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  • Maroc : A Tarfaya, des surfeurs donnent aux enfants le goût des vagues et de la liberté

    WIDER IMAGE Dans un petit village marocain, des surfeurs donnent aux enfants le goût des vagues et de la liberté.

    Dans une petite ville de pêcheurs du sud du Maroc, coincée entre l’océan Atlantique et le Sahara, un groupe de jeunes surfeurs idéalistes apprend aux enfants de la région à braver les vagues déferlantes.

    À une journée de route des villes du nord du Maroc, et en marge du plus grand désert du monde, le groupe a installé un café en bord de mer où les jeunes peuvent se réunir, apprendre et s’amuser dans le port endormi de Tarfaya.

    « Nous avons un accord ici. Tous ceux qui quittent Tarfaya doivent revenir et faire quelque chose pour la ville », explique Salim Maatoug, un jeune homme de 26 ans qui travaillait comme guide touristique à Marrakech.

    Plus d’une centaine d’enfants du quartier – garçons et filles – ont assisté aux cours de surf gratuits qu’ils donnent dans leur cabane en bois, regardant les instructeurs montrer les mouvements avant de se jeter dans la mer pour essayer eux-mêmes.

    Les surfeurs enseignent également aux enfants l’anglais et l’espagnol, dans l’espoir d’ouvrir leurs horizons au-delà des maigres offres d’emploi locales ou de l’attrait de rejoindre les migrants qui se dirigent vers l’Europe via des voyages en bateau illégaux et périlleux vers les îles Canaries, situées à 100 km de là.

    Des milliers de migrants se sont noyés en mer, et les surfeurs ont dû convaincre des parents qui craignaient la houle de l’océan.

    Les familles ne laissaient pas non plus les filles rejoindre le club jusqu’à ce qu’elles voient la jeune sœur de l’un des surfeurs participer aux côtés des garçons et qu’elles réalisent que c’était sans danger.

    « Maintenant, nous avons un grand nombre de filles qui surfent, des filles qui sont l’avenir de ce club », a déclaré Maatoug, ajoutant qu’il espérait que l’une des filles finirait par le diriger.

    Tarfaya, avec son petit port, offre peu de possibilités de travail à ses 9 000 habitants. L’un des surfeurs du groupe, Hossin Ofan, est pêcheur, tandis que son frère jumeau Lahcen travaille à la station-service locale.

    Dans le désert au-delà de la ville se trouve un parc éolien de 500 millions de dollars, l’un des plus grands d’Afrique, tandis que dans une dépression voisine, une entreprise américaine extrait du sel.

    ENTRE DÉSERT ET OCÉAN

    Dans leur café « Nuevas Olas » (Nouvelles Vagues), les surfeurs se retrouvent et jouent de la musique. Ils ont emprunté de l’argent à la banque pour acheter les planches et les combinaisons de surf de leur club et pour équiper le café.

    Perchée entre le désert et l’océan, Tarfaya n’est guère plus qu’une station intermédiaire sur l’étroit ruban d’asphalte qui longe la côte nord-ouest de l’Afrique sur des centaines de kilomètres.

    Son bâtiment le plus distinctif, un fort s’avançant dans la mer, a été établi en tant que comptoir britannique au 19e siècle, puis garni sous la domination coloniale espagnole.

    Le Maroc a chassé les Espagnols de Tarfaya lors de la petite guerre d’Ifni en 1958 et, environ vingt ans plus tard, lorsque l’Espagne a quitté le Sahara occidental voisin, il a marché sur le territoire où un mouvement indépendantiste soutenu par l’Algérie cherche à créer un État souverain.

    L’année dernière, les États-Unis ont reconnu les revendications marocaines sur le Sahara occidental – bien que la plupart des pays cherchent toujours une solution soutenue par l’ONU – ce qui augmente les discussions sur de nouveaux investissements dans une région où la plupart des revenus proviennent de l’exploitation des phosphates ou de la pêche.

    À un moment donné, les surfeurs ont utilisé un autre fort espagnol en ruines comme clubhouse, se réunissant pour parler, manger et chanter avant que le conseil municipal ne leur donne le café en bord de mer.

    Tarfaya disposait autrefois d’une piste d’atterrissage sablonneuse pour les biplans français qui transportaient le courrier en Afrique de l’Ouest, et l’aviateur Antoine de Saint-Exupéry s’est peut-être inspiré de son séjour dans cette ville pour écrire le célèbre conte pour enfants « Le Petit Prince ».

    Près d’un siècle plus tard, Maatoug se tenait appuyé sur la balustrade de la digue, observant un groupe d’habitants jouant au football sur la plage.

    Il a montré une photo de lui, enfant, se tenant fièrement devant l’Armas Essalama, un ferry acheté pour relier Tarfaya aux îles Canaries dans le cadre d’un plan de développement touristique.

    Mais il a heurté des rochers juste à l’extérieur de la ville quatre mois après son arrivée et n’a jamais été remplacé. L’épave rouillée est toujours abandonnée au large, faisant partie du paysage marin de Tarfaya.

    Reuters, 12 mai 2021

    Etiquettes : Maroc, Tarfaya, surfing, Sahara Occidental,

  • Maroc-Sahara Occidental: arrestations « en pleine nuit » de dizaines de migrants à Laâyoune

    Dans la nuit du 7 au 8 mai, les autorités marocaines ont surgi dans des habitations de Laâyoune, dans le sud du pays, arrêté et déplacé dans une autre ville des dizaines de migrants d’Afrique subsaharienne dont des femmes et des enfants. L’association marocaine pour les droits de l’homme (AMDH) et le groupe antiraciste de défense et d’accompagnement des étrangers et migrants (Gadem) dénoncent une « opération illégale » visant à éloigner les migrants des zones frontalières.

    Arrêtés en pleine nuit. Des dizaines de migrants d’Afrique subsaharienne ont été arrêtés dans la nuit du 7 au 8 mai à leurs domiciles, à Laâyoune, dans le sud du pays, selon l’association marocaine pour les droits de l’homme (AMDH). L’opération menée par la police marocaine a eu lieu entre « 23h et 4 h du matin ». Des femmes et des enfants auraient également été embarqués.

    Omar Naji, le vice-président de la section de l’AMDH à Nador, contacté par InfoMigrants, parle d’opérations « illégales », « opérées sans ordre ni contrôle judiciaire ». « Des violations graves ont été commises », poursuit-il. « L’arrestation de femmes enceintes et d’enfants est interdite par la loi et contraire à la Convention Internationale des droits de l’enfant que le Maroc a ratifiée ».

    Sur les réseaux sociaux, l’AMDH a déploré le cynisme des autorités qui n’ont pas sécurisé la zone. Cette nuit-là, de nombreux vols, pillages et destructions de biens ont eu lieu aux domiciles des personnes arrêtées. « S’introduire à l’intérieur des maisons à 23h et les laisser ouvertes après les arrestations est de la responsabilité des autorités », dénonce encore Omar Naji.

    Ce n’est pas la première fois que les autorités marocaines procèdent à ce genre d’opérations musclées contres des migrants d’Afrique subsaharienne. Elles sont même « assez fréquentes, selon les périodes », souligne de son côté Camille Denis, la directrice du Gadem, une autre association marocaine qui vient en aide aux migrants dans le nord du pays. « Ce qu’il s’est passé à Laâyoune n’est pas étonnant. Cette opération est sûrement en lien avec la situation aux Canaries ».

    « Eloigner les migrants de la zone frontalière »

    Laâyoune est connu pour être l’un des points de sortie du pays pour les migrants voulant rejoindre l’Europe via les Canaries espagnoles – situées à environ 200 km de là. Les arrivées via l’océan sur l’archipel espagnol se sont multipliées depuis la fin 2019. L’an dernier, 23 023 migrants ont atteint les Canaries, soit huit fois plus que l’année précédente, selon le ministère de l’Intérieur espagnol. Depuis, l’Union européenne a haussé le ton contre le Maroc l’exhortant à mieux contrôler ses frontières.

    « Le but de ces opérations marocaines est donc d’éloigner les migrants de la zone frontalière », résume Camille Denis du Gadem. « Mener une opération à Laâyoune n’est pas un hasard, la ville fait partie des routes migratoires les plus utilisées sur la côte marocaine en 2020. »

    Généralement, les opérations des autorités répondent au même procédé : cibler un endroit précis (domiciles, parcs, carrefours…), mener des arrestations de masse et procéder à des déplacements internes forcés. « C’est comme cela que le Maroc essaye de stopper les départs ».

    Les migrants arrêtés à Laâyoune ont effectivement été déplacés vers la ville de Tantane, plus au nord, explique l’AMDH. « Ils auraient pu être déplacés encore plus haut, vers Agadir. On a déjà vu ça », précise encore Camille Denis.

    Des déplacements forcés pour décourager les migrants

    Une fois déplacés, les autorités peuvent procéder à des expulsions forcées, mais aussi à des libérations. Beaucoup de migrants sont ainsi relâchés dans la nature à des centaines de kilomètres de leur lieu de vie. Ce fut le cas lors de l’opération du 8 mai. « Les autorités ont libéré les migrants là-bas [à Tantane, ndlr] et les ont laissés sans ressources […] Ils doivent rentrer chez eux par leurs propres moyens », dénonce l’AMDH. « Ces opérations sont juste là […] pour montrer à l’Union européenne le bon travail de gendarmes marocains ».

    Le procédé des arrestations/déplacements forcés/retour-à-domicile ressemble surtout à une guerre d’usure visant à épuiser les migrants. « Il y a des traumatismes qui naissent de ces opérations. Les déplacements forcés participent à la précarisation des migrants. Ces derniers peuvent perdre leurs emplois, leur bail, leur logement », précise Camille Denis. Il y a aussi le traumatisme moral. « On parle d’arrestations à domicile, de nuit, d’arrestations au faciès, de violences… Tout cela est très compliqué à gérer pour les personnes de peau noire ».

    De nombreux migrants disent être victimes de racisme et de violences policières au Maroc. Outre la capitale Rabat, la police marocaine mène régulièrement des raids dans les forêts situées à proximité de Tanger, où des migrants vivent cachés en attendant de tenter de gagner les côtes espagnoles par le détroit de Gibraltar.

    En juillet 2020, un migrant camerounais avait été tué après que la police avait démantelé un camp illégal dans une forêt, au nord de Tanger.

    Info Migrants, 10 mai 2021

    Etiquettes : Maroc, Sahara Occidental, migrants, subsahariens, Laayoune, Canaries, Espagne, pateras,

  • Maroc : pourquoi le royaume dénonce des « actes hostiles » de l’Allemagne

    Le Maroc a annoncé le rappel de son ambassadeur à Berlin pour consultation, en dénonçant dans un communiqué officiel les « actes hostiles » de l’Allemagne, notamment sur le dossier du Sahara occidental.

    « La République Fédérale d’Allemagne a multiplié les actes hostiles et les actions attentatoires à l’égard des intérêts supérieurs du royaume », affirme le communiqué publié par le ministère marocain des Affaires étrangères.

    Le texte dénonce notamment l’ »activisme antagonique » de Berlin après la reconnaissance américaine de la souveraineté du Maroc sur ce territoire disputé par les indépendantistes du Front Polisario.

    Rabat avait décidé début mars de « suspendre tout contact » avec l’ambassade d’Allemagne au Maroc, en raison de « malentendus profonds » avec Berlin sur différents dossiers, dont la question du Sahara occidental. A l’époque, Berlin avait tenté de clarifier les choses mais toutes les activités bilatérales sont restées au point mort depuis.

    Le communiqué publié évoque aussi « l’acharnement continu (de l’Allemagne) à combattre le rôle régional du Maroc, notamment sur le dossier libyen ». Rabat n’avait pas été invité à participer aux négociations sur l’avenir de la Libye menées à Berlin en janvier 2020.

    Le Maroc accuse enfin les autorités allemandes de « complicité à l’égard d’un ex-condamné pour des actes terroristes, notamment en lui divulguant des renseignements sensibles communiqués par les services de sécurité marocains ».

    Le communiqué officiel ne cite pas de nom mais il s’agit vraisemblablement de Mohamed Hajib, un Germano-Marocain condamné en 2010 au Maroc à 10 ans de réclusion pour « terrorisme », une sentence ramenée à cinq ans début 2012. De retour en Allemagne, ce quadragénaire publie régulièrement des attaques critiques sur son pays natal sur les réseaux sociaux.

    Fin 2020, Berlin a débloqué une enveloppe de 1,387 milliard d’euros d’appui financier, dont 202,6 millions d’euros sous forme de dons, le reste sous forme de prêts bonifiés, en soutien aux réformes du système financier marocain et en aide d’urgence pour la lutte contre le Covid-19.

    L’Allemagne est un des premiers partenaires commerciaux du Maroc, avec 1,9 milliard d’euros d’exportations et 1,3 milliard d’euros d’importation en 2020, en baisse comparé à 2019 en raison de la pandémie de covid-19, selon les chiffres officiels.

    TV5 Monde, 06 mai 2021

    Etiquettes : Maroc, Allemagne, Sahara Occidental, Mohamed Hajib, Libye,

  • Ouverture de représentations consulaires au Sahara occidental : Violation flagrante de l’obligation de non-reconnaissance

    De nombreuses études dénoncent la violation flagrante des droits fondamentaux des peuples sous occupation, dont la plus importante est le droit à l’autodétermination, en particulier à l’égard du peuple sahraoui, qui lutte depuis des décennies pour recouvrer sa souveraineté sur ses terres et s’affranchir du joug de l’occupation marocaine qui se perpétue en violation de la légalité internationale.

    L’une des études les plus pertinentes à cet égard est peut-être celle menée par le maître de conférences Dr Hadj Cherif Hamza, dans laquelle il a souligné le caractère illégal de l’ouverture de représentations consulaires au Sahara occidental occupé, en présentant des preuves juridiques tangibles de la violation flagrante par ces pays du principe de l’obligation de non-reconnaissance de l’occupation par le Maroc du territoire du Sahara occidental, du fait du statut juridique de ce territoire reconnu comme territoire non autonome. L’ouverture de représentations consulaires dans les territoires sous occupation a fait l’objet de controverse dans les cercles internationaux, bien que le droit international à cet égard est clair et explicite, notamment en ce qui concerne la question sahraouie, à propos de laquelle les Nations unies ont rendu de nombreuses décisions concernant son statut juridique. Cette instance n’a de cesse à chaque occasion de réitérer «le droit inaliénable du peuple du Sahara occidental à l’autodétermination et à l’indépendance, conformément à la Charte des Nations unies, à la Charte de l’Union africaine et aux objectifs de la résolution 1514 de l’Assemblée générale des Nations unies et la légitimité de sa lutte pour assurer sa pleine disposition de ce droit.»
    Grave violation des principes du droit international
    Il est à rappeler que la Charte des Nations unies, dans son article premier, consacre le droit des peuples à l’autodétermination. Sur ce point, l’organe des Nations unies a pris des décisions, il y a plusieurs décennies, visant à éradiquer le colonialisme des territoires sous occupation, dont la résolution 1514 du 15 décembre 1960 et la résolution 2625 qui stipule : «Le territoire d’un Etat ne peut faire l’objet d’une acquisition par un autre Etat, à la suite du recours à la menace où à l’emploi de la force. Nulle acquisition territoriale obtenue par la force ne sera reconnue comme légale. Aucune des dispositions qui précédent ne sera interprétée comme portant atteinte aux dispositions de la charte ou tout autre accord international antérieur au régime de la charte, valable en vertu du droit international.»
    Malgré cela, la question de la légitimité de l’ouverture de représentations consulaires dans les territoires occupés a relancé récemment le débat, suite à l’ouverture de représentations par nombre de pays dans les territoires sahraouis occupés. Sachant que, dans le cas du Sahara occidental, il est question de l’obligation de non-reconnaissance d’une situation naissante, suite à une violation grave des normes impératives du droit international.
    Territoire non autonome
    Le Dr Hadj Cherif Hamza a fait un rappel historique comportant des preuves irréfutables quant au fait que le Sahara occidental était une région non autonome, depuis novembre 1884, lorsqu’il a été mis sous protectorat espagnol. Plus tard, en 1963, l’Assemblée générale des Nations unies a inclus le Sahara occidental dans la liste des territoires non autonomes. L’Espagne avait accepté le principe du droit à l’autodétermination du peuple sahraoui en août 1974. En ce sens, l’avis consultatif rendu par la Cour de justice internationale (CJI), en octobre 1975, à la demande du Maroc, constitue un revers pour ce dernier. La CJI avait conclu, à cet effet, qu’«après sa colonisation par l’Espagne (que la Cour date à partir de 1884), le Sahara occidental n’était pas une terre sans maître car étant peuplé par des populations nomades, politiquement et socialement organisées en tribus et sous l’autorité de cheikhs capables de les représenter. L’Espagne, lorsqu’elle avait établi son protectorat, avait invoqué des accords conclus avec les cheikhs locaux», et que «les éléments et renseignements portés à sa connaissance n’établissaient l’existence d’aucun lien de souveraineté territoriale entre le territoire du Sahara occidental et le royaume du Maroc, d’une part, ou l’ensemble mauritanien, d’autre part». De ce fait, la CJI avait conclu qu’il «n’y avait pas de lien juridique de nature à modifier l’application de la résolution 1514 (XV) quant à la décolonisation du Sahara occidental, en particulier l’application du principe d’autodétermination, grâce à l’expression libre et authentique de la volonté des populations du territoire».
    Outre ce qui précède, l’accord de Madrid, conclu le 14 novembre 1975 entre l’Espagne, le Maroc et la Mauritanie ne faisait aucunement référence au transfert de souveraineté sur le territoire et n’accordait à aucun des pays signataires le statut de la puissance qui devait administrer ce territoire en remplacement de l’administration espagnole qui arrivait à son terme le 28 février 1976. A cet effet, le transfert des pouvoirs administratifs au Maroc et à la Mauritanie n’a pas affecté le statut du Sahara occidental en tant que territoire non autonome.
    Depuis le 27 novembre 1975, le Maroc et la Mauritanie ont occupé de larges étendues de terres sahraouies. Le Makhzen avait entre autres pris possession des terres sahraouies des suites du retrait de la Mauritanie, le 30 août 1988. Les parties marocaine et sahraouie avaient conclu un accord sous la supervision des Nations unies et de l’Organisation de l’Unité africaine, sur un plan de règlement visant à établir un cessez-le-feu et à organiser un référendum pour déterminer le sort du peuple sahraoui, supervisé par l’ONU. Cependant, le Makhzen avait falsifié les listes nominatives des personnes habilitées à voter dans ce référendum décisif.
    Par conséquent, au regard du mépris affiché par le Maroc à l’égard des décisions de la légitimité internationale, et le fait que le peuple sahraoui n’a – à ce jour – pas pu exercer son droit à l’autodétermination, le Sahara occidental est toujours considéré par les Nations unies comme un territoire non autonome. Ce statut a été réaffirmé entre autres par la Cour de justice de l’Union européenne qui avait mis en exergue le statut «séparé et distinct» des terres sahraouies.
    Le Sahara occidental occupé par la force des armes
    L’utilisation de la force par le Makhzen pour contrôler le Sahara occidental est en violation avec l’article 2.4 de la Charte des Nations unies, qui interdit aux Etats membres de «recourir à la menace ou à l’emploi de la force, soit contre l’intégrité territoriale ou l’indépendance politique de tout Etat, soit de toute autre manière incompatible avec les buts des Nations unies». Par conséquent, l’Accord de Madrid ne pouvait pas constituer une base légale à l’utilisation de la force par le Maroc, car le statut de l’Espagne en tant que puissance administrative du Sahara occidental, ne lui permettait pas d’autoriser, ni expressément ni implicitement, un autre pays à contrôler le territoire par l’emploi de la force pour empêcher son peuple d’user de son droit à l’autodétermination.
    Cependant, l’article 42 du règlement de La Haye de 1907 stipule: «Un territoire est considéré comme occupé lorsqu’il se trouve placé de fait sous l’autorité de l’armée ennemie. L’occupation ne s’étend qu’aux territoires où cette autorité est établie et en mesure de s’exercer.» Ce qui s’applique sur la colonisation du Sahara occidental qui est soumis au contrôle du Maroc et considéré, de ce fait, en vertu du jus in bello et au regard du droit international comme un territoire sous régime d’occupation et que le Maroc est, par conséquent, reconnu pour son statut de puissance coloniale vis-à-vis du Sahara occidental.
    A cet égard, le chercheur souligne que le statut juridique du Sahara occidental doit reposer sur toutes les branches du droit international applicables en la matière. A savoir, le droit à l’autodétermination, le «jus ad bellum» et les normes du «jus cogens». Il conclut, par conséquent, que le Sahara occidental est un territoire non autonome, placé sous occupation marocaine, suite à l’emploi illégal de la force. Bien que les Nations unies se soient focalisées principalement, dans leur examen de la question du Sahara occidental, sur son statut de territoire non autonome, le terme «occupation» fut quelquefois utilisé pour désigner la présence marocaine. Dans la résolution 34/37, l’AG de l’ONU avait déploré «l’aggravation de la situation découlant de la persistance de l’occupation du Sahara occidental par le Maroc et de l’extension de cette occupation au territoire récemment évacué par la Mauritanie».
    Plus précisément, lors d’une visite effectuée par l’ancien secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, dans les camps de réfugiés sahraouis à Tindouf, en mars 2016, il a utilisé dans sa déclaration le terme «occupation» pour qualifier la présence marocaine dans le territoire du Sahara occidental.
    L’un des plus grands projets coloniaux de peuplement au monde
    Le Dr Hadj Cherif Hamza considère que dans le cas du Sahara occidental, le droit des peuples à l’autodétermination et le droit international humanitaire sont étroitement liés. En effet, le Makhzen a adopté une politique coloniale qui repose sur le peuplement des terres sahraouies occupées par des Marocains, une politique qui s’est accentuée en 1991, incitant des centaines de milliers de citoyens marocains à s’installer en terres sahraouies, en contrepartie de mesures fiscales et salariales, dans l’objectif de modifier la structure démographique du territoire.
    L’ancien représentant spécial onusien au Sahara occidental, Johannes Manz, avait indiqué à ce propos, dans une déclaration faite en décembre 1991, que «le transfert de personnes non identifiées à l’intérieur du territoire du Sahara occidental constitue une entorse à l’esprit, si ce n’est au texte du plan de paix». Le professeur Eugene Kontorovich, directeur du Centre du Moyen-Orient et de droit international de l’université George Mason aux USA, confirme que «le Makhzen a consacré, durant trois décennies, environ 2,4 milliards de dollars à l’infrastructure de base au Sahara occidental, tout en accordant des avantages colossaux aux colons». Selon Kontorovich, il est question de l’un des plus importants projets coloniaux de peuplement dans le monde. Cette politique constitue une violation grave des normes impératives du droit international humanitaire, qui a conduit à l’échec du plan de règlement onusien et a, de ce fait, entravé l’exercice par le peuple du Sahara occidental de son droit à l’autodétermination.
    Ce qui précède confirme que l’occupation marocaine du Sahara occidental se perpétue à travers une grave violation de trois normes impératives du droit international, à savoir le non recours à la force, le droit des peuples à disposer d’euxmêmes et la norme du Jus in bello interdisant la colonisation de peuplement.
    Illégitimité de l’occupation marocaine au Sahara occidental
    Parmi les éléments les plus importants qui contribuent à la persistance de l’occupation marocaine au Sahara occidental, les facilités accordées par le Makhzen, en vue de conquérir le marché européen. En effet, la Cour de justice européenne avait déjà statué sur le fait que les accords commerciaux conclus entre l’Union européenne et le Maroc n’ont aucune base juridique pour englober le Sahara occidental, du fait qu’il s’agit d’un territoire qui ne jouit pas de son autonomie et que le Maroc n’a aucune souveraineté sur lui. Ledit accord stipule que si les accords commerciaux avec le Maroc s’appliquent au Sahara occidental, ceci devrait se faire avec l’approbation du peuple sahraoui, comme étant un «tiers» au sens du principe de l’effet relatif aux traités. En tant que tel, «ce tiers peut être affecté par la mise en œuvre de l’accord d’association, en cas d’inclusion du territoire du Sahara occidental dans le champ d’application dudit accord, sans qu’il soit nécessaire de déterminer si une telle mise en œuvre serait de nature à lui nuire ou au contraire à lui profiter».
    En conséquence, la Cour a statué, en date du 21 décembre 2016, sur le fait que l’accord signé en 2012 entre l’Union européenne et le Maroc relatif aux procédures de libéralisation mutuelle des produits agricoles et de la pêche, ne fournissait aucune base légale pour inclure le Sahara occidental dans son champ d’application géographique.
    Pour conclure, la démarche de certains pays d’ouvrir des représentations consulaires au Sahara occidental constitue, de toute évidence, une violation flagrante de la part des Etats de l’obligation de non-reconnaissance et une violation subsidiaire de la première obligation de ne pas établir de relations conventionnelles de nature à reconnaître comme licite l’occupation marocaine. Ceci, étant donné que l’installation de ces postes consulaires s’inscrit dans le cadre d’une application extraterritoriale et illégale de la Convention de Vienne sur les relations consulaires au Sahara occidental. La seconde obligation subsidiaire issue de l’obligation de non-reconnaissance consiste à ne pas accréditer de missions diplomatiques et consulaires, tel que mentionné par la CJI dans son avis consultatif durant la période d’occupation par l’Afrique du Sud de la Namibie. Enfin, la troisième obligation subsidiaire consiste à ne pas entretenir de relations diplomatiques avec l’autorité coloniale.
    Biographie

    Le Dr Hadj Cherif Hamza, d’origine algérienne, maître de conférences à l’Université de Bordeaux, en France, spécialiste en droit international, auteur de plusieurs ouvrages en droit international et organisations internationales et régionales. Plusieurs invitations de la part d’éminentes universités européennes et américaines ont été adressées au docteur afin de tirer profit de son expérience.

    Etiquettes : Sahara Occidental, Maroc, consulats, décolonisation, territoire non autonome, légalité international, frontières héritées du colonialisme,
  • Sahara Occidental : Les forces d'occupation marocaines torturent un activiste sahraoui de l'ISACOM

    Les forces d’occupation marocaines ont enlevé et torturé un militant sahraoui, Hasan Dalil, membre de l’Initiative sahraouie contre l’occupation(ISACOM) et de l’ONG Protection de l’environnement au Sahara occidental, a indiqué lundi l’organisation.

    « Le militant sahraoui a été expulsé de force du domicile de l’activiste et ancienne détenue politique, Hasanna Douihi, et transféré à la Direction de la sécurité de l’occupation marocaine, où il a été soumis à des tortures psychologiques et physiques », a précisé l’ISACOM, soulignant que la raison de son arrestation était peut-être pour avoir hissé le drapeau national de la RASD sur le toit de son domicile.
    Les forces d’occupation marocaines et les équipes de renseignement ont par la suite encerclé la maison de Douihi pour empêcher les militants des droits humains et les médias sahraouis de la visiter.
    Dans une communication conjointe adressée récemment au gouvernement marocain, des experts des droits humains de l’ONU ont confirmé « les violations systématiques et généralisées perpétrées par le régime marocain au Sahara occidental occupé, pointant un « environnement hostile » au travail de défense des droits de l’Homme dans ce territoire non autonome.
    Les victimes mentionnées dans la communication conjointe sont des activistes sahraouis bien connus du territoire occupé qui ont soumis des plaintes de droits de l’homme à l’ONU. Il s’agit, entre autres, de Naziha El Khalidi, Aminatou Haidar, Mahfouda Bamba Lafgir et Yahya Mohamed Elhafed Iaazza.
    Les experts se sont dits préoccupés « par ce qui semble attester d’un manque de sécurité et d’un environnement hostile envers défenseurs et défenseuse des droits de l’Homme au Maroc et au Sahara occidental », citant d’autres formes de répression, notamment les actes de torture, les poursuites judiciaires, les menaces et la surveillance constante.
    Etiqettes : Sahara Occidental, Maroc, répression, Lahsen Dalil,
  • Sahara Occidental : Ce que le Maroc veut, ce qu’il obtient et ce qu’il doit faire

    Depuis le 13 novembre 2020, l’expansion et l’occupation du Royaume du Maroc vit dans un brouhaha diplomatique, politique et militaire sans précédent après qu’il se soit assuré de son échec total à continuer de parier sur le fait accompli au Sahara Occidental comme statut final et de sa certitude et conviction que l’erreur de Guerguerat était fatale à tous points de vue le conduisant à un destin inconnu et au bord de l’effondrement total.

    Le discours de M. Guterres le vendredi 7 mai devant les représentants des Etats membres de l’Assemblée générale des Nations Unies n’était pas du tout innocent. Le fait qu’il ait dit qu’il avait soumis 12 candidats pour le poste d’envoyé personnel depuis la démission de M. Kohler, et qu’il ait admis qu’il n’y avait pas d’envoyé personnel jusqu’à présent, est une tentative misérable de M. Guterres pour couvrir le rejet par le Maroc de sa dernière proposition, l’Italien M. De Mistura, mais M. Dujarric l’a dit d’une autre manière lorsqu’il a confirmé que « Guterres continuera à proposer d’autres noms pour le poste de l’ONU. »

    Ce rejet s’inscrit pleinement dans la politique de confusion et de perte de repères que mène aujourd’hui le Maroc.

    – L’adhésion à l’Union africaine s’est transformée en malédiction après la récente décision du Conseil africain de paix et de sécurité et l’échec de toutes les tentatives d’influencer la réalité sahraouie.

    – L’erreur de Guerguerat en août 2016 a été fatale à tous points de vue, et la guerre qu’il n’avait pas du tout voulue et à laquelle il n’était pas prêt a repris le 13 novembre 2020.

    – L’ouverture de consulats dans les villes occupées du Sahara occidental et la dilapidation de l’argent des contribuables marocains au profit de fonctionnaires corrompus n’ont rien arrangé, ni même empêché la tenue du sommet du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine…

    – La décision de Trump a transformé une malédiction et a donné à la question sahraouie une nouvelle dimension et plus de visibilité qui n’aurait pas eu lieu sans la politique de marchandage sur laquelle le Maroc a parié.

    Tout a échoué, et tout a basculé à 180 degrés sans avertissement préalable.
    Le Maroc ne sait plus ni ce qu’il veut ni de qui il peut obtenir quoi.

    – Le Maroc a attaqué l’État du Kenya pendant sa présidence de la réunion prévue du Conseil africain de paix et de sécurité, après ses tentatives infructueuses pour l’empêcher d’avoir lieu.

    – Le Maroc a réprimandé la Mauritanie en la tenant pour responsable d’avoir reçu l’envoyé du président sahraoui, M. Al-Bashir Mustafa Al-Sayed, sans son autorisation préalable.

    Ce que veut le Maroc

    – Le Maroc veut que l’Union africaine reste à l’écart de la question sahraouie, et en même temps il veut que l’UA exclue la république sahraouie qui est un membre et un État fondateur de l’UA, violant ainsi l’acte constitutif et la charte de l’UA.

    – Le Maroc veut que les États-Unis d’Amérique s’en tiennent à la décision de Trump et impose même sa volonté à l’administration Biden en affirmant que la déclaration présidentielle est juridiquement contraignante, et que son administration doit légitimer l’occupation marocaine du Sahara occidental pour maintenir ses relations avec Israël. En outre, le Maroc veut forcer la nouvelle administration américaine à accepter que l’Iran est dans la région soutenant le Polisario et que la Chine est dans la région, et aussi la Russie, le Hezbollah, les Houthis, et, …. comme si les États-Unis ont besoin du Maroc pour savoir ce qui se passe dans le monde.

    Le Maroc veut que les Nations Unies nomment un envoyé personnel du Secrétaire Général des Nations Unies au Sahara Occidental, soit du Maroc, du Sénégal ou du Burkina Faso, et la seule solution viable pour être sur la table des négociations est l’autonomie, et pour la Minurso de ne pas surveiller les droits de l’homme, les ressources naturelles, ou quoi que ce soit mais de surveiller exclusivement le cessez-le-feu. Quant à la mission des Nations Unies, le Maroc souhaite qu’elle soit une antenne du ministère de l’Intérieur marocain.

    – Le Maroc veut que l’Espagne obtienne son accord pour recevoir le président sahraoui Ibrahim Ghali pour un traitement médical et donner à Rabat le droit d’administrer les tribunaux et le système judiciaire espagnols et de juger n’importe qui par n’importe quelle sentence selon les mesures du roi marocain. En outre, le Maroc veut être celui qui détermine les relations extérieures de l’Espagne et ses relations internationales, décidant ainsi avec qui l’Espagne doit traiter et avec qui elle ne doit pas, exactement comme la France le fait avec le Maroc lui-même, sur la base du traité d’Aix-les-Bains.

    – Le Maroc veut que l’Espagne aborde les droits de l’homme exactement comme il le fait. Le Maroc a une histoire complètement sombre dans le domaine des droits de l’homme, et parle d’oppression, d’arrestation et de viol comme s’il s’agissait de la Suède ou de la Norvège.

    – Le Maroc veut que l’Allemagne bénisse la décision de Donald Trump, que l’Amérique elle-même n’a pas béni, et qu’elle reconnaisse la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. En outre, il demande à l’Allemagne d’inclure le Maroc dans les réunions sur la sécurité et la paix qui concernent des régions avec lesquelles le Maroc n’a pas de frontières, et que l’Allemagne ne prenne aucune décision concernant ses affaires intérieures ou extérieures, ni aucune position, sauf après l’avoir consulté ; la diplomatie marocaine qui est dotée de sagesse et de droiture absolue alors que le Maroc lui-même reçoit ses ordres de la France.

    – Le Maroc veut que l’Union européenne légitime son occupation du Sahara occidental, soutienne ses positions, pousse l’UE à piétiner ses décisions, ses institutions et les positions de ses pays, et dise que le front Polisario vole l’aide humanitaire, qu’il recrute des enfants pour la guerre et viole les droits de l’homme, sinon quel est le sens du partenariat si de telles allégations sans fondement ne sont pas adoptées par cette organisation continentale.

    – Le Maroc veut que la Grande-Bretagne n’adopte pas une position qui soutient le respect du droit du peuple sahraoui à l’autodétermination et piétine les décisions de justice et permette le pillage illégal des ressources naturelles du peuple sahraoui.

    – Le Maroc veut qu’Amnesty International accuse le journaliste marocain emprisonné Omar Radi de servir des parties étrangères et d’espionnage.

    – Le Maroc veut que Human Rights Watch reconnaisse que les autres journalistes éminents, Raissouni et Bouachrine, sont des délinquants sexuels, des violeurs et des trafiquants d’êtres humains.

    – Le Maroc veut que The Front Line dise que le penseur marocain et défenseur des droits de l’homme Muaati Monjib est un voleur qui a volé des fonds publics et a été arrêté pour corruption.

    – Le Maroc veut que Reporters sans frontières dise que la liberté de la presse est meilleure au Maroc qu’en Suède, en Norvège et au Danemark.
    Et pour le chantage, et alors que la corde se resserre sur son occupation militaire brutale du Sahara Occidental, le Maroc tire chaque fois une carte et la jette sur la table en menaçant le monde de l’apocalypse à venir ; les cartes du terrorisme, de l’immigration illégale, du trafic humain et de la drogue.

    Ce que le Maroc obtient

    Alors, qu’est-ce que le Maroc a gagné de cette tension omniprésente, si ce n’est un échec ?
    Le régime de Rabat doit maintenant récolter les fruits de son arrogance

    – Le ministre espagnol des affaires étrangères dit au Maroc, en langage diplomatique, que la politique intérieure espagnole ne concerne en rien le Maroc, et que le partenariat ne signifie pas le traité colonial d’Aix-Les-Bains.

    – Le ministère allemand des affaires étrangères, de son côté, confirme que sa position sur la question sahraouie est fixe et ne s’écarte pas de la solution de l’autodétermination.

    – Le ministre britannique des Affaires étrangères réaffirme la position de la Grande-Bretagne en faveur du droit du peuple sahraoui à l’autodétermination et souligne la nécessité de respecter les décisions de justice concernant le dossier des ressources naturelles.

    – De hauts responsables politiques des États-Unis d’Amérique qui sont considérés comme des références de leur politique étrangère, de Baker à Ross en passant par John Kerry et John Bolton affirment que le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination et à l’indépendance est inaliénable et ils parlent pour la première fois du modèle d’État du Sahara Occidental et de sa viabilité.

    – La nouvelle administration américaine reconnaît l’existence d’une guerre entre l’armée de libération du Polisario et le Maroc et exprime une position qui n’a rien à voir avec Trump lors de la dernière réunion du Conseil de sécurité.

    – Ce même département d’État américain a explicitement et instantanément démenti ce que le ministre marocain des Affaires étrangères avait déclaré par le biais du correspondant du site d’information Exion, Barak Rafid, affirmant que l’administration Biden ne reviendra pas sur la décision de Trump concernant le Sahara occidental et le Maroc.

    – Le Maroc s’est bousculé auprès de l’American Israeli Public Affairs Committee appelé AIPAC pour obtenir le soutien de l’organisation à la décision de Trump, ou au moins obtenir des garanties que la décision de Trump au niveau des États-Unis d’Amérique restera en vie, même pour un petit moment, mais le Maroc n’a obtenu ni cela ni le premier.

    – L’Iran condamne la tentative du Maroc de l’impliquer dans des problèmes qu’il n’a pas réussi à résoudre.

    – La Libye se dirige vers une véritable solution sans le Maroc, et le Mali progresse vers la stabilité sans le Maroc.

    – L’Union européenne renouvelle ses positions et dément la propagande du Maroc sur l’enrôlement d’enfants dans la guerre par le Polisario et réfute les affirmations du Maroc sur la question de l’aide humanitaire.

    – Depuis Genève, les Nations Unies mettent en garde le Maroc : « torture et persécution judiciaire, menaces et surveillance constante, une grave agression contre les défenseurs des droits de l’homme au Sahara Occidental. Les deux rapporteurs spéciaux de l’ONU sur les défenseurs des droits de l’homme et la liberté d’expression ont exprimé leur préoccupation quant à l’absence de sécurité et l’existence d’un environnement hostile pour les défenseurs des droits de l’homme au Sahara occidental et au Maroc.

    – Enfin, la Croix-Rouge internationale exprime ses regrets de ne pas être en mesure de mener à bien sa mission dans les villes sahraouies occupées.

    – Et sur le terrain, les bombardements de l’armée sahraouie se poursuivent et s’intensifient de manière disproportionnée, et les ramifications destructrices de la guerre contre les troupes d’occupation marocaines ne peuvent être occultées par personne aujourd’hui.

    Ce que le Maroc doit faire

    Par conséquent, devant ces portes hermétiquement fermées, vers quelle direction l’occupation marocaine se dirige-t-elle aujourd’hui ?

    Pourtant, une seule porte est ouverte pour le Maroc ; le respect du droit inaliénable du peuple sahraoui à l’autodétermination et à l’indépendance à travers un référendum équitable et démocratique pour mettre fin au chapitre du colonialisme non seulement au Sahara Occidental occupé mais aussi en Afrique.

    Mohamed Salem Ahmed Labeid

    Sumoudsh, 9 mai 2021

    Etiquettes : Maroc, Sahara Occidental, Espagne, Allemagne, Front Polisario, Etats-Unis,

  • Espagne : La MAE évite de répondre aux critiques du Maroc et déclare que ce dont elle doit parler, elle le fait « avec discrétion ».

    La ministre des Affaires étrangères, de l’UE et de la Coopération, Arancha González Laya, a évité une fois de plus de se retrouver dans un feu croisé d’accusations avec le Maroc au sujet de l’accueil en Espagne, pour des raisons humanitaires, du leader du Front Polisario, Brahim Ghali, et a défendu que ce dont le gouvernement doit parler avec le pays voisin, il préfère le faire  » avec discrétion « .

    « Je ne vais rien ajouter à ce qui a été dit les jours précédents », s’est-elle contentée de répondre lorsqu’on l’a interrogée, lors d’une conférence de presse avec son homologue croate, Gordan Grlic Radman, sur le dernier communiqué du ministère marocain des Affaires étrangères, dans lequel il met en garde contre d’éventuelles « conséquences » du geste du gouvernement espagnol, dont Rabat n’a pas été informé au préalable.

    « L’Espagne est toujours en contact avec les autorités marocaines, discrètement, et ne le fera pas publiquement par le biais des médias », a-t-il répondu sur l’insistance des journalistes, qui lui ont demandé si le gouvernement n’envisage pas de faire un geste pour faire baisser les esprits ou s’il craint que Rabat ne choisisse de demander des consultations à son ambassadeur, comme il l’a fait il y a quelques jours avec l’Allemagne.

    La semaine dernière, González Laya avait déjà déclaré que « les explications appropriées » avaient été données à Rabat sur les raisons strictement humanitaires qui ont conduit le gouvernement à accepter l’arrivée de Ghali en Espagne pour recevoir un traitement contre le COVID-19 dans un hôpital de Logroño, où il est admis depuis deux semaines.

    Source : Infobae, 11 mai 2021

    Etiquettes : Espagne, Maroc, Sahara Occidental, Front Polisario, Brahim Ghali,

  • Un service à l’Algérie qui empoisonne les relations avec le Maroc

    Le leader du Front Polisario est arrivé en Espagne avec un passeport diplomatique à bord d’un avion médicalisé de la Présidence algérienne.

    C’est le ministre algérien des affaires étrangères, Sabri Boukadoum, qui avait effectué sa première visite officielle à Madrid le 29 mars, qui, début avril, a formulé la demande d’aide : le chef du Front Polisario et président de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), Brahim Ghali, était gravement malade du covid, en danger de mort, pour lequel il demandait à être hospitalisé en Espagne.

    Cette demande délicate a été analysée au plus haut niveau et, malgré les réticences du ministre de l’Intérieur, Fernando Grande-Marlaska, le feu vert a été donné « pour des raisons strictement humanitaires », selon des sources diplomatiques, et compte tenu du caractère stratégique des relations avec l’Algérie, premier fournisseur de gaz sur le marché espagnol. Certaines sources soulignent que la demande avait déjà été rejetée par l’Allemagne ; d’autres suggèrent que l’Algérie ne voulait pas abuser de la générosité de Berlin, puisque le président algérien, Abdelmadjid Tebbone, a passé trois des six derniers mois dans un hôpital allemand pour se remettre du coronavirus.

    Les relations entre l’Allemagne et le Maroc se trouvent également à un moment critique. Le Maroc a décidé le 1er mars de suspendre tout contact avec l’ambassade d’Allemagne à Rabat et le 6 mars, il a franchi une nouvelle étape dans son escalade diplomatique en rappelant son ambassadeur à Berlin pour des consultations. Les raisons d’une telle réaction de colère sont confuses, allant du placement d’un drapeau sahraoui à l’Assemblée de la ville-état de Brême, au fait d’avoir révélé des « informations sensibles » à un youtuber d’origine marocaine qui a été emprisonné au Maroc pour terrorisme. Le contexte de la crise, selon des sources diplomatiques, est la tentative de Rabat d’exercer des pressions sur l’UE pour qu’elle change de position sur le conflit du Sahara, après que le président américain de l’époque, Donald Trump, a reconnu le 10 décembre la souveraineté alaouite sur l’ancienne colonie espagnole.

    Ghali, chef d’un État reconnu par plus de 80 pays (bien que seule la moitié d’entre eux entretiennent des relations diplomatiques, et que ni l’Espagne ni l’UE n’en fassent partie), est arrivé le 18 avril à la base aérienne de Saragosse, à bord d’un avion médicalisé de la présidence algérienne. Il a été pris en charge par une ambulance et transféré sous escorte policière à l’hôpital San Pedro de Logroño. Le leader du Polisario, selon les sources consultées, est entré en Espagne avec son identité et son passeport diplomatique, bien qu’il se soit inscrit au centre de santé sous le nom d’emprunt d’un citoyen algérien, pour des raisons de sécurité.

    Dans le communiqué publié samedi dernier par le ministère marocain des affaires étrangères (le deuxième à se plaindre de l’accueil de Ghali), Rabat a averti l’Espagne de ne pas « minimiser le grave impact » de cette crise sur les relations bilatérales et a prévenu qu’elle « prend acte » et « tirera toutes les conséquences » d’une décision « préméditée », prise « dans le dos d’un partenaire et voisin ». Jusqu’à présent, le Maroc n’a adopté contre l’Espagne aucune des mesures appliquées à l’Allemagne, mais a haussé le ton de l’indignation rhétorique, mobilisant neuf partis de la majorité gouvernementale et de l’opposition par un communiqué de condamnation commun.

    Selon des sources gouvernementales, la ministre González Laya avait prévu de communiquer cette information à son homologue marocain, Nasser Bourita, mais la nouvelle est tombée avant qu’elle ne puisse le faire. Par la suite, ajoutent ces sources, Gonzalez Laya a déjà parlé à Bourita et lui a donné toutes sortes d’explications, comme l’a fait également, à plusieurs reprises, l’ambassadeur d’Espagne à Rabat, Ricardo Diez-Hotchleitner. En tout cas, Rabat n’a pas non plus prévenu l’Espagne de la reconnaissance du statut marocain du Sahara par la Maison Blanche, qui a pris de court le ministre espagnol en visite en Israël, affirment les mêmes sources.

    La crise est loin d’être terminée. Ghali se remet du coronavirus et le juge de l’Audiencia Nacional Santiago Pedraz l’a convoqué comme prévenu pour le 1er juin. Dans sa cour il y a deux affaires ouvertes pour des crimes prétendument commis contre des dissidents sahraouis dans les camps de réfugiés de Tindouf (Algérie). C’est le juge qui, après avoir pris sa déposition, décidera d’imposer des mesures conservatoires ou de le laisser libre. « Le gouvernement espagnol sera à ce que la justice décide. Notre tâche était de lui sauver la vie et nous l’avons déjà fait », soulignent des sources diplomatiques. Au ministère des affaires étrangères, on affirme que, lorsque son entrée en Espagne a été autorisée, il a été averti qu’il pourrait être convoqué par le juge, alors qu’il n’y avait pas, et qu’il n’y a toujours pas, de mandat de recherche et d’arrêt à son encontre.

    Le Maroc suspend les réunions bilatérales au niveau technique

    Le ministère des affaires étrangères examine à la loupe la température des relations avec le Maroc, au-delà des déclarations publiques. Pour l’instant, l’irritation de Rabat a entraîné la suspension de certaines réunions bilatérales à caractère technique et il n’y a toujours pas de date pour le sommet de haut niveau reporté depuis décembre, mais rien n’indique que les domaines les plus sensibles, la coopération en matière de lutte contre l’immigration clandestine ou le djihadisme, aient été affectés. Des sources diplomatiques sont convaincues que Rabat comprend que l’Espagne ne pouvait ignorer la demande de l’Algérie et apprécie le rôle qu’elle joue en sa faveur au sein de l’UE. En ce moment, soulignent les mêmes sources, l’Espagne tente d’obtenir de l’UE qu’elle n’inclue pas le Maroc dans sa liste grise de paradis fiscaux. C’est ce qui se passera si elle se limite à transférer la dernière liste du Groupe d’action financière (GAFI) sur les pays présentant des lacunes dans la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme.

    El Pais, 11 mai 2021

    Etiquettes : Maroc, Espagne, Algérie, Sahara Occidental, Front Polisario, Brahim Ghali,

  • Maroc: en brouille avec Madrid et Berlin et maintenant avec Téhéran

    A qui le tour? Depuis quelque temps, le Maroc connaît une série de brouilles diplomatiques avec nombre de capitales. D’abord avec Berlin, ensuite avec Madrid, et cette fois-ci avec Téhéran, avec en toile de fond le conflit du Sahara occidental occupé par le royaume depuis 1975.

    Jeudi, le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, a accusé devant le lobby pro-sioniste (AIPAC), l’Iran de » vouloir mener des activités de déstabilisation en Afrique du Nord ».

    En réaction à ces déclarations, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Saeed Khatibzadeh, a déclaré samedi qu’ « en raison de son incapacité à résoudre ses problèmes régionaux, le gouvernement marocain, tout en soutenant le régime criminel sioniste, a une fois de plus répété ses accusations fausses et sans fondement contre la République islamique d’Iran ».

    Selon le même responsable, « de telles accusations non fondées contre l’Iran ne font que contribuer aux complots américains et israéliens dans la région et travaillent contre les partisans de la juste cause palestinienne ».

    « Il est dommage que le gouvernement marocain, qui occupe actuellement la présidence du Comité Al-Qods (de l’OCI), détourne l’attention du principal problème du monde islamique, à savoir la lutte contre la nouvelle agression à Al Qods et la défense des droits de la nation palestinienne, alors que le monde musulman a plus que jamais besoin d’unité et de solidarité », a-t-il ajouté.

    Avec l’Espagne, le Maroc qui utilise plutôt la carte de l’immigration clandestine pour faire pressions sur ce pays afin qu’il reconnaisse ses revendications illégitimes au Sahara occidental semble avoir franchi un nouveau pas après l’hospitalisation, en Espagne, du président sahraoui et SG du Front Polisario, Brahim Ghali.

    Des médias espagnols ont annoncé, ces derniers jours, que la justice espagnole avait engagé une procédure contre le président sahraoui pour de présumés « crimes contre l’humanité ».

    Une fausse information démenti par le Haut tribunal espagnol, tandis que la cheffe de la diplomatie espagnole, Arancha Gonzalez Laya a déclaré que le SG du Polisario devait quitter l’Espagne au terme de son hospitalisation.

    L’Allemagne est un autre pays avec lequel le Maroc ne s’entend plus en raison de la question sahraouie. Depuis le 1er mars, date à laquelle le Maroc a décidé de « suspendre tout contact » avec l’ambassade d’Allemagne à Rabat, les deux pays ne trouvent toujours pas un terrain d’entente. En réaction à la dernière décision du Maroc de rappeler son ambassadrice à Berlin, le ministère allemand des Affaires étrangères a fait part de son étonnement, jeudi 6 mai, expliquant qu’il n’avait pas été informé à l’avance de la décision prise par le royaume.

    « Nous sommes d’autant plus surpris par cette mesure que nous faisons des efforts constructifs avec la partie marocaine pour résoudre la crise », a déclaré un responsable du ministère allemand cité par des médias.

    Le Maroc, via son ministère des Affaires étrangères, avait justifié le rappel de son ambassadrice en évoquant, entre autres raisons, des actions entreprises par Berlin après la reconnaissance unilatérale de l’ex-président américain, Donald Trump, de la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental. Cette décision largement condamnée à l’échelle internationale avait été soulevée par l’Allemagne au Conseil de sécurité de l’ONU où elle a appelé les Etats-Unis à « agir dans le cadre du droit international ».

    Cette accumulation de maladresses marocaines, traduit « la déception de l’occupant marocain, contraint d’ailleurs d’inventer à chaque fois des histoires pour faire chanter ces pays qui ont exprimé clairement leur attachement à la légitimité internationale », explique le représentant du Front Polisario en Europe et à l’Union européenne (UE), Abi Bouchraya Bachir, qui souligne que la politique « du mensonge et du chantage » est la seule constante définissant la politique étrangère du Maroc.

    Aujourd’hui, dira-t-il, le régime marocain s’en prend à tout le monde, d’abord au peuple sahraoui, puis à la Mauritanie, à l’Algérie à l’UA et à l’UE au point où il tente l’immixtion dans les affaires internes de l’Allemagne et de l’Espagne.

    Challenges Algérie, 10 mai 2021

    Etiquettes : Maroc, Algérie, Espagne, Iran, Sahara Occidental,

  • Bloomberg : Le Maroc risque de se brouiller avec la deuxième puissance européenne alors que l’Espagne accueille son ennemi

    Le premier ministre marocain a condamné l’Espagne pour avoir accueilli le chef d’un mouvement qui lutte pour l’indépendance du Sahara occidental contesté, signalant une possible deuxième querelle entre le royaume et un partenaire européen majeur.

    Le gouvernement prévoit une « réponse appropriée » à la présence du chef du Front Polisario en Espagne, a déclaré le premier ministre Saad Eddine El Othmani aux législateurs dans la capitale marocaine, Rabat, lundi. La nation nord-africaine est déjà embourbée dans un conflit avec l’Allemagne, qu’elle accuse d’avoir une « attitude négative » concernant le Sahara occidental.

    Un responsable du Polisario a été cité par l’agence de presse algérienne la semaine dernière comme ayant déclaré que son leader Brahim Ghali était traité pour le coronavirus en Espagne, l’un des principaux partenaires commerciaux et d’investissement du Maroc. Les porte-parole du gouvernement espagnol n’ont pas été en mesure de commenter immédiatement.

    Le Maroc a rappelé son ambassadeur d’Allemagne la semaine dernière pour consultations, après avoir suspendu au moins certains contacts diplomatiques en mars.

    Bloomberg, 10 mai 2021

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