, appelant le Maroc à « respecter ses engagements et à fournir d’avantage d’efforts en matière de lutte contre le phénomène de la migration clandestine ». Le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, a, après avoir qualifié l’afflux de migrants marocains de « crise grave pour l’Espagne et l’Europe », a promis de « rétablir l’ordre (…) dans (la) ville et aux frontières le plus rapidement possible », notant qu’il se rendra sur place. L’Union européenne a condamné, pour sa part, vivement l’afflux de migrants marocains, jugeant la situation « d’inquiétante ». « Il est inquiétant qu’au moins 6.000 personnes, dont un grand nombre d’enfants, aient rejoint Ceuta à la nage, en mettant leur vie en danger. Beaucoup ont dû être secourus, une personne est morte », a déclaré la Commissaire aux Affaires intérieures, Ylva Johansson, rappelant que « les frontières espagnoles sont les frontières de l’Europe ».

    De leur coté, plusieurs formations politiques espagnoles ont condamné le flux migratoire partant du Maroc, appelant les autorités marocaines à assumer leurs responsabilités et agir vite et efficacement. Le porte-parole de la Coalition Caballas, Mohamed Ali, a mis en garde contre la « gravité » de ce qui s’est passé et a annoncé qu’il serait à la disposition du gouvernement de Ceuta pour exiger que le gouvernement accorde la « plus grande attention » à Ceuta.
    « Notre terre ne devrait pas souffrir du différend de politique étrangère entre l’Espagne et le Maroc », a-t-il déclaré.
    La dirigeante du Mouvement pour la dignité et la citoyenneté « MDyCà, Fatima Hamed, a qualifié ce qui vient de se produire de « drame », soulignant que la ville de Ceuta n’est pas prête à accueillir autant de monde et à faire face à un tel phénomène. »Ceuta n’est pas préparée à des situations pareilles », a-t-elle déclaré sur son compte Twitter, critiquant l’Union européenne, « pour ne avoir pris les mesures nécessaires pour y faire face ». De son côté, la section du parti Vox à Ceuta a sévèrement critiqué la passivité des autorités marocaines face à un tel drame, appelant le gouvernement à dépêcher « d’urgence l’armée et de la marine à la frontière avec le Maroc pour freiner la pression migratoire ».

    Politique de chantage

    Le président de Vox Ceuta, Juan Sergio Redondo, a rappelé que sa formation n’a jamais cessé de mettre en garde contre le « chantage du Maroc », rappelant que l’Espagne devrait dénoncer le Maroc devant les instances internationales pour que le pays soit sanctionné économiquement et politiquement ».

    Le chef du Parti populaire au niveau national, Pablo Casado a, après avoir, condamné l’afflux des migrants marocains, a appelé le gouvernement espagnol « à garantir immédiatement l’intégrité des frontières et à coordonner avec le Maroc le retour des immigrés dans leur pays ». Les relations diplomatiques entre l’Espagne et le Maroc se sont tendues depuis l’accueil en Espagne, fin avril, du président sahraoui et chef du Front Polisario, Brahim Ghali, venu pour des soins. La baisse de vigilance des gardes- côtes marocains au niveau des frontières avec l’Espagne est, pour beaucoup d’observateurs, « une façon pour le Maroc de dénoncer l’attitude du gouvernement Espagnol ». La ministre espagnole des Affaires étrangères a précisé encore une fois que l’accueil en Espagne du président sahraoui Brahim Ghali, était pour des soins, dénonçant implicitement les autorités marocaines. « Je ne conçois pas que l’on puisse mettre en danger la vie de mineurs dans la mer comme nous l’avons vu ces dernières heures à Ceuta », que cela puisse être « une réponse à une action humanitaire », a déclaré Arancha Gonzalez Laya dans une interview tard lundi soir à la radio Cadena Ser.

    Le Maghreb, 20 mai 2021

    Etiquettes : Maroc, Espagne, Ceuta, chantage à la migration, Sahara Occidental, Union Européenne, UE,

  • La poudrière du Maroc, la faiblesse de l’Espagne et le champ de mines du Sahara

    Les relations avec le Maroc ont marqué une grande partie de l’histoire récente et moins récente de l’Espagne. Au cours du XXe siècle, la gestion des affaires avec le Maroc a directement influencé la politique espagnole. Un voisin complexe qui ne peut être évité car la géographie règne en maître en politique internationale. Pour ne pas revenir sur le désastre d’Anoual, Alphonse XIII, les soldats africanistes et les conséquences qu’il a provoquées, il est toujours bon de garder à l’esprit dans ce puzzle complexe « La Marche Verte » et les revendications historiques de la prétendue marocanité de Ceuta et Melilla.

    Les revendications du Maroc sur ces territoires ont été utilisées par la monarchie alaouite comme une ressource dialectique à laquelle recourir lorsque sa situation interne devenait compliquée. Bien sûr, elle a toujours su profiter des situations extérieures favorables et de la faiblesse de l’ennemi pour attirer l’attention, en pivotant entre l’Espagne, l’Algérie et, dans une moindre mesure, la Mauritanie.

    En 1975, la situation politique de l’Espagne est extraordinairement faible avec l’agonie du régime franquiste et les tensions provoquées par l’incertitude que la situation génère en Espagne. Le Maroc a profité de ce contexte pour lancer une stratégie militaire, que l’on appelle aujourd’hui une stratégie hybride, consistant à créer ce que l’on appelle une zone grise.

    Cette stratégie consiste à créer les conditions pour obtenir des avantages politiques, militaires ou économiques qui génèrent une situation de conflit qui ne franchit pas les limites du droit international et ne devient pas une guerre ouverte, mais qui conditionne les décisions internationales en faveur de celui qui déploie cette stratégie.

    Un territoire qui n’a jamais fait partie du Royaume du Maroc
    A cet égard, la marche entreprise par des milliers de Marocains sur un territoire qui, ni à l’époque, ni avant, ni jamais auparavant, n’avait fait partie du royaume du Maroc, a créé les conditions pour articuler cette revendication « historique ».

    L’Espagne, les Sahraouis et la communauté internationale ne se sont pas remis des erreurs de cette époque, et les résolutions des Nations Unies n’ont jamais été respectées, de sorte que l’abandon du droit et de la politique internationale a conduit à la consolidation d’un « droit » de considérer le Sahara Occidental comme faisant partie du Maroc qui a déjà été approuvé par plusieurs pays.

    Mais ce qui a définitivement réactivé cette position alaouite est la reconnaissance par l’ancien président américain Donald Trump, le 10 décembre dernier, de la souveraineté marocaine sur le territoire revendiqué, avec l’intention claire que le Maroc, en retour, normalise ses relations avec Israël.

    Une fois de plus, en dehors du droit international, la force des événements a réactivé sur l’agenda mondial une question qui s’était figée.

    La politique de Biden ne change pas par rapport à celle de Trump.
    La politique du nouveau président, Joe Biden, en ce qui concerne le Maroc, n’a pas changé. De plus, il a renforcé son soutien par des manœuvres militaires conjointes au plus haut niveau en mars dernier et par l’attitude de son secrétaire d’État certifiant son soutien à la revendication marocaine du Sahara occidental face aux événements à la frontière européenne de Ceuta.

    Dans le scénario actuel, il est plus important pour les Etats-Unis de maintenir un allié musulman dans son soutien à Israël que de défendre l’application des résolutions des Nations Unies sur le Sahara.

    Le Maroc en est conscient et agit apparemment avec le soutien implicite et explicite de Washington. Aujourd’hui, il a une fois de plus créé une zone grise, a baissé sa garde à sa frontière avec l’Espagne et l’Europe pour encourager un exode massif de migrants désespérés à la recherche d’un avenir meilleur en Europe.

    Elle est à la limite du respect des accords avec l’Espagne pour la surveillance des frontières, en représailles pour avoir accueilli le leader du Front Polisario Brahim Ghali dans un hôpital de Logroño. Il suffit de lire les déclarations de certains ministres marocains et de leur ambassadeur en Espagne.

    Nous n’avons aucune donnée pour savoir si le gouvernement espagnol a mesuré suffisamment bien le poids que la position marocaine a aujourd’hui par rapport au Sahara Occidental, ni s’il connaissait en détail, je suppose que oui, la situation explosive du nord du Maroc, qui a été aggravée par la crise économique générée par la pandémie et avec des résultats catastrophiques sur la jeunesse marocaine déjà faible.

    Avec Mohammed VI, oui, mais pas avec Pedro Sánchez.
    Il y a un fait indiscutable, le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, n’a pas eu de conversation avec le président américain depuis le 20 janvier. Lors de sa tournée de salutations après son arrivée à la Maison Blanche, l’Espagne n’a pas été à l’ordre du jour, bien qu’elle soit la quatrième économie de l’UE et l’une des principales économies de taille moyenne au monde.

    Autre fait de l’histoire récente : Biden a rencontré Mohammed VI par le passé au sujet du Sahara, présentant le Maroc comme un exemple de progrès démocratique. Des secteurs influents du Parti démocrate soutiennent la position du roi alaouite, bien que d’autres membres du Congrès se soient également prononcés en faveur du statu quo des Nations unies. En tout cas, le Maroc reste silencieux sur le bombardement de Gaza.

    La revendication de Ceuta et Melilla
    Une fois de plus, le Maroc a utilisé la stratégie de la zone grise, comme l’avait suggéré Josep Baqués en novembre dernier. Cette stratégie peut être plus poussée et ne pas se limiter au Sahara, mais peut viser à long terme une aventure d’annexion des deux villes sous souveraineté espagnole.

    Ni le droit international, ni l’histoire, ni les relations de bon voisinage ne jouent en sa faveur, mais l’objectif du Maroc de devenir la principale puissance d’Afrique du Nord et de consolider l’autorité de sa monarchie face à tout signe de faiblesse interne (et il pourrait y en avoir beaucoup) le pousse dans cette direction.

    Si c’est la voie qu’il emprunte, le scénario peut lui être favorable. L’incapacité de l’Europe à réagir rapidement et énergiquement en adoptant des mesures équilibrées de sanction et de réponse pour défendre ses frontières en réponse à l’attitude compromettante du Maroc, la faiblesse et la polarisation de la politique espagnole affligée par un manque de consensus sur les questions d’État, même les plus élémentaires, La politique internationale incluse, la fragilité de la structure territoriale interne de l’Espagne, le soutien de l’Amérique à un allié musulman favorable à la cause israélienne et la gestion des flux migratoires et le contrôle du fondamentalisme et des routes du trafic de drogue sont autant de facteurs qui jouent en faveur de cette entreprise.

    Le Maroc n’est pas pressé, mais il a les conditions et la volonté de renforcer sa zone grise.

    The Conversation, 19 mai 2021

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  • Rabat fait «feu de tout bois»: que se passe-t-il entre le Maroc et l’Espagne?

    Par Kamal Louadj

    Dans un entretien à Sputnik, l’économiste marocain Fouad Abdelmoumni explique que la crise migratoire et diplomatique entre le Maroc et l’Espagne «est due à trois facteurs qui se rejoignent intégralement»: la présence du Président de la RASD en Espagne, la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental et enfin la crise économique et sociale.

    Des milliers de migrants, en majorité marocains, ont pris d’assaut l’enclave espagnole de Ceuta entre dimanche 16 mai au soir et mardi 18 mai. Ils seraient entre 6.000 et 10.000, dont 1.500 mineurs, à avoir traversé la frontière, selon des sources médiatiques espagnoles.

    Cette vague migratoire a provoqué une crise diplomatique entre le Maroc et l’Espagne. En effet, après avoir été convoquée mardi à ce sujet par le ministère espagnol des Affaires étrangères, l’ambassadrice marocaine à Madrid, Karima Benyaich, a été rappelée à Rabat pour consultations tout comme sa consœur en Allemagne.

    Ce mercredi 19 mai, lors d’une déclaration à la radio publique espagnole, le vice-président de la Commission européenne, Margaritis Schinas, a affirmé que sur le thème migratoire, l’Europe «ne se laissera intimider par personne» et elle ne sera «pas victime de ces tactiques» dans une allusion très claire au Maroc, selon l’AFP. Une déclaration qui laisse penser que ces migrants ont bien passé la frontière sous l’œil bienveillant des autorités marocaines.
    Que se passe-t-il entre Rabat et Madrid? Quelle relation a cette crise diplomatique et migratoire avec la décision de l’Espagne de recevoir sur son sol le Président de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), Brahim Ghali, pour des soins médicaux liés au Covid-19? Le Maroc tente-t-il un bras de fer avec l’Espagne et toute l’Europe en usant de la carte migratoire?

    Dans un entretien accordé à Sputnik, Fouad Abdelmoumni, économiste marocain, membre du conseil d’administration de Transparency International Maroc et militant des droits de l’homme, estime que le royaume chérifien «s’est réellement lancé dans une opération de chantage aux migrants avec l’Europe, via l’Espagne», pour des considérations liées au dossier du Sahara, dont la présence du chef de la RASD sur le sol espagnol. Il ajoute que la situation économique et sociale des populations marocaines dans la région frontalière avec Ceuta est également à prendre en compte.

    «Le dossier migratoire est une carte»

    «Il y a certainement un désir intense chez une grande majorité des Marocains, notamment les jeunes, d’émigrer vers l’Europe», avance M.Abdelmoumni, soulignant que «jusqu’à récemment, le Maroc a contenu cette aspiration à l’émigration en servant de gendarme pour le compte de l’Europe à l’égard de sa propre population et de la population subsaharienne».

    «Rabat considère le dossier migratoire comme une carte qu’il peut faire valoir dans les négociations avec l’Europe», poursuit-il. «Les pays européens sont conscients de ça et intègrent la question de l’immigration dans les aides qu’ils fournissent au Maroc, en plus des problèmes de sécuritaire et de lutte contre le banditisme et le terrorisme internationaux et leurs intérêts économiques au royaume.»

    Ainsi, Fouad Abdelmoumni juge que c’est dans ce sens que «le ministre marocain des Droits de l’homme et l’ambassadrice du Maroc à Madrid ont tous les deux officiellement déclaré que l’Espagne ne pouvait que s’attendre à des mesures de rétorsion de la part du Maroc suite à l’accueil du Président de la RASD et chef du Front Polisario pour des soins médicaux».

    «Une manœuvre tactique dans un enjeu plus global»

    Cependant, selon l’interlocuteur de Sputnik, le prétexte de la présence de Brahim Ghali en Espagne «n’est qu’une manœuvre tactique dans un enjeu plus global».

    En effet, après la déclaration de Donald Trump reconnaissant la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental dans le sillage de l’accord de normalisation de ses relations avec Israël en décembre 2020, «les autorités marocaines ont cru que le moment était propice pour réaliser des avancées substantielles en matière diplomatique, espérant voir un effet d’entrainement de l’Europe», explique-t-il. «Il se trouve que cet effet n’a pas eu lieu, bien au contraire. Il y a eu le changement de l’administration américaine, mais surtout une levée de boucliers assumée par l’Allemagne et l’Espagne à l’égard de cette reconnaissance. Berlin avait même provoqué une réunion du Conseil de sécurité de l’Onu pour dénoncer cette reconnaissance contraire au droit international», rappelle-t-il.

    Dans ce contexte, M.Abdelmoumni juge que «la diplomatie marocaine, ayant vu que ses calculs n’allaient pas aboutir, est en train de faire feu de tout bois et de montrer toute la capacité de nuisance qu’elle peut avoir à l’égard de certains pays européens pour les amener à entrer dans ce jeu. Or, l’espoir des autorités marocaines de pouvoir réaliser des avancées significatives sur la question de la souveraineté sur le Sahara occidental, notamment à l’Onu, n’est plus d’actualité. Le Maroc a même été acculé à stopper net la vague d’émigration, après que la Commission européenne a fait savoir au gouvernement marocain que Ceuta n’est pas à la frontière de l’Espagne uniquement, mais aussi de l’Europe et que ce comportement n’était pas tolérable».

    Concernant le point de vue de la population marocaine sur l’accord de normalisation avec l’État hébreu en contrepartie de la reconnaissance américaine de la souveraineté du royaume chérifien sur le Sahara occidental, l’expert indique que la majorité «des Marocains considèrent que le Sahara est une terre marocaine».

    «Le Sahara occidental a eu un coût exorbitant sur les revenus du pays en termes d’investissements non rentables, de dépenses militaires qui a lourdement pénalisé le développement du pays, et ce depuis 1975. Beaucoup de Marocains ont donc vu d’un bon œil la décision de Trump, malgré le rétablissement des relations avec Israël. Mais les attaques israéliennes contre la bande de Gaza ont suscité la colère, sortant par milliers au moins dans 50 villes du pays pour les condamner et exiger la rupture de l’accord tripartite de normalisation avec l’État hébreu».

    Quid des conditions économiques et sociales?

    Au-delà des enjeux politiques sur la question du Sahara occidental, M.Abdelmoumni pense qu’ «une grande majorité de Marocains, hommes et femmes, ne voient plus d’avenir dans leur pays et considèrent que l’une des options de salut qui s’offre à eux est de rejoindre le sol européen».

    Selon lui, «cette situation s’est doublement aggravée durant les derniers mois, dans le contexte du confinement lié au Covid-19 qui a paupérisé une partie énorme de la population, en plus de la décision des autorités d’assécher les activités de commerce informel avec les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla, qui sont la seule source de revenus des populations vivant dans ces régions».

    Pour étayer son propos, l’économiste explique qu’«aujourd’hui, au Maroc, à peine 45% de la population est considérée comme active, soit près de 12,5 millions de personnes sur 35 millions». Et de préciser que «sur ces 12,5 millions d’actifs, seuls trois millions ont un emploi décent, au sens de travail stable avec les assurances sociales y afférentes. Tous les autres vivotent grâce à des activités plus au moins informelles qui sont celles qui ont été les plus impactées par le confinement lié au Covid-19».

    «Suite au confinement, 600.000 emplois avaient été perdus durant les trois premiers mois de l’année 2020, portant le nombre de chômeurs à 1,5 million de personnes», détaille le spécialiste. «Le Haut-commissariat au plan a fait dernièrement savoir que le revenu moyen par tête des 20% des employés les plus riches était de 450 euros par mois, alors que celui des 20% les plus pauvres était de 50 euros. Cette même institution a déclaré que l’indice des inégalités au Maroc était de 46,5%, au-dessus de son seuil socialement tolérable qui est de 42%».

    Enfin, Fouad Abdelmoumni rappelle que «le roi avait déclaré en 2014 et 2017 que le modèle de développement du pays n’était plus fonctionnel, annonçant la création d’une commission de réflexion sur un nouveau modèle dont on ne voit toujours pas les débuts». Ceci en plus d’un «large sentiment d’accaparement de la richesse et de l’État par une caste infiniment petite de grands bourgeois rentiers», conclut-il.

    Sputnik France, 19 mai 2021

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  • Ceuta: l’Espagne accuse le Maroc «d’agression» et de «chantage»

    Madrid | Le gouvernement espagnol a encore haussé le ton jeudi contre le Maroc, accusé d’«agression» et de «chantage» par la ministre de la Défense après l’arrivée de plus de 8000 migrants depuis lundi dans l’enclave espagnole de Ceuta.

    L’afflux de ces migrants en provenance du Maroc voisin «est une agression à l’égard des frontières espagnoles mais aussi des frontières de l’Union européenne», a dénoncé Margarita Robles sur la radio publique, en dénonçant un «chantage» de Rabat qu’elle a accusé d’«utiliser des mineurs».

    «Nous ne parlons pas de jeunes de 16, 17 ans», le Maroc a laissé passer des «enfants de 7 ou 8 ans, d’après ce que nous ont rapporté les ONG (…) en faisant fi du droit international», a vilipendé la ministre.

    L’image d’un bébé sauvé de la noyade par un agent de la garde civile espagnole a notamment fait le tour du monde, suscitant l’effroi sur les réseaux sociaux.

    À travers ces déclarations de la ministre de la Défense, le gouvernement espagnol hausse encore le ton contre le Maroc, dont il avait convoqué l’ambassadrice en Espagne mardi pour exprimer son «mécontentement».

    Le premier ministre Pedro Sanchez avait lui accusé mercredi Rabat «de manque de respect».

    Depuis lundi, une marée humaine de plus de 8000 candidats à l’exil, en très grande majorité des Marocains, a rejoint sans entrave le petit port espagnol à la faveur d’un relâchement des contrôles frontaliers de la part du Maroc.

    Parmi eux, un nombre impressionnant de jeunes partis seuls ou d’enfants en bas âge, emmenés par leur famille.

    Cette vague migratoire inédite a pour toile de fond la crise diplomatique majeure entre Madrid et Rabat, qui ne décolère pas depuis l’arrivée le mois dernier en Espagne, pour y être soigné, du chef des indépendantistes sahraouis du Front Polisario, ennemi juré du Maroc.

    Plusieurs ONG espagnoles et marocaines ont dénoncé le fait que ces mineurs se retrouvent victimes de la brouille entre les deux pays et s’inquiètent de les voir expulsés vers le Maroc.

    Sur les plus de 8000 migrants, 5600 ont déjà été expulsés vers le Maroc, selon des chiffres donnés mercredi par les autorités espagnoles.

    Durcissant le ton également contre Rabat, Bruxelles a assuré mercredi, par la voix du vice-président de la Commission européenne Margaritis Schinas, que «personne ne peut intimider ou faire chanter l’Union européenne (…) sur le thème migratoire».

    Journal de Montréal, 20 mai 2021

    Etiquettes : Maroc, Espagne, Ceuta, Sahara Occidental, Front Polisario, Brahim Ghali, chantage, agression,

  • Espagne : Brahim Ghali refuse de signer la convocation du juge espagnol Pedraz

    Le leader sahraoui hospitalisé à Logroño fait appel à l’Algérie après avoir été convoqué par la Cour Surpême

    Le juge et le procureur refusent d’imposer des mesures conservatoires à Brahim Gali malgré la demande des accusations, qui craignent qu’il ne quitte l’Espagne.

    Brahim Gali, leader du Front Polisario et président de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), a refusé de signer la convocation émise par l’Audiencia Nacional pour prendre sa déposition le 1er juin dans le cadre des deux procès qu’il a ouverts en Espagne. Le militaire, admis depuis le 18 avril dans un hôpital de Logroño pour coronavirus, détonant fait du conflit avec le Maroc à la frontière avec Ceuta, a refusé de signer le récépissé tant qu’il n’a pas consulté auparavant « l’ambassade d’Algérie et des personnes de confiance », selon un rapport de la police nationale envoyé au juge d’instruction Santiago Pedraz et qui a eu accès à EL PAÍS. Les accusations craignent qu’il se remette de la maladie et quitte le pays avant d’être interrogé par le juge d’instruction, qui a refusé avec le soutien du parquet d’adopter des mesures conservatoires à son encontre pour le moment.

    L’argument avancé par Gali devant l’agent qui lui a notifié l’accusation témoigne de l’équilibre diplomatique compliqué auquel est confrontée La Moncloa après l’avoir accueilli pour des « raisons humanitaires », comme l’a expliqué le ministère des affaires étrangères fin avril, lorsque la presse a révélé que le leader du Front Polisario était arrivé au centre médical de Logroño sous un faux nom. Comme l’a avancé EL PAÍS, le gouvernement de Pedro Sánchez a accepté son admission à l’hôpital de La Rioja après la demande de l’Algérie, un partenaire de grande valeur stratégique, premier fournisseur de gaz du marché espagnol. Mais cette faveur a provoqué l’ire du Maroc : « Il y a des actes qui ont des conséquences et qu’il faut assumer », a déclaré mardi l’ambassadeur marocain.

    Le poids international de Gali ne date pas d’hier. Ainsi que ses relations avec tous les pays impliqués dans cette crise diplomatique. Ancien ministre sahraoui de la défense, il a été ambassadeur du Polisario en Espagne (1999-2008) et en Algérie (2008-2015). En 2016, après la mort de Mohamed Abdelaziz, il a pris la direction de la République arabe sahraouie démocratique. Doté d’une grande expérience militaire, son curriculum officiel situe ses premiers pas dans la lutte contre les colons espagnols dans les années 70.

    Après la diffusion de la nouvelle de la présence en Espagne du président de la RASD, le juge Pedraz a demandé à la police nationale, le 1er mai dernier, de la confirmer afin de le convoquer pour témoigner dans l’enquête ouverte par la plainte déposée en août 2020 par Fadel Mihdi Breica, un militant sahraoui de nationalité espagnole qui a dénoncé les tortures du Front Polisario. Trois agents du Commissariat général à l’information, chargé de la lutte contre le terrorisme, se sont rendus à l’hôpital de La Rioja et ont rédigé un rapport détaillant que Gali a été admis sous le faux nom de Mohamed Benbatouche, de « nationalité inconnue » ; et qu’il est arrivé en ambulance à l’hôpital à 22 h 48 le 18 avril, en provenance de Saragosse.

    « Il était accompagné de deux personnes. Le premier, un médecin de nationalité étrangère, peut-être algérien, qui a fourni un rapport médical émis sans signature ni paraphe par l’Hôpital central de l’Armée d’Alger (Algérie). Le second compagnon prétend être un parent, sans autre précision quant à son affiliation », explique le document de la police transmis à la Cour nationale, qui ajoute : « Le rapport médical algérien indique, pour l’essentiel, un patient covide souffrant de complications respiratoires graves. En effet, son état est très grave et il est admis aux soins intensifs pour une pneumonie bilatérale compliquée d’une polyneuropathie, qui l’empêche de respirer par lui-même ».

    Dans ce document du 5 mai, les Renseignements généraux de la police ajoutent que Gali a « évolué favorablement » depuis son admission. En fait, dans un autre document officiel de la police, un inspecteur de police décrit son refus de signer la convocation de la Cour nationale. « Malgré son état de santé délicat, Gali a compris en espagnol, sans aucun doute, le contenu de la convocation. Au moment de présenter le récépissé perceptif pour sa signature, il a refusé de le faire, arguant qu’il souhaitait contacter l’ambassade d’Algérie et des personnes de confiance sur la convenance de la signature et qu’il avait besoin de ‘plusieurs jours’ pour se décider », détaille l’agent, qui ajoute qu’une copie de la notification a été remise au médecin étranger qui l’accompagne, « qui lui rend quotidiennement visite aux soins intensifs ».

    En plus de l’affaire en cours contre Gali pour la plainte de l’activiste Mihdi, le juge Pedraz a rouvert une autre affaire précédente intentée par l’Association Sahraouie pour la Défense des Droits de l’Homme (ASADEDH) pour des crimes de meurtre, blessures, détention illégale, terrorisme, torture et disparitions. Ce processus a été archivé en 2020 en raison de l’impossibilité d’interroger l’accusé pour ne pas être en Espagne, mais le magistrat a décidé de le reprendre maintenant. Le Bureau du Procureur souligne dans une déclaration écrite qu’il ne voit pas « d’indications claires de la participation » du leader du Polisario « aux comportements inclus dans la plainte ».

    El Pais, 19 mai 2021

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  • Ceuta : le ton monte entre le Maroc et l’Espagne

    L’arrivée de milliers de migrants dans l’enclave espagnole de Ceuta par des voies clandestines ravive les tensions entre Madrid et Rabat.

    « C’est une grave crise pour l’Espagne et pour l’Europe ». Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez va se rendre dans l’enclave espagnole de Ceuta, alors que son pays a renvoyé déjà près de 4.000 migrants au Maroc. En 24 heures, près de 8.000 personnes seraient entrées illégalement sur le territoire espagnol, pour la plupart des ressortissants marocains et pour beaucoup des mineurs. Ces arrivées creusent un peu plus la crise diplomatique entre le Maroc et l’Espagne.

    Colère de l’Espagne

    Les services marocains ne sont intervenus que ce matin, à coups de gaz lacrymogène, pour disperser la foule qui se presse pour passer la frontière à Fnideq.

    Ouarda, âgée de 26 ans, est au chômage. Divorcée, elle assume la charge de deux enfants et explique être « venue ici pour passer la frontière clandestinement, pour assurer un avenir à mon fils. A Tetouan, ce n’est pas possible… alors on veut passer, quitte à mourir. »

    Khadija, 26 ans également, est coiffeuse et elle dit aussi avoir plus peur de rester au Maroc que de tenter de fuir. Elle témoigne avoir vu beaucoup de personnes ayant « essayé de passer mais la police les a stoppés avant. »

    Mohammed, un rappeur, explique que les jeunes veulent fuir le pays car ils n’ont pas d’emploi et il clame de pas avoir peur des dangers de l’émigration clandestine : « Il faut que je parte pour sauver ma peau », dit-il.

    Le Premier ministre Pedro Sanchez a déployé des véhicules blindés et des renforts côté espagnol, promettant aux habitants le « retour de l’ordre ». Un stade a été réquisitionné à Ceuta pour rassembler les Marocains adultes en passe d’être expulsés.

    La cheffe de la diplomatie espagnole indique ce soir avoir « rappelé [au Maroc] que le contrôle des frontières a été et doit rester de la responsabilité partagée de l’Espagne et du Maroc ».

    Réaction de l’Union européenne

    Ylva Johanson, la Commissaire européenne aux Affaires intérieures, en appelle à une plus grande coopération des autorités marocaines. Elle déclare :

    « C’est inquiétant : au moins 6.000 personnes, parmi lesquelles un grand nombre d’enfants, ont tenté de rallier Ceuta à la nage, mettant leur vie en danger. Certains ont pu être sauvés, une personne s’est noyée. Il faut que le Maroc s’engage à prévenir ces départs irréguliers et que ceux qui n’ont pas le droit de rester en Europe soient effectivement renvoyés. »

    Un lien avec le Polisario?

    Les autorités marocaines « assurent » que cet afflux record n’a rien à voir avec les dissensions qui opposent le royaume a à l’Espagne. Le Maroc a récemment réclamé des « explications » à l’ambassadeur espagnol à qui les Marocains ont fait part de leur « exaspération » après que le chef du mouvement indépendantiste sahraoui, Brahim Ghali, a été hospitalisé dans le nord de l’Espagne à la mi-avril, pour y être soigné de la Covid-19.

    Le Front Polisario, soutenu par l’Algérie, milite pour l’indépendance du Sahara occidental, ancienne colonie espagnole, que le Maroc considère comme partie intégrante de son territoire sous le nom de « Provinces du Sud ».

    Ce matin, plusieurs centaines de migrants d’Afrique subsaharienne ont aussi tenté d’escalader la barrière qui sépare le Maroc de l’enclave espagnole de Ceuta. Des migrants essaient également de passer clandestinement vers Melilla, l’autre enclave espagnole sur le continent africain, considérée elle aussi comme la porte d’entrée la plus proche pour l’Union européenne.

    Deutsche Welle, 18 mai 2021

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  • Maroc-Espagne : Comme de l’électricité dans l’air

    Rien ne va plus entre le Maroc et l’Espagne. Les deux voisins sont en effet à couteaux tirés.

    Signe d’une crise diplomatique entre les deux royaumes, le ministre espagnol des Affaires étrangères a convoqué mardi l’ambassadrice marocaine en Espagne, Karima Benyaich pour lui exprimer le «mécontentement» des autorités espagnoles après l’arrivée de près de 8000 migrants dans l’enclave de Ceuta.

    «Je lui ai rappelé que le contrôle des frontières a été et doit rester de la responsabilité partagée de l’Espagne et du Maroc», a déclaré Arancha Gonzalez Laya, citée par l’AFP.

    Face à la gravité de la situation, le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, s’est rendu à Ceuta pour s’enquérir de la situation dans l’enclave, selon des images mises en ligne par le journal local.

    Il devait ensuite se rendre à Melilla, l’autre enclave espagnole située sur la côte méditerranéenne du Maroc.«Nous allons rétablir l’ordre dans (la) ville et à nos frontières le plus
    rapidement possible», avait-il déclaré plus tôt lors d’une brève allocution télévisée depuis Madrid.

    Les relations entre Rabat et Madrid se sont tendues depuis l’arrivée en Espagne, le 18 avril, du président de la République sahraouie, Brahim Ghali pour y être soigné du Covid-19. La cheffe de la diplomatie espagnole qui a défendu la présence du chef d’Etat sahraoui a implicitement dénoncé le chantage exercé par le Maroc qui agite la menace de l’immigration clandestine pour faire pression sur l’Espagne dans le dossier sahraoui.

    «Je ne conçois pas que l’on puisse mettre en danger la vie de mineurs dans la mer comme nous l’avons vu ces dernières heures à Ceuta», que cela puisse être «une réponse à une action humanitaire (l’accueil du président sahraoui en Espagne)», a-t-elle affirmé.

    Cet afflux de migrants marocains a également suscité la réaction de la classe politique espagnole. Tout en condamnant le flux migratoire partant du Maroc, plusieurs formations politiques ont appelé les autorités marocaines à assumer leurs responsabilités et agir vite et efficacement.

    Le porte-parole de la Coalition Caballas, Mohamed Ali, a mis en garde contre la «gravité» de ce qui s’est passé et a annoncé qu’il serait à la disposition du gouvernement de Ceuta pour exiger que le gouvernement accorde la «plus grande attention» à Ceuta.

    «Notre terre ne devrait pas souffrir du différend de politique étrangère entre l’Espagne et le Maroc», a-t-il déclaré.
    La dirigeante du Mouvement pour la dignité et la citoyenneté «MDyC», Fatima Hamed, a qualifié ce qui vient de se produire de «drame», soulignant que la ville de Ceuta n’est pas prête à accueillir autant de monde et à faire face à un tel phénomène. «Ceuta n’est pas préparée à des situations pareilles», a-t-elle déclaré sur son compte Twitter.

    De son côté, la section du parti Vox à Ceuta a sévèrement critiqué la passivité des autorités marocaines face à un tel drame, appelant le gouvernement à dépêcher «d’urgence l’armée et de la marine à la frontière avec le Maroc pour freiner la pression migratoire».

    Un « chantage » marocain

    Le président de Vox Ceuta, Juan Sergio Redondo, a rappelé que sa formation n’a jamais cessé de mettre en garde contre le «chantage du Maroc», rappelant que l’Espagne devrait dénoncer le Maroc devant les instances internationales pour que le pays soit sanctionné économiquement et politiquement».

    Condamnant l’afflux des migrants marocains, le chef du Parti populaire au niveau national, Pablo Casado a appelé le gouvernement espagnol «à garantir immédiatement l’intégrité des frontières et à coordonner avec le Maroc le retour des immigrés dans leur pays».

    Près de 8.000 migrants sont arrivés depuis lundi matin dans l’enclave de Ceuta, dont 4.000 ont été renvoyés au Maroc, selon les chiffres actualisés publiés mardi par le ministère espagnol de l’Intérieur.
    Le ministère a par ailleurs annoncé l’envoi de nouveaux renforts des forces de l’ordre sur place pour faire face à l’afflux massif et soudain de milliers de migrants en provenance du Maroc.
    Cinquante agents supplémentaires vont être déployés en plus des 200 déjà envoyés mardi tandis que 150 autres seront en stand-by, toujours dans le cadre de cette crise migratoire.

    Y.O

    Algérie Breve News, 18 mai 2021

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